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Kaamelott: épisode audio clin d’oeil, Perceval et les échecs

kaamelott_alexandre_astier_legende_medievale_roi_arthur_moyen_age_passionSujet:  Kaamelott, roi Arthur, Perceval, maître d’armes, légendes arthuriennes, Graal, jeux d’échec, humour, humour médiéval, hommage, Auteur:  Alexandre Astier
Période: haut moyen-âge, moyen-âge central
Série télévisée : Kaamelott, M6
Média : lecture audio, épisode hommage

Bonjour à tous,

e vent Kaamelott continue de souffler de notre côté et de nous inspirer quelques nouvelles âneries, sans doute du fait de l’impatience d’avoir à se mettre sous la dent le premier volet de la trilogie sur grand écran. La concernant, pour l’instant, pas de nouvelles fraîches à l’horizon, mais comme plusieurs informations datant de l’année dernière étaient venues confirmer un tournage autour du début d’année 2017, nous formons l’espoir que tout se déroule au mieux et suivant les souhaits les plus chers du très créatif et talentueux Alexandre Astier, alias notre bon roi Arthur dans la série télévisée.

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En attendant le long métrage donc et pour prolonger un peu la compagnie des personnages d’anthologie qu’il a créés pour notre plus grand plaisir, nous empruntons, le temps de quelques minutes leurs chausses et leurs guêtres, en mettant en audio, l’épisode dont nous avions l’autre jour posté le script: Perceval et les échecs.

Le traité est un peu à la façon de François Pérusse et ses « deux minutes du peuple », pour ceux qui s’en souviennent, ou encore à la Naheulbeuk pour ceux qui ne se souviennent pas que l’auteur de cette dernière série s’était aussi inspiré du premier. Encore une fois, ce n’est qu’un clin d’oeil et si vous ne connaissez pas la série Kaamelott, je ne peux que vous conseiller d’acquérir d’urgence les DVD’s, et au moins le livre 1 pour la découvrir.

Voilà donc l’épisode audio, en espérant que vous y retrouverez vos billes, si vous êtes fans de la série!

Perceval et les échecs. Episode Audio

Perceval  dans les légendes arthuriennes :
de la candeur au parcours initiatique

perceval_kaamelott_alexandre_astier_legendes_arthuriennes_medieval« Faut faire comme avec les scorpions qui se suicident quand ils sont entourés par le feu, faut faire un feu en forme de cercle, autour d’eux, comme ça ils se suicident, pendant que nous on fait le tour et on lance de la caillasse de l’autre côté pour brouiller… Non ? »
Perceval (Franck Pitiot), Kaamelott – Alexandre Astier

Dans le Roman de Graal de Chrétien de Troyes, Perceval est clairement un candide. Surprotégé par sa mère qui l’a tenu loin du maniement des armes, de peur qu’il ne connaisse le même destin que son frère et son père, chevaliers tous deux morts au combat, il ne sait rien de la chose militaire, ni des valeurs chevaleresques, avant de croiser un groupe de chevaliers dans la forêt. Cela donne l’occasion d’une scène mémorable dans laquelle l’auteur médiéval nous le présente dans toute son innocence. En voici un court extrait traduit, pris dans les premières lignes:

« Les compagnons s’arrêtent et le maître va vers le garçon à grande allure. Il le salue. Il le rassure :
– Garçon, n’aie donc pas peur !
– Je n’ai pas peur, dit le garçon, par le Sauveur en qui je crois! Etes-vous Dieu?
– Non, certes!
– Alors, qui êtes-vous donc?
– Un chevalier.
– Chevalier ? Je ne connais personne ainsi nommé ! Jamais je n’en ai vu. Mais vous êtes plus beau que Dieu.. Vous ressembler je le voudrais, tout brillant et fait comme vous ! »
Perceval le Gallois ou le roman de Graal – Chrétien de Troyes

Pour autant qu’il soit ingénu et même rustre, Perceval deviendra un personnage hautement héroïque de la légende Arthurienne et tirera son épingle du jeu. Il y a sans doute, derrière tout cela, l’idée que la noblesse de coeur et la destinée percent toujours là où elles le doivent. Et peut-être encore, dans l’innocence et l’ingénuité que Perceval personnifie fait-on l’éloge d’une forme de pureté qui, seule, peut permettre, de trouver le Graal.

