Sujet : légendes arthuriennes, cinéma, Excalibur, Merlin, citations médiévales, citations autour du Moyen Âge, roi Arthur, duplicité de Merlin. Période : Moyen Âge central, haut Moyen Âge Film : Excalibur (1981) Réalisateur : John Boorman
Merlin : Tu m’a ramené. Ton amour m’a ramené. Ici même où nous nous trouvons. Dans le pays des rêves.
Arthur : Es-tu un rêve, Merlin ?
Merlin : Un rêve pour certains… UN CAUCHEMAR POUR D’AUTRES !
Version originale anglaise
Merlin: You brought me back. Your love brought me back. Back to where you are now. In the land of dreams.
Arthur: Are you a dream, Merlin?
Merlin: A dream to some. [Yelling] A NIGHTMARE TO OTHERS !
Merlin (Nicol Williamson) et le Roi Arthur (Nigel Terry) , dialogues extraits du film Excalibur de John Boorman (1981)
Sujet : citations médiévales, sagesse persane, morale médiévale, miroirs des princes, sagesse politique, compassion, empathie Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle Auteur : Mocharrafoddin Saadi (1210-1291) Ouvrage : Le Boustan (Bustan) ou Verger, traduction de Charles Barbier de Meynard (1880)
Bonjour à tous,
u Jardin de Mocharrafoddin Saadi, le Gullistan, à son verger, le Boustan, on pourra arguer que souffle quelquefois, le vent de la répétition sur certains des contes du sage perse au sujet des devoirs des princes. Il faut pourtant lui pardonner car, au delà de la simple délectation que nous procure sa lecture et son style imagé, il eut suffi et il suffirait encore, que quelques-unes de ses leçons soient comprises et appliquées pour que le monde change à jamais.
C’est, du reste, souvent le propre du sage que de devoir répéter des choses simples sans pour autant être entendu. Aussi, en bon moraliste, Saadi cherche, inlassablement, à travers des récits, des formes et des nuances différentes, le moyen de faire passer ses vérités. Et si quelques-uns de ses contes, comme celui du jour sur l’incendie de Bagdad, semble presque empiler des suites de maximes, c’est encore pour la même raison : un souci d’être entendu qui pousse le conteur persan à dérouler sa sagesse en d’infinies variations, et derrière tout cela, une volonté de changer le monde pour le meilleur.
« Compassion, charité, bonté, équanimité », toutes ces valeurs résonnent dans le monde médiéval proche-oriental de Saadi comme dans notre Moyen Âge occidental chrétien. Plus de 800 ans ont passé depuis la naissance du grand conteur et poète mais, tout se passe comme si le temps de la morale était resté figé. En dehors du contenant, il en demeure une autre leçon ; ne traitons plus les temps médiévaux d’âges sombres et barbares quand l’esprit de certains de ses moralistes nous montre leur avancée et leur degré d’éveil, mais continuons de voir la barbarie pour ce qu’elle est et ceux qui la perpétuent pour ce qu’ils sont. Non. Les leçons morales de Saadi n’appartiennent pas au passé ; elles valent donc bien, aujourd’hui, comme elles le valaient hier, d’être répétées.
L’incendie de Bagdad.
« Un incendie attisé par la souffrance du peuple éclata une nuit à Bagdad et dévora la moitié de la ville. Quelqu’un remerciait le destin qui avait épargné sa boutique; un sage l’entendit et lui dit : » Egoïste, tu ne penses qu’a toi et tu consentirais à ce que le feu consumât la ville entière, s’il s’arrêtait au seuil de ta demeure! » – Quel autre que le méchant peut se gorger d’aliments quand d’autres se serrent le ventre avec une pierre (souffrent de la faim) : . Le riche qui est témoin des misères du pauvre peut-il porter encore une bouchée à ses lèvres ? La mère dont l’enfant est malade, ne connaît plus le prix de la santé et, comme lui, elle se tord dans la douleur. Les voyageurs au cœur compatissant ne dorment pas en arrivant au menzil (lieu de halte) s’ils ont laissé des compagnons sur la route. En voyant un âne succomber sous sa charge de broussailles, un bon roi a le cœur oppressé. Heureux le lecteur béni du ciel à qui deux mots suffisent parmi tous les conseils de Saadi ; qu’il retienne cette parole, elle vaut tout le reste : « Si tu sèmes le chardon, ne compte pas cueillir le jasmin. »
Tu as entendu parler sans doute des rois de Perse qui accablèrent leurs peuples d’exactions ? la splendeur de leur règne n’a pas eu plus de durée que la tyrannie qu’ils exerçaient sur le laboureur. Admire l’aveuglement d’un despote : le monde demeure et lui, il disparaît chargé de crimes. Heureux le prince qui observe la justice; au jour de la résurrection, il trouvera un abri à l’ombre du trône de l’Eternel ! Quand Dieu veut le bonheur d’un peuple, il lui donne un souverain équitable et bon; mais s’il veut la ruine d’une nation, il la livre à la merci d’un tyran. Les sages s’éloignent d’un roi inique parce qu’ils voient en lui le fléau de Dieu. C’est Dieu qui t’a donné la couronne, rends-lui des actions de grâce. le bonheur payé d’ingratitude est sans stabilité. En remerciant le ciel du trône et des biens qu’il te dispense ici-bas, tu t’assures une couronne et des trésors impérissables ; mais si tu abuses de ta puissance de roi, tu deviendras un mendiant. Un prince n’a plus droit au sommeil, s’il laisse le faible à la merci du fort.
