Bonjour à tous,
On a retrouvé l’Atlandide en Isère !

Archéologie médiévale et lacustre
pour un site historique d’exception
En plein cœur des pré-Alpes se niche un joli petit lac, celui de Paladru où, passez-moi l’anecdote, enfant, j’allais quelquefois patauger dans les eaux frisquettes, que je ne trouvais pas alors si froides, sans même me douter que depuis la fin du XIXe siècle, les archéologues de la préhistoire, autant que ceux du moyen-âge y avaient fait de belles découvertes.


En réalité, le site avait déjà été exploré une première fois vers la fin du XIXe siècle, puis laissé de côté, et c’est dans le courant du XXe, en 1972, sous la pression d’un projet de port de plaisance et d’aménagement du lac, que sachant les richesses archéologiques que le lac cachait sous ses eaux, les archéologues ainsi que les différentes collectivités locales autour du site se sont mobilisées pour financer les opérations de recherche et de sauvegarde (municipalité de Charavines, du conseil général de l’Isère, du ministère de la Culture et de divers centres de recherche).
Il y a, nous le disions, plusieurs sites sous les eaux du lac de Paladru: le premier concerne l’occupation néolithique du site, le deuxième regroupe à lui seul trois sites qui touche le moyen-âge et le XIe siècle. C’est à ce dernier que nous nous intéressons ici et notamment au site de Colletière qui est celui qui a été exploré le plus. Pour vous donner une idée de la richesse et de la nature exceptionnelle de l’ensemble de ces sites historiques, on y a retrouvé plus de 15000 objets et vestiges; leur étude s’est d’ailleurs poursuivie bien au delà du balisage du terrain et des fouilles par les archéologues.
Le village fortifié de Colletière
– Chevaliers paysans de l’an mil

La partie des fouilles qui concerne le monde médiéval et le site de Colletière se trouve sous des profondeurs allant de 1 à 4 mètres. Il s’agit d’un petit village qui date des débuts du XIe siècle, et qui fut fondé quelques années après l’an Mil. On date sa création de 1003 et son abandon autour de 1035. Quelques 30 ans après sa fondation, le site a, en effet, été immergé par les eaux du lac et l’on pense que ceci explique son abandon. Comme il n’a pas été réoccupé dans le temps depuis cette période et est demeuré sous l’eau, les vestiges ne sont pas mélangés avec d’autres sources d’occupations plus récentes, ce qui a rendu les conditions d’exploration d’autant plus idéales.
Un site d’occupation carolingienne
La superficie du village est de 1300 m2. Il était fortifié et bordé d’un palissade de bois. Il se situait sur une petite presqu’île du lac qui a donc disparu depuis. Bordé d’eau sur trois de ses côtés, le quatrième côté étant marécageux était accessible par un chemin de bois et un « pont-levis ». A l’évidence les occupants de Colletière ont su utiliser et exploiter de manière habile la protection naturelle offerte par le site et le lac. Le village hébergeait une soixantaine d’hommes, enfants et familles compris, une communauté structurée de manière 
Un certain nombre de constat ont étonné les historiens autant que les archéologues par rapport à ce groupe, dont on a déjà convenu qu’il relève de l’exception même si les historiens ne se sont pas tout à fait accordés avec les archéologues sur ce en quoi portait cet intérêt et cet exception.(2) Quoiqu’il en soit, outre la richesse de l’héritage que ces hommes du moyen âge ont laissé, point sur lequel tous les chercheurs au moins s’accordent à dire qu’il est exceptionnel, leur vie surprend, autant par la richesse des activités auxquelles ils 
Culture, élevage et pèche
Concernant l’élevage, les vestiges attestent d’un cheptel de cochons, vaches, chèvres et moutons. Des traces d’écailles mais aussi des barques attestent que ces hommes s’adonnaient aussi à la pèche sur les eaux du lac. Du point de vue des cultures et à la faveur d’un redoux climatique du XIe siècle bien admis aujourd’hui, ils ont pu, dans ces zones pré-alpines, relativement hautes cultiver des céréales. Jugez plutôt de la variété de leur culture par les études faites sur les pollens, graines et semences retrouvés sur le site : blé, seigle, orge, avoine, panic et millet. Ils jardinaient aussi, produisant 
Pièces d’armes et usage des chevaux
Les traces attestent que plusieurs de ses hommes savent lire, ils ont aussi des chevaux et on a retrouvé des traces ornementales qui atteste qu’ils les parent. Les nombreuses armes trouvées en relation avec cela atteste que les chevaux sont utilisés à des fins militaires et pas agricoles. Certains de ses hommes sont donc des cavaliers, sinon peut-être des chevaliers (suivant l’élasticité que l’on voudra donner à cette notion). En outre, ils fabriquent eux-même leurs outils et leurs armes.
Activités artisanales, artistiques et ludiques
En plus du fer (on a retrouvé trois forges sur les sites d’occupation médiévale), les hommes du village de Colletière travaillent aussi le cuir et produisent outre chaussures, vêtements, leur propre céramique. Ils fabriquent encore des jeux, des instruments de musique. La diversité de leurs activités, leur large éventail de compétences, et le niveau d’éducation que certains d’entre eux semble démontrer, autant que certains indices de terrain, ont conduit les archéologues à l’hypothèse que ces hommes venus coloniser les bords de ce lac avait pu être mandés là par l’archevêque de Vienne qui aurait pu
Quoiqu’il en soit, il semble que la communauté vivait en grande partie de manière autarcique même si des échanges sont attestés avec les habitants ou les communautés environnantes. Comme nous le disions, ces « chevaliers-paysans » auraient déserté le site suite à une montée des eaux mais il est intéressant de noter qu’à peu près à la même période, entre 1030 et 1050, des mottes castrales commencent à être édifiées sur les hauteurs environnantes, marquant l’arrivée du système féodal non loin du site. A ce jour, les chercheurs ne pensent pas que ce soit ces mêmes hommes qui aient édifiées ces mottes. La provenance de ces colons de l’an mil avant leur installation autant que leur destination après occupation restent donc à ce jour inconnues.
Pour en savoir plus sur ces « chevaliers-paysans » et sur le site de fouilles de Paladru :
- Les habitats du lac de Paladru (Isère) dans leur environnement. La formation d’un terroir au XIè siècle, sous la dir. de Michel Colardelle et Éric Verdel, Paris : Ed. de la Maison des sciences de l’homme, 1993
- Chevaliers-paysans de l’an Mil au lac de Paladru, Michel Colardelle et Éric Verdel, 1993. Paris, Errance-Musée Dauphinois.
- Visiter le musée de Paladru et son exposition permanente.
Notes
(1) Archéologie subaquatique et conduite des fouilles en milieu lacustre : voir article de Audrey Claire sur le lac de Paladru ici
(2) Compte-rendu d’Alain Guerreau sur l’ouvrage Les habitats du Lac de Paladru et sa dimension théorique
Une très belle journée à tous!
Fred
pour moyenagepassion.
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.