Chez  Chrétien de Troyes et dans l’aventure de son Perceval, il y a encore l’invitation à un parcours initiatique qui est aussi l’occasion de disséquer les valeurs de la chevalerie, de la courtoisie et de l’Amour. Pour gagner sa place auprès du roi, autant que dans la société, l’innocent et jeune chevalier devra, en effet, perceval_kaamelott_chretien_de_troyes_roman_de_graal_legendes_arthuriennes_graal_enluminures_moyen-age faire  l’apprentissage d’un monde qui n’est pas le sien en intégrant ses valeurs, pour mieux les dépasser ensuite.

(Perceval  le Gallois de Chrétien de Troyes, enluminure du XIVe (1330 Manuscrit MS 12577, Bnf)

Pour autant qu’il soit candide, notre héros arthurien est aussi un être qui accepte sa destinée en s’ouvrant à ce processus de maturation. Est-ce parce qu’il est vide comme une coupe, prêt à accueillir les valeurs réelles qui animent le chevalier véritable en quête du Graal, qu’il y réussit mieux que tous? Sans doute. Comme dans tout parcours initiatique, le chemin parcouru compte au moins autant que le résultat et la finalité. Il y a, dans cette quête à la recherche de soi, du monde et de la transcendance, la présence nécessaire d’une innocence qui n’est plus tout à fait la candeur originelle mais qui pourtant, une fois cette dernière perdue à la faveur des valeurs apprises et des épreuves, sert de fil conducteur au dépassement de soi.

Le Perceval d’Alexandre Astier

Le Perceval d’Alexandre Astier dans Kaamelott réussit à allier inculture et conscience cosmique, candeur et poésie,  incompétence et loyauté sans faille, et même encore des mots même de son créateur « naïveté et intelligence » et cette relecture de la légende le place, sans aucun doute, dans la parfaite continuité de cette dernière, étant entendu qu’il prend aussi, au passage, la marque de son auteur. D’ailleurs, il ne fait aucun doute qu’il possède un destin et on lui connait mêmes des actes héroïques. Concernant ce personnage épique, il faut rendre tribut encore ici à la parfaite incarnation de Franck Pitiot (ici en photo) qui franck_pitiot_acteur_talent_perceval_kaamelott_alexandre_astierl’incarne admirablement bien à l’écran.

Nous l’avons sûrement déjà dit ici, mais il ne coûte rien de le répéter, même si tous ceux qui prennent l’humour au sérieux le savent déjà. Kaamelott est une oeuvre qui peut paraître légère dans ses formes pourtant, contre vents et marées et même si elle le fait toujours avec modestie et respect, elle s’inscrit sans aucune fausse note et avec brio dans le corpus des légendes arthuriennes. D’ailleurs, et c’est un véritable exercice de virtuosité auquel se livre son auteur, le ton change quand c’est nécessaire et ne sacrifie jamais à l’Histoire.

Au passage, si le sujet vous intéresse, je vous recommande aussi cet article sur la popularité médiévale des héros arthuriens.

En vous souhaitant une merveilleuse journée.
Longue vie!

Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C.

Kaamelott en alexandrin: la colère de Merlin

kaamelott_alexandre_astier_legende_medievale_roi_arthur_moyen_age_passionSujet :  Kaamelott, La légende du Roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde, humour, clin d’oeil, alexandrin.
Période : haut  moyen-âge, médiéval fantastique
Format : série télévisée « culte »
Auteur/ Réalisateur : Alexandre Astier
Date de sortie : de 2005  à  2010
Production : CALT & Alexandre Astier
Diffusion : Série télévisée. M6

Bonjour à tous,

B_lettrine_moyen_age_passionon c’est le week end, alors un peu de détente et un peu de « poésie », façon Kaamelott. Bon, attention, le langage est argotique, alors âmes sensibles s’abstenir.

Suite à un commentaire sympathique sur le titre et sur le fait que l’Alexandrin obéit à des règles que j’ai ici, il est vrai, allègrement transgressées, je me sens obligé de faire tout de même faire un erratum. Disons qu’en fait d’Alexandrin, il s’agit plus ici d’une farce à pieds, la plupart du temps dodécasyllabiques et, sans aucune autre prétention que celle d’amuser. Il se peut donc que vous comptiez en quelque endroit, un peu plus de douze pieds, si c’est le cas,  je fais cadeau de bonne grâce de tous ceux qui dépassent à la postérité, en m’en excusant déjà. Vous noterez encore, sans doute, que les césures et les règles propres à l’Alexandrin n’y sont pas respectées. Voilà pour l’Erratum et merci au commentaire fort pertinent qui m’a permis, ici,  de rétablir les choses.

