Archives par mot-clé : Champagne

Un grand marché médiéval de Noël en la cité de Provins

Sujet  : marché médiéval, Moyen Âge, sorties, week-end, animations médiévales, marché de noël, compagnies médiévales, monde médiéval.
Evénement  : Le 14ème marché médiéval de Noël de Provins.
Lieu  : Provins, Seine-et-Marne, Île-de-France.
Dates : 13 et 14 décembre  2025.

Bonjour à tous,

vec un peu d’avance, l’agenda hivernal sur le thème du Moyen Âge conduira nos pas en Île-de-France, vers la belle cité de Provins.

Une nouvelle édition du marché médiéval de Noël s’y tiendra, en effet, du 13 au 14 décembre 2025. Propulsé par l’Association Les Gardes-Foires de Champagne, l’événement fête déjà sa 14eme édition et promet d’être à nouveau une belle réussite dans un cadre patrimonial unique.

Au programme du Marché médiéval de Provins

Affiche du 14e marché médiéval de Noël de Provins 2025

Près d’une soixantaine exposants d’inspiration médiévale sont attendus pour cet événement hivernal à Provins. Le marché est réparti sur quatre places du centre historique de Provins.

Artisanat divers, déco, travail du cuir et tannerie, bijouterie, et autres idées cadeaux y trouveront une belle place aux côtés d’échoppes plus orientées sur les saveurs, les plaisirs de bouche et la gastronomie.

Pour un voyage dans le temps réussi, les animations médiévales ne seront pas en reste. Mini-Concerts, déambulations, jongleries, danses et campements médiévaux viendront encore rythmer ce marché de Noël à Provins.

Les organisateurs ont aussi pensé aux plus petits avec différents ateliers participatifs et ludiques mais aussi des initiations au combat ou au tir à l’arc.

Compagnies médiévales invitées

Gentes Comitis – La Forge du Berry -Tales of Tengri – Soñj – Les Tritons Ripailleurs -Les R’Mon Temps – Danceries Thibaud de Champagne – MandalaS – Compagnie Médiévale de St Ouen – Amici d’Orbais.

déco médiéval la tour César de Provins

Pour le programme détaillé, nous vous invitons à consulter le site officiel de l’événement.

En plus de cette ambiance de marché de Noël très spécial, les charmes de celle qui fut le fief des comtes de Champagne au Moyen Âge sauront largement récompenser les visiteurs de leur venue. Une flânerie à Provins est, en effet, toujours l’assurance d’une immersion dans un patrimoine médiéval exceptionnel.

De ses remparts à ses plus beaux édifices historiques et ses maisons à colombages, la cité a conservé un cachet qui, à lui seul, mérite le détour. Ses trésors historiques et monumentaux, ainsi que son histoire liée aux grandes foires de Champagne lui ont aussi valu d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Voilà bien des raisons d’aller y célébrer Noël et son marché.

Retrouvez tous nos articles sur Provins, sa grande fête médiévale et ses marchés de Noël médiévaux :

Ls Marché de Noël médiéval :
Edition 2019Edition 2018Edition 2017

Les Médiévales de Provins :
Edition de 2025Edition de 2024Edition de 2023Edition 2022Edition 2019Edition 2018Edition 2017Edition 2016

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du Monde Médiéval sous toutes ses formes.

l’Amour à double-tranchant du trouvère Robert de Reims

Sujet : musique, chanson, médiévale, vieux français, trouvère, Champagne, amour courtois, satire, langue d’oïl, courtoisie.
Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle.
Auteur :  Robert La Chièvre de Reims (1190-1220)
Titre : Qui bien vuet Amors descrivre
Interprète : Brigitte Nesle
Album: 
« Ave Eva », chansons de femmes du XIIe & XIIIe siècles (1995)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nos pérégrinations médiévales nous entraînent à la découverte d’un nouveau trouvère du Moyen Âge central. Connu sous le nom de Robert la Chièvre ou Robert de Reims, cet auteur compositeur des XIIe et XIIIe siècles appartient à la génération des premiers trouvères du nord de la France.

