n attendant de futures vidéos et aussi plus d’articles en préparation, à propos d’architecture médiévale, de châteaux et autres reconstitutions historiques, nous continuons de vous proposer un peu d’Art digital sous forme de fond d’écran gratuit. Cette fois-ci, c’est une version assez orageuse du château-fort de Bodiam, ce château anglais du XIVe siècle, construit dans le contexte de la guerre de cent ans et sur lequel nous avons déjà fait deux vidéos et articles (voir Bodiam episode 1).
Le château de Bodiam reconstitué en 3D
Utiliser cette image comme fond d’écran
Cliquez sur l’image pour l’ouvrir puis enregistrez-là sur votre disque dur. Une fois l’image sauvegardée localement, il vous suffit de vous rendre dans les paramètres d’affichage (clic droit sur le bureau Windows, « personnaliser ») et de l’ajouter.
Comme la dernière fois, cette création est encore réalisée à l’aide de la sandbox du jeu vidéo medieval engineers. Attention quand même, nous ajoutons beaucoup d’effets de lumière à l’original.
Le jeu a été en alpha version jusqu’à 2020 et son développement s’est un peu arrêté en queue de poisson. Si le cœur vous dit de faire vos propres mondes et châteaux et pour plus d’informations, voici un lien permettant de l’acquérir
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Une excellente journée à tous et longue vie!
Sujet : musique, danse, chanson et poésie médiévale, troubadours Titre : Kalenda maïa, Kalenda maya (Calenda) Auteur : Raimbaut de Vaqueiras, Période : moyen-âge central, XII, XIIIe Interprètes : Clemencic Consort , René Zosso , Album : Troubadours, Harmonia Mundi
Bonjour à tous,
n peu de danse, musique et poésie à la fois, aujourd’hui, avec la chanson célèbre Kalenda Maia. C’est de circonstance puisque nous sommes arrivés aux calendes de mai dont le chant nous parle, soit les premiers jours de ce mois ; contrairement à ce qu’on pourrait quelquefois le crois, rien à voir avec le calendrier maya.
« Ni les calendes de Mai Ni les feuilles de hêtres, Ni les chants d’oiseaux, ou les glaïeuls fleuries Ne sont de mon goût, O noble et joyeuse dame, Jusqu’à ce qu’un messager de la flotte envoyé par votre belle personne vienne me conter de nouveaux plaisirs d’amour et de joie que vous m’apportez » Raimbaut de Vaqueiras, Calendes de mai.
L’estampie : danse médiévale
des XIIe au XIVe siècles
On dit de cette chanson qu’elle a été chantée et même improvisée par le troubadour Raimbaut de Vaqueiras (1150 – 1207) sur la musique d’une estampie qui existait déjà. L’estampie est une danse du moyen-âge qui a été assez populaire du XIIIe siècle jusqu’au XIVe siècle. On la suppose née en France d’où elle s’est répandue jusqu’en Angleterre où elle a connu une grande popularité. Concernant le morceau que nous partageons aujourd’hui, c’est, à ce jour, une des plus ancienne estampie connue qui nous soit parvenue (cf universalis). On notera que cette chanson a été également interprété par le troubadour italien Angelo Branduardi sur son album » « Futuro Antico ». Rien d’étonnant quand on sait qu’en son temps Raimbaut de Vaqueiras fut au moins aussi populaire en Italie qu’en Provence sinon plus.
L’album « Troubadours » du Clemencic Consort
avec René Zosso
Pour la version que nous partageons aujourd’hui, elle est interprétée par le Clemencic Consort, accompagné de René Zosso. Au moment de la publication initiale, nous ne l’avions pas identifiée, aussi merci au visiteur qui a su rappeler à notre attention ce manque dans cet article ! C’était un des rares pour lequel nous n’avions pas l’interprète et l’occasion ne nous avait pas été donnée d’y revenir depuis sa parution. C’est chose faite, grâce à lui aussi merci encore.
