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Rose des Roses, la Cantiga de Santa Maria 10 avec Marina Lys, artiste et trobairitz passionnée

cantigas_santa_maria_10_rose_des_roses_culte_mariale_vierge_marie_moyen-ageSujet :  musique médiévale, Cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, Sainte-Marie, rose, littérature courtoise, chant médiéval chrétien.
Epoque : moyen-âge central, XIIIe siècle
Auteur :  Alphonse X  (1221-1284)
Titre :  Cantiga 10 rosas das rosas
Interprète : Marina Lys  (2015) 
Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous poursuivons ici notre présentation, adaptation et traduction des Cantigas de Santa Maria, qui nous viennent de l’Espagne médiévale du XIIIe siècle et du règne d’Alphonse X le Sage.

Aujourd’hui, c’est une des plus célèbres de ces cantigas que nous abordons : la dixième. Elle est, comme toutes les autres, en galaïco-cantigas_santa_maria_10_chant_culte_marial_medieval_litterature_galaico-portugaise_alphonse_X_moyen-age_cental_XIIIe  portugais, elle a pour titre « Rosa das Rosas » (rose d’entre les roses) et c’est une chant allégorique entre la rose, fleur des fleurs de l’occident médiéval et la Sainte vierge. Nous sommes donc à nouveau au coeur du culte marial si prégnant au moyen-âge central, et nous verrons en particulier ici comment cette place réservée à la sainte a pu hériter dans certains textes ou chants chrétiens d’alors, d’aspects  tout droit sortis de la littérature profane des XIIe, XIIIe siècles, et notamment de la lyrique courtoise des troubadours et de leur fin’amor (ou fine amor).

Pour parler de cette Cantiga, nous avons choisi une belle version de l’artiste, chanteuse et musicienne Marina Lys que cet article va aussi nous donner le grand plaisir de vous présenter.

La Cantiga Santa Maria 10 : Rosa das rosas par Marina Lys

Marina Lys, chanteuse, musicienne et belle égérie  sur la route des fêtes médiévales

F_lettrine_moyen_age_passion-copiaormée au conservatoire de musique d’Orly, Marina  Lys excelle autant dans le chant que dans les instruments à cordes ou à archet.

A ses premières passions pour la guitare, du registre Jazz manouche au classique,  son goût pour les musiques anciennes et médiévales l’a rapidement conduite à compléter sa formation pour y ajouter, sous la houlette d’artistes et professeurs reconnus dans ce domaine, le chant mais encore des instruments aussi variés que la vièle à archet, le luth, le luthare, le bouzouki irlandais, la flûte et même la harpe ou la harpe-lyre, à l’occasion.

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Le travail artistique de Marina évolue des chants chrétiens anciens aux envoûtantes mélopées séfarades du moyen-âge central, en passant par des registres plus variés et folkloriques (tziganes, celtiques ou nordiques) mais toujours inspirés par les musiques anciennes. Entre restitution historique, émotion et adaptations artistiques plus libres, elle déroule encore ses talents vocaux dans un répertoire qui couvre près de dix langues, de l’araméen, à l’hébreu, en passant par le latin, le serbe, le galaïco-portugais, le tzigane russe ou encore le suédois.

A la manière de bien des artistes, trouvères ou trobairitz des XIIe et XIIIe siècles, c’est, pour l’instant, de manière itinérante que Marina a décidé de faire partager sa passion pour les musiques anciennes, bien décidée à  les faire découvrir au plus large public. Aussi, c’est dans l’ambiance enjouée d’une belle fête médiévale, dans la fraîcheur  et l’atmosphère propice d’une église, ou encore dans un beau jardin,, au milieu d’un parterre jadys_marinas_lys_compagnies_animations_musiques_danses_inspirtations_medievalesde fleurs, que vous pourrez avoir le plaisir de la rencontrer et de découvrir son art.

Elle ne sera d’ailleurs pas toujours seule puisqu’elle a fondé en 2012 la troupe  musicale  « Jàdys » qui se dédie à un répertoire d’inspiration festif plus ouvert : musiques tzigano-médiévales et danses  et chants du monde, au programme. Trois ans après sa création, le travail artistique de la formation a d’ailleurs été salué par la Fédération Française des Fêtes et Spectacles Historiques et lui a valu d’être distinguée comme le meilleur groupe 2014-2015.

Voici de liens utiles pour plus d’informations sur son art et son actualité  : Facebook officiel Site web – FB de la compagnie Jàdys

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Rosa das rosas, les  paroles de la Cantiga 10  et leur traduction en français moderne

Questa è di lode a Santa Maria, come è bella e buona e ha gran potere.

Cette Cantiga est une louange à Sainte-Marie, à sa beauté et sa bonté et à son grand pouvoir.

