Sujet : conférences, exposition, manuscrits médiévaux, ducs de Bourgogne, enluminures, Belgique médiévale, représentations médiévales, sorcières. Période : Moyen Âge central à tardif Expo-conférence : Sorcières avant la lettre Lieu : KBR Museum, Mont des Arts 28, Bruxelles, Belgique Dates : du 26 octobre au 24 avril 2022
Bonjour à tous,
ous vous avons déjà parlé, ici, du KBR Museum de Bruxelles et de sa belle collection de manuscrits médiévaux de la Bibliothèque des Ducs de Bourgogne (voir article sur le Brussels Renaissance Festival). Depuis un mois et jusqu’au 24 avril 2022, la prestigieuse institution belge (connue, par le passé, sous le nom de Bibliothèque Royale), a décidé de présenter au public une nouvelle série d’ouvrages de cette collection, le tout enrichie de conférences.
Des sorcières au Moyen Âge ?
Avec pour titre « Sorcières avant la lettre » le thème choisi est de ceux qui fascinent. Il interpelle particulièrement quand on sait que la période ciblée, pour cette exposition, est celle des manuscrits, soit le XVe siècle et le Moyen Âge tardif. Or, nous le savons bien aujourd’hui, l’idée de sorcières et de bûchers à perte de vue, durant les temps médiévaux, est tout simplement fausse même si ce préjugé a la vie dure. S’il perdure même encore dans l’esprit du grand public, la réalité est tout autre. Historiquement, la chasse aux sorcières et la plupart des faits et légendes autour de ce personnage féminin emblématique sont plus tardifs ; les terribles procès et exécutions ont, notamment, connu leur acmé au XVIe et même au XVIIe siècle.
Si le thème de la sorcière tel qu’on se le représente le plus souvent n’est pas médiéval, le cycle expo-conférence du KBR Museum entend, comme son nom l’indique, interroger sa présence à l’aube de sa cristallisation. Il sera donc question de remettre les pendules à l’heure, tout en cherchant à amener une idée plus objective de la femme et son statut dans la Belgique et la Bourgogne du Moyen Âge tardif. Des réalités quotidiennes aux représentations les plus imaginaires, les 30 manuscrits sélectionnés et leurs enluminures permettront d’approcher cet ensemble de représentations complexes. Au passage, le public découvrira d’étonnantes incarnations, fantastiques et surnaturelles, que la femme a pu endosser à la fin du Moyen Âge. Sur les aspects religieux, on ne pourra, non plus, éviter l’image de la Vierge et l’importance du culte marial.
Enluminure du ms 9228 – Legenda aurea (VF), J. de Voragine. trad J. de Vignay, KBR Museum
Programme des conférences
Dans la continuité de l’exposition, les conférences permettront d’approfondir le thème en interrogeant elles-aussi le (ou les) statut(s) de la femme et de la sorcière au Moyen Âge tardif.
Conférences en langue française
Samedi 27 nov. 11h00 – KBR auditorium Féminismes & sorcières : histoire d’une idylle et d’une exposition, Valérie Piette et Nathalie Lévy (commissaires de l’exposition « Witches! »)
Samedi 11 déc. 11h00 – KBR auditorium La construction de l’image de la sorcière au Moyen Âge, Maxime Gelly-Perbellini (EHESS et ULB)
Samedi 18 déc. 11h00 – KBR auditorium La « chasse aux sorcières » à l’écran : entre discours féministes et antiféministes, François Dubuisson (ULB)
Samedi 15 jan. 11h00 – KBR auditorium Christine & the Bitches… La querelle des femmes au XVe s, Tania Van Hemelryck (UCLouvain)
Conférences en langue flamande
Samedi 4 déc. 11h00 – KBR auditorium Heksen, horror en hoeren? Over de werkelijkheid achter de verhalen van vrouwen in de « donkere middeleeuwen » Jelle Haemers (KU Leuven)
Samedi 29 jan. 11h00 – KBR auditorium Vrije/Vrijende vrouwen in de ZuidelijkeNederlanden, Jonas Roelens (UGent)
L’Enluminure de Bavon de Phrygie, dans le ms 9242 – Volume 1 des Chroniques de Hainaut
« Witches » : les sorcières à travers les âges
Ce cycle qui aborde le statut de la sorcière au Moyen Âge tardif, entre représentations et réalités, est réalisé en partenariat entre le KBR Museum et l’ ULB Culture. Il est avantageusement complété par une grande exposition intitulée « Witches » et proposée à l’Espace Vanderborght de Bruxelles (50, Rue de l’Ecuyer).
