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l’Histoire « éclairée » de Claire : interview exclusive d’une vraie passionnée de patrimoine et d’histoire vivante

Sujet : patrimoine, histoire vivante, reconstitution historique, visites guidés, interview, conférences, animations médiévales,
Période : Moyen Âge central à tardif
Intervenante : Claire Barbier, conférencière, intervenante, guide professionnelle, doctorante en histoire de l’Art.
Site web : eclairerlhistoire.fr

Bonjour à tous,

oilà longtemps que nous n’avions eu l’occasion de vous proposer un portrait de passionné de Moyen Âge. Nous en sommes d’autant plus heureux que la personne qui fait l’objet de ce portrait, cumule des compétences qu’il est rare de trouver réunies en un même profil.

Jugez plutôt : chercheuse en histoire de l’Art spécialisée dans la période médiévale (actuellement en doctorat et déjà mastérante de la Sorbonne), guide touristique professionnelle pour le compte de lieux patrimoniaux prestigieux (ville de Chartres, centre historique, cathédrale, musée et centre du vitrail, château de Châteaudun, …) mais encore conférencière et intervenante en présentiel ou à distance en Histoire. Et si cela ne suffisait pas elle est encore reconstitutrice passionnée de confection de costumes médiévaux au plus près de leur réalité et elle n’hésite pas à les revêtir pour donner une touche unique à certaines de ses visites ou de ses activités ! Alors, quand le goût du patrimoine se met à rimer avec Histoire vivante et pédagogie, tout en conservant la rigueur de l’approche historique, qui pourrait y résister ? Certainement pas nous et c’est donc avec grand plaisir nous vous proposons de découvrir ci-dessous, une interview exclusive de la pétillante et dynamique Claire Barbier de Eclairer l’histoire.

L’interview de Claire Barbier
de Eclairer L’histoire

Claire Barbier, une passionnée d'Histoire et de Patrimoine

Itinéraire & parcours

Mpassion : Bonjour Claire. Nous sommes ravis de vous recevoir, aujourd’hui, pour parler de vos nombreuses activités dans le domaine du patrimoine, de l’enseignement et même des animations médiévales. Ce n’est pas si souvent que nous avons l’occasion de rencontrer une passionnée d’histoire aussi active et qui soit à l’intersection d’autant de domaines. Pour commencer, peut-être pourriez-vous présenter un peu votre parcours atypique à nos lecteurs ?

Claire B : Bonjour, je suis également ravie de partager avec vous les différents aspects de ma vie qui sont, comme vous l’avez souligné, animés par ma passion de l’Histoire et du Patrimoine. Pour moi, tout a commencé lorsque j’avais 6-7 ans : j’allais chez mes grands-parents et je leur posais des questions sur les objets qu’ils avaient rapportés de leurs différents voyages à l’étranger (notamment les sculptures et papyrus égyptiens). De là est née ma passion et mon admiration pour l’Egypte Antique qui m’ont poussée à faire l’Ecole du Louvre pour devenir archéologue. Par la suite, différents évènements dans ma vie m’ont obligé à changer de voie : j’ai donc engagé un BTS Tourisme que j’ai obtenu en 2010, en travaillant en même temps au Château d’Angers et dans les musées de la ville d’Angers. J’y ai alors appris le métier de guide et médiateur du patrimoine. J’ai ensuite obtenu une Licence Arts, Lettres et Langues à la Sorbonne, en faisant des petits boulots alimentaires pour subvenir à mes besoins.

Visite de lieux patrimoniaux, cathédrales, musées et châteaux

A l’époque, les Masters à distance n’étaient pas encore tellement développés, et j’ai dû abandonner momentanément l’idée d’aller plus loin dans mes études. J’ai travaillé plusieurs années dans un groupe de communication à Paris où j’ai appris plusieurs métiers (assistante commerciale, chargée de développement et de prospection, etc…) mais le sentiment de plaisir, d’échange, et de passion que j’avais lorsque je faisais des visites guidées au château d’Angers me manquaient énormément. J’ai alors quitté mon travail et, ayant déménagé à Chartres, j’ai commencé à travailler en tant que guide avec les visites de la crypte de la cathédrale, puis les visites de la cathédrale et de la ville. Après quelques années, j’ai développé de nouveaux thèmes et on m’a proposé également de travailler, ponctuellement, pour le musée du vitrail, le château de Villebon, le château de Châteaudun, la ville de Bonneval, les tours de la cathédrale de Chartres…

Mpassion : Voilà de belles références patrimoniales. Et pour le côté histoire vivante ?

Claire B : En parallèle, je faisais de la reconstitution historique depuis près de 10 ans. J’ai tellement d’objets et de vêtements de reconstitution que je pourrais vivre complètement avec mes seules affaires médiévales ! Avec la crise Covid, les écoles ne pouvant pas faire de sorties scolaires, j’ai eu l’idée de proposer aux établissements de mon département d’aller en classe pour parler du Moyen Age aux enfants et échanger avec eux. J’ai eu du succès dès la première année ! J’ai fait la même chose avec les centres de loisirs et je participe également à des projets avec des classes de collège. Je propose aussi des visites de lieux patrimoniaux, vêtue comme au Moyen Age, pour les enfants comme pour les adultes (et même en nocturne !). Pour finir, je donne des cours et des conférences pour les adultes sur des thèmes de l’Histoire et d’Histoire de l’Art. Et lorsque j’ai un peu de temps libre, je travaille sur ma thèse. J’ai donc réussi à lier un travail qui me passionne à ma passion pour la reconstitution, ce qui donne cette touche d’originalité à mon travail.

Pourquoi le Moyen Âge ?

Mpassion : A voir votre succès sur les réseaux et les retours de vos audiences, tout le monde y trouve son compte. Partant de cet intérêt général pour l’histoire et le patrimoine, comment en êtes-vous venus au Moyen-Âge ?

