Sujet : Jeu vidéo, Fremium, jeu de gestion, jeu de stratégie, construction d’empires, MMORPG. Période : de l’âge de pierre au futur, haut Moyen Âge et Moyen Âge classique Titre : Forge of empires ( 2012) Editeur : Innogames GMBH
Bonjour à tous,
our varier un peu, nous vous présentons, ici, un jeu vidéo qui se lance directement dans votre navigateur web, sur PC ou sur smartphone. Avec pour thème la construction d’une civilisation à travers les âges, il a pour titre Forge of Empires et on le doit à un éditeur de jeux vidéo allemand du nom de Innogames.
Construire un empire de l’âge de pierre
au futur, en passant par le Moyen Âge
Envie de grands espaces, de gloire et de conquête ? Si retrouver les sensations des grands bâtisseurs de l’histoire vous tente Forge of empires est fait pour vous. Ce jeu vidéo vous proposera, en effet, de mener votre civilisation de l’âge de pierre jusqu’au futur le plus éloigné, en passant, bien entendu, par le monde médiéval. Ce dernier y a même une belle part puisqu’il est divisé en deux grandes périodes : le haut Moyen Âge et le Moyen Âge classique auquel succèdent, comme il se doit, la Renaissance.
Sorti en 2012, ce jeu vidéo n’a cessé d’évoluer depuis. S’il rappellera, aux plus vétérans d’entre vous, des souvenirs de titres comme le mythique Age of empires de Ensemble Studios, ou même le grand Civilisation de Sid Meier, il se positionne également comme un MMORPG (Massive Multplayer Online Role Player Game). Si le cœur vous en dit, vous pourrez donc joyeusement, vous écharper avec d’autres joueurs en ligne.
Fondé par des passionnés de jeux vidéo, Innogames propose des jeux en ligne et sur navigateur depuis 2007. De leur côté, les créateurs de cette société n’avaient pas attendu cette année là pour se mettre à l’ouvrage. Dés 2003, ils avaient, en effet, déjà crée des premiers titres à succès. Aujourd’hui, cet éditeur, basé à Hambourg, continue de proposer régulièrement de nouveaux titres. Plus de 350 personnes y travaillent.
Forge of Empires : près de 14 millions de joueurs pour de nombreux prix et nominations
Depuis son lancement, Forge of Empires a su conquérir un large public. Ses nombreuses actualisations ont également permis de tenir ses fans en haleine, au fil du temps. Une stratégie payante puisque, désormais, ce jeu vidéo affiche plus de 14 millions de joueurs à travers le monde.
Ce succès et cette reconnaissance auprès des joueurs ont également trouvé des échos favorables dans le monde des jeux vidéo et sa presse spécialisée. Forge of Empire n’a, en effet, cessé d’accumuler les nominations et les prix depuis sa sortie : Nomination du Meilleur jeu européen sur navigateur (European Games Award 2012), Nomination du Meilleur jeu de navigateur et meilleur graphisme (German Computer Game Award 2012 et 2013 ), Prix du Meilleur MMO de stratégie web based (MMO awards 2013), Prix duMeilleur jeu de l’année (Google play 2015).
Modèle frémium et inscription Gratuite
Une autre bonne nouvelle avec ce titre est qu’il est basé sur un modèle Fremium. Autrement dit, contrairement aux jeux vidéo classiques qui vous demandent de débourser jusqu’à 40 euros, voire plus, pour les tester, sur Forges of Empires, l’inscription est totalement gratuite. Il suffit de choisir un pseudo et de fournir un email valide pour commencer à jouer et pour avoir accès à un grand nombre de fonctionnalités du jeux.
Par la suite, si le jeux vous plait vous pourrez toujours débloquer plus d’options en utilisant le système optionnel de crédits.
Sujet : musique, poésie, chanson médiévale, amour courtois, trouvère, vieux-français, langue d’oil, fine amor. Période : XIIe siècle, XIIIe, Moyen Âge central Titre :En tos tens que vente bise Auteur : Blondel de Nesle (1155 – 1202) Manuscrit : MS Français 844, Manuscrit du roi (BnF départements des manuscrits)
Bonjour à tous,
u coeur du XIIe siècle, à l’unisson des premiers trouvères, Blondel de Nesle chante la courtoisie en tout temps. Dans ce nouvel échantillon de sa poésie, il nous entraînera, en effet, loin du « renouvel » printanier, au cœur de la saison froide et sous le souffle du vent. Pour le reste : souffrance, affres du doute et douleur du rejet, un bon nombre d’ingrédients habituels de la lyrique courtoise seront au rendez-vous pour accorder l’humeur du trouvère avec ce climat hostile. On y trouvera aussi la dimension sociale ascendante qui traverse, plus souvent qu’à son tour, l’amour courtois ; le poète nous l’affirmera, la dame visée par sa flamme est de meilleure lignage et de plus haute condition que lui.