Rosa das rosas e Fror das frores,
Dona das donas, Sennor das sennores.

Rose d’entre les roses, fleur d’entre les fleurs
Dame d’entre les dames, reine d’entre les reines 

Rosa de beldad’ e de parecer
e Fror d’alegria e de prazer,
Dona en mui piadosa ser
Sennor en toller coitas e doores.
Rosa das rosas e Fror das frores,
Dona das donas, Sennor das sennores.

Rose de beauté et belle apparence
Et fleur de joie et de plaisir.
Dame de grande piété (miséricorde)
Reine pour ôter peines et douleurs
Rose d’entre les roses, fleur d’entre les fleurs
Dame d’entre les dames, reine d’entre les reines 

Atal Sennor dev’ ome muit’ amar,
que de todo mal o pode guardar;
e pode-ll’ os peccados perdõar,
que faz no mundo per maos sabores.
Rosa das rosas e Fror das frores,
Dona das donas, Sennor das sennores.

Telle seigneuresse* (reine) doit-on bien aimer
Qui de tout le mal nous peut préserver
Et peut pardonner pour tous les péchés
Qu’on fait dans le monde  par mauvais goût ( à mauvais escient)
Rose d’entre les roses, fleur d’entre les fleurs
Dame d’entre les dames, reine d’entre les reines

Devemo-la muit’ amar e servir,
ca punna de nos guardar de falir;
des i dos erros nos faz repentir,
que nos fazemos come pecadores.
Rosa das rosas e Fror das frores,
Dona das donas, Sennor das sennores.

Nous devons l’aimer (beaucoup) et bien la servir
Car elle peut nous garder des fautes
Et  nous faire repentir des erreurs
Que nous commettons, nous, pécheurs,
Rose d’entre les roses, fleur d’entre les fleurs
Dame d’entre les dames, reine d’entre les reines

Esta dona que tenno por Sennore
de que quero seer trobador,
se eu per ren poss’ aver seu amor,
dou ao demo os outros amores.
Rosa das rosas e Fror das frores,
Dona das donas, Sennor das sennores.

Cette dame là que je tiens pour reine
et dont je veux être le troubadour
Si je pouvais obtenir (gracieusement) son amour
Je laisserai au démon tous les autres amours
Rose d’entre les roses, fleur d’entre les fleurs
Dame d’entre les dames, reine d’entre les reines

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Culte Marial et lyrique courtoise
Littérature profane, littérature religieuse

A_lettrine_moyen_age_passionvec cette Cantiga 10 et ses louanges à la Sainte-Vierge, nous nous situons dans le registre du grand chant « adapté » de la lyrique courtoise profane, appliqué au culte marial. Ici, le croyant s’assimile en effet lui-même au troubadour et les sentiments voués à la Sainte viennent pratiquement se calquer sur la lyrique courtoise, ou y être transposés. C’en est même au point que le poète se dit prêt à « jeter au diable »  toutes ses autres amours s’il gagnait l’amour de la Vierge.

A partir de son émergence à la fin du XIIe et dans le courant du siècle suivant, c’est une tendance que l’on retrouvera souvent dans le culte marial. Certains médiévistes feront même l’hypothèse que l’entrée de la lyrique courtoise au sein des chants liturgiques et de la littérature religieuse mariale a été une forme de réponse cantiga_de_santa_maria_10_rosa_das_rosas_culte_mariale_partition_musique_chanson_medievale_XIIIe_siecle« politique » pour, en quelque sorte, reprendre à son compte les éléments de la littérature profane, tout en proposant une alternative pieuse et acceptable à la Fin’amor, qui, par ses transgressions et ses formes assez clairement adultérines n’était pas tout à fait du goût de l’église.  Quelques auteurs parlent de calquage littéral, ou même de « registre parasite » de la littérature courtoise profane, d’autres médiévistes restent un peu plus nuancés et mettent l’accent sur une forme adaptée et recomposée. Sans non plus verser dans la naïveté, peut-être n’y a-t-il pas eu là que des volontés d’instrumentalisation, mais aussi, par moments, quelques élans sensibles  de la part des auteurs religieux qui, inspirés par certains éléments de la lyrique courtoise et par certaines de ses valeurs chevaleresques aussi, se mettent au diapason d’une société qui à travers sa littérature et son art, est en train de repenser le sentiment amoureux au coeur même de ses valeurs  (1).

Retrouvez l’index de toutes les Cantigas de Santa Maria traduites et commentées par nos soins, et présentées par les plus grands ensembles de musique médiévale.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.


