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Kaamelott : Perceval, Karadoc et le clan « autonome » des Semi-croustillants « meets » the Witcher

kaamelott_cinema_trilogie_humour_alexandre_astier_news_infos_serie_culteSujet : légendes arthuriennes, humour, série télévisée, Kaamelott,  Perceval, Karadoc, citations, semi-croustillants, Heroic Fantasy, Jeux vidéo
Période : moyen-âge central, haut moyen-âge
Auteur : Alexandre Astier pour Kaamelott, CD Projekt pour The Witcher
Médias : détournement, créa graphique, humour

Bonjour à tous,

Voici, pour aujourd’hui, un peu de médiéval fantastique et d’humour geek avec un petit détournement graphique basé sur une hybridation entre l’univers de la sérié télévisée Kaamelott et celui de l’excellent jeu video The Witcher 3. Quel rapport y-a-t’il entre les deux, me direz vous ? Rien de bien flagrant à première vue et pourtant quelques références partagées tout de même.

Kaamelott,
médiéval fantastique et jeux vidéo?

M_lettrine_moyen_age_passionême s’il se situe dans la comédie avec une bonne dose de non sens, l’univers de référence de Kaamelott est celui du médiéval fantastique. Son auteur lui-même Alexandre Astier n’a cessé de l’affirmer. Il en utilise les codes et on y trouve d’ailleurs (sans pour autant les voir) toute une galerie de monstres. Comme dans les classiques du genre Heroïc fantasy, jeux ou romans, on y explore aussi des donjons et labyrinthes en quête de trésor et on y croise encore des dragons (incontinents) et de la magie (plus ou moins réussie).

Selon A Astier toujours, la seule vraie différence entre son oeuvre et  le médiéval fantastique « classique », c’est qu’à un moment dans Kaamelott quelque chose foire  qui fait que cela ne se produit pas comme ça devrait. Sans trop se tromper, on peut avancer que c’est tout de même dû la plupart du temps aux personnages et à leur niveau général d’aptitude, de compréhension ou de perspicacité. Voilà ce qu’il disait récemment dans un interview accordé à PlaneteBD.com, dans le cadre du festival d’Angoulême à l’occasion duquel il présentait « L’antre du Basilic », sa dernière BD inspirée de l’univers Kaamelott.

alexandre_astier_kaamelott_jeux_video_medieval_fantastique_heroic_fantasy_humour« … Les aventures qui leur arrivent (aux héros de Kaamelott) sont « hyper » heroïc fantasy. C’est même du lieu commun de l’Heroïc Fantasy. C’est tiré d’un Donjons & Dragons ou d’un Warhammer parce que justement la petite couche qu’il y a, par dessus, c’est qu’ils n’y arrivent pas; ça, c’est ma mayonnaise à moi, mais tout est fait pour qu’ils puissent y arriver. »
Alexandre Astier – Janvier 2018 – Interview pour PlaneteBD.com

Pour le reste et concernant ce clin d’oeil croisé du jour à la série télé culte et au jeu The Witcher, on sait aussi que l’auteur de Kaamelott  apprécie l’univers des jeux vidéo. On se souvient d’une campagne de publicité pour World of Warcraft à laquelle il avait prêté sa contribution en 2008 ou même de sa participation, début 2017, à un doublage pour le jeu Mass Effect Andromeda. Côté hardcore Gaming, même si ses nombreuses activités lui laissent sans doute peu le temps de jouer, on peut encore retrouver son Top 5 sur la châine youtube du site Jeuxvideos.com : le Top 5 des jeux vidéo d’Alexandre Astier.

kaamelott_perceval_karadoc_semi-croustillants_serie_TV_francaise_alexandre_astier_moyen-age_medieval_fantastique

Les semi-croustillants, binôme de choc

D_lettrine_moyen_age_passionans la série des associations improbables de la série Kaamelott, il faut donc compter sur le binôme formé par le légendaire Perceval de Galles et le nettement moins célèbre et pourtant sans doute inspiré aussi des légendes arthuriennes  Karadoc de Vannes.

La destinée de Perceval

Le premier, Perceval (Franck Pitiot à l’écran), est supérieurement intelligent, tout en restant, pourtant, relativement non-comprenant. Un brin « autistique » (au sens élargi et non clinique du terme), il est passionné d’astronomie et de sciences et même doté d’un don inexplicable pour les chiffres. Pour peu, il aurait presque certains traits d’un Dustin Hoffman dans Rain man.

