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Les confessions d’un malandrin de Branduardi, grand troubadour italien moderne

troubadour_medieval_trovatore_musique_chanson_poesie_inspiration_moyen-age_medievalSujet : chanson, poésie d’inspiration médiévale, musique, folk, poésie, résonance poétique, médiévalisme.
Période :  XXe siècle, XXIe siècle
Auteur  :  Sergueï Essénine (1895 – 1925), Etienne Roda-Gil (1941-2004), Angelo Branduardi
Titre : Confessions d’un Malandrin,
Interprète : Angelo Branduardi
Album : Confession d’un malandrin  (1981)

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans les mystérieuses raisons qui peuvent nous pousser, enfants, à nous intéresser à l’Histoire ( un de ses aspects ou une de ses périodes en particulier), il nous a fallu compter avec un artiste italien, qui, dans les années 80, commença à illuminer de son art et de ses textes uniques  le paysage musical français. Indifférent aux modes, en plein cœur des années disco, Angelo Branduardi venait proposer ses créations, ses mélodies aux sonorités anciennes et sa grande poésie et le public en redemandait. Et peu importe alors qu’elles fussent ou non empruntées au Moyen Âge historique, elles avaient une saveur toute médiévale et cet auteur-compositeur interprète, qui ne ressemblait à nul autre, semblait être un troubadour égaré dans notre monde. Venu de temps anciens aux commandes d’une mystérieux machine, il était peut-être même le dernier des troubadours italiens.

Angelo Branduardi,
le dernier troubadour italien

S’il a émergé au milieu des années 70 et leur goût prononcé pour le néo folk médiéval d’origine celtique ou même le folk « progressif », Angelo Branduardi a toujours fait figure d’être un artiste solitaire et indépendant. Loin  des influences d’autres groupes de cette période, son style demeurait déjà unique. Alors, pour tenter de le ranger quelque part, on a pu parler de « folk-rock d’influence médiévale », mais en réalité, ce que fait surtout Angelo Branduardi, c’est surtout du Angelo Branduardi.

chanson_folk_poesie_inspiration_medievale_angelo_branduardi_troubadour_italienCôté cursus, il vient d’un parcours musical classique. Violoniste soliste surdoué, formé au conservatoire Niccolò Paganini de Gènes, il en sortira à l’âge de 16 ans avec un premier prix. Il étudiera aussi un temps la philosophie et se piquera encore de poésie auprès du poète et écrivain italien Franco Fortini qui sera l’un de ses professeurs.

Entré presque par hasard dans le monde de la chanson, le baladin et multi-instrumentiste compose ses propres musiques et chante dans un nombre impressionnant de langues (italien, anglais, français, espagnol, etc…). Du côté des paroles, s’il s’inspire quelquefois de chansons traditionnelles, de textes anciens ou de poésies plus récentes, c’est presque toujours son épouse Luisa Zappa qui sera sa parolière en italien quand ils n’écriront pas les textes à quatre mains. Dans les autres langues, il choisira soigneusement ses paroliers pour proposer de véritables adaptations poétiques.

Du côté des compositions, si elle peut sembler d’origine médiévale à l’oreille profane, la musique d’Angelo Branduardi  prend en réalité, le plus souvent sa source dans un répertoire plus classique, celui qu’il a appris au conservatoire de Gènes ; il n’y avait pas alors de formation aux musiques plus anciennes et médiévales. Ses œuvres sont donc plus résolument baroques, quelquefois renaissantes, et il va encore chercher dans le folklore méditerranéen ou même yiddish les sources de son inspiration.  Sur scène, l’artiste se laisse emporter par son art et il s’y tient souvent, les yeux fermés, chanson_folk_poesie_inspiration_medievale_confession_malandrin_angelo_branduardi_troubadour_italientout entier habité par sa musique et plongé au cœur d’une intériorité dont il demeure le seul à possèder les clés.

Maintes fois primé pour ses albums, plusieurs fois disque d’Or, il se fera un peu plus discret en France à compter du milieu des années 90, mais il restera actif artistiquement en d’autres lieux. Après de longues années de travail en Italie et en Allemagne et pour le plus grand plaisir d’un public français qui lui est resté fidèle, il reviendra avec des concerts mais aussi avec un Best Of de ses chansons françaises en 2015.

