Sujet : Kaamelott, humour, détournement, série télévisée, médiéval-fantastique, comédie, livres, bibliothèque, best-sellers, roman arthurien, légendes arthuriennes Période : haut moyen-âge à central Auteur : Alexandre Astier Producteurs : Calt Production, M6 studio.
Bonjour à tous,
oilà longtemps que nous n’avions pas fait d’articles ou de détournements autour de la série Télévisée Kaamelott d’Alexandre Astier. Certains d’entre vous ont quelquefois pu se montrer surpris de la trouver mentionnée ici. Si cette dernière tient, il est vrai, bien plus de la comédie moderne que de l’humour médiéval, elle a conquis et amusé, entre ses millions de fans, de nombreux médiévistes et spécialistes du roman arthurien. Il faut dire qu’en plus des qualités d’écritures et de jeu qu’on y trouve, le moyen-âge au prisme de la modernité, intéresse, de nos jours, un nombre grandissant d’historiens.
Kaamelott – Lectures & guides pratiques
Il y a quelque temps, nous avions, de notre côté, imaginé des best sellers, sous forme de guides pratiques, réalisés par les personnages de la série. Fort du succès rencontré par ces livres factices ici, mais aussi sur les réseaux sociaux, notamment à travers la page Autour de Kaamelott (@Kamelottcreas), nous avons décidé d’en compiler un certain nombre, dont un inédit, dans une vidéo courte que voici. En espérant qu’elle rappelle aux amateurs de la série de bons souvenirs. Pour la découvrir dans les meilleures conditions, nous vous conseillons de la visualiser en plein écran, full hd (1080).
Kaamelott produits dérivés : best sellers et librairie imaginaire
Casting de la vidéo & extraits sonores
Dans cette vidéo, vous retrouverez dans le désordre :
Perceval (Franck Pitiot), Dame Séli (Joëlle Sevilla), Dame Ygerne (Josée Drevon), Lancelot (Thomas Cousseau), Dame Mevanwi (Caroline Ferrus), Le roi Burgonde (Guillaume Briat), Guethenoc (Serge Papagalli), Roparzh (Gilles Graveleau), Bohort (Nicolas Gabion), Léodagan (Lionnel Astier), Le Roi Arthur (Alexandre Astier).
Pour rappel, la sortie du premier film de la trilogie Kaamelott sur grand écran a été annoncée pour octobre 2020. Les fans l’attendent depuis plus de 10 ans dont un grand nombre d’entre eux toujours avec impatience.
Sujet : poésie, oxford, gobelins, magie, féerie, littérature anglaise, fantaisie, fantasy. Période : XXe siècle, Angleterre victorienne, Auteur : JRR Tolkien (1892 -1973) Titre :Goblin Feet – Les pieds de Gobelins Sources : Oxford Poetry (1915)
Bonjour à tous,
n 1915, paraissait, dans la revue Oxford Poetry, une poésie de JRR Tolkien qui en disait déjà long sur son intérêt pour le monde des légendes et de la féerie et son talent à les décrire. Il avait alors 23 ans. Un peu plus tard, en 1920, on retrouverait ce texte dans The Book of Fairy Poetry (le livre de la poésie des fées), édité par Dora Owen et illustré par Warwick Goble. Ceci marquerait même l’entrée de Tolkien dans le monde de la littérature pour enfants. A la suite de cette parution et tout au long du XXe siècle, le Goblin feet réapparaîtrait dans des ouvrages du même type ou même des anthologies poétiques. Il serait également mentionné dans une biographie de Tolkien datée de 1977 et, plus récemment encore, dans The Annotaded Hobbit de Douglas A. Anderson (1988).
Une pièce désavouée par Tolkien lui-même
En France, cette poésie compte parmi les textes publiés les moins connus du grand écrivain, aussi nous avons pensé qu’il pourrait être intéressant de vous la faire découvrir. En 1971, cinquante ans après sa première parution, JRR désavouerait cette pièce, en signifiant même à un éditeur qui souhaitait la réimprimer qu’il regrettait de l’avoir écrite ou publiée. Voici ses propres mots à ce sujet : « Je souhaiterais que cette petite chose malencontreuse, qui représente tout ce que je serais amené, si peu de temps après, à détester avec ferveur, puisse être enterrée à jamais. » (I wish the unhappy little thing, representing all that I came (so soon after) to fervently dislike, could be buried for ever).
Quelques pistes
Difficile d’interpréter cela. Certaines sources indiquent qu’il aurait écrit ce poème pour sa fiancée d’alors (Tolkien : A Biography, Humphrey Carpenter, 1977) « qui aimait le printemps, les fleurs et les arbres et le petit peuple des elfes« . A en juger par la qualité du texte et la richesse des éléments que Tolkien y a mis, il n’avait pourtant pas boudé son plaisir à l’écrire.
Illustration de la poésie Goblin Feet de Tolkien dans the Book of Fairy Poetry (1920)
Réaction d’un auteur devenu mature face à une oeuvre de jeunesse ? Certains auteurs soutiennent que la phrase de Tolkien ne devait pas être trop prise au sérieux. Il avait pu s’agir en partie d’une pointe d’auto-dérision, voire peut-être de coquetterie de sa part. Il semble bien, pourtant, que le texte ne lui plaisait plus.