Sabbat, Albert Joseph Penot. 1910 (détail)
Du 27 octobre 2021 au 16 janvier 2022, cette exposition unique se propose de vous faire découvrir les sorcières à travers les âges, au moyen de 400 documents de toute nature. On y trouvera une large sélection qui va d’œuvres d’art à des documents d’archives, en allant jusqu’à des objets ethnographiques et extraits de films. Amateurs de Moyen Âge et de sorcières à tous les étages, la chose est claire : entre conférences, beaux manuscrits et grande exposition, vous avez désormais trois excellentes raisons de vous rendre à Bruxelles dans les mois qui viennent.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
NB : l’enluminure en tête d’article est tiré du ms 9242 conservé au KBR Museum et daté du XVe siècle. Ce somptueux manuscrit médiéval de la Bibliothèque des Ducs de Bourgogne (à consulter en ligne ici) est le tome 1 des Chroniques de Hainaut. Ecrites en latin par Jacques de Guise et traduites en langue d’oïl par Jean Wauquelin, ces dernières content sur 3 volumes l’histoire du Comté de Hainaut jusqu’à la fin du XIVᵉ siècle. Les enluminures de ces trois manuscrits anciens sont réalisées par Roger de Le Pasture. Celle du jour représente les déboires de Bavon de Phrygie, fondateur du royaume des Belges, qui ayant pris la mer avec les rescapés pour échapper à la déroute de Troyes, voit son embarcation assaillie par deux monstrueuses sirènes.
Sujet : musique, chanson médiévale, poésie médiévale, troubadour, manuscrit médiéval, occitan, oc, amour courtois. Période : Moyen Âge central, XIIe et XIIIe s Auteur : Guiraut de Bornelh, de Borneil (?1138-?1215) Titre : No posc sofrir c’ a la dolor Interprète : Maria Lafitte, Unicorn, Oni Wytars Album : Music of the Troubadours (1996)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous avons le plaisir de vous entraîner au XIIe, XIIIe siècles et en pays d’oc, pour découvrir une nouvelle pièce de Giraut de Bornelh, troubadour que les razos et vidas des siècles suivants sa venue en ce bas-monde ont largement encensé.
Comme une large partie du reste de son œuvre, la chanson du jour est une pièce courtoise et, bien sûr aussi, en occitan médiéval et ancien. A l’habitude, nous dirons un mot de son contenu, de ses sources médiévales. Nous aurons aussi l’occasion d’entendre cette chanson médiévale avec une interprétation des Ensembles Unicorn et Oni Wytars, accompagnés de la voix de Maria Dolors Laffitte. A l’habitude, nous vous en proposerons aussi une traduction en français actuel.
Un songe d’amour pour une belle convoitée
Cette chanson commence un peu étrangement et non sans humour, avec un poète qui compare son entrain et sa joie à l’arrivée de la saison nouvelle, au va et vient irrépressible que ferait sa langue sur un dent douloureuse. Autrement dit, l’attraction pour le printemps est plus forte que tout et la belle nature déjà domestiquée avec ses bocages, ses prairies, ses vergers, ses oisillons et ses fleurs le met en joie : renouvel, renouveau, saison printanière, le départ se situe (à une dent près) dans la lyrique courtoise.
No Posc sufrir… Canzoniere provenzale estense (XIIIe, XIVe s Bib Univ d’Estense)
Par la suite, le troubadour nous entraînera vers un rêve lui aussi printanier (il le précise) : celui d’un jeune épervier sauvage, venu se poser sur lui et qu’il parviendra à force de patience, à dompter. Frappé par cette vision nocturne, Giraut la confiera à son seigneur et protecteur du moment (il en a eu plusieurs – voir sa biographie). Selon le confident, il n’est point question de fauconnerie, ni de chasse ici. Le songe et sa symbolique seront interprétés d’une toute autre façon. Il s’agirait, en fait, d’un rêve pour le guider sur les chemins amoureux. Le troubadour peut convoiter la belle qu’il désire même si elle est de plus haut lignage, mais il devra y mettre de grands efforts s’il veut aboutir. D’abord circonspect et un peu honteux devant ce songe et sa convoitise insensée (on imagine une dame de très haut rang), notre Giraut finira par s’enhardir en décidant de faire porter ses rimes vers la lointaine élue. La chanson est donc présentée comme un premier pas amoureux ou au moins une avancée, destinée à divertir la Dame.
Au passage, on verra le poète médiéval monter au créneau pour marquer sa volonté de s’inscrire dans le Trobar leu. Il l’avait déjà fait dans Leu chansonet’e vil et il le réaffirme ici. Fini le Trobar clus et ses chansons pleines d’allusions énigmatiques et absconses, il veut désormais être clair et compris de son audience. Malgré toute sa bonne volonté et après nous être attelé à la traduction de la pièce du jour, nous serions enclins à mettre un tout petit bémol à son objectif à 800 ans de là (humour).
Aux sources manuscrites de cette chanson
Du point de vue des sources, la chanson se trouve dans de très nombreux manuscrits. Sauf erreur et à date, on ne lui connaît pas de mélodie propre. Nous vous présentons (photo ci-dessus) sa version dans le Canzoniere provenzale estense de la Bibliothèque Universitaire d’Estense en Italie (cote alfa.r.4.4). Ce manuscrit médiéval est connu également en France sous le nom de Chansonnier provençal D ou même Chansonnier occitan D. Il présente, sur 345 feuillets, un grand nombre de sirventes, tensons et chansons de troubadours du Moyen Âge.