Aux sources historiques de cette chanson
Cette chanson médiévale est attribuée à Blondel de Nesle dans un certain nombre de manuscrits. Nous avons choisi de vous faire découvrir, ci-contre, la version du MS Français 844 de la Bnf, plus connu encore sous le nom de Manuscrit ou Chansonnier du Roi. Daté du XIIIe siècle, sous la plume de Lambert l’Aveugle, ce précieux témoin de la poésie et de la musique du Moyen Âge central contient près de 225 feuillets pour un large nombre d’auteurs et de chansons annotées. On y retrouve pèle-mêle troubadours et trouvères célèbres mais aussi auteurs anonymes, pour un total de près de 600 pièces.
Pour la transcription moderne de la pièce du jour, nous avons suivi la version de Prosper Tarbé dans son ouvrage Les œuvres de Blondel de Néele, collection les poètes de Champagne antérieurs au XVIe siècle ( 1862). Quant à son interprétation moderne, nous nous sommes laissés entraînés outre-manche à la découverte d’une formation exceptionnelle : les Gothic Voices. Une fois n’est pas coutume, il s’agit d’un extrait.
Un extrait de cette chanson de Blondel par l’ensemble Gothic Voices
Gothic Voices & Christopher Page
C’est en 1980, sous la houlette de Christopher Page, que s’est formé cet ensemble originaire du Royaume-Uni. Expert des musiques anciennes et du répertoire médiéval, cet instrumentiste, guitariste, universitaire et musicologue anglais n’est plus à présenter de l’autre côté de la Manche. En plus de ses nombreuses contributions musicales, sa longue carrière lui a permis de se signaler également par de nombreuses études sur l’histoire de la guitare en Angleterre (de la renaissance au XIXe siècle). On lui doit encore un nombre significatif de publications sur les instruments et la musique du Moyen Âge ; autant dire que nous sommes en présence d’un érudit, passionné de musique autant que d’ethnomusicologie.
Gothic Voices – discographie et carrière
Sous la direction de Christopher page, l’ensemble Gothic Voices a enregistré prés de 25 albums, sur une longue carrière de 40 ans. Les thèmes abordés sont d’une grande variété, avec un fort centre de gravité autour de l’Europe médiévale. La grande majorité de leurs productions couvre une période qui va des trouvères du XIIIe siècle, jusqu’au Moyen Âge tardif et au XVe siècle. On y trouvera des pièces issues du répertoire français, anglais, mais encore italien ou rhénan avec des incursions du côté de l’œuvre musicale de Hildegarde de Bingen.
Au delà de leur succès auprès du public, les contributions de Gothic Voices ont été largement saluées mais aussi récompensées par la critique. Ils ont notamment reçu des gramophones d’or pour trois de leurs albums. Côté agenda, l’ensemble est toujours actif sur la scène musicale anglaise. Vous pourrez retrouver plus d’information sur son actualité sur son site web (en anglais) au lien suivant.
Membres actuels : Catherine King (mezzo-soprano), Steven Harrold (tenor), Julian Podger (tenor), Stephen Charlesworth (bariton)
L’album : le Mariage du Ciel et de l’enfer, Motets & chansons du XIIIe siècle en France
En 1991, la formation britannique partait à la rencontre du XIIIe siècle français avec une belle sélection de chansons et de motets d’époque. « The marriage of Heaven and Hell « , sous un titre qu’on pourrait être tenté d’associer plus aux poésies de William Blake qu’au Moyen Âge central français, l’album présentait dix-sept pièces dont la grande majorité était d’origine anonyme. Entre ces dernières on trouvait la pièce du jour de Blondel, mais aussi une pièce de Colin Muset, une autre signée de la main de Gauthier d’Argies, et même encore une incursion du côté des troubadours avec la célèbre chanson « Quan vei la lauzeta mover » de Bernard de Ventadour.
Cet album, originellement sorti chez Hypérion Records a été réédité en 2007 chez Helios. On le trouve encore disponible à la vente au format CD ou MP3. Voici un lien utile pour plus d’informations à ce sujet : The of Heaven and Hell : Le Mariage du Ciel et de l’enfer
En tos tens que vente bise dans le vieux-français de Blondel de Nesle
NB :pour cette traduction (assez ardue) du vieux-français vers le français moderne, nous nous sommes appuyé sur des recherches habituelles dans les sources et les dictionnaires auxquelles il nous faut ajouter l’aide, plus que précieuse, de Yvan G Lepage et de son ouvrage : l’Oeuvre lyrique de Blondel de Nesle, sorti chez Honoré Champion en 1994.