(1) Hors de l’Espagne médiévale et des Cantigas de Santa Maria, on trouvera un exemple saisissant de ces questions de transposition de la lyrique courtoise au culte marial, dans l’oeuvre du trouvère et moine bénédictin Gautier de Coinci et on pourra valablement se reporter, comme point de départ, à un article publié en 2010  par Jean-Louis Benoit  dans la revue Le Moyen : « La dame courtoise et la littérature dans Les Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coinci »

La Cantiga de Santa Maria 23 et le miracle du Vin, avec Eduardo Paniagua

musique_medievale_cantigas_santa_maria_166_enluminures_moyen-ageSujet :  musique médiévale, Cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracles, Sainte-Marie.
Epoque : moyen-âge central, XIIIe siècle
Auteur :  Alphonse X  (1221-1284)
Titre :  Cantiga 23
Direction : Eduardo Paniagua  (2006) 
Album : Merlín y otras Cantigas Celtas 

Bonjour à tous,

C_lettrine_moyen_age_passion‘est toujours un vrai plaisir de découvrir ou redécouvrir des pièces d’anthologie en provenance du monde médiéval, tout en faisant tribut aux musiciens et artistes contemporains qui les font revivre pour nous.  Aujourd’hui, comme nous l’avons engagé il y a quelque temps déjà, nous continuons notre exploration des Cantigas de Santa Maria en essayant, sinon de toutes les traduire littéralement en français au moins d’en approcher clairement le sens.

C’est donc,  cette fois, sur la Cantiga 23 que nous nous penchons, en vous proposant son interprétation par une formation dirigée par l’artiste et musicien madrilène  Eduardo Paniagua,  qui s’est fait une chanson_poesie_miracle_medievale_culte_marial_cantigas_santa_maria_23_alphonse_X_castille_moyen-age_centralvéritable spécialité des musiques de l’Espagne médiévale.

Nous le rappelons ici, mais si vous nous suivez, vous vous souvenez que ces Cantigas nous viennent du XIIIe siècle et du règne d’Alphonse X de Castille. Connu encore sous le nom d’Alphonse le sage ou le savant, le souverain, grand passionné de Culture (au sens large et pluriel) tout autant que de Littérature, en est d’ailleurs réputé l’auteur et il demeure certain qu’un grand nombre de ces chansons sont de sa plume. Elles restent un témoignage incontournable du culte marial et des pèlerinages du moyen-âge central, mais elles sont aussi des pièces uniques de galaïco-portugais, cette belle langue romane qui servit à merveille la lyrique médiévale.

La cantiga 23 sous la direction d’Eduardo Paniagua.


Eduardo Paniagua, insatiable explorateur
des musiques de l’Espagne médiévale

Né en 1952 à Madrid, architecte de formation, la passion de Eduardo Paniagua pour le moyen-âge l’a conduit, avec le temps, à devenir un des plus grand grand expert dans le champ de la musique médiévale espagnole.

Ayant débuté à l’âge de 16 ans et de manière très précoce son exploration du domaine des musiques anciennes (notamment dans  le cadre du groupe espagnol Atrium Musicae), il a, depuis, fondé de nombreuses formations et a aussi crée, en 1994, sa propre maison d’édition, baptisée PNEUMA, afin de distribuer ses propres productions ainsi musiques_chansons_medievales_anciennes_cantigas_santa_maria_edouardo_paniagua_espagne_moyen-ageque celles d’autres artistes. A ce jour, la maison a édité plus de 135 albums dont 80 dirigés par son créateur.

Le répertoire de cet artiste est loin de se limiter aux Cantigas de Santa Maria même si ce champ est déjà immense en soi. Il a d’ailleurs dirigé et enregistré plus de 400 d’entre elles  à travers de nombreux albums et dans le cadre de l’ensemble Musica Antigua qu’il fonda en 1994. Durant cette même année, il cofonda également avec l’artiste marocain Omar Metioui, le groupe IBN BÁYA afin  d’explorer  les musiques de l’Andalousie médiévale,

En insatiable explorateur, Eduardo Paniagua a eu encore à coeur de faire découvrir ou redécouvrir au public de nombreux autres codex ou chansonniers, et des musiques allant des troubadours et jongleurs du moyen-âge central jusqu’à la période renaissante et pré baroque, en passant par le répertoire incontournable des musiques séphardiques (ou sépharades) de l’Espagne médiévale. Pour ses derniers travaux, il a d’ailleurs été récompensé en 2004 et conjointement par les quatre synagogues séfarades de Jérusalem.

Ajoutons encore que tout au long de sa carrière, ce grand artiste, directeur et musicien s’est vu primer à de nombreuses reprises dans ses répertoires de prédilection, au niveau national comme international.

Merlin y otras cantigas celtas
Alfonso X el Sabio, s. XIII 

cantigas_santa_maria_musique_medievale_alphonse_X_castille_edouardo_Paniagua_moyen-age_central_XIIIe_siecleDans cet album sorti chez Pneuma en 2006, Eduardo Paniagua,  accompagné du multi-instrumentiste  Jaime Muñoz et de quelques autres artistes, se proposait de revisiter une partie du répertoire des Cantigas, sous l’angle particulier de la matière de Bretagne et des chants en relation avec les terres celtiques.  L’album contient donc neuf pièces de cette veine, toutes tirées de Cantigas de Santa Maria, dont cinq chantées et quatre instrumentales.