Comme le Perceval des légendes arthuriennes, « il a un destin » mais  force est de constater qu’il ne l’a pas encore croisé. Pour être juste, il l’a, en réalité, fait quelques fois, mais il ne s’en est pas rendu compte. Les quelques hauts faits militaires dont il est l’auteur se sont perdus suite à une erreur commise par l’intéressé. Il n’a en effet rien trouvé de mieux que de se vautrer sur son propre patronyme, en indiquant s’appeler : Provençal le Gaulois. Du côté de la Sainte quête, il a aussi réussi à bazarder en chemin quelques reliques sacrées dont les clous de la Sainte Croix et le Saint-suaire. Le plus souvent quand même, ses faits restent d’une platitude affligeante ou se résument à se faire mordre par son cheval ou encore à rencontrer « des vieux tout moisis » et imaginaires, bref à des actes manqués.

alexandre_astier_kaamelott_serie_televisee_humour_moyen-age« Le Saint-Suaire ? Vous avez foutu en l’air le Saint-Suaire ???? »
Roi Arthur – Kaamelott – Alexandre Astier

Quant à la quête du Graal, notre preux chevalier s’est lui-même persuadé que « si Joseph d’Arimathie a pas été trop con, vous pouvez être sûr que le Graal, c’est un bocal à anchois ».  L’affaire est donc plutôt mal engagée. Du reste, il ne fait pas montre d’une grande assiduité à le trouver et on pourrait même presque se demander s’il n’est pas déjà passé à côté, plusieurs fois, sans s’en apercevoir. Notons que de ce côté là, le Perceval de la légende ne peut pas tellement en rabattre non plus.

Karadoc de Vannes, entre Obélix et Jacquouille ?

I_lettrine_moyen_age_passion copianspiré  peut-être de très loin de Caradoc Freichfras ou Briefbras ou encore Karadawc Vreichbras (Caradoc bras-court ou bras-fort), le Karadoc de Kaamelott (Jean-Christophe Hembert à l’écran) n’en a, semble-t-il et à une lettre près, hérité que le prénom. Son homologue légendaire est d’ailleurs gallois et pas de Vannes et les récits arthurien lui prêtent tout de même quelques exploits, ce qui n’est pas vraiment le cas de celui de la série qui brille surtout par sa voracité et aussi, il faut bien le dire, sa nullité,

karadoc_kaamelott_legende_medievale_roi_arthur_genial_alexandre_astier« Les chicots, c’est sacré ! Parce que si j’les lave pas maintenant, dans dix ans, c’est tout à la soupe. Et l’mec qui me fera manger de la soupe il est pas né ! »
Karadoc KaamelottAlexandre Astier

Largement moins nanti intellectuellement et aussi bien plus rabelaisien que son compère Perceval, Karadoc hérite de quelques archétypes « gaulois » mais peut-être encore plus « moyenâgeux ». Morfal, tout en restant tout de même d’une grande exigence sur la qualité des produits qu’il ingère, il  ne pense qu’à la mangeaille et va même jusqu’à se lever la nuit, à heures régulières, pour faire d’interminables casse-croûtes.

Du point de vue de l’hygiène, mis à part ses « chicots » qu’il considère comme sacro-saints (et pour cause), il pue, il pète et ne se lave pratiquement jamais même si l’occasion lui sera toutefois  donnée, en cours de route, de s’amender en découvrant les plaisirs du bain. Disons-le quand même, le fait de pouvoir casser une graine tout en faisant trempette sera pour beaucoup dans cette conversion tardive.

Les semi-croustillants, unis pour le meilleur,
mais surtout pour le pire

perceval_kaamelott_alexandre_astier_legendes_arthuriennes_medieval« …Je lui ai expliqué une nouvelle technique de combat : on se bat à moitié à mains nues, et à moitié avec du calcium. J’peux vous dire il faisait moins le malin !«   Perceval – Kaamelott – Alexandre Astier

P_lettrine_moyen_age_passion copiareuve éclatante que 1+1 n’est pas toujours égal à 2 mais peut même quelquefois produire un résultat voisin de 0, le binôme de choc formé par Perceval et Karadoc passe plus de temps à ripailler et à glander qu’à courir après la gloire, les actions chevaleresques  ou même le Graal. De fait, quelque soit les routes qu’ils empruntent, ils passent leur temps à vérifier l’adage que « tous les chemins mènent à la taverne ». Avec une ardoise « longue comme un jour sans pain » (sic), les deux lurons finiront même par devoir s’acquitter (avec inefficacité) de leur dette et décideront même d’y installer leur QG au moment de fonder leur clan « autonome » (c’est vite dit) : les semi-croustillants.