On peut retrouver cette chanson, aux côtés d’autres pièces en langue occitane, dans l’album Troubadours de l’excellent Ensemble médiéval de René Clémencic : Raimbaut de Vaqueiras y côtoie Bernart de Ventadorn, Peirol, Peire Vidal, et encore une composition demeurée anonyme du XIIe siècle. Enregistré en 1977, l’album a fait, depuis, l’objet de diverses rééditions. A ce jour, il est encore disponible à la vente en ligne au format vinyle mais aussi au format dématérialisé : lien utile pour plus d’information ici.
Précisons qu’on peut trouver de nombreuses interprétations de Kalenda Maya, mais nous cherchions quelque chose de plus épuré qui puisse un peu nous rapprocher du contexte de sa création originale. Cette version qui reflète du reste bien l’esprit et le travail habituel de ce très bel ensemble médiéval sort clairement du lot.
Raimbaut de Vaqueiras :
guerrier, chevalier et troubadour
Fils d’un chevalier de Provence de petite noblesse et désargenté, les talents de jongleur et troubadour que Raimbaut de Vaqueiras (Vaucluse) développa assez vite le firent admettre à la cour de Guillaume des Baux, prince d’Orange, où il put développer son art du chant et de la poésie tout en apprenant le maniement des armes. Il passa, par la suite, à la cour de Boniface de Montferrat où il demeura, semble-t-il, la plus grande partie de sa vie. Il resta attaché au service de ce dernier dont il fut le vassal et qui le fit aussi chevalier, Entre autres campagnes et batailles, il accompagna notamment le Marquis de Montferrat, à l’occasion de la quatrième croisade.
Raimbaut de Vaqueiras a laissé une œuvre qui se compose de trente trois poésies lyriques mais également d’une « lettre épique » adressée à Boniface et dans laquelle il conte, en plus de deux cent pieds de vers, sa vie de Chevalier et de troubadour. Ce document reste, à ce jour, un des seuls témoignages autobiographiques, écrit de la main d’un troubadour, connu historiquement (cf The Poems of the Troubadour Raimbaut de Vaqueiras by Joseph Linskill, Charles Roth, Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance).
Fait qui mérite encore d’être souligné, on lui doit encore une poésie de cinq strophes dont chacune d’entre elle est écrite dans une langue différente : occitan, français, italien, gascon, galeïco-portugais et on dit encore de lui qu’il est un des troubadours qui aura le plus fait pour acclimater son art et la langue provençale dans la péninsule italienne! (ci-dessus Raimbaut de Vaqueiras, enluminures, BnF, Manuscrit 854, Recueil de poésies, en provençal, de troubadours, XIIIe siècle )
Outre le destin exceptionnel de cet homme, issu de famille pauvre et de petite noblesse, finalement adoubé et fait chevalier, Raimbaut de Vaqueiras fut aussi un des premiers troubadours à se rendre populaire dans les cours d’Italie du nord. On lui prête des talents qui vont de la poésie et l’art du troubadour jusqu’aux arts guerriers et on se trouve bien en peine de choisir celui qui le distingue le plus tant il montre des qualités dans les deux domaines. De sa mort, on sait peu de chose et on suppose qu’il est peut-être mort au combat, aux côtés de son suzerain lors d’une bataille qui opposait ce dernier aux bulgares pour défendre son royaume de Romanie.
Les paroles et l’histoire de la Chanson:
Un chant d’amour courtois.
Comme tous les troubadours, Rambaut de Vaqueiras était un provençal. Sa langue est donc, comme celle des troubadours, l’occitan. Nous n’avons pas cette langue dans notre besace et les langues latines que nous possédons sont de peu d’aide pour approcher la traduction de l’occitan. Concernant Kalenda Maya, nous en avons trouvé, pour l’instant une traduction anglaise et une autre italienne. A ce jour, il semble bien en effet que la bible des textes de Raimbaut de Vaqueiras et leur traduction soit anglaise : « The Poems of the Troubadour Raimbaut de Vaqueiras. By Joseph Linskill ». Pour le coup, une telle traduction reste un peu du billard indirect et ne saurait atteindre des sommets en terme d’excellence linguistique, mais cela aura le mérite de nous donner une idée du texte original à défaut de prétendre lui être totalement fidèle. Il faudra toutefois un peu de temps pour arriver au résultat et je la posterais plus tard dans le temps..