Claire B : Mon intérêt pour l’Histoire et le Patrimoine est lié à mon histoire personnelle (intérêt de mes grands-parents) et mes parents m’emmenaient souvent dans des musées et des expositions. Comme je voulais assez tôt être archéologue ou égyptologue, je me suis fortement intéressée à l’Egypte Antique. J’étais même amoureuse d’un pharaon quasi-inconnu lorsque j’étais enfant (Didoufri, fils de Khéops) ! Donc, cette période était ma favorite. Le Moyen Age est arrivé un peu plus tard, il y a 10 ans, lorsque mon compagnon qui faisait partie d’une association de reconstitution médiévale m’a transmis son intérêt pour cette période. Ensuite, travaillant à la cathédrale de Chartres, on ne peut que tomber en amour devant cet édifice, et vouloir en apprendre davantage sur la période qui l’a créée !

Mpassion : On le comprend aisément. La cathédrale de Chartres regorge de trésors. Dans un autre registre qui touche peut-être plus la perception du Moyen Âge par le grand public, quel est votre point de vue sur la vision actuelle de la période médiévale ? Certains préjugés continuent-ils d’être résolument ancrés dans l’esprit des gens ou a-t-on un peu avancé ? Je pense à des poncifs comme le manque d’hygiène ou l’ignorance de l’homme médiéval, ce genre de choses ou même encore la vision d’un Moyen Âge foncièrement obscurantiste, etc…

Claire B : J’ai l’impression que toutes les tranches d’âges ont encore beaucoup de clichés sur le Moyen Age. Mais j’ai tout de même le sentiment que ça va dans le bon sens : avec les vidéos de vulgarisateurs ou certains reportages à la télévision, on commence à avoir des pans de la population qui s’intéressent à cette période, et qui peuvent plus facilement trouver des réponses ou s’informer sur ce qu’ils ont vu dans des séries ou des films qui se veulent «fidèles historiquement ».

Visites animées et histoire vivante

Mpassion : Pour revenir à vos activités sur le terrain patrimonial et touristique, pour l’instant un nombre important d’entre elles se centre sur Chartres : conférences, enseignement au centre du vitrail, visites des grands lieux historiques de la ville, etc… Pourquoi cette ville ? C’est un coup de cœur ? Y a-t-il quelque chose qui vous touche particulièrement dans son patrimoine et son histoire ?

Passion reconstitution historique et costumes du Moyen Âge

Claire B : J’ai vécu plusieurs années près de Chartres (entre 6 ans et 16 ans) en étant au collège et au lycée dans cette ville. J’en suis partie en 2005. La vie a fait que mon conjoint a trouvé du travail à Chartres en 2015. Nous sommes donc venus nous installer ici. C’est donc un hasard mais heureux. J’ai toujours adoré la cathédrale qui est la mieux conservée de France. Elle n’a pas subi de dégâts trop importants pendant la Révolution française ou les 2 guerres mondiales et elle a aussi la plus grande collection de vitraux du Moyen Age du monde entier ! C’est une vraie splendeur qui ne finit pas de m’impressionner. Et même si je pourrais tenir plusieurs dizaines d’heures de visite (littéralement), j’en apprends encore tous les jours !

Mpassion : Du fait de vos nombreuses casquettes, vous pourriez être ce que l’on appelle une « historienne de labo », puisque vous êtes désormais une brillante universitaire, avec un master en poche et un doctorat bien engagé. Pourtant, vous continuez de cultiver ce véritable intérêt pour le tourisme, le patrimoine et l’histoire vivante. Vous semblez même tenir à opérer une fusion unique entre transmission, animation et découverte patrimoniale. Parlez nous un peu de ces formules originales que vous êtes la seule à proposer ? Comment ces idées vous sont-elles venues ? Comment le public a-t-il accueilli le concept ? On imagine que certains ont dû être surpris.

Claire B : Oui ! Alors d’abord, merci pour les compliments. J’ai la chance d’avoir des intérêts divers et variés mais qui me passionnent tous ! Comme j’ai la particularité d’être la seule guide à faire de la reconstitution médiévale et à faire un doctorat, j’ai pu créer des produits touristiques uniques avec un vrai parti pris de qualité ! Et donc me voici, à présent, à proposer des visites guidées en costume (en journée ou la nuit) à partir du résultats de mes recherches sur la vie quotidienne au Moyen Age à Chartres, ou à organiser des visites-enquêtes pour les scolaires comme pour les familles et adultes ! Je suis également la seule à ma connaissance qui sois guide professionnelle mais qui propose aux établissements scolaires de me déplacer en costume médiéval sourcé pour faire découvrir le Moyen Age aux enfants, et sous forme d’échanges et d’interactions.

Comme je le disais, j’ai pensé à proposer ces interventions médiévales en établissements scolaires avec la crise Covid, même si j’avais en tête de faire des visites guidées en costume avant cela (sans l’avoir encore mis en place). Cette idée de visites en tenues médiévales est venue notamment du fait que parfois, lors d’une visite, j’avais envie de montrer concrètement aux gens ce à quoi pouvait ressembler une robe au 15e siècle par exemple (la forme, la matière, le poids ! etc…) et la différence entre le sous-vêtement et la robe… C’est plus parlant lorsqu’on a l’objet sous les yeux ! Idem pour les lanternes, les pièces de monnaie, etc. De nombreux locaux sont habitués maintenant à me voir déambuler en ville, mais je croise encore souvent (en visite ou en dehors de visite), des personnes très interloquées de me voir ainsi vêtue ! (rires)

Fête médiévales et reconstitution

Mpassion : Cela n’est pas surprenant ! (rires) Ce n’est pas quelque chose de très habituel hors des fêtes médiévales. Justement en parlant de cela, dans vos activités vous semblez tout faire vous-même et en solitaire : confection de costumes, personnages, écriture et scénarisation de vos visités animées et même de vos activités ludiques. Avez-vous aussi le goût des fêtes médiévales ? Est-ce un endroit où on peut vous croiser ? Faites vous également partie d’une troupe de reconstituteurs ?

Visites nocturnes ou en journée de monuments patrimoniaux avec Claire Barbier

Claire B : C’est justement parce que j’ai commencé à apprécier le Moyen Age par le biais de la reconstitution historique (et donc temps passé en fêtes médiévales) que j’ai eu l’idée d’intégrer cet aspect dans mes visites. Depuis plusieurs années, je fais partie de l’association La Massenie Saint Michel 1473 et nous allons dans des châteaux et autres abbayes, sites patrimoniaux de Bretagne en Allemagne, de Dordogne en Belgique. Nous sommes reconnus dans le milieu de la reconstitution par les institutions pour refléter une image de qualité de la société médiévale de la fin du 15e siècle ! Pour le reste, effectivement, je réalise tous mes costumes moi-même depuis près de 10 ans, je me suis découvert une passion pour la couture à la main ! — et je crée toutes mes visites moi-même également. Pour les livrets des visites-enquête, je demande à ma meilleure amie qui est infographiste de se charger des visuels et de la mise en page.

Mpassion : Quand nous disions en préambule que vous étiez une passionnée très active et dynamique dans ses champs d’intervention, nos lecteurs doivent, maintenant, bien mesurer à quel point. Dans ce monde des animations dites médiévales justement, une des dernières questions que j’aurais souhaité vous poser est votre sentiment sur ce Moyen Âge un peu fourre-tout qu’on voit prendre forme, de plus en plus, y compris dans des fêtes qui, auparavant, se voulaient plus historiques. On pense à l’ajout de fantasy, de cosplay, de fantastique, etc… A votre avis c’est un phénomène comme le décrivait Georges Duby ? Le Moyen Âge est devenu ce « western » dont il parlait ? Une sorte de territoire imaginaire où toutes les projections sont permises ? Ou c’est plutôt un phénomène d’acculturation permanent sous la pression de la culture anglosaxonne et particulièrement américaine littérature, cinéma, jeux de rôles, jeux vidéo , avec un Moyen Âge fantastique/fantasmagorique encore véhiculé par des œuvres comme celle de Tolkien et d’autres auteurs ? Pour poser la question de manière un peu abrupt, pensez-vous qu’on aura, d’ici quelques années, des Fêtes de Jeanne d’Arc « Steampunk » ou des Fêtes de la Saint Louis avec des nuées virevoltantes de costumes de trolls et d’elfes ? Dit encore autrement : Moyen Âge historique, restitué, rigoureux d’un côté et totalement fantaisie et imaginaire de l’autre, est-ce que tout cela peut coexister ? Ou est-ce qu’il faut œuvrer à préserver un peu de réalisme historique et quelques lignes de démarcation ? Et surtout, est-ce que l’historien a aussi un rôle d’éducation à jouer sur ces terrains-là ?

Claire B : C’est vrai que c’est un sujet un peu compliqué… Comme la barrière entre le Moyen Age et l’univers fantasy/fantastique est très mince, cela peut créer des clichés sur le Moyen Age historique ! Typiquement, on va être persuadé que les vikings avaient des casques à corne ou portaient des manteaux en peaux de bêtes, qu’en France on avait des vêtements en cuir ou des capes à capuches… Tout cela vient de ce qu’on a pu voir en BD, films, séries, etc…, depuis plusieurs dizaines d’années ! Je dois avouer que c’est un peu mon objectif également (en plus de me faire plaisir dans ce que je fais et de faire passer des bons moments aux gens) : casser les clichés qu’on a sur le Moyen Age et expliquer comment trouver les bonnes informations si le sujet nous intéresse ! Donc oui, ce sera à nous, historiens mais surtout guides et médiateurs du patrimoine, de profiter de ces instants privilégiés avec le public pour leur faire entrevoir la réalité historique derrière l’imaginaire collectif.

Où et comment contacter Claire ?

Claire Barbier, entre la passion du patrimoine, de l'histoire et de l'histoire vivante

Mpassion : Voilà une noble mission et une belle direction pour l’avenir ! Pour finir, où est-ce que nos lecteurs peuvent vous contacter pour suivre vos aventures patrimoniales et y participer, voire encore assister à vos conférences ou étudier avec vous la possibilité d’une intervention en milieu scolaire ou autre ? Des nouveaux projets 2022-2023 en vue ?

Claire B : Oui ! J’ai une page Facebook et Instagram professionnelle « Eclairer l’Histoire » (j’ai fait un jeu de mot avec mon prénom) sur laquelle je publie des informations sur l’Histoire, le Moyen Age, la cathédrale de Chartres, la reconstitution historique, mes visites à venir, des photos des lieux que je fais visiter, etc. Depuis peu, j’ai également rajouté une billetterie en ligne sur mon site internet www.eclairerlhistoire.fr qui permet à qui veut de se rajouter à une visite guidée ou de suivre mes cours en visio-conférence, par exemple.

Pour l’année 2022-2023, j’ai mis en place une nouvelle visite de la cathédrale et des cryptes « Légendes et secrets de la cathédrale », et je compte en proposer deux nouvelles sur le thème « Codes et symboles médiévaux dans la cathédrale » et « Anges et Démons à la cathédrale ». Et je vais essayer de prendre quelques jours de vacances à l’occasion, ça ne m’est pas arrivé depuis plusieurs années !

Mpassion : C’est plutôt un indicateur de succès même si, de temps en temps, il faut savoir lever le pied ! Merci beaucoup pour toutes vos réponses, en tout cas, Claire ! De notre côté, on espère vous retrouver bientôt, peut-être à l’occasion d’une visite à Chartres, ou même pourquoi pas, à l’occasion d’un article dans nos colonnes ? Ce sera avec grand plaisir.

Claire B : Merci à vous !


Voilà pour cette interview, mes amis. En espérant qu’elle vous ait autant plu qu’il nous a été plaisant de la conduire. En dehors de ses visites guidées, de ses activités en milieu scolaire, et des aspects de reconstitution historique de son travail sur lequel nous avons particulièrement mis l’accent ici, Claire donne aussi des cours et des conférences. Les thèmes abordés sont aussi variés que le costume civil et militaire du Xe au XVe siècle, l’hygiène au Moyen Âge, l’histoire et les merveilles de la cathédrale de Chartres ou encore la représentation de l’Arche d’Alliance au Moyen Âge. Les sujets sont traités sous forme de cycles ou de conférences uniques. Pour suivre ces interventions, vous pouvez retrouver Claire au Centre international du vitrail de Chartres, mais aussi la joindre directement sur son site pour des sessions à distance sur internet.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge  sous toutes ses formes.

NB : toutes les photos de cet article proviennent de la page Facebook de Claire, à l’adresse : Eclairer l’histoire.

Kaamelott : le trailer officiel du film & un interview de son auteur

Sujet  :  Kaamelott,  médiéval-fantastique, légendes arthuriennes, cinéma, trilogie, trailer cinéma, interview, Alexandre Astier, humour
Période  : haut Moyen Âge à central
Auteur/réalisateur :   Alexandre Astier
Date de sortie : 21 juillet 2021

Bonjour à tous,

ans la foulée des bonnes nouvelles au sujet de la sortie de Kaamelott le film, au cinéma, voici le premier trailer officiel, suivi, en prime d’une interview toute fraiche du jour de l’auteur-réalisateur Alexandre Astier.

Le trailer du film Kaamelott 1er volet

D’une certaine manière, ce trailer répond à la question que nous nous posions, dans notre dernier article, sur le ton général de ce nouvel opus de Kaamelott (voir Kaamelott sortie confirmée pour juillet). Si les affiches, très artistiques, n’étaient pas dénuées d’une certaine dimension dramatique, le trailer donne un autre la et semble annoncer une comédie plutôt décapante. Je dis « semble » car une bande annonce n’est jamais tout à fait le film et on peut gager que l’auteur n’y a pas tout mis.

Kaamelott au Cinéma – trailer officiel

Le teaser de début 2020 nous en avait déjà donné un avant-goût visuel, mais on découvre ici de nouvelles images qui laissent présager d’une belle tenue en terme de production, de décors et finalement d’aventure (avec une mention spéciale pour certains costumes plutôt spectaculaires). Bref, on est loin du format parfois un peu à huis-clos des origines. Si ce dernier avait ses charmes, on comprend mieux, à la vue de ce trailer, à quel point Alexandre Astier a pu ressentir le besoin d’en repousser les bords. Il avait d’ailleurs commencé à le faire à l’occasion du Livre V, et plus encore du Livre VI de Kaamelott tourné, en partie, à Cinecittà. Là encore, pourtant, il avait dit avoir touché de nouvelles limites en terme de format : celles de la production télévisuelle contre celles du 7ème art. L’affaire était claire ; la suite se raconterait au cinéma ou elle ne serait pas. De longues années après, la première partie de son rêve est donc en train de se concrétiser.

L’interview d’Alexandre Astier

Extrait trailer Kaamelott premier volet

Publiée, aujourd’hui même, sur la chaîne youtube pop corn (redif de la chaîne Twitch Domingo), Alexandre Astier y donne quelques précisions sur le film. On y fait aussi quelques agréables détours par le voyage intergalactique, la SF et quelques autres sujets. Concernant le premier long métrage Kaamelott, il y confirme ce qu’il avait déjà déclaré il y a quelques années : le fait que le temps a passé dans la vie réelle autant (et même sans doute plus) que dans l’histoire sert son propos et il s’en dit même privilégié. Pas d’artifice donc, le temps s’est écoulé pour les personnages, comme pour les acteurs.

A l’occasion ce cet entretien, l’auteur-réalisateur affirme aussi (en toute logique) que le film ne s’adresse pas spécifiquement aux inconditionnels de Kaamelott. On pourra donc aller le voir en famille même sans rien connaître de la série TV. Quant aux fans, ils y croiseront forcément des surprises même si après tout ce temps, le meilleure chose serait sans doute de rester ouvert à l’œuvre et de se défaire, si on en avait formé, de quelque attente trop précise et particulière pour retrouver un œil neuf.

Alexandre Astier part-il « gagnant » en terme de succès ? Pas nécessairement. En tout cas, on le sent sur une réserve qui semble sincère et pas le fruit d’une fausse modestie. Même si la fan base est réputée impressionnante en taille, avant la sortie concrète, il est toujours délicat pour un réalisateur de préjuger du nombre d’entrées. Avec un peu de recul et à juger les échos que fait systématiquement la presse de la moindre nouvelle autour de l’auteur et de Kaamelott, on est quand même tenté de demeurer résolument optimiste sur l’engouement du public à aller voir ce film à partir du 21 juillet.

Ecriture, réalisation, composition, montage

On saluera encore ici sa vision globale de la tenue de l’œuvre et sa façon originale d’approcher le métier. Auteur, acteur, scénariste, réalisateur, compositeur de la musique et même monteur, le parti-pris d’assumer seul cette pluralité de fonctions qu’on a plus souvent l’habitude de voir déléguer à des personnes différentes n’est pas chose commune. Qui était le dernier à l’avoir fait en France ? Gainsbourg ? Et encore sans doute pas pour une production de cette dimension.

Extrait trailer Kaamelott au cinéma premier volet

L’auteur de Kaamelott semble, en tout cas, y trouver une liberté d’action autant qu’une façon essentielle d’exprimer, jusque dans les moindres détails, sa vision d’auteur. Dans des entretiens passés, il avait dit, à plusieurs reprises, préférer assumer les limites, voire les imperfections éventuelles d’un tel choix pour parvenir à une œuvre qui soit entièrement sienne plutôt que de prendre le risque de déléguer les choses, pour de mauvaises raisons, et pour un résultat qui soit loin de ses aspirations.

D’un point de vue de l’écriture scénaristique, autant que musicale, il faut dire que tout le monde n’a pas, non plus, sa double compétence. Et s’il n’a pas lui-même dirigé l’orchestre sur ce long métrage, il va être intéressant de voir comment sa vision, presque à la Sergio Leone, d’une musique qui préexiste au film et fait bien plus que l’accompagner se conjugue ici, toute comparaison de style gardée, avec une composition que Leone aurait inévitablement confié à Ennio Morricone. Sur Kaamelott, premier volet, c’est bien la même personne qui tiendra ces deux rôles.

Pour conclure, sachant aussi que du succès de ce premier film dépendra le déroulement et la production du reste de la trilogie, on lui souhaite, à nouveau, tout le meilleur.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

NB : sur l’image d’en-tête d’article issue du trailer, on reconnaître Franck Pitiot dans le rôle de Perceval et Jean-Chrstophe Hembert dans celui de Karadoc.

Idées reçues & pépites de médiévistes : Régine Pernoud & la femme au Moyen âge

Sujet : médiéviste, histoire médiévale, mentalités médiévales, Moyen Âge chrétien, église médiévale, statut de la femme, féminisme.
Période : haut Moyen Âge, Moyen Âge central & XIXe siècle
Auteur : Régine Pernoud
Média : entretien avec Radio Canada (1982)

Bonjour à tous,

assée un peu inaperçu à en juger les vues actuelles, cette archive de Radio Canada, postée en mars dernier sur youtube est intéressante à bien des points de vues. En 1982, bottant en touche un grand nombre d’idées reçues sur la femme dans la société occidentale médiévale, cet entretien filmé donnait, en effet, la parole à l’historienne Régine Pernoud sur ses travaux et ses ouvrages, notamment : La femme au temps des cathédrales (1980), Pour en finir avec le Moyen Âge (1977) et Histoire de la bourgeoisie en France (1960 et 1963).

Comme on le verra, on n’est loin ici d’une revisite caricaturale habituelle qui voudrait faire de la femme, dans le monde médiéval, voire même depuis la nuit des temps, un « sous-être » brimé et jamais tout à fait à sa pleine mesure dans le social, une victime permanente sans pouvoir, sans autre statut que celle d’être un ventre et sans autre prise sur le monde que celle que les hommes auraient bien voulu lui concéder dans leur magnanimité. Et bien rassurons nous, rien de cela ici et il faut le saluer. Aussi, approchez, approchez gentes dames et damoiselles, venez entendre la bonne nouvelle ! Si, vous étiez de celles qui s’étaient laissées convaincre par la vision d’un monde désespérément égal, depuis la préhistoire et dans lequel la femme avait été vouée à être confisquée de tout et à toujours baisser l’échine, sans doute reprendrez-vous ici un peu de goût pour ce Moyen Âge (bien plus éclairé qu’on le dit), et dont Régine Pernoud vous montrera qu’il ne vous avait pas laissé à sa porte.

La femme dans le monde médiéval et féodal

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La femme au temps des cathédrales

Au cours de cet échange filmé, la grande médiéviste revisitait des idées reçues qui touchent le statut et l’histoire de la femme, des premiers siècles au Moyen Âge central, avec une apogée qu’elle situera au XIIe et XIIIe siècles. Dans les siècles suivants, du XIVe s au XVe, elle montrera que le pouvoir politique détenu par la femme dans la société médiévale féodale, semble s’être peu à peu effritée même si, selon elle, c’est véritablement à partir de la renaissance que la tendance se confirmera.

On se souvient que dans le courant du XVIe siècle, on a voulu renouer avec l’antiquité, en tirant un trait sur un monde médiéval réduit alors, à une parenthèse obscurantiste ; du même coup, en faisant la promotion d’une certaine exemplarité des sociétés antiques (leurs codes, leurs droits et leur littérature), on aurait commencé à promouvoir aussi une vision plus archaïque des rapports homme-femme. Toujours selon la thèse de Régine Pernoud, cette orientation ne fera que se confirmer à travers le temps, pour se concrétiser, de manière encore plus tranchée, trois siècles plus tard, au XIXe siècle, sous l’empire et dans le Code napoléon (1804). Reine du contrepied, la médiéviste ira même jusqu’à retourner l’habituelle vision entre « ombres médiévales » et « lumières renaissantes » pour affirmer voir clairement, de son côté, un certain obscurantisme dans la renaissance : en allant chercher systématiquement toutes les références dans l’antiquité, on finira par étouffer la création et la liberté qu’avait connu l’art médiéval pour consacrer une imitation systématique des anciens, condamnant chaque nouvelle œuvre à paraître à la précédente.

Classe bourgeoise & milieux urbains

une citation de Régine Pernoud sur le Moyen Âge

Pour expliquer le changement progressif du statut de la femme du Moyen Âge tardif au XIXe s, Régine Pernoud établit des corrélations directes entre diminution du pouvoir politique féminin, montée des classes bourgeoises et main mise progressive de ces dernières sur les nouveaux foyers de population que deviennent les villes aux XIIe et XIIIe siècles. Nous reprenons ici des larges parties de cet entretien :

 » …Par des textes irréfutables, …, qui ont eu une influence sur la vie des français, je découvrais, peu à peu, que plus ce bourgeois que j’avais vu naître au XIe siècle, s’affirmait, prenait de l’importance, ajoutait au pouvoir économique un pouvoir administratif très grand parce qu’il devenait fonctionnaire et puis que, au XIXe siècle, il avait finalement acquis le pouvoir politique. Et bien parallèlement à cette montée, il y avait le déclin de la femme. La femme cessait d’exister.

(…) C’est une chose curieuse que de penser que dans ces cités médiévales nées aux XIIe et XIIIe siècles, qui se gouvernent elles-mêmes, qui élisent leurs représentants, les femmes votent mais personnellement je n’ai jamais trouvé, (peut-être que quelqu’un en trouvera, mais en tout cas moi, je n’ai jamais trouvé) de femmes qui aient été échevin ou maire ou recteur ou consul, enfin qui est une dignité quelconque dans la vie de la cité, là où règnent les bourgeois. Tout de même ça pose un point d’interrogation.

(…) On constate que la femme a beaucoup moins d’importance, en somme, dans un régime urbain, celui qu’a instauré le bourgeois, celui qui est le propre du bourgeois, là où il vit, là où il se sent vivre que dans la vie rurale. Dans la vie rurale, il y a beaucoup de très petites suzeraines. Quand on parle des seigneurs, on imagine toujours des gens qui ont un immense domaine, mais beaucoup de dames qui avaient des droits équivalents aux seigneurs avaient des domaines qui pouvaient être très étendus mais qui pouvaient être aussi très restreints. On connait des domaines seigneuriaux qui couvrent quelque chose comme 6 hectares. C’est très peu… Mais n’empêche qu’ils avaient des droits seigneuriaux sur ces domaines et que des femmes pouvaient avoir exactement les mêmes droits sur ces domaines.« 

Une confiscation progressive

En revenant sur cette grille de lecture de classes, on essayera de se souvenir que les alliances nobiliaires du Moyen Âge et les Dames qu’on épouse ou qui épousent sont des femmes de pouvoir. Si les deux époux n’ont pas toujours voix au chapitre sur ces arrangements bien souvent parentaux, ce sont aussi les titres et possessions détenus par les uns et les autres que l’on s’allie stratégiquement. Autrement dit, si la classe nobiliaire perpétue à travers ses alliances le maintien ou l’extension de son pouvoir, il faut bien que ces pouvoirs, ces titres et ces possessions aient existé réellement, soient grands et soient fondés du côté des hommes comme des femmes.

Sur ces notions de pouvoir des femmes de classes nobles, quand on s’approche du sommet du pouvoir, on pensera encore à de grandes régentes comme Blanche de Castille en France ou María de Molina en Espagne, et à leur rôle majeur sur l’histoire et le devenir des couronnes. Dans le même sens et plongeant du côté du haut Moyen Âge, on pourra reconsulter utilement la conférence donnée par Michel Rouche à l’Ecole Nationale des Chartes, en hommage à René Girard sur Violence et structures archaïques au Moyen Âge. On y trouvera de nombreux exemples du très grand pouvoir des reines, en Europe, dans les siècles suivants la chute de l’empire romain.

Pour reprendre le fil de cet entretien et concernant le glissement vers une confiscation progressive du pouvoir politique des femmes (nobles et bourgeoises), là encore, nous laissons la parole au journaliste et à Régine Pernoud sur un passage clé :

En somme, si je comprends bien, la question ne serait pas « Comment en finir avec le Moyen Âge ? » mais « comment en finir avec le XIXe siècle ? »

Oui ou avec tout l’ensemble de ce qui s’est imposé avec je dirais un pouvoir impérial sans réplique au XIXe siècle… C’est exactement en 1593 que le parlement, repère de bourgeois comme l’Université, prend un arrêt qui interdit à la femme toute fonction dans l’Etat. Et dès ce moment là, il y a eu une évolution, depuis le moment où Philippe Le Bel prend la première mesure antiféministe. En 1314 presque sur son lit de mort, il déclare que les femmes seront écartées de la succession au trône. Première mesure antiféministe, ça n’existait pas jusqu’au début du XIVe siècle, jusqu’au moment ou le parlement interdit toute fonction dans l’Etat, ce qui prouve d’ailleurs qu’elle pouvait avoir une fonction dans l’Etat jusque là. »

Le rôle positif de l’Eglise médiévale
sur les relations homme femme

A l’occasion de cet interview, Régine Pernoud remettra aussi quelques vérités à leur place sur le rôle de l’Eglise médiévale dans la promotion d’une certaine égalité homme femme. Sur l’argument du mariage arrangé et forcé des jeunes gens (pas ceux des classes rurales ou « roturières », mais principalement ceux des classes nobles, pour les raisons de pouvoir évoquées) l’historienne relèvera que c’est l’Eglise qui, la première, a lutté contre le consentement obligatoire des parents à partir du VIIIe siècle. Et quand soulevant les croisades, la classique légende noire de l’inquisition et oubliant bizarrement la fameuse terre plate, l’interviewer s’étonnera de la voir s’avancer en faveur de l’Eglise médiévale, l’historienne prendra, là encore, un contre pied, en s’élevant contre les habituels préjugés d’obscurantisme et un certain nombre d’idées fausses à ce sujet.

« … Mais revenons à l’Eglise, force de libération. Qui est-ce qui a fait disparaître l’esclavage tout de même ? Et qui est-ce qui a imposé, justement et fait entrer dans les mœurs peu à peu, l’égalité de l’homme et de la femme, si ce n’est pas l’Eglise. … C’est je dois dire personnellement, une sorte de découverte que j’ai faite. J’ai travaillé l’histoire de l’Eglise, si vous voulez, en remontant, parce que j’étais étonné de voir cet extraordinaire pouvoir attribué à la femme au XIIe siècle, sous la France féodale et l’Angleterre et les autres pays d’Occident. Alors j’ai tâché de remonter le cours du temps et qu’est-ce qu’on trouve ? On trouve l’influence de l’Eglise, notamment dans cette question du mariage, dès le début. Dans l’égalité de la femme, quand on voit le rôle de la femme dès les débuts de l’Eglise, c’est extraordinaire. Cela demanderait à être étudié dans le détail et mis un peu en valeur. Quelles sont les premières personnes que les églises mettent sur les autels si ce ne sont pas des femmes ? Comptez le nombre d’hommes qui sont déclarés Saints pendant les trois premiers siècles et le nombre de femmes, vous serez stupéfait.

On vous dira justement que l’Eglise a porté les femmes sur les autels pour mieux les immobiliser, pour mieux les aliéner.

(…) On dit « au XIIe siècle, on avait le culte de la femme mais c’était précisément pour mieux l’aliéner. » Bien, moi je veux bien être une femme aliénée si je suis reine couronnée ayant une chancellerie, des moyens d’exécution et le même pouvoir que le roi. Si c’est cela que vous appelez aliénation, vivement l’aliénation pour toutes les femmes ! C’est à dire qu’elle est absolument sur le même pied que l’homme.

—Oui mais là vous parlez d’un pouvoir politique ?

Oui, mais c’est important le pouvoir politique. Vous savez depuis quand on a reconquis le pouvoir politique ? 1947… C’est le général De Gaule qui nous l’a donné avec le droit de vote.

— Mais il n’y a pas que la vie politique, il y a aussi, les aspects dont on parle beaucoup actuellement, de la vie affective, la vie sexuelle de la femme ? Est-ce que la femme, à ce moment là, n’était pas simplement perçue comme une marchandise d’échanges ?

C’est justement contre quoi l’Eglise s’est élevée et les obligations de l’Eglise ont été proclamées aussi bien pour les hommes que pour les femmes parce que c’est l’Evangile. Qui est-ce qui, pour la première fois dans l’Histoire, met l’homme et la femme exactement sur le même pied dans le mariage ? C’est le Christ. C’est dans les trois synoptiques et ça a scandalisé les apôtres, d’ailleurs. Ils ont dit « si c’est comme ça autant ne pas se marier ». Ils n’en ont pas voulu, ils ont trouvé que le Christ allait trop loin ou trop fort et, en effet, dans leur civilisation, il y allait fort. Et ça on l’a compris et, surtout, on ne l’a vécu que, peu à peu, mais ça a été vécu merveilleusement, justement au cours des premiers siècles de l’Eglise. Et puis ça a été, peu à peu, instauré dans les mœurs, facilité, d’ailleurs, dans nos pays – en France, en Irlande, en Espagne – par l’influence de la société celtique qui se retrouvait un peu elle-même. Car, chez les celtes, je ne dirais pas que la femme était à égalité avec l’homme, non je ne crois pas qu’on puisse le dire d’aucune civilisation, en dehors de la civilisation chrétienne, mais du moins était-elle étroitement associée à l’homme et prenait-elle part à ses activités. Et ça, ça scandalisait beaucoup les écrivains romains. Et comme lors de l’effondrement de l’empire romain, au Ve siècle, la civilisation celtique reprend un peu ses droits en France, en Espagne, même en Italie, dans le domaines des Iles d’Irlande et Britannique, peu à peu on voit cette liberté et cette égalité qu’instauraient l’Eglise prendre chez nous très naturellement.« 

La famille dans le monde médiéval

Pour conclure, cet entretien qui remet bien des pendules à l’heure, on y trouvera encore des affirmations clés sur l’importance de la famille comme base solide, autant que facteur d’émancipation individuelle dans les sociétés médiévales. Nous sommes en 1982 mais Régine Pernoud constate déjà les mauvais traitements que l’on fait subir à cette cellule fondamentale qui fut à la base de notre société pendant des centaines, sinon des milliers d’années. Depuis cette entretien, on a, du reste, continué méthodiquement de s’évertuer à la dénigrer et la détruire.

Contre une nouvelle idée reçue, l’historienne nous expliquera qu’il faut que la famille soit forte pour que les individus soient vraiment libres ; si l’homme médiéval voyage autant, c’est qu’il est aussi certain de pouvoir revenir vers ce havre solide. La médiéviste nous rappellera, au passage, qu’au Moyen Âge la gente masculine est majeure à 14 ans et la gente féminine à 12 ans. C’est Henri III, à la fin du XVIe siècle qui changera la donne brusquement en fixant la majorité à 25 ans. Il faudra attendre 1792 pour que cette dernière soit ramenée à 21 ans pour tout le monde, puis, sous le code Napoléon, à 21 ans pour les femmes et 25 ans pour les hommes. Enfin, les débuts du XXe siècle verront cette majorité à nouveau établie à 21 ans pour tous et ce n’est qu’en 1974 qu’elle sera ramenée à 18 ans pour filles et garçons.

Trouver les ouvrages de Régine de Pernoud

Voici des liens vers les ouvrages de Régine Pernoud utilisés en référence, à l’occasion de cet entretien.

La Femme au temps des cathédrales - Régine Pernoud La Femme au temps des Cathédrales, Poche (1980)Pour en finir avec le moyen-âge Régine Pernoud Pour en finir avec le Moyen-Age, Points (1977)
histoire de la bourgeoisie - Régine Pernoud Histoire de la Bourgeoisie en France 1, Points (1960) histoire de la bourgeoisie 2 - Régine PernoudHistoire de la Bourgeoisie en France Points (1963)

Vers un « reset » permanent des compteurs ?