D’autres y ont vu l’expression possible d’une certaine frustration ou grogne de Tolkien devant les maisons d’édition. N’ayant pu faire paraître son Silmarillion en même temps que le Seigneur des anneaux, malgré de longues tractations avec ses éditeurs, il aurait pu se lasser de voir ses « pieds de gobelins » de la première heure, s’inscrire dans la postérité et ne plus en finir d’être republiés (cf Jason Fisher – Early Responses to Goblin Feet). Il est vrai qu’il était passé, depuis, à un tout autre stade dans son processus de création.
Univers de contes de fées victoriens
Pour abonder dans ce sens, on notera encore, avec la spécialiste de littérature fantastique et de Tolkien Dimitri Fimi, que le vocabulaire et l’ambiance de Goblin feet rattachent la poésie à l’imaginaire victorien en matière de contes de fées et d’êtres fantastiques : gnomes, Leprechauns, petites fées volantes telles la fée clochette de Peter Pan (voir Dimitri Fimi « Come sing ye light fairy things tripping so gay”: Victorian Fairies and the Early Work of J.R.R. Tolkien » – lien alternatif pdf). Plus tard, Tolkien allait créer son propre bestiaire et son propre univers, en s’affranchissant largement de ces codes et de ces références. Face à ces petits pieds de gobelins qui semblaient alors l’enchanter, il allait faire des pieds de ses hobbits une de leur plus curieuse caractéristique. De son côté, Gollum garderait ce pas furtif des êtres décrits ici, mais les histoires de JRR allaient s’ancrer bien plus résolument dans le monde médiéval.
Retenir la magie
Quoiqu’il en soit, que Tolkien ne nous en veuille pas de republier ici cette poésie. En accord avec de nombreux éditeurs, nous continuons de la trouver excellente. Comme nous le disions plus haut, elle présente également l’intérêt de nous montrer la fascination précoce de l’auteur anglais pour les mondes féeriques et magiques, autant que son aptitude à en retraduire les ambiances. Sous les émotions soulevées chez le poète par cette vision nocturne, il nous semble aussi lire une parabole de ce qu’il aura tenté de faire tout au long de sa vie d’écrivain : le merveilleux est là, quelque part dans sa vaste imagination. Il en est le témoin fasciné et il n’a de cesse de le suivre, pour le graver de sa plume, de crainte qu’il ne disparaisse à jamais. Au fond, tout Tolkien semble déjà contenu dans cette intention : retenir la magie et faire en sorte que notre monde ne réussisse jamais tout à fait à l’anéantir.
Vers une traduction française de Goblin feet
Nous n’avons pas trouvé de traduction française de cette belle poésie et s’il en existe une, elle nous a, pour l’instant, échappé. Aussi, nous avons décidé de nous y atteler. Une fois de plus, ce n’est pas une adaptation ; nous suivons presque à la lettre le fil littéral de la langue d’origine. La musicalité, le rythme et le nombre de pieds sont perdus au passage : traduire c’est trahir. Il faut s’y résoudre en poésie plus qu’en toute autre matière. L’exercice n’a d’autres prétentions que de mettre à portée des lecteurs non anglophones le sens général de ce texte du grand Tolkien.
The Goblin feet de Tolkien
ou les pieds de gobelins
I am off down the road Where the fairy lanterns glowed And the little pretty flittermice are flying : A slender band of grey It runs creepily away And the hedges and the grasses are a-sighing. The air is full of wings, And of blundering beetle-things That warn you with their whirring and their humming. O ! I hear the tiny horns Of enchanted leprechauns And the padding feet (1) of many gnomes a-coming !
Je suis au bas de la route, Où brillaient les lanternes des fées Et les jolies petites chauve-souris volent : Une fine bande de gris Qui s’enfuit de manière terrifiante Et les haies et les herbes soupirent. L’air est rempli d’ailes Et de coléoptères empotés Qui vous mettent en garde avec leurs sifflements et bourdonnements ô ! j’entends les petites cornes De lutins enchantés Et les pieds furtifs de nombreux gnomes qui s’approchent.
O ! the lights : O ! the gleams : O ! the little tinkly sounds O ! the rustle of their noiseless little robes : O ! the echo of their feet—of their little happy feet : O ! their swinging lamps in little starlit globes.
ô ! les lumières : ô ! les lueurs : ô ! les petits tintements ô ! le bruissement de leurs petites robes silencieuses : ô ! l’écho de leurs pieds — de leurs petits pieds joyeux : ô ! leurs lampes qui se balancent dans leurs petits globes étoilés.
I must follow in their train Down the crooked fairy lane Where the coney-rabbits long ago have gone, And where silverly they sing In a moving moonlit ring All a-twinkle with the jewels they have on. They are fading round the turn Where the glow-worms palely burn And the echo of their padding feet is dying ! O ! it’s knocking at my heart— Let me go ! O ! let me start ! For the little magic hours are all a-flying.