Nous le retrouverons ici dans une jolie chanson satirique sur les joies mais aussi les chausse-trappes de l’Amour. L’ambivalence est donc au programme de cette pièce qui s’éloigne des standards habituels de la lyrique courtoise. Avant cela, disons tout de même un mot de l’œuvre et de la biographie de ce trouvère.

Biographie & œuvre de Robert de Reims

Peu de détails nous sont parvenus de la vie de Robert La Chièvre. Originaire de Champagne, ce trouvère aurait été actif entre la toute fin du XIIe siècle et le premier tiers du XIIIe siècle (1190-1220). Cela le situe comme contemporain d’auteurs comme Blondel de Nesle (1155-1202), Gace Brûlé (1160-1213), Conon de Béthune (1150-1220) ou encore un peu plus tardivement Colin Muset (1210-1250).

Des confusions autour de son nom

Concernant son patronyme, les copistes des manuscrits médiévaux (et les médiévistes à leur suite) ont jonglé longtemps entre Robert de Reins, Robert de Rains, Robert li Chièvre, la Chièvre, etc…

Certains auteurs ont considéré logiquement que La Chièvre était son patronyme puisqu’il s’en sert dans certains de ses envois poétiques. Entre ceux-là, Arthur Dinaux émit même l’hypothèse que le trouvère pouvait être originaire du Hainaut et de la petite seigneurie de Chièvres 1. L’hypothèse semble avoir été réfutée depuis, en l’absence de faits pour l’étayer.

D’autres auteurs des XIXe et XXe siècles ont pensé que La Chièvre pouvait être un pseudonyme (cf Jeanroy : Robert de Reims « dit » la Chèvre 2). Au milieu du XIXe siècle, la monumentale Histoire littéraire de la France en 43 volumes semble toutefois avoir tranché le débat, en classant l’auteur sous le nom de Robert la Chièvre de Reims3.

"Qui bien vuet amors descrive", chanson de Robert La Chièvre de Reims, annotée musicalement dans le Manuscrit enluminé ms 5198 de la Bibliothèque de l'Arsenal.
Chanson annotée de Robert la Chièvre de Reims dans le ms 5198 de la Bibliothèque de l’Arsenal.

Peu d’éléments factuels

Sur les détails de la vie ou les origines de Robert de Reims, nous en savons donc peu et sa poésie ne nous est guère d’un grand secours. Il semble avoir été jongleur et trouvère, vraisemblablement plus proche du petit clerc que d’un seigneur ayant fief et cour.

Le contenu de ses vers ne fait pas non plus référence à des noms ou des faits auquel se raccrocher. Ses textes gravitent principalement autour du sentiment amoureux ou ses désillusions, avec quelques pièces satiriques. Aucun noble ou lieu ne s’y trouvent cités qui puissent nous aider à percer la vie du trouvère.

En parcourant son leg poétique, on pourrait lui prêter une maîtresse qui le quitta et lui causa quelques désillusions. Toutefois, là encore le propos reste purement spéculatif et on ne peut guère l’extrapoler hors de son cadre littéraire.

L’œuvre de Robert la Chièvre de Reims

Elle est composée de neuf pièces monodiques dont quatre se doublent de versions polyphoniques pour aboutir à treize pièces en tout. Certaines sont attachées à la lyrique courtoise dans ses formes habituelles. D’autres sont plus satiriques ou caustiques. On trouve également une pastourelle, une sotte chanson sur l’amour (la première du genre), une chanson sur Robin et Marion et une autre sur le thème médiéval de la belle Aélis.

Outre le fait que certaines de ses pièces ont pu inspirer des trouvères plus tardifs, une des originalités du répertoire de Robert la Chièvre de Reims est la présence dans les manuscrits de variantes polyphoniques pour des pièces monodiques. Pour Samuel Rosenberg, l’un des derniers biographes du trouvère (voir notes, ouvrage de 2020), cette présence de motets et cette mixité de répertoire pourrait être révélatrice de la manière dont les premiers trouvères ont pu contribuer activement au développement de la polyphonie 4 et même à influencer le corpus liturgique.

