Archives de catégorie : Musiques, Poésies et Chansons médiévales
Vous trouverez ici une large sélection de textes du Moyen âge : poésies, fabliaux, contes, chansons d’auteurs, de trouvères ou de troubadours. Toutes les œuvres médiévales sont fournis avec leurs traductions du vieux français ou d’autres langues anciennes (ou plus modernes) vers le français moderne : Galaïco-portugais, Occitan, Anglais, Espagnol, …
Du point du vue des thématiques, vous trouverez regroupés des Chansons d’Amour courtois, des Chants de Croisade, des Chants plus liturgiques comme les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X de Castille, mais aussi d’autres formes versifiées du moyen-âge qui n’étaient pas forcément destinées à être chantées : Ballades médiévales, Poésies satiriques et morales,… Nous présentons aussi des éléments de biographie sur leurs auteurs quand ils nous sont connus ainsi que des informations sur les sources historiques et manuscrites d’époque.
En prenant un peu le temps d’explorer, vous pourrez croiser quelques beaux textes issus de rares manuscrits anciens que nos recherches nous permettent de débusquer. Il y a actuellement dans cette catégorie prés de 450 articles exclusifs sur des chansons, poésies et musiques médiévales.
Sujet : poésie médiévale, poésie satirique, ballade, ballade amoureuse Auteur : François Villon (1431 – disparition 1463) Période : moyen-âge tardif, XVe siècle. Titre : Ballade
Bonjour à tous
uand le maître de poésie médiévale François Villon s’adonne à l’écriture amoureuse, même si ce n’est pas pour lui, son verbe et ses rimes s’envolent aussi hauts que l’épervier de sa ballade. Cela n’a rien de commun avec certains autres de ses textes dans lesquels il nous conte, avec une pointe de satire, ses amours volages ou encore ses autres plus contrariées, mais nul sujet ne résiste au talent immense de Villon et l’on s’en rend bien compte ici.
Bien sûr, il s’agit là encore de Villon et, comme c’est lui, il fallait bien que la ballade qu’il donna à ce gentilhomme, afin que ce dernier l’offrit à son épouse, ait pour contexte une situation spéciale; et c’est ici un combat à l’épée durant lequel nous conte l’histoire, le-dit gentilhomme conquit la belle.
Ballade de Villon donnée à un gentilhomme
Que Villon donna à un gentilhomme, nouvellement marié, pour l’envoyer à son espouse, par luy conquise à l’espée.
Au poinct du jour, que l’esprevier se bat, Meu de plaisir et par noble coustume, Bruyt il demaine et de joye s’esbat, Reçoit son per et se joint à la plume: Ainsi vous vueil, à ce désir m’allume. Joyeusement ce qu’aux amans bon semble. Sachez qu’Amour l’escript en son volume, Et c’est la fin pourquoy sommes ensemble.
Dame serez de mon cueur, sans debat, Entierement, jusques mort me consume. Laurier soüef qui pour mon droit combat, Olivier franc, m’ostant toute amertume. Raison ne veult que je desaccoustume, Et en ce vueil avec elle m’assemble, De vous servir, mais que m’y accoustume; Et c’est la fin pourquoy sommes ensemble.
Et qui plus est, quand dueil sur moy s’embat,* Par fortune qui sur moy si se fume, Vostre doulx oeil sa malice rabat, Ne plus ne moins que le vent faict la fume. Si ne perds pas la graine que je sume En vostre champ, car le fruict me ressemble: Dieu m’ordonne que le fouysse et fume; Et c’est la fin pourquoy sommes ensemble.
ENVOI.
Princesse, oyez ce que cy vous resume: Que le mien cueur du vostre desassemble Jà ne sera: tant de vous en presume; Et c’est la fin pourquoy sommes ensemble.
*Quand « dueil sur moy s’embat »: dans un ouvrage de 1835, Jean Henri Romain Prompsault traduit cela par « Quand la tristesse m’accable ».
En vous souhaitant une belle journée où que vous vous trouviez sur notre belle terre, mes amis!
