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Tintagel, un site archéologique d’exception au coeur des légendes arthuriennes

excalibur_legendes_arthuriennes_conference_histoire_medieval_litterature_moyen-age_michel_pastoureauSujet : archéologie, histoire médiévale, Tintagel, château, fouilles archéologiques, roi Arthur, légendes Arthuriennes. château,  royaume celte.
Période : Haut Moyen Âge, Moyen Âge central.
Lieu d’Intérêt : Tintagel, site archéologique d’exception, découvertes récentes
Gestion du site : English Heritage

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous parlons un peu  d’archéologie outre-manche et de Tintagel  en Cornouailles, berceau des légendes Arthuriennes, mais surtout site d’exception archéologique. Nous en profitons pour aborder les les dernières découvertes en date, en examinant leurs   possibles convergences  avec  les légendes arthuriennes.

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Tintagel au Moyen Âge central

Entre presse à sensation et archéologie, le  site de Tintagel est marqué du sceau indélébile de Geoffrey de Monmouth, religieux  et historien anglo-normand du XIIe siècle, au service du roi Henri 1er d’Angleterre qui, dans son Historia Regum Britanniae, fit de l’endroit le lieu mythique de la naissance du Roi Arthur, enfanté par Uther Pandragon suite à un subterfuge rendu possible par  l’enchanteur Merlin. Aujourd’hui, Tintagel  est sans doute une des places historiques les plus visitées d’Angleterre, certainement d’ailleurs bien plus pour ses références au  légendaire roi breton que pour sa réalité historique établie.  

Dans les faits, le site de Tintagel héberge les ruines d’un château construit durant le Moyen Âge central et au XIIIe siècle. Sise sur un emplacement qui ne semble pas avoir « à première vue » de valeur stratégique particulière, cette forteresse n’est  pourtant pas sans lien avec le Roi Arthur puisqu’on admet généralement qu’elle fut construite à cet endroit même par Richard 1er, comte de Cornouailles et  frère du Roi Henri III d’Angleterre chateau_tintagel_haut_moyen-age_celte_histoire_archeologie_medievale_legendes_roi_arthur_angleterre pour mieux asseoir sa légitimité auprès des habitants de la province, en établissant l’idée d’une connexion entre sa lignée et celle du mythique souverain. C’est encore une preuve de la force des légendes arthuriennes dans l’Angleterre du Moyen Âge central.

Si la majorité des historiens contemporains conteste dans les grandes lignes, la réalité des faits du roi Arthur et de ses chevaliers, ou à tout le moins fait le constat qu’il est impossible d’en établir la véracité, au vue des documents en présence, pour les hommes de Moyen Âge, il ne faisait guère de doute que le fils de Uther Pendragon avait réellement existé et conduit nombre des exploits que les contes gallois ou les écrits  de Geoffrey de Monmouth lui prêtaient.

Héritier des légendes arthuriennes

Eblason_cornouailles_richard_1er_tintagel_site_archeologie_histoire_medieval_moyen-age_centraln 1225, Richard 1er de Cornouailles  échangea donc avec Gervase de Tintagel ses terres de Merthen contre celle de Tintagel pour y bâtir sa forteresse.  Au titre des détails intéressants de l’histoire qui viennent encore renforcer ses intentions, il semble même qu’alors il fit bâtir le château  dans un style architectural antérieur  à celui dont  il était contemporain, afin de le faire paraître plus ancien et donc finalement encore plus « Arthurien » et légitime aux yeux des populations de Cornouailles. En affichant la volonté de se situer dans l’héritage des légendes arthuriennes, le noble  ne fit pas exception. Comme cité précédemment (voir article), il n’était, en effet, pas rare que les rois anglais des XIIIe et XIVe siècles se référent au légendaire héros, pour s’inscrire dans sa « lignée » ou son « esprit » comme d’autres le faisaient alors avec  Charlemagne, en France.  Pour que tout cela soit possible, il fallut tout de même attendre que les rois de l’île britannique  tintagel_chateau_legendes_roi_arthur_archeologie_histoire_medievale_lieu_historique_moyen-age« anglicisent » en quelque sorte Arthur et le « christianisent » même un peu plus, afin qu’il soit « récupérable » et « présentable ». Dans les siècles précédents le XIIIe, ce dernier incarnait, en effet, un idéal breton ou celte un peu « encombrant » pour l’élite noble anglaise. Cette dernière s’étant finalement réconciliée avec le légendaire roi de Bretagne, on se mit à revendiquer de plus en plus son héritage. De nos jours encore, l’aristocratie britannique continue quelquefois sur cette lancée, en utilisant le célèbre prénom dans le nom donné aux enfants : Prince William Arthur Philip Louis, Princes Charles Philip Arthur George.