Aux Sources manuscrites de son œuvre

"Qui bien vuet amors descrive", chanson de Robert La Chièvre de Reims, annotée musicalement dans le Chansonnier Cangé, ou Français 846 de la Bibliothèque National de France
Robert de Reims dans le Chansonnier Cangé (ms français 846) de la BnF, à Consulter sur Gallica.

Les chansons de Robert de Reims sont présentes dans un nombre important de manuscrits médiévaux : treize en tout5. L’œuvre s’y trouve disséminée la plupart du temps avec quelques chansons ça et là. Des manuscrits comme le chansonnier Clairambault (Nouvelle Acquisition française 1050) ou le Manuscrit du Roy (ms Français 844) comptent au nombre des manuscrits qui en réunissent le plus grand nombre.

Pour la pièce du jour et sa partition d’époque, nous avons choisi quant à nous deux autres manuscrits. D’abord, le Chansonnier Cangé ou ms Français 846. Ce célèbre manuscrit médiéval daté de la fin du XIIIe siècle contient pas moins de 351 pièces de trouvères. On peut y retrouver de nombreuses pièces courtoises et des auteurs reconnus comme Thibaut de Champagne, Gace Brûlé, Conan de Bethune, Blondel de Nesle ou encore le châtelain de Coucy et Adam de la Halle.

Plus haut dans ce même article, vous retrouverez également la version annotée musicalement de cette même chanson dans le ms 5198 de la Bibliothèque de l’Arsenal. Ce riche manuscrit médiéval du XIIIe siècle présente, lui aussi, sur 420 pages de très nombreuses pièces de trouvères annotées musicalement.

En ce qui concerne la graphie moderne de cette chanson, nous l’avons reprise de l’ouvrage de A. Jeanroy et A. Langfors : Chansons Satiriques et Bachiques du XIIIe siècle. Quant à son interprétation en musique, nous vous invitons à la découvrir au travers de la belle interprétation de Brigitte Lesne.

Brigitte Lesne à la découverte des chansons de femmes des XIIe et XIIIe siècles

En terme de postérité, Robert de Reims est loin d’atteindre la notoriété d’un Gace Brûlé, d’un Colin Musset ou même d’un Thibaut de Champagne. De fait, on le trouve assez peu joué sur la scène médiévale moderne. En 1995, Brigitte Lesne décidait d’y faire une exception. Elle faisait, en effet, paraître un album solo à la découverte des chansons de femmes du Moyen Âge central où l’on retrouve notre trouvère.

A propos de Brigitte Lesne

On ne présente plus cette grande artiste et vocaliste passionnée de musiques anciennes. Après son conservatoire, elle intègre les bancs de la Schola Cantorum Basiliensis où sont passés les plus grands noms de la scène médiévale.

Plus tard, on la retrouve dans l’Ensemble Gilles Binchois. Elle cofonde également l’ensemble Alla Francesca aux côtés de Pierre Hamon, et fonde aussi l’ensemble Discantus qu’elle dirige. Impliquée dans la création du Centre de musique médiévale de Paris, elle enseigne également à la Sorbonne dans le champ des musiques anciennes et médiévales et de leur interprétation.

L’album Ave Eva : chansons de femmes des XIIe et XIIIe siècles

Au long de 20 pièces, pour 61 minutes d’écoute, cet album solo de Brigitte Lesne explore le répertoire des trouvères de la France médiévale ainsi que des chansons en provenance de la péninsule ibérique et du répertoire galaïco-portugais.

Du côté français, Gautier de Coincy, Adam de la Halle, Robert de Reims et la Trobairitz Beatritz de Dia (comtesse de Die) y font leur apparition. Au sud du continent, Martin Codax et ses cantigas de Amigo y trouvent une belle place au côté de la cantiga de Santa Maria 109 d’Alphonse X. La sélection comprend encore de nombreuses pièces de trouvères demeurés anonymes.

