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Boustan ou le verger, un miroir des princes du grand Saadi

saadi_mocharrafoddin_sagesse_persane_moyen-age_XIIIe_siecleSujet  : citations médiévales, sagesse persane, poésie morale, miroirs des princes, sagesse politique, mauvais conseillers, précis de morale politique
Période  : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur :   Mocharrafoddin Saadi (1210-1291)
Ouvrage :  Le Boustan  (Bustan) ou Verger,  traduction de Charles Barbier de Meynard (1880)

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn poursuivant nos lectures autour de Saadi, nous approchons maintenant de son « Verger » ou Boustan,  autre ouvrage empreint de sagesse et de raison laissé par ce grand conteur persan du Moyen Âge central.

Le Boustan : miroir à l’usage
de l’éducation des puissants

Les histoires qui pavent le verger de Saadi sont comme autant de leçons de discernement et de mansuétude à l’usage de princes et des puissants.  En voici pour commencer une simple citation. Elle est tirée du chapitre de l’ouvrage intitulé le ministre calomnié et dans lequel un roi fait montre de grande sagesse face aux manœuvres d’un conseiller jaloux et déchu.


Saadi-citations-medievales-sagesse-persane-miroirs-des-princes-sagesse-politique
« Il faut savoir repousser les inspirations   perfides de la malveillance, pour ne pas s’exposer au regret de les avoir écoutées. »

Mocharrafoddin Saadi – « Le ministre calomnié », Le Boustan ou Verger 


En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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« Ne m’oubliez mie », une chanson polyphonique courtoise du XIIIe siècle par l’Ensemble médiéval La Rota

trouveres_troubadours_musique_poesie_medievale_musique_ancienneSujet : musique, chanson médiévale, amour courtois, vieux-français, langue d’oïl,  chants polyphoniques, motets, manuscrit médiéval
Période :  XIIe siècle,  XIIIe siècle, Moyen Âge central
Titre: 
Ne m’oubliez mie
Auteur :  Anonyme

Interprète :  Ensemble La Rota
Album : Heu, Fortuna  (2007)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous revenons, aujourd’hui, vers l’amour courtois avec un chant polyphonique médiéval, daté de la deuxième partie du XIIIe siècle. Cette pièce est demeurée anonyme et on peut la retrouver dans un beau manuscrit ancien dont nous vous dirons un mot ici. Nous partagerons également sa belle interprétation par l’Ensemble La Rota, ensemble médiéval québécois crée au début des années 2000.

Le Chansonnier ou codex de Montpellier H196 : trésor de la polyphonie médiévale

manuscrit-montpellier-chanson-poesie-medievale-amour-courtois-moyen-age-central-XIIIe-siecle_sAvec 336 oeuvres polyphoniques et motets, le Codex de Montpellier H196, connu encore comme Chansonnier de Montpellier est un précieux témoin de la musique polyphonique du moyen-âge central. Pour son contenu, autant que ses enluminures et l’état de sa conservation, il est, à juste titre, considéré comme un véritable trésor patrimonial. Les pièces présentées dans ce manuscrit médiéval, daté de 1300, s’étalent, dans leur grande majorité, sur la deuxième moitié du XIIIe siècle.

Vous pouvez consulter le manuscrit original en ligne ici. Vous trouverez également toutes ses pièces retranscrites dans l’ouvrage Recueil de Motets français des XIIe et XIIIe siècles, de Gaston Raynaud (1881)

Ne m’oubliez mie chanson médiévale anonyme par l’Ensemble la Rota

L’ensemble médiéval la Rota

Installés originellement au Québec, le quatuor La Rota s’est spécialisé, dès sa création, dans le répertoire des musiques médiévales. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que le nom  qu’ils ont choisi pour leur formation, fait référence à une danse du moyen-âge, mais surtout et de leurs propres mots, à la roue de la fortune médiévale dont nous vous avons souvent parlé ici.

ensemble-medieval-la-Rota-musiques-chansons-moyen-ageFondé en 2002, l’ensemble a vu ses efforts récompensés quelques années plus tard ; en 2006, il a, en effet, été primé, outre atlantique, pour son travail dans le domaine des musiques anciennes et médiévales par la Early Music América. Un an plus tard, la formation sortait un premier album qui, sauf erreur, n’a pas été suivi d’autres productions à ce jour.

Actualité

Après des débuts très prometteurs sur la scène musicale médiévale, l’Ensemble La Rota ne nous a plus laissé grand chose à nous mettre sous la dent depuis les années 2011-2012. De fait, du point de vue de leur actualité, il semble bien que la formation soit totalement en sommeil, On peut, toutefois, retrouver certains de ses membres toujours affairés dans des projets autour des musiques anciennes et du moyen-âge, notamment outre-atlantique.