Un château peut en cacher un autre

Pour en venir à l’archéologie sur site, la campagne de fouilles actuelle à Tintagel est conduite par l’association English Heritage depuis les années 90.  Disons d’emblée que le but  déclaré n’est pas –  les archéologues sur place s’en défendent largement – de rechercher une quelconque  corrélation entre les découvertes et les légendes arthuriennes, mais bien plutôt de mettre à jour les vestiges  de bâtiments  du haut Moyen Âge.

Dans les années 30,  certaines fouilles avaient, en effet, permis de découvrir les traces d’édifices datant d’une période contemporaine des légendes : les Ve, VIᵉ siècles et le haut Moyen Âge. Suite à ces découvertes effectuées du début du XXe siècle, les fouilles s’étaient interrompues pour quelques décennies et, pire même, la demeure de l’archéologue qui les avait en charge ayant été détruite par des bombardements durant la deuxième guerre mondiale, les traces de ses conclusions avaient été en grande partie perdues. Quoiqu’il en soit, depuis les années 70-80, on admettait généralement que les vestiges mis à jour et les traces de bâtiments enfouis pouvaient être les restes d’une forteresse celte, et peut-être même le centre du Royaume de Dumnonia (Domnonée). A partir du IVe siècle et jusqu’au début du IXe siècle et l’invasion des saxons, cette province s’étendait de part et d’autre de la manche sur l’île britannique,  mais aussi en Bretagne continentale.

« La pierre d’Arthur »

chateau_tintagel_archeologie_histoire_medievale_site_haut_moyen-age_pierre_roi_arthurDébutée dans les années 90, la campagne de fouilles menée par l’organisme English Heritage a permis de mettre à jour une  première découverte troublante dans le courant de l’année 98. Si elle ne créa pas de révolution majeure chez les archéologues, amateurs de faits avérés  et peu enclins à s’échauffer rapidement, la nouvelle fit le « buzz » dans la presse anglaise. La découverte était un fragment d’ardoise plate gravée d’inscriptions. On émet l’hypothèse qu’elles furent écrites par une main gauloise et toutes ne sont pas entières mais la partie déchiffrable permet de lire :  « Pater Coliavificit Artognov« . L’archéologue et historien   Charles Thomas  (1928-2016) de l’Université  d’Exeter  la traduisit ainsi :  « Artognou, father of a descendant of Coll, has had this built » soit en français moderne : « Artognov (Arthnou, Arthur) père et descendant de Coll a possédé cette  construction« .

chateau_tintagel_archeologie_histoire_medievale_haut_moyen-age_pierre_arthur_legendes_arthuriennesLa pierre a passé, avec succès, les tests de datation et on a pu ainsi la faire remonter au VIe siècle. Elle serait donc contemporaine de la période durant laquelle Arthur aurait vécu. Comme nous le disions plus haut, les historiens et archéologues ne sont jamais prompts à  sauter trop rapidement sur les conclusions et se tiennent toujours dans une réserve scientifique prudente, mais certains sont tout de même plus enclins à s’enthousiasmer que d’autres. Ainsi, au moment de la découverte, quand les uns affirmaient que la seule chose que l’on puisse déduire, pour l’instant et avec certitude, de cette pierre était que le prénom « Arthur » était en usage à l’époque, mais aussi que ses inscriptions établissaient la présence d’une compétence de lecture et d’écriture en dehors du cadre religieux, le professeur  et archéologue  Geoffrey Wainwright présent sur le site se montrait, quant à lui, largement plus enthousiaste et déclarait :

« Tintagel  nous a présenté la preuve de l’existence d’un prince de Cornouailles, au haut Moyen Âge (dark ages), d’un statut social élevé et qui vivait au temps où Arthur vivait.  Le site nous a livré le nom d’une personne : « Arthnou ». Arthnou était ici, c’est son nom que nous retrouvons sur ce morceau de pierre. C’est tout de même assez énorme comme coïncidence,  C’est là que le mythe rejoint l’histoire. C’est la découverte de toute une vie. »
 Geoffrey Wainwright, Arthur Stone Discovery at Tintagel

Les découvertes de 2016

En août  2016, en poursuivant   les   fouilles sur le  site, l’équipe d’archéologues a mis à jour de nouvelles découvertes : les restes d’un  mur enfoui d’un mètre d’épaisseur datée de ce même haut Moyen Âge et également de nombreux fragments de  poterie et d’objets de verre  qui, à l’analyse, proviennent  de sites très distants : romains, anatoliens et méditerranéens notamment. L’ensemble tend chateau_tintagel_site_archeologique_haut_moyen-age_celte_histoire_medievale_legendes_arthuriennes_Domnoneeà confirmer la présence sur place d’une installation de taille, peut-être même d’une forteresse « royale » qui aurait pu être, comme on le pensait depuis quelque temps déjà, le centre de la Domnonée.

De manière certaine, en tout cas, le site était le lieu de vie  d’une élite, abritée derrière de hauts et solides murs de pierre dans un complexe élaboré, tant au niveau architectural  que défensif. L’endroit  était aussi, à l’évidence, le centre d’une forte activité commerciale.  Les experts de cette période et de ce peuple celte brittonique de Domnonée avancent que  ces derniers échangeaient très  certainement de l’étain, et peut-être même encore des esclaves et des chiens de chasse  contre ces produits élaborés  d’origine lointaine et méditerranéenne (vin, huile d’olive, etc…).  Plus d’informations sur la Domnonée ici  ( en anglais).

Corrélations arthuriennes ?

Et Arthur dans tout ça, me direz-vous ? Et bien les bâtiments sont,  encore une fois,  contemporains du siècle  où la légende situe le roi breton mais les archéologues restent, là encore, prudents. Si certains y cèdent volontiers, il semble tout de même que l’ensemble de la corporation voit la poursuite des légendes arthuriennes plus proche d’un film de Stephen Spielberg que d’un travail sérieux de recherche de terrain. Arthur n’est donc pas devenu leur Graal et ils se défendent, au moins officiellement, d’en poursuivre la chimère. Ils préfèrent donc se focaliser sur les informations cruciales que promettent, quoiqu’il en soit, d’apporter les fouilles de Tintagel dans les années à venir sur l’Angleterre du haut moyen âge, et sur cette période encore peu connue de son histoire qui fait suite à  la chute de l’empire romain.  Ajoutons que ces dernières trouvailles  archéologiques ont fait  de Tintagel, un tintagel_chateau_legendes_roi_arthur_archeologie_histoire_medievale_lieu_historique_haut_moyen-agesite d’exception et sans doute même, l’un des plus importants d’Europe de l’ouest, sur la période du haut Moyen Âge.

Bien sûr, du côté des amateurs du mythe d’Arthur et ses preux chevaliers, chaque découverte allant dans le sens de la légende est toujours un enchantement  et ces dernières trouvailles risquent de  garantir encore pour longtemps la haute fréquentation du site de Tintagel.