Avant cela, ils seront passés maîtres en recherche expérimentale dans le domaine des Arts Martiaux douteux et abscons et la série nous aura gratifié de nombreux épisodes dans lesquels les deux compères s’essayent aux techniques les plus débiles et « non sensiques ». Les quelques citations qui émaillent cet article nous en fournissent un bon échantillon.

karadoc_kaamelott_legende_medievale_roi_arthur_genial_alexandre_astier

« Tout à l’heure, on a vu que le chapelet de saucisses n’était pas un objet redondant. Et pourtant, on a pu lui trouver une utilisation périmétrique en s’en servant comme un fouet. »
Karadoc – Kaamelott – Alexandre Astier


The Witcher – Le jeu Vidéo

G_lettrine_moyen_age_passionrande saga médiéval-fantastique du studio polonais CD Projekt , The witcher est un jeu vidéo de type action/Jeu-de-rôle (RPG) qui a eu un franc succès depuis sa sortie en 2007, au point d’avoir connu déjà deux suites.

the_witcher_jeu_video_medieval_fantaisie_RPG_moyen-age_fantastiqueBasé sur l’oeuvre de l’écrivain  Andrzej Sapkowski, le joueur y incarne Geralt de Riv, un « sorceleur »,  sorte de mage guerrier hybride, pourfendeur de monstres   maléfiques et qui vit solitaire et en marge de la communauté des hommes.

Développé sur le moteur Aurora Engine de BioWare recustomisé à la sauce CD Projekt, le jeu vidéo présente un univers graphique de suberbe qualité et notamment un environnement urbain médiéval  époustouflant.  Une ville immense et vivante, Novigrad, a été, en effet, créée de toutes pièces pour l’occasion. Voici une petite vidéo pour vous permettre de vous en faire une idée :

The Witcher un tour dans Novigrad

D_lettrine_moyen_age_passionu côté de TheWitcher, on trouve ça et là quelques clins d’oeil plus que de véritables références aux légendes arthuriennes avec, par exemple, une une quête autour d’une étrange épée magique sortant de l’eau faisant intervenir une certaine dame du lac.

Sorti en 2015, le troisième opus de la Saga a été salué par les Game Awards et a été notamment sacré meilleur jeu de l’année et meilleur RPG. Un film, ainsi qu’une série inspirée de l’oeuvre écrite, mais surtout du jeu vidéo, sont actuellement en préparation.

Disons-le toutefois, pour ne pas faire de déçus, dans le jeu comme au cinéma, il ne fait pas s’attendre à  y retrouver les Semi-croustillants et leurs exploits. Dommage ! On aurait été curieux de les voir à l’oeuvre aux côtés de Geralt de Riv, faisant étalage de leurs techniques les plus novatrices en matière de combat au corps à corps, comme celle que nous exposait encore ici le très affûté Perceval de Kaamelott :

perceval_kaamelott_alexandre_astier_legendes_arthuriennes_medieval« En plus je connais une technique pour tuer trois hommes en un coup rien qu’avec des feuilles mortes ! Alors là, vous êtes deux, vous avez bien de la chance. » Perceval – Kaamelott – Alexandre Astier

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Agenda : Salon Normannia 2018, Rouen à l’heure du médiéval-fantastique

agenda_salon_animations_medieval_fantastique_normannia_rouen_normandieSujet : agenda, salon médiéval, animations, médiéval-fantastique, reconstituteurs, marché historique
Nom : Normannia 2018, 2e édition
Lieu : Parc expo Rouen, Seine-maritime Normandie, 
Dates :
du 24 au 25 février 2018
Organisateur : Fédération Française Médiévale

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionprès une première édition 2017 réussie, le salon Normannia se réinvite, cette fin de semaine, à l’espace Parc Exposition de Rouen. L’événement avait accueilli l’année dernière plusieurs milliers de visiteurs et la Fédération Française Médiévale qui l’organise compte bien s’assurer du succès de cette nouvelle mouture qui mêlera comme la précédente, moyen-âge, médiéval  fantaisie et steampunk.