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Merlin l’enchanteur (Jacques Chambon), revisité par la plume aiguisée d’Alexandre Astier (Kaamelott série culte)

Pour le reste et sur le fond de cette farce, elle suppose bien évidemment de connaître  un peu la série télévisée culte Kaamelott puisque le canevas est calqué sur les personnages d’Alexandre Astier. Vous pourrez trouver un digest sur la série Kaamelott ici et sinon, encore mieux, les DVD’s de la légende du roi Arthur revisitée par l’auteur et sa troupe sont dans toutes les bonnes boutiques.

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Elias de Kelliwic’h (Bruno Fontaine), enchanteur de la série Kaamelott d’Alexandre Astier

On conte que Merlin, un jour, mal tourné,
S’en fut pour voir Elias, enchanteur renommé.
« Ca commence à bien faire vos âneries » lui dit-il,
Le roi m’prend pour une truffe, voire même pour un débile.
Depuis que vous êtes dans le coin, y a plus rien qui va droit!
Vous m’avez j’té un sort ou un machin comme ça ?
J’vous préviens vaut mieux l’dire, plutôt que d’le cacher
J’finirai par l’savoir, parce qu’ici tout se sait. »

Elias a levé l’nez, en toisant l’vieux barbu :
« Moi, vous jetez un sort, à vous, vieux malotru?
Non désolé, mais là, vous vous trompez d’crémerie,
Moi quand on parle turbin, j’fais jamais rien d’gratuit.
J’aurais bien fait l’effort si c’était jour de fêtes
D’vous changer en morue ou même, tiens, en schtroumphette,
Mais j’vous préfère nature, car finalement dans l’fond,
Vous n’avez pas b’soin d’moi pour passer pour un thon. »

Merlin devint pivoine en entendant ses mots,
« Là vous l’aurez voulu, espèce de tête de veau! »,
Sortit de sous sa robe, un parchemin roulé.
Il y allait avoir du grain, ça sentait la raclée!
« SORT DE FOUDRE! » il a fait, en déroulant le papier,
« J’vais vous griller sur place, espèce de gougnafier »
« Alors ça vient ou quoi? » Elias il a demandé,
Vous le lancez votre truc ou il faut vous aider? »
« Non mais c’est bon, en fait, qu’il lui a fait Merlin
« J’me suis gouré d’pap’lard, c’est la r’cette d’un gratin… »

Une belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

Tribu(t) Kaamelott: Perceval et les échecs

kaamelott_alexandre_astier_legende_medievale_roi_arthur_moyen_age_passionSujet:  Kaamelott, roi Arthur, Perceval, maître d’armes, légendes arthuriennes, Saint Graal, jeux d’échec, humour, humour médiéval, hommage, Alexandre Astier,exercice de plume.
Période: haut moyen-âge, moyen-âge central
Série télévisée : Kaamelott

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, je vous propose un petit exercice d’écriture en forme d’hommage à la série Kaamelott d’Alexandre Astier. L’idée est simple: tenter de faire vivre aux personnages attachants de cette grande série  culte quelques nouvelles aventures.

A l’heure où Alexandre Astier se prépare à chausser sa casquette de Directeur-réalisateur pour, cette fois-ci, porter la suite de la légende du Roi Arthur sur grand écran, c’est une occasion de reparler de la série culte diffusée par M6, de 2005 à 2010alexandre_astier_des_nouvelles_de_kaamelott_le_film_et_kaamelott_resistance. Pour rappel, la situation qui compliquait l’exploitation par l’auteur de son oeuvre au cinéma, s’est, en effet débloquée, depuis quelques temps déjà, pour le plus grand plaisir de ses fans et de ses aficionados.

Encore une fois, l’exercice du jour n’est qu’un simple tribut, une façon de passer quelques heures en la compagnie des héros de la légende arthurienne revisitée par le comique incomparable d’Alexandre Astier. L’idée m’en est venue, il y a quelques mois, dans cette attente de la trilogie, et après avoir revisionné pour la énième fois la série. Pas d’autres prétentions donc que le divertissement, un moyen en quelque sorte d’entretenir la flamme, même si je sais, à en juger par les nombreux groupes présents sur les réseaux sociaux qu’elle est toujours bien vive et c’est heureux. Pour le reste, vous seuls jugerez si ce clin d’oeil reste cohérent avec l’oeuvre originale. Au niveau des droits et de l’écriture, il est bien clair que cette dernière appartient, corps et âme, à son auteur et à sa société de distribution. Alors, en attendant la trilogie, pour ce qui est de mieux connaître kaamelott_perceval_et_les_echecsKaamelott, le seul, le vrai, l’original, vous pouvez vous reporter valablement à cet article complet, ou mieux encore, acquérir directement les coffrets DVD en ligne. Pour chaque livret, il y a plus de deux heures trente de visionnage jubilatoire, alors n’hésitez pas à vous faire plaisir!