Musiciens ayant participé à cet album

Brigitte Lesne (voix, harpe, percussion)

Où se procurer cet album ?

Cet album est encore disponible en version CD (à voir avec votre disquaire). A défaut, on peut également le trouver en ligne sous ce format : Ave Eva: Chansons de femmes des XIIe et XIIIe siècles, l’album de Brigitte Lesne. Notez que les plateformes légales de streaming le proposent également sous forme digitale et dématérialisée.


Une chanson sur la duplicité de L’Amour

Les trouvères comme les troubadours ont pu quelquefois se distancer de l’exercice courtois pour rédiger des pièces plus critiques ou satiriques sur le sentiment amoureux.

Dans la chanson médiévale du jour, Robert de Reims se prête lui-même à cet exercice. En prenant ses distances du portrait idyllique de la lyrique courtoise, il rédige là une pièce plus satirique sur l’ambivalence de l’amour et du sentiment amoureux.

On ne peut saisir le grain sans la paille. Balançant entre éloge et défiance, entre le feu et la glace, il nous dépeint avec vivacité le portrait d’un Amour tout en contradiction : grande aventure qui libère ou qui lie, qui fait vivre et fait mourir.


Qui bien vuet Amors descrivre,
en vieux français originel

NB : ayant pour l’instant résisté à la tentation de l’adaptation en français actuel, nous vous fournissons quelques clés de vocabulaire pour vous aider à décrypter un peu mieux le vieux français de Robert de Reims.

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.


NOTES

  1. Les Trouvères brabançons hainuyers, liégeois et namurois, Arthur Dinaux, chez Techener Libraire (1903) ↩︎
  2. Chansons Satiriques et Bachiques du XIIIe siècle, A. Jeanroy et A. Langfors, Ed Honoré Champion (1921) ↩︎
  3. Histoire littéraire de la France, Tome 23 (1856) ↩︎
  4. « Robert’s production thus allows us to discover the role of a recognized trouvère in the interplay of composition and recomposition of works through their various monophonic and polyphonic recastings. Critically, it reveals not only that some trouvères took part in the development of polyphony, but also that their involvement occurred very early in the development of the motet, even influencing the enrichment of liturgical corpora. The case of Robert de Reims jostles and tempers the standard history of the chanson and motet. » Samuel N. Rosenberg,
    Robert de Reims : Songs and Motets. Eglal Doss-Quinby, Gaël Saint-Cricq, Samuel N. Rosenberg (ed.), Penn State University Press (2020) ↩︎
  5. Les chansons de Robert La Chièvre de Reims trouvère du XIIIe siècle mises en langage moderne avec leur musique et une notice sur ce poète, Madeleine Lachèvre ↩︎
  6. Et se li biens li demeure de tant a il avantage que li biens d’une seule eure les maus d’un an assoage : Et s’il doit en attendre les bienfaits, par une seule heure de félicité
    il a tant d’avantage que les maux d’une année entière s’en trouvent soulagés
    ↩︎






Zoom sur les 37eme Médiévales de Provins

Blason, armoirie ville de Provins

Sujet : fêtes, animations médiévales, compagnies médiévales, agenda médiéval, reconstituteurs, campements médiévaux, spectacles équestres, tournois, fauconnerie
Thème: Moyen Âge festif, Moyen Âge central
Lieu : Provins, Seine-et-Marne, Ile de France
Evénements: Les 37e médiévales de Provins.
Dates : les 25 et 26  juin 2022

Bonjour à tous,

es 25 et 26 juin prochain, le Moyen Âge festif sera, enfin, de retour en la cité de Provins pour deux grandes journées de fêtes. Il s’agira de la 37eme fête médiévale de la ville et, pour l’occasion, les petits plats ont été mis dans les grands comme vous allez pouvoir le découvrir dans cet article.

