Sujet : mottes castrales, motte féodale, archéologie médiévale expérimentale, architecture médiévale, château à motte, lieux d’intérêt, archéosite Période : moyen-âge central, XIIe siècle Lieu : Lassigny, Oise, Hauts de France Porteur du projet : Bruno De Saedeleer Association Sauvegarde du Patrimoine,
Bonjour à tous,
uite à l’article que nous avions fait, il y a quelque temps, pour vous présenter le projet expérimental de la Tour Roland, dans le département de l’Oise, nous avons, aujourd’hui, le plaisir de partager une courte vidéo de présentation du site, fraîchement mise en ligne et que vient de nous faire parvenir Bruno De Saedeleer, porteur du projet et responsable de l’Association Sauvegarde du Patrimoine qui en assure la gestion.
Pour ceux qui n’aurait pas vu passer le premier article sur le sujet, la Tour Roland est un site expérimental qui a pour but de reconstituer une motte castrale du moyen-âge central sur le site même où elle se trouvait sise, au XIIe siècle, ainsi que les installations agricoles et villageoises qu’elle surplombait alors : le but étant d’utiliser les techniques de construction en usage en Picardie du Xe au XIIe siècle. Pour plus de détails, vous pouvez vous reporter au lien suivant : La belle aventure de la Tour Roland.
Outres les activités que cette vidéo vous présente, vous pourrez notamment y voir bien clairement la motte circulaire qui subsiste près de 800 ans après son élévation. Avec une circonférence de 180 m² et un diamètre à la base (fossé inclus) de 65 m², cette butte artificielle plafonne à une hauteur de 5 mètres. Elle est entourée de larges fosses parfaitement circulaires d’où on n’a déjà pu extraire de nombreux artefacts archéologiques et matériaux.
Vidéo de présentation de l’archéosite de la Tour Roland
Nous profitons de cet article pour vous indiquer la page Facebook officielle de la Tour Roland. N’hésitez pas à aller y faire un tour pour vous tenir informés des activités et de l’actualité du site.
En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour Moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : citations médiévales, proverbe, poésie morale, morale médiévale, proverbe moral, mort, réflexions sur la mort. Auteur : Christine de Pizan (Pisan) (1364-1430) Période : moyen-âge central à tardif Ouvrage : Oeuvres poétiques de Christine de Pisan, publiées par Maurice Roy, Tome 3, (1896)
“Quoy que la mort nous soit espouventable
A y penser souvent est prouffitable.”
Proverbes moraux. Oeuvres poétiques, Tome 3. Christine de Pizan,femme de lettres et de sciences, écrivain, poétesse des XIVe et XVe siècles.
Sujet : musique et chanson médiévales, manuscrit de Bayeux, Canonici 213, école franco-flamande, rondeau, chants polyphoniques. Période : Moyen Âge tardif, XVe siècle. Auteur: Guillaume Dufay (1397-1474) Titre : bon jour, bon mois. Interprète : Ensemble Unicorn Album : DUFAY, chansons (1995)
Bonjour à tous,
n cette fin de semaine de reprise, alors que les agapes du réveillon et leurs bulles semblent déjà bien loin, nous profitons d’être encore dans le temps des voeux pour publier une chanson médiévale d’un des musiciens et compositeurs les plus prisés du XVe siècle: Guillaume Dufay.
C’est donc un rondeau, une chanson de voeux pour célébrer la nouvelle année. Elle est tirée du manuscrit ancien référencé MS Canonici 213, précieux témoin de la musique de l’école franco-flamande et de l’école bourguignonne de la première moitié du XVe siècle, qui se trouve conservé à la Bodleian Library de Oxford.
Cinquante compositions du Moyen Âge retranscrites depuis le MS Canonici 213
S’il n’existe pas de version consultable en ligne de l’original du codex MS Canonici 213, les plus curieux d’entre vous mais aussi les musiciens qui nous suivent, désireux d’approcher dans le détail quelques partitions de Guillaume Dufay, seront heureux d’apprendre qu’une version du XIXe est tout de même disponible en ligne. Elle comprend une cinquantaine de partitions retranscrites depuis le manuscrit de la Bodleian Library. En voici le lien : Dufay and his contemporaries _ fifty compositions, Fac similé du Canonici 213 par Sir John Stainer et John Frederick Randall Stainer, 1898.
