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Sujet : musique, chanson et poésie médiévale, troubadours, servantois, sirventes. chanson de voeux, portrait, éléments biographiques, vidas. Titre : « Ar’ agues eu mil marcs de fin argen », « Puisse-je avoir mil marcs d’argent fin » Auteur : Pistoleta, troubadour provençal, Aquitaine et Languedoc Période : moyen-âge central, XIIIe siècle
Bonjour à tous,
u troubadour Pistoleta, les vidas ou le parnasse occitan nous apprennent qu’il fut lui-même le chanteur du troubadour et conteur Arnaud de Mareuil. Clerc d’assez pauvre condition, ce dernier colporta son art dans l’entourage de Raymond V de Toulouse et notamment de la soeur de ce dernier la contesse de Burlats. Il est d’ailleurs entré plus largement dans la postérité que l’artiste qui nous intéresse aujourd’hui mais il faut dire qu’à la période contemporaine de Pistoleta et au vue de leur nombre, les troubadours qui se tenaient en Provence, en Aquitaine et au delà se trouvaient exposés à une sérieuse concurrence.
Vida de Pistoleta et parnasse occitanien
« Pistoleta si fo cantaire d’en Arnaut de Maruoill e fo de Proensa; e pois venc trobaire e fez cansos con avinens sons. E fo ben grazitz entre la bona gen ; mais hom fo de pauc solatz, e de paubra enduta, e de pauc vaillimen. E tolc moiller à Marseilla ; e fes se mercadier e venc rics ; e laisset d’anar per cortz. »Le parnasse occitanien. Edtion de 1819.
Le peu d’informations biographiques que l’on trouve concernant Pistoleta puise, de manière plus ou moins explicite, à la même source : les Vidas. Nous l’avons déjà dit par ailleurs mais il est sans doute bon de le répéter ici : issues vraisemblablement de la tradition orale provençale colportée sur les troubadours, ces « biographies » furent rédigées près d’un siècle plus tard et se présentent toutes sous une forme plus ou moins anecdotique et romancée. Leur nature littéraire a été largement soulignée par Michel Zink qui recommande de prendre, à leur égard, un certain recul critique, en privilégiant plutôt l’analyse littéraire justement, la véritable valeur historique des faits rapportés ne pouvant, dans bien des cas, pas être corroborée par d’autres sources. Nous mettons donc quelques guillemets à ces éléments biographiques mais comme ils sont à peu près les seuls en notre possession, il nous faut bien au moins les citer ici.
Ci-contre représentation de Pistoleta, Chansonnier provençal dit chansonnier K, manuscrit ancien, ms 12473 Bnf, milieu du XIIIe siècle)
En activité de la fin du XIIe siècle au début du XIIIe (1230), il semble donc qu’à force de colporter et de chanter les oeuvres d’Arnaud de Mareuil, Pistoleta fut lui-même tenté de s’essayer à la composition et à la rédaction de ses propres chansons. Homme de pauvre apparence et peu de moyens (toujours d’après les vidas), il se serait fait plus tard marchand en la ville de Marseille ce qui lui aurait réussi plutôt bien . Il aurait alors laisser de côté l’art de trobar et ses errances de cour en cour pour se consacrer entièrement à cette nouvelle activité.
Histoire générale de Provence
En fouillant un peu plus loin dans les sources, nous trouvons encore les lignes suivantes (plutôt lapidaires) concernant notre troubadour. L’ouvrage est une Histoire générale de Provence, rédigée vers la fin du XVIIIe siècle :
« Pistoleta, après avoir longtems chanté les chansons des autres, voulut en faire ; mais il n’eut point de succès : on n’en aima que les airs qui furent trouvé agréables. Il nous reste de lui cinq chansons triviales, sur l’amour qu’il avoît pour une dame d*un haut rang, qui ne pouvoit le souffrir. C’est lui-même qui nous apprend cette circonstance dans une pièce, où il dit, que le tems qu’il passe avec elle, « lui paroit si court y que l’adieu touche presqu’au bon jour ». La dame ne devoit pas le trouver de même, s’il est vrai, comme le dit l’historien provençal, qu’il fut peu amusant, qu’il eût peu de mérite et peu d’usage du monde.