Le programme de la fête

Après deux ans d’absence, la grande fête médiévale de Provins signe son retour en force avec un programme des plus roboratifs, comme aurait pu le dire le Yvain de Kaamelott. Sur le thème des bâtisseurs médiévaux, les organisateurs de cette édition 2022 sont bien décidés à vous entraîner dans un grand voyage qui vous mènera au cœur des grandes foires de Champagne et au temps de Thibaut le Chansonnier.

Des animations médiévales pleins les yeux

Animations médiévales Provins, affiche

Des campements médiévaux ? Il y en aura comme s’il en pleuvait les 25 et 26 juin à Provins et sur de nombreux thèmes : danseurs, bretteurs et combattants, chevaliers et artisans du XVe siècle, soudards de la guerre de cent-ans, archers, tourmenteur et gueux, et même ferme berbère.

Viendront s’y ajouter de nombreux ateliers d’artisanat pour découvrir les métiers du Moyen Âge : forge, vannerie, corderie, calligraphie, confection de vitraux, mais encore un grand chantier avec engins de levage et techniques de construction d’antan animé par les bâtisseurs médiévaux. Ajoutez un grand bal et un concert médiéval, le samedi soir, une parade géante avec plus 700 personnes attendues en costume d’époque, le dimanche mais encore, tout au long de la fête, une bonne dose d’animations de rue, entre déambulations musicales et festives, théâtre à ciel ouvert, farces, saynètes et bonne humeur, vous aurez une idée des réjouissances qui vous attendront à Provins, durant ce week-end de fêtes. La liste des artisans, troupes musicales et compagnies médiévales invités vous donnera une idée de la densité du programme.

Compagnies médiévales, artisans et artiste invitées

Compagnie Bric à Brac – Os Gambuzinos – La Compagnie de Cléry – Compagnie Zoolians – Sembadelle – Trybu – Lanceurs de drapeaux ASTA – Compagnie Via Cane – Atelier du Renard Vert – Les Collégiens de Paris – Les casse-museaux – Chœur du Montois et du Provinois – Les Ménétriers – Claudio Quadros Ménestrel – Myrias – La Forge de l’Histoire – La Léproserie de Close Barbe – Compagnie de Théobaldus – Les Bâtisseurs Médiévaux – Les Colporteurs de Couleurs – Soñj – Compagnie d’arc de Provins – Les Forges de la Brume – Cie Dovahkiin – Sorga – Compagnie du Polisson – A’TE’LIER – Ensemble Tormis – La Bet-elgueuse – Les Danceries Thibaud de Champagne – La Maisnie du Mont Ferrand – Les Bretteurs Caudaciens – L’Ambroisie – Confrérie du Cerbère – Corazon – Compagnie Crealid – Les aigles des remparts – La légende des Chevaliers – Compagnie Gueule de loup.

Fête de Provins - Île de France -Animations et compagnies médiévales

Spectacle équestre, fauconnerie et rock celtique

Temps forts des réjouissances, les spectacles seront aussi nombreux, une grande épopée équestre à l’évocation des légendes du temps de Thibaut IV de Champagne et de Blanche de Castille, des vols de rapaces et démonstrations de fauconnerie, mais encore un festival rock celtique. Pour y assister, il faudra compter un petit supplément de paiement. Pour plus d’informations sur les réservations et conditions, nous vous laisserons vous reporter au lien plus bas dans cet article.

Village du livre et lectures médiévales

Une village du livre sera également présent sur place avec une vingtaine d’auteurs, enlumineurs et calligraphes. Et puisque nous en sommes à ce thème, une fois dans la cité, n’hésitez pas à faire un tour à la librairie Le Roy Lire de Provins, librairie de charme, dans un cadre unique et dont Max, le tenancier passionné s’est fait du Moyen Âge une vraie spécialité.

Voir le programme complet et réservez vos billets sur le site officiel

Bien sûr, pour qui ne connaîtrait pas Provins, cet événement pourrait aussi fournir l’occasion de découvrir le riche patrimoine médiéval de la cité. Des visites spéciales seront d’ailleurs organisées, à cet effet, au musée, au prieuré Saint Ayoul, dans les souterrains de la ville, à la tour César et encore d’autres lieux historiques célèbres de la ville.

