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Conférence : le travail en milieu urbain au Moyen-âge, avec l’historienne médiéviste Julie Claustre

conferences_audio_video_moyen-age_monde_medieval_agriculture_paysan_serfs_vilain_moyen-ageSujet: ville médiévale, métiers médiévaux, travail moyen-âge, artisans, corporations, corps de métiers valorisation, culture technique, histoire médiévale, médiéviste
Période : moyen-âge, du XIIe au XVe siècles
Média: conférence vidéo, chaîne youtube
Lieu: Musée de Cluny, décembre 2017
Titre: Travailler en ville au Moyen Âge
Conférencière: Julie Claustre

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous reprenons la suite du cycle passionnant de conférences proposées par  le Musée de Cluny sur le travail au moyen-âge et qui valait vraiment que nous lui consacrions quelques  articles séparés. Après le travail de la terre avec Didier Panfili, celui des chantiers avec Cécile Sabathier et celui des moines et des monastères avec Elisabeth Lusset, l’intervention du jour a pour objet le travail dans la ville médiévale. Elle nous est proposée par l’historienne médiéviste Julie Claustre.

Réalité de la ville médiévale :
entre espace urbain espace rural

Dans la ville du moyen-âge, espace urbain et espace rural s’interpénètrent et les frontières entre nature et agriculture, d’un côté et, de l’autre, activités proprement urbaines et espace construit y sont bien moins tranchées qu’aujourd’hui. A ce titre, comme l’intervenante du jour nous le rappellera, au début du XVe siècle on trouve encore à Paris de nombreuses parcelles cultivées ou dédiées ville_medievale_enluminures_conference_moyen-ageà l’élevage des animaux destinés à nourrir les habitants de la ville. Un tiers de l’espace leur est même consacré. Le phénomène débordera largement la période médiévale puisque laboureurs et vignerons vont se côtoyer, dans la capitale, jusqu’au XVIIe siècle.

(ci-contre, chronique de Girart de Roussillon, construction d’une église à Saint-Denis (XVe siècle)
Bibliothèque de vienne, 

Au milieu de ce savant mélange d’urbanité et de ruralité, émergent pourtant des spécificités liées à la vie urbaine et notamment certains métiers qui lui sont propres. C’est de ce travail là dont il est question dans la conférence du jour. Dans ce vaste champ de pratiques, elle se concentrera en particulier sur certaines activités « productives » et marchandes de la cité, sur leur organisation et sur les représentations qui s’y trouveront bientôt attachées. On y parlera donc de diversité même mais encore de corporations, de culture technique et d’une valorisation hétérogène des savoirs-faire qui ne rimera pas systématiquement avec la reconnaissance sociale de ces acteurs ni avec leur réussite économique.

« Le travail en ville au moyen-âge » par Julie Claustre (Musée de Cluny)

Julie Claustre est maître de conférences en Histoire du moyen-âge  à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et attachée au Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris.

Activités productives citadines

« …Vraiment on eût volontiers dit qu’en qu’en la ville se tenait une foire perpétuelle, tant elle regorgeait de richesses, cire, poivre, graines et fourrures de vair et de gris, et toutes marchandises qui se peuvent imaginer. »  Chrétien de TroyesPerceval le Gallois ou contes de Graal

Fourmillement, diversité, technicité

En partant de l’arrivée du Gauvain de Chrétien de Troyes à Escavalon, la première réalité à laquelle nous confronte le travail dans la ville médiévale tient autant de la diversité et de l’effervescence  :  « bons ouvriers qui travaillent aux métiers les plus variés »  fonderies d’or et d’argent, orfèvreries, travail des émaux, du verre, du cuir, fabrication d’armures et d’écus, draperie et textile, fourrures, épices, etc. Tout s’y fabrique et tout s’y vendent et l’image est celle d’un fourmillement, de l’opulence, mais encore d’une forme « d’excellence » (le mot est moderne mais l’idée est là).