A cette occasion, on notera avec intérêt qu’Alphonse de Castille se piqua lui aussi de légendes arthuriennes puisque dans sa Cantiga 108, il nous parle même d’un Miracle pour le moins étonnant dans lequel Merlin fera appel à la Sainte Vierge pour prouver à un juif dubitatif la véracité de la résurrection.

La cantiga 23, paroles et adaptation

L_lettrine_moyen_age_passione poète nous conte ici un miracle, survenu en Bretagne qui fait écho et même référence directe au miracle biblique des noces de Cana. A l’image de son fils qui changea l’eau en vin, la Sainte fera, en effet, de même dans cette cantiga, en sauvant ainsi une dame très pieuse d’une situation délicate. En voici donc les paroles, ainsi que leur traduction/adaptation par nos soins :

Como Deus fez vo d’agua ant’ Archetecro,
Ben assi depois sa Madr’ acrecentou o vinno.

Comme Dieu changea l’eau en vin devant le maître d’hôtel (1)
De la même façon, par la suite sa mère multiplia* le vin (*augmenta la quantité)

Desto direi un miragre que fez en Bretanna
Santa Maria por ha dona mui sen sanna,
En que muito bon costum’ e muita bõa manna
Deus posera, que quis dela seer seu vinno.

A ce propos, je conterai un miracle que fit en Bretagne,
Sante-Marie pour une dame très saine d’esprit (de très bon sens)
En laquelle  de bonnes coutumes et de bonnes manières
Dieu avait déposé, pour en faire une des siennes (2)

Como Deus…

Sobre toda-las bondades que ela avia,
Era que muito fiava en Santa Maria;
E porende a tirou de vergonna un dia
Del Rei, que a ssa casa vera de camino.

D’entre toutes les bontés qu’elle avait
Il se trouvait qu’elle avait beaucoup foi en Sainte-Marie
Et cela la tira d’embarras, un jour
Face au roi,  qui s’arrêta chez elle, en chemin

Como Deus…

A dona polo servir foi muit’ afazendada,
E deu-lle carn’ e pescado e pan e cevada;
Mas de bon vo pera el era mui menguada,
Ca non tia senon pouco en un tonelcino.

La femme pour le servir, s’affaira beaucoup,
Lui donnant viande et poisson, et pain et bière
Mais de bon vin pour lui, elle se trouvait à court
Car elle n’en avait pas, sinon un peu, dans un tonnelet.

Como Deus…

E dobrava-xe-ll’ a coita, ca pero quisesse
Ave-lo, non era end’ en terra que podesse
Por deiros nen por outr’ aver que por el désse,
Se non fosse pola Madre do Vell’ e Meno.

Elle était acculé car même si elle avait voulu en trouver
Il n’y avait pas sur cette terre là un endroit
pour s’en procurer avec de l’argent ou par tout autre moyen
Si ce ne fut par le recours à la mère de Dieu et de l’enfant.

Como Deus…

E con aquest’ asperança foi aa eigreja
E diss’ Ai, Santa Maria, ta mercee seja
Que me saques daquesta vergonna tan sobeja;
Se non, nunca vestirei ja mais lãa nen lo.

Et avec cet espoir elle se rendit à l’église
Et dit « Ha, Sainte-Marie, j’implore votre pitié
pour que vous me tiriez de cette grande honte
sans quoi je ne me pourrai plus me vêtir ni de laine, ni de lin (3) 

Como Deus….

Mantenent’ a oraçon da dona foi oyda,
E el Rei e ssa companna toda foi conprida
De bon vinn’, e a adega non en foi falida
Que non achass’ y avond’ o riqu’ e o mesqo.

La prière de la femme fut entendue sur le champ
Et le roi, avec toute sa compagnie
Fut servi en bon vin, et la cave n’en manqua pas,
Et le riche et le pauvre en trouva en abondance. 

Como Deus fez vo d’agua ant’ Archetecro,
Ben assi depois sa Madr’ acrecentou o vinno.


Notes
(1) L’officiant responsable de l’organisation des noces de Cana donc. Bible Latine : Architriclino. Le triclinium était la salle à manger romaine et le lieu où l’on pouvait trouver les lits de banquets et les tables.

(2) litt : « pour faire d’elle son vin » pour qu’elle soit proche de lui, pour en faire une des siennes

(3) Sans quoi je serais à visage découvert et n’aurais d’autre recours que boire toute ma honte.

