D’Eustache Deschamps à Patrice Leconte: deux ballades sur la cruauté et la vanité des jeux de Cour

eustache_deschamps_moyen-age_banquet_jeux_de_cour_cruaute_poesie_realiste_satirique_critiqueSujet : poésie médiévale, morale, critique, politique, satirique, vieux français, oil, ballade, jeux de cour, cruauté.
Période : moyen-âge tardif (1346-1406)
Auteur : Eustache Deschamps
Titre : « Je n’ai cure d’être en geôle » « Pourquoi viens-tu si peu à la cour? » « Trop de périls sont à suivre la cour ».

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous revenons aujourd’hui, vers la poésie médiévale du talentueux Eustache Deschamps pour le retrouver encore en homme lucide et désabusé, jetant sur les XIVe, XVe siècles son regard acerbe et sans concession. Poète de la distance critique et morale, auteur d’une poésie politique et réaliste aussi. il nous fait partager ici son analyse des jeux de cour et de leur hypocrisie, depuis l’intérieur. Il les a côtoyés, comme il a côtoyé le pouvoir et les puissants sa vie entière et pour bien les connaître, il finira même par les déserter. Il s’en expliquera dans plusieurs ballades et poésies et nous publions donc aujourd’hui deux d’entre elles.

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« Princes, j’ay veu a mainte court en France
Maint serviteur servir par ce moien;
Et quant g*i voy si doubteuse balance,
Je ne vueil plus fors que vivre du mien. »
Eustache Deschamps   (1346-1406) et la cour des puissants

Eustache Deschamps – Patrice Leconte : anachronisme pertinent?

Qu’est-ce que « l’esprit de cour »? Que s’y passe-t-il au quotidien de ces banquets et de ces fêtes et comment y brille-t-on? On peut difficilement penser aux jeux de cour et à leur cruauté sans évoquer l’excellent film Ridicule de Patrice Leconte. Bien sûr, l’histoire du film se passe sous Louis XVIe et à la cour de ridicule_film_historique_patrice_leconte_jeux_de_cour_cruaute_poesie_realiste_satirique_medievale_eustache_deschamps_moyen-age_tardifVersailles et près de quatre siècles après Eustache Deschamps et pourtant. Sans dire que rien n’a changé du XIVe au XVIIIe, à lire le poète du moyen-âge tardif, il semble qu’il y ait tout de même des constantes qui se dessinent dans ses jeux de pouvoir et de flatterie, dans cette hypocrisie et ces excès, cette prison du paraître dans lesquels les nobles se piègent eux-même et se trouvent intriqués, au risque d’y brûler leurs ailes.

Scène culte 1:
l’esprit au service des enjeux de pouvoir

Pour toutes ces raisons et mis entre guillemets quelques anachronismes, un peu moins de poudre et de perruques et un « esprit » qui se traduit, du temps d’Eustache Deschamps, dans un langage qui n’a pas encore la modernité de celui de la cour de Versailles, nous ne résistons pas à l’envie de partager ici, mêlés de la poésie de l’auteur médiéval, quelques extraits de ce savoureux film: la réalisation est celle d’un virtuose qui aime flirter avec la satire et la causticité, Patrice Leconte (photo plus bas dans l’article), les acteurs sont exceptionnels et nous devons les excellents dialogues  à trois scénaristes : Rémi Waterhouse, Michel Fessler et Eric Vicaut.

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Ridicule : deux mots sur l’histoire du film

Au XVIIIe siècle, Grégoire Ponceludon de Malavoy (Charles Berling), un jeune aristocrate et ingénieur des Dombes – zone marécageuse, constellée d’étangs de la région bressane -, projette d’en faire assécher les marais pour assainir son domaine et mettre ses terres en exploitation. Les paysans y vivent dans la misère, dévorés par les moustiques et les maladies et les marécages condamnent toute possibilité d’y cultiver.