Fréderic EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : humour médiéval, humour viking, musique, geek culture, geek Groupe : Naheulband Auteur : John Lang (le donjon de Naheulbeuk) Période : médiéval fantastique Titre : Mon ancêtre Gurdil
Geek un jour, Geek toujours avec l’excellent Neuheulband
Bonjour à tous,
l faut bien assumer un peu ses racines et, je pense, sans me tromper pouvoir compter dans les rangs de tout ceux qui tiennent quelque part de l’homme cavernicole doté d’une « Cyber touch » et que l’on appelle communément les « Geeks ». En tout cas, j’ai un pied dans cette culture, ça ne fait aucun doute. Pour en donner une définition, le Geek est un peu un genre d’homme des cavernes mais avec une prise dans le mur (voir cinq ou six pour les périphériques!) et une ADSL gros débit, cavernicole donc mais cyber aussi. Voici d’ailleurs un certain nombre d’arguments qui pourrait sans doute et pour partie m’identifier à un de ces êtres étranges :
1/Pour être tombé, alors encore tout jeune et innocent dans la marmite des premiers PCs et finalement ne jamais en être vraiment sorti. Oui! Je sais ce que c’est qu’un émulateur de mémoire paginée et que se battre avec un fichier .ini.
2/Pour avoir passé plus d’heures à jouer ou à tourner autour des innombrables applications ludiques, graphiques, anamorphiques, sympathiques, idiosyncratiques et même quelquefois pathétiques (y en a plein aussi) de cette carcasse de fer mystérieuse, que sur un terrain de foot d’un côté ou l’autre, gazon ou tribune ou même devant la sacro Sainte déesse télévision, sacrifiée sur l’autel des vendeurs de salades en boite et de jus lyophilisés à l’orange OGM croisée avec des têtes de sardines pour les vitamines.
Si tu ne comprends pas cette image, tu n’es pas trop Geek
3/Pour aimer les pizzas à emporter que j’ai, oui je l’avoue, trop souvent, dégusté devant mon PC. (même si avec le temps je me soigne, ça m’arrive encore).
4/Pour avoir quelques vieilles boites de jeu qui traînent encore quelque part avec des règles super compliquées que si tu sors ça devant des néophytes ou des pas geeks, ils te regardent et te disent: « tu veux pas plutôt faire un Yams ou un 4 21? » Super décevant, je sais… J’en pleurerais.
5/Pour savoir ce qu’est un D20 et avoir peint, même à mes heures, des figurines en plomb. Très entre nous, seuls ceux qui ont tenu une fois entre deux doigts un Frodon de 0,7 cm de haut avec un anneau à son cou de 2 millimètres, la langue tirée et le pinceau à un poil de l’autre main pour faire le reflet de lumière dans l’anneau unique, savent ce que ça veut vraiment dire que d’être barré. Là croyez moi, il n’est pas lourd que pour le mythique héros hobbit du seigneur des anneaux, l’anneau en question. (ci-contre sur la photo ce n’est pas Frodon. Si vous ne le savez pas vous n’êtes définitivement pas trop Geek.)
6/Pour savoir que quand un jeu de plateau a des cases hexagonales c’est pas juste pour faire joli et que même, sur les cases du Marais Maudit de Nyarladhur, y a un sale facteur de ralentissement et des saloperies de tirs de jets de dés qui peuvent te sortir des sangsues , grosse comme un bras d’enfant, qui te font perdre -2 pt de résistance si t’as pas la carte « onguent de la mort noire ». Donc à éviter quand même quoi, sauf si on n’est vraiment ultra pressé.
7/Pour sourire en coin quand on évoque le mot Donjon et Baldur, ou même tiens Mithrandir, d’un air de dire « Petit, crois moi je sais de quoi tu parles. J’en ai dézingué des squelettes et des gobelins et j’ai plus d’une boule de feu dans mon sac ».
Le Donjon de Naheubeuk de John Lang Humour médiéval fantastique
Bref ! Pour ça et pour encore une bonne trentaine d’autres raisons (mais on ne va pas y passer la nuit), je ressens une certaine appartenance à cette communauté humaine moderne étrange et trop souvent mécomprise, qu’on appelle les Geek. Comme on le vois, je n’ai pas appris que des conneries à l’université j’y ai aussi découvert plein de choses importantes pour la vrai vie. Bon, quelquefois, j’ai fait aussi un peu autre chose mais dans l’ensemble en mettant bout à bout les heures, il faut bien que je me rende à l’évidence. je reste adepte de la Geek Culture.