D’après le livret de l’album d’Eduardo Paniagua, l’histoire de la Cantiga 23 proviendrait, à l’origine, des récits de Saint Dunstan, prélat anglo-saxon et archevêque de Cantorbéry, dans le courant du Xe siècle. Le roi dont il est ici question serait donc Aethelstam (Athelsan) de Glastonbury qui, pour boucler la boucle, fut, nous dit encore le  même livret « le souverain anglais qui ordonna la traduction de la bible en anglosaxon ».

Pour être très honnête, je ne suis pas allé vérifier dans le détail l’ensemble de ces assertions, et j’ai plutôt trouvé mention d’un Saint Ethelwold du même siècle, qui a effectivement visité la cour du roi Athelsan, et fut ordonné prêtre en même temps que Saint Dunstan. Il semble qu’on ait prêté à ce bénédictin la traduction de la règle de Saint-Benoit en anglosaxon (et pas la bible) et également un miracle du vin, multiplié à partir d’une simple jarre. Si vous avez à coeur d’aller plus loin sur ce point, vous en aurez au moins la piste.

Retrouvez l’index de toutes les Cantigas de Santa Maria traduites et commentées par nos soins, et présentées par les plus grands ensembles de musique médiévale,

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

La cantiga de Santa Maria 139, servie par le talent du luthiste Guy Robert

musique_medievale_luth_moyen-age_XIIIe_XIVeSujet :  musique médiévale, Cantigas  de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracles,  pèlerinages médiévaux.
Epoque : moyen-âge central, XIIIe
Auteur :  Alphonse X de Castille (1221-1284)
Titre : Maravillosos e piadosos , cantiga 139
Interprète : Guy Robert et l’Ensemble Perceval 
Album : 
L’art Du Luth au moyen-âge (1980 )

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn route pour la grande Espagne médiévale du XIIIe siècle, celle de la cour d’Alphonse le Sage et l’incontournable héritage musical et poétique qu’il nous a laissé avec les célèbres Cantigas de Santa Maria.

Il s’agit, cette fois, d’une version instrumentale plutôt enlevée et aux accents, par instants, presque byzantins de la Cantiga 139, arrangée et interprétée avec brio par le luthiste Guy Robert et l’ensemble Perceval (dont le musicien était, par ailleurs, le directeur et le co-fondateur).

La Cantiga Santa Maria 139 par Guy Robert et l’Ensemble Perceval

Guy Robert, l’Ensemble Perceval
et l’art du luth au moyen-âge

On se souvient que l’Ensemble Perceval se forma à la faveur du film d’Eric Rohmer Perceval le Gallois. Guy Robert en assuma alors la direction musicale et artistique et décida, par la suite, de poursuivre sur cette lancée sa riche exploration du répertoire des musiques médiévales avec une partie de l’équipe (comédiens et musiciens) que le film avait permis de constituer. Le travail artistique engagé depuis lors se poursuivit avec une partie de l’équipe originelle, pour donner naissance aux Productions Perceval dont nous avons déjà parlé ici.

La pièce musicale que nous partageons aujourd’hui est extraite d’un album sorti en 1980, chez Arion. Tout entier dédié à l’art du Luth au moyen-âge et gravitant autour de la virtuosité instrumentale de Guy Robert, l’album présentait onze pièces musicales : estampies italiennes et même anglaises, virelais, ballades, motets et encore cantiga. Avec, entre autres sources, le Manuscrit de Montpellier,  le Chansonnier du Roy ou le Codex Faenza, l’ensemble médiéval y musique_medievale_alphonse_X_cantiga_Santa_Maria_139_-Guy_robert_Ensemble_Perceval_luth_moyen-age_XIIIe_sieclerevisitait au Luth ou à la guitare sarrasine, les musiques de l’Europe médiévale des XIIIe et XIVe  siècles. On pouvait encore y trouver une version du virelai Douce Dame Jolie de Guillaume de Machaut.

Sorti originellement en vinyle, l’album fut réédité, plus tard dans le temps, au format CD pour le plus grand plaisir des amateurs de Luth tout autant que de danses et de musique médiévale. On le trouve aujourd’hui toujours disponible à la vente en ligne, sous un format dématérialisé. En voici le lien si vous êtes intéressés : L’Art du Luth au Moyen-âge (format MP3).

La Cantiga Santa Maria 139  :  miracles de Sainte-Marie et culte marial médiéval

Même si la version du jour est instrumentale,nous présentons tout de même ici les paroles de cette Cantiga en vous fournissant quelques clés de compréhension. Nous aurons, sans doute, dans le futur l’occasion d’en poster une version vocale et nous prenons ainsi un peu d’avance.