Sur la partie les plus médiévales de ses productions, dans les années 2000, il signera « L’infinitamente Piccolo », une œuvre poétique et musicale sous forme de spectacle (suivie en 2007 d’un DVD) dédiée tout entière à Saint-François d’Assise : La Lauda di Francesco (la laude, les louanges de Saint-François). 

Pour consulter l’actualité et l’agenda d’Angelo Branduardi, voici le lien vers la version française de son site web officiel.

« Les Confessions d’un Malandrin »
une chanson « d’inspiration » médiévale

Bien qu’enregistrée seulement en 1981 en langue française, en plus d’être une pure merveille, la chanson que nous vous proposons aujourd’hui a ceci de particulier qu’elle est la toute première composée par Angelo Branduardi. Ecrite à l’âge de 18 ans, presque par jeu et « dans les tourments de l’adolescence », comme il le confiera lui-même lors d’un interview à la télévision italienne, l’artiste ne se destinait alors pas du tout à être chanteur. Au hasard d’une rencontre c’est pourtant bien cette chanson  qui le propulsera dans une carrière qu’il avait été loin d’imaginer et qu’il avait projetée chanson_poesie_inspiration_medievale_serguei_essenine_poete_voyou_paysan_russebien plus  « classique ».

Du point de vue musical comme textuel, à la première écoute, les confessions de ce malandrin ont déjà l’air de nous transporter dans le Moyen Âge des troubadours avec ce poète qui court de village en village. Fils de modestes paysans, il est devenu célèbre et on parle désormais de lui chez « les rois et les reines ». Pourtant, il reste attaché par l’âme et le cœur à sa terre natale, et il se livre, de manière touchante,  dans cette poésie.

Confessioni di un malandrino version italienne

Le souffle d’un grand poète russe
pour la musique inspirée d’un troubadour italien

Loin de trouver ses origines dans la période médiévale, les paroles de cette chanson proviennent en réalité d’un poème russe daté de 1920 et signé de la main de Sergueï Aleksandrovitch Essenine  (Serge Esenin) (1895 – 1925). Auteur de talent, encore largement reconnu en Russie, poète, « voyou »,  homme engagé aussi aux côtés de la révolution d’octobre, Essenine chanta l’âme russe et l’attachement à sa terre comme personne.

« Ce n’est pas tout un chacun qui peut chanter.
Ce n’est pas à tout homme qu’est donné d’être pomme 
Tombant aux pieds d’autrui.
Ci-après la toute ultime confession, 
Confession dont un voyou vous fait profession.

C’est exprès que je circule, non peigné,
Ma tête comme une lampe à pétrole sur mes épaules. 
Dans les ténèbres il me plaît d’illuminer
L’automne sans feuillage de vos âmes. »

Sergueï Esenin  – Extrait de Confession d’un voyou,
traduction d’Armand Robin

Cette poésie qui toucha Angelo Branduardi au cœur est inspirée directement de la vie du poète russe ; il était lui-même issu d’une famille de paysan. Consumé peut-être par sa propre sensibilité, Sergueï Essénine mit fin à ses jours à l’âge de trente ans, en laissant pour témoignage une poésie écrite de son propre sang. La version du suicide fut contestée par la famille, mais le jeune poète russe au destin tragique emporta la vérité dans sa tombe (pour quelques extraits de son oeuvre, consultez cet article d’Esprits Nomades ).

chanson_poesie_inspiration_medievale_folk_etienne_roda_gil_branduardi_confession_malandrinAyant trouvé de grandes résonances avec le poète, le jeune Angelo Branduardi signa donc l’adaptation italienne de ces « confessions d’un voyou » dans les années 70 et c’est son parolier français de prédilection, Etienne Roda-Gil qui en fit, bien plus tard, en 1981, une adaptation française très inspirée. Elle vint rejoindre d’autres chansons du troubadour italien dans un album qui portait d’ailleurs le nom de la chanson.

Ajoutons que la version italienne, elle-même magnifique, est assez fidèle dans sa trame et ses vers au poème d’origine de Sergueï Esénine qui l’avait inspirée.  On doit son « tour médiévalisant » à Angelo Branduardi qui l’avait déjà amorcé dans la version italienne par son choix de vocabulaire : le « voyou » entre autre, s’était déjà changé chez lui en « malandrin ».  Etienne Roda-Gil le suivit dans la version française et renforça encore les images médiévales  avec ces paysans qui craignaient « le seigneur du ciel et les tourbières » chez le poète russe et qui, avec lui, se mirent à craindre « les seigneurs et leur colère », avec encore ce poète dont on parlait chez « les rois et les reines » et qui, dans la version originale, chantait la Russie. Le passage à l’univers du Moyen Âge était fait et l’évocation totalement réussie.