De fait, la liste des exposants, artisans, troupes et compagnies qui viendront cette année, dépasse les 250 intervenants, soit 100 de plus que l’année dernière.

Affiche non officielle - Création Moyenagepassion.com - @fred_effe
Affiche non officielle – Création Moyenagepassion.com – fredeffe

Animations et divertissement en continu

E_lettrine_moyen_age_passionntre conteurs, théâtre, scénettes, jongleries, danses, musiques anciennes et médiévales ou groupes d’influence plus résolument folk ou pagan-folk, du côté des divertissements, les allées du salon seront animées en continu tout au long des deux jours. On pourra aussi compter sur les parades en costume de personnages, guerriers ou vikings en provenance du moyen-âge mais encore de créatures tout droit sorties d’un roman de fantasy ou de l’univers étrange et mâtiné de futurisme rétro, caractéristique du Steampunk. Un grand concours sera même organisé le dimanche à l’attention des visiteurs costumés sur des thèmes qui couvriront ceux du salon : le moyen-âge, le médiéval fantastique et le Steampunk donc.

Village, campements et tournoi viking

normannia_2018_rouen_agenda_salon_evenement_animations_medieval_fantastique_normandieNormandie et terres de Rollon obligent, il y a aura également sur place un grand village et ses nombreux campements pour représenter les vikings. Il sera, comme il se doit, animé par des reconstituteurs et compagnies spécialisés sur les peuplades nordiques du moyen-âge. Il y aura même, cette année, un tournoi  de combat et de duels vikings totalement original et inédit, puisqu’inauguré pour la première fois par la Fédération en charge de l’organisation du salon.

Concert de Luc Arbogast

Côté temps fort, le samedi en soirée,  un grand concert est prévu du désormais célèbre contre-ténor Luc Arbogast.
(réservations fortement conseillées)

Dépôt-vente & enchères d’objets d’inspiration historique

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour clore cette présentation, ajoutons qu’en plus des nombreux exposants présents, les passionnés d’histoire vivante  ou reconstituteurs désireux d’acquérir ou même de se séparer de leurs objets collectors pourront encore trouver, au sein du salon, un dépôt-vente géré par l’organisation pour faciliter leurs échanges ou même, s’ils le préfèrent, des cessions de ventes aux enchères.

Enfin, il ne sera pas dit qu’un normand vous laissera jamais mourir de faim ou de soif en ses terres. A en juger par la liste des exposants, tout est, en effet, largement  prévu  pour se restaurer copieusement sur place.

Renseignements et programme ici – Facebook de l’événement

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Ballade « médiévale »: le moyen-âge de Victor Hugo, inspiré par Bürger et marié au folk de Malicorne

poesie_ballade_medievale_victor_hugo_XIXe_Sujet : chanson, poésie, musique, folk celtique, ballade romantique, ballade médiévale, médiévalisme, poésie d’inspiration médiévale.
Période : moyen-âge fantastique, gothique
XVIIIe, IXe, XXe siècle
Auteur  : Victor Hugo (1802-1885), odes et ballades (1828)
Titre : La fiancée du timbalier
Interprètes : Malicorne
Extrait de l’album : Malicorne 4 « Nous sommes chanteurs de sornettes », 1977 (Sony Music)

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaetit plaisir du jour, suite à notre article sur l’Histoire de la ballade médiévale et ses évolutions jusqu’au XIXe siècle, voici justement une poésie de Victor Hugo teintée de moyen-âge et mise en musique par le groupe folk-celtique Malicorne.

En réalité, du point de vue de sa datation, cette chanson n’a absolument rien de médiéval  puisque son texte remonte aux années 1828. Outre qu’elle demeure fort agréable à écouter – la belle voix de Gabriel Yacoub se coulant toujours parfaitement dans ce style de texte – elle permet aussi de mieux illustrer le procédé littéraire par lequel Victor Hugo crée une facture et une ambiance médiévale sur une toile de fond historique qui pourtant ne l’est pas. Loin des grandes guerres et échauffourées  du moyen-âge, cette ballade a, en effet, pour contexte la bataille de Prague de 1757 qui, pendant la guerre de sept ans, opposa violemment les prussiens aux autrichiens. Elle fut d’ailleurs l’une des plus meurtrières du XVIIIe siècle avec plusieurs dizaines des milliers d’hommes tués ou blessés de chaque bord.