En vous souhaitant une très belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

La table ronde, le tombeau d’Arthur et l’influence des légendes arthuriennes sur le moyen-âge central

excalibur_legendes_arthuriennes_conference_histoire_medieval_litterature_moyen-age_michel_pastoureauSujet : légendes arthuriennes, popularité médiévale, légende, influence médiévale des héros arthuriens, roi Arthur, table ronde, chevaliers, tombeau, littérature médiévale, reliques,
Période : moyen-âge central, haut moyen-âge
Auteurs : corpus, du XIIe à nos jours.
Sources: Britannia, Université de Rochester (the Camelot projet).

Bonjour à tous

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour ceux d’entre vous qui s’en souviennent, nous avions posté, il y a quelque temps ici, une conférence de Michel Pastoureau sur la popularité médiévale de la légende du Roi Arthur, notamment à travers l’étude des prénoms en usage durant le moyen-âge central. L’article d’aujourd’hui nous donne l’occasion de prolonger ces réflexions dans une autre direction et nous partons, cette fois, de l’autre côté de la Manche, pour y découvrir des objets historiques et des reliques, témoins de l’intérêt suscité par l’histoire de l’illustre roi de Bretagne, durant les siècles qui ont vu naître sa légende et les suivants.

La table ronde de Winchester

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Dans le grand hall du château de Winchester en Angleterre se tient, depuis près de six cents ans, une table ronde peinte qui mentionne les noms des chevaliers de la célèbre légende. Elle est en bois de chêne massif et dans sa forme originale, elle reposait sur douze pieds. Du point de vue de ses dimensions, elle mesure 5,5 legendes_arthur_roi_chevalier_table_ronde_relique_moyen-age_centralmètres de diamètre et pèse plus d’un tonne. Les dernières datations effectuées sur l’objet, dans le milieu des années soixante-dix, font remonter sa création, au début du règne d’Edouard 1er, soit dans le dernier tiers du XIIIe siècle: carbone 14 à l’appui, l’objet daterait précisément de 1270 et aurait été peint (ou repeint) autour du début du XVIe siècle, en 1522.

Si cette table ronde n’est pas contemporaine de la légende du roi Arthur qui se déroule au VIe siècle, elle reste indéniablement d’une grande valeur historique. Durant le moyen-âge central, parmi les grands personnages « mythiques » ou même ceux ayant vécu réellement mais étant devenues légendaires après coup, les figures de Charlemagne ou de Roland, côtoient celles du grand roi breton et de ses preux chevaliers en quête d’élévation dans la noblesse des valeurs comme dans la spiritualité et cet objet apporte encore la preuve de ce intérêt. Comme les légendes arthuriennes  ont circulé entre la France et l’Angleterre, du fait de l’origine de ses auteurs, anglais, gallois ou français, ses héros ont, sans conteste, imprimé leur marque des deux côtés de la manche, même si c’est sans doute plus Charlemagne qui remportera l’adhésion du côté des souverains français. Les deux héros ont, en tout cas, en commun d’être de grands fédérateurs qui ont su unifier leurs terres et tous deux ont edouard_1er_angleterre_legende_arthurienne_chevaliers_table_ronde_tournois_monde_medieval_moyen-age_centralencore hérité d’une ferveur chrétienne toute médiévale. Concernant cette dernière et pour ce qui est du Roi Arthur, des auteurs comme Chrétien de Troyes ou Robert de Boron s’emploieront encore à la renforcer.

(Portrait de Edouard 1er d’Angleterre, Anonyme, XIIIe siècle, Westminster)

En Angleterre, le roi Edouard 1er s’était, dit-on, pris d’un vif intérêt pour la légende du roi Arthur et l’on suppose que cette table a pu être utilisée lors de tournois organisés par lui, au début de son règne. Jouait-on alors à incarner Lancelot, Yvain, Gauvain ou Perceval? L’histoire n’en a, semble-t-il, pas gardé la trace. C’est, en tout cas, ce même roi Edouard 1er qui assista à l’ouverture du tombeau supposé d’Arthur et de Guenièvre sur les vestiges actuels de l’abbaye de Glastonbury, tombeau dont il est intéressant de dire un mot ici.

Le Tombeau du Roi Arthur et de Guenièvre

Le site originel de la tombe supposée d'Arthur à Glastonbury
Le site originel de la tombe supposée d’Arthur à Glastonbury

Tandis que les reliques de Charlemagne occupent les esprits en France et même au delà, en Europe, notamment du côté des Saints Empereurs de l’Empire Germanique, on découvre qu’en Angleterre, celles du bon roi Arthur suscite un vif legende_arthur_table_ronde_tombeau_moyen-age_central_popularite_medievale_mythe_arthurienintérêt. A ce titre, l’histoire de ce tombeau est assez édifiante. Il aurait, en effet, contenu un cercueil dans lequel on retrouva, à la fin du XIIe siècle, des ossements supposés être les restes d’Arthur et de Guenièvre, avec même une mèche de cheveux blonds tressés, ainsi qu’une croix de plomb arborant l’inscription suivante en latin: Hic iacet sepultus inclitus rex arturius: « Ci-gît enterré le renommé roi Arthur ». On rapporte encore que le cercueil se trouvait entouré, de part et d’autre, de deux pyramides sur lesquelles étaient gravées des lettres dont l’usure du temps autant que le style « barbare » avaient rendu impossible le déchiffrage. Suivant un autre récit d’époque, « Les chroniques de l’abbaye de Margam (1200-1299), il y aurait eu, non pas un seul, mais trois cercueils: celui du roi Arthur, celui de Guenièvre et plus surprenant encore, celui de Mordred, le neveu d’Arthur.

L’histoire de cette tombe d’Arthur vaut son pesant de deniers puisqu’on la doit à des moines, ceux de l’abbaye de Glastonbury qui, en 1190, annoncèrent, avec émotion, au roi Henri II d’Angleterre, leur étonnante découverte. Ils affirmèrent, en effet, avoir trouvé le tombeau après avoir été frappés de rêves et de visions leur en indiquant l’endroit. Nous sommes alors à peine soixante ans après que  Geoffrey de Monmouth ait écrit son Historia regum Britanniae et jeté les bases qui feront vraiment référence pour les récits autour du roi Arthur. A l’évidence la légende a alors déjà fait un peu son chemin. On dit, en effet, qu’une fois la nouvelle répandue, on vint de tous les coins du pays pour voir la tombe et qu’on fit également de nombreux dons à l’abbaye. Cela tombait à point nommé, puisqu’il semble que celle-ci traversait alors  les pires croix_tombeau_arthur_legende_chevalier_table_ronde_influence_moyen-age_centraldifficultés financières.

Faut-il voir une relation de cause à effet entre les coffres vides de l’abbaye et la découverte? Les moines n’en étaient, semble-t-il, pas à leur première tentative de « buzz » à la sauce médiévale puisqu’ils avaient déjà déclaré en 1184, avoir retrouvé les restes de Saint Patrick, sans parvenir à en convaincre quiconque. Ceci ne les avaient pourtant pas freiné puisque quelque temps après, ils récidivaient, en clamant avoir, cette fois, retrouvés ceux de Saint-Dunstan, sans pour autant rencontrer, là encore, plus de succès. Il fallait bien un roi Arthur pour venir à leur secours, fut-il mort, et le fait que cela fonctionna prouve au moins le crédit et la foi que l’on prêtait déjà à la légende.

Comme l’indique le panneau informatif que l’on peut trouver sur place, les restes furent déplacés en 1278 en présence du roi Edouard 1er dans une tombe de marbre noir sur le même site.

