
Période : Moyen âge central, XIIIe siècle
Auteur : Mocharrafoddin Saadi (1210-1291)
Un berger dit à son père : « ô homme prudent, enseigne-moi une maxime digne d’un vieillard. » Il répondit: « Exerce la bonté, mais non de telle sorte que le loup aux dents acérées devienne audacieux. »
Mocharrafoddin Saadi (1210-1291)
Poète, sage persan du moyen-âge central
Citation extraite du Gulistan ou le jardin des roses.
Bonjour à tous,

Saadi, élements de biographie :
poète, voyageur et conseiller des puissants
Immense poète, on sait de Saadi qu’il a beaucoup voyagé ce dont ses écrits témoignent. Pour le reste, comme de nombreuses choses de sa vie nous sont connus de sa main même, mais qu’il est lui-même conteur
(Miniature du Gulistan, manuscrit persan du XVIe siècle)
De tout cela, il résulte qu’un certain nombre d’éléments reconnus comme faisant partie de sa biographie, sont à mettre en guillemets. Né à Shirâz, (Chiraz), ville du Sud-ouest de l’Iran, il est le fils d’un éminent religieux, conseiller de l’émir. Devenu orphelin assez tôt, il sera élevé par son grand-père maternel. Après des études dans une des plus prestigieuses universités de Bagdad, il entreprendra un voyage qui durera plus de trente-cinq ans. Ce périple couvrira le monde arabe actuel de l’Irak jusqu’à l’Afrique du nord et au Maghreb, en passant par l’Arabie et la Palestine et l’on suppose même qu’il ira jusqu’en Inde, même si cette partie là de son aventure semble sujette à caution. Il fera également pendant toute cette période plusieurs pèlerinages.

Le legs de Saadi et son œuvre
La poésie de Saadi est à la fois morale et teintée de philosophie, mais également à d’autres endroits plus religieuse, comme c’est le lot des poésies de l’Europe médiévale à la même période. En voici encore quelques lignes célèbres, entrées dans la postérité :
« Les enfants d’Adam font partie d’un corps
Ils sont créés tous d’une même essence
Si une peine arrive à un membre du corps
Les autres aussi, perdent leur aisance
Si, pour la peine des autres, tu n’as pas de souffrance
Tu ne mériteras pas d’être dans ce corps »
Mocharrafoddin Saadi
On les retrouve en effet au frontispice de l’ONU à New York sous une traduction un peu différente:
« Of one Essence is the human race,
Thusly has Creation put the Base;
One Limb impacted is sufficient,
For all Others to feel the Mace.
The Unconcerned with Others’ Plight,
Are but Brutes with Human Face. »
« D’une même essence est faite la race humaine,
Ainsi furent posées les bases de la Création ;
Il suffit qu’un membre soit affecté,
Pour que tous les autres en ressentent le poids.
Ceux qui ne se sentent pas concernés par les difficultés des autres,
Ne sont que brutes (bêtes?) avec un visage humain. »

Concernant le legs de Saadi, on lui doit deux ouvrages très connus, un en vers, le Boustan ou Bustan (le verger) et un en prose le Gulistan (le jardin ou l’empire des roses), et encore deux autres recueils moins célèbres composés à l’attention d’un vizir, dont l’un deux « Khabissât » (les méchancetés) est satirique. Il faut encore ajouter à cela plus de sept-cents distiques rédigés en arabe. Il écrit , en effet, indifféremment en perse ou en arabe avec le même degré de maîtrise.
S’il demeure des zones d’ombre sur sa vie pour les raisons évoquées plus haut et parce que sont venues encore s’y mêler des légendes racontées sur lui, on sait, de source sûre, qu’il a côtoyé de nombreux puissants qu’il a régalé de ses contes, de ses sermons ou de ses conseils. Il était aussi célèbre et reconnu de son vivant et sa poésie, autant que les enseignements qu’elle contient, ont largement débordé le berceau iranien et même le monde arabe pour s’étendre 
(Le Boustan ou le verger, de Saadi, miniature tirée d’un manuscrit persan du XVIIIe siècle).
Il demeure difficile d’apprécier toutes les qualités de la poésie de Saadi, parce qu’elle souffre indéniablement de la traduction, mais de nombreux auteurs perses et arabes contemporains considèrent encore sa maîtrise du langage et son art de manier les mots comme exceptionnels. On dit son style simple et épuré mais inimitable et il semble que tous les auteurs qui s’y sont essayés ou qui se sont réclamés de son inspiration ne soient, à ce jour, parvenus à l’égaler. N’étant pas malheureusement en situation de lire sa prose comme sa poésie dans le texte original, il nous faut, quant à nous, nous contenter de ses traductions mais la sagesse qui la traverse parvient tout de même jusqu’à nous et c’est un vrai plaisir que de vous la faire partager.
En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.