satire_jeux_de_cour_film_histoirique_ridicule_patrice_leconte_realisateur_talentVenu devant la cour pour porter son projet et rencontrer le roi, le baron de Malavoy apprendra que pour progressistes et empreints de bonnes intentions qu’ils soient, ses plans ne suffiront pas seuls à gagner sa cause. Pour se faire entendre du roi et s’en rapprocher, il lui faudra, en effet, entrer à la cour, mais, plus que tout, savoir y montrer de l’esprit et y briller s’il veut espérer un entretien avec le souverain. Prêt à tout pour porter haut son projet et sauver ses gens, sous la protection du marquis de Bellegarde (Jean Rochefort) qui le prendra sous son aile, il se pliera donc au jeu et y brillera. Moeurs dissolues, cruauté, hypocrisie, perfidie , mépris, rien ne lui sera pourtant  épargné dans un Versailles décadent et abjecte sous ses perruques poudrées. Il y trouvera notamment pour ennemi cruel, sous des dehors de joutes verbales, un l’abbé au nom tout trouvé de Vilecourt (Bernard Giraudeau), religieux plein d’esprit mais totalement dévoyé, amant de la très belle et perverse Madame de Blayac (Fanny Ardant).

Si vous n’avez pas encore vu ce film plus historique que médiéval, nous vous conseillons vivement une séance de rattrapage non sans conseiller aux âmes sensibles de s’abstenir, une des premières scènes du film étant, en effet, assez vitriolé.

La poésie d’Eustache Deschamps
dans le moyen-français du XIVe siècle

« Pourquoi viens tu si po a court?
Qui fuit la court, la court le fuit.
– Pour ce qu’il y fault estre sourt,
Et sanz veoir ne que  de nuit,
Estre muyaux; parler y nuit;
Or voy, or oy bien et parole :
Par ces trois poins sont maint destruit :
Je n’ay cure d’estre en geôle.

Qui dit voir, nul ne le secourt,
Qui voit trop cler, l’en le deffuit;
Qui voit et entent, sur lui court
Chascuns, lors sera mis en bruit;
Li soulaulx fault, la lune y luit
Ténébreuse, la se rigole;
Tenez vous y toutes et tuit:
Je n’ay cure d’estre en geôle.

Car je voy qu’a ces oiseaulx sourt
En geôles po de déduit;
Ilz sont tenuz crêpes et court .
Ceuls qui ont des champs le conduit . 
Vivent frans; franchise les duit,
Et l’angeolé  pas ne vole,
Qui pour yssir hors se deruit :
Je n’ay cure d’estre en geôle. »
Eustache Deschamps

Ballade : de la douleur qui peut advenir à ceux qui suivent la cour de Prince

« Mon corps se pert , use , gaste et destruit
,A court suir , qui est doubteuse vie :
On dort le jour, et y veille-on la nuit;
Et y fait-on trop de gourmenderie.
Vin barillié et viande pourrie
Y ont pluseurs ; tant d’ordure y a court
Qu’eureus est cilz qui ne la poursuit mie :
Trop de périlz sont à suir la court.

A apetit d’aucuns fault estre duit,
Et que frans cuers au félon s’umilie ,
Et telz se faint amis d’autre qui nuit ;
Blandir convient, doleur, paine et envie,
A suir ceuls qui ont la seignourie;
Aveugle fault estre, muet et sourt,
Bon fait fuir tele merancolie :
Trop de périlz sont à suir la court.

On est logiez non pas à son déduit
En poures draps et en paillarderie ;
Souventefoiz en grant noise et en bruit;
Et maintefoiz , qui bien n’y remédie,,
Plus y despent qui plus a de mesgnie.
Le temps s’en va, viellesce sus y court
Sanz guerdon ; qui s’i tient c’est folie :
Trop de périlz sont à suir la court.

