
Auteur : François Villon
Titre : Ballade et « Oraison », l’âme du bon maistre Jehan Cotard.
Période : Moyen Âge tardif, XVe siècle?
Bonjour à tous,


Qui était le bon maistre Jehan Cotard ?
Sur la question de qui était ce bon maistre Jehan Cotard, on trouve les traces de deux homonymes portant ce nom là, à Paris, dans une période contemporaine de celle de Villon. Le premier est un procureur en cour d’église mais, si c’est bien lui, l’homme était encore vivant au moment où Villon lui dédiait ses vers. Au vue de l’humour de Villon, il se peut très bien qu’il ait rédigé la ballade du vivant de son camarade de beuverie à la manière d’une farce entre amis. L’autre Jean Cotard était, quant à lui, un marchand orfèvre et bourgeois.
A la lecture de Villon, l’homme auquel François Villon fait référence ici semble bien être le premier des deux homonymes présents dans les registres de la municipalité de Paris. *
(Ci-contre, détail d’une scène de Taverne, (à l’évidence arrosée jusqu’au parquet) Manuscrit Valère Maxime, 1470)
Comme Villon semble s’être fait de nombreux amis, à l’occasion de ses études, dont une partie d’entre eux devint plus tard « de grands seigneurs et maîtres », d’autres hypothèses ont tout de même été fait sur l’identité de ce maître buveur. On a également même avancé la possibilité d’un troisième Jean Cothard mais avec un H cette fois-ci, qui était inscrit comme doyen de la confrérie Saint Jacques de Paris en 1462 et 1463.
Pour juger du bon maître dont il est question dans cette ballade, fions nous donc à la plume de Villon; il reste que ce dernier nous le dépeint comme un boit-sans-soif invétéré ce qui pourrait permettre d’inscrire cette poésie dans la tradition des chansons à boire ou même de la poésie goliardique des XIIe, XIIIe siècles qui encensait, entre autre chose, les plaisirs de la boisson et de la chair, à ceci près que la ballade du bon maistre Jehan Cotard par maistre François Villon n’est pas en latin mais en bon français du XVe siècle.
*Sources : Romania, revue trimestrielle consacrée à l’étude des langues et des littératures romaes (Volume 2, 1873) (consulter sur persée)

Ballade et Oraison de François Villon
L’âme du bon maistre Jehan Cotard
Pere Noe, qui plantastes la vigne;
Vous aussi, Loth, qui bustes au rocher,
Par tel party qu’Amour, qui gens engigne,
De vos filles si vous feit approcher,
Pas ne le dy pour le vous reprocher,
Architriclin*, qui bien sceustes cest art,
Tous trois vous pry qu’o vous veuillez percher
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard!
* Loth : s’enivra dans une caverne et ses filles abusèrent de lui pour concevoir
* Architriclin : Personne responsable de l’ordonnance du festin. allusion à l’Architriclin de l’évangile qui commanda qu’on fit servir le vin en premier aux noces de Cana.
Jadis extraict il fut de vostre ligne,
Luy qui beuvoit du meilleur et plus cher;
Et ne deust-il avoir vaillant ung pigne,*
Certes, sur tous, c’estoit un bon archer;
On ne luy sceut pot des mains arracher,
Car de bien boire oncques ne fut faitard.
Nobles seigneurs, ne souffrez empescher
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard!
* Pigne : traduit par peigne dans un ouvrage de 1835. ainsi que dans le glossaire de la langue d’Oil de Alphonse Bos. Pour le sens général de ces deux vers, nous proposons quelque chose comme :
« Et même s’il ne possédait pas grand chose
D’entre tous, il n’était pas du genre à lâcher sa prise. »
Comme um viellart qui chancelle et trepign
L’ay veu souvent, quand il s’alloit coucher;
Et une foys il se feit une bigne,*
Bien m’en souvient, a l’estal d’ung boucher.
Brief, on n’eust sceu en ce monde chercher
Meilleur pion, pour boire tost et tard.
Faictes entrer quand vous orrez hucher*
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard.
* Bigne: Bosse
*orrez hucher : entendrez frapper à la porte)
ENVOI.
Prince, il n’eust sceu jusqu’a terre cracher;
Tousjours crioyt: Haro, la gorge m’ard!
Et si ne sceut oncq sa soif estancher,
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard.
Aparté Georges Brassens et François Villon
En lisant encore les références à Villon entre les lignes de Brassens, voici un texte assez peu connu du chanteur contemporain du XXe siècle ayant pour titre « la légion d’Honneur ». Il est notoire que Georges Brassens refusa cette légion d’honneur quand on la lui proposa, mais il ne chanta pas cette chanson pourtant de son vivant. On doit à Maxime le Forestier de l’avoir fait connaître, à titre posthume puisque Georges Brassens ne l’enregistra jamais de son vivant. On y trouve quelque vers en référence à ce Jehan Cotard dont Villon nous parle, que je vous livre ici:
« L’âme du bon feu maistre Jehan Cotard
Se réincarnait chez ce vieux fêtard.
Tenter de l’empêcher de boire un pot
C’était ni plus ni moins risquer sa peau.
Un soir d’intempérance, à son insu,
Il éteignit en pissotant dessus
Un simple commencement d’incendie.
On lui flanqua le mérite, pardi !
Depuis que n’est plus vierge son revers,
Il s’interdit de marcher de travers.
Car ça la fout mal d’ se rendre dans les vignes,
Dites du Seigneur, faire des faux pas
Quand on est marqué du fatal insigne.
La Légion d’honneur ça pardonne pas. »
Georges Brassens. La légion d’Honneur
Voici l’interprétation de la Légion d’Honneur
de Georges Brassens par Maxime le Forestier
Une très belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com
« A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes »

Sujet :
on, sur ce coup là, je ne m’explique franchement pas comment j’ai fait pour passer à côté de cet interview d’Alexandre Astier par l’Express à propos de la suite des projets Kaamelott et qui date déjà de quelques mois. Ce n’est pas faute pourtant de jeter un oeil régulier sur le sujet mais entre De Joinville, Saint Louis, Froissard, les troubadours, les poètes médiévaux, les châteaux-forts, les croisades et aussi deux ou trois âneries, le temps file…
effet, où l’imagination d’Alexandre Astier et son talent pourront le porter avec sa plume, une fois affranchi des contraintes budgétaires qu’emporte toujours forcément un peu la production audio-visuelle?

cherché sans relâche tel le courageux teckel explorant avec frénésie le terrier du lapin s’il y avait des nouvelles plus fraîches et point n’en avons trouvé, hormis la petite phrase de l’excellent François Rollin (le roi Loth dans Kaamelott) datant de quelques jours et qui confirme les démarrages de tournage autour des débuts 2017. Il a même ajouté qu’il était vraisemblable qu’il en fasse partie. Tant mieux que serait le royaume de Logres sans ce traître né et cet inlassable comploteur. Une autre nouvelle datant de deux jours confirme également que le tournage du film devrait démarrer cet hiver. Le sujet est donc bien plus chaud que jamais!
i vous avez un peu de temps pour vous détendre cette fin de semaine et que vous êtes autour de Paris, la cité de Provins vous propose ses 33e médiévales, un festival de taille à ne pas manquer pour célébrer le monde médiéval à moins d’une heure de distance de la Capitale.
u programme: fête dans la joie et immersion dans le moyen-âge réaliste ou imaginaire récrée par la ville de provins pour deux jours pleins de festival: concerts et ripailles, reconstitutions historiques, jeux, gastronomie, découverte de la vie quotidienne médiévale, ateliers participatifs (forge, cuisine, tissage, cuir, etc). art du rue, danses médiévales et animations à ne plus les compter. Il y aura même de nombreux campements à thème (tir à l’arc, escrime médiévale, enluminure, cuir, vikings,…) dont un sur le thème de Thibaut IV de 


otée d’un très beau patrimoine historique et médiéval, la ville de Provins a conservé, à ce jour, près de soixante monuments historiques classés ou inscrits au registre du patrimoine. Elle peut être, à juste titre, considérée comme une véritable témoin de l’histoire de l’architecture militaire, civile et religieuse et de l’Histoire de France mais aussi de l’Europe commerciale et marchande. De fait, en 2001, la valeur historique de
la ville à été reconnue mondialement puisqu’elle a été classée sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.


« Les livres ne sont pas faits pour être crus, mais pour être soumis à l’examen. Devant un livre nous ne devons pas nous demander ce qu’il dit mais ce qu’il veut dire, idée fort claire pour les vieux commentateurs des livres saints. »