Sujet : poésie médiévale, chanson noël, ballade, fabliau, nativité, Noël.
Période: Moyen-âge
Auteurs : Chrétien de Troyes, François Villon, Clément Marot
Bonjour à tous,

Cette allusion de Villon à Noël, même si elle scande sa ballade, ne peut pas tellement être considérée comme une poésie dédiée à la célébration de la nativité, mais il faut dire que si on chante Noël en latin dans les cantiques et les églises durant ce long moyen-âge, les poètes médiévaux qui nous sont connus, se sont, quant à eux, assez peu exercés sur le sujet, et s’ils l’ont fait, peu de leurs textes nous sont parvenus, à ce jour.

Les fêtes de Noël,
de Chrétien de Troyes à Clément Marot

« Mes sire Gauvains coste a coste
Fist delez lui mangier son oste,
Et li mangiers ne fut pas corz,
Qu’il dura plus que uns des jorz
Antor Natevité ne dure »
Messires Gauvin à ses côtés,
Qui avait fait de lui son hôte,
Et le repas ne fut pas bref
Qui dura plus qu’un des jours
Autour de Nativité dure
Chrétien de Troyes, Perceval, le conte de Graal, (XIIIe siècle)
On trouvera encore, dans le Fabliau de Cocagne (Cocaigne) du XIIIe siècle, une courte mention du sujet. Le Fabliau traite pourtant d’un pays imaginaire où tout se trouve en abondance, et où tous les jours sont fériés et propices à la fête:
« Quatre semaines font un mois ,
Et quatre Pasques a en l’an
Et quatre festes Saint-Julian.
Quatre toz saints , quatre Noex ,
Et quatre festes chandeleurs. »
Fabliau de Cocagne, XIIIe siècle.
Bien plus tard, dans l’hiver du moyen-âge et au début de la renaissance, Clément Marot de Cahors écrira quelques textes sur le sujet, dont une chanson que voici :

Et un berger, en un verger,
Lautrehier en jouant à la bille
S’enlredisoient, pour abréger :
Roger
Berger,
Légère
Bergère,
C’est trop à la bille joué :
Chantons Noé, Noé, Noé.
Te souvient il plus du Prophète
Qui nous dit cas’ de si hault faicl,
Que d’une pucelle parfaicte
Naistroit un enfant tout parfaict ?
L’effect
Est faict :
La belle
Pucelle
A un filz du ciel advoué :
Chantons Noé, Noé, Noé. »
Clément Marot Chanson XXV, un jour de Noël.
Ballade des proverbes de François Villon
Pour l’instant, place donc à la Ballade des proverbes de François Villon, dont on a dit que le poète médiéval l’adressa en 1458, à son mécène d’élection, Charles D’Orléans, afin de se réconcilier avec lui. Si c’est le cas, cela ne suffira pas à lui ré-ouvrir les portes de la cour, ni à lui regagner les faveurs du Prince.
Si elle ne nous dit pas grand chose des fêtes de Noël, mais nous le disions plus haut, les poètes médiévaux semblent les avoir peu chantées, cette ballade reste un précieux héritage sur les proverbes du XVe siècle. Comme il s’agit d’une véritable compilation d’adages, plus ou moins remaniés par le verbe de Villon, il demeure difficile d’y retrouver un fil conducteur, autre que le plaisir que prend ici l’auteur à jouer avec les mots:

Tant va le pot à l’eau qu’il brise,
Tant chauffe-on le fer qu’il rougit,
Tant le maille-on qu’il se débrise,
Tant vaut l’homme comme on le prise,
Tant s’élogne-il qu’il n’en souvient,
Tant mauvais est qu’on le déprise,
Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Tant parle-on qu’on se contredit,
Tant vaut bon bruit que grâce acquise,
Tant promet-on qu’on s’en dédit,
Tant prie-on que chose est acquise,
Tant plus est chère et plus est quise,
Tant la quiert-on qu’on y parvient,
Tant plus commune et moins requise,
Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Tant aime-on chien qu’on le nourrit,
Tant court chanson qu’elle est apprise,
Tant garde-on fruit qu’il se pourrit,
Tant bat-on place qu’elle est prise,
Tant tarde-on que faut l’entreprise,
Tant se hâte-on que mal advient,
Tant embrasse-on que chet la prise,
Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Tant raille-on que plus on n’en rit,
Tant dépent-on qu’on n’a chemise,
Tant est-on franc que tout y frit,
Tant vaut « Tiens ! » que chose promise,
Tant aime-on Dieu qu’on fuit l’Eglise,
Tant donne-on qu’emprunter convient,
Tant tourne vent qu’il chet en bise,
Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Prince, tant vit fol qu’il s’avise,
Tant va-il qu’après il revient,
Tant le mate-on qu’il se ravise,
Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
François Villon, 1458
En vous souhaitant une belle journée à tous et de joyeuses fêtes de fin d’année.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

oici une autre lecture audio de la mythique
garçon au grand coeur de la chanson française, dont on ne présente plus la longue et brillante carrière,




e vois avouer avoir découvert récemment cette excellente chaîne youtube et le projet qu’elle porte et je vous la conseille vivement, si vous aimez les musiques anciennes, antérieures au XIXe siècle.
n pari d’ouverture et d’excellence, la passion et le sens du partage, auxquels il faut ajouter, bien sûr, un répertoire qui s’aventure sur le terrain des musiques anciennes, et, en l’occurrence médiévales, il n’en fallait guère plus pour que nous réservions, ici, une juste place à l’ensemble Voices of Music. Comme vous pourrez en juger avec la pièce du jour, les musiciens sont talentueux et la qualité des enregistrements exceptionnels sur leur chaîne youtube. N’ayant pas la possibilité d’aller les entendre à San Francisco qui reste tout de même leur ville de prédilection pour les concerts, cela tombe plutôt bien. Concernant les deux pièces médiévales et musicales du jour, elles sont interprétées par deux pointures dont il faut ici dire un mot :


Sujet : poésie médiévale, sagesse persane, biographie, citation médiévale, poète, conteur moyen-oriental, perse, arabe.

En 1256, il reviendra vers sa ville natale où il deviendra un proche de l’émir Saad ibn Zangui. Il n’est pas alors, dit-on, poète de cour, mais bien plutôt un conseiller qui parle ouvertement, se comportant en homme libre et exerçant sans contrainte tout son sens et son esprit critique. C’est à cette période qu’il aurait composé ses œuvres et il est également possible qu’il ait enseigné et tenu la chaire de sermon de la ville de Chiraz, durant ces mêmes années. De confession musulmane, c’est un grand pratiquant et croyant et on lui prête plus de quinze pèlerinages dans les lieux saints de l’Islam, au long de son existence dont un à la Mecque, après le retour de son long voyage.
jusqu’en Asie mineure et en Inde. En Iran, il est, bien sûr, encore grandement admiré et un jour national lui est même consacré.