Garde-toi de la plus minime injustice : le roi est le berger et le peuple est le troupeau ; mais s’il s’abandonne à l’arbitraire et à la violence, le roi n’est plus qu’un loup devant lequel on fuit avec terreur. Il s’inspire mal et suit une route funeste, le chef qui opprime ses vassaux; tôt ou tard la tyrannie cesse, mais le nom du tyran se transmet à travers les âges. Si tu veux épargner les outrages à ta mémoire, pratique le bien afin que ton nom soit à l’abri de tout reproche. »
Mocharrafoddin Saadi (1210-1291), Le Boustan ou Verger, traduction de Barbier De Meynard, (1880)
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : citations médiévales, sagesse persane, poésie morale, conte moral, cupidité, avidité, justice, devoir politique, abus de pouvoir. Période : moyen-âge central, XIIIe siècle Auteur : Mocharrafoddin Saadi (1210-1291) Ouvrages: Gulistan, le jardin des roses, par Charles Defrémery (1838) et Gulistan le Parterre de Fleurs du Cheick Moslih-Eddin Sadi De Chiraz par N Semelet, (1834)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous levons les voiles en direction du moyen-orient médiéval pour découvrir une nouvelle histoire d’un des plus célèbres conteurs de la Perse du moyen-âge central : Mocharrafoddin Saadi. D’entre tous ses écrits, Le Gulistan ou Le Jardin des Roses demeure un véritable miroir des princes, un guide de la morale et de l’action pour les hommes, les puissants ou ceux qui les côtoient, et dans lequel seul le vrai sage saura tirer son épingle du jeu, par ses actes et non par ses mots.
Mansuétude, écoute, discernement, la sagesse dont il est question ici transcende l’application de quelque loi écrite, elle est la qualité suprême et intrinsèque qui peut élever le plus puissant comme le plus miséreux. Et Saadi fustige sans merci : cupidité, stupidité, égoïsme, orgueil, ambition, flatterie, négligence ou abus dans l’exercice du pouvoir, … Sous l’œil du conteur, il n’est nul homme, fut-il roi ou vizir, qui ne finisse par rencontrer sa propre destinée : l’impunité n’existe pas et tout finit, tôt ou tard, par se payer. C’est encore le cas dans le conte moral du jour. On y assistera à la ruine et la déroute d’un tyran contre les larmes de sang qu’il avait arrachées, par cupidité, aux plus déshérités et on trouvera, au passage, cette belle image de « la fumée des cœurs » des miséreux spoliés, montée en prière et entendue. » Ne trouble pas un coeur, parce qu’un soupir bouleversera tout un monde. «
Une fois de plus, le sage persan plaide pour la raison du plus faible contre la tyrannie du plus fort, la justice contre l’abus de pouvoir et l’avidité et c’est une justice à la fois transcendantale et sociale qui est ici à l’oeuvre, un peu, peut-être, dans l’esprit de celle que Saint-Louis avait rendue sous son chêne. Enfin, chez le conteur persan, comme dans notre moyen-âge central occidental, la roue de la fortune et du temps tourne et vient fournir un argument supplémentaire à la morale. Le temps de l’existence passe comme le vent du désert et le pouvoir comme la royauté demeurent éphémères.
Abus de pouvoir et avidité :
le pouvoir d’un cœur blessé
On raconte qu’un Tyran achetait, par la violence, le bois des pauvres et les donnait aux riches, moyennant un prix qu’il fixait arbitrairement. Un sage passa auprès de lui, et dit :
– Es-tu un serpent, toi qui piques tous ceux que tu vois ? Ou un hibou, puisque tu fouilles partout où tu te poses ? Si ta violence te réussit avec nous, elle ne réussira pas avec le maître qui connaît tous les secrets (ie: Dieu). N’exerce pas la violence sur les habitants de la terre, afin que leurs prières contre toi ne parviennent au-dessus du ciel.
L’oppresseur fut irrité de cette parole, fronça le sourcil a cause de ce conseil et n’y fit aucune attention; jusqu’à ce qu’une certaine nuit le feu tombât de la cuisine dans son magasin de bois, brûlât toutes ses richesses et lui laissât pour seul siège, au lieu d’un coussin bien rembourré, la cendre chaude.
Par hasard, le même sage passa auprès de lui, et l’entendit qui disait a ses amis : » Je ne sais d’où ce feu est tombé dans mon palais. » ll dit : » Il a été allumé par la fumée du coeur des pauvres (les soupirs). »
Distique : Garde-toi de la fumée des coeurs blessés, car la blessure du coeur se montre, à la fin, au dehors. Tant que tu le peux, ne trouble pas un coeur, parce qu’un soupir bouleversera tout un monde.
Sentence. Il était écrit sur la couronne du roi Qaï-Khosrou* (3eme roi de Perse, de la dynastie des Caïanides ) :
« Pendant combien d’innombrables années et de longs siècles les hommes marcheront sur la terre, au-dessus de notre tête* (notre tombeau) ? De même que la royauté nous est parvenue de main en main, ainsi elle parviendra aux mains des autres ».
Puisse cette belle leçon continuer de résonner à travers les siècles, aux oreilles des intéressés.
Une belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes.
Sujet : citations médiévales, sagesse persane, poésie morale, conte moral, munificence, générosité, bravoure Période : moyen-âge central, XIIIe siècle Auteur : Mocharrafoddin Saadi (1210-1291) Ouvrage : Gulistan, le jardin des roses traduit par Charles Defrémery (1838)
« On demanda à. un sage laquelle était préférable, de la munificence ou de la bravoure. Il répondit : « Celui qui a de la munificence n’a pas besoin de la bravoure.
La main de la libéralité vaut mieux que le bras de la force. »