Dans ce cas-là, il fit très-bien de renoncer à la poésie, & de se faire marchand à Marseille, où il s’enrichit ; ce qu’il n’auroit pas fait dans la carrière du bel esprit, ingrate même pour les talens & où l’on se couvre de ridicules, quand on n’y porte que des prétentions. Pistoleta avoit été dans plusieurs cours : nous avons de lui une chanson dont l’envoi est au comte de Savoie, ( probablement Amédée IV), prince sage, dit-il, doué de toutes les belles qualités, aimant le mérite et se faisant aimer. » Histoire générale de Provence T2, page 414. (1778)
Pistoleta connut-il un succès relatif ou pas du tout ? Suivant qu’ils se fient ou non aux Vidas, Les auteurs semblent plutôt mitigés sur cette question même si le changement d’orientation dans la carrière de l’infortuné troubadour semble plutôt plaider en défaveur de son art. Quoiqu’il en soit, la chanson que nous vous proposons de découvrir aujourd’hui est joliment tournée et on devine bien, à travers ses lignes, la vie de misère et les difficultés que l’artiste dut traverser, du temps où il s’exerçait à la poésie et au chant. Sans être très caustique, ni d’une satire manifeste, elle est sans doute à ranger dans les « sirventes » pour sa dimension sociale puisqu’elle compte les misères du poète et ce même si elle comprend aussi des éléments courtois.
Servantès ou chanson de vœux adaptée
Ar agues eu mil marcs de fin argen
Contre l’Histoire générale de Provence citée plus haut, dans un ouvrage de 1893, intitulé La poésie lyrique et satirique au moyen-âge, le philologue et chartiste lyonnais Léon Clédat se rangeait lui-même, implicitement (et même mot pour mot, mais sans les citer), du côté des Vidas pour nous parler de Pistoleta : « Il se fit troubadour à son tour, et il eut beaucoup de succès parmi les bonnes gens ». ( « E fo ben grazitz entre la bona gen ») .
Dans la foulée, il faisait encore remarquer que la chanson du troubadour que nous vous présentons aujourd’hui avait due connaître un succès suffisamment important pour se voir traduite en français et nous fournissait même l’adaptation de deux de ses paragraphes (hélas sans en citer la source, ni l’auteur précis).De son titre provençal qui est, en général, la reprise de la première ligne de la chanson « Ar agues eu mil marcs de fin argen », le titre de la version française était alors devenu « Chanson de Voeux ».
Pour le reste de la traduction, hormis ses deux paragraphes livrés « clefs en main » par Leon Clédat(voir image en tête d’article) nous nous sommes basés pour « adapter » le reste de la chanson sur une traduction de Cyril Heshon, paru en 2003, dans la revue des langues romanes(la partition moderne que nous livrons plus haut provient du même article). Pour être honnête, nous n’avons pas cherché la rime et cette adaptation mériterait franchement que l’on y revienne à un moment ou à un autre. Pour le moment, elle aura au moins le mérite de rendre un peu plus intelligible l’Oc original de Pistoleta.
Ar agues eu mil marcs de fin argen et atrestan de bon aur e de ros, et agues pro civada e formen, bos e vacas e fedas e moutos, e cascun jorn .c. liuras per despendre, e fort chastel en que·m pogues defendre, tal que nuls hom no m’en pogues forsar, et agues port d’aiga dousa e de mar.
Puissé-je avoir mil marcs de fin argent Et tout autant de bon or et de roux, Et quantité d’avoine et de froment. Boeufs et vaches et brebis et moutons, Et chaque jour cent livres à répandre, Et fort château où me pusse défendre, Tel que nul homme y forcer ne me pût ; Puissé-je avoir port d’eau douce et de mer !…
Et eu agues atrestan de bon sen et de mesura com ac Salamos, e no·m pogues far ni dir faillimen, e·m trobes hom leial totas sasos, larc e meten, prometen ab atendre, gent acesmat d’esmendar e de rendre, et que de mi no·s poguesson blasmar e ma colpa cavallier ni joglar.
Et si j’avais suffisamment de sens Et de mesure comme en eut Salomon, Ne me trompant jamais, ni en faits, ni en dits, Et si j’étais loyal en toutes circonstances, Large et généreux, fidèle à mes promesses, bien prompt à m’amender et à payer mes dettes, Et que de moi jamais on ne puisse blâmer Ni critiquer mes faits, jongleurs ou chevaliers.
Et eu agues bella domna plazen, coinda e gaia ab avinens faissos, e cascun jorn .c. cavallier valen que·m seguisson on qu’eu anes ni fos ben arnescat, si com eu sai entendre; e trobes hom a comprar et a vendre, e grans avers no me pogues sobrar ni res faillir qu’om saubes atriar.
Et si j’avais aussi une dame plaisante aimable, belle et gaie, aux manières avenantes, Et chacun jour pour moi des chevaliers vaillants qui me suivent où que j’aille et où que je me tienne Bien harnaché, comme je sais m’y entendre; Et si j’avais assez pour acheter et vendre, Et que grands avoirs ne me manquent jamais Ni ne me manque rien que l’on puisse acquérir.
Car enueis es qui tot an vai queren menutz percatz, paubres ni vergoinos, perqu’eu volgra estar suau e gen dinz mon ostal et acuillir los pros et albergar cui que volgues deissendre, e volgra lor donar senes car vendre. Aissi fera eu, si pogues, mon afar, e car non pois no m’en deu hom blasmar.
Car dur il est tout l’an d’aller chercher Menus profits comme un pauvre honteux. Aussi voudrais être heureux et tranquille Dans mon hôtel et accueillir les preux. Et héberger qui voudrait y descendre, Et je voudrais leur donner sans rien vendre. Si je pouvais, mènerais telle vie : Quand ne le puis, ne m’en doit-on blâmer.
Domna, mon cor e mon castel vos ren e tot quant ai, car etz bella e pros; e s’agues mais de que·us fezes presen, de tot lo mon o fera, si mieus fos, qu’en totas cortz pois gabar ses contendre qu’il genser etz en qu’eu pogues entendre. Aissi·us fes Dieus avinent e ses par que res no·us faill que·us deia ben estar.
Mon cœur et mon château, Dame, je vous remets Et tous les biens que j’ai, car êtes noble et belle; Si j’avais plus encore, présent je vous ferais, pour peu qu’il soit mien du monde en son entier Car en toutes les cours je vante sans ambages que plus belle que vous, on ne puisse trouver. Ainsi comme Dieu vous fit, charmante et sans égale que jamais rien ne manque qui puisse vous contenter.
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : poésie médiévale, satirique, morale, fables, métaphores animalières, Isopets, Ysopet, littérature médiévale, ballade, moyen-français Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle. Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406) Titre : « Le renard et le corbeau » Ouvrage : Poésies morales et historiques d’Eustache Deschamps, Georges Adrien Crapelet (1832)
Bonjour à tous,
n le sait, en plus de ses centaines de ballades ou poésies, on doit à Eustache Deschamps quelques jolies fables. Nous avions déjà publié celle du chat et des souris et, aujourd’hui, nous partageons ici sa version du Renard et du Corbeau (ou l’inverse) que nous connaissons presque tous sous la plume de Jean de La Fontaine, pour l’avoir apprise sur les bancs de l’école.
De Marie de France à Eustache Deschamps, pour aller jusque La Fontaine justement et pour ne citer qu’eux, il serait bien présomptueux de prétendre faire des échelles entre tous les auteurs qui se sont attaqués au genre de la fable depuis le célèbre Esope : autres temps, autres langues, autres mondes. La proximité du francais du XVIIe siècle avec le nôtre (ou ce qui en demeure), autant que le talent stylistique de La Fontaine en ont fait invariablement l’un de ceux que l’on étudie le plus. Pourtant, qui aime les langues à travers le temps ne pourra que se laisser séduire par cette version médiévale du Corbeau et du Renard, autant que par la musicalité et les charmes du moyen-français du XIVe siècle, sous la plume d’Eustache Deschamps ; si cette dernière ne l’est pas toujours, elle se fait ici légère avec son très laconique et enlevé « On se déçoit par légièrement croire » qui vient scander cette fable, en manière de ballade. Pour peu, on aurait presque envie que Fabrice Luchini sorte un peu de sa fascination du XVIIe de La Fontaine et de Molière aux auteurs contemporains pour s’y essayer, en s’aventurant un peu sur des terres plus médiévales.
Pour le reste, comme dans la reprise de la même fable, quelques siècles avant maître Deschamps par Marie de France, la viande qu’avait mis Esope dans le bec de son Corbeau s’est définitivement changée ici en fromage, mais le fond reste le même : perfidie et intérêts à peine voilés des flatteurs et des beaux parleurs, crédulité et naïveté des flattés, aveuglés par leur si beau reflet dans un si beau miroir et qui en redemandent. Vérités inchangées, Les métaphores animalières d’Esope ont été taillées, indubitablement, pour traverser les âges. Bien sûr, chez Eustache Deschamps, les travers de la cour ne sont jamais loin et la vie curiale se niche encore entre les lignes de cette fable, même si l’on s’en voudrait de l’y restreindre.
Avant de lui céder la place, nous ne résistons pas au plaisir de citer, dans le verbe, la morale que faisait deux siècles avant lui, de cette même fable, la poétesse médiévale Marie de France (1160–1210) :
« Cis example est des orgueillox Ki de grant pris sunt desirrox Par lusenger è par mentir Les puet-um bien a gré servir. Le Jur despendent follement Pour fause loange de la gent »
« Ainsi est-il des orgueilleux Qui de gloire sont désireux Par tromperie et par mentir On peut, à bon gré, les servir Et ils dépensent follement Pour les fausses louanges des gens. »
Corbel qui prist un Fromaisges ou Dou Corbel è d’un Werpilz – Marie de France
« On se déçoit par légièrement croire »
La fable du Renard et du Corbeau
Renart jadis que grant faim destraignoit Pour proie avoir chaçoit par le boscage ; Tant qu’en tracent, dessur un arbre voit Un grant corbaut qui tenoit un frommage. Lors dist renars par doulz et humble langaige Beaus thiesselin (1), c’est chose clere et voire, Que mieulx chantes qu’oisel du bois ramage : On se déçoit par légièrement croire (2).
Car li corbauls le barat* (ruse) n’apperçoit, Mais voult chanter; po fist de vasselage*(prouesse) ; Tant qu’en chantant sa proye jus chéoit. Renart la prist et mist à son usaige ; Lors apperçut le corbaut son dommaige : Sanz recouvrer perdit par vaine gloire. A ce mirer se doivent foul et saige : On se déçoit par légièrement croire.
Pluseurs gens sont en ce monde orendroit* (désormais), Qui parlent bel pour quérir adventaige ; Mais cil est foulz qui son fait ne congnoit, Et qui ne faint à telz gens son couraige. Gay* (geai) contre gay doivent estre en usaige ; Souviengne-vous de la corneille noire De qui renars conquist le pasturage : On se déçoit par légièrement croire.
1) Thiesselin : nom donné au corbeau dans le Roman de Renard
(2) Légièrement : facilement. “On se fourvoie à être trop crédule”
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes
Sujet : mottes castrales, motte féodale, archéologie médiévale expérimentale, architecture médiévale, château à motte, lieux d’intérêt, archéosite Période : moyen-âge central, XIIe siècle Lieu : Lassigny, Oise, Hauts de France Porteur du projet : Bruno De Saedeleer Association Sauvegarde du Patrimoine,
Bonjour à tous,
u’est-ce qui nous fait lever matin ? Qu’est-ce qui fait que certains courent, plus que d’autres et avec plus de force encore, après leurs rêves ? Quelquefois, la passion pour le patrimoine, l’Histoire, et les mystères du passé suffit à soulever des montagnes et c’est le cas de l’aventure humaine dont nous voulons vous parler aujourd’hui.
L’histoire commence autour des années 2010-2011. Nous sommes dans l’Oise, près de Compiègne, dans la région des Hauts- de-France et sur le territoire de la commune de Lassigny. Il y a là un site historique, les vestiges d’une motte castrale qui, durant le moyen-âge, surplombait un petit village rupestre qu’elle tenait sous sa protection. Comme dans la plupart des cas de ce genre, quand la motte n’a pas donné lieu à des installations plus durables, il n’en demeure plus de visible qu’une simple élévation, un tertre nu dominant la plaine. Sans être un peu averti du sujet ou curieux des choses du monde médiéval, on aurait même pu, il y a encore quelques années, passer à côté sans savoir, mais ce n’est plus le cas désormais.
Il y a près de 6 ans de cela, Bruno De Saedeleer, un passionné d’archéologie et d’Histoire, s’est, en effet, mis en tête d’aller bien plus loin que la simple préservation du site, en l’état. Avec l’appui de la commune, il a même décidé d’y insuffler de nouveau, la vie qui animait déjà l’endroit, il y a près de 1000 ans quand un petit seigneur du nom de Roland, tenait ce fief et en avait fait son havre, sous la main de Raoul 1er, sénéchal de France et comte de Vermandois dont il était le vassal.
Motte castrale de Lassigny, archéosite expérimentale, Aquarelle de l’artiste JC TOULLEC
Un chantier d’archéologie expérimentale.
Sans attendre, une Association est donc créée avec pour nom sans équivoque « Sauvegarde du Patrimoine ». Son ambition ? Faire resurgir ici d’après plan et sur le site historique même les bâtiments, le village médiéval et la tour maîtresse, pour replonger ses futurs visiteurs au coeur du moyen-âge central.