Membres de l’ensemble Sarah Barnes (chant, soprano), Tobie Miller (flûte, vièle à roue, soprano), Baptiste Romain (Vielle),  Esteban La Rotta (luth, harpe gothique)

Heu Fortuna, l’album

En 2007, avec son premier album, l’Ensemble La Rota a choisi de mettre en exergue les musiques de la France médiévale de la deuxième partie du XIIIe siècle. Enregistré en l’église Saint-Augustin de Mirabel, au Québec), l’album propose vingt-une pièces de choix puisées dans différents manuscrits médiévaux dont le Codex de Montpellier.

ensemble-la-rota-musique-medievale-moyen-ageLes compositions anonymes de cette période (chansons, estampies,  rondeaux, jeu parti,…) y côtoient des œuvres d’auteurs plus célèbres comme Philippe de Vitry, Blondel de NesleGuiot de Dijon,  Gillebert de Berneville, Jehan de Lescurel.  On peut encore trouver cet album à la vente, au lien suivant :  Heu, Fortuna / la Rota.

« Ne m’oubliez mie » : chant d’amour courtois

Dans cette courte pièce anonyme du XIIIe siècle, l’amant courtois, loin de sa dame, lui chante son amour et sa loyauté, en ne tarissant pas de louanges sur les valeurs tant physiques que morales de cette dernière. Il n’en aimera jamais d’autres et il se tient dolent et affligé, dans la douleur de cet amour de loin qui est le lot coutumier des fine(s) amants médiévaux.

Le vieux-français en usage dans cette chanson ne pose pas de difficultés particulières mais nous vous en proposons, tout de même  une traduction simple et sans prétention. Pour les musiciens qui souhaiteraient s’essayer à cette partition, nous l’avons trouvée retranscrite par Han Tischler dans un ouvrage de 1978 (The Montpellier Codex, Fascicles 6, 7 and 8) et nous vous la livrons donc ici.

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Les paroles de cette chanson médiévale
dans le vieux français du XIIIe siècle

Ne m’oubliez mie,
Bele et avenant :
Quant je ne voz voi, s’en sui plus dolens,
Car je n’oubli mie
Vostre grant valour
Ne la compaignie
A nul jour.
N’avré mes envie
D’amors
D’autre feme née.
C’est la jus en la ramée,
Amours ai ! Marions i est alée !
Bone amour ai qui m’agrée !

Ne m’oubliez pas,
Belle juste et agréable !
Quand je ne vous vois plus, j’en suis d’autant plus affligé
Car je n’oublie jamais
Votre grande valeur
Ni votre compagnie, 
A chaque jour qui passe.
Et je ne désirerai jamais
D’amour
D’une autre femme.
C’est là-bas, sous le buisson,
Je suis amoureux ! Marion y est allée :
J’ai bel amour qui m’agrée.

En vous souhaitant une  excellente journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Citation médiévale, extrait : Le temps et la viellesse dans le Roman de la Rose

citation-medievale-litterature-poesie-moyen-ageSujet : citation médiévale, temps, poésie médiévale, littérature médiévale
Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Ouvrage : le Roman de la Rose (1235-1280)
Auteurs :  Guillaume de Lorris et Jean de Meung


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« Li Tens qui ne puet sejourner,
Ains vait tous jours sans retorner,
Com l’iaue* (l’eau) qui s’avale toute,
N’il n’en retorne arriere goute ;
Li Tens vers qui noient* (contre quoi rien) ne dure,
Ne fer, ne chose, tant soit dure,
Car il gaste tout et menjue.

Li Tens qui tote chose mue,
Qui tout fait croistre et tout norist ;
Et qui tout use et tout porrist :
Li Tens qui enviellist nos peres,
Qui viellist rois et emperieres,
Et qui tous nous enviellira,
Ou Mort nous desavancera* 
(à moins que la mort nous devance). « 

Le Roman de la Rose – Extraits, citation médiévale


PS : l’enluminure utilisée dans l’illustration provient du Manuscrit Selden Supra 57 de la Bibliothèque Bodléienne d’Oxford. Elle dépeint « Vieillesse ». C’est la rencontre avec cette dernière qui inspire à l’auteur le passage dont est extrait cette citation sur le temps.

La Quinte estampie réale par l’ensemble Aëlis & un portrait de cette jeune formation

chanson_musique_danse_medievale_manuscriit_ancien_français_844_chansonnier_du_roi_moyen-ageSujet :  danses médiévales, musique médiévale,  estampie,  manuscrit ancien, chansonnier du Roy,, Français 844, chansonnier du Roy.
Période :  moyen-âge,  XIIIe siècle.
Auteur :  anonyme
Titre  : la quinte estampie royale
Interprètes    :   Ensemble Aëlis
Album : Aëlis (2015)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionombreuses sont les formations musicales, des plus  classiques aux plus folk(s), qui se sont frottées aux danses médiévales du XIIIe siècle : estampies. saltarelles, ductia, trotto, etc… autant de mélodies mesurées ou plus enlevées qui évoquent un certain Moyen-âge festif.

Aujourd’hui, à la faveur d’un interlude musical, nous revenons sur une de ces pièces : la Quinte Estampie Reale (ou royale). Elle est tirée du MS Français 844, manuscrit ou Chansonnier du Roy. La grande majorité des estampies connues du Moyen-âge nous provient de ce manuscrit ancien conservé à la BnF, mais aussi du Add 29987 ou Manuscrit de Londres de la British library.