Je dois suivre leur sillage Jusqu’au bas de la rue de la fée tordue où les lapins sont allés depuis longtemps déjà. Et où ils chantent et dansent En un cercle argenté sous la lune Tout scintillants des joyaux qu’ils portent. Ils disparaissent au détour du chemin Là où les vers luisants pâlement se consument, Et l’écho de leurs pieds furtifs s’évanouit (meurt) maintenant ! ô ! Cela fait battre mon cœur — Laissez moi partir ! ô ! laissez moi m’en aller ! Car les petites heures magiques sont sur le point de s’envoler.
O ! the warmth ! O ! the hum ! O ! the colours in the dark ! O ! the gauzy wings of golden honey-flies ! O ! the music of their feet—of their dancing goblin feet ! O ! the magic ! O ! the sorrow when it dies.
ô ! la chaleur ! ô ! le bourdonnement ! ô ! les couleurs dans l’obscurité ô ! les ailes translucides des mouches-à-miel (abeilles) dorées! ô ! la musique de leurs pieds — de leurs pieds dansants de gobelins ô ! la magie ! ô ! la tristesse quand tout cela s’arrête. (cela meurt)
(1) Concernant ces padding feet. Au sens propre et dans le domaine textile, le mot padding renvoie à la notion de matelassage, de rembourrage. To pad peut encore signifier marcher à pied mais la piste ne semble pas la bonne. En creusant un peu, on trouve « padding feet » utilisé dans le sens de pieds dont le son est doux et étouffé. Nous avons donc opté pour « pieds furtifs » qui ne nous satisfait qu’à moitié. De fait, nous serions heureux d’avoir l’avis de spécialiste de langue anglaise sur la question.
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : légendes arthuriennes, cinéma, Excalibur, Merlin, Roi Arthur, citations, monde médiéval, citations autour du Moyen Âge, épée, Uther Pendragon, Période : Moyen Âge central, haut Moyen Âge Film : Excalibur (1981) Réalisateur : John Boorman
Uther : Où étais-tu passé ?
Merlin : J’ai suivi ma propre voie depuis l’aube des temps. Quelquefois je donne et quelquefois je prends. C’est à moi de décider quoi et quand.
Uther : Tu dois m’aider, Merlin !
Merlin : Le dois-je ?
Uther : Je suis ton roi !
Merlin : Ainsi, tu as encore besoin de moi, à présent que ma trêve est achevée. Des années pour construire, quelques instants pour tout ruiner, et tout cela par luxure !
Uther : Pour Igrayne ! Une nuit avec elle. Tu ne peux comprendre, tu n’es pas un homme. Utilise ta magie. Fais-le !
Merlin : Igrayne… Tu feras le serment, sur ta propre couronne, de me donner ce que je désire. Et alors tu pourras l’avoir.
Uther : [s’agenouillant] Par Excalibur, je le jure !
Merlin : Ce qui sortira de ta luxure m’appartiendra. Jure le encore ! Uther : JE LE JURE !
Merlin (Nicol Williamson) et Uther Pendragon (Gabriel Byrne) , dialogue extrait du film Excalibur de John Boorman (1981)
Version originale anglaise
Uther: Where have you been?
Merlin: I have walked my way since the beginning of time. Sometimes I give, sometimes I take – it is mine to know which and when.
Uther: You must help me, Merlin!
Merlin: Must I?
Uther: I am your king!
Merlin: So you need me again, now that my truce is wrecked. Years to build and moments to ruin, and all for lust!
Uther: For Igrayne! One night with her. You don’t understand, you’re not a man. Use the magic. Do it!
Merlin: [considering] Igrayne… You will swear, by your true Kingship, to grant me what I wish. Then you shall have it.
Uther: [kneeling] By Excalibur, I swear it!
Merlin: What issues from your lust, shall be mine. Swear it again!
Uther: I SWEAR IT!
Pacte fondateur des légendes Arthuriennes modernes et moment culte du film de Boorman. Arthur naîtra du pêché et du subterfuge d’Uther et de la complicité de Merlin. Excalibur scellera le serment et en sera temoin.
Au passage, on notera la qualité des dialogues qui prennent, par endroits, des accents de drame shakespearien et ce Merlin, aussi mystérieux qu’ambivalent, à la poursuite de ses propres desseins.
Sujet : légendes arthuriennes, cinéma, Excalibur, Merlin, Roi Arthur, citations, monde médiéval, citations autour du Moyen Âge, épée Période : Moyen Âge central, haut Moyen Âge Film : Excalibur (1981) Réalisateur : John Boorman
« Voici Excalibur ! L’épée du pouvoir ! Forgée quand les oiseaux et les bêtes et la fleur étaient un avec l’homme, et que la mort n’était encore qu’un rêve!»
«Behold Excalibur! The sword of power! Forged when birds and beasts and flower were One with Man, and death was but a dream! »
Merlin (Nicol Williamson), citation extraite du film Excalibur de John Boorman (1981) – Arthur (Peter Nigel Terry , 1945-2015)