Savoir-faire, technicité, complexité des opérations réalisées, à travers certaines formes d’artisanat urbain, il est donc question de maîtrise et les villes des XIIe, XIIIe et XIVe siècles verront s’organiser autour de ces métiers de véritables corporations (« mestier », « guildes », etc…) qui deviendront bientôt les interlocuteurs privilégiés du pouvoir et qui auront même une forme de représentation d’influence variable, dans les instances décisionnaires de certaines cités.

conference_moyen-age_ville_medievale_activites_commerciales_travail_effervescence
La ville médiévale. « Le Chevalier errant ». BnF, département des Manuscrits, Français 12559, Thomas III de Saluces,

Naissance et développement
d’organisations corporatives des métiers

Ces « corporations » régiront bientôt les droits d’entrée et de sorties des individus à l’intérieur de leurs différentes spécialités, leurs conditions d’exercice, leurs filières d’apprentissage et mettront en place de véritables chaînes pour contrôler et réglementer chaque métier, tout autant que pour garantir la qualité de leurs oeuvres ou productions. Un peu plus tard dans le temps, certaines d’entre elles seront même à l’initiative de la constitution de caisses pour aider leurs membres victimes de maladies professionnelles ou même pour financer leur funéraille.

Intrication du politique et de l’économique

On notera, au passage, l’implication des pouvoirs seigneuriaux dans ces processus dans un véritable dialogue qui s’installera alors entre pouvoir politique et économique. Les instances de la ville y auront bien sûr un intérêt de contrôle social tout autant que fiscal et même encore militaire et participatif, mais le phénomène dénotera aussi, sur certains secteurs clés, d’une véritable volonté d’implication du pouvoir politique dans la « signature » des productions.

C’est notamment souvent le cas du secteur de la draperie et on s’en étonne moins quand on sait l’importance que ce dernier a revêtu pour le développement intra-muros de nombreuses villes draperie_artisanat_medieval_travail_ville_moyen-age_livres_12_freresmédiévales mais aussi pour leur rayonnement économique et culturel « hors frontières ». Dans le courant du moyen-âge central, nombre de cités européennes ont été, en effet, littéralement propulsées vers l’avant par la vente et l’exportation de leurs textiles.

(ci contre, étapes de confection textile, illustrations tirées du manuscrit allemand
« Le livre de douze frères des maisons mendel, » (XIVe)
cité dans la conférence.)

L’activité en question emploie aussi une main d’oeuvre conséquente aux différentes étapes de sa production qui justifiera d’un large crochet de l’intervenante de cette conférence, pour nous le détailler. On notera  notamment avec elle et pour en donner la mesure, qu’une ville comme Florence employait, à un moment donné de son histoire médiévale, plus d’un quart de ces habitants dans ce secteur.

Valorisation sélective

Le développement de ces métiers urbains, en particulier ceux liés à la production et à la « création » de la matière (opérations techniques réputées complexes), donnera le jour à une valorisation générale de leur exercice et de leurs productions, mais il ne suffira pourtant pas qu’on les loue ou qu’on les consacre sur les vitraux des cathédrales pour en faire de larges voies d’accès à la richesse ou à l’opulence économique. Si, là-encore les drapiers ont souvent tiré leur épingle du jeu (on pourrait peut-être y ajouter certaines productions stratégiques de la ville qui ont prises, draperie_artisanat_medieval_enluminures_travail_ville_moyen-age_livres_12_frerespour des raisons locales et historiques, une importance particulière au regard de leur exportation ), certains secteurs sont exclus de cette valorisation et certains métiers, à l’intérieur de secteurs pourtant valorisés, le sont aussi. L’historienne nous en donnera ici quelques exemples éloquents.

Dans le même ordre d’idées, compétence et  maîtrise d’oeuvre technique ne garantiront pas toujours à leurs détenteurs, fussent-ils aux échelons les plus élevés de leur profession, une indépendance financière ; ainsi,  certains maîtres artisans seront même contraints de se ranger sous le régime du salariat pour pouvoir subsister. D’égale façon, des barrières financières, réglementaires , sociales ou légales existeront aussi pour passer du statut de salarié à celui d’artisan indépendant ou de maître d’oeuvre. Enfin, on pourra encore ajouter aux limites de cette valorisation, des différences de reconnaissance qui touchent encore les notions de genre, puisque masculin et féminin ne sembleront pas s’y trouver logés à la même enseigne.