Bon jour, bon an, l’interprétation de l’ensemble Unicorn
Les chansons de Guillaume Dufay par l’ensemble Unicorn
La version que nous vous proposons aujourd’hui de cette pièce du Moyen Âge tardif est tirée d’un album de l’Ensemble Unicorn sorti en 1995 et dédié entièrement aux chansons de Guillaume Dufay. Nous l’avions déjà évoqué ici, on y trouve 17 pièces prises dans le registre « profane » de l’oeuvre du compositeur. Elles vont de l’amour courtois à des pièces plus festives, en passant par quelques pièces plus graves. L’album est toujours disponible à la vente en ligne au format CD ou même au format MP3 dématérialisé, sous le lien suivant : Dufay – Chansons – The Unicorn Ensemble.
(vous pouvez également cliquer sur la pochette ci-contre pour accéder au lien).
Bon jour, bon mois : les paroles
dans le verbe de Guillaume Dufay
Cette pièce en moyen-français soulève peu de difficultés de compréhension, mais nous vous fournissons tout de même quelques clés, à toutes fins utiles. Ajoutons que si « l’estraine » désignait un cadeau effectué au jour de l’an, et dont la tradition remontait aux romains, l’expression bonne estraine voulait aussi dire « bonne chance ». (petit dictionnaire de l’ancien français Hilaire Van Daele). Au vue du contexte, c’est sans doute plutôt au cadeau que Guillaume Dufay faisait ici référence.
Bon jour, bon mois, bon an et bonne estraine Vous doinst* (donne) celuy qui tout tient en demaine (1) Richesse, honnour, sainté, joye sans fin, Bonne fame* (renommée), belle dame, bon vin, Pour maintenir la creature saine.
Apres vous doint qu’en joye on vous demaine* (conduise, tienne) Et lyesse* (joie) tantost* (aussitôt, sans attendre) on vous ameine; Ainsi pourrez avoir, soir et matin, Bon jour, bon mois, bon an et bonne estraine; Vous doinst celuy qui tout tient en demaine, Richesse, honnour, sainté, joye sans fin.
Et puis vous doint esperance certaine Sans tristesse, sans pensee villaine; Tous voz desirs acomplir de cueur fin. Sans contredit soyez en la parfin* (à la toute fin) Lassus* (là-haut) logee en gloire souveraine.
Bon jour, bon mois, bon an et bonne estraine Vous doinst celuy qui tout tient en demaine, Richesse, honnour, sainté, joye sans fin, Bonne fame, belle dame, bon vin, Pour maintenir la creature saine.
(1) demaine : de domaine, possession seigneuriale, en l’occurrence, il fait référence ici à Dieu. « Celui qui tient tout en ses possessions. »
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : contes moraux, sagesse, poésie politique, morale, persane, citation médiévale. ermite, érémitisme. epigramme, conte persan Période : moyen-âge central à tardif. Auteur : Mocharrafoddin Saadi (1210-1291), Clément Marot (1496-1544) Ouvrage : Gulistan, le jardin des roses.
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nour partageons une nouvelle historiette de Mocharrafoddin Saadi, tirée de son célèbre Gulistan et, contre toute attente, nous la croisons même avec d’autres vers de Clément Marot, à près de trois siècles d’intervalles.
Ces vers du conteur persan sont cités dans le cadre d’une parabole sur l’amitié et sur la séparation, mais ce qui nous intéresse ici c’est qu’il nous parle de la figure de l’ermite retiré dans ses montagnes et de ses motivations à fuir les tentations du monde (notamment celles de la chair et de l’amour), en nous gratifiant au passage d’une jolie métaphore.
J’ai vu dans un endroit montagneux un grand personnage, qui, de toutes les choses de ce monde, se contentait d’une caverne : » Pourquoi, lui dis-je, ne viens tu pas a la ville? Car tu enlèverais de dessus ton coeur le fardeau qui le tient captif. »
Il répondit :
» Il y a là des beautés à visage de fée et gracieuses : quand la boue est épaisse, les éléphants glissent. »
Autre temps, autre culture et religion, autres moeurs, quelques siècles plus tard, dans l’Europe du moyen-âge tardif et de la renaissance, on retrouvera deux épigrammes de Clément Marot faisant étonnamment écho au conte de Saadi. A la manière habituelle du poète de Cahors, le ton sera nettement plus vert, pourtant le fond restera le même au moins quant à la motivation de ses ermites. Sur le versant moral, rien n’est moins sûr, il est difficile de mesurer l’humour dans les vers de Saadi, mais, dans le contexte, il semble tout de même plutôt mettre en exergue une forme de sagesse de la part de son ami que de moquer le sérieux de ses motivations.