Découvrir nos articles précédents sur les Médiévales de Provins :
Edition 20192018 –  2017 –  2016

Une très belle journée à tous et de belles fêtes à Provins si vous vous y rendez.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

NB : les photos utilisées dans le cadre de cet article proviennent toutes de compagnies médiévales présentes à l’occasion de ces médiévales. 

Conon de Bethune, chevalier, trouvère et noble seigneur d’Artois

musique_danse_moyen-age_ductia_estampie_nota_artefactumSujet : musique, poésie, chanson médiévale, amour courtois, trouvère, oil, biographie, portrait, chants de croisades, lyrique courtoise.
Période :  XIIe,  XIIIe, moyen-âge central
Auteur :  Conon de Béthune ( ?1170 – 1219/20)
Biographe :  Axel Wallenskôld
Livre : Les chansons de Conon de Béthune
Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous poursuivons aujourd’hui notre découverte des trouvères champenois et artésiens des débuts du XIIIe siècle. Après avoir parlé de Gace Brûlé et Blondel de Nesle, nous nous penchons ici sur un autre de leur contemporain :  Conon de Bethune.

Eléments de biographie

deco_medievale_enluminures_trouvere_Les origines de Conon de Bethune sont un plus claires ou certaines que celles des deux sus-nommés. Si sa date de naissance n’est pas connue avec précision – on la situe autour de 1150 -il fait partie du lignage des seigneurs de Bethune, puissante famille artésienne avouée d’Arras depuis les débuts du XIe siècle et qui s’illustra notamment à plusieurs reprises aux croisades.

Conon est ainsi le cinquième fils de Robert V de Bethune, lui-même sixième seigneur de ce lignage. Concernant l’exercice de son art, il se réclame lui-même disciple de Hue de Coicy (Huon III d’Oisi), châtelain de Cambrai, qu’il désigne comme son « maître à trouver ».

« Or vos ai dit des barons ma sanblance;
Si lor an poise de ceu que je di,
Si s’an praingnent a mon mastre d’Oissi,
Qui m’at apris a chanter très m’anfance. »

On rencontrera encore le nom de notre trouvère dans des poésies tierces (sous les formes de Quesnes, Quenes) et notamment sous la plume de Gace Brûlé. Il semble donc qu’il ait côtoyé au moins quelques temps ce dernier ainsi que Blondel de Nesle.

Des traits « d’artois » dans le « françois »

D’après une de ses chansons, Conon de Bethune séjourna à la cour de France au moins une fois. Il y eut même l’opportunité (cuisante) d’y pousser quelques chansons. A cette occasion, il se fit en effet « remballer » par la reine en personne  pour les traits d’Artois tintant son François, tout cela en présence de Philippe-Auguste et semble-t-il de Marie de Champagne (ce qui l’a, au passage, le plus affecté). Voici un large extrait de la chanson dans laquelle il  témoigne de cette déconvenue.

« Mout me semont Amors ke je m’envoise,
Quant je plus doi de chanter estre cois;
Mais j’ai plus grant talent ke je me coise,
Por çou s’ai mis mon chanter en defois;
Ke mon langaige ont blasmé li François
Et mes cançons, oiant les Champenois
Et la Contesse encoir, dont plus me poise.