Prince , li homs qui suffisance instruit,
Vit liement, et n’eust c’un seul pain cuit;
Mais curiaux en grant doleur décourt :
L’un a joie, tristeur l’autre conduit.
Or avisez ci , toutes et tuit :
Trop de périlz sont à suir la court. »
Eustache Deschamps

En vous souhaitant une excellente journée et une belle semaine!
Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Château de Wasselonne : une sortie week-end aux couleurs de Noël et du moyen-âge

wasselonne_blason-heraldique_chateau_marche_medieval_histoire_moyen-age_fetes_festival_idees_sortiesSujet : fêtes historiques, événement moyen-âge, troubadours, compagnies médiévales. idée sorties, marché noël.
Evénement : « Noël au château »
Lieu : Wasselonne, Bas-Rhin (Alsace)
Dates : les 3 et 4 décembre 2016

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passion l’approche des fêtes de fin d’année, la réputation des marchés de Noël alsaciens n’est plus à faire et si vous êtes proche du Bas-Rhin, cette fin de semaine, la cité de Wasselonne et son château vous proposent en plus d’un incontournable marché de Noël dans les règles de l’Art, deux jours de fêtes costumées ayant pour thème tout à la fois le moyen-âge mais aussi noël.

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Le Programme des réjouissances:
Marché de noël et animations médiévales

L_lettrine_moyen_age_passion‘événement débutera le samedi 3 décembre dans l’après-midi pour se poursuivre jusqu’au dimanche 4, en soirée. Côté ambiance et animations, c’est une fête de deux jours relativement panachée et aux couleurs clairement locale. Rien à voir, il faut bien le dire, avec un grand festival historique comme nous en présentons souvent ici avec des dizaines de compagnies médiévales, etc… Et il faut plutôt y voir l’occasion d’aller voir un beau marché de Noël alsacien, tout en ayant des animations et un cadre historiques à se mettre sous la dent.

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On y célébrera donc Noël autant et sinon plus que le moyen-âge. Du côté du monde médiéval, vous pourrez toutefois trouver de nombreux ateliers avec démonstrations d’artisanat et métiers anciens (cuir, taille de pierre, vannerie, etc,…), des animations musicales de type fanfare médiévale avec le trio Toroul Boroul et le groupe Muzikë, un campement avec présentation d’armes et d’armures par la jeune association locale « l’Ost du Hibou » et encore un atelier de tir à l’arc et des démonstrations de fauconnerie.

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Côté nativité, des concerts de chant de Noël seront proposés du côté des différentes paroisses de la ville, ainsi que des contes pour les enfants sur le même thème. Quand au marché de Noël, il sera ouvert traditionnellement le samedi jusqu’à 21 heures et le dimanche jusqu’à 20 heures.

Côté ripailles, outre les nombreuses gourmandises qui vous attendent sur place en journée, si vous vous sentez l’âme gauloise, on prévoit le samedi de faire rôtir un sanglier à la broche!

Pour le programme détaillé des fêtes Wasselonne c’est ici.

L’histoire médiévale de Wasselonne

L_lettrine_moyen_age_passion‘archéologie et l’histoire font remonter l’occupation du site de Wasselonne à plus de 20 000 ans, à partir du néolithique jusqu’à la période gallo-romaine et, plus tard, sous les mérovingiens. La première wasselonne_histoire_medievale_ville_chateau_moyen-age_tardifmention écrite de la ville date du VIIIe siècle et du haut moyen-âge. Elle était alors vraisemblablement occupée par des tribus celtiques et on la nomme: WasselnheimDepuis le VIIe siècle, elle bénéficie aussi de sa proximité avec le village de Kirchheim où les rois carolingiens, Charles le Gros, notamment, ont établi l’une de leur résidence royale.

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Au début du XIVe siècle, en 1308, l’empereur du Saint Empire romain, Henri VII, cédera la moitié des terres de la commune aux évêques de Strasbourg pour reprendre la main sur Mulhouse. C’est durant ce même XIVe siècle que l’on trouve les premières mentions du château de Wasselonne. Il est possible qu’une autre construction l’ait précédée mais l’édifice défensif, fait de pierre de gré rose, ne prendra sa vraie dimension que durant ce siècle et le suivant. Au XVe siècle. Il sera devenu un des plus gros château-forts de la basse Alsace avec pas moins de vingt-sept tours.