Pour conclure sur un voeu pieux et tout en rendant grâce à la qualité de ces interventions proposées par le Musée de Cluny, on peut espérer que d’autres conférences viendront compléter le tableau sur le sujet immensément vaste du travail dans la ville au moyen-âge. Si bonne soit-elle, une seule conférence ne saurait en effet l’épuiser. On pense notamment à d’autres secteurs  et métiers (métiers de bouche, restauration, etc…), mais aussi aux activités urbaines de service ou encore pourquoi pas aux métiers de la justice, de la régulation ou de la loi, pour ne donner que ces quelques exemples.

Pour le moment, sachons toutefois nous contenter et disons-le encore une fois, en les articulant, ces quatre belles conférences nous offrent un panorama assez complet de la réalité du travail au moyen-âge et des règles qui le régissent et demeurent une véritable mine d’information. Merci donc encore une fois au Musée du moyen-âge pour partager gracieusement tout cela avec le public sur sa chaîne youtube.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Reconstitution 3D : le château de Flint et son premier village médiéval au XIVe siècle, par Dextra Visual

mondes_3D_virtuels_rue_médiévale_unity_3D_jeux_videosSujet : château-fort, reconstitution 3D, vidéo, architecture médiévale, angleterre médiévale, Pays de Galles, monument historique, patrimoine anglais. forteresse.
Période : Moyen-âge central, XIVe siècle
Lieu : Château de Flint ( Flintshire, pays de Galles, frontières anglaises)
Chaîne Youtube : Dextra Visual

Bonjour à tous,

I_lettrine_moyen_age_passion copial y a quelque temps de cela, nous vous avions parlé  de l’histoire médiévale du château fort de Flint et avec elle, de la conquête du Pays de Galles par le roi Edouard 1er d’Angleterre, entre la fin du XIIIe et le début du XIVe siècle.

A cette occasion, nous vous avions présenté l’extraordinaire travail de reconstitution 3D de l’édifice juste après sa création (autour de 1304). par la chaine Youtube Dextra Visual. Il n’y avait alors que le château et son site et c’était déjà beaucoup, mais comme dans la continuité de cette réalisation, les infographistes anglais de Dextra Visual viennent tout juste d’ajouter le premier village qui ne tarda pas à jouxter le bâtiment, nous ne résistons pas à partager avec vous cette nouvelle vidéo. Elle rend bien compte des phénomènes fréquents d’urbanisation (ou de pré-urbanisation) autour des forteresses médiévales.

Le château de Flint et son village médiéval à la fin du XIIIe siècle.

Encore une fois, il faut rendre grâce ici à la grande qualité de la réalisation infographique qui nous permet de nous transporter véritablement au coeur du moyen-âge central, pour revenir aux plus belles heures de ce château-fort d’inspiration philippienne.

Un projet éducatif et touristique

Ajoutons que les artistes de Dextra Visual ne sont pas arrêtés là puisqu’ils ont encore modélisé la ville de Flint et son château plus tard dans le temps : dans le courant du XVIIIe et également aux débuts du XXe. Pour information, toutes ces réalisations s’inscrivent, en réalité, dans le cadre d’un projet très sérieux, commissionné par le Conseil du Comté de Flintshire en vue de promouvoir l’histoire et le patrimoine de la région, dans un but à la fois éducatif et touristique.

L’ensemble du projet déborde un peu le cadre médiéval qui nous occupe ici mais si vous en avez la curiosité et pour poursuivre ce voyage dans le temps jusqu’à nos jours, nous vous encourageons  à visiter la chaîne youtube officielle de Dextra Visual  pour y retrouver toutes ces vidéos.

En vous souhaitant une excellente  journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Agenda moyen-âge festif : trois jours de fête aux Médiévales auvergnates de Montferrand

heraldique_ecu_clermont-ferrand_blasonSujet : fêtes médiévales, compagnies médiévales, animations  historiques, agenda, marché artisanal médiéval.
Période  : moyen-âge
Lieu : Clermond-Ferrand,  Puy-de-Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes,
Evénements: Les 23ème Médiévales de Montferrand
Dates : du   1er au  3 juin 2018

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans le cadre des événements autour du moyen-âge festif de cette fin de semaine, il faut souligner trois grandes journées de célébration aux Médiévales de Montferrand. Avant de continuer et pour éviter toute confusion sur l’intitulé de ces festivités, il ne s’agit pas ici de la commune occitane et languedocienne de Montferrand mais bien d’une référence historique au nom ancien de la commune auvergnate de Clermont- Ferrand.