No Posc sufrir , Maria Laffitte, Unicorn et Oni Wytars (contrafactum)
Music of the troubadours, l’album
Music of the Troubadours fut proposé au public en 1996. Il s’agit d’un album studio de 12 pièces pour un peu moins de 70 minutes d’écoute. On y trouve présenté huit troubadours : Giraut de Bornelh, Peire Cardenal, Raimon de Miraval, Ramon de Llul, Berenguier de Paloun, Guiraut Riquier, Bernart de Ventadorn, Jaufre Rudel, aux côtés de quelques pièces anonymes. En réalité, deux d’entre eux se partagent la vedette ; la pièce du jour de Giraut de Bornelh n’ayant pas de notation musicale d’époque, c’est la chanson Ar me puesc de Peire Cardenal qui lui a servi de mélodie selon le procédé du contrafactum.
L’ensemble Unicorn, Oni Wytars & Maria Laffitte
Sous la direction de Michael Posch, Music of the Troubadours est le fruit d’une collaboration entre les ensembles Unicorn et Oni Wytars et Maria Dolors Laffitte. Nous avons dit un mot ici de ces deux ensembles. Le premier est autrichien, l’autre est italo-allemand et on leur doit un certain nombre de productions musicales communes. Quant à Maria Dolors Laffitte i Masjoan (1949-2008), elle vient prêter sa voix à cet album en lui impulsant une vraie énergie.
Un mot de Maria Dolors Laffitte
Pour dire un mot de cette chanteuse et musicienne d’origine occitane, elle a fait partie de ces générations de la fin des années soixante qui se prirent d’envie de renouer avec les musiques anciennes et traditionnelles et même le folk.
De 1968 à 2001, elle a ainsi exploré un répertoire assez large qui va de chansons médiévales occitanes à des chansons traditionnelles catalanes, des chants séfardis ou même encore des chansons d’auteurs et des chansons pour enfants. Entre autres activités, elle s’est inscrite dans le mouvement Nova Cançó (chanson nouvelle) qui s’éleva durant les années franquistes, pour défendre la normalisation de l’usage du catalan dans les chansons et les productions culturelles. Elle est aussi connue pour son activité militante en matière d’écologie. D’un point de vue musical, elle a eu l’occasion de participer à de nombreux groupes, dont la formation Els Trobadors qu’elle fonda en 1991.
Informations complémentaires
Pour ceux que cet album intéresserait, il est encore disponible et on peut encore le débusquer en ligne, notamment, au format CD, Mp3 ou même encore en streaming illimité. Voici un lien utile pour plus d’informations : Music of The Troubadours.
Musiciens ayant participé à cet album
Ensemble Unicorn & Oni Wytars, Maria D. Laffitte, Thomas Wimmer (violon, laúd), Riccardo Delfino (harpe gothique, vielle à roue, cornemuse), Peter Rabanser (gaida, oud, nay, saz), Katharina Dustmann (percussions orientales), Wolfgang Reithofer (percussions), Marco Ambrosini (violon, nyckelharpa, chalemie ), Michael Posch (direction et flûte à bec, flûte de roseau
No posc sofrir c’ a la dolor, giraut de Bornelh de l’occitan médiéval au français actuel
I. No posc sofrir c’ a la dolor De la den la lenga no vir E ‘l cor ab la novela flor, Lancan vei los ramels florir E ‘Ih chan son pel boschatge Dels auzeletz enamoratz, E si tot m’estauc apensatz Ni pres per malauratge, Can vei chans e vergers e pratz, Eu renovel e m’assolatz.
Je ne peux m’abstenir quand j’ai une douleur de dent que ma langue n’y revienne sans cesse Et, de la même façon, je ne peux éviter que mon cœur ne soit touché par la fleur nouvelle, Lorsque je vois les rameaux fleurir Et que j’entends le chant mélodieux dans le bosquet (1) Des oisillons enamourés, Et si je suis préoccupé Et pris dans mes propres malheurs Quand je vois ces chants, ces vergers et ces prairies, Je me sens régénéré et réconforté (je me sens renouvelé et je me console)
II. Qu’ eu no m’esfortz d’altre labor Mas de chantar e d’esjauzir; C’ una noch somnav’ en pascor Tal somnhe que « m fetz esbaudir D’ un esparver ramatge Que m’ era sus el ponh pauzatz E si ‘m semblav’ adomesgatz, Anc no vi tan salvatge, Mas pois fo maners e privatz E de bos getz apreizonatz.