Intitulé Maravillosos e piadosos, autrement dit Merveilleux et pieux, la cantiga 139 loue,  une fois de plus, la vierge et ses miracles. La pièce est scandée tout du long par un refrain qu’on peut traduire ainsi:

« Merveilleux, plein de piété et très beaux, sont les miracles que tu fais, Sainte-Marie qui nous guide à la perfection de nuit comme de jour et nous apporte la paix. »

deco_medieval_moyen-age_chretienIl est donc ici question d’un miracle survenu en Flandres, nous dit le poète. Une femme avait apporté à la vierge et en son église, son petit enfant pour que la Sainte le prenne sous sa garde et le protège du malheur. Dans un élan spontané, l’enfant offrira alors du pain à l’image du Christ (la statue) en lui demandant s’il a faim, et la vierge s’adressera alors au Christ qui, à son tour, répondra directement à l’enfant, à haute voix :  «  Tu mangeras demain avec moi au ciel, et quand tu m’auras vu tu resteras toujours avec moi et tu entendras comment chaque saint chante, car je chante et défais le mal ». 

Ainsi, l’enfant mourra et sera accueilli directement au Paradis où « Dieu fait règner la joie et le rire » ( Gozo y rizo). ie : récompensé pour sa bonté et sa charité (le partage spontané du pain), il sera délivré de l’emprise du mal et du malin, et accédera au royaume de Dieu, en évitant une vie de souffrance. Au passage, on note bien ici dans le culte marial, cette idée que la vierge (plus humaine par nature) peut intercéder directement auprès du Christ puisque le poète médiéval nous conte, dans ce Miracle de la Cantiga 139, qu’elle le fait même directement et à haute voix.

Maravillosos et piadosos et mui
Fremosos miragres faz
Santa Maria, a que nos guia
Ben noit’ e dia et nos dá paz

E d’est’ un miragre vos contar quero
Que en Frandes aquesta Virgen fez
Madre Deus, maravillos’ et fero, por
Hua dona que foi hua vez
A sa eigreja d’ esta que seja
Por nós et veja-mola sa faz
No parayso, u Deus dar quiso
Goyo et riso a quen lie praz

Maravillosos e piadosos ….

A questa dona leuou un menynno
Seu fillo, sigo, que en offrecon
Deu aa Virgen, mui pequenynno
Que de mal ll’ o guardass’ e d’ oqueijon
Et lle fezesse per que disesse
Sempr’ e soubesse den ben assaz
Que, com’ aprendo, seu pan comendo
Foi mui correndo, parouss’ en az

Maravillosos e piadosos ….

Cabo do Fillo daquela omagen
E diss’ o menynno: « Queres papar? »
Mais la figura da Virgen mui sagen
Diss’ a seu Fillo: « Dille sen tardar
Que non ss’espante, mais tigo jante
U sempre cant’ e aja solaz
E seja quito do mui maldito
Demo que scrito é por malvaz. »

Maravillosos e piadosos ….

Respos ao menynno: « Pparas
Cras mig’ en Ceo; e que me visto
Ouveres, senpre pois migo seerás
U ouças, que chanto e mal desfaz. »
Esto comprido foi, e transsido
E moç e ydo a Deus viaz

Maravillosos e piadosos ….

En vous souhaitant une bonne écoute et une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes  ses formes.

La Cantiga 49 par l’ensemble Syntagma et un mot du culte marial

musique_medievale_cantigas_santa_maria_166_enluminures_moyen-ageSujet : musique médiévale, Cantigas Santa Maria, galaïco-portugais, lyrisme médiéval, culte marial,
Période : 
XIIIe, moyen-âge central
« Auteur » : 
Alphonse X de Castille, Alphonse le Sage (1221-1284)
Interprète : 
Ensemble Syntagma
Titre: 
Cantiga de Santa Maria 49

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous suivons de nouveau, aujourd’hui, le fil des Cantigas de Santa Maria, célèbres chants et odes à la vierge composés sous le règne et sous la férule d’Alphonse X de Castille.

Cette fois, nous parlons de la Cantiga 49, et nous vous en présentons une version interprétée par l’excellent ensemble de Musiques Anciennes Syntagma. Pour plus d’informations sur cette formation musicale et son directeur Alexandre Danilevsky, nous vous invitons à vous reporter à l’article détaillé les concernant. Nous en profitons Alphonse le Sage, médiateur entre la Sainte Vierge et les musiciens, Cantigas Santa Maria, Miniature du Manuscrit MS TI1 de l'Escorialaussi pour toucher  un mot du culte marial dans l’Occident médiéval et chrétien.