Au final, la seule chose que je ne m’explique pas c’est comment, avec tout ça, j’ai pu passé à côté de Naheulband et du donjon de Naheulbeuk du génial John Lang: série audio, chansons, romans, jeux de rôles. C’est un univers complet décliné sur de nombreux supports. Ca tient la route à tous les niveaux, écriture, musique et je me félicite en tout cas de pouvoir faire quelques sessions de rattrapage sur la question. avec notamment cette première chanson sur l’ancêtre Gurdil et ses déboires hors la mine.
D’un autre côté, tout cela me met du baume au coeur pour la série audio écrite et déjà en boite avec trente épisodes et dont je me demandais si je devais la mettre en image ou essayer de la mettre en ligne telle quelle. J’avoue que la création image par image de plus de deux heures de série audio tout seul avec mes petites mains et mes deux ou trois softs de prédilection me laisse quelquefois un peu hésitant.
Une belle journée à tous! Gardez vos points de vie et n’oubliez surtout pas de monter vos niveaux de crochetage, on ne sait jamais ce qu’on peut trouver dans un donjon, même ultra miteux.
Fred Pour moyenagepassion.com On a bien dit à la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : musique médiévale, troubadours, trouvères, musique ancienne de provence Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle, Titre : Au Renouvel Auteur : anonyme Tirée du manuscrit du Roy ou chansonnier du Roy, manuscrit 844 BnF Interprète : Les musiciens de Provence Album : Musique des trouvères et des troubadours, Volume 1 (1980)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous vous proposons une pièce musicale de Moyen Âge tirée d’un recueil de chansons des XIIe et XIIIe siècles : le manuscrit 844 de la BnF, appelé encore le manuscrit du Roy ou le chansonnier du Roy.
Le Manuscrit du Roy: manuscrit ancien
de chansons des XIIe XIIIe siècles
Le chansonnier du roy, héritage du XIIIe siècle musical, manuscrit 844, bnF
On attribue la compilation de ce manuscrit à Charles d’Anjou (1226-1285), Comte d’Anjou et du Maine, Comte de Provence, roi de Naples et de Sicile et frère de Saint-Louis. qui l’aurait probablement fait réaliser en vue de l’offrir à William de Villehardouin prince d’Achaïe (ancienne région de la Grèce antique ) même s’il semble que le manuscrit soit finalement revenu en sa possession.
Bien qu’assez mal conservé, le recueil contient près de six cents chansons, certaines composées par des troubadours célèbres, d’autres étant restées anonymes. Y est adjoint, également, un livret de chansons de Thibaut de Navarre, le roi poète chansonnier et comte de Champagne que nous n’en finissons pas de croiser quand il s’agit de parler de la musique et de la poésie de XIIIe siècle.
Troubadours et trouvères du Moyen Âge
Par l’ensemble les musiciens de provence
Sur l’ensemble des chansons du manuscrit du roy, seule une cinquantaine comprend des partitions, c’est donc de ces dernières qu’est tiré le morceau que nous vous proposons aujourd’hui. Il est interprété par l’ensemble « les musiciens de Provence », groupe musical crée dans les années 1970, autour de Maurice Guis, pianiste, organiste, compositeur originaire de Marseille, passionné de musiques anciennes.
La vocation de l’ensemble était de faire revivre et mieux connaître les musiques anciennes de Provence sur une période qui s’étale du Moyen Âge et des trouvères provençaux jusqu’à la renaissance. Le fruit de leur travail et de leur recherche a permis de reconstituer et faire revivre des sonorités d’instruments à cordes anciens disparus, mais aussi de remettre au goût du jour, un instrument traditionnel Provençal : le galoubet-tambourin que Maurice Guis affectionne particulièrement (pour l’instrument, voir photo en tête d’article).
La formation a laissé plus de dix albums autour de ces thèmes mais ne semble plus se produire depuis quelques années déjà, à tout le moins sous le nom qu’on lui connaissait, même s’il n’y a de doute que ces musiciens sont encore actifs. Ils se sont reformés notamment à l’occasion d’un concert privé en Provence courant 2012. On doit aussi à Maurice Guis la parution en 2015 d’un ouvrage sur le Galoubet tambourin justement (photo ci-dessus)
Sur ce nous vous laissons en compagnie de ce très joli morceau évocateur des temps anciens et du Moyen Âge central.
En vous souhaitant une excellente journée!