Car je ne m’applique à d’autre travail Que celui de chanter et me réjouir ; Un nuit de printemps, je rêvais Ce songe qui me mis en joie, D’un épervier branchier (2) Qui était venu se poser sur mon poing Et, il me sembla bien domestiqué Bien que jamais je n’en vis d’aussi sauvage, Mais par la suite, il fut apprivoisé et familiarisé Et maintenu prisonnier par un lien à la patte,
III. Lo somnhe comtei mo senhor, Ca son amic lo deu om dir, E narret lo ‘m tot en amor E dis me que no ‘m pot falhir Que d’oltra mo paratge No m’aia tal ami’ en patz, Can m’ en serai pro trebalhatz, C’anc om de mo linhatge Ni d’ oltra ma valor assatz Non amet tal ni ‘n fon amatz.
J’ai conté ce songe à mon seigneur, Car à un ami, on doit dire ces choses, Et il l’a interprété pour moi sous l’angle de l’amour En me disant que je ne pouvais échouer (faillir) A ce que, au delà de mon rang, Une telle amie ne soit mienne Après que je m’en serais diligemment occupé Car jamais homme de mon lignage Ni de plus grand mérite N’a aimé de telle façon et n’en fut aimé.
IV. Era n’ ai vergonh’ e paor E ‘m n’esvelh e n planh e ‘n sospir E ‘l somnhe tenli a gran folor E no eut posch’ endevenir; Pero d’un fat coratge No pot partir us rics pensatz Orgollios e desmezuratz C’apres nostre passatge Sai que ‘l sornnhes sera vertatz Aissi drech com me fo narratz.
A présent, j’en ressens de la honte (vergogne) et de la peur Je m’éveille en soupir et en lamentation Et je tiens ce songe pour grande folie Qui ne pourra jamais advenir. Pourtant, un désir sot (insensé), Ne peut être séparé, ni venir à bout de remarquables (hautes, nobles) pensées Orgueilleuses et démesurées, De sorte qu’après notre traversée (croisade)(3) Je sais que le songe deviendra vrai Aussi vrai qu’il me fut conté.
V. E pois auziretz chantador E chansos anar e venir ! Qu’era, can re no sai m’ assor, Me volh un pauc plus enardir D’ enviar mo messatge Que ‘ns porte nostras amistatz. Que sai n’es facha la meitatz, Mas de leis no n’ai gatge E ja no cut si’ achabatz Nuls afars, tro qu’es comensatz.
Et, après cela vous entendrez un chanteur Et ses chansons aller et venir ! Car, désormais, puisque rien ne m’y pousse ici-bas, Je veux un peu plus m’enhardir Pour envoyer mon message Afin qu’il emporte nos salutations d’amours. Car jusqu’à présent, n’est faite ni la moitié. Jamais je n’ai reçu de gage d’elle, Et ça n’arrivera assurément jamais si rien n’est engagé Aucune entreprise n’existe qui n’est d’abord commencé.
VI. Qu’eu ai vist acomensar tor D’una sola peir’ al bastir E cada pauc levar alsor Tan josca c’om la poc garnir. Per qu’eu tenli vassalatge D’aitan, si m’o aconselhatz, E i vers, pos er ben assonatz, Trametrai el viatge, Si trop qui lai lo ‘m guit viatz Ab que ‘s deport e’s do solatz.
Parce que j’ai vu débuter la construction d’une tour Par une seule pièrre Et peu à peu, s’élever plus haut, Jusqu’à ce qu’on puisse la doter d’une garnison. C’est pourquoi je maintiens les valeurs chevaleresques, Avec un si grand soin ; ainsi que vous me le conseillez, Et mes vers, une fois bien accordés (assonants, mis en musique) Je les enverrai en voyage Si je trouve quelqu’un qui sache les conduire promptement Pour qu’elle s’en réjouisse et s’en divertisse.
VII. E s’eu ja vas emperador Ni vas rei vauc, si ‘m vol grazir Tot aissi com al seu trachor Que no ‘l sap ni no ‘l pot gandir Ni mantener, ostatge Me lonh en us estranhs renhatz ! Cais si serai justiziatz E fis de gran damnatge, Si ‘l seus gens cors blancs e prezatz M’es estranhs ni m’ estai iratz.
Et si jamais j’allais chez un empereur Ou un roi, et qu’il veuille m’accueillir Toute à la façon d’un traitre Qui ne saurait, ni ne pourrait le protéger, Ni même le soutenir, Et qu’il m’envoie comme un otage vivre en des contrées lointaines ! Alors, je serais puni de la même manière Et je souffrirais un aussi grand dommage Que si celle, si gracieuse et estimée, M’éloignait d’elle ou se montrait fâchée à mon endroit.
VIII. E vos entendetz e veiatz Que sabetz mo lengatge, S’anc fis motz cobertz ni serratz, S’era no’Is fatz ben esclairatz.
IX. E sui m’en per so esforsatz Qu’entendatz cals chansos eu fatz.
Et vous qui entendez et voyez Et connaissez ma langue, Si jamais j’ai usé de mots couverts et obscurs (trobar clus) Désormais, je les choisis bien clairs (trobar leu).