Bataille de Prague 1757, mort du Maréchal Von Schwerin sur le champ de bataille, peinture de Johann Christoph Frisch (1738-1815)
Bataille de Prague 1757, mort du Maréchal Von Schwerin sur le champ de bataille, peinture de Johann Christoph Frisch (1738-1815)

Cette ballade dramatique et romantique de Victor Hugo se situe dans le contexte de cette bataille, au retour des troupes et il nous conte les déboires d’une jeune fille attendant son bien-aimé, parti au combat. En s’apercevant qu’il ne reviendra pas, elle mourra sur le coup. Il n’est donc pas question de récit historique et on s’inscrit ici clairement dans l’univers de la fiction et même du conte. Sur sa toile de fond autant que sur le récit, cette poésie a été directement inspirée à Hugo par le poète allemand Gottfried August  Bürger  (1748-1794), auteur romantique que l’on crédite d’avoir été, dans le courant du XVIIIe siècle, l’un des pionniers de ces nouvelles « ballades » d’inspiration médiévale.

Lénore, une ballade fantastique et gothique  du Gottfried August Bürger

E_lettrine_moyen_age_passionn 1774, cet auteur, célèbre par ailleurs pour son adaptation ou même, peut-on dire pour sa réécriture en  allemand des Fabuleuses Aventures du Légendaire Baron de Munchhausen (que Terry Gilliam porta à l’écran). publia, dans un magazine allemand, une ballade romantique ayant pour titre  Lénore et qui fit date.

Burger_lenore_poesie_balllade_medieval_fantastique_gothique_allemandeBien plus gothique et fantastique  que le traitement qu’a choisi d’en faire Victor Hugo dans son adaptation, il y était aussi question d’une jeune fille attendant le retour de son bien-aimé de la bataille de Prague. Dès le début du texte, ne le voyant pas revenir, elle invoquera la mort et son voeu se verra exaucé d’une étrange manière, tout au long de la ballade. Précisons que le « médiéval fantastique » dont il est question ici n’est pas encore teinté de fortes racines celtiques ou nordiques tel qu’on pourra le retrouver au XXe siècle après JJR Tolkien et la littérature Heroic fantasy. Nous sommes avec Lénore dans un fantastique qui mêle macabre, univers gothique et romantisme, et qui renvoie d’assez près justement à l’imagerie du macabre médiéval tel qu’il se constitue, en occident dans le courant du moyen-âge central (voir le thème de la mort dans la littérature française médiévale, Marie-thèrese Lorcin, À réveiller les morts : La Mort au quotidien dans l’Occident médiéval)


Voici quelques courts extraits de cette ballade de Bürgen, tirés d’une adaptation française versifiée de 1854.; elle ne peut certainement pas rendre totalement justice à l’original, mais elle nous permet au moins de l’approcher  :

D’un songe affreux Lénore poursuivie
Au point du jour se réveilla soudain.
« Mon cher Wilhelm, as-tu perdu la vie ?
Es-tu parjure ou te verrai-je enfin ? »
Sous Frédéric il partit pour l’armée,
Et combattit à Prague en bon hussard :
Mais depuis lors sa jeune bien-aimée
Ne reçut plus de lettres de sa part.

Les troupes sont de retour, l’amant de la jeune fille n’en fait pas partie et elle s’effondre, comprenant qu’elle l’a perdu.

… La mère accourt et vers elle s’élance :
« Que vois-je ? ô Dieu ! Qu’as-tu, ma chère enfant ?
Viens dans mes bras, parle avec confiance,
Dis-moi ton mal : je t’écoute en tremblant »
– Oh ! c’en est fait ; tout est perdu, ma mère !
Tout est perdu ! Hélas ! Wilhem est mort !
Il n’est plus rien qui m’attache à la terre:
Dieu, sans pitié, m’abandonne à mon sort !

… Oh ! C’en ait fait! Wilhem est mort, ma mère !
Il est perdu, oui, perdu sans retour :
Il n’est pour moi plus de bonheur sur terre !
Pourquoi faut-il qu’on m’est donné le jour ?
Mort ! Frappe-moi, brise mon existence,
Et qu’à jamais mon nom soit oublié !
Jouis, ô Dieu! Jouis de ma souffrance,
Puisque pour moi tu n’as pas de pitié.