Frédéric EFFE
Pour Moyenagepassion.com A la découverte du Monde Médiéval sous toutes ses formes
Sujet : poésie médiévale, poésie satirique, ballade, auteur médiéval. Période : moyen-âge tardif Titre : « Guerre mener n’est que damnation », ballade contre la guerre. Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406)
Bonjour à tous,
ans un monde médiéval qui connait de nombreuses guerres, jusqu’à quel point est-il subversif de se positionner contre elle en les désapprouvant? Cette ballade contre la guerre d’Eustache Deschamps, poète-guerrier, commentateur et poète satirique du moyen-âge tardif, dénote, en tout cas, sur l’époque et les textes de ses contemporains par son ton anti-militariste. Il reste difficile de juger comment ce son de cloche a pu le mettre en position délicate, lui qui naviguait dans la cour des rois et les servait par les armes mais cela ne l’a pas empêché, semble-t’il, d’affirmer haut et fort ses idées sur la question.
Il faut bien comprendre, en remettant cette ballade dans son contexte qu’Eustache Deschamps a lui-même été soldat et a participé à des campagnes. C’est donc de l’intérieur, en homme avisé et visiblement lassé, autant qu’en témoin des conflits sur le terrain, qu’il fait ce plaidoyer contre la guerre. Dans d’autres poésies, on le retrouvera encore s’exprimant sur la misérable condition des soldats, autant que sur les ravages de la guerre sur les petites gens et sur le monde rural. Il s’élèvera notamment dans son Lay de Vérité contre les dégâts des pillages et leur nature immorale en jetant l’opprobre sur ceux qui s’en rendent coupable.
« Vous qui la guerre menez Vous Dampnez Quant contre raison prenez Du peuple communement Les biens et les rançonnez »
Eustache Deschamps. Extrait du Lay de Vérité
Guerre médiévale et pillage : le pïllage de la ville de Grammont, fin XIVe, chroniques de Jean Froissart, BnF Manuscrits 2644
Guerre mener n’est que dampnacion
Les paroles en vieux français
J’ay les estas de ce monde advisser Et poursuiz du petit jusqu’au grant Tant que que je suis du poursuir lassez Et reposer me vueil doresnavant Mais en trestouz le pire et plus pesant Pour aame et corps, selon m’entencion Est guerroier qui va tout detruisant Guerre mener n’est que dampnacion
Autres estas ont de la labour assez En seuretë vont leurs corps reposant Et se vivent de leurs biens amassez Jusques a fin vont leur aage menant Et l’un estat va l’autre confortant Sanz riens ravir, loy et juridicion Tiennent entr’eulx, dont bien puis dire tant Guerre mener n’est que dampnacion
Car on y fait les septs pechiez mortelz Tollir, murdir, l’un va l’autre tuant Femmes ravir, les temples sont cassez Loy n’a entr’eulx, le mendre est plus grant Et l’un voisin va l’autre deffoulant Corps et aame met a perdiction Qui guerre suit, aux diables la comment Guerre mener n’est que dampnacion.
L’ENVOY
Prince, je vueil mener d’or en avant Estat moien, c’est mon oppinion, Guerre laissier et vivre en labourant : Guerre mener n’est que dampnaction.
Guerre mener n’est que damnation
Les paroles adaptées en français moderne
J’ai les états de ce monde avisé
Et poursuivi du petit jusqu’au grand,
Tant que je suis de poursuivre lassé,
Et reposer me veut dorénavant
Mais entre tout, le pire et le plus pesant;
Pour âme et corps, selon mes conclusions,
Est guerroyer, qui tout va détruisant;
Guerre mener n’est que damnation.
Les autres états ont bien assez à faire
En sûreté vont leurs corps reposant,
Et vivent sur tous leurs biens amassés,
Jusqu’à la fin, vont leurs âges menant:
Et l’un état va l’autre confortant,
Sans rien ravir, loi et juridiction
Tiennent entre eux, dont bien puis dire tant:
Guerre mener n’est que damnation.
Car on y fait les sept péchés mortels,
Voler, meurtrir, l’un va l’autre tuant,
Femmes ravir, les temples sont cassés,
Loi n’a entre eux, le moindre est le plus grand,
Et l’un voisin va l’autre défoulant.
Corps et âme met à perdition
Qui guerre suit; aux diables la comment
Guerre mener n’est que damnation.
Envoi
Prince, je veux mener dorénavant
Etat moyen, c’est mon opinion,
Guerre laisser et vivre en labourant:
Guerre mener n’est que damnation.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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