En deux mots quand même, et pour ne pas vous laisser trop sur votre faim, l’histoire est un chant d’amour courtois. Le troubadour y déclare donc sa flamme douloureuse à la belle dame qu’il convoite et qu’il n’a pas encore « pécho », conquise pardon! Le voilà donc tout à ses tourments dans l’attente d’un messager aux premiers jours de mai, et même les chants d’un oiseau, les glaïeuls en fleur ou les belles feuilles de hêtres ne peuvent le soustraire à son supplice. Tremblant qu’on ne lui prenne la belle Béatrice avant même qu’elle ne soit à lui mais confiant en ses grandes vertus, il lui déclare son amour transis tout au long du chant. Pour l’anecdote, on ne sait pas vraiment qui était cette dame Béatrice mais plusieurs poèmes de Raimbaut de Vaqueiras y font référence après qu’il ait rejoint la cour de Montferrat.
Les paroles originales de Calenda Maïa, (Kalenda Maïa) en occitan
Kalenda maia Ni fueills de faia Ni chans d’auzell ni flors de glaia Non es qe.m plaia, Pros dona gaia, Tro q’un isnell messagier aia Del vostre bell cors, qi.m retraia Plazer novell q’amors m’atraia E jaia, E.m traia Vas vos, donna veraia, E chaia De plaia .l gelos, anz qe.m n’estraia.
Ma bell’ amia, Per Dieu non sia Qe ja.l gelos de mon dan ria, Qe car vendria Sa gelozia, Si aitals dos amantz partia; Q’ieu ja joios mais non seria, Ni jois ses vos pro no.m tenria; Tal via Faria Q’oms ja mais no.m veiria; Cell dia Morria, Donna pros, q’ie.us perdria.
Con er perduda Ni m’er renduda Donna, s’enanz non l’ai aguda Qe drutz ni druda Non es per cuda; Mas qant amantz en drut si muda, L’onors es granz qe.l n’es creguda, E.l bels semblanz fai far tal bruda; Qe nuda Tenguda No.us ai, ni d’als vencuda; Volguda, Cresuda Vos ai, ses autr’ajuda.
Tart m’esjauzira, Pos ja.m partira, Bells Cavalhiers, de vos ab ira, Q’ailhors no.s vira Mos cors, ni.m tira Mos deziriers, q’als non dezira; Q’a lauzengiers sai q’abellira, Donna, q’estiers non lur garira: Tals vira, Sentira Mos danz, qi.lls vos grazira, Qe.us mira, Cossira Cuidanz, don cors sospira.
Tant gent comensa, Part totas gensa, Na Beatritz, e pren creissensa Vostra valensa; Per ma credensa, De pretz garnitz vostra tenensa E de bels ditz, senes failhensa; De faitz grazitz tenetz semensa; Siensa, Sufrensa Avetz e coneissensa; Valensa Ses tensa Vistetz ab benvolensa.
Donna grazida, Qecs lauz’ e crida Vostra valor q’es abellida, E qi.us oblida, Pauc li val vida, Per q’ie.us azor, donn’ eissernida; Qar per gencor vos ai chauzida E per meilhor, de prez complida, Blandida, Servida Genses q’Erecs Enida. Bastida, Finida, N’Engles, ai l’estampida.
Voilà, pour la traduction complète en français, ce sera pour un peu plus tard. 🙂
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : Archéocéramique, poterie antique et poterie médiévale Artisan : Pierre-Alain Capt,
passionné de céramique antique Lieu : Suisse Romande, France. Média : site web d’intérêt, passion archéologie et histoire. Période : de l’Antiquité au haut moyen-âge
Bonjour à tous,
ous vous présentons, aujourd’hui, le site web d’un artisan passionné d’histoire et d’architecture qui s’attache à faire revivre l’art de la céramique ancienne, de l’antiquité au moyen-âge. Comme nous sommes occupés à effectuer des recherche sur le sujet, nous aurons sans doute l’occasion de l’approfondir plus avant dans de futurs articles, mais pour l’instant, nous ne pouvions résister à l’envie de vous faire partager son travail et ses réalisations.