Suite à ce « voeu », le fiancé viendra bientôt chercher la jeune fille à la nuit. Toute à sa joie, la belle tardera à comprendre que sous le visage de son amant, c’est en réalité la mort qui est venue la prendre pour la guider jusqu’à sa perte et réaliser son voeu. Sans se révéler, la Camarde fardé  et en armure de chevalier l’amènera sur sa monture, à travers la campagne et jusqu’au lit nuptial (le tombeau), dans un voyage gothique et fantastique qu’on imaginerait avoir tout à fait sa place dans l’univers d’un Tim Burton :

Vois-tu vois-tu l’étrange phénomène ?
Au clair de lune, on aperçoit là-bas
Sous le gibet la gent aérienne* (les noirs corbeaux),
Qui danse en rond et qui prend ses ébats.
« Ah ! ça, venez et suivez-nous, canailles !
Je vous voir décorer notre bal;
Vous ouvrirez la danse à nos fiançailles,
Et nous suivrez jusqu’au lit nuptial!

Bürger, Lénore – 1774 – Traduction française de 1854


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Les morts vont vite, toile de Ary Scheffer (1830) sur le thème de Lénore de Bürger, Exposée au musée de la vie romantique à Paris.

T_lettrine_moyen_age_passionhème du blasphème qui prend un tour fantastique avec cette mort invoquée sans y penser vraiment et qui répond à l’invitation de la jeune fille, thème aussi de la mort et de l’érotisme avec ce lit nuptial devenu le tombeau des amants, thème romantique bien sûr des amants unis dans leur fin, le tout dans un univers gothique et une imagerie macabre qui renvoient à des origines clairement médiévales, cette ballade de Bürger fut traduite maintes fois dans d’autres langues et inspira de nombreux auteurs hors de l’Allemagne mais également d’autres artistes comme le peintre Ary Scheffer, considéré comme un des maîtres de la peinture romantique (voir tableau ci-dessus).

Dans son approche du récit, Victor Hugo a, quant à lui, plutôt choisi de se centrer sur le long défilé des troupes, en utilisant un grand renfort d’images et de vocables évocateurs pour nous immerger dans une ambiance médiévale prégnante. En modifiant le déroulement de l’histoire, il privilégie l’attente, l’espoir et met aussi le suspense en exergue. Le thème du blasphème, comme celui du macabre et de l’épopée nocturne et gothique sont, de fait, évacués de sa version (il aura l’occasion d’y revenir dans d’autres textes). L’idée romantique et peut-être aussi, finalement, fantastique, résidera ici dans le trépas soudain de la jeune fille, incapable de survivre à la disparition de son amant.

La chanson de Malicorne inspirée par Hugo

Chanson tirée de l’album Malicorne 4

Daté de 1977, le très réussi et salué album studio Malicorne 4 présentait des chansons traditionnelles françaises revisitées à la manière folk, celtique et « rock-progressif » du groupe. Dans ce corpus, la chanson La fiancée du timbalier (joueur de timbales) était d’ailleurs la seule qui soit album_malicorne_4_chanson_ballade_poetique_folk_medieval_fiancee_du_timbalier_victor_hugorattachée à un auteur connu et identifié. On trouve toujours l’album à la vente au format CD : Malicorne 4 format CD.

D’autres versions vinyle devenues collectors et plus onéreuses peuvent également être débusquées (en voici une disponible au moment de cet article: Malicorne Vol.4  format Vynile )

Concernant cette poésie de Victor Hugo, le compositeur et pianiste Camille Saint-Saëns l’avait lui-même mise en musique dans le courant du XIXe siècle, avec une version pour piano et également une version pour piano/chant nettement plus lyrique (voir partition sur archive.org).

La fiancée du timbalier de Victor Hugo
ballade du XIXe aux couleurs médiévales

 Monseigneur le duc de Bretagne 
A, pour les combats meurtriers, 
Convoqué de Nante à Mortagne, 
Dans la plaine et sur la montagne, 
L’arrière-ban de ses guerriers.

Ce sont des barons dont les armes 
Ornent des forts ceints d’un fossé ; 
Des preux vieillis dans les alarmes, 
Des écuyers, des hommes d’armes ; 
L’un d’entre eux est mon fiancé.