Perceval et les échecs

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour revenir à nos moutons, nous nous situons quelque part entre le livre 1 et le livre 2. C’est une période de joyeuse innocence durant laquelle aucun drame n’est encore venu entacher le royaume.

kaamelott_alexandre_astier_guenievre_talentueuse_Anne_GirouardDans l’épisode d’aujourd’hui, nous retrouvons le maîtres d’armes et Perceval. Le bon roi Arthur n’y fait qu’une courte apparition, au début. A l’écran, Perceval est incarné par l’excellent Franck Pitiot  (à droite sur le visuel ci-dessous) et le maître d’armes par le non moins talentueux  Christian Bujeau (à gauche sur le visuel). C’est, bien sûr, Alexandre Astier qui incarne le roi Arthur. La reine Guenièvre qui est mentionnée dans cet « épisode » sans y être présente est jouée à l’écran par la très drôle Anne Girouard.

Extérieur. Dans la cour du château, le maître d’armes est assis avec le roi Arthur. Ils finissent une partie d’échecs:

Arthur : Bon allez, c’est pas tout ça, maître d’armes, mais j’ai à faire,
moi.

Le maître d’armes. Hé! Mais attendez Sire! On est encore en plein milieu de la partie! Vous n’allez tout de même pas partir comme ça!

Arthur avance sa tour : Non, mais je crois que vous n’y êtes pas en fait.. Regardez. Tac! Tiens voilà! Échec et mat! Apparemment, c’est pas encore cette fois ci que vous sauverez les miches de votre roi.

Le maître d’armes. Diable! Mais comment? Je n’ai encore rien vu venir. Non décidément Sire, vous êtes trop fort à ce jeu…. Mais allez tant pis! Faisons donc quelques passes d’armes pour nous réchauffer un peu les sangs!

Arthur : Heu là non. Désolé mais vous ferez ça sans moi.

Le maître d’armes : Comment?

Arthur : Non mais vous vous souvenez? On avait dit qu’on travaillait la stratégie aujourd’hui ? Bon bin voila c’est fait.

Le maître d’armes : Certes, Sire, mais tout de même! L’entrainement de terrain est d’une importance majeure dans votre formation et ce vulgaire jeu de plateau ne saurait se substituer à la qualité d’un combat à l’épée. (il se lève et dégaine) Allez! En garde ma mignonnette!

Arthur : En garde rien du tout… Vous l’avez mauvaise parce que vous avez encore perdu mais moi j’ai un peu autre chose à faire aujourd’hui! Allez bonne journée!

Le maître d’armes : Sire, revenez! Sire…. Bon…

Arthur s’éloigne et le maître d’armes se rassoit, vaincu. Pendant ce temps, Perceval arrive sur les lieux et regarde le jeu sur la table.

Perceval : C’est à quoi que vous étiez en train de jouer là?

Le maître d’armes : Aux échecs mon bon ami.

Perceval : Mais c’est compliqué ça?

Le maître d’armes : Hé bien cela dépend de ce que vous appelez compliqué. (il le regarde). Heu oui c’est assez compliqué en fait…

Perceval : Mais vous pouvez m’apprendre ou pas?

Le maître d’armes : Là tout de suite? Non. Je crains que cela soit tout de même un peu ambitieux…

Perceval : Mais allez! Au moins les bases!

Le maître d’armes : Quelle heure est-il?

Perceval : Ch’ais pas. I doit être dix heures du matin par là. Pourquoi ça se joue qu’à certaines heures?

Le maître d’armes : Non, non; là n’est pas la question.

Perceval : bin alors quoi?