Confessions d’un malandrin, les paroles
et l’adaptation française de Roda-Gil

Les Confessions d’un Malandrin en Version Française

Je passe les cheveux fous dans vos villages,
la tête comme embrasée d’un phare qu’on allume
Aux vents soumis je chante des orages
aux champs labourés la nuit des plages.
Les arbres voient la lame de mon visage
où glisse la souillure des injures
Je dis au vent l’histoire de ma chevelure
qui m’habille et me rassure.

Je revois l’étang, de mon enfance
où les roseaux et toutes les mousses dansent
et tous les miens qui n’ont pas eu la chance
d’avoir un fils sans espérance.
Mais ils m’aiment comme ils aiment la terre
ingrate à leurs souffrances à leur misère
Si quelqu’un me salissait de reproches
ils montreraient la pointe de leur pioche.


Paysans pauvres mes père et mère
attachés à la boue de cette terre
Craignant les seigneurs et leurs colères
pauvres parents qui n’êtes même pas fiers
d’avoir un fils poète qui se promène
dont on parle chez les rois et chez les reines
qui dans des escarpins vernis et sages
blesse ses pieds larges et son courage.

Mais survivent en moi comme lumière
les ruses d’un voyou de basse terre
devant l’enseigne d’une boucherie campagnarde
je pense aux chevaux morts mes camarades
Et si je vois traîner un fiacre
jaillit d’un passé que le temps frappe
je me revois aux noces de campagne
parmi les chairs brulées des paysannes.

J’aime encore ma terre, bien qu’affligée
de troupes avares et sévères
c’est le cri sale des porcs que je préfère
à tous les discours qui m’indiffèrent.
Je suis malade d’enfance et de sourires
de frais crépuscules passés sans rien dire
Je crois voir les arbres qui s’étirent
se réchauffer puis s’endormir.


Au nid qui cache la couve toute neuve
j’irai poser ma main devenue blanche
mais l’effort sera toujours le même
et aussi dure encore, la vieille Écorce.
Et toi le grand chien de mes promenades
enroué, aveugle et bien malade
tu tournes la queue basse dans la ferme
sans savoir qui entre ou qui t’enferme.

Il me reste des souvenirs qui saignent
de larcins de pain dans la luzerne
et toi et moi mangions comme deux frères
chien et enfant se partageant la terre
Je suis toujours le même, le sang,
les désirs, les mêmes haines
sur ce tapis de mots qui se déroule
je pourrais jeter mon cœur à vos poules.

Bonne nuit faucille de la lune
brillante dans les blés qui te font brune
de ma fenêtre j’aboie des mots que j’aime
quand dans le ciel je te vois pleine
La nuit semble si claire
qu’on aimerait bien mourir pour se distraire
qu’importe si mon esprit bat la campagne et
qu’on montre du doigt mon idéal.

Cheval presque mort et débonnaire
à ton galop sans hâte et sans mystère
j’apprends comme d’un maître solitaire
à chanter toutes les joies de la terre
De ma tête comme d’une grappe mure
coule le vin chaud de ma chevelure.

De mon sang sur une immense voile pure,
je veux écrire les rêves des nuits futures…

En vous souhaitant une belle journée et une très belle écoute.

Frédéric EFFE.
Pour Moyenagepassion.com
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La ballade de Mercy de François Villon au Folk médiéval de Corvus Corax

poesie_medievale_epitaphe_villon_ballade_pendu_erik_satie_lecture_audioSujet : poésie médiévale, poésie réaliste, auteur médiéval. ballade, folk médiéval.
Auteur : François Villon (1431-?1463)
Titre : Ballade de Mercy (Merci)
Période : Moyen Âge tardif, XVe siècle.
Interprétes  :  Corvus   Corax. Album: Seikilos 2006

Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoilà quelque temps que nous n’avons parlé à la fois de François Villon   et de Folk médiéval et ce sont, cette fois-ci, les allemands de  Corvus Corax qui nous en fournissent  l’occasion. En 2005, le groupe enregistrait en effet, dans le texte,  La Ballade  par laquelle Villon  crye  mercy  à chascun, connue encore sous le nom de Ballade de Mercy,  en nous proposant cette poésie médiévale avec force orchestration et rien moins qu’une sérieuse touche celtique.