L’artisan et le feu sacré
L’Art merveilleux de Pierre Alain Capt à la recherche des céramiques anciennes
« Le sacré n’implique pas la croyance en dieu, ou en des esprits, c’est l’expérience d’une réalité et la source de la conscience d’exister dans le monde. »
Mircéa Eliade, la nostalgie des origines, méthodologie et histoire des religions, 1971 ( coll folio Essais, Gallimard)
ar le feu, l’homme a toujours transformé la matière, sa nourriture mais pas seulement, plus récemment le métal et plus antiquement encore, la terre et l’argile. Dans cet acte merveilleux, qu’il soit potier, céramiste ou forgeron, l’artisan rejoint toujours une forme de mythe car l’élément feu a, de tout temps, emporté avec lui une forte charge symbolique et magique.
Au delà de toute échelle de valeurs, forger une lame comme faire cuire une céramique ou une poterie reste, sans conteste, d’égale noblesse. Il s’agit, dans les deux cas, d’un acte très spécial. L’homme, au centre des éléments feu, air, terre et eau, fait lui-même de ces éléments, les manipule, en modifie et en réajuste les équilibres et les agencements pour les transformer ou pour les transmuter dans un acte créateur.
Au niveau symbolique, cette forme de transmutation touche le sacré et cet acte restera pour toujours, indépendamment de la charge consciente qu’on lui veut ou non lui prêter, une allégorie troublante de la création. Et si de nos jours, ces opérations ont quelquefois perdu cette nature sacrée, la magie et la fascination qu’exercent encore, sur beaucoup d’entre nous, les métiers de la forge comme ceux de la céramique restent intactes. Tout cela fait sens et plus encore, pour ne pas dire que c’en est une condition, quand la passion et le coeur de l’artisan s’en mêlent et nous invitent à approfondir son art.
Le site d’un artisan passionné,
à la recherche des céramiques anciennes
our toutes ces raisons auxquelles vient s’ajouter notre passion pour le monde médiéval, vous comprendrez notre grand enthousiasme quand effectuant des recherches sur les fours anciens et médiévaux, nous avons découvert le site web de Pierre-Alain Capt, dédié à « l’archéo-céramique ».
Toutes les belles histoires commencent souvent par une passion, et pour dire un mot du parcours de cet artisan potier et archéo-céramiste vivant en Suisse romande, c’est bien la passion qui l’a conduit vers l’Art des céramiques anciennes. On ne dira jamais assez qu’il faut savoir écouter cette flamme intérieure qui nous appelle et nous oriente dans nos choix de vies et il faut se souvenir entre autres nombreux exemples et pour ne citer que lui, que l’un des plus grands spécialistes actuel et reconnu de l’Histoire des châteaux, Jean Mesqui, y est venu aussi par le biais de la passion.
Concernant le site web Ars Cretariae, au delà d’être une mine d’informations, Pierre Alain Capt nous y fait partager avec une grande générosité, mais aussi de manière très didactique (médias, informa-tions et très belles photos à l’appui), ses recherches dans le domaine de l’archéo-céramique et ses expériences dans l’application des méthodes des céramistes et des potiers anciens. Sa curiosité ne se limite pas qu’à la période médiévale et il nous invite aussi à le suivre dans ses investigations jusqu’à l’antiquité, en passant par la Gaulle et la période gallo-romaine, jusqu’à quelques visites au musée, à la découverte des curieux vases à visage du premier siècle de notre ère.
L’Art de la céramique au haut moyen-âge
Un joli four de terre reconstitué en pleine forêt pour la cuisson de céramiques du haut moyen-âge
ien sûr, l’expérience qu’il fait en forêt, pour reconstituer un four du haut moyen-âge et y faire cuire de superbes pièces, a retenu particulièrement notre attention. J’en partage avec son autorisation quelques photos mais je vous enjoins vraiment à consulter son site web car la qualité des prises de vue, tout autant que des pièces et des informations qu’il y partage, en valent véritablement le détour. Et comme ce passionné tout à la fois d’histoire, d’archéologie et de céramique organise des fournées ouvertes au public, mais aussi des stages et des conférences sur le sujet en Suisse et en France, n’hésitez pas à consulter la rubrique événement du site pour savoir où le retrouver.
