Sujet : Kaamelott, série TV, médiéval-fantastique, roi Loth, Hervé de Rinel, légendes arthuriennes, humour, détournement. Période : haut Moyen Âge à central Auteur: Alexandre Astier
Bonjour à tous,
ujourd’hui, pour changer un peu, je vous propose une aventure en vers inspirée très directement de l’univers de la série Kaamelott d’Alexandre Astier. L’histoire est narrée à la façon du le Roi Loth, incarné par le célèbre « professeur » François Rollin dans la série TV. Dans ce petit conte, il tente d’œuvrer à la restauration de la réputation (quelque peu en dessous) de Hervé de Rinel (Tony Saba à l’écran), chevalier qui brille, à la table d’Arthur, par son inutilité.
Pour le reste, ce conte du dragon défait par le chevalier de Rinel est en Alexandrin, mais aussi en argot (que les âmes sensibles en soient averties). J’espère ne pas avoir laissé trop de pieds dépassés mais je suis confiant qu’un ou deux puristes sauront le noter, le cas échéant.
Du bon Hervé de Rinel & du dragon défait
Du bon Hervé d’Rinel, il s’en est beaucoup dit, Des vertes et des pas mûres, surtout des saloperies, Mais en vue d’rétablir l’honneur de ce grand homme, Qu’on a, bien trop souvent, fait passer pour une pomme, Il nous faut conter là, l’un de ses plus haut fait, L’histoire du dragon qui, par lui, fut défait.
Parti un matin tôt, juché sur sa monture, Notre bon chevalier s’en fut à l’aventure, D’aucuns disent qu’il suivait la quête du Graal, Et d’autres, des mauvaises langues, qu’c’était surtout son cheval. Les pires c’est ceux qu’i disent qu’il était aux mousserons Mais moi, j’y crois pas trop, il serait mort sinon. De toute manière tout ça, nous on l’saura jamais Vu que ça échappait même à l’intéressé. Bref, alors qu’il était au milieu d’un sentier A gratter Dieu sait quoi et à se les rouler Un fracas retentit à faire péter le ciel Une vieille odeur de souffre et dans une grand bruit d’ailes, Un dragon titanesque se posa devant lui.
Surpris par la bestiole, il lui dit : « Vous êtes qui ? » » Vous êtes c.. vous ou quoi ? » qu’il lui a fait l’bétiard Si vous êtes chevalier vous devriez l’savoir ! Chuis l’cador des légendes, celui que tout l’monde craint. » L’autre a dit « Désolé, je cherche mais ça m’dit rien… » « — Non mais sans déconner vous êtes un gros débile ? Bon une énigme alors ? ça s’ra pt’être plus facile. Par contre, faîtes un effort avant qu’ça d’vienne gênant : De ma gueule d’écailles jaillit un feu ardent Et de mes ailes noires je défie les nuages, Et tous me redoutent du plus fou au plus sage : Je suis ? Je suis ? Je suis ? Allez-y et pas d’vannes. » L’autre a plissé les yeux, pis il a dit : « Batman ? »
Là, il faut vous avouer que même bien lunée La Bestiole commençait un peu à s’échauffer. « — J’sais pas c’qui m’a foutu un abruti pareil… Ou vous êtes super c.. ou bouché des oreilles ! Concentrez-vous, Bon Dieu !, réfléchissez un peu : C’est facile des écailles, des ailes et puis du feu… » D’Rinel i s’est creusé, ça frisait l’mal de tête Pis tout à coup c’est v’nu, il a dit « Que ch’uis bête ! Non mais ça y est, je sais, ça m’a pris un moment. Je crois qu’j’ai deviné : z’êtes un poisson volant ? » Un tel niveau d’génie, l’dragon connaissait pas. Autant vous l’dire tout d’suite il a baissé les bras. Puis il a décollé, sans même un dernier r’gard, Il est rentré chez lui pour s’coller au plumard… De c’jour là des énigmes, l’en a plus jamais fait(es) L’est resté dans sa grotte à s’compter les doigts d’pieds.
Y a des jours comme ça, vaudrait mieux pas s’lever Rester dans son pageot, à rien foutre, à glander. Cette leçon là, voyez, sans notre bon héros, L’dragon l’aurait zappée, i s’rait p’t’être mort idiot. Du coup après tout ça, je pense que plus personne Osera v’nir encore dire qu’Hervé c’était un pomme.
Sujet : Kaamelott, trilogie, série télé, long métrage, films légendes arthuriennes, roi Arthur Auteur : Alexandre Astier Interview : L’express Date : janvier 2016 Période : haut moyen-âge forcément
on, sur ce coup là, je ne m’explique franchement pas comment j’ai fait pour passer à côté de cet interview d’Alexandre Astier par l’Express à propos de la suite des projets Kaamelott et qui date déjà de quelques mois. Ce n’est pas faute pourtant de jeter un oeil régulier sur le sujet mais entre De Joinville, Saint Louis, Froissard, les troubadours, les poètes médiévaux, les châteaux-forts, les croisades et aussi deux ou trois âneries, le temps file…
Du coup, je dois bien l’avouer, je me sens un peu comme ce type qui se pointe 5 mois après pour vous souhaiter un bon anniversaire. Mais, tant pis, notre pain noir mangé, publions la nouvelle! Elle est trop bonne pour ne pas trouver ici sa place, même avec effet retard, et je me fais même une joie de l’annoncer à tous ceux qui étaient passés à coté, aussi surprenante soit-elle: Oui, vous entendez bien! Alexandre Astier plébiscite les tee shirts marins! C’est fantastique! Mais je plaisante bien sûr, la nouvelle c’est que le bateau trilogie; long métrage sur grand écran kaamelott s’apprête à lever l’ancre et la concrétisation du projet n’a jamais été si proche (pour le jargon maritime, là par contre, ce n’est pas moi qui continue mes âneries, c’est lui dans l’interview).
Voilà tout est dit! Rien à ajouter, le capitaine de bord de la nef Kaamelott a parlé et nous serons, de toute façon et comme toujours, au rendez-vous de ses créations.
Sans parler des longs métrages et de la trilogie Kaamelott qui traiteront vraisemblablement du retour du roi Arthur et que tous les suiveurs et autres aficionados de la série télévisée attendent impatiemment depuis quelques années déjà, j’avoue que le format écrit qui semble poindre à l’horizon pour Kaamelott Resistance a, lui aussi et par anticipation, une effet assez jubilatoire. Qui sait, en effet, où l’imagination d’Alexandre Astier et son talent pourront le porter avec sa plume, une fois affranchi des contraintes budgétaires qu’emporte toujours forcément un peu la production audio-visuelle?
Même s’il avait déjà sorti le scénario des premiers livrets en format papier, et aussi quelques bandes dessinés de choix, pour ceux qui suivent les pérégrinations du talentueux auteur et qui aiment aussi les livres, on ne peut être qu’impatient de le voir se prêter à l’exercice; si c’est bien d’un roman ou d’un livre qu’il pense nous gratifier, bien entendu, mais allez savoir avec lui. Cette manie de vouloir surprendre aussi, le pire c’est que je suis sûr qu’il a toujours été comme ça, jamais là où on l’attend…
Plaisanterie mise à part, soyons franc c’est aussi ça qui est rafraîchissant chez Alexandre Astier: ne jamais chercher à être attendu, quitte à prendre même le contre-pied. Franchement c’est un vrai bol d’air et c’est aussi un pari sur l’intelligence du public que le public lui rend bien. Combien de films avez-vous vu dernièrement dont vous connaissiez déjà la fin dès la première minute? Nous l’avons déjà dit ici mais je ne me lasse pas de le répéter parce que c’est loin d’être anodin. Dans nos sociétés « médiamétrisées » au ras du slip, tout est sacrifié sur l’autel du neuromarketing et des annonceurs: le politiquement correct, les choses attendues, les choses convenues, On ne cesse de nous diffuser de la médiocrité culturelle en nous expliquant que ce sont les gens qui en redemandent, mais au fond on continue de leur en servir à seule fin de leur vendre des cacahuètes, des salades ou des chips entre les vides des programmes: de l’émotion pas cher et bon marché contre du contenu qui fait réfléchir. Il faut que le cerveau soit mou et disposé pour consommer.
Dans ce contexte de mise à mort progressive du sens critique et de dictate du pognon à tout crin, surprendre et miser sur l’intelligence du public est devenu, de fait, rien moins qu’une forme d’acte engagé. Au delà d’être la marque d’une liberté que justement l’Art véritable devrait toujours permettre, c’est aussi une marque profonde d’empathie et de respect et même si on sent bien qu’il y a du jeu et de la complicité dans la manière dont Alexandre Astier le fait, il n’y a, pour autant, aucune facilité dans l’exercice. Ne nous y trompons pas, c’est toujours de la prise de risque et c’est aussi toujours dans le sens d’un pari d’élévation. Au delà de l’immense plaisir qu’il y a toujours à découvrir ses créations, il est aussi en train de démontrer quelque chose et d’ouvrir des voies. Alors une fois encore, respect et Grazie mille!
Juste avant de décrocher par contre et pour le relever quand même, j’ai bien aimé la question suivante du journaliste, ça sent le truc mûrement réfléchi:
– Tous les personnages de Kaamelott seront-ils dans le film ?
– Oui, tout à fait, absolument, les cent cinquante acteurs des six livres télés et des centaines d’heures vidéos seront tous là. Ils auront même une réplique chacun. Bon assez courte par contre. Va falloir que ça dépote pour que tout le monde puisse en placer une parce que même à une minute la réplique, ça va nous faire déjà un film de plus de deux heures trente. Rassurez-vous par contre le roi Arthur en aura deux. C’est le minimum que je pouvais faire quand même. Une autre question peut-être?
– Elle est où la poulette ?
– Ah voilà! Enfin, on sent que vous retombez enfin sur vos pattes. Vous dansez ?
– Non désolé. Jamais entre les repas.
– Dommage, ça aurait pu être sympa de se faire un p’tit Moon walk.
Mais allons, freinons là! Ne cédons pas à la facilité de se gausser. Le journaliste voulait surement savoir quels personnages clés on allait retrouver dans le film et soutirer quelques infos en posant la question à l’envers. A son grand dam, il fit choux blanc mais nous le remercions quoiqu’il en soit de cette interview qui, bien que publiée ici avec quelques retards, apporte son lot de vraies bonnes nouvelles pour la suite de Kaamelott et de la légende du roi Arthur, façon d’Alexandre Astier. Rassurez-vous, par contre, de notre côté, leçon bien apprise, nous avons, depuis, cherché sans relâche tel le courageux teckel explorant avec frénésie le terrier du lapin s’il y avait des nouvelles plus fraîches et point n’en avons trouvé, hormis la petite phrase de l’excellent François Rollin (le roi Loth dans Kaamelott) datant de quelques jours et qui confirme les démarrages de tournage autour des débuts 2017. Il a même ajouté qu’il était vraisemblable qu’il en fasse partie. Tant mieux que serait le royaume de Logres sans ce traître né et cet inlassable comploteur. Une autre nouvelle datant de deux jours confirme également que le tournage du film devrait démarrer cet hiver. Le sujet est donc bien plus chaud que jamais!
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Kaamelott, les cours de rattrapage sont ici. Vous y trouverez aussi toutes les infos pour vous procurer cette excellentissime oeuvre d’Alexandre Astier autour de la légende du roi Arthur et des preux chevaliers de la table ronde. Pour le cas où vous soyez passés à côté au moment de sa diffusion télévisuelle, il y a quelques années, n’ayez aucune crainte, il ne sera jamais trop tard, c’est absolument indémodable.
Une belle journée à tous!
Fred
pour moyenagepassion.com « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publilius Syrus Ier s. av. J.-C
Sujet : Kaamelott, La légende du Roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde Période : haut moyen-âge, médiéval fantastique Format : vidéo, série télévisée « culte » Auteur/ Réalisateur : Alexandre Astier Date de sortie : de 2005 à 2010 Production : CALT & Alexandre Astier Diffusion : M6
LA LEGENDE DU ROI ARTHUR REVISITEE
« Je lui rembourse mes genoux et s’il a filé la vérole à mes bêtes… j’suis un marteau moi, je crame tout, moi, sa ferme, ma ferme, celles des autres, le château, j’fait flamber le moitié de la Bretagne. » Guethenoc, (Serge Papagalli ) Kaamelott.
Bonjour à tous,
aamelott est une série télévisée culte du talentueux auteur, acteur, réalisateur Alexandre ASTIER. Elle mérite assurément un peu plus qu’une simple citation ou qu’un simple article, mais il faut bien commencer par quelque chose.
Avec Kaamelott, la France, transportée dans le haut moyen-âge, découvrait la légende du roi Arthur et de ses chevaliers de la table ronde sous un nouvel éclairage, et avec elle, une écriture, une famille et une troupe d’acteurs. Et c’est sans nul doute une des grandes forces de cette série, qui a désormais échappé à son média pour devenir une œuvre à part entière, que d’être portée par un auteur qui est aussi un acteur et qui s’inscrit dans une vraie troupe et une vraie famille. Père, frère, mère et belle mère, amis de longue date et beaux acteurs, il y a du cœur, de la sensibilité, et au final, une vraie complicité autant que de la jubilation dans le jeu de tout ce petit monde et l’on s’attache autant à l’excellent texte et à l’humour qu’à la troupe qui entoure Alexandre Astier et se met à son service.
LE RESUME DES LIVRES & DES SAISONS
La trame de la série Kaamelott est celle de la légende d’Arthur et l’œuvre se décline en livres aux tons et aux formats changeants, au fil de l’Histoire et des exigences de son conteur pour mieux la servir.
En voici un résumé « relativement » court, compte tenu du fait que nous parlons de près de 30 heures de visionnage. Pour ceux qui n’ont pas vu la série, sachez que vous trouverez forcément quelques « spoils », aussi si vous êtes de ceux qui préfèrent ne rien savoir et découvrir par eux-mêmes, nous vous proposons un petit trailer en forme de mise en bouche. Pour le reste, vous pouvez avancer dans la confiance, avec Kaamelott, nous nous situons dans l’excellence tant dans l’écriture, l’humour et le récit, que dans le jeu de ses acteurs. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si la série a été saluée et récompensée par deux prix. (Globe de cristal 2006 et prix du Festival de Luchon 2006).
KAAMELOTT : SAISONS I à III, LA SAINTE QUETE DU GRAAL ET LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE
Format court : 7 minutes Contenu : 100 épisodes par saison, soit 300 au total.
« Le gras, c’est la vie »
Karadoc, (Jean-Christophe Hembert) Chevalier de la table ronde, Kaamelott.
De bonne volonté, tolérant et ouvert, l’Arthur d’Alexandre ASTIER est un roi résolument moderne. Quand la série débute, il a déjà libéré l’épée Excalibur de son rocher et a construit Kaamelott. Principalement entouré d’incapables, des chevaliers jusqu’à Merlin en passant par le moindre serviteur du château de Kaamelott, il lui faudra maintenant asseoir son autorité, ancrer la paix entre les différentes tribus du Royaume de Logres et lancer la sainte quête du Graal. Il sera « assisté » dans sa tâche (même si le mot est fort), par Merlin l’enchanteur (Jacques Chambon à l’écran) et par une messagère des Dieux, la dame du Lac connue encore sous le nom de fée Viviane (incarnée dans la série par Audrey Fleurot, photo ci contre).
Pris dans un mariage politique arrangé avec la reine Guenièvre, Arthur devra aussi jouer de patience pour supporter les vicissitudes de la vie quotidienne, au milieu de sa belle famille qu’il héberge au château de Kaamelott, famille dont Léodagan (Lionel Astier) son beau père autoritaire et chicaneur, roi de Carmélide, n’est pas le moindre trublion, même si Dame Seli (Joelle Sevilla), la belle-mère, n’a pas grand chose lui envier (photo ci dessous: Léodagan et Dame Seli).
Au niveau politique, même si la libération de l’épée magique Excalibur de la pierre a calmé tout le monde sur la légitimité de ce Roi celte, revenu éduqué de Rome, Arthur doit encore composer avec une certaine barbarie dans les coutumes et les mœurs, encore à l’œuvre dans le royaume de Logres, autant qu’avec des invasions barbares de tout poil – Saxons, Huns ou Burgondes – venus piller le royaume et le mettre en péril. Dans cette opposition et ce contraste de cultures, notre bon Arthur ne se démontera pourtant pas et s’avérera toujours habile à manœuvrer. (photo ci-contre, l’hallucinant roi burgonde, campé à l’écran par l’excellent Guillaume Briat).
RIRE SAINEMENT, SANS CYNISME ET SANS MEPRIS
« J’irai me coucher quand vous m’aurez juré qu’il n’y a pas dans cette forêt d’animal plus dangereux que le lapin adulte ! » Bohort, (Nicolas Gabion), Chevalier, Kaamelott.
Grâce à l’ensemble des personnages entourant Arthur, nous aurons, quant à nous, l’occasion de toucher du doigt et de nous gausser des innombrables formes que peuvent prendre l’incompétence et le manque de vivacité d’esprit, ce que Michel Audiard aurait sûrement pu appeler en son temps, « les mille et une forme de la c….rie ». Qu’on ne se trompe pas pourtant, il n’y a jamais de mépris chez Alexandre Astier et dans son écriture, pas plus que dans le regard du roi Arthur qu’il incarne à l’écran.(photo ci-dessus les mythiques « chevaliers » Perceval, Franck Pitiot, et Karadoc – Jean Christophe Imbert). S’il sait ses gens faillibles et s’étonne, avec nous, de leur niveau de compréhension générale autant que de leur lenteur d’esprit, il leur voue, pourtant, toujours une certaine tendresse et fait montre, à leur endroit, de trésors de patience et de tolérance. Et comme il y a dans le regard de cet auteur du cœur, de l’humanisme et jamais de cynisme, on rit toujours sainement dans Kaamelott. D’ailleurs, l’auteur a dédié cette œuvre à Louis de Funès, ce merveilleux génie comique à qui l’on pardonnait tout et que l’on aimait jusque dans ses pires méchancetés scéniques, parce qu’il restait profondément humain. (photo de gauche, ci-dessus, les « chevaliers » Yvain, Simon Astier, et Gauvain, Aurélien Portehaut)
KAAMELOTT SAISON/LIVRE IV :
DE L’AMOUR COURTOIS A LA TRAHISON
Format court : 7 minutes Contenu : 100 épisodes
« Invoquer une meute de loups ? Moi je veux bien, mais je vous préviens : s’ils se retournent contre nous pour nous bouffer les miches, vous viendrez pas pleurer ! »
Merlin (Jacques Chambon), Enchanteur officiel de Kaamelott
Le format reste le même mais le ton change déjà légèrement, car il faut maintenant compter avec la séparation du roi Arthur du chevalier Lancelot (photo ci-contre, incarné par Thomas Cousseau), qui lui était resté fidèle jusque là. Ce dernier, exaspéré par l’incompétence qui entoure le roi autant que par ce qu’il considère comme un manque d’autorité de la part du souverain, a, en effet, décidé de reprendre seul sa quête et de déserter la table ronde. Viendra s’ajouter bientôt à cela, la révélation de l’aventure amoureuse de Lancelot et Guenièvre, sortie des formes de l’amour courtois pour se consumer au grand jour, au risque de consumer avec elle, le royaume de Logres et l’autorité d’Arthur sur ses terres. L’affaire des deux amants avait commencé à se faire sentir de manière larvée dans les livres précédents, mais la prise d’Arthur pour maîtresse de Dame Mevanwi, l’épouse d’un de ses chevaliers, aura accéléré les choses. Au grand dam des gens qui entoure le roi, plus qu’à celui d’Arthur lui-même, la reine Guenièvre s’en ira donc vivre avec Lancelot et découvrira, au passage, la différence entre le statut de souveraine officielle et celui de maîtresse d’un chevalier errant, vivant dans la forêt (photo de gauche, Guenièvre incarnée à l’écran par la très drôle Anne Girouard).
Tout autour, à la faveur de ces dissensions et de la passivité du roi, les complots se fomenteront pour changer la donne au royaume de Logres et les traîtres avanceront, bientôt, à visage découvert (photo ci-dessus, à droite le Roi Loth – François Rollin, à gauche Dagonet Antoine de Caunes et Galessin – Alexis Hénon). A la table ronde même, les intentions séparatistes se feront connaître auxquelles Arthur, dans sa mansuétude autant que son indifférence, ne résistera pas. Ne faisant plus l’effort de retenir personne et rendant à chacun un libre arbitre qu’il ne leur aura finalement jamais confisqué, il ira même jusqu’à encourager certains départs, laissant aller à vau-l’eau tout ce qu’il avait tenté de construire jusque là. Et jusqu’aux Dieux, alors, sembleront se détourner du grand roi. (photo ci contre, Dame Mevanwi, incarnée dans Kaamelott par Caroline Ferrus)
KAAMELOTT SAISON/LIVRE V LES ERRANCES D’ARTHUR & LA FOLIE DE LANCELOT
Format : 52 minutes Contenu : 8 épisodes
« Alors, si vous êtes plus à l’aise avec les notions concrètes, je peux vous proposer mon pied dans les noix… » Léodagan de Carmélide (Lionel Astier) au roi Loth.
Changement de ton, changement de format, même si les choses semblent reprendre leur cours normal, les fractures sont encore ouvertes et les plaies ne sont pas soignées. Arthur s’est rangé à l’avis de tous, allant reprendre la reine Guenièvre et laissant sa maîtresse retourner vers son chevalier, mais les affres de la déprime et du découragement gagnent le roi. La quête du Graal n’a pas abouti et il subit encore la douleur de la perte de Lancelot, ami cher et chevalier, auquel il ne se résout pas à en vouloir, malgré sa trahison; On dit, de surcroît le chevalier disparu, devenu à demi fou et peut-être même mort. Autour de Kaamelott, de nouveaux clans se sont formés, jusqu’aux plus fantaisistes, et Arthur, lui même a déserté la table ronde. Comment gouverner sans un roi? Voila les conseillers et les proches réalisant le vide laissé par celui dont on critiquait tant l’apparente inaction et la trop grande modernité et qu’on n’arrive pourtant pas à remplacer.
De son côté, empreint d’empathie et fin psychologue avant l’heure, Arthur ne s’en prend qu’à lui-même et porte sur ses seules épaules en bon roi digne et conscient, tout l’échec de son règne et de ses quêtes, au point de se laisser dériver, allant jusqu’à flirter avec les noirs rivages de la mort. Pendant ce temps, devenu ermite, Lancelot, muré dans sa colère et ses rancoeurs, suivra, bientôt, comme une ombre, un mystérieux homme en noir, le sombre Méléagant, bien décidé à lui faire retrouver la gloire et le pouvoir. Mais quel prix de sang et de larmes le chevalier du Lac devra-t’il payer pour les reconquérir? Y est-il prêt? (photo ci-contre Méléagant, et l’excellent Carlo Brandt)
Ce livre est merveilleux, autant par son changement de tempo et de ton que par la profondeur de son intrigue, et c’est en virtuose du rythme et de l’écriture musicale et littéraire* que l’auteur le conduit. La question de l’identité du héros y est posée, plus que dans aucun autre opus, et c’est d’ailleurs ce qui guidera Arthur tout au long de ce livre, puisqu’il ira chercher, dans une quête solitaire, à la fois ses origines et sa possible descendance. Qui est-il? Pourquoi n’a-t’il pas infanté? Peut-il faillir et s’autoriser la chute? Doit-il libérer l’épée de la pierre après l’y avoir replantée à nouveau, comme sa mère le lui a conseillé? Lui faut-il renoncer au royaume de Logres et au delà de tout cela, peut-être à la vie même? * Rappelons qu’Alexandre Astier est également musicien-compositeur et qu’on lui doit aussi toutes les musiques de la série Kaamelott.
KAAMELOTT SAISON/LIVRE VI
ARTHUR A ROME, L’ENFANCE D’UN ROI
Format : 40 minutes Contenu : 9 épisodes
« Des chefs de guerre, il y en a de toutes sortes. Des bons, des mauvais, des pleines cagettes, il y en a. Mais une fois de temps en temps, il en sort un. Exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, il y en a presque jamais. Mais tu sais ce qu’ils ont tous en commun ? Tu sais ce que c’est, leur pouvoir secret ? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles. » César (Pierre Mondy), Empereur des Gaules, à Arthur, Kaamelott.
Avant d’entrer dans la suite de la légende, l’auteur décide ici de nous ramener en arrière dans le temps, pour mieux éclairer le départ de son œuvre et le personnage complexe d’Arthur. Nous le suivrons donc, cette fois-ci, à Rome pour partager des épisodes marquants de l’adolescence du bon roi et son éducation romaine. Nous y croiserons un Pierre Mondy Césarisé et merveilleux, Général blasé vieillissant qui verra en Arthur le grand homme que la légende l’appellera, bientôt, à devenir. Nous y rencontrerons encore le génial Merlin, étonné de voir combien « la majesté de chaque monument de Rome le dispute à la magnificence » et un coin du voile sera également levé sur le recrutement des chevaliers de la table ronde. (photo ci-dessous, les couloirs complexes et tortueux de la politique romaine, Patrick Chesnais et François Levantal)
Filmé a Cinecitta avec une pléthore de grands acteurs, ce livre nous conduit encore dans une changement de rythme et de format. Pour ceux qui ont compris que dans la liberté d’Alexandre Astier, se niche toujours un pari sur notre intelligence, ce nouvel opus est franchement jubilatoire. A travers ces nouveaux épisodes, il nous surprendra encore et nous régalera de belles heures d’aventure en compagnie de son Arthur, avec du rire toujours intelligent.
A l’ère du DVD, ceux qui, à l’époque de sa sortie télévisuelle, ne purent accrocher sur le format court et quotidien de cette série ont, heureusement le bonheur et la joie de pouvoir l’acquérir d’un seul coup sous forme de coffrets. C’est comme ça que je l’ai moi-même découverte, en m’affranchissant ainsi de l’attente quotidienne pour la voir (et la revoir) de manière plus continue et tout à loisir. Franchement, n’hésitez pas, Kaamelott se regarde et se re-regarde et de nombreux amis et connaissances qui sont tombés dedans ne s’en sont toujours pas lassés.
-> Acquérir l’intégrale de Kaamelott en DVD
Tous les coffrets DVD sont en promotion depuis quelque temps, c’est l’occasion d’en profiter.
« Si Joseph d’Arimathie a pas été trop con, vous pouvez être sûr que le Graal, c’est un bocal à anchois. » Perceval le Gallois, Chevalier, Kaamelott
O solitude et désespérance du « fan »! Il a revu déjà cinq à six fois tout ce qui est déjà sorti et il attend, transi, que l’auteur le régale d’un mouvement de plus. Combien de fois encore, telle la goutte d’eau sourd, inexorablement sur la pierre, a-t’il harcelé l’auteur de ses questions sur la suite? Impatience flatteuse et usante, ô Alexandre! soit salué pour ta magnanimité à chaque fois que te revient la sempiternelle ritournelle de l’amateur inquiet!
Pourtant, la suite est en marche, nous le savons, et les complications juridiques rencontrées par Alexandre Astier pour libérer son œuvre de l’ornière de ses premiers contrats semblent enfin se décanter. Ne pas avoir voulu y sacrifier est encore un signe de sa grande liberté car il l’a dit et répété, le temps étant passé depuis les premiers épisodes, si les conditions des premiers accords le limitaient, pour la suite, dans ses moyens comme dans ses mouvements, alors de suite il n’y aurait point.