Corvus Corax: rock folk néo-médiéval

La postérité de François Villon a dépassé les frontières de la France auprès des amateurs de poésie médiévale et même de poésie tout court. Cependant, il demeure souvent amusant de constater les étranges travers que les auteurs prennent, quelquefois, pour nous revenir. Cette fois-ci, ce n’est donc pas par la Russie (voir article), mais par l’Allemagne que Villon le fait.

Corvus Corax a été fondé, à l’origine, en 1989 par deux allemands de l’Est ayant profité de la chute du mur de Berlin pour passer en RFA. L’histoire conte que les deux musiciens durent laisser derrière eux un Corbeau apprivoisé  d’où le nom du groupe. Depuis lors,, Corvus Corax a gratifié son public d’une bonne trentaine de productions énergiques entre albums studio, opéras, dvd et albums live.

corvus_corax_folk_neo_medieval_allemand_francois_villon_poesie_realiste_XVe_moyen-age_tardif

Toujours actifs depuis leur création, avec quelques changements de musiciens et d’artistes en cours de route qui n’ont pas affecté l’existence du groupe, Corvus Corax se produit principalement en concert en Allemagne. Leurs tournées s’étendent quelquefois à d’autres dates dans d’autres pays européens.

La marque de fabrique de Corvus Coras

La formation allemande propose un style néo-médiéval, soit une musique aux tendances rock et folk et aux accents celtiques et nordiques qui prend sa source d’inspiration dans le Moyen Âge mais n’hésite pas à l’enrichir de sonorités modernes.

La bande utilise de nombreux instruments d’époque. cornemuses et autres chalumeaux Corvus_corax_francois_villon_ballade_de_mercy_folk_neo-medieval_poesie_moyen-age_tardif_XVeet en fabriquent même de spéciaux pour chercher de nouvelles sonorités aux accents anciens.

Ajoutons que cette ballade de Villon, tiré de leur album   Seikilos, sorti en 2002 est la seule de l’auteur sur ce CD. Cet album est disponible  à la vente en ligne, sur le lien suivant : Seikilos de Corvus Corax.

Pour suivre de plus près les Corvus Corax, vous pouvez consulter leur site web (en allemand et en anglais).

La Ballade  par laquelle Villon
crye  mercy  à  chascun

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Dans cette ballade, Villon, se sachant condamné, implore la pitié de tous, en égratignant encore au passage, les tortionnaires et bourreaux qui l’ont soumis au dur régime du pain, de l’eau et de la torture et, avec eux, Thibaud d’Aussigny, le sévère et puissant évêque d’Orléans, responsable de son enfermement à Meung-Sur-Loire  et que Villon fit entrer dans la postérité avec lui.

Villon crie donc, ici, du fond de sa geôle, même si cette poésie semble plutôt être déclamée dans la rue, à l’attention de tout ce petit peuple qui y vit et que le poète connaît si bien.  Dans le second tome de son excellent ouvrage sur la vie du poète médiéval « François Villon, sa vie, son temps » (1913), Pierre Champion y verra même, de son côté, une référence certaine aux crieurs de corps qui annonçaient alors les noms des morts.

La Ballade originale de Villon dans le moyen français de l’auteur

francois_villon_ballade_mercy_poesie_medievale_moyen-age_tardifPour en terminer, les paroles utilisées par Corvus Corax dans leur interprétation de cette ballade de Villon, étant un peu modernisée, nous avons préféré publier ici une version plus fidèle à la langue originelle de Villon.

Elle est tirée des oeuvres de Maistre François Villon, par Jean-Henri-Romain Prompsault (1835) dont nous avons déjà parlé ici; l’ouvrage nous sert d’ailleurs aussi de guide principal pour les annotations.

A Chartreux et à Célestins,
A Mendians et à Dévotes,
A musars et claquepatins (1),
A servans et filles mignottes
Portants surcotz et justes cottes,
A cuideraulx d’amours transis, (2)
Chaussant, sans méhaing, fauves bottes,
Je crye à toutes gens merciz.