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C_lettrine_moyen_age_passion‘est au milieu de ce même XVe siècle que la forteresse et le village seront assiégés par les troupes strasbourgeoises lors d’un conflit qui les opposera au bailli de Dhan, alors propriétaire du château, au motif d’une alliance que ce dernier avait conclu avec le comte de Fenétrange, ennemi juré des Strasbourgeois qui avait, lui-même, soutenu les Armagnacs lors du sac des campagnes autour de Strasbourg. Suite à cet épisode de deux ans, connu sous le nom de guerre de Wasselonne (1446-1448), le château, incendié et ravagé par le siège, sera bien vite reconstruit (les gravures présentes dans cet article témoignent de cette nouvelle architecture).

Pour en finir avec l’Histoire médiévale de Wasselonne, à la fin du XVe siècle le village ainsi que son château seront vendus à la ville de Strasbourg par Walther von Dahn, avec le consentement du Saint-Empire et de son empereur d’alors Maximilien 1er.

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A_lettrine_moyen_age_passion ce jour, il ne reste du château que quelques vestiges: la porte d’entrée, le logis du bailli, quelques restes de l’enceinte et la base d’une tour ronde. Il fut en effet partiellement détruit au XVIIe siècle pendant la guerre de Hollande et ne fut jamais plus reconstruit. L’illustration ci-dessous, tirée du panneau présent dans la cour du château, vous donne de plus amples détails sur les vestiges actuelle de cette forteresse.

Voilà pour la sortie week-end, mes amis, pour le cas où vous soyez proche de l’Alsace cette fin de semaine. avec, une fois n’est pas coutume, une saveur de fêtes de noël, autant qu’une touche de médiéval. Quoiqu’il  en soit, et comme toujours, que vous puissiez vous y rendre ou non, passez un excellente fin de semaine.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Manuscrit de Londres & Danses toscanes des XIIIe & XIVe siècles: Saltarello I

artefactum_musique_danse_et_repertoire_medieval_moyen-age_central_a_tardifSujet : danse, musique médiévale, saltarelle, saltarello, Italie
Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle.
Auteur : anonyme
Source : Manuscrit Add 29987, Manuscrit de Londres, British Museum
Interprètes : Arte Factum
Album: « Saltos brincos y reverencias »

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passion‘ensemble espagnol ArteFactum nous donne l’occasion, aujourd’hui, de revenir sur le manuscrit de Londres, référencé Add 29987, manuscrit du XVe siècle conservé au British Museum dont nous avons déjà parlé ici. C’est donc avec un joyeux et virevoltant saltarello que nous découvrons une pièce de plus de cet ouvrage ancien, précieux témoin  des musiques et des chansons de l’Italie médiévale du XIVe siècle.

Artefactum, l’Andalousie à la conquête des musiques médiévales

Comme tous les Saltarello(s) contenus dans ce manuscrit ancien, la pièce du jour est restée, pour l’instant, anonyme.  Concernant son interprétation, comme nous le disions plus haut, nous la devons à la très sérieuse formation andalouse qui s’est, depuis sa création en 1994, spécialisée dans les répertoires de musiques du moyen-âge central et tardif. Ajoutons encore que ce Saltarello est tiré de l’album « Saltos brincos y reverencias ». Pour l’acquérir ou pour les soutenir, n’hésitez pas à visiter leur site web.  Vous pouvez également le trouver à l’achat en ligne à l’adresse suivante : Saltos, Brincos y Reverencias ou cliquer sur l’image ci-dessous.

danse_medievals_artefactum_saltarello_manuscrit_add_29987_londres_british_museumPour les voir en concert, aux dernières nouvelles et début novembre, ils jouaient à Tokyo, ce qui montre le bien le rayonnement de la musique médiévale dans le monde entier. Comme c’est un peu loin, avec un peu de patience, nul doute qu’ils reviendront proposer leur talent d’interprétation et leur répertoire du côté de l’Europe dans les mois qui viennent.