Cette fois-ci, c’est à l’Ensemble Aëlis,  une formation originaire de France que nous devons son interprétation et nous profiterons de cet article pour vous la présenter.

La quinte estampie par l’Ensemble Aëlis

L’ensemble Aëlis

Des musiques médiévales et anciennes
aux musiques traditionnelles d’ici & d’ailleurs

L’ensemble Aëlis s’est formé au début de l’année 2015, autour de cinq artistes confirmés venus d’horizons divers (musique classique, médiévale, celtique, folk, pop-rock, …), mais ayant tous en commun un grand intérêt pour les musiques anciennes et traditionnelles. Cette diversité s’est retrouvée dans l’ambition très large de la formation ; elle s’est ainsi donnée le Moyen-âge comme une partie seulement de ses terrains d’exploration, tout en entendant bien élargir son répertoire à des périodes plus récentes, mais aussi à d’autres horizons culturels.

Aux musiques et chansons de la France médiévale, Aëlis a ainsi ajouté à son champ des possibles : Cantigas, musiques séfarades, musiques et chansons de la renaissance, ou même encore pièces vocales et instrumentales, en provenance d’un registre plus récent et plus folklorique. A tout cela,  devaient aussi pouvoir venir s’ajouter des compositions originales. Un vaste programme donc.

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Activités et actualités

De 2015 à 2017, on retrouve Aëlis plutôt actif sur la scène musicale et l’ensemble a eu l’occasion de présenter un échantillon de son travail et de son positionnement artistique au public, à travers plusieurs programmes : musiques et chansons médiévales, Carmina Burana, chansons traditionnelles françaises, mélodies et chansons séfarades,  airs anciens de noël, etc… Les années suivantes (fin 2017 et 2018) consacrent une période où la formation semble nettement moins active côté scène, ou à défaut, être passée sous les radars.

Que son public s’en réjouisse toutefois, l’ensemble s’apprête à donner un concert, preuve qu’il est toujours en activité. Il sera sur scène, le 6 août prochain, au soir, à l’Abbaye-Nouvelle  de Léobard, pour un concert  sur le thème Musiques médiévales d’aujourd’hui & d’Ailleurs : Voir le site de l’événement – Page FB d’Aëlis (peu actualisée à date de cet article)

Aëlis : l’album

ensemble-aelis-album-musiques-chansons-medievales-moyen-age-centralLa formation a produit, dès la fin 2015, un album, titré Aëlis. Avec un total de 12 pièces, ce dernier ouvrait sur la chanson de bele Aelis, composée par le trouvère Baude de la Quarière, du milieu du XIIIe siècle. En plus de l’estampie du jour on y retrouvait encore d’autres pièces en provenance du moyen-âge central : « Aussi comme l’unicorne sui » de Thibaut de Champagne,  « la belle se sied au pied de la tour » de Guillaume Dufay, ou encore pour ne citer que ces trois là La complainte des tisseuses de soie, tirée originellement du chevalier au Lion de Chrétien de Troyes.  Fidèle à l’intention du groupe de proposer des titres allant de l’ancien au plus folklorique et traditionnel, ses titres médiévaux côtoyaient sur l’album  des chansons plus récentes comme la Péronnelle ou Quand je menai mes chevaux à boire  (que l’ensemble folk Malicorne avait rendu célèbres en son temps) ou encore El testament d’Amèlia, chanson traditionnelle et folklorique catalane.

Les membres de la formation Aëlis

Myriam Krivine  (chant, riqq, tambour)
Jean-Michel Deliers  (vielle à roue, cornemuse, psaltérion, chalumeau, percussions, chant)
Jean-Luc Lenoir (luth, harpe médiévale, guitare-lyre, chant)
Aliocha Regnard  (vièle à archet, nyckelharpa, chant)
Denis Zaidman  (flûtes, hautbois à capsule, chalémie, chant)

En vous souhaitant une  belle journée.

Fred
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Découvrir d’autres Estampies médiévales

La Septime estampie Reale et l’Istampitta in Pro par  Voices of Music
La Sexte Estampie par Le Albion Dance Band

La Sexte Estampie par le Eurasia Consort
La Quinte Estampie  de Anne Azema avec Shira Jammen
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Ghaetta, une estampie du Manuscrit de Londres avec ArteFactum
La plus vieille chanson anglaise connue, avec l’Ensemble Belladonna
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Kalenda Maya sur un air d’estampie, avec le Clemencic Consort

Autres pièces dansées du Moyen-âge :
ductia, saltarelles, trotto, …

Un Saltarello du Manuscrit de Londres par Voices of Music
Un Saltarello du MS 29987 de Londres version Dead Can Dance
Le même saltarello par l’ensemble Musica Vagantium
La   Rotta della Manfredina  du Manuscrit de Londres avec Micrologus
Une Ductia du XIIIe siècle  avec le Dufay Collective
Une Ductia Medievale sous la direction des andalous de Artefactum
Un Trotto du MS 29987 à la façon du Lyrebyrd Consort