A fillettes montrans tétins,
Pour avoir plus largement hostes,
A ribleurs meneurs de hutins (3)
A basteleurs traynant marmottes,
A folz et folles, sotz et sottes,
Qui s’en vont sifflant cinq et six
A marmousetz et mariottes, (4)
Je crye à toutes gens merciz,

Sinon aux trahistres chiens mastins
Qui m’ont faict manger dures crostes, (5)
Et boire eau maintz soirs et  matins,
Qu’ores je ne crains pas trois crottes.
Pour eulx, je feisse petz et rottes ;
Voulentiers, si ne fusse assis;
Au fort, pour éviter riottes, (6)
Je crye à toutes gens merciz.

S’on leur froissoit les quinze costes
De bons mailletz, fortz et massis ; 
De plombée,  et de telz pelotes. (7) 
Je crye à toutes gens merciz.


Notes

(1)  Musars :  badauds. oisifs. Cliquepatins ; « galopins » qui court les rues.
(2)  Cuideraulx : de « cuideor »: présomptueux. Vaniteux élégamment chaussés.
(3) Ribleurs  : coureurs de nuit, crapules faisant du tapage de nuit
(4) Marmousets : petits garçon et petites filles
(5)  Crostes : croûtes de pain
(6) Au for pour éviter riottes ; Du reste pour éviter toute querelles
(7) De plombées  et de tels pelotes : garnis de plombs ou de choses semblables.

 En vous souhaitant une très belle journée.
Fred

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Musiques médiévales : nouveau Menu, recherche par formation musicale

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaetit détail lié à l’ergonomie, comme nous vous l’avions annoncé, il y a quelque temps, nous venons d’ajouter, dans la colonne de gauche du site, un menu dédié aux recherches de musiques médiévales par formation. Il est réparti en deux catégories. La première Ethnomusicologie regroupe les formations musique_chanson_ancienne_folk_medievale_ethnomusicologie_moyen-age_passion« classiques » et les ensembles qui se basent sur les manuscrits, les instruments anciens et un travail de restitution et d’interprétation au plus près de la musique médiévale. La seconde catégorie Folk Mediéval ou Médiévalisme contient les pièces un peu plus « libres » d’inspiration : folk, chansons basées sur des textes anciens mais avec des mélodies plus récentes, etc…

Nous ferons, bien entendu, évoluer ce menu au fil des articles pour faciliter vos recherches.

Détail d’affichage: petit bug  Navigateur google chrome

Sans relation avec ce nouveau menu, si vous utilisez certaines versions du navigateur web google chrome pour naviguer sur le site, il peut advenir que les textes se superposent sur les images dans certains articles. C’est un bug assez ennuyeux mais qui fort heureusement n’apparaît que dans quelques rares cas et uniquement sur certaines versions de Google Chrome. Aucun souci donc en principe si vous utilisez Internet explorer, Mozilla Firefox ou des navigateurs de téléphones portables. Quoiqu’il en soit, si vous l’expérimentez, il existe une solution très simple pour en venir à bout. Il vous suffit de cliquer sur le bouton Refresh de votre navigateur et le tour est joué. Cela recharge le code de la page et résout le problème.

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Voilà c’est tout pour les news « cuisine web » du jour. Merci de votre attention.

En vous souhaitant un belle journée !
Fred

OMNIA: fusion folk rock celtique médiévale hollandaise

geek_culture_medieval_fantastique_fantaisie_dragonSujet : pagan folk, paganisme, légendes celtiques, médiéval imaginaire, musique, néofolk médiéval,  médiéval fantaisie,
Période : médiéval fantastique
Groupe : OMNIA
Titre : Fee Ra Huri
Album :  Live On Earth  (2012)

omnia_neofolk_musique_pagan_folk_paganisme_medievale_paienne_celtique_moyen-age_fantaisie_imaginaireBonjour à tous,

Q_lettrine_moyen_age_passionuand les instruments du monde médiéval fusionnent avec le folk celtique et la musique rock du côté de la Hollande, cela donne OMNIA.  Bien sûr, il ne faut pas chercher ici à retrouver le réalisme d’un Hespèrion XXI ou d’un Micrologus, nous sommes face à une réinterprétation  qui s’assume et dont les racines vont bien plus certainement chercher dans le folk irlandais des siècles postérieurs au moyen-âge mélangés d’autres influences,   et, peut-être même encore, dans les  racines folk celtiques remises au goût du jour par un nombre important de groupes dans les années soixante-dix, dans la continuité de la mouvance contestataire californien hippie.