‘est étonnant tout de même combien la mystique, quelque soit le dogme et les règles qu’elle suive, finit toujours par rejoindre une forme d’universalisme. Cela n’est pas propre à un pays ou à une époque, on le retrouve chez les mystiques chrétiens, mais aussi du monde perse à l’Asie, des soufis aux bouddhistes ou aux Taoïstes, dans la spiritualité des natifs d’Amérique du nord et bien d’autres lieux encore. Bien sûr, il y a des variantes ou des nuances que l’on trouve forcément si on veut les
chercher, mais il y a aussi de nombreuses similitudes sur le fond. Je ne sais pas si vous avez lu l’excellent et très palpitant roman d’aventure de Denis Marquet qui s’appelle « Colère », mais cette citation médiévale de Hildegarde de Bingen datée du XIIe siècle ne peut empêcher d’y faire penser et notamment la partie qui concerne la révolte de la nature sur l’homme.
our autant que nous vérifions avec grande minutie nos sources, le sérieux nous commande tout de même, aujourd’hui, quelques précautions sur cette citation qui oscille entre devoir de l’historien et devoir(s) régalien. En effet, « les chroniques du très chrétien roi Louis » sont supposées, tout de même, avoir été rédigées de manière posthume, par le Sire Jean De Joinville, à la demande de la petite fille par alliance de Saint-Louis, Jeanne de Navarre (au passage, elle était drôlement bien cette petite). Si elle était avérée, cette citation pourrait donc être de nature à faire littéralement voler en éclat une partie de l’Histoire de France; nous en sommes tout à fait conscient et la prudence nous pousse, encore, à y mettre quelques réserves. Une vérité se fait jour ici, toutefois, qui demeure indiscutable et c’est sans doute là tout l’énorme apport historique que nous pouvons déjà retirer de cet
échange: le petit grattement de la plume sur le parchemin était considéré, déjà à l’époque médiévale, comme un « petit bruit très agaçant ». Ne reculant jamais devant le devoir d’information et de restitution, nous avons d’ailleurs reproduit l’expérience, ici-même et avons pu faire ainsi le constat que nous étions effectivement très agacé.
ien entendu, nous ne pouvons pas, vous le comprendrez aisément, donner trop de précisions sur nos sources. Sachez toutefois, pour les plus sceptiques d’entre vous (et de grâce, qu’on ne me prenne pas pour un ingénu, voir une truffe, je sais qu’il en y en a!), sachez, disais-je, que concernant cette citation de Saint-Louis, elle nous a été rapportée par un excellent ami de notre voisinage immédiat, sarrasin et primeur de son état, dont un des lointains descendants originaire de Tunis, nous a-t’il confié, aurait bien connu Saint Louis. Voici d’ailleurs ce qu’il a conclu après nous avoir fait la part de cette anecdote toute à fait exclusive que seule une longue relation de confiance patiemment établie entre lui et votre serviteur, nous-même donc, aura permis de faire resurgir à la lumière:
