Archives de catégorie : Musiques, Poésies et Chansons médiévales
Vous trouverez ici une large sélection de textes du Moyen âge : poésies, fabliaux, contes, chansons d’auteurs, de trouvères ou de troubadours. Toutes les œuvres médiévales sont fournis avec leurs traductions du vieux français ou d’autres langues anciennes (ou plus modernes) vers le français moderne : Galaïco-portugais, Occitan, Anglais, Espagnol, …
Du point du vue des thématiques, vous trouverez regroupés des Chansons d’Amour courtois, des Chants de Croisade, des Chants plus liturgiques comme les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X de Castille, mais aussi d’autres formes versifiées du moyen-âge qui n’étaient pas forcément destinées à être chantées : Ballades médiévales, Poésies satiriques et morales,… Nous présentons aussi des éléments de biographie sur leurs auteurs quand ils nous sont connus ainsi que des informations sur les sources historiques et manuscrites d’époque.
En prenant un peu le temps d’explorer, vous pourrez croiser quelques beaux textes issus de rares manuscrits anciens que nos recherches nous permettent de débusquer. Il y a actuellement dans cette catégorie prés de 450 articles exclusifs sur des chansons, poésies et musiques médiévales.
Sujet : musique, danse, médiévale, estampie, Anon, Poésie, chanson, Période : XIIIe, moyen-âge central Auteur : anonyme Manuscrit ancien : MS Rawl G 22, Bodleian Library, Oxford. Interprète : Ensemble Belladonna Titre: Miri(e) it is while sumer ilast Album: Melodious Melancholye(2005) The sweet sounds of medieval England
Bonjour à tous,
ous vous proposons aujourd’hui d’aller promener nos pas du côté du XIIIe siècle et de l’Angleterre du moyen-âge central avec une estampie aux paroles bucoliques et qui nous parle d’un orage d’été.
Techniquement cette chanson est extraite d’un fragment de manuscrit ancien référencé MS Rawl G. 22, daté de 1225, sur lequel se trouvent trois chansons, l’une en anglais, celle d’aujourd’hui, et deux autres en français. L’ouvrage était au départ un psautier et ce qu’il en demeure, est conservé à la bibliothèque Bodleian (Bodleian Library) de l’Université d’Oxford.
La pièce du jour « Miri(e) it is while sumer ilast » est considérée comme l’une des plus anciennes chansons écrites en anglais. On l’a retrouvée avec les deux autres chansons et leurs annotations musicales au début du livre de psaumes. Sa rédaction est anonyme et ultérieure à la création du manuscrit et c’est donc par un miraculeux hasard que ce parchemin, même fortement détérioré, est parvenu jusqu’à nous.
L’ensemble Belladonna
‘ensemble Belladonna est formé d’un trio de musiciennes créé dans le courant de l’année 1997, Venues respectivement du Canada, de Suède et d’Allemagne – une harpiste, une violoniste et une vielliste. – les trois artistes se sont intéressées de près dès leur formation aux musiques anciennes sur une période qui couvre le moyen-âge central jusqu’au début de la renaissance.
Ci-contre le trio Belladonna. Miriam Andersén (voix et harpe), Rebecca Bain (voix & violon), Susanne Ansorg (violon & rebec)
A ce jour et sauf erreur de notre part, l’ensemble Belladonna n’a produit qu’un seul album dont le titre que nous vous proposons aujourd’hui est extrait: « Melodious Melancholye »: The sweet sounds of medieval England (les doux sons de l’Angleterre médiévale). Aucun site web ou page facebook n’existent à notre connaissance les concernant, aussi il reste difficile de connaître leur actualité ou même de savoir si les trois musiciennes continuent de se produire ensemble. Dommage. Quoiqu’il en soit leur album peut être trouvé en ligne, à la Fnac ou sur Amazon.
Les paroles de la chanson médiévale
Miri it is while sumer ilast
u vue de l’état du manuscrit, seulement un verset de cette chanson a survécu au temps. Nous vous le proposons donc dans sa version originale et en anglais ancien, ainsi que son adaptation en français.
