
Période : Moyen Âge central
Média: conférence vidéo, chaîne youtube
Lieu: Musée de Cluny, octobre 2017
Titre: Travailler au monastère au Moyen Âge
Conférencière: Élisabeth Lusset
Bonjour à tous,


Ici, l’historienne médiéviste Élisabeth Lusset nous offre un panorama claire et exhaustif de son objet : les travaux manuels des moines au quotidien, du jardin au scriptorium, en passant par les débats théologiques autour de la dimension spirituelle et matérielle du travail, de sa nécessité ou encore du statut de la prêche comme travail ou non, après l’apparition des ordres mendiants du XIIIe siècle.
Travailler au monastère au Moyen Âge
Élisabeth Lusset, élements de parcours
Agrégée d’histoire, normalienne, docteur en histoire médiévale de l’Université de Paris-Nanterre, Elisabeth Lusset est chargée de recherche au CNRS et au Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Du point de vue thématique, elle a fait de la gouvernance de l’Eglise, de la justice ecclésiastique mais aussi du monde monastique du Moyen Âge central, de ses ordres et de ses communautés, ses terrains de prédilection. D’une manière plus pointue, elle s’est également spécialisée sur le sujet passionnant de la criminalité et des enfermements dans ces mêmes milieux et aux mêmes périodes. Voir notamment son ouvrage : Crime, châtiment et grâce dans les monastères au Moyen Âge (XIIe XVe siécle), Brepols Publishers, 2017.
Pour un aperçu plus exhaustif de son parcours, ses publications et ses contributions, cliquez ici.
La dimension mystique de l’activité manuelle dans le cheminement monastique
Travail libérateur contre l’oisiveté ou résonance inévitable de la chute originelle et de la punition biblique qui s’y trouvera attachée ? Ces activités manuelles qui occupent les mains, détournent aussi les yeux du monde superficiel et des désirs qui peuvent les tenter.
Au delà, entre approche spirituelle et exigence de la glose, dans le monde silencieux des monastères, l’autorité de la règle (ou des règles) ne doit toutefois pas faire perdre de vue la dimension transcendante de cette dernière ou plutôt le fait qu’elle soit appelée à être transcendée. Pour le dire autrement, les préceptes et les règles monastiques ne peuvent être réduits à leur seule dimension coercitive (réelle ou apparente) au risque de les dépouiller de leur vocation mystique, celle d’accompagner, de manière cognitive, pourrait-on dire, un chemin d’éveil.
A ce titre et pour ouvrir sur d’autres horizons, il est intéressant de noter que, dans le courant de ce même Moyen Âge central, à l’autre bout du monde et au Japon, le moine bouddhiste Eihei Dōgen (1200-1253) revenu de Chine, codifiait précisément les l’importance de la cuisine dans le temple et les règles à suivre par le Tenzo – le moine cuisinier, seconde personne plus importante dans la hiérarchie du monastère – mais aussi plus généralement les règles régissant le « samu », ce travail manuel des moines zen qui inclut toutes les tâches de ménage, de nettoyage, de jardinage utiles à la communauté.
Au delà de la dimension collective nécessaire de ces travaux, il s’agit aussi pour le moine de s’y oublier totalement. Apprentissage de l’humilité mais aussi chemin de « révélation » ou « d’éveil » ces mains qui travaillent permettent à l’esprit de ne se poser sur rien et, en ne se posant sur rien, de laisser la place au dialogue avec le divin. Il n’est même plus ici question de tentation, mais de recherche d’une forme de silence intérieur, une volonté de faire de chaque geste quotidien un acte transcendantal.
Dans le zen, il n’est d’ailleurs pas rare que les éveillés, ceux qui recevront le « shiho », la « transmission » – soit la lourde responsabilité de devenir, à leur tour, les responsables du monastère et de transmettre la « graine de l’éveil » – soient cuisiniers ou jardiniers. De fait, dans le travail monastique zen, l’activité manuelle est hautement valorisée, comme partie-prenante d’un cheminement mystique, qui touche de près des aspects de cognition.
Cet article n’en offre par le cadre, mais il pourrait être intéressant d’examiner les possibles corrélations de ce monde monastique médiéval au notre sur ces aspects.
En vous souhaitant une bonne écoute et une excellente journée.
Fred
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du Monde Médiéval sous toutes ses formes.

ous vous avions déjà mentionné ici, il y a quelque temps, 
Sujet : chanson de geste, poésie, littérature médiévale, Charlemagne, Roland, Croisades, livres, moyen-âge chrétien.
n 2008, dans le cadre de son programme Cultures d’Islam, France Culture et l’écrivain, poète et érudit tunisien Abdelwahab Meddeb (1946-2014) recevaient l’historien, médiéviste et romaniste Jean Dufournet (1933-2012) autour de la Chanson de Roland. Dans la continuité de notre
Sur ces aspects de récupération « idéologique », en l’occurrence à des fins religieuses,, soulignons, comme les deux interlocuteurs en présence ont la finesse de le faire eux-même, qu’il ne s’agit nullement ici et après coup d’en faire le procès, ni de la fustiger et encore moins de l’encenser. L’analyse critique et contextuelle de Jean Dufournet sur le sujet dépasse, par ailleurs et de loin, les simples visées liées à la croisade : les conflits internes et sociaux, les relations de vassalité du monde féodal et bien d’autres aspects conflictuels et complexes du monde médiéval ne sont pas développés ici pour des raisons éditoriales. Au final, être conscient du soubassement politique de l’oeuvre devrait donc plutôt permettre de transcender ces aspects pour la replacer dans sa réalité médiévale mais aussi pour aller à ses qualités littéraires, c’est en tout cas le voeu formé par le médiéviste, une fois démêlé les aspects idéologiques. L’intention est-elle paradoxale ? Si le chemin est difficile, la démarche est, à tout le moins, hautement louable, intellectuellement parlant.
auteurs dépendaient du pouvoir politique ou religieux pour s’alimenter, On pourrait, comme le disait ici très justement Abdelwahab Meddeb trouver sans peine des exemples de ce procédé de l’autre côté des rives de la croisade ou même en d’autres temps. Rien n’est vraiment nouveau sous le soleil quand il s’agit de motiver les hommes ou les troupes à guerroyer…


ne fois n’est pas coutume, à l’agenda des sorties ayant pour thème le moyen-âge et sa célébration, voici que nous arrive un événement qui s’adresse aux plus chrétiens de nos lecteurs mais pas uniquement. Organisée par Oriflammes, Association qui se situe à la croisée de l’histoire et de la transmission du patrimoine et des traditions chrétiennes, il s’agit, en effet, d’une Messe en musique mais pas n’importe quelle musique puisqu’elle puisera dans un répertoire en provenance direct du moyen-âge central.
our cet événement, comme nous le disions plus haut, les amateurs de musique médiévale liturgique et de chants polyphoniques devraient se trouver comblés. En collaboration avec les organisateurs, les artistes de l’Ensemble Velut Umbra en charge de la partie vocale et musicale, ont, en effet, concocté un programme qui puise largement dans le riche répertoire chrétien du XIIIe siècle, contemporain de Blanche de Castille.
e création récente (2015), le jeune Ensemble Velut Umbra se dédie depuis lors à un répertoire qui va, de leurs propres mots « de Saint-Louis à Louis XIV », soit une période qui part du moyen-âge central et du XIIIe pour aller jusqu’au baroque et au XVIIIe siècle.