Au delà de la musique  et du sens de la fête
un mouvement et des valeurs

« OMNIA est un groupe d’amoureux inconditionnels de la nature et de Musiciens guerriers de la terre qui voyage de part le mond pour diffuser leur musique et célébrer à travers elle, l’amour de la vie, la créativité, la nature et la fantaisie avec un public de tout âge et de toute culture. »
OMNIA – Biographie – Site web

Pour autant que la formation hollandaise interpelle bien plus le public sur un imaginaire celtique médiéval que sur un moyen-âge musical authentique, il faut reconnaître que l’ambiance est largement festive et les musiciens talentueux.

Folk, paganisme, et musique festive

A  travers tout cela, on  peut difficilement s’empêcher de penser qu’une certaine idée de la fête reste attachée à l’univers médiéval même quand il est revisité comme ici par une modernité technique et musicale assumée:  « Au moyen-âge on sait faire la fête ». Cette idée semble relativement partagée et sans doute qu’un certain nombre de bandes omnia_musique_medieval_folk_paien_celtique_paganisme_wiccamédiévales Folk ou néofolk récentes lui fait écho, même s’il faut bien sûr s’entendre sur  le moyen-âge auquel il est ici fait référence.

Quoiqu’il en soit, le  genre musical d’OMNIA s’inscrit,  de manière déclarée, dans un Folk Païen (Pagan Folk)  ouvert à toutes les influences et qui ne se prive d’aucune. Au delà du positionnement musical, il faut encore dire un mot de l’ambition  qui sous-tend tout cela. Il ne s’agit pas,  en effet et même loin de là, que de célébrer un certain sens de la fête. Plus qu’un style de musique, le groupe  veut aussi être la manifestation  toute à la fois « d’un style de vie, d’une philosophie et d’une religion « naturelle » sans leader et sans  règle ».

Formé autour de l’an 2000, on doit depuis  à la formation hollandaise quelque chose comme dix-sept albums. Leur philosophie restant l’indépendance dans la production musicale en particulier et dans leur choix de vie en général, ils auto-produisent leur création et on peut même trouver sur leur site web,  outre la  possibilité d’acquérir leur musique  sous toutes les forme (CD, Itunes, etc), une boutique  de Tee shirts et autres « goodies »  de leur cru. Ajoutons à cela qu’ils écrivent leurs chansons dans des langues aussi diverses que l’anglais, le breton, le latin, le français, le finlandais, l’arabe, l’espagnol, l’allemand, le mongolien, l’Hindi et qu’ils ont même comme le groupe MAGMA de Christian Vander l’avait fait en son temps, créé leur propre language appelé l’OMNIAN. On doit également à ses étonnants musiciens, amants de littérature, la mise en musique et la reprise de poésies célèbres  de Catulle, Edgar Poe, William Blake, Shakespeare,  et encore d’autres auteurs.

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Un mouvement naturaliste à l’ambition globale

Au delà  de  sa nature festive, le folk médiéval celtique est bien souvent le signe ou la tête émergée d’un « mouvement » social qui, culturellement, nous dit bien plus que sa simple manifestation musicale.  Ainsi, la formation hollandaise entend bien chanter:  « la liberté individuelle,  les anciennes valeurs celtiques de bien et du mal » et, à travers tout cela, prétend encore  encenser une « conscience écologique globale et  la connexion spirituelle entre l’homme et la nature ».

Sans vouloir généraliser, le PAGAN FOLK (folk païen) en provenance d’Angleterre, d’Allemagne ou d’Europe du Nord puise, presque de manière systématique, ses valeurs de référence dans une antique culture celtique (souvent plus rêvée qu’historique), mélangée à d’autres traditions, et ancre ses racines  dans un univers pré-chrétien dont peu de choses nous sont finalement parvenues, mais  dont on pourrait encore trouver les dernières traces dans la  survivance de guérisseurs de tous bords et autres « sorciers » et « magiciens » que l’église romaine a poursuivi, sans relâche, de son inquisition dans les courants du XVIe et XVIIe siècles