Miri it is while sumer ilast with fugheles song, oc nu neheth windes blast and weder strong. ei ei what this niht is long. and ich with wel michel wrong, soregh and murn and fast.
Que l’été est amusant, lorsque les oiseaux chantent. Ah, mais voilà que la tempête et l’orage arrivent! Ah, que cette nuit est longue, et je n’ai que souci et tristesse.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : poésie médiévale, mots d’esprit auteur, poète, épigramme, poésies courtes, renaissance Période : fin du moyen-âge, début renaissance Auteur : Clément Marot (1496-1544) Titre : « De soy même et du temps qui passe »
Bonjour à tous,
ous continuons, aujourd’hui, l’exploration des poésies courtes de Clément Marot de Cahors avec quelques vers en complément d’une première épigramme que nous avions publiée ici, il y a quelques temps, sur le même thème: celui du temps qui passe.
Voilà le premier :
« Plus ne suis ce que j’ai été, Et ne le saurais jamais être. Mon beau printemps et mon été Ont fait le saut par la fenêtre. Amour, tu as été mon maître, Je t’ai servi sur tous les Dieux. Ah si je pouvais deux fois naître, Comme je te servirais mieux ! » Clément MAROT, « De soi-même »
Cette épigramme versait clairement dans la nostalgie, et celui du jour vient lui répondre comme en dialogue avec la même virtuosité mais nettement moins de dépit et beaucoup plus d’allant:
« Pourquoy voulez vous tant durer, Ou renaistre en fleurissant aage ? Pour pecher et pour endurcir ? Y trouvez vous tant d’avantage ? Certes, celuy n’est pas bien sage Qui quiert deux fois estre frappé, Et veut repasser un passage Dont il est à peine eschappé. »
Clément MAROT, (1496-1544) Epigramme sur le temps qui passe.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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Sujet : pagan folk, paganisme, légendes celtiques, médiéval imaginaire, musique, néofolk médiéval, médiéval fantaisie, Période : médiéval fantastique Groupe : OMNIA Titre : Fee Ra Huri Album : Live On Earth (2012)
Bonjour à tous,
uand les instruments du monde médiéval fusionnent avec le folk celtique et la musique rock du côté de la Hollande, cela donne OMNIA. Bien sûr, il ne faut pas chercher ici à retrouver le réalisme d’un Hespèrion XXI ou d’un Micrologus, nous sommes face à une réinterprétation qui s’assume et dont les racines vont bien plus certainement chercher dans le folk irlandais des siècles postérieurs au moyen-âge mélangés d’autres influences, et, peut-être même encore, dans les racines folk celtiques remises au goût du jour par un nombre important de groupes dans les années soixante-dix, dans la continuité de la mouvance contestataire californien hippie.
Au delà de la musique et du sens de la fête
un mouvement et des valeurs
« OMNIA est un groupe d’amoureux inconditionnels de la nature et de Musiciens guerriers de la terre qui voyage de part le mond pour diffuser leur musique et célébrer à travers elle, l’amour de la vie, la créativité, la nature et la fantaisie avec un public de tout âge et de toute culture. » OMNIA – Biographie – Site web
Pour autant que la formation hollandaise interpelle bien plus le public sur un imaginaire celtique médiéval que sur un moyen-âge musical authentique, il faut reconnaître que l’ambiance est largement festive et les musiciens talentueux.
Folk, paganisme, et musique festive
A travers tout cela, on peut difficilement s’empêcher de penser qu’une certaine idée de la fête reste attachée à l’univers médiéval même quand il est revisité comme ici par une modernité technique et musicale assumée: « Au moyen-âge on sait faire la fête ». Cette idée semble relativement partagée et sans doute qu’un certain nombre de bandes médiévales Folk ou néofolk récentes lui fait écho, même s’il faut bien sûr s’entendre sur le moyen-âge auquel il est ici fait référence.
Quoiqu’il en soit, le genre musical d’OMNIA s’inscrit, de manière déclarée, dans un Folk Païen (Pagan Folk) ouvert à toutes les influences et qui ne se prive d’aucune. Au delà du positionnement musical, il faut encore dire un mot de l’ambition qui sous-tend tout cela. Il ne s’agit pas, en effet et même loin de là, que de célébrer un certain sens de la fête. Plus qu’un style de musique, le groupe veut aussi être la manifestation toute à la fois « d’un style de vie, d’une philosophie et d’une religion « naturelle » sans leader et sans règle ».
Formé autour de l’an 2000, on doit depuis à la formation hollandaise quelque chose comme dix-sept albums. Leur philosophie restant l’indépendance dans la production musicale en particulier et dans leur choix de vie en général, ils auto-produisent leur création et on peut même trouver sur leur site web, outre la possibilité d’acquérir leur musique sous toutes les forme (CD, Itunes, etc), une boutique de Tee shirts et autres « goodies » de leur cru. Ajoutons à cela qu’ils écrivent leurs chansons dans des langues aussi diverses que l’anglais, le breton, le latin, le français, le finlandais, l’arabe, l’espagnol, l’allemand, le mongolien, l’Hindi et qu’ils ont même comme le groupe MAGMA de Christian Vander l’avait fait en son temps, créé leur propre language appelé l’OMNIAN. On doit également à ses étonnants musiciens, amants de littérature, la mise en musique et la reprise de poésies célèbres de Catulle, Edgar Poe, William Blake, Shakespeare, et encore d’autres auteurs.
Un mouvement naturaliste à l’ambition globale
Au delà de sa nature festive, le folk médiéval celtique est bien souvent le signe ou la tête émergée d’un « mouvement » social qui, culturellement, nous dit bien plus que sa simple manifestation musicale. Ainsi, la formation hollandaise entend bien chanter: « la liberté individuelle, les anciennes valeurs celtiques de bien et du mal » et, à travers tout cela, prétend encore encenser une « conscience écologique globale et la connexion spirituelle entre l’homme et la nature ».
Sans vouloir généraliser, le PAGAN FOLK (folk païen) en provenance d’Angleterre, d’Allemagne ou d’Europe du Nord puise, presque de manière systématique, ses valeurs de référence dans une antique culture celtique (souvent plus rêvée qu’historique), mélangée à d’autres traditions, et ancre ses racines dans un univers pré-chrétien dont peu de choses nous sont finalement parvenues, mais dont on pourrait encore trouver les dernières traces dans la survivance de guérisseurs de tous bords et autres « sorciers » et « magiciens » que l’église romaine a poursuivi, sans relâche, de son inquisition dans les courants du XVIe et XVIIe siècles
Indéniablement, il y a encore, derrière tout cela, la marque d’un mouvement naturaliste, qui, en réaction avec la modernité et le monde post-industriel, se cherche un terrain d’élection dans une époque où l’homme était, dans l’idée, plus proche de la nature et où il vivait « en harmonie » avec elle. Concernant OMNIA, pour donner encore la dimension qui sous-tend tout cela et comprendre jusqu’où leur ambition se situe, voilà une de leur citation sur la question que je ne fais ici que traduire :
« Le monde meurt… Les singes mutant sont devenus totalement dingues. En tant qu’espèce nous devons la fermer une bonne fois pour toutes et écouter ce que la nature a à nous dire. » OMNIA – Biographie – Site web
Des racines plus imaginaires et allégoriques que réalistes
Rattachement donc à une tradition naturaliste à reconquérir, il s’agit donc bien d’ouvrir des perspectives pour le futur et pas de passéisme. Concernant cette harmonie et cette connexion perdue avec mère nature, il faut sans doute dire ici, qu’elle ne correspond pas tout à fait non plus à la réalité du monde médiéval et contient largement sa part de rêve et d’ imaginaire. Même si le moyen-âge, durant ses mille ans d’histoire, était clairement moins urbanisé que notre monde moderne, on assiste, dès le XIIIe siècle, à un premier phénomène de regroupement urbain significatif et dès le XVe cette urbanisation a déjà conduit à une déforestation déplorable qui a ouvert, par la suite, aux colons du nouveau monde, de larges voies d’exportation du bois qui commençait déjà à se raréfier en Europe.
Dans le même ordre d’idée, dans le monde médiéval historique, pour autant que la relation de l’homme avec la nature était indéniablement plus prégnante que dans notre monde post-industriel, il faut encore ajouter que c’était d’abord et avant tout, une relation de dur labeur et de travail agraire et agricole, dans le cadre d’une nature déjà largement domestiquée. Plus que le moyen-âge réel, c’est donc bien plutôt, vers les légendes celtiques et nordiques, relayées et souvent revisitées, de manière moderne, par la littérature médiévale fantastique et ses peuples naturels – elfes, trolls et autres nains de montagnes -, que nous ramène souvent cet cet idéal de connexion naturaliste moderne. Nous nous trouvons avec lui face à un moyen-âge rêvé ou « reconstruit ».
Pour mieux comprendre encore ce mouvement folk païen et même si tous les groupes ne se rattachent pas nécessairement à cela, il est encore utile d’évoquer le Wicca de Gerald Brousseau Gardner, écrivain ésotériste britannique et anthropologue qui, dans le courant du XXe siècle, présenta un modèle de religion basé sur « l’ancienne religion » et sur une fusion empruntant, à la fois, à la tradition celte, au chamanisme, au druidisme, ainsi qu’à des éléments nordiques et slaves.
Quoiqu’il en soit, il reste que la recette du Pagan Folk trouve largement son public et le succès d’OMNIA en est encore une belle preuve. Dans les espaces imaginaires où vivent encore les légendes celtiques et nordiques autant qu’un moyen-âge naturaliste à célébrer, il y a de la place pour un rêve qui , à défaut d’être toujours historiquement réaliste, parle à l’évidence, à beaucoup d’entre nous.
Fee Ra Huri, les paroles
Du point de vue des paroles, il ne faut pas sur ce morceau particulier au moins chercher la profondeur du sens et l’on se trouve presque face aux performances vocales tel que peut les affectionner un Gilles Vignault. Si vous voulez vous y entraîner en tout cas, voici les lyrics:
Wack fol’a day diddle dee dye doe Je le len ‘o je le la le len ‘o Fiddle daddle day diddle dee dye doe Ho ri f dhe ra hur
Wack fol’a Day diddle dee dye do Je le s ‘je le la o le s’ o Fiddle diddle dee dye daddle day doing Ho f ri dhe ra hur
En vous souhaitant une excellente journée!
Fred
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Sujet : poésie médiévale, satire, mots d’esprit auteur, poète, humour, querelle, épigramme. Période : fin du moyen-âge, début renaissance Auteur : Clément Marot (1496-1544) Titre : « A maistre Grenouille, poëte Ignorant »
Bonjour à tous,
‘il était encore besoin de démontrer l’esprit et l’humour caustique de Clément MAROT quand il s’y adonne, autant que sa maîtrise du verbe et de la rime jusque dans les formes courtes, nous vous proposons aujourd’hui un de ses savoureuses épigrammes. Celui-ci prend la forme d’une flèche assassine en direction d’un poète concurrent. Nous avions déjà abordé le thème des querelles par poésies et plumes interposées en abordant la biographie de cet auteur du début de la renaissance et vous pouvez valablement consulter l’article en question pour plus de détails : Clément Marot, portrait d’un esprit libre
« Bien ressembles à la grenouille : Non pas que tu sois aquatique; Mais comme en l’eau elle barbouille, Si fais tu en l’art poétique. » Clément Marot- Epigramme – A Maistre Grenouille, poète ignorant.
En vous souhaitant un excellent lundi sous les meilleurs auspices.
Fred
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