Et j’ai mis tant d’efforts en cela que vous comprendrez les chansons que j’ai faites.
(1) boscatge : bois, bocage
(2) Littré. Oiseau branchier : terme de fauconnerie, jeune oiseau qui, n’ayant point encore de force, vole de branche en branche en sortant du nid. Historique XIVe s . L’esprevier est dit branchier ou ramage, pour ce que, quant il soit pris, il vole sur les rainceaux ou sur les branches.
(3)Passatge : traversée, mais peut être aussi utilisé en relation à la croisade. S’il s’agit bien de cela, ce que nous croyons, on peut rattaché cette allusion au razo qui nous conte que Giraut de Bornelh partit, aux côtés de Richard Coeur de Lion, pour la 3ème croisade et le siège d’Acre.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes
NB : l’image en tête d’article est un montage. On y voit l’enluminure de Giraut de Bornelh du Manuscrit Français 12473 (retouchée par nos soins) ainsi que le début de page correspondant dans l’ouvrage. Conservé au département des manuscrits de la BnF, ce manuscrit médiéval, daté de la deuxième moitié du XIIIe s, est encore connu sous le nom de Chansonnier provençal K ou même plus laconiquement Chansonnier K ( à consulter sur Gallica) .
Sujet : Kaamelott premier volet, médiéval-fantastique, légendes arthuriennes, cinéma, trilogie, produits dérivées, coffret, DVD, Blu-ray, Période : haut Moyen Âge à central Auteur/réalisateur : Alexandre Astier Date de sortie : 21 novembre 2021 officiel – Dispo préventes.
Bonjour à tous,
es amateurs de monde médiéval fantastique et de légende arthurienne revisitée vont être ravis. À l’approche de Noël et d’ici le 24 novembre, les DVD, Blu-Ray et autres somptueux coffrets du film Kaamelott premier volet d’Alexandre Astier, seront disponibles à la vente dans toutes les grandes enseignes y compris, bien sûr, celles en ligne.
Du même coup, tous ceux qui n’avaient pu profiter, en juillet dernier, de ce premier opus de la trilogie, pour causes de mesures sanitaires, d’indisponibilité ou même simplement parce qu’ils sont expatriés ou se trouvaient hors de France, vont pouvoir se rattraper. Les plus grands fans de la saga arthurienne à la française ( qui ne manquent jamais un collector) seront aussi au rendez-vous pour pouvoir revisionner le long métrage 12 000 fois devant un bon plateau à la Karadoc (soit : fromage, charcuterie, gras et re-charcuterie, re-fromage jusqu’à épuisement des stocks). Une grande partie de ce public a, d’ailleurs, déjà pris les devants. Le long métrage d’Alexandre Astier est, en effet, proposé à la prévente en ligne sous différents formats, depuis quelques mois, et il a déjà atteint des volumes de commandes impressionnants.
Dvd’s et coffrets épiques de toute beauté
Nul doute que Alexandre Astier sait s’entourer du côté graphisme et packaging. On retrouvera, à nouveau, un visuel très soigné pour tous ces produits et notamment pour le coffret édition épique 4K avec Blu-ray, Dvd, Dvd bonus et encore pièce en étain et portraits collector (ceux qu’on avait découvert au pré lancement du film).
Les budgets plus modestes pourront, quant à eux, se contenter du Dvd ou même encore découvrir le film en streaming sur Primevideo (cette dernière option n’est, toutefois, pas ouverte dans tous les pays). Pour plus d’informations sur tous les formats disponibles, vous pouvez suivre ce lien : Kaamelott Premier volet, coffret édition épique et autres options.
Kaamelott, le film au box office
Des entrées record dans un contexte calamiteux
En faisant un petit retour en arrière, Il faut se le dire. Même si le premier volet de la trilogie Kaamelott était très attendu et qu’il a bénéficié d’une très large couverture médiatique, c’est rien moins qu’un exploit que celui réalisé par Alexandre Astier, l’été dernier. Il a, en effet, réussi à faire entrer au cinéma près de 2,5 millions de personnes dans le contexte du pass sanitaire alors nouvellement mis en place. L’auteur de Kaamelott a même, au passage, cloué au piloris quelques sérieux blockbusters au moment où certains tenants de salles parlaient de baisse de fréquentation de 75%, au passage de la mesure.
Ce phénomène de demi-désertion a, cela dit, touché toute l’industrie cinématographique et on se souvient, à la même période, du choix de Disney pour la sortie de Black Widow. Le géant américain avait, en effet, décidé de diversifier sa stratégie , en proposant le film plus vite que prévu et gratuitement sur sa plateforme de streaming Disney+. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir ce genre de plan B pour tenter un report des ventes de la place dé cinéma vers l’abonnement en ligne. Au passage, le très attendu Disney Marvel fait partie des films que Kaamelott premier volet a coiffé au poteau aux box office français. Ce n’est pas rien quand on connait le succès cinématographique presque hégémonique de la célèbre licence créée par Stan Lee. Et cela prouve aussi que le petit village gaulois français reste capable de résister au tout US quand l’originalité et l’ambition sont au rendez-vous. En matière de cinéma national, le dernier OSS 117 s’est, du reste, lui aussi retrouvé derrière les légendes arthuriennes à la façon Astier.
Coefficient multiplicateur & projections
On peut supposer que, dans des circonstances normales, ce chiffre d’entrées de Kaamelott aurait pu être multiplié facilement par 4, voire 5 : les résistants au pass, ceux qui n’avaient, simplement, pas envie de se gâcher le plaisir, en passant par 40 contrôles, ceux qui se sentant contraints indument par le pouvoir, en ont simplement pris le contrepied, ceux qui n’avaient pas connaissance de la mesure, etc… Cela fait du monde.
On peut encore ajouter à cela les re-visionnages des plus fans qui, on l’imagine bien, ont pu aussi être freinés par ces lourdeurs du dispositif gouvernementale et leur nature invasive. Dans le contexte, même les plus opiniâtres d’entre eux n’étaient, sans doute, pas prêts à engouffrer 2,3 et encore moins 203 séances comme le désormais Recordman Guinness qui a élevé Kaamelott au rang de « film le plus visionné du monde au cinéma ». Coté box office, en dehors de cet épiphénomène qui a, peut-être, à sa façon, ajouté à Kaamelott premier volet, un petit supplément de réputation mondiale, Alexandre Astier a donc du se contenter du titre de plus gros succès français depuis l’arrivée de la Covid 19. Economiquement, la consolation est un peu maigre mais cela reste un indicateur honorable.
Un parfum de sortilège sur la trilogie
Enfin voilà, inutile de refaire le match ! Même si, avec un pass sanitaire mis en place quelques jours avant la diffusion, il commençait à planer un peu sur cette trilogie Kaamelott au cinéma comme une vieille odeur de souffre. Bien sûr, on ne peut pas dire qu’Alexandre Astier ait dû traverser, contre son propre gré, une pluie de calamités durant les 12 ans qui ont séparé ce film de la série (de 2009 à 2021). Il est aussi à l’origine d’un certain nombre de choix ayant retardé sa sortie : renégociation et reprise des droits avec Calt, réalisation d’Astérix : Le Secret de la potion magique, … Bref, pour partie, il a mené sa barque là où il le souhaitait.
Bruno Fontaine aka Elias de Kelliwic’h
Pourtant, l’arrivée de la Covid au moment fatidique, et les différents reports de sortie dus aux mesures sanitaires ont pris, par moments, des allures de sortilèges à la Elias de Kelliwic’h (le double de Merlin dans la série Télévisée ). Et même si on pouvait trouver le titre « Kaamelott premier volet » plutôt factuel, voire pas très engageant pour qui n’était pas fan de la série et encore moins d’histoires à suivre, il aurait presque fait l’effet d’être là pour conjurer le sort*. L’auteur-réalisateur l’avait dit et répété, les autres volets de la trilogie ne pourraient exister qu’en fonction du succès éventuel de ce premier opus. Rien d’étonnant. C’est la loi du marché et l’essai a été, tout de même, transformé en dépit du contexte.
Avec un tel nombre d’entrées (déjà en passe d’être complété par un beau succès de ventes côté dvd’s), le second opus de Kaamelott au cinéma devrait désormais être en bonne marche. L’auteur-réalisateur l’a d’ailleurs confirmé en interview, tout en restant, à son image, mystérieux sur le tournage, la date de sortie, la teneur du film, etc. Presque rien n’a filtré. La seule chose que la presse a réussi à lui arracher est la phrase suivante : « Peut-être que le 2 ce sera pas vraiment un seul 2 ou un truc comme ça. » (Quodidien, TF1, août 2021). En gros, si vous cherchez quelqu’un de vraiment capable de vous faire grâce de spoil alerts, Alexandre Astier continue de s’avérer maître dans sa catégorie, au grand désespoir des chasseurs de scoop.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
* Avec le recul, ce titre Kaamelott premier volet peut sembler un choix assez curieux commercialement parlant. Certes, l’annonce de la trilogie Kaamelott au cinéma date au moins de 2009 mais en matière cinématographique grand public, on s’est habitué à des titres plutôt orientés sur le sujet et le contenu : Star wars, la guerre des étoiles, Lord of the Rings : la communauté de l’Anneau, Die Hard : Piège de Cristal, Il était une fois dans l’Ouest, etc… On mentionne plus souvent les suites (le retour, 2, etc…) mais rarement, le fait que certaines premières parties espèrent trouver leur prolongement. Par ailleurs, l’auteur a bien pris la précaution de déclarer que le titre s’adressait à tout public même à des gens n’ayant jamais entendu parler de Kaamelott. A-t-il juste voulu annoncer la couleur ou peut-être, encore était-ce un moyen de ne rien dévoiler du contenu justement ? On le sait taquin. D’un point de vue marketing et distribution, ce n’est en tout cas pas très commun.