Alphonse le Sage, ici « conteur » des Cantigas Santa Maria et médiateur entre la Vierge et les musiciens, Miniature du Manuscrit MS TI1 de l’Escorial, XIIIe  (1284)

La Cantiga 49 : des pèlerins perdus & sauvés, histoire d’un miracle et d’une apparition

En introduction de ce chant poétique galaïco-portugais du XIIIe siècle, dédié à la Sainte-vierge, on trouve la phrase suivante : « Esta é de como Santa Maria guiou os romeus, que yan a sa eigreja a seixon e erraran o camo de noite. »  

Ce qui donne, une fois adapté en français moderne :  « Cette Cantiga conte comment Sainte-Marie guida les pèlerins qui se rendaient à son église de Soissons et s’étaient perdus la nuit, en chemin. »

Ainsi, ce chant nous narre le récit de pèlerins que la nuit avait surpris en pleine montagne. Perdus et effrayés, ils se mirent à redouter l’attaque de voleurs et à prier la vierge de leur pardonner leurs péchés et de les protéger, afin qu’aucun mal ne leur soit fait. Le deco_medieval_moyen-age_chretienmiracle survint et la Sainte leur apparut dans une grande lumière pour les guider dans l’obscurité,  jusqu’à leur destination. Comme le conteur (est-ce Alphonse le sage lui-même?) nous le rapporte, à la fin du chant, dès leur arrivée à l’église de Soissons, nos voyageurs, sains et saufs, se mirent à genoux devant l’autel et prièrent, à nouveau, la vierge pour la remercier.

Bien sûr, entre temps, le poète nous aura expliqué à quel point tout cela démontre combien il faut se garder de faire le mal et garder foi en la Sainte Vierge qui jamais n’oublie ses ouailles. Elle vient, nous dira-t-il encore, les secourir des « grands soucis et angoisses qui ne cessent de les assaillir » et cette histoire n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des miracles qu’elle peut accomplir pour ceux qui lui sont dévoués, car « il a vu de nombreuses hommes et femmes qu’elle a assistés, de jour comme de nuit ». Comme le chant le scandera d’ailleurs tout du long, en guise de refrain :

« Ben com’ aos que van per mar
a estrela guia, 
outrossi aos seus guiar 
vai Santa Maria. »

« Comme ceux qui vont par les mers,
sont guidés par l’étoile
Elles vient aussi  guider les siens
Sainte-Marie. »

La Cantiga Santa Maria 49, dirigée par le talentueux  Alexandre Danilevsky

L’importance du culte marial au moyen-âge central

Présent à l’origine du christianisme et dans son essence même pourrait presque t-on dire, le culte autour de la Sainte Vierge, prendra dans l’occident médiéval, et à partir du XIe siècle, des proportions fortement marquées. On lui vouera alors un véritable amour et quand on ne voudra, ni n’osera s’adresser directement à Dieu, ou même au Christ (qui plus que le « fils » du créateur est aussi considéré comme Dieu lui-même incarné et mort en croix. cf Thibaut de Champagne), on s’adressera souvent et avec, poesie_musique_medievale_cantigas_santa_maria_alphonse_X_le_Sage_manuscrit_ancien_escurial_XIIIe_sièclesemble-t-il plus de facilité, à sa Sainte-Mère dans l’espoir qu’elle intercède auprès de lui.

Alphonse le Sage, priant devant la vierge Marie et l’arbre de Jessé, Cantigas Santa Maria, Miniature du Manuscrit MS TI1 de l’Escorial (1284) 

De la même façon, pour paraphraser l’historien, écrivain et académicien chrétien Daniel Robs (1901-1965), spécialiste de ces questions dans un article de 1952 (références plus bas dans cet article), on se tournera plus favorablement vers les Saints dans une recherche de « médiateurs » qui apparaissent plus proches, peut-être plus terrestres et donc mieux à même de comprendre les faiblesses de notre nature humaine, autant que les souffrances et les petites misères à laquelle elle se trouve exposée.

Quoiqu’il en soit, pour en revenir au culte voué à Sainte-Marie, il s’étendra dans l’Europe catholique, bien au delà de l’Espagne médiévale et ne se limitera pas, loin s’en faut, aux Cantigas de Santa Maria. La puissance de cette dévotion religieuse, mais aussi affective et directe, qui pourra même parfois prendre des tours passionnels, s’affirmera encore aux XIIe et XIIIe siècles.

deco_medieval_moyen-age_chretien« Marie, Mère du Christ, est aimée d’un amour qui ne ressemble à nul autre, comme une mère à qui l’on cache ses peines, comme à une avocate qui plaidera en haut lieu la cause des pécheurs, et même presque comme une surnaturelle amante ; n’est-elle pas celle que le franciscain Jacques de Milan, dans l’Aiguillon d’amour, appelle « la ravisseuse des cœurs » ? On recherche dans l’Ancien Testament les figures qui prophétisent la sienne ; on médite – Eva, Ave, – le mystère qui fait que la faute de la première femme ait été rachetée par le moyen d’une autre femme.  »
Daniel-Rops  – Le Moyen-âge époque mariale.
Revue 
Marie (1952)