La Roïne n’a pas fait ke cortoise,
Ki me reprist, ele et ses fieus, li Rois.
Encoir ne soit ma parole franchoise,
Si la puet on bien entendre en franchois;
Ne chil ne sont bien apris ne cortois,
S’il m’ont repris se j’ai dit mos d’Artois,
Car je ne fui pas norris a Pontoise. »

Maladresse diplomatique ou signe de temps, la langue d’oil de la cour de France de cette fin de XIIe siècle s’imposerait-elle déjà sous le ton qu’on devine narquois de la reine, comme le parler qu’il convient de maîtriser pour prétendre se produire devant la couronne et surtout la séduire ? Si Conon De Bethune, piqué dans son amour propre et laissé à son desarroi, relèvera ici la scène avec une pointe d’ironie, on se souvient qu’un peu plus tard dans le temps et dans le courant du XIIIe siècle, Jean de Meung (Clopinel) confirmera en quelque sorte cette tendance, en s’exprimant sur le même sujet en préambule du roman de la rose et en prenant les devants (peut-être même en forçant un peu le trait?): « Si m’excuse de mon langage – Rude, malotru et sauvage, – Car né ne suis pas de Paris. »

Les croisades

Pour le reste et dans les événements marquants de son parcours, Conon de Bethune se croisa, semble-t-il, deux fois. La première lui valut de se faire railler par ses contemporains poètes. A l’occasion des préparatifs de Philippe Auguste pour la 3ème croisade et devant la tiédeur manifeste de l’entreprise autant que la deco_medievale_enluminures_trouvere_lenteur des uns et des autres à engager le départ, le trouvère composa, avec grande conviction deux chants de croisades pour ajouter un brin d’allant à cette cause. Las!, une fois parti pour l’Orient, son ardeur fut de courte mèche puisqu’il finit par rentrer de manière anticipée. A son retour, celui que le poète avait reconnu comme son maître dans l’art de trouver, lui servira sur un plateau un  sirventes acerbe dans lequel il se gaussera de lui autant que de son  roi  « failli » (Philippe Auguste).

Pour la deuxième expédition, la quatrième croisade, le noble artésien aura l’occasion de mieux illustrer ses qualités et d’écarter tout doute sur ses motivations. Sur le terrain, il sera, en effet à plusieurs reprises le porte-parole des barons croisés à Constantinople et jouera par la suite un rôle politique et militaire important dans la tenue de l’empire latin d’Orient. On trouve notamment dans les Chroniques de la prise de Constantinople par les Francs, de Geoffroi de Ville-hardouin de nombreuses mentions de ses actions sur le terrain.  Avant sa mort que l’on situe autour de l’année 1219 ou 1220, Conon de Bethune fut encore nommé sénéchal sous l’impératrice Yolande de Flandre, puis régent de l’Empire.

Oeuvre, chansons et legs

Le trouvère nous a laissé un peu moins de quinze chansons. Une fois passée au filtre de l’analyse, dix d’entre elles demeurent certaines, les autres sont d’attribution plus contestable. L’ensemble de ce legs se trouve réparti dans dix-sept manuscrits.

A ce jour, un des plus sérieux biographes du trouvère demeure encore Axel Wallenskôld (1864-1933) romaniste, linguiste et philologue finlandais passionné de français médiéval et ancien.  Son ouvrage sur les chansons de Conon de Bethune qui, en 1921, faisait suite à la thèse qu’il avait publiée quelques années auparavant (1891), a d’ailleurs été réédité jusque dans les années 1981, chez Honoré Champion.

Voilà la liste courte que ce biographe a établi des chansons de Conon Bethune. D’autres médiévistes ou spécialistes de littérature médiévale seront peut-être encore tentés de l’élargir, en en ajoutant deco_medievale_enluminures_trouvere_quelques-unes supplémentaires, mais l’essentiel est là :

Chançon legiere a entendre – Si voiremant con celé don je chant – Moût me semont Amors que je m’envoise – Ahil Amors, com dure départie – Bien me deusse targier – Se raige et derverie – Belle doce Dame chiere – Tant ai amé c’or me convient haïr – L’autrier un jor après la Saint Denise. – L’autrier avint en cel autre pais.

Les thèmes abordés oscillent entre l’amour courtois et le contexte de la croisade (ralliement, dénonciation, pesance du chevalier tenu de quitter sa dame pour les terres lointaines). Nous aurons dans de futurs articles l’occasion de vous en présenter quelques unes, par le menu.

En vous souhaitant une excellente journée.

Fred
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes.