Sujet : musique médiévale, Cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracles, Sainte-Marie, vengeance, Vierge, chevalier
Epoque : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur : Alphonse X (1221-1284)
Titre : Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben,
Interprètes : Rosa Gallica (régizenei együttes)
Bonjour à tous,
ous poursuivons notre voyage du côté de l’Espagne médiévale, avec les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X de Castille. Au XIIIe siècle, le souverain espagnol compila et composa plus de 400 chants dédiés au culte marial, en langue galaïco-portugaise.
Conservés avec leur notation musicale au sein de plusieurs manuscrits médiévaux, ces chants à la vierge sont encore largement joués sur la scène des musiques anciennes. De notre côté, nous en avons entrepris l’étude et la traduction en français actuel. Nous approchons, ainsi, le culte marial au Moyen Âge central par une de ses importantes sources historiques, tout autant que les musiques de cette période.
Le Miracle de la Cantiga de Santa Marial 207
Aujourd’hui, c’est la Cantiga de Santa Maria 207 qui nous occupera plus particulièrement. Ce miracle marial nous conte l’histoire d’un chevalier fervent serviteur de la sainte.
Désireux de venger son fils assassiné par un autre chevalier, l’homme d’armes accorda finalement son pardon au meurtrier. Il le relâchera après avoir vu l’image de la vierge (sans doute une statue) dans une église.
Ce miracle marial ne s’arrêtera pas qu’à la réalisation du pardon face à l’infanticide. Dans la Cantiga 207, le poète nous contera, en effet, qu’ayant vu la grande clémence du chevalier, la statue de Marie s’inclina et l’en remercia.
La CSM 207 par l’Ensemble médiéval Rosa Gallica musique ancienne
L’Ensemble médiéval Rosa Gallica
C’est du côté de la Hongrie que nous entraîne l’interprétation de la Cantiga de Santa Maria du jour. Nous la devons à un tout jeune groupe formé en 2014.
En prenant le nom de Rosa Gallica, (nom latin de la Rose de Provins), ses fondateurs ont tenu à marquer leur intérêt pour le répertoire galaïco-portugais du Moyen Âge central et notamment les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse le Sage. Depuis quelques années, ils proposent même, sur la scène hongroise, un programme entièrement consacré aux chants à Marie du roi castillan.
Au origines de Rosa Gallica
Initialement, l’ensemble Rosa Gallica trouve ses origines dans un trio de joyeux musiciens du nom de Sub Rosa présent sur la scène des musiques médiévales depuis 1999. A l’occasion de ce projet autour des Cantigas de Santa Maria, les trois artistes ont décidé d’élargir leur collaboration à plusieurs autres musiciens de talent, dont notamment une superbe voix, celle d’Anna Orsolya Juhász.
Programmes et discographie
Bien qu’ayant encore une carrière relativement courte, on doit déjà à Rosa Gallica deux mini-CDs ainsi qu’un livre audio autour de Cantigas d’Aphonse X. Vous pourrez retrouver ces productions ainsi que des musiques à télécharger sur leur site officiel.
Dans le même temps, le Trio Sub-Rosa continue de produire ses propres spectacles ou albums sur un répertoire plus profane et festif mais qui reste centré sur le Moyen Âge central et même, plus spécifiquement, le XIIIe siècle.
La Cantiga de Santa Maria 207
traduite en français actuel
Esta é como un cavaleiro poderoso levava a mal outro por un fillo que lle matara, e soltó-o en ũa eigreja de Santa María, e disse-lle a Magestade “gracías” porên.
Celle-ci raconte comment un chevalier puissant en voulait (malmenait) à un autre qui avait tué son fils, et le relâcha dans une église de Sainte-Marie, et sa majesté lui dit « Merci » pour cela.
Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben,
demostrar-ll’ averá ela sinaes que lle praz ên.
Si vous accomplissez avec bonne volonté, quelque bonne action pour la vierge, elle vous montrera les signes qu’elle s’en réjouit.
Desto vos direi miragre, ond’ averedes sabor,
que mostrou Santa María con merce’ e con amor
a un mui bon cavaleiro e séu quito servidor,
que ena servir metía séu coraçôn e séu sen.
Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben…
A ce propos, je vous conterai d’un miracle, que vous goûterez la saveur
Qui montre la miséricorde et l’amour de Sainte Marie
envers un bon chevalier qui était son serviteur
et qui mettait son cœur et son intelligence à la servir.
El avía un séu fillo que sabía mais amar
ca si, e un cavaleiro matou-llo. E con pesar
do fillo foi el prendê-lo, e quiséra-o matar
u el séu fillo matara, que lle non valvésse ren.
Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben…
Il avait un fils à qui il donnait beaucoup d’amour
Mais, hélas, un chevalier le tua. Et portant la tristesse
Du fils qu’on lui avait pris, il voulut le tuer
à l’endroit même où l’autre avait tué son fils, même si cela ne servait à rien.
E el levando-o preso en ũa eigreja ‘ntrou,
e o pres’ entrou pós ele, e el del non se nembrou;
e pois que viu a omagen da Virgen i, o soltou,
e omildou-s’ a omagen e disso “graças” porên.
Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben…
Et comme il l’avait fait prisonnier, il entra dans une église,
Et le prisonnier entra après lui, et ce dernier ne se souvenait plus de lui ;
Et après qu’il ait vu l’image (statue) de la Vierge, il le relâcha,
Et alors « l’image » s’inclina et dit « Merci pour cela ».
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE
Pour Moyenagepassion.com
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