Pour qui s’intéresse honnêtement au Moyen Âge et aux faits historiques, la place faite à la femme dans la société médiévale se tient loin des préjugés habituels et des visions erronées encore trop souvent mises en exergue. Quand les informations sont absentes, on les invente ou on les contrefait, et quand elles ne sont pas simplement fausses, on vient en exploiter d’autres avec cette fâcheuse manie qui sévit, de plus en plus, de revisiter l’histoire, hors contexte, au goût des aspirations du jour et toujours, bien sûr, au désavantage de cette dernière.

De nos jours, dans la lignée de Régine Pernoud, certaines historiennes et intellectuelles œuvrent heureusement, avec beaucoup de sérieux, à une vision réaliste du rôle de la femme à travers les âges ou, même au présent, à travers les sociétés et les cultures. Malgré cela, les vérités de laboratoire ont toujours du mal à s’étendre au grand jour ; en 2020, en observant le monde de la « vulgate » (médias, réseaux sociaux, etc…), on en vient, quelquefois, à se demander si certaines relectures caricaturales, relayées complaisamment par certaines formes de féminisme très actuelles (et qui n’ont plus grand chose de commun avec celui d’une Régine Pernoud), ne finissent pas par engendrer, à la longue, des formes de victimisation systématiques qui ne servent, en rien, la vérité des faits.

Bien entendu, il ne s’agit pas de nier certaines réalités mais en revisitant constamment à la baisse le statut des femmes à travers l’histoire et le monde et en minimisant constamment les rôles véritables qu’elles ont joués par le passé ou même les grandes avancées à certains moments de l’Histoire, on finit par faire la promotion d’une sorte de réinitialisation permanente des compteurs qui ne fait qu’à alimenter de nouvelles formes d’ignorance et ne contribue certainement pas à faire avancer les débats.

En vous souhaitant une très belle  journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Pour poursuivre sur le sujet de la femme dans le monde médiéval, nous vous conseillons également de consulter les travaux de l’historienne médiéviste Julie Pilorget . En 2016, France culture lui consacrait un podcast à découvrir ici : la femme en milieu urbain au Moyen Âge tardif .


Les Renforts Maléfiques, sortie du Tome 9 des BD Kaamelott et un interview d’Alexandre Astier

kaamelott-serie-tv-alexandre-astier-M6 Sujet  :   Kaamelott, humour, , série télévisée,     médiéval-fantastique, comédie, bandes dessinées, légendes arthuriennes, nouveauté,  fantasy
Période  : haut Moyen Âge à central
Auteur  :   Alexandre Astier
Ouvrage :   Les Renforts Maléfiques, BD,  Casterman

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passion l’occasion de la sortie de la nouvelle BD autour de l’univers Kaamelott, la chaîne Youtube Captain Popcorn a pris l’excellente initiative de nous gratifier  d’un long interview de l’auteur  Alexandre Astier que celui-ci  a eu la bonne idée d’accepter.

Ce bel entretien, posé et au calme, permet à l’auteur des légendes arthuriennes à la française et de l’Exoconférence  de se livrer sur de nombreux aspects : références aux jeux de rôle, spécificité de l’écriture BD, détours sur quelques références aux super-héros,  à Star Wars et aux incontournables Monty Python et un mot encore de Kaamelott Resistance, toujours dans les cartons.

Opus 9 : les Renforts Maléfiques

bandes-dessinees-kaamelott-tome-9-nouveaute-interview-Alexandre-astierCôté nouveauté, ce nouvel opus, qui se présente comme le tome 9 des bandes dessinées Kaamelott, a pour titre Les Renforts Maléfiques. Il correspond à la suite de l’Antre du Basilic, même si, on le notera à l’écoute de l’interview, il se présente, d’une certaine façon, comme un  ouvrage à part entière ou un diptyque qui ne  dit pas son nom.

Cette nouvelle BD et d’ors et déjà à la vente dans tous les bonnes librairies. A toutes fins utiles, voici également un lien pour l’acquérir en ligne : Kaamelott, Tome 9 : Les Renforts Maléfiques.

L’Interview d’Alexandre Astier  sur l’univers et les BD Kaamelott

A propos des Bandes Dessinées Kaamelott

Depuis l’année 2006,  neuf tomes de BD  Kaamelott sont déjà parus chez Casterman,    tous écrits de la main  d’ Alexandre Astier . Depuis le début de la saga, la partie illustration a, quant à elle,   été confiée au talentueux dessinateur belge   Steven  Dupré.

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Coté format, chaque album propose des aventures inédites et débridées dans l’univers de la série. On connait l’exigence d’Alexandre Astier sur ses productions : il n’a donc pas été question de céder, ici, à la facilité, ni de remâcher des choses déjà traitées à l’écran. L’écriture se trouve également affranchie de certaines contraintes de moyens liées aux productions télévisuelles des premières heures même si l’auteur nous expliquera, dans l’interview, que c’est une liberté dont il faut savoir user, sans abuser (en BD comme à l’écran).

Grandes espaces, effets spectaculaires et créatures fantastiques, cet affranchissement permet tout de même, d’offrir au lecteur, des histoires qui se démarquent d’autant plus de la série TV. De fait, ces  Bandes Dessinées  Kaamelott en ressortent presque plus clairement ancrées dans un médiéval fantasy épique, teinté de références à  la   Donjons et Dragons.  Alexandre Astier les a, du reste, toujours revendiqué à propos de Kaamelott et on a encore en tête certains d’épisodes mémorables de la Série TV dédiés au Donjon Crawling et à l’exploration de labyrinthes.

Découvrir les  BD  de  Kaamelott déjà parues

BD-kaamelott-nouveautes-sortie-9-tome-alexandre-astier-Bande-dessinee-2


En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient.» Publilius Syrus   Ier s. av. J.-C.

Découvrir d’autres lectures autour de Kaamelott –  
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