Organisé par l’Association Il était une fois Montferrand, cet événement, encore connu sous le nom de Fêtes médiévales du agenda_fetes_animations_marche_medievale_montferrand_2018_moyen-age_festifDauphin d’Auvergne, célèbre, cette année, sa 23eme édition.

AU PROGRAMME

En plus des parades festives et des animations de rues : musique, théâtre, bateleurs, cracheurs de feu, scénettes et démonstrations de combat d’époque, tournois  et mêlées de chevaliers en armure ancienne, etc…, il y aura encore sur place des camps installés par les différentes mesnies présentes, ainsi qu’un marché artisanal d’inspiration médiévale.

Liste des compagnies médiévales et artistes attendus

Galapiat & Médiévalys – Les Triton Ripailleurs – Teutonic Orders – L’Ost du Phénix – La Cie De La Lanterne Magique – Vire et Volte – Cie Les Tout Petits  – Le Sieur de Montplaisant – Les Ecuyers du Marchidial – La Mesnie du Hibou – L’Arroi des trois roues – L’Epée et  l’Archet – Les Ecuyers du Marchidial – Entre chien et jeux – Marina Lys – Gueux et ladres du Sud- Ferme itinérante du Chaineau

agenda_fetes_medievales_montferrand_2018

Site de l’événement Page FB

Clermont et Monferrand,
un peu d’histoire médiévale

Du haut moyen-âge jusqu’à l’an 1000, des visigoths du Ve siècle aux raids viking des VIIIIe et IXe siècles, une partie de l’histoire de Clermond-Ferrant s’est écrit sous le signe des invasions.

La présence d’un édifice défensif sur le site est mentionné dès le Ve siècle. Il a pour nom  Claremontem Castrum  ou « château du Mont Clair » et donnera plus tard son nom à la cité, qui se nommait avant cela Arvernis (la cité des Arvernes). Dans le courant du VIIIe siècle, la forteresse sera prise par Pépin Le Bref et il pillera lui aussi, le site au passage.

Evénement d’importance qui marquera longtemps la destinée de Clermond, dès le milieu du Ve siècle, l’évêque Saint-Namace y établira une église épiscopale. Quelques siècles plus tard, au moyen-âge central et vers la fin du Xe siècle, l’évêque Etienne II consacrera, à son tour, une cathédrale romane, dans la cité.  Tout au long de ces siècles, les évêques confirmeront leur pouvoir sur le lieu et on se souvient encore qu’à la fin du XIe siècle, la cité sera aussi le siège du fameux clermond_ferrand_urbain_III_premiere_croisade_moyen-age_centralConcile de Clermond qui verra le pape Urbain II prêcher la première croisade.

Au XIIe et XIIIe siècle, la ville demeurera encore sous la main des évêques mais les comtes et seigneurs d’Auvergne tenteront d’atermoyer ce pouvoir pour en reprendre le contrôle. En 1120 et n’y parvenant pas, ces derniers établiront la cité comtale de Montferrand, à moins de 4 kilomètres de Clermond « l’épiscopale ».

Bien déterminés à assurer le développement de leur nouvelle installation, les comtes d’Auvergne oeuvreront à y développer l’économie, les foires et le commerce. A la fin du XIIe siècle, une charte de franchise sera même accordée aux citadins qui favorisera l’essor économique de la cité comtale, autant que l’installation de nouveaux habitants. En réalité et pour donner la mesure de la compétition qui s’est alors installée entre les comtes et l’épiscopat, cette charte fait suite à une autre charte elle-même accordée par l’évêque de Clermond, un an auparavant (voir article BnF ici).

La naissance de Montferrand n’empêchera pas les seigneurs et comtes d’Auvergne de poursuivre leurs tentatives pour annexer Clermond, dans le courant du XIIe siècle. Quelques années seulement après la création de la nouvelle ville, en 1125-1126, il faudra même l’intervention royale de Louis VI pour venir secourir les évêques assiégés par les armées comtales et la ville sera encore pillée par un autre comte en 1165.