Dans les méandres des pourparlers et depuis décembre 2015, il semble pourtant bien que les accords se fassent jour. Alors, si tout va bien, oui, il y aura une suite, oui il y aura des longs métrages et vraisemblablement une trilogie cinématographique Kaamelott qui contera le retour d’un nouvel Arthur dans son royaume. Concernant un retour télévisuel sur M6 sous forme d’une série appelée « Kaamelott résistance » qui conterait la période trouble durant laquelle Lancelot, ayant hérité du pouvoir au royaume de Logres de la main même d’Arthur, y régnera d’une main ferme et dictatoriale, pour l’instant, la situation semble gelé. Cela se transformera-t-il en film d’animation, en long métrage, en bandes dessinés, ou pourquoi pas en symphonie? En vérité, avec Alexandre Astier, tout reste possible tant son écriture est souple et protéiforme et tant il lui plait de suivre ses muses pour nous amener, à sa suite, dans des endroits toujours inattendus.
LIBERTE DE TON & MARQUE D’UN AUTEUR
« Je ne veux pas satisfaire les fans de Kaamelott, je veux les surprendre » Alexandre Astier, Auteur-réalisateur de Kaamelott
C’est une des particularités uniques de Kaamelott qu’Alexandre ASTIER se comporte en auteur et se met entièrement au service de la légende d’Arthur. Il a un vrai regard sur l’œuvre médiévale et une grande liberté par rapport à elle, mais il en suit la trame de manière implacable. Et, c’est sans doute là la différence entre l’auteur véritable et le comique troupier, le changement de ton ne lui fait jamais peur, pas plus que la tentation de tomber dans le stéréotype ne l’affecte. Et là où d’aucun ne prendrait aucun risque, de peur de semer leur public en route, misant ainsi sur le confort, il prend, lui, tous les risques et c’est une élégance qu’il nous fait de nous prêter l’intelligence que la médiamétrie a, semble-t-il, depuis longtemps confisquée au public.
Sans savoir si tout cela a été le fruit d’un passage en force avec la chaîne et sans en préjuger, il faut quoiqu’il en soit reconnaître à M6 d’avoir su suivre l’auteur et de lui avoir fait confiance en prenant avec lui ce risque qui, au final, s’est avéré largement payant. Comprenons nous bien, nous n’avons, quant à nous, aucun doute sur l’intelligence du public, mais d’une certaine manière, le succès de Kaamelott et son audacieuse écriture est une pied de nez à cette idée nauséabonde que l’on ne fait que servir au public ce qu’il demande et que c’est finalement lui qui tire toujours vers le bas la qualité télévisuelle des programmes et leur ambition. Kaamelott nous montre que le public est subtil et intelligent, et la télé, même, en ressort grandit. Puisse-t-elle en tirer les leçons.
« L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme. »
André Malraux
Pour revenir à Alexandre Astier, il faut juger de l’évolution de l’écriture de Kaamelott comme de ses spectacles sur Bach (« que ma joie demeure ») ou sur la vie extra-terrestre (« l’exo conférence »), c’est un auteur talentueux qui nous demande de lui faire confiance et de le suivre, dans le drame comme dans l’humour, et refuse d’être attendu. C’est une liberté merveilleuse mais c’est aussi, encore une fois, la marque d’un grand auteur qui ne sacrifie pas son oeuvre à une vision réductrice et convenue de son public. Cela s’appelle aussi un vrai artiste. Aussi, merci mille fois encore à lui et son sens de l’Art, pour nous rendre cette intelligence et d’échapper ainsi totalement au schéma convenu. Etre un auteur libre ou ne pas être du tout, Alexandre Astier a choisi. Et comme les œuvres brillamment écrites sur les légendes deviennent, à leur tour, intemporelles, après la version de la légende Arthurienne de Chrétien de Troyes, et d’autres grands noms qui s’y sont essayés, l’Histoire devra aussi compter avec sa relecture et ré-écriture par Alexandre Astier.
Merci de votre lecture. j’ai conscience de la longueur de cet article mais d’aucuns ont consacré des sites entiers à Kaamelott, lui dédier un long article était bien le moins que nous puissions faire pour le servir.
Une excellente journée à tous.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publilius Syrus Ier s. av. J.-C