Merci encore à lui pour partager sa passion de l’histoire et pour faire revivre, sous nos yeux, toutes ses méthodes antiques de cuisson et de production. Je n’en démordrai pas et je continuerai de trouver son art totalement magique. D’ailleurs, je vous laisse ici un aperçu du résultat et de la finesse de ces céramiques du haut moyen-âge cuites à l’ancienne. Pour le reste, encore une fois, tout est sur son site web. Archéocéramique Ars Cretariae.
Merveilleuses céramiques du haut moyen-âge fidèlement reconstituées et cuites à l’ancienne
Une très belle journée à tous!
Fred
pour moyenagepassion.com
« Pour moi n’existent que les voyages sur les chemins qui ont un coeur, c’est là que je voyage et le seul défi qui compte. c’est d’aller jusqu’au bout. Et j’avance en regardant, à perdre haleine. » C Castañeda
Sujet : poésie médiévale, poésie satirique, poésie réaliste Auteur ; Villon, encore Villon, toujours Villon Médias : vidéo youtube, lectures poétiques Titre : la ballade des pendus Période : moyen-âge tardif Interprète :Gérald Robert, comédien voix-off
Lecture poésie médiévale: la ballade des pendus de François Villon
Bonjour à tous,
uel plaisir de se lever matin et relevant ses courriers d’y trouver un message qui nous parle de François Villon et qui, même mieux que simplement nous en parler, nous le dit.
Un visage sur une voix-off
Gérald Robert qui nous fait, aujourd’hui, l’amitié de ce partage est comédien « voix off » mais comme une voix, cache toujours une âme et un corps, il est bien sûr, avant tout, comédien et publie également des vidéos youtube où il se met en scène. Et quand il ne lit pas du François Villon ou des textes (nul doute que d’autres sont en préparation), il prête sa voix et son sens de la comédie à divers supports et médias: radios, publicités, corporate, documentaires, lectures audios, etc… Dans un projet sorti en août dernier, il a même incarné la voix du souverain pontife François pour une lecture audio de son encyclique. Le voilà devenu officiellement un des papes de la voix off! Peut-être d’ailleurs l’avez-vous déjà entendu sans le voir, c’est tout le mystère de son art. En bref, gardez à l’oeil et à l’oreille ce comédien des temps modernes qui fait, aujourd’hui, revivre pour nous Villon dans cette interprétation de la ballade des pendus.
Priez Dieu que tous nous veuille absoudre
a ballade des pendus ou l’épitaphe de Villon est sans nul doute le texte le plus connu de notre plus cher poète du XVe siècle et de la fin du moyen-âge. Léo Ferré a porté cette poésie, nous en avons déjà parlé dans un article sur le sujet, mais d’une certaine manière, bien au delà du phrasé du bel anarchiste grisonnant et révolté du Paris des années soixante, soixante-dix, l’entêtante et merveilleuse litanie de Villon continue de vivre dans nos mémoires et de s’y accrocher. Cela tient sans nul doute au fait que plus qu’une poésie réaliste qui nous conte la déroute et le châtiment de ces pendus que les misères poursuivent jusqu’après leur mort, l’épitaphe reste et sera pour toujours, une prière que Villon adresse pour nous tous.
Le gibet de Montfaucon et le temps des pendaisons
« Les hautes justices locales, dit M. A. Champollion-Figeac, pouvaient élever autant de fourches qu’elles désiraient en établir. Les ordonnances du roi Jean, de 1345 et de 1356, paraissent suffisamment l’indiquer. Mais le sage monarque Charles V y ajouta un privilège nouveau pour certaines localités, celui d’avoir des fourches patibulaires à deux piliers. Eugène Viollet le Duc,
Dictionnaire raisonné d’architecture médiévale, XIXe siècle
ette illustration (ci-dessous) de l’impressionnante fourche patibulaire de Montfaucon est tirée de l’incontournable Dictionnaire raisonné d’archi-tecture médiévale d’Eugène Viollet le Duc, On pouvait voir ce gibet, frappé de gigantisme, au bord de la route et à l’approche du domaine quand la justice donnait encore en spectacle public ses punitions et ses sentences, Les premières traces de ce monument remontent au XIIe siècle mais il a perduré jusque tard dans le XVe siècle. il reste, à ce jour, l’ouvrage le plus monumental connu dédié à la pendaison ou à la suspension des condamnés, mais les fourches patibulaires ont été populaires et répandues sur tout le territoire de France pendant de longs siècles.