Quoiqu’il en soit, concernant la découverte du possible tombeau d’Arthur, si l’on semble bien s’entendre aujourd’hui du côté des experts pour affirmer que le bon roi n’a pas été enterré à Glastonbury mais qu’il s’agissait plutôt d’une invention des moines, les  recherches continuent et animent bien des débats passionnés. Encore récemment un historien anglais spécialiste du sujet, du nom de Graham Phillips affirme avoir trouvé le véritable emplacement après des années de recherche sur la question. La tombe serait dans le West Midlands et aux dernières nouvelles (courant 2016) il attendait les autorisations pour pouvoir y mener des fouilles.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Tout savoir sur les premiers châteaux forts et sur les mottes castrales, l’index des trois épisodes

donjon_motte_castrale_video_documentaire_histoire_medievaleSujet : motte castrale, motte féodale, monde médiéval, monde féodal, châteaux à motte, château fort, reconstitution historique
Période : XIIe (1150), moyen-âge central
Média : chaîne youtube, vidéo, documentaire
Date de mise en ligne : 2016
Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous faisons un petit post aujourd’hui pour publier en un seul article, les liens vers les trois vidéo-épisodes réalisés sur le thème des châteaux forts de terre et de bois que sont les mottes castrales.  Si vous avez manqué les articles précédents sur la question, dans ces vidéos documentaires, nous abordons  de manière ludique mais sourcée et réaliste, l’histoire de ces installations féodales et défensives, en nous appuyant sur ce que l’Histoire autant que l’archéologie médiévale nous en apprend.

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Les trois épisodes  visent donc à aborder, de manière détaillée, l’histoire de ces constructions défensives particulières, le contexte historique de leur apparition, ainsi que leurs différentes composantes. Les vidéos se présentent toutes sous forme de balades virtuelles commentées, à l’intérieur d’un monde 3D que nous avons construit pour l’occasion. Elles totalisent une durée légèrement supérieure à 1h30 de visionnage et sont d’accès totalement gratuit sur notre chaîne youtube.

Encore une fois, même si le pari est celui de l’accessibilité et du divertissement, du point de vue des références, vous y croiserez de nombreux auteurs sur ces sujets (Eugène Viollet le Duc, Lambert d’Ardres, Michel Bur, Jean Mesqui, etc…) mais aussi des bâtiments ou architecture caractéristiques de l’an mil et des siècles suivants, reconstitués pour l’occasion.

Episode 1.
L’apparition des mottes castrales, contexte historique, topographie et généralités

Sujets abordés:  l’an mil, les invasions, la naissance du monde féodal, et la structure du pouvoir féodal, architecture général défensive.

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Episode 2.
La basse-cour et ses bâtiments

Sujets abordés: justice, duel judiciaire, religion, agriculture, artisanat et mode de vie médiéval, la basse cour du château-fort.

moyen_age_video_documentaire_chateaux_fort_mottes_castrales_monde_medieval_basse_cour_youtube_habitat_an_mil

Episode 3.
Le donjon, coeur du pouvoir féodal.

Sujets abordés:  agencement du donjon, fonctions défensives, militaires, religieuses, lieu de vie, la haute-cour.moyen_age_video_documentaire_chateaux_fort_mottes_castrales_monde_medieval_donjon_logis_seugneurial_youtube

En vous souhaitant une très belle journée et un bon visionnage de ces vidéo-documentaires, si vous ne les avez pas encore vus.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

A la découverte des mottes castrales, épisode 3 : Donjon, Logis du seigneur & Haute-cour, le coeur du pouvoir féodal

donjon_motte_castrale_video_documentaire_histoire_medievaleSujet : mottes castrales, archéologie médiévale, château à mottes, vie médiévale, monde féodal, architecture défensive.
Période :  XIIe (1150), moyen-âge central
Média : vidéo, documentaire,  monde 3D, médiéval engineers
Auteur :
votre serviteur 
Titre :
  A la découverte des mottes castrales épisode 3

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous avons le plaisir de publier le troisième épisode de nos vidéos consacrées aux mottes castrales et aux châteaux forts de terre et de bois du moyen-âge central.

Après avoir vu le contexte historique et la topologie des lieux dans le premier épisode, les composantes de la basse-cour dans le second, il s’agit, dans celui-ci, de découvrir la haute-cour. Lieu de vie privilégié du seigneur, cette dernière est le coeur véritable du pouvoir féodal et, finalement, le point autour duquel gravite tout le petit monde du château à motte. Pour terminer cette série de vidéo, nous approchons donc ses bâtiments et montons  à l’assaut de la butte, pour y découvrir le donjon et le logis du maître des lieux.

« Reconstituer » l’architecture de bois défensive du moyen-âge central

Du point de vue reconstitution, il faut ici préciser quelques petites choses. Le moyen-âge central des XI et XIIe siècle ne nous a pas laissé des myriades de documents sur l’architecture de bois et sur les mottes. L’archéologie médiévale est venue à son secours depuis, mais il faut bien être conscient de plusieurs éléments:

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  • Le second élément est que les terrains de construction des mottes et leur butte quand ils n’ont pas été simplement abandonnés à la faveur de lieux plus propices que l’architecture de pierre et sa solidité ont, par la suite, permis de conquérir, ont accueillis, dans un certain nombre de cas, des châteaux de pierre. Quand cela s’est trouvé, on assiste alors souvent à un empilement sur les mêmes terrain des vestiges d’habitation et des traces, au fil des siècles, qui complique d’autant le travail de l’archéologue et la mise à jour de découvertes « claires ». Quand bien même, celles-ci ne donnent souvent que l’affectation des premiers niveaux d’habitations et peu d’éléments sur ce qui pouvait se trouver dans les étages, quand il y en avait.

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Tout cela étant dit, et même si en croisant toutes les données, on a quand même fini par avoir une bonne idée de la conformation générale de certains de ces châteaux de terre et de bois, les détails concernant l’agencement précis de leurs bâtiments, la disposition de leurs pièces, de leurs étages et leur affectation, restent souvent une énigme à trous. Reconstituer, dans ce contexte, consiste donc à user des éléments en présence, mais aussi de son imagination, en essayant de se replacer dans le contexte de l’époque et la réalité du monde féodal des XIe et XIIe siècles. Pour rappel nous avons choisi pour ces trois vidéo-documentaire de nous situer vers le milieu du XIIe siècle (1150 – 1170).

Les Chroniques de Lambert Curé d’Ardre

C’est un document qui est longtemps resté en marge de l’Histoire mais que l’on a redécouvert par la suite, et dont on a su tirer partie. On doit notamment à ce Lambert, curé d’Ardre une description d’un logis de seigneur de bois assez sophistiqué et complexe. Michel Bur nous la résume dans son article sur les châteaux fort (encyclopédie Universalis) mais l’on peut  également retrouver la source de ces chroniques en fouillant un peu. L’ouvrage original, qui date de 1170, est en latin mais on en trouve des traductions en vieux-français.

chronique_de_lambert_dardrePour autant, et même si l’on peut considérer la grande valeur de ce document pour les précisions qu’il nous donne, c’est en chroniqueur témoin « émerveillé » que le curé d’Ardre nous décrit cette grande bâtisse de bois. Ce n’est pas en maître d’oeuvre, et il n’en donne aucun plan, pas plus qu’il n’en fait la monographie précise. Le document se résume à un peu moins d’un page et on ne peut considérer qu’il soit exhaustif sur l’ensemble des fonctionnalités que l’on trouve dans ce bâtiment. Entre autre chose, on ne trouve rien sur l’hygiène, d’éventuelles pièces dédiées aux bains, toilettes, Il n’y a pas non plus mention d’installations défensives de type hourd ou même de précisions sur d’éventuels accès défensifs élevés sur le toit. Et si, à l’évidence, notre curé d’Ardre, connait suffisamment le logis du seigneur, pour savoir qu’il comporte un « lieu tenu secret » réservé aux malades, il confesse aussi que c’est un labyrinthe et il faut bien en déduire que sa description se limite donc à ce qu’il en sait et qu’on a bien voulu lui montrer.

Dans ce contexte, sans doute satisfaisant pour l’Historien mais qui reste un peu flou pour le « reconstituteur » , nous avons utilisé les grandes fonctionnalités décrites par notre Lambert, pour les agencer, en quelque sorte, à notre manière, et les faire entrer dans notre tour maîtresse ou notre grand donjon de bois. Comme nous l’indiquons dans ce vidéo documentaire, le logis seigneurial qu’il nous décrit ne semble pas être un tour, mais plutôt une grande bâtisse.