En vous souhaitant une excellente journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C

vidéo-documentaire: la guerre de cent ans en 30 minutes chrono

video_documentaire_monde_medieval_moyen-ageSujet : Guerre de cent ans, Bataille  Crecy, Azincourt, Edouard III, Philippe le Bel, Jeanne d’Arc, Charles VII.
Période : moyen-âge central à tardif (1337 – 1453)
Média : Vidéo-documentaire, France 3
Distribution :  Des Racines &t des ailes

« Le royaume de France est si noble qu’il ne peut aller à femelle. »
Chroniques  de Jean Froissart (mot prononcé aux états généraux du 2 février 1317 invoquant la loi salique)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous publions un vidéo-documentaire télévisuel produit par la très bonne émission Des Racines et des ailes de France 3 et ayant pour sujet ce conflit incontournable du moyen-âge que fut la guerre de Cent ans. C’est donc un cours de rappel pour ceux qui connaissent l’histoire sur le bout des doigts, et un cours de rattrapage pour les autres.

video_documentaire_moyen-age_monde_medieval_guerre_cent_ansBien sûr, comme il s’agit d’un survol de trente minutes, vulgarisation historique oblige, seules les grandes dates et batailles charnières y sont abordées. Quelques raccourcis historiques sont encore imposés par le format, notamment concernant le déclenchement du conflit, l’impasse sur certains dommages collatéraux, etc…, mais on ne peut traiter de manière exhaustive un sujet aussi complexe en un temps aussi court, sans faire des choix, aussi cela reste un bon documentaire pour reprendre les bases.

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video_documentaire_guerre_cent_ans_arc_long_anglaisUne parenthèse y est même ménagée pour y visiter la belle cathédrale de Bourges et nous avons encore le point de vue de deux historiens, un du côté anglais et l’autre du côté français tout au long du reportage, pour bien montrer que l’Histoire a fini par panser les blessures des deux côtés: les français ayant oublié l’outrecuidance et la barbarie sanguinaire des anglais qui combattaient même le dimanche, autant que l’assassinat sauvage et injuste de la plupart des nobles de France lors d’Azincourt et de Jeanne d’Arc, plus tard, et de leur côté, ces derniers se sont finalement consolés de leur cuisante défaite en repensant à la nullité des français à Crecy et à Azincourt, qu’ils continuent de venir commémorer en autobus (qu’on imagine anglais, bien sûr) ou en relisant ce gros menteur de Shakespeare qui n’a fait rien qu’exagérer le tout pour leur mettre la grosse tête. Bon, mais ça va, je plaisante là!

T_lettrine_moyen_age_passionout de même au sortir de tout cela, niveau stratégie militaire, il reste un constat un peu gênant: mettre près de cent ans pour se rendre compte que l’arc long ça pique et qu’il faut s’en méfier, ça fait quand même un peu long même s’il est vrai, comme le fait remarquer l’historien Olivier Naulleau (est-il cousin de Eric et surtout est-ce vraiment une question pertinente dans le cadre de cet article?) que la foi dans la chevalerie et ses valeurs avaient alors une grande place dans l’idée de la gloire et de la guerre du côté français. Cela ne peut tout expliquer. Il y a peut-être encore des histoires de discipline militaire, mais aussi certainement quand même des bons et des mauvais chefs de guerre dans toute cette histoire. Crécy (1346), Azincourt (1415), après les nombreuses guerres de croisades, les armées royales des XIVe et XVe siècles sont tout de même censées être un peu plus professionnalisées et disciplinées que celles des siècles précédents.

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Côté réalisation, le reportage est, comme toujours dans le cadre de ce programme, impeccable avec de très belles idées notamment pour les scènes de reconstitution des batailles et un mélange de miniatures d’époque en 2D, traitées dans une profondeur 3D très réussi. Dit comme ça, ça à l’air un peu compliqué mais une fois devant, vous comprendrez.

Au passage, nous en profitons d’ailleurs pour reposter ici, une  illustration très sérieuse que ce conflit nous avait déjà inspirée.

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En vous souhaitant une très belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com
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