L’annexion de l’Auvergne  par Philippe-Auguste

Ala fin du XIIe siècle, ses conflits sans  fin entre les seigneurs du lieu et l’épiscopat se cristalliseront encore en la personne de Guy II comte d’Auvergne, opposé à Robert, évêque de Clermont qui se trouve être aussi son frère.

Malgré plusieurs trêves entre les deux hommes au fil des ans, entrecoupées de quelques sérieux coups bas (ou l’inverse), le conflit perdurera durant des années et fournira même le prétexte à Philippe-auguste pour partir en guerre contre armoirie_guy_comte_auvergne_histoire_medievale_clermont_montferrand_moyen-agel’Auvergne et annexer les terres de Guy II.  Ce dernier ayant commis l’erreur de s’en prendre à  l’abbaye royale de Mozac et au prieuré de Marsat, il n’en fallut guère plus au roi pour lever une armée. On connait la volonté de Philippe-Auguste d’étendre les terres de la couronne, tout en récupérant au passage quelques bonnes provinces des mains de vassaux ou seigneurs devenus un peu trop puissants à la faveur du système féodal.

De fait, les tentatives d’alliances avec les anglais du comte d’Auvergne n’y feront rien, l’Auvergne et ses châteaux s’effondrèrent un à un devant l’armée royale. Après un dernier siège, durant l’année 1213, à la forteresse de Tournoël, dernier bastion où s’était réfugié Guy II, la province sera définitivement tombée sous la main de Philippe-Auguste.

De l’âge d’or de Montferrand au XIIIe siècle
à la brutale mise à sac de 1388

Malgré ces oppositions entre les deux parties en présence, comtes et évêques et pour y revenir, le XIIe et même le XIIIe siècle consacreront un âge d’or dont bénéficieront les deux cités et qui verra les foires s’y développer. Cette période florissante perdurera jusqu’au XIVe, siècle noir de la peste, des famines et de la guerre de Cent ans, qui n’épargnera pas la ville.

En dépit des précautions prises et du renforcement de son enceinte dans les débuts du XIVe siècle, Montferrand sera notamment mise à sac en 1388 par les routiers sous le commandement de Perrot  le Béarnais. Immortalisé par jean Froissart dans ses chroniques, ce pillage, portera un coup de grâce au développement économique du bourg et à son expansion médiévale.

Montferrand_siege_routiers_sac_1388_enluminure_medievale_MS_865_besancon_moyen-age_XIVe_siècle(ci-contre miniature de maître  Boethius, combats à l’extérieur de Montferrand contre les troupes de Perrot le Béarnais, Chroniques de Froissart, MS 865, bibliothèque de Besançon,  TheonlineFroissart)

Pour le reste, les deux villes garderont jusqu’au XVIe siècle ce double statut et leur destinée séparée, jusqu’à se trouver fusionnées en une seule par un édit royal de 1630, confirmé à nouveau en 1731.

Voilà pour l’histoire originale et médiévale de la capitale auvergnate.  Ce week end, on y fera donc un voyage jusqu’au moyen-âge central pour revivre, le temps de quelques jours, les riches heures de Montferrand, la seigneuriale et la comtale.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
« Pardonnez-moi, Prince, si je suis foutrement moyenâgeux. »
Georges Brassens – Le moyenâgeux –  1966


Sources

Montferrand et Riom, XIIe-XVe siècleJosiane Teyssot

Evolution géographique de Clermont-Ferrand, Archives départementales du Puy-de-Dôme.

TheonlineFroissard, projet universitaire mutualisé anglais

Une exposition sur l’Amour à la tour Jean Sans Peur et un mot d’histoire médiévale sur ce beau monument classé

tour_jean_sans_peur_musee_exposition_monde_medieval_amour_moyen-ageSujet: amour, séduction, exposition, monde médiéval, lieux intérèts, Jean Sans Peur, histoire médiévale, conflits armagnacs bourguignon, tour médiévale
Période : moyen-âge tardif, XVe siècle
Evénement : exposition l’Amour au Moyen-âge
Lieu: Tour Jean-Sans-Peur, 20 Rue Étienne Marcel, 75002 Paris
Dates: Jusqu’au 2 septembre 2018

Bonjour à tous,

J_lettrine_moyen_age_passionusqu’au début du mois de septembre prochain, la Tour Jean-Sans-Peur à Paris propose une exposition thématique sur l’Amour au Moyen-âge. Nous en profitons donc pour vous vous toucher un mot de cet événement mais aussi pour remonter le fil de l’Histoire et vous présenter ce bâtiment d’intérêt historique et patrimonial qui trône en plein coeur du deuxième arrondissement de la capitale.