Composantes « psychologiques » de l’architecture médiévale défensive

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De Lambert, curé d’Ardre à Eugène Viollet le Duc

Pour le reste et aux sources de notre inspiration, nous faisons encore ici appel à Eugène Viollet le Duc et son incontournable article sur les châteaux tiré du Dictionnaire raisonné d’architecture médiévale. En croisant cette source avec la chronique du curé d’Ardre, nous recoupons cette idée d’habitation du seigneur franc qui passe sa vie avec mais surtout, sur ses gardes, (passez-moi le jeu de mots) et qui organise tout autour de lui, sa propre défense. Cette idée de labyrinthe dans laquelle la « défiance » devient une composante de l’architecture est une des sources importante de cette « reconstitution » à la croisée des possibles. Voici video_documentaire_chateau_fort_monde_medieval_dictionnaire_raisonne_architecture_eugene_viollet_le_ducdans le texte, les deux extraits qui nous ont inspiré sur le fond. Nous les citons dans la vidéo, mais il est naturel qu’ils trouvent aussi leur place dans cet article:

 » Retiré dans son donjon avec sa famille et quelques compagnons, la plupart ses parents moins riches que lui, il ne pouvait être assuré que ses hommes d’armes, dont le service était temporaire, séduits par les promesses de quelque voisin, n’ouvriraient pas les portes de son château à une troupe ennemie. Cette étrange existence de la noblesse féodale justifie ce système de défiance dont ses habitations ont conservé l’empreinte.

(…) Le château français ne s’élève qu’en vue de la garde du domaine féodal ; son assiette est choisie de façon à le protéger seul ; ses dispositions intérieures sont compliquées, étroites, accusant l’habitation autant que la défense ; elles indiquent la recherche d’hommes réunis en petit nombre, dont toutes les facultés intellectuelles sont préoccupées d’une seule pensée, celle de la défense personnelle. »

Eugène VIOLLET LE DUC –  Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle (1868)

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« ledict Arnoul (seigneur d’Ardre) fist faire et ediffier en son chastiau et forteresse d’Ardre une maison de bois et d’aultres matieres, faicte par grand artifice et maniere, et qui excedoit en beaulté les aultres maisons que pour lors estoient au pais de Flandres. (…) et de ceste maison en fist ung lieu semblable à ung aultre labirinthe, et dont l’on ne scavoit trouver l’entrée ne l’issue. »

Chronique de Guines et d’Ardre / par Lambert, curé d’Ardre (1170)

Les autres sources d’inspiration

Au titre des références, nous devons encore quelques éléments empruntés à Jean Mesqui et encore d’autres petites choses connues de tous, mais qu’il nous a cru bon de devoir rappeler, entre autre le fonctionnement de l’ost médiéval, avant que les armées royales ne se professionnalisent.

Eléments techniques sur la réalisation

Comme pour les vidéos précédentes et pour la réalisation de ce monde 3D, nous avons encore opté pour le moteur du jeu Medieval Engineers. Il n’est pas impossible que nous soyons amenés à réviser ce medieval_engineers_jeu_video_logo_construction_châteauxchoix, dans le futur, au vue des nombreux déboires occasionnés.  Nous en dirons un mot plus détaillé dans un prochain article.

Voilà, mes amis, tout cela étant dit, nous espérons que vous apprécierez cette dernière vidéo publiée et que vous en tirerez quelques informations utiles, sur ce monde médiéval qui nous est si cher. Si toutefois, vous aviez manqué les premiers épisodes ce cette série sur les mottes castrales, voici les liens vous permettant de les voir :

Tout savoir sur les mottes  castrales: épisode 1 : contexte historique

Tout savoir sur les mottes  castrales: épisode 2 : la basse-cour

En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com.
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.