En 2011, après une étude des sols réalisée à la demande de l’Association, sous la houlette conjointe de l’archéologue médiéviste Richard Jonvel et de l’Université de Picardie Jules Verne, on mettra à jour des vestiges, des tracés et une masse d’information suffisante pour avoir une vision plus claire du site tel qu’il se présentait par le passé. Cap sur le XIIe siècle ! L’aventure de l’archéosite de la Tour Roland pouvait enfin vraiment débuter.
De retour à la période médiévale, l’édification de la motte et la construction de sa tour soulevèrent, semble-t-il, quelques débats. Nous en avons déjà parlé en d’autres endroits, les mottes castrales ont souvent été élevées rapidement, quelquefois en quelques jours seulement, et celle-ci, en son temps, ne fut pas du goût de l’évêché de Noyons qui n’y vit alors rien moins qu’une atteinte à sa suzeraineté sur ses terres. Après quelques pourparlers et de sérieuses négociations avec le comte de Vermandois, la question fut pourtant réglée et, sous condition(s), on laissa finalement la tour et son élévation occuper, pour longtemps, le terrain. C’est à cette période, autour de la date clé de 1137, que l’Association Sauvegarde du Patrimoine se propose de refaire vivre le site.
Le chemin parcouru : échanges,
expériences, expérimentations
Après sa création, d’autres passionnés et érudits sont venus se joindre à l’aventure pour y apporter leur expertise ou y prêter leur main. De son côté, pour faire bonne mesure, l’Association a continué de s’entourer des conseils éclairés d’experts, historiens, archéologues, médiévistes et universitaires. Vous l’aurez compris, on ne veut, ici, rien laisser au hasard et il s’agit bien de conduire une expérience d’archéologie expérimentale au plus près de la réalité historique.
Techniques de constructions d’époque, taille de pierre, grand renforts de bois, outils forgés sur place pour certains d’entre eux, à l’image du chantier de Château de Guedelon,l’Association fait appel à son environnement immédiat pour trouver les matériaux nécessaires à la réalisation du projet. Lieu d’échange et de découverte, d’apprentissage, mais encore d’expérimentation, à quelques années de son lancement, le site de la Tour Roland est devenu un peu tout cela à la fois.
Loin de rester sur le papier, en six ans, le projet a en effet bien avancé et s’est largement concrétisé. Le site est totalement ouvert aux visites qui servent à appuyer valablement son financement et il accueille encore de nombreux bénévoles ou scolaires sur ses différents chantiers. Aujourd’hui, vous pourrez y découvrir une forge, des écuries, des étables, une belle barbacane de bois, une maison de potier, un four à pain et encore une grange qui a même, depuis sa création, donné naissance à des animaux, veaux, chèvres et poussins. Quant à la tour maîtresse juchée sur la butte, son premier niveau et ses premiers rangs de pierre se dressent déjà fièrement avec comme objectif sa finalisation dans le courant de l’année à venir. Par la suite, le projet devrait se poursuivre encore plus loin dans le temps et de nouvelles campagnes de fouilles seront également conduites sur site.
Partenariats institutionnels et financement
Du côté des partenariats, la municipalité, ainsi que le département de l’Oise et même la communauté de communes se sont associés au projet. Ils ont été encore rejoints par quelques autres partenaires privés et financiers.
Un agrément a également été signé avec l’éducation nationale dans le cadre des Contrat Départementaux de Développement Culturel. donnant lieu notamment à des chantiers écoles d’apprentissage et de sensibilisation à l’Histoire autant qu’aux méthodes de constructions venues du moyen-âge.
Bien sûr, afin de consolider ses appuis, de se doter de moyens supplémentaires et d’avancer plus efficacement dans ses objectifs, la structure accueille toujours avec bienveillance et enthousiasme tout nouveau partenaire désireux de faire partie de l’aventure, en numéraire, en moyens matériels ou même venu mettre la main à la pâte sur le terrain.
Avant de terminer cette brève présentation du site de la Tour Roland et de son beau projet, signalons encore que chaque année, des Médiévales sont organisées sur place autour du mois de juillet. Nous aurons, bien sûr, l’occasion de vous informer de celles à venir. Dans l’attente, pour plus d’informations, de photos et de détails, visitez le site web officiel ici : www.tour-roland.com
Pour plus d’informations sur les mottes castrales, ajoutons enfin que vous pouvez valablement vous référer à nos vidéos de reconstitution et nos articles sur la question : Les mottes castrales et les châteaux à motte.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
A propos de la Tour Roland de Lassigny, vous pourriez aussi aimer :