L’exposition « l’Amour au Moyen-âge »

A travers près de 80 reproductions (enluminures, fresques ou céramiques d’époque), cette exposition vous propose de découvrir les multiples aspects de l’amour au moyen-âge : des jeux de séduction aux amours interdites, en passant par l’amour charnel ou encore le langage et les codes de l’amour dans le monde médiéval.

Teaser vidéo proposé par la chaîne viagrandparis.tv

Dates : juqu’au 2 septembre 2018
Tarifs, horaires, accès, etc… : voir liens en pied d’article.

La tour Jean Sans Peur, témoin des conflits entre Armagnacs et bourguignons

A_lettrine_moyen_age_passionu début du XVe siècle, tandis que le roi de France Charles VI sombre dans la folie, les rivalités de pouvoir au sein de la lignée familiale royale ont atteint un point culminant. Les tensions avaient débutées dans le courant de l’année 1392, entre Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, frère de Charles V et oncle de Charles VI, alors dauphin, et Louis 1er d’Orléans, fils de Charles V et frère du dauphin, mais elles passèrent un cap quand Jean Sans Peur, arrivé au pouvoir au duché de Bourgogne et jean_sans_peur_conflit_armagnacs_bourguignon_moyen-age_XVe_sièclesuccédant à son père Philippe le Hardi décida de faire assassiner Louis d’Orléans, en 1407.

(ci-contre portrait de Jean Sans Peur, (1400). Vienne, Autriche, Kunsthistorisches Museum)

Rentré en grâce à Paris, quelque temps après l’assassinat, Jean Sans Peur retrouvera la proximité du pouvoir et du roi, mais le conflit larvé ne s’interrompra pas pour si peu et de nouvelles alliances se noueront bientôt. Reprenant à son compte le conflit et l’ambition qui avait porté Louis d’Orléans, le duc de Berry, oncle de Charles VI et protecteur de Charles D’Orléans,  ralliera à sa cause les duchés de Bretagne, d’Orléans et le comté d’Armagnac. Le conflit entre bourguignons et armagnacs prendra alors sa pleine mesure et, malgré quelques trêves, il aura dans le temps, des allures de véritable guerre civile  alors qu’en toile de fond, la guerre de cent ans reprendra, de plus belle.

tour_jean_sans_peur_histoire_medievale_musee_lieux_interets_moyen-age_parisC’est dans ce contexte troublé,  deux ans après l’assassinat de Louis d’Orleans et revenu dans les faveurs de la cour. que Jean Sans Peur, fera édifié, entre 1409 et 1411, une tour de plus de vingt mètres de haut, véritable donjon, pour renforcer la protection de l’hôtel particulier qui lui sert de résidence quand il se tient à la capitale. Adossée à l’enceinte que Philippe-Auguste avait fait édifier dans la capitale en 1190 et 1215, la demeure qui avait été acquise par Robert II d’Artois dans le dernier tiers du XIIIe siècle, était tombée dans l’escarcelle des bourguignons en 1392, sous Philippe le Hardi et après que ce dernier ait épousé Marguerite III, comtesse de Flandre et d’Artois.

Après la disparition de Jean Sans Peur, assassiné à son tour en 1419, l’édifice restera à la main des Bourguignons jusqu’à la fin du XVe siècle. Il sera sera ensuite oublié jusqu’à sa redécouverte dans la deuxième moitié du XIXe. La tour sera alors classée monument historique (1884) et même restaurée un peu moins de dix ans plus tard.


Ouverte au public aux débuts des années 2000, la tour Jean Sans Peur est aujourd’hui un musée et elle se visite. Elle propose aussi, tout au long de l’année, des expositions variées sur le thème médiéval.

Site officiel de la Tour Jean Sans Peur – Page FB

En vous souhaitant une excellente journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.