Il est parti pour l’Aquitaine 
Comme timbalier, et pourtant
On le prend pour un capitaine, 
Rien qu’à voir sa mine hautaine, 
Et son pourpoint, d’or éclatant !

Depuis ce jour, l’effroi m’agite. 
J’ai dit, joignant son sort au mien :
– Ma patronne, sainte Brigitte, 
Pour que jamais il ne le quitte, 
Surveillez son ange gardien ! –

J’ai dit à notre abbé : – Messire, 
Priez bien pour tous nos soldats ! –
Et, comme on sait qu’il le désire, 
J’ai brûlé trois cierges de cire 
Sur la châsse de saint Gildas.

À Notre-Dame de Lorette 
J’ai promis, dans mon noir chagrin, 
D’attacher sur ma gorgerette, 
Fermée à la vue indiscrète, 
Les coquilles du pèlerin.

Il n’a pu, par d’amoureux gages, 
Absent, consoler mes foyers ; 
Pour porter les tendres messages, 
La vassale n’a point de pages, 
Le vassal n’a pas d’écuyers.

Il doit aujourd’hui de la guerre 
Revenir avec monseigneur ; 
Ce n’est plus un amant vulgaire ;
Je lève un front baissé naguère, 
Et mon orgueil est du bonheur !

Le duc triomphant nous rapporte
Son drapeau dans les camps froissé ; 
Venez tous sous la vieille porte 
Voir passer la brillante escorte, 
Et le prince, et mon fiancé !

Venez voir pour ce jour de fête 
Son cheval caparaçonné, 
Qui sous son poids hennit, s’arrête, 
Et marche en secouant la tête, 
De plumes rouges couronné !

Mes soeurs, à vous parer si lentes, 
Venez voir près de mon vainqueur 
Ces timbales étincelantes 
Qui sous sa main toujours tremblantes, 
Sonnent, et font bondir le coeur !

Venez surtout le voir lui-même
Sous le manteau que j’ai brodé. 
Qu’il sera beau ! c’est lui que j’aime ! 
Il porte comme un diadème 
Son casque, de crins inondé !

L’Égyptienne sacrilège,
M’attirant derrière un pilier, 
M’a dit hier (Dieu nous protège !) 
Qu’à la fanfare du cortège 
Il manquerait un timbalier.

Mais j’ai tant prié, que j’espère ! 
Quoique, me montrant de la main 
Un sépulcre, son noir repaire, 
La vieille aux regards de vipère 
M’ait dit : – Je t’attends là demain !

Volons ! plus de noires pensées ! 
Ce sont les tambours que j’entends. 
Voici les dames entassées, 
Les tentes de pourpre dressées, 
Les fleurs, et les drapeaux flottants.

Sur deux rangs le cortège ondoie : 
D’abord, les piquiers aux pas lourds ;
Puis, sous l’étendard qu’on déploie, 
Les barons, en robe de soie, 
Avec leurs toques de velours.

Voici les chasubles des prêtres ; 
Les hérauts sur un blanc coursier. 
Tous, en souvenir des ancêtres, 
Portent l’écusson de leurs maîtres,
Peint sur leur corselet d’acier.

Admirez l’armure persane 
Des templiers, craints de l’enfer ; 
Et, sous la longue pertuisane, 
Les archers venus de Lausanne,
Vêtus de buffle, armés de fer.

Le duc n’est pas loin : ses bannières
Flottent parmi les chevaliers ;
Quelques enseignes prisonnières,
Honteuses, passent les dernières…
Mes soeurs ! voici les timbaliers !… « 

Elle dit, et sa vue errante 
Plonge, hélas ! dans les rangs pressés ; 
Puis, dans la foule indifférente,
Elle tomba, froide et mourante…
Les timbaliers étaient passés.

Une belle journée à tous et une bonne écoute !

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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Agenda : un beau festival du livre médiéval et de l’imaginaire à Châteaugiron

blason_armoirie_heraldique_chateaugiron_bretagne_festival_livre_medieval_et_imaginaireSujet ;  agenda médiéval, salon, livre médiéval, heroïc fantasy, médiéval fantaisie, médiéval fantastique
Nom:  Les enchanteurs, festival du livre médiéval et de l’imaginaire
Lieu : Châteaugiron, Ille-et-Vilaine, Bretagne
Dates : les 25 et 26 novembre 2017

Bonjour à tous,

U_lettrine_moyen_age_passionn très bel événement est à retenir, cette fin de semaine, sur l’agenda médiéval pour tous ceux d’entre vous qui se trouvent en Bretagne : le 6e Festival du livre médiéval et de l’imaginaire, à Châteaugiron.