Je ne cite pas tout à fait innocemment le Gibet de Montfaucon, car outre le fait qu’il aurait peut-être inspiré la ballade des pendus, on attribue encore à Villon une autre poésie moins connue le concernant: la Repeue faîte auprès de Montfalcon. Si l’on se fie à ce texte largement plus grivois et que nous aurons certainement l’occasion de partager ici, il semble que non loin de ce genre d’endroits que l’on venait quelquefois même contempler avec ses enfants pour les éduquer (cf Catherine de Médicis qui « pour repaître ses yeux, l’alla voir un soir et y mena ses fils, sa fille et son gendre. » Viollet le Duc), on trouvait encore dans les parages des gibets, et notamment celui-ci, quelques lieux de plaisirs achetés et de perdition.
Plus étonnant et anecdotique encore, on ne pendait pas que des humains sur les fourches patibulaires et les gibets, mais également des animaux condamnés. Jugez plutôt :
« Les fourches patibulaires ne servaient pas seulement à pendre des humains, on y suspendait aussi des animaux, et notamment des porcs, condamnés à ce genre de supplice à la suite de jugements et arrêts rendus pour avoir dévoré des enfants. En cas pareil, les formalités judiciaires du temps étaient scrupuleusement suivies, et, comme il était d’usage de pendre les condamnés vêtus de leurs habits, on habillait les animaux que l’on menait au gibet. « En 1386, une sentence du juge de Falaise condamna une truie à être pendue pour avoir tué un enfant. Cette truie fut exécutée sur la place de la ville, en habit d’homme… »
Citation de M. E. Agnel par Eugène Viollet le Duc (opus cité)
C’est vraiment à me donner des idées d’écrire un roman et je pense d’ailleurs que cela sera le prochain: « L’histoire de la truie meurtrière pendue en habits de notaire ». De grâce, si vous êtes notaire, ne m’en voulez pas de « Brassensiser » un peu à vos dépens, mais il s’agit ici de poésie satirique et en plus, il me fallait une rime pour faire un bon titre.
Supplices et sentences : la justice jusque dans les chairs et jusque dans l’au-delà
ous n’allons pas prétendre réécrire, ici, en deux lignes, les longues et passionnantes pages de « Surveiller et punir » du brillant Michel Foucault quand il nous parle de ces sociétés médiévales et monarchiques, qui marquent les suppliciés de leur justice jusque dans leurs chairs et qui mettent en scène leurs souffrances de manière publique; cette idée qu’alors, s’attaquer aux lois c’est s’attaquer au corps sacré du roi (ou du seigneur) qui les personnifie et les incarne, comme il incarne l’Etat. Mais, des premières fourches patibulaires médiévales aux gibets les plus récents de la période monarchique, il y a, indéniablement, dans la symbolique et la scénarisation de cette justice du passé, la volonté d’exposer un pouvoir qui se perpétue de manière symbolique jusque sur le plan de la mystique. D’une certaine manière, ces pendus que Villon nous décrit si bien semblent véritablement poursuivis dans leur corps et leur âme, bien après leur trépas et en quelque sorte jusque dans l’au-delà.
Alors aujourd’hui pour le repos de leurs âmes comme peut-être aussi, pour notre propre salut, prions Dieu avec François Villon que tous nous veuille absoudre et en attendant, vivons chaque instant dans la joie de chaque nouvelle respiration car il faut toujours se réjouir d’être en vie.
Un très beau dimanche à tous et longue vie!
Merci encore à Gerald Robert pour nous avoir fourni l’occasion de cet article.
Frédéric EFFE.
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