En tos tens que vente bise, Pour cele, dont sui sorpris, Qui n’est pas de moi sorprise, Devient mes cuers noirs et bis. De fine amour l’ai requise, Qui cuer et cors m’a espris, Et s’ele n’en est esprise, Por mon grant mal la requis.
En cette saison où la bise souffle Pour celle que je désire (dont je suis épris) Et qui ne me désire pas Devient mon cœur noir et sombre. D’un loyal amour, je l’ai requise Elle qui m’a conquis tout entier (cœur et corps, corps et âme) Et si elle ne s’éprend pas de moi à son tour Je l’aurais priée pour mon plus grand malheur.
Mais la dolors me devise , Qu’à la millor me sui pris, Qu’ains fut en cest mond prise, Sé j’estoie à son devis! Tort a mes cuers, qui s’en prise (proisier, preisier) ; Car ne sui pas si eslis, S’ele eslit, qu’ele m’eslise : Trop seroie de haut pris.
Mais la douleur me souffle (deviser, diviser ou tirailler ?) Que je me serais épris de la meilleure Qui fut jamais aimée en ce monde Si j’étais soumis à sa volonté ! Tort à mon cœur, qui s’en vante Car je ne suis pas si distingué (éligible, parfait) Si elle choisit jamais, pour qu’elle me choisisse : Je serais pris de trop haut (ce serait m’élever plus que je le mérite)
Et nequedent destinée Done à la gent maint pensé. Tost i metra sa pensee, S’Amors li a destinée. Je vis ja telle dame amée D’hom de leur bas parenté, Qui miex iert emparentée, Et si l’avoit bien amé.
Et cependant la destinée Donne aux gens de quoi réfléchir Et elle aura tôt fait d’y mettre sa pensée Si l’Amour l’y a destiné. J’ai déjà vu telle dame aimer Homme de plus basse parenté (lignage) Alors qu’elle était mieux née que lui Et pourtant, elle l’avait aimé de belle façon (entièrement, courtoisement).
Por c’est droit , s’Amors m*agrée, Que mon cuer li ai doné ; Se s’amors ne m’a donée , Tant la servirai à gré. S’il plaist à la désirée, Un dols baisier a celée Aurai de li à celé , Que je tant ai désiré.
Pour cela il est juste, si l’Amour m’agrée, Que je lui ai donné mon cœur, Et si elle ne m’a donné son amour Je la servirai tant à sa guise Que, s’il plait à la désirée, Un doux baiser caché Elle me donnera en secret Que j’ai tant désiré.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com. A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : roman arthurien, légendes arthuriennes, Monty Python, Kaamelott. monde médiéval, médiévalisme, podcast Période : Moyen Âge central, modernité Média : vidéo-conférence, livres. Titre : le roi Arthur, un mythe contemporain Conférencier : Justine Breton, William Blanc Lieu : Mediathèque BnF (mars 2020)
Bonjour à tous,
n mars dernier, dans le cadre de son cycle/exposition sur la Fantasy, la BnF recevait Justine Breton et William Blanc pour une conférence sur le thème du mythe arthurien pris sous l’angle de ses versions modernes. Après être rapidement passé sur les sources anciennes de la célèbre légende (des premières traces de Nennius à Geoffroy de Monmouth, Wace et Chrétien de Troyes en allant jusqu’à Thomas Malory et Le Morte d’Arthur), les deux historiens allaient se concentrer sur des déclinaisons plus récentes du roman arthurien et aussi plus connues du grand public : écrits et romans contemporains, films de cinéma ou d’animation américains de la deuxième moitié du XXe siècle, pour aller jusqu’au Sacré Graal des Monty Python , à l‘Excalibur de John Boorman ou à la série TV Kaamelottsignée Alexandre Astier.
L’histoire au secours de la modernité
et de son interprétation
Pour ceux qui ne les connaissent pas encore William Blanc et Justine Breton, font partie d’un courant d’historiens qui se sont fait une spécialité de l’étude des manifestions de l’Histoire au sein de notre modernité : revisites modernes des mythes ou récits médiévaux ou historiques, racines historiques cachées sous certains mythes modernes, instrumentalisation des mythes anciens par le monde moderne, médiévalisme, Moyen Âge reconstruit et médiéval-fantasy, etc… Autant de questions qui, vous le savez, sont aussi au cœur de notre questionnement.