ous revenons, aujourd’hui, vers une pièce d’anthologie de la musique classique « moderne » composée dans les années 35 par Carl Orff et basée sur le 
destinée. Il ne peut que subir ce que le sort (personnifié ici au centre de l’illustration), lui réserve.

‘est toujours un plaisir que d’approfondir la découverte de Thibaut de Champagne à travers ses chansons et ses compositions. Roi de Navarre, Comte de Champagne, il est entré dans la légende comme 
L’interprétation qu’ils font de cette pièce d’amour courtois de Thibaut de Champagne, tout en délicatesse avec une harpe pour seul accompagnement et cette voix tout en notes graves vous emportera peut-être à la cour de Champagne ou de Navarre du XIIIe siècle, pour vous y faire revivre les plus belles heures du roi chansonnier. Nous n’avons bien entendu aucune trace de la voix originelle de ce dernier, mais je dois avouer que l’incarnation subtile et toute en élégance qu’en fait le chanteur Emmanuel Vistorky est fort convaincante, en plus d’être très agréable à écouter.
Sujet : poésie médiévale, poésie réaliste, trouvère, Léo Ferré, Vieux français, langue d’oil, Pauvre rutebeuf, complainte.
ans la série les exercices « peau de banane » du début de semaine, nous nous proposons, aujourd’hui, de nous attaquer à la lecture audio d’une poésie relativement longue et compliquée de Rutebeuf , et bien sûr pour faire simple, dans la langue originale de ce dernier, le vieux parler d’Oil du XIIIe siècle, de Paris.
Voici donc le Dit de l’Oeil ou Ci encoumence la complainte de Rutebeuf sur son Oeil, texte auquel nous avions déjà consacré
e dois ajouter concernant ce texte de Rutebeuf, qu’il est extrêmement difficile de situer le curseur de l’Humour chez cet auteur et dans ce texte en particulier. Si l’on imagine en effet cette poésie lue à voix haute devant un public, et il le faut bien puisque que Rutebeuf nous le dit « Or, écoutez, vous qui rimes me demandez », on peut supposer tout de même que l’auteur doit aussi divertir et pas seulement se plaindre. Les vers suffisent-ils à atteindre le but au delà du contenu ou le texte est-il intercalé après plusieurs autres sur d’autres sujets que ses propres misères?
l reste difficile de le savoir bien sûr, et il ne s’agit pas de tomber dans la psychologie à trois sous ici, mais tout de même cela semble une hypothèse intéressante qui pourrait lever un coin du voile sur les difficultés permanentes dont il ne cesse de se plaindre, autant qu’elle pourrait expliquer aussi les formes que prennent ces complaintes où tout semble l’accabler et où il se livre sans frein à un étalage où chaque chose qui lui survienne semble fournir une occasion de plus de l’accabler. Pour autant qu’on en est fait quelquefois un des premiers poètes maudits à l’image de Villon, je ne me parviens pas tout à fait à me convaincre que les deux hommes sont de la même veine et pas d’avantage que la comparaison entre les deux ne me semblent justifier.