Le maître d’armes : Bien… C’est l’été. La nuit se couche plus tard, ça nous laisserait, disons une dizaine d’heures pour vous apprendre les bases, soit moins de deux heures pour apprendre les mouvements de chaque pièce. Non vraiment… Vous connaissant et sans vouloir vous vexer, ça risque d’être juste, mon ami…

Perceval : Allez quoi… Moi aussi j’veux devenir bon en stratégie militaire. La dernière fois qu’ils ont voulu me faire commander un groupe d’archers, y en a trois qu’ont réussi à se planter une flèche dans la tête et deux qui ont failli se noyer en traversant le ruisseau alors qu’il y a même pas de fond. Soyez sympa…

Le maître d’armes soupire, vaincu : Bien… D’accord… Mais vous me promettez de faire un effort pour vous concentrer!

Perceval : Promis.

(…le temps passe…)

Le maître d’armes : … Comme je vous le disais, la reine bouge en ligne droite ou en diagonale…

Perceval : Mais la reine, vous voulez dire la reine?

Le maître d’armes : Mais oui, mon ami, ça fait vingt fois que je vous l’explique!

Perceval : Bon, moi je la croise pas tout le temps et c’est souvent dans les couloirs du château… Du coup, je la vois plus souvent marcher droit quand même, mais en diagonale, non ça me dit rien… Et puis ça à quoi à voir avec votre jeu çà? Vous aviez dit que vous m’apprendriez les règles. Alors moi, j’veux bien me concentrer mais si vous commencez à partir dans tous les sens, on va pas sans sortir.

Le maître d’armes : La reine mon ami! La reine! Cette pièce là s’appelle la reine… Je ne vous parle pas de notre bonne reine Guenièvre! Vous le faites exprès ou quoi?

Perceval s’énerve : Et c’est ma faute à moi si les mecs qu’ont fait votre jeu, ils ont filé à des petits bouts de bois des noms de trucs qu’existent déjà en vrai? Ca aurait pas été plus simple d’en inventer d’autres plutôt que de venir tout compliquer comme ça?

Le maître d’armes s’affale sur sa chaise en soupirant : Ecoutez, je crois qu’il vaut sans doute mieux que nous laissions tout cela de côté… Je commence à fatiguer…

Perceval : Mais non, mais attendez, j’avais presque tout compris. Allez soyez chic quoi!

Le maître d’armes hoche la tête en soupirant : Bon d’accord, mais concentrez-vous!

(…) Le soleil est déjà bas. Ils se sont enfin mis à jouer et la partie semble bien avancée.

Le maître d’armes avance un pion, d’un air las : Allez, à vous, mon ami…

Perceval prend son cavalier en main et joue avec en le faisant hennir à grands renforts de cavalcade avant de le déplacer sur l’échiquier.

Le maître d’armes: Mais Bon dieu vous êtes obligé de faire tout ce bruit à chaque fois…

Perceval. Bin, c’est un cheval quand même…

Le maître d’armes : On le voit bien que c’est un cheval, vous n’êtes pas forcé de faire tout ce tintamarre.

Perceval: C’est écrit quelque part dans les règles qu’il est muet votre cheval?

Le maître d’armes : Non.

Perceval. Bin alors, qu’est ce que vous en savez?

Le maître d’armes soupire : Passons… J’ose a peine imaginer ce que vous allez nous sortir quand vous allez déplacer votre reine.

Perceval. Ah non, mais moi ça j’y touche pas à la reine.

Le maître d’armes : De quoi ?

Perceval : Non mais le respect… C’est rapport à Arthur.

Le maître d’armes, l’air las, mais prenant sur lui: Je vous ai déjà expliqué cinquante fois que ce n’était pas Guenièvre….

Perceval: Non mais même, la reine c’est la reine…D’ailleurs j’ai rien dit quand vous avez bougé la vôtre toute à l’heure, mais ça a bien failli partir…

Le maître d’armes lève les yeux au ciel: Comme vous voudrez, mais si vous jouez sans la reine à ce jeu là, vous n’êtes pas rendu mon ptit vieux…

Perceval : Non mais arrêtez avec ça, ça peut encore partir en vrille. (regard appuyé). Sans ça, vous énervez pas, mais je voulais vous demander…

Le maître d’armes : De quoi encore?

Perceval : C’est comment déjà qu’on dit?

Le maître d’armes : C’est COMMENT QU’ON DIT QUOI?

Perceval : Hé bin quand le grand bout de bois, enfin le roi, comme vous dites, il est tout coincé dans les petites cases et qu’i peut plus bouger.

Le maître d’armes : Ah ça? On dit Échec et Mat, mon bon ami…

Perceval : Malte comme la ville?