NB : l’image d’en-tête est un montage à partir de deux affiches différentes du film Kaamelott premier volet.
Sujet : poésie médiévale, fable médiévale, vieux français, anglo-normand, auteur médiéval, ysopets, poétesse, poésie morale Période : XIIe siècle, Moyen Âge central. Titre : D’une Lisse qui vuleit chaaler Auteur : Marie de France (1160-1210) Ouvrage : Poésies de Marie de France, T2, B de Roquefort (1820)
Bonjour à tous,
ienvenue au Moyen Âge central et plus précisément au temps de la poétesse Marie de France. Avec un legs conséquent et une plume très prolifique, cette poétesse qui a vécu entre le XIIe siècle et les débuts du XIIIe, est considérée comme la première auteure en langue française vernaculaire. L’anglo-normand qu’elle utilise est en effet, considéré comme une forme dialectale du français d’oïl médiéval. Cette langue est alors parlée dans les cours anglaises, ainsi que du côté du duché normand.
Une fable sur l’ingratitude et la perfidie
Aujourd’hui, nous continuons donc d’explorer les écrits de Marie de France, avec une nouvelle fable. L’auteure médiévale nous entraînera du côté de l’ingratitude et d’une bonté d’âme qui se retournera cruellement contre son instigatrice. « Rien ne vaut d’ouvrir sa porte aux méchants », nous dira-t-elle, entre les lignes, suggérant que la charité a des bornes et n’exclue pas la défiance. En remontant le temps, nous verrons aussi que cette fable médiévale prend sa source au premier siècle de notre ère chez le fabuliste Phèdre. Enfin, nous ne nous priverons pas de découvrir également sa version plus tardive, mais très enlevée, sous la plume de Jean de La Fontaine.
D’une Lisse qui vuleit chaaler, Marie de France
D’une Leisse vus veil cunter Qui preste esteit à chaéler ; Mès ne sot ù gésir el deust, È ù ses Chaiaus aveir peust. A une autre Lisse requist K’en sun ostisel la sufrist Tant k’ele éust chaellei, Mult l’en sareit, ce dist, bon grei ;
Tant l’en ad requise è proiée, Ke od li l’ad dunc herbregiée Puiz kant ot éu ses chéiauz E espeudriz les ot è biauz, Cele à kui li ostiex esteit Suvent par ax demage aveit, De sa maisun les rueve issir Ne les vuleit mès cunsentir.
L’autre se prist à démenter, E dist qu’el ne seit ù aler ; Yvers esteit pur la freidur Murreit de freit à grant dolur ; Dunc li requist par caritéi Q’el herbrejast jusqu’en estéi, E cel ot de li grant pitié Otréia li par amistié.
Qant le bel tens vit revenir Adunc les rueve forz issir, L’autre cumença à jurer Que se jamès l’en ot parler, Que si Chaiel la detrairunt È forz de l’uis l’a bouterunt ; La force est lor en la maisun, Fors l’en unt mise sanz raisun.
Moralité
Cest essemple poez savoir, È par meint Preudomes vooir, Ke par bunté de sun curage Est chaciez de sun hiretage ; Ki felun Hume od li aquieut Ne s’en ist mie qant il vieut.
D’un chienne qui voulait mettre bas traduit en français actuel
D’une chienne je veux vous conter Qui était prête à mettre bas Mais ne savait où se poser Ni où ses chiots donner la vie. A une ami chienne elle pria Qu’en son gite elle l’accepta Le temps qu’elle put accoucher. Elle insista tant et si bien Que l’autre l’hébergea chez elle. Puis, quand ses chiots furent nés, Et élevés, tous beaux et vifs, Celle à qui appartient le logis Auquel ils causaient souvent des dégâts Les prie tous de vouloir sortir ; Elle ne veut plus qu’ils restent là.
L’autre chienne se met à gémir Disant qu’elle ne sait où aller ; L’hiver est là et ses froideurs Ils y mourraient à grand douleur ; Aussi, elle implore charité Qu’on l’héberge jusqu’en été ! L’autre la prit en sa pitié, Et lui céda par grand bonté. Quand le beau temps fut revenu L’hôte revint pour les sortir. L’autre commença à jurer, Que si elle l’entendait encore, Elle jetterait ses chiens sur elle Qui la chasseraient loin de là. Ils règnent en maître en la maison Ils la mirent dehors sans raison (sans aucun droit, injustement).
Moralité
Dans cet exemple bien l’on voit De nombreux hommes instruits et sages Qui, par la bonté de leur cœur Sont chassés de leur propre toit ; Celui qui accueillera félon en son logis Ne pourra le chasser quand le cœur lui en dit.