Sans bien sûr vouloir limiter à cette seule idée commune aux deux poètes, les raisons de coeur ou d’esprit qui ont pu et peuvent encore pousser les hommes à se retirer du monde et sans non plus prétendre tirer ici de grandes et profondes déductions de ce rapprochement, il demeure amusant de mettre en miroir ces deux textes qui se renvoient l’un à l’autre à travers les siècles. Au passage, on pourrait sans nul doute trouver de semblables paraboles du côté du bouddhisme et de sa tradition d’érémitisme.
Pour une mommerie de deux hermites. Clément Marot
LE PREMIER HERMITE.
Sçavez vous la raison pourquoy Hors du monde je me retire En un hermitage à recoy ? Sans faulte je vous le veulx dire : Celle que tant j’ayme et desire, En lieu de me reconforter, Toujours ce cul arriere tire ; Le diable la puisse emporter.
L’AUTRE HERMITE.
Je m’en voys tout vestu de gris En un boys ; là je me confine Au monde aussi bien j’amaigris ; M’amye est trop dure ou trop fine ; Là vivray d’eau et de racine, Mais, par mon ame, il ne m’en chault ; Cela me sera medecine Contre mon mal, qui est trop chauld.
Clément Marot – Epigrammes
La figure de l’ermite
dans l’occident médiéval
our en dire deux mots, si la figure (également biblique) de l’ermite a largement alimenté l’occident chrétien médiéval et sa littérature, l’église s’est rapidement élevée contre ces solitaires difficilement contrôlables et qui, de surcroît, mettaient quelquefois leur vie en jeu, en s’exposant, par leur choix de s’isoler, dans un monde médiéval loin d’être sûr et sécurisé, aux dangers du brigandage et autres intolérances, meurtres même quelquefois, etc, . Durant la période mérovingienne, nombre d’homicides commis notamment à l’encontre de femmes ermites pousseront même Rome à leur en interdire formellement la pratique. L’émergence des récluses et réclusoirs, cette forme d’isolement volontaire en cellule, contre l’érémitisme au grand air et ses dangers en est une des conséquences.
Qu’ils soient femmes ou hommes, si l’église a lutté pour en contrôler et même en prohiber la pratique, en tentant notamment de les intégrer dans des structures, des institutions, des réclusoirs ou des monastères, la littérature et la culture populaire semble, quant à elle, avoir apprécié les ermites. Il reste au fond une figure biblique synonyme de renoncement, de sagesse et d’un certain courage. Du côté des textes religieux et des hagiographies, la vie des saints n’est non plus exempte d’expériences de ce type. Même s’il demeure difficile de mesurer la réalité du phénomène et encore moins de le quantifier, le haut moyen-âge semble en avoir connu un grand nombre. Il en existe des sédentaires ou des errants et on trouve encore des moines qui se retirent de la vie collective pour des périodes d’isolement « relatives » et plus ou moins longues.
Dans de nombreux cas encore, l’ermite ne vit pas seul et on le retrouve entouré ou en petits groupes qui quelquefois enflent avec le temps. Disant cela, on ne peut s’empêcher de penser à l’ironie de l’histoire de Saint-Benoit dérangé dans sa retraite solitaire par des disciples désireux de le suivre et qu’il finit par accepter, pour se voir bientôt tenter d’être empoisonné par eux.
« Sous les Carolingiens, la force du pouvoir politique s’était assuré le contrôle de la société, mais quand cette puissance se désintégra, les peuples fraîchement (et superficiellement) convertis retournèrent à leurs pratiques, dans le même temps que la vie morale du clergé sombrait dans la luxure, la simonie et le nicolaïsme… » L’ermite au Moyen Age : Erémitisme et anachorèse, par Marie-Geneviève Grossel, Maître de conférence à l’Université de Valenciennes
Dans le courant des IXe et Xe siècle, au morcellement de l’empire carolingien et suivant cette déliquescence dont nous parle l’historienne médiéviste Marie-Geneviève Grossel dans un excellent article sur le sujet qui nous sert ici de guide, le phénomène de l’érémitisme reculera pour connaître un nouveau regain dans le courant des XI et XIIe siècles.
« Pourtant devant la décadence qui avait frappé les plus prestigieux établissements religieux en raison de la mainmise des puissants, devant le relâchement du clergé, la violence, la misère des temps, le temps des réformes et du renouveau allait être annoncé par une véritable floraison d’ermites. » Opus cité
On renouera alors notamment avec le monachisme bénédictin des origines et pour un nombre choisi d’ermites, l’isolement sera même une étape pour fonder de nouveaux ordres religieux.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.