Le maître d’armes : Mat comme le teint…

Perceval : J’comprends rien…

Le maître d’armes : Je plaisantais… Mat comme Mater. Ne cherchez pas non plus trop à toujours tout expliquer… Retenez simplement qu’on dit Echec et Mat…

Perceval : D’accord… Bon bin voilà… L’échec est malte alors… Autrement dit, vous êtes dans la mouise comme on dit chez moi au pays de Galles…

Le maître d’armes : De quoi? Mais comment? Mais ce n’est pas possible…  Il a réussi à me mettre mat! (il regarde le jeu, stupéfait, puis Perceval sans trop y croire, avant de s’affaler sur sa chaise déprimé).Et en plus sans la reine. Quelle humiliation!

Noir

Perceval : N’empêche i fait p’t’être du bruit mon cheval mais en attendant vos petits bouts de bois i sont tout coincés.

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En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte tu monde médiéval sous toutes ses formes

Le duel judiciaire, justice médiévale, ordalie et jugement de Dieu

justice_medieval_duel_judiciaire_moyen-age_centralSujet : justice médiévale, duel judiciaire, justice sacralisé, sacré, lois divines,lois humaines, pouvoir judiciaire, conflits, duel ordalique, trône de fer, Tyrion Lannister.
Période :  moyen-âge central et tardif
Sources: Persée, Universalis, Bruno Lemesle, Paul Ourliac, Johan Huizinga, Manuscrit Talhoffer.

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous avons déjà eu l’occasion, ici, d’aborder le sujet du duel Judiciaire (voir vidéo sur les mottes castrales, et documentaire sur le manuscrit du maître d’armes Hans Talhoffer) mais nous y revenons plus en détail aujourd’hui, pour parler un peu de ces formes de justice médiévale qui faisaient appel à la justice divine dans leur exercice, qu’il s’agisse de trancher un cas ou d’en administrer la preuve.

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Pour qui a lu la grande saga du trône de fer de GRR Martin, ou l’a suivie sous forme de série télévisée, on y retrouve ce duel judiciaire dans une scène mémorable. Le « lutin », Tyrion Lannister (incarné brillamment à l’écran par l’acteur Peter Dinklage) y est, en effet, accusé injustement et par sa propre famille d’être régicide. Il invoquera alors, pour sa défense, le duel Judiciaire (Trial by combat). D’où vient cette pratique, quelle est-elle? Loin d’être sortie tout droit de l’imagination de l’auteur américain Georges Martin, elle a été une façon parmi d’autres de rendre la justice durant le moyen-âge et pendant une longue période qui débute, avec certitude, au Xe siècle et qui s’étalera jusqu’au XVe siècle.

Définition du duel judiciaire

duel judiciaire moyen âge
Duel judiciaire entre le maréchal Wilhelm von Dornsberg et Theodor Haschenacker sur le marché du vin d’Augsbourg (1409). Illustration tirée du Bayrische Staatsbibliothek Codex 393, traité des techniques de combats médiéval de Munich (1544)

Même s’ils participent d’un ensemble de pratiques qui ont cours durant de longs siècles, les duels prennent plusieurs formes du moyen-âge à la période moderne et ne sont pas tous judiciaires ou ordaliques. Il ne faut donc pas confondre le duel privé destiné à régler, la plupart du temps, des conflits d’honneur et qui se poursuivra encore longtemps après que le duel judiciaire ait disparu, et ce dernier qui est un procédé juridique au sens strict, permettant de départager deux parties, à l’occasion d’un litige porté devant un cour seigneuriale ou ecclésiastique. En l’absence de témoins ou d’éléments fiables permettant de trancher, on se servira de ce duel judiciaire que l’on nomme encore « gage de bataille » pour apporter la preuve de l’innocence d’une des deux parties ou de son bien-fondé, au moyen d’un combat réglementé et encadré, dont l’issue sera « décidée par Dieu ».

En réalité, ce combat judiciaire est considéré comme une forme d’ordalie. On s’en remet à la justice de Dieu ou au surnaturel pour trancher un différent, mais il s’agit, dans ce cas précis, d’une forme d’ordalie bilatérale. C’est un procédé judiciaire qui s’adresse à toutes les classes sociales et pas nécessairement à des combattants émérites. On peut alors, ou non, se faire représenter par un champion, même si on imagine bien que ce luxe se paye et que si l’on n’est pas de classe noble, ecclésiastique, ou nanti, ce recours là n’existe que sur le papier.