Marie de France dans les pas de Phèdre
Dans cette fable, Marie de France marche encore dans les pas de Phèdre. Dans certains cas, on a déjà pu voir qu’elle adaptait relativement le fond, au contexte médiéval. Cette fois-ci, elle le suit la trame du fabuliste latin de matière relativement fidèle. Dans Canis Parturiens, ce dernier nous contait déjà l’histoire de cette chienne près de mettre bas et qui demande asile à une amie charitable. En abusant de son hospitalité, l’animal finira, pourtant, par s’accaparer le bien de l’autre, sans autre forme de procès.
Chez Phèdre, la moralité de la fable se tourne vers la défiance à l’égard du félon, du méchant. « Habent insidias hominis blanditiae mali » : les caresses (flatteries) des méchants sont toujours insidieuses. Chez Marie, la morale est un peu plus orientée du côté de la victime : « le prud’homme », l’homme sage et bien éduqué qui a eu la bonté de cœur d’accueillir le félon en son logis. De manière sous-entendue, elle semble même trouver autour d’elle de nombreuses illustrations concrètes de cette morale. Difficile pourtant d’en percer les références précises, si c’est le cas. Quoiqu’il en soit, chez elle comme chez Phèdre, le fond demeure : « Fermez votre portes au méchant » et défiez-vous de leurs stratégies pour vous attendrir.
En rapprochant cette historiette du Livre de Chasse de Gaston Phébus et ses pages sur les chiens, on notera que les traitements faits à l’animal, et notamment les pages sur les chenils, suggèrent que les chiennes destinées à la reproduction et prêtes de mettre bas étaient moins livrées à elles-mêmes dans les faits que celle de la fable (voir illustration ci-dessous).
Canis Parturiens, Phèdre (fable XVIII, livre I)
Habent insidias hominis blanditiae mali; quas ut uitemus, uersus subiecti monent. Canis parturiens cum rogasset alteram, ut fetum in eius tugurio deponeret, facile impetrauit. Dein reposcenti locum preces admouit, tempus exorans breue, dum firmiores catulos posset ducere. Hoc quoque consumpto flagitari ualidius cubile coepit. ‘Si mihi et turbae meae par’ inquit ‘esse potueris, cedam loco’.
La chienne qui met bas (traduction E Panckoucke)
Enluminure d’un chenil, livre de Chasse, Gaston Phebus, FR 616, BnF.
Les caresses d’un méchant cachent quelque piège : la fable suivante nous avertit de les éviter. Une chienne, près de mettre has, pria une de ses compagnes de lui prêter sa cabane pour y faire ses petits ; elle l’obtint facilement. Peu de temps après , l’autre réclama son asile; mais notre Chienne la supplia de lui accorder encore quelque délai, jusqu’à ce que ses petits, devenus plus forts, pussent sortir avec elle. Le second terme expire, et l’autre redemande son lit avec plus d’instance. « Si tu peux être aussi forte que moi et toute ma bande -, lui dit alors la Chienne, je te céderai la place. »
Fables de Phèdre, traduction nouvelle par M Ernest Panckoucke (1834).
D’une lisse et sa compagne, Jean de La Fontaine
Cette fable sera repris, plus de quatre siècles plus tard par Jean de la Fontaine sous le titre : D’une lisse et sa compagne. Là encore, le sens et le contenu demeureront fidèles. A son habitude La Fontaine nous gratifie d’un style impeccable et d’une morale particulièrement ciselée. Difficile de ne pas résister à vous la faire découvrir, si vous ne la connaissez pas déjà.
Une Lice étant sur son terme, Et ne sachant où mettre un fardeau si pressant, Fait si bien qu’à la fin sa Compagne consent De lui prêter sa hutte, où la Lice s’enferme. Au bout de quelque temps sa Compagne revient. La Lice lui demande encore une quinzaine. Ses petits ne marchaient, disait-elle, qu’à peine. Pour faire court (3), elle l’obtient. Ce second terme échu, l’autre lui redemande Sa maison, sa chambre, son lit. La Lice cette fois montre les dents, et dit : Je suis prête à sortir avec toute ma bande, Si vous pouvez nous mettre hors. Ses enfants étaient déjà forts.
Ce qu’on donne aux méchants, toujours on le regrette. Pour tirer d’eux ce qu’on leur prête, Il faut que l’on en vienne aux coups ; Il faut plaider, il faut combattre : Laissez-leur prendre un pied chez vous, Ils en auront bientôt pris quatre.
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
NB : l’image d’en-tête, ainsi que les enluminures ayant servi aux illustrations sont tirées du manuscrit médiéval Français 616. Conservé à la BnF, cet ouvrage contient Le Livre de Chasse de Gaston Phébus de Foix Béarn suivi d’oraisons en latin et français ainsi que Les Déduits de la chasse de Gace de La Buigne. Daté des XIVe, XVe siècle ce manuscrit superbement enluminé, et très bien conservé, peut être consulté sur le site de Gallica.