Pour faire écho à cette citation, on retrouve d’ailleurs littéralement cette idée du rachat de la faute de l’Eve originale, dans cette Cantiga 49 : « Ca ela nos vai demostrar  de como nos guardemos  do demo e de mal obrar, e en como gãemos o seu reyno que non á par, que nos ja perdemos  per don’ Eva, que foi errar per sa gran folia ». « Elle (la Sainte Vierge) nous montrera comment nous garder du démon et du mal, et comment nous gagnerons son Royaume sans égal, et ce que nous avons perdu par la faute de Doña Eva, qui est tombée dans l’erreur par sa grande folie. » 

Ainsi donc, on lui élèvera des cathédrales que l’on baptisera de ce « Notre Dame » que les cisterciens auront contribué à consacrer et promulguer dans un rapprochement avec les valeurs courtoises qui confirme encore la nature fortement affective de la relation qu’on entretient avec la Sainte. On fera de grands pèlerinages vers ses lieux saints (cathédrales, églises ou lieux d’apparition). On donnera encore pour elle des miracles. Bernard de Clairvaux, empreint de deco_medieval_moyen-age_chretiendévotion, s’enflammera pour elle et les poètes du moyen-âge lui voueront encore d’innombrables odes, hommages ou prières.  Au final, le culte marial se répandra dans le monde chrétien et son imagerie, et Sainte-Marie trouvera, au sein de l’église comme dans le coeur des hommes du moyen-âge, une place bien plus grande qu’aucune époque lui avait jamais consacrée, devenant indissociable de la religion catholique et de l’occident médiéval, ce qui fera encore dire à l’Historien Daniel Rops dans un grand élan, indéniablement affectif et chrétien :

« Ainsi, en occupant dans la religion la place éminente que nous lui voyons, le culte de la Vierge donne au Christianisme une nuance de tendresse unique, irremplaçable : il est un des fleurons du Moyen Âge. »  Daniel Rops. – Opus cité. 

Les paroles originales de la Cantiga 49

On notera que, dans la version musicale présentée plus haut, le texte de la Cantiga 49 est plus court que l’original et ne présente que la première partie de l’histoire. De notre côté, nous avons choisi de vous livrer, ici, le texte complet.

Au passage, pour les plus anglophones d’entre vous, notez que l’Université d’Oxford a mis en ligne un base de données très utile pour l’étude et la compréhension des Cantigas de Santa Maria. Vous n’y trouverez pas la traduction littérale de l’ensemble des chants, mais de bonnes pistes pour les comprendre et surtout d’excellentes références en termes de bibliographie, de manuscrits anciens et d’imagerie médiévale. Si cela vous intéresse, elle se trouve ici : The Oxford Cantigas de Santa Maria Database.

Ben com’ aos que van per mar
a estrela guia,
outrossi aos seus guiar
vai Santa Maria.

Ca ela nos vai demostrar
de como nos guardemos
do demo e de mal obrar,
e en como gãemos
o seu reyno que non á par,
que nos ja perdemos
per don’ Eva, que foi errar
per sa gran folia.

Ben com’ aos que van per mar …

E ar acorre-nos aqui
enas mui grandes coitas,
segund’ eu sei ben e oý,
quaes avemos doitas;
ca muitos omees eu vi
e molleres moitas
a que el’ acorreu assi
de noit’ e de dia.

Ben com’ aos que van per mar…

E, segund’ eu oý dizer,
ha mui gran conpanna
de romeus ar foi guarecer
en ha gran montanna,
en que ss’ ouveran de perder
con coita estranna,
porque lles foi escurecer
e perderon via.

Ben com’ aos que van per mar…

E sen aquest’ un med’ atal
enos seus corações
avian mui fero mortal,
ca andavan ladrões
per y fazendo muito mal;
porend’ orações
fezeron todos y sen al,
quis come sabia.

Ben com’ aos que van per mar…

E chamand’ a Madre de Deus,
com’ é nosso costume,
que dos graves pecados seus
perdess’ ela queixume;
e logo aqueles romeus
viron mui gran lume
e disseron: «Ai, Sennor, teus
somos todavía.»

Ben com’ aos que van per mar…

E en aquel gran lum’ enton
viron ha mui bela
moller de corp’ e de faiçon,
e ben come donzela
lles pareceu; e pero non
siia en sela,
mas ta na mã’ un baston
que resprandecia.

Ben com’ aos que van per mar…

E poi-la donzela chegou,
todas essas montannas
do seu gran lum’ alumou,
e logo as compannas
dereito a Seixon levou
e per muit’ estrannas
terras en salvo os guiou
come quen podia.

Ben com’ aos que van per mar
a estrela guia,
outrossi aos seus guiar
vai Santa Maria.

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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