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Fonctionnement du duel judiciaire

Le duel a lieu dans un champ clos. Ce dernier se présente généralement sous la forme d’un ring, souvent fermé par des cordes et faisant quelques dix-huit mètres de côté s’il est carré, mais il peut prendre d’autres formes comme celles d’arènes plus circulaires. Du point de vue des techniques autant que des armes utilisées, nous en avons un aperçu dans plusieurs manuscrits anciens datant du XVe siècle dont, notamment, le manuscrit de Hans Talhoffer, même si, concernant ce dernier, on ne sait pas vraiment s’il s’agissait uniquement de témoignages factuels sur des duels ayant eu lieu, de recommandations sur des techniques martiales possibles ou si ne s’y mêlaient encore quelques fantaisies nées de l’imagination de l’auteur. Quoiqu’il en soit, en le recoupant ce manuscrit avec d’autres, on n’arrive tout de même à établir certains faits indéniables, en ce qui concerne les planches sur les duels à proprement parler. Entre autres choses assez troublantes, on y trouve, notamment, un affrontement opposant une femme à un homme, l’homme se trouvant dans un trou creusé dans la terre et n’en dépassant qu’à demi, pour être pénalisé dans ses mouvements. On peut espérer que ce type de duel restait tout de même relativement rare.

Du point de vue de l’armement, les épées étant réservées aux nobles, les autres classes devaient donc se contenter bien souvent de bâtons. Pour l’ensemble des combattants, un écu (bouclier) était aussi autorisé.  Avant de s’engager dans l’affrontement, les protagonistes prêtaient serment sur des reliques ou sur les évangiles. Pour le reste, les planches dont nous parsemons cet article, vous donneront une bonne idée de la violence à laquelle on pouvait assister durant  ces combats.

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Sur la durée des combats

Un article de Paul Ourliac, sur cette pratique du duel judiciaire (persée) nous entraîne en terre languedocienne et dans le Sud-ouest et nous apprend que le combat, peut alors durer de la deuxième heure du jour, jusqu’au coucher du soleil. Quand ce sont des chevaliers ou hommes d’armes aguerris qui s’affrontent, Imaginez-vous tout cela en armure et avec des armes pesantes, à côté, les dix rounds de la boxe anglaise ressemblent un peu à une séance de corde à sauter pour fillettes (et, je dis ça en amateur du sport en question).

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Le duel n’ira pas toujours jusqu’à la mort. On admettra dans certains cas la reddition, au risque que la peine se commute pour celui qui aura baisser les armes en autre forme de punition (amende, pendaison, etc).  Dans le courant du XVe siècle, il y aura encore des exemples où le seigneur, président au combat, le fera arrêter quand il jugera que chaque combattant a suffisamment prouvé sa bravoure et avant le sang versé. On est alors à l’automne de cette pratique et cette mansuétude n’y est sans doute pas étrangère.

Eléments de datation

Même si la forme du duel pour régler un différent est connu depuis des temps immémoriaux, cette coutume du duel judiciaire nous vient, semble-t-il, directement du droit germain et finalement des coutumes des tribus qui envahirent la France dans le courant du haut moyen-âge. Ces pratiques auraient alors pénétré les terres de l’empire romain déclinant qui y avait établi ses lois et l’empire carolingien reprendra l’ensemble du corpus juridique fait à la fois de droit Romain et de lois et coutumes germaniques pour en faire une synthèse et le formaliser.

S’il reste donc difficile de dater précisément l’apparition des premiers  duels judiciaires, on sait, de source sûre, qu’ils ont été pratiqués dans les siècles précédents l’an mille, et qu’ils sont même devenus plus répandus durant le moyen-âge central. On en trouve des mentions claires, notamment à partir du Xe siècle. Malgré les controverses venues d’horizons divers, au fil des siècles,  et les doutes émis sur la réelle intervention divine pour décider de l’issue des combats, cette pratique ne disparaîtra définitivement qu’au XVe siècle. En Angleterre, on en trouve même encore la trace jusqu’au XVIe.

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duel_judiciaire_enluminure_jean_de_carrouges_jacques_le_gris_justicie_medievaleEn France, on semble s’entendre sur le fait que le dernier duel judiciaire tint place le 29 décembre 1386, à Paris, dans le champ clos du monastère de Saint-Martin. Il opposa les chevaliers normands Jean de Carrouges et Jacques Le Gris. Le premier alléguant que le second avait violé son épouse, en obtiendra réparation puisqu’il occira l’autre, à l’occasion de ce combat. Jean Froissart, dans ses chroniques s’en fera d’ailleurs l’écho. (ci-dessus et ci-dessous, miniature tirée du manuscrit Royal 14 E IV, « Recueil des croniques d’Engleterre » de Jean de Wavrin (1480), British Library).