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Indéniablement, il y a encore, derrière tout cela,  la marque d’un mouvement naturaliste, qui, en réaction avec la modernité et le monde post-industriel, se cherche un terrain d’élection dans une  époque où l’homme était, dans l’idée, plus proche de la nature et où il vivait « en harmonie » avec elle. Concernant OMNIA, pour donner encore  la dimension qui sous-tend tout cela et comprendre jusqu’où leur ambition se situe, voilà une de leur citation  sur la question que je ne fais ici que traduire :

« Le monde meurt… Les singes mutant sont devenus totalement  dingues.  En tant qu’espèce nous devons la fermer une bonne fois pour toutes et écouter ce que la nature a à nous dire. »
OMNIA – Biographie – Site web

Des racines plus imaginaires et allégoriques que réalistes

Rattachement donc à une tradition naturaliste à reconquérir, il s’agit donc bien d’ouvrir des perspectives pour le futur et pas de passéisme. Concernant cette harmonie et cette connexion perdue avec mère  nature, il faut sans doute dire ici, qu’elle ne correspond pas tout à fait non plus à la réalité du monde médiéval et contient  largement sa part de rêve et d’ imaginaire. Même si  le moyen-âge, durant ses mille ans d’histoire,  était clairement moins urbanisé que notre monde moderne,  on assiste, dès le XIIIe siècle, à un premier phénomène de regroupement urbain musique_folk_paganisme_medievale_paienne_celtique_omnia_moyen-age_fantaisie_imaginairesignificatif et dès le XVe cette urbanisation a déjà conduit à une déforestation déplorable qui a ouvert, par la suite, aux colons du nouveau monde, de larges voies d’exportation du bois qui commençait déjà à se raréfier  en Europe.

Dans le même ordre d’idée, dans le monde médiéval historique, pour autant que la relation de l’homme avec la nature était indéniablement plus prégnante que dans notre monde post-industriel, il faut encore ajouter que c’était d’abord et avant tout, une relation de dur  labeur et de travail agraire et agricole, dans le cadre d’une nature déjà largement domestiquée. Plus que le moyen-âge réel, c’est donc bien plutôt, vers les légendes celtiques et nordiques, relayées et souvent revisitées, de manière moderne,  par la littérature médiévale fantastique  et ses  peuples naturels – elfes, trolls et autres nains de montagnes -, que nous ramène souvent cet cet idéal de connexion naturaliste moderne.  Nous  nous trouvons avec lui face à un moyen-âge rêvé ou « reconstruit ».

Pour mieux comprendre encore ce mouvement folk païen et même si tous les groupes ne se rattachent pas nécessairement à cela,  il est encore utile d’évoquer le  Wicca de Gerald Brousseau Gardner, écrivain ésotériste britannique et anthropologue  qui, dans le courant du XXe siècle, présenta un modèle de religion basé  sur « l’ancienne religion » et sur une fusion  empruntant, à la fois,   à la omnia_neofolk_musique_folk_paganisme_medievale_paienne_celtique_moyen-age_fantaisie_imaginairetradition celte, au chamanisme, au druidisme,   ainsi qu’à des éléments nordiques et slaves.

Quoiqu’il en soit, il reste que la recette du Pagan Folk trouve largement son public et le succès d’OMNIA en est encore une belle preuve. Dans les espaces imaginaires où vivent encore les légendes celtiques et nordiques autant qu’un moyen-âge naturaliste à célébrer,  il y a de la place pour un rêve qui , à défaut d’être toujours historiquement réaliste, parle   à l’évidence, à beaucoup d’entre nous.

Fee Ra Huri, les paroles

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Du point de vue des paroles, il ne faut pas sur ce morceau particulier au moins chercher la profondeur du sens  et l’on se trouve  presque face aux performances vocales tel que peut les affectionner un Gilles Vignault. Si vous voulez vous y entraîner en tout cas, voici les lyrics:

Wack fol’a day diddle dee dye doe
Je le len ‘o je le la le len ‘o
Fiddle daddle day diddle dee dye doe
Ho ri f dhe ra hur

Wack fol’a Day diddle dee dye do
Je le s ‘je le la o le s’ o
Fiddle diddle dee dye daddle day doing
Ho f ri dhe ra hur

En vous souhaitant une excellente journée!

Fred
Pour moyenagepassion.com
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