Organisé par la communauté de communes du pays de Châteaugiron entourée de nombreux partenaires, ce festival recevra durant tout le week end en les murs de son château mais aussi autour, de nombreux auteurs et créateurs. Au delà de cet aspect salon, il promet encore de très belles animations thématiques autour  du monde médiéval et de l’imaginaire.

agenda_festival_medieval_livre_moyen-age_imaginaire_fantastique_legendes_bretonnes_chateaugiron_bretagneAvant de poursuivre et au titre de ces partenaires privilégiés, mentionnons ici que l’événement compte le Centre de l’Imaginaire ArthurienInstallé au coeur de la forêt de Brocéliande, ce dernier propose à l’année de nombreuses animations de qualité autour de la célèbre légende du Graal et des chevaliers de la table ronde et il sera présent, tout au long de ce week end sur le site, aux côtés d’autres artistes et compagnies médiévales.

Moyen-âge historique ou plus fictionnel et rêvé, il sera donc question durant ces  deux jours à Châteaugiron, d’approcher ces deux univers mais, vous le savez, tous les moyen-âge(s) nous interpellent ici a fortiori quand la rencontre s’annonce de qualité.

Le programme des réjouissances

Pour cette 6eme édition, la Nature sera à l’honneur. Nature nourricière et domestiquée, sans laquelle même le plus urbanisé des hommes ne saurait survivre, c’est ici plus favorablement la Nature rêvée qui sera invitée,  celle qui sait se parer des plus profonds mystères pour inspirer les contes les plus merveilleux et la littérature. (Ah ! Quel lecteur de Tolkien n’a marché, au moins une fois à sa suite et avec délice, sur le sol moussu d’une forêt profonde,  à la rencontre des Elfes ? )

Auteurs, illustrateurs, photographes 

festival_salon_livre_medieval_animations_fetes_moyen-age_historique_fantastique_chateaugiron_bretagneDu roman ou de la BD historique, aux genres les plus fictionnels et fantastiques, en passant même par l’archéologie médiévale, ils seront plus de vingt-huit auteurs et créatifs à Châteaugiron, ce week end pour répondre aux questions des visiteurs et dédicacer leurs oeuvres.

Amour et célébration du livre obligent, le festival sera aussi l’occasion de riches rencontres littéraires autour de l’Histoire, de la nature, ou du thème du héros dans la littérature fantaisie ou fantastique.  Du côté des créations graphiques et visuelles, On notera  encore trois belles expositions dont une du photographe Philippe Manguin sur la forêt de Brocéliande.

Animations médiévales, théâtre, contes, danses, musiques & farces

En dehors des livres, le grand divertissement ne sera pas en reste puisque le festival lui ménage une large place : spectacles équestres, musiques médiévales et danses anciennes, parades déambulatoires et festives, défilé de costumes sur le thème « Natures extravagantes », contes en continu autour de Brocéliande, scénettes et théâtre humoristiques ( il y aura même des farces du XVIe en français ancien ), visite guidée et animée des rues de la ville sur les pas d’un « veilleur de nuit » qui vous ménagera bien des surprises, et ce ne sont là que quelques unes  des réjouissances et festival_salon_livre_medieval_animations_moyen-age_historique_fantastique_chateaugiron_bretagnedes animations prévues.

Pour les plus actifs et prompts à l’exercice, il y aura aussi du tir à l’arc, de l’accrotour et un tournoi de « TrollBall », mélange de jeu de rôle grandeur nature et de sport.

Marché médiéval et Ripailles « tavernicoles »

Côté emplettes, l’événement propose un marché médiéval et du côté gastronomique, les affamés trouveront largement de quoi ripailler auprès des maîtres queux, crêpiers, rôtisseurs ou vendeurs de bière et d’hypocras, venus pour l’occasion.

Télécharger le programme complet du Festival du livre médiéval et imaginaire 2017.

Consulter le site officiel  –  Rejoindre la page FB de l’événement

En vous souhaitant une belle journée et un excellent festival à Châteaugiron, si vous avez l’opportunité de vous y rendre.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.