Références et lectures pour prolonger la conférence
Les deux conférenciers l’affirmeront plusieurs fois eux-même dans cette intervention : qui veut étudier le roman arthurien dans ses grandes longueurs trouvera largement matière à s’y noyer. Pour les suivre dans leurs raisonnements, ils nous ont toutefois laissé, tous deux, des ouvrages permettant de faire un peu mieux le tri entre toutes ces notions : fantasy et histoire, mythes modernes et mythes anciens, instrumentalisation des thèmes historiques par l’idéologie moderne, échafaudages conceptuels entremêlées, reconstructions complexes,… Voici donc quelques livres pour creuser tous ces passionnants sujets en leur compagnie.
On se souvient de l’ouvrage collectif Kaamelott un livre d’Histoire (avril 2018) sous la direction de Florian Besson et Justine Breton dont nous vous avions déjà parlé ici. Il reste tout à fait d’actualité pour prolonger le plaisir de cette conférence. De son côté, sur les légendes arthuriennes, William blanc a également publié en 2016 l’ouvrage Le roi Arthur, un mythe contemporain : de Chrétien de Troyes à Kaamelott en passant par les Monty Python. Plus récemment, il s’est aussi distingué par ses analyses sur les origines du mythe moderne des super héros américains (Super-héros, une histoire politique, 2018) ou encore sur son approche originale de l’histoire de la fantasy (Winter is coming : une brève histoire politique de la fantasy, 2019). Vous trouverez ci-dessous des liens directs vers toutes ces publications.
Sujet : poésie médiévale, littérature, auteur médiéval, moyen-français, poésie , rondeau, vin, plaisirs de table. Période : Moyen Âge tardif, XIVe siècle Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406) Titre : « Jamais a table ne serrai.» Ouvrage : Poésies morales et historiques d’Eustache Deschamps, par G .A Crapelet (1832)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous prenons la direction du Moyen Âge tardif pour un rondeau « de table » d’Eustache Deschamps. Si le petit employé de cour du XIVe siècle, qui fut aussi bailli de Senlis, nous a gratifié d’un grand nombre de poésies moralistes, il en a aussi laissé d’autres largement plus légères. Il faut dire que notre auteur est prolifique ; il a versifié à peu prés sur tout et, dans son legs de plus de mille ballades, on en trouve un certain nombre sur le thème du jour : plaisirs de la table, mets variés et bonne chère, qui, pour lui, ne vont jamais sans le vin, comme il l’affirmera encore dans ce rondeau.
Source historique de ce « rondeau de table »
On peut trouver ces vers d’Eustache Deschamps aux côtés de quantités d’autres dans le manuscrit médiéval Français 840 de la BnF. Vous trouverez de nombreuses références à cet ouvrage en consultant nos pages sur cet auteur médiéval. Daté du XVe siècle, le MSFrançais 840 est accessible en ligne dans son entier. Le département des manuscrits de la Bibliothèque nationale a eu, en effet, la bonne idée de le numériser ( à consulter ici sur Gallica ).
Pour ce qui est de la transcription en graphie moderne de ce rondeau, on pourra la retrouver dans un grand nombre d’éditions consacrées à Eustache, depuis le XIXe siècle. Nous avons choisi de citer, ici, l’une des premières d’entre elles : celle de Georges Adrien Crapelet (Poésies morales et historiques d’Eustache Deschamps ). Dans le premier tiers du XIXe siècle, cette imprimeur et auteur parisien fit beaucoup pour faire connaître et diffuser le legs du poète du Moyen Âge.
Concernant son langage et son vocabulaire, cette poésie courte en moyen-français ne présente pas de difficultés particulières. Pour l’éclairer, nous ne donnons donc que quelques clés.
« Jamais a table ne serray » dans le moyen français d’Eustache Deschamps
Jamais a table ne serray Si je ne voy le vin tout prest Pour boire et verser sanz arrest.
Au premier morsel (morceau, bouchée) tel soif ay Que mort suy se boire n’y est ; Jamais a table ne serray, Si je ne voy le vin tout prest.
Comment il m’en va, bien le scay ; Rolant en mourut (1); si me plest Boire tost puisque vin me pest (de pestre : paître, nourrir, réconforter);
Jamais a table ne serray Si je ne voy le vin tout prest Pour boire et verser sanz arrest.
(1) Certaines versions de la chanson de Roland font allusion à une grande chaleur et au fait que la soif avait contribué à emporter ce dernier. De fait, l’expression « mourir de la mort Roland », encore en usage au XVe siècle, signifie « mourir de soif » (à ce sujet voir « La voix du cor: la relique de Roncevaux et l’origine d’un motif dans la littérature du Moyen Age, XIIe-XIVe siècles » , Ásdís R. Magnúsdóttir 1998).
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.