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Dans le même temps, on connait aussi des duels judiciaires postérieurs à cette date, dont un célèbre qui opposera, bâton à la main, deux bourgeois de Valenciennes:  Mahiot Coquel et Jacotin Plouvier. Ce combat particulièrement violent et qui date du milieu du XVe siècle (1455), sera immortalisé par écrit par le chroniqueur du même siècle, Georges Chastellain.

Pratique laïque ou pratique religieuse?
Duel, ordalie et justice sacrée ou sacralisée

Dans un excellent article de Persée sur ce sujet du duel judiciaire, Bruno Lemesle, historien spécialisé sur ces questions de justice médiévale et notamment sur les différentes formes d’ordalie, nous apprend encore que bien que les hautes autorités ecclésiastiques s’élevèrent, à partir du moyen-âge central, contre ces pratiques, le personnel de l’épiscopat plus proche du peuple, prêtres, abbés ou autres moines, ne les désavouaient pas, et en étaient même partie-prenantes, et pas seulement quand leurs propres intérêts étaient en jeu.

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Dans l’exemple que l’auteur donne, l’abbaye dont il est question dispose même de son champion et elle n’est visiblement pas la seule dans ce cas. Et s’il semble communément admis, que le duel judiciaire ait été utilisé plus favorablement par les laïques que les moines, qui, de leur côté, lui auraient préféré l’ordalie par le feu ou par l’eau, considérant, sans doute, comme moins directement violent autant que comme divinement plus probant, l’application du fer rouge sur l’accusé (qui éventuellement et s’il plaisait à Dieu, ne brûlerait pas l’innocent), plutôt que deux fers qui se croisent, l’article de Bruno Lemesle y apporte un large bémol, à tout le moins, dans le cadre du XIe siècle. Il cite même des abbayes qui détenaient le duel judiciaire dans leur juridiction et n’hésitaient pas à le proposer comme une forme de résolution des cas les plus épineux.

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Justice sacrée et Justice divine

Que le plus fort gagne et Dieu reconnaîtra les siens donc! Si la mécanique du duel judiciaire échappe à ce que nous considérons, aujourd’hui, comme une justice bien pesée, il faut encore se souvenir de pratiques, telles que l’ordalie où l’on soumet alors l’accusé aux épreuves du feu et de l’eau en alléguant que Dieu l’en protégera, s’il est vraiment innocent. Du côté des juges comme des accusés, on s’y soumet et on la demande même quand on est convaincu de son innocence. De notre point de vue moderne, il peut être étonnant de voir à quel point on pense alors que Dieu peut se manifester de manière directe, instantanée et presque sur demande pour trancher chaque cas: on ne peut que constater ici, la profonde foi dont tout cela dénote. Au moyen-âge central, le divin et ses lois restent omniprésents à chaque instant et dans chaque lieu.

Il y a pourtant, à travers ses actes de justice, des croyances à une forme de surnaturel qui ne sont pas sans rappeler la magie et le quatrième conseil du Latran condamnera, en 1215, le recours à l’ordalie. Cette dernière sera, suite à cela, abandonnée dans les juridictions ecclésiastiques mais continuera d’être utilisée dans les juridictions civiles jusqu’à ce que Louis IX les condamne à son tour, près de cinquante ans plus tard, en 1258. Le serment sur la bible s’y substituera alors. De leur côté, les duels judiciaires et ordaliques tarderont plus à disparaître.

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Dans le cadre de cette justice qui fait appel aux lois divines pour se frayer un chemin jusqu’à la vérité, en plus de l’ordalie et du duel, il faut encore mentionner des formes particulières de serments, qui s’inscrivaient dans la même veine  et qui consistaient à jurer sur le corps d’un saint et dans une église, de la véracité de ses dires. On n’avait alors nul doute qu’en cas de parjure, la mort serait immédiate.

Le sujet de ces formes de justice du moyen-âge central, est fascinant à bien des égards et ce seul article ne saurait l’épuiser mais nous voulions en jeter quelques bases ici. Bien entendu, dans l’éventualité où cette pratique serait remise au goût du jour et pour ceux qui souhaitent s’y préparer vous pouvez toujours vous adonner au Béhourd! A n’en pas douter, il y a, non loin de chez vous, une petite troupe de combattants médiévaux prête à vous  entraîner.

En vous souhaitant une belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com
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