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Roman « Frères devant Dieu ou La Tentation de l’Alchimiste » : un joli tweet du côté des médiévistes

roman_freres-devant-dieu_medecin_alchimie_medieval_moyen-age_chretienSujet : roman, livre, aventure médiévale,  médecine médiévale, alchimie, Moyen-âge chrétien, science médiévale, savant médiéval
Période : Moyen-âge central, XIIIe siècle
Auteur : Frédéric EFFE
Titre : Frères devant Dieu ou la Tentation de l’alchimiste
Date de parution :  Mars 2019

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous sommes très heureux de partager avec vous, ici, un tweet récent du blog Actuel Moyen Age, au sujet de la parution de notre roman « Frères devant Dieu et la tentation de l’Alchimiste » et sous  la plume de l’Historien et universitaire  Florian Besson.


« Frédéric Effe, l’architecte du site , vient de publier un chouette roman racontant l’histoire de deux frères, un médecin et un troubadour, confrontés à une obscure affaire de sorcellerie dans une seigneurie du XIIIe siècle… Avec plein de vrai Moyen Âge dedans !« 

livre_roman_aventure-medievale_alchimie_medecine_moyen-age


Historien médiéviste et enseignant aux universités, issu de la prestigieuse Sorbonne, Florian Besson est également un des co-fondateurs de l’excellent blog Actuelmoyenâge. Pour rappel, ce site animé par des historiens passionnés, s’est donné pour vocation d’éclairer l’actualité à la lumière de l’Histoire médiévale (voir notre article détaillé). Co-auteur avec Pauline Guena du livre Actuel Moyen Age paru en 2017, sur cette même thématique, Florian est encore, avec Justine Breton, le directeur de publication de  Kaamelott un livre d’Histoire. Paru aux Editions Vendémiaire, en 2018, cet ouvrage collectif regroupe les réflexions de chercheurs d’horizons variés, autour de la série télévisée d’Alexandre Astier.

A l’automne dernier, Florian nous avait fait la grande faveur d’accepter de relire notre roman, avant publication, pour en valider la tenue historique. Ses remarques ont été d’une grande utilité et nous en profitons pour l’en remercier, à nouveau, chaleureusement ici. Au delà de cette validation, nous sommes très heureux et touché qu’il ait apprécié l’ouvrage, comme en témoigne ce tweet.

Où se procurer l’ouvrage ?

Frères devant Dieu ou la Tentation de l’alchimiste est disponible au format broché chez Thebookedition.com. Il est également en cours de référencement dans toutes les librairies du réseau Dilicom – Hachette Distribution. et, depuis quelques jours, il se trouve déjà en pré-vente sur Amazon. Du côté des formats numériques (Ebook, Epub, liseuse), il est dores et déjà, disponible dans toutes les grandes e-librairies en ligne.

icone_epubFormat  Ebook, Epub, lancement spécial à 5,99 €uros 
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Voir  aussi article détaillé au sujet de ce roman d’aventure médiéval,  ayant pour toile de fond le moyen-âge central et la fin du XIIIe siècle.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE.
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes.

Roman : « Frère devant Dieu ou la Tentation de l’alchimiste », une aventure au coeur du Moyen-âge

roman_monde_medieval_moyen-age_aventure_action_conte_fable-medievalSujet : roman, livre, aventure médiévale,  médecine médiévale, alchimie, Moyen-âge chrétien, science médiévale, savant, conte. troubadour.
Période : Moyen-âge central, XIIIe siècle
Auteur : Frédéric EFFE
Titre : Frères devant Dieu ou la Tentation de l’alchimiste
Date de parution :  13 mars 2019

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionprès d’incomptables heures de travail et de recherche, étalées sur plus de trois ans, nous avons le plaisir de vous annoncer la publication de notre roman « Frères devant Dieu ou la tentation de l’Alchimiste« .

Résumé de l’ouvrage

roman_aventure_conte_fable_medieval_medecin_alchimiste_savant_moyen-ageDébut du XIVe siècle. Un vieux moine à l’article de la mort insiste, auprès de son visiteur, pour lui faire consigner une histoire : celle de deux frères ayant vécu à la cour d’un seigneur de Provence, près d’un demi-siècle plus tôt.

Geoffroy, brillant médecin et alchimiste ne vit que pour sa science et ses patients. Guillain, son frère, est un talentueux poète et troubadour. Favori de la cour, c’est un séducteur né qui profite de l’existence, avec insouciance, en accumulant les conquêtes.

Les jours s’écoulent paisibles, au château, mais l’apparition d’une fièvre mystérieuse sur le domaine, bientôt suivie d’autres événements, va balayer cette quiétudeInsidieusement, un voile noir s’apprête à tout recouvrir, mettant le médecin et son frère face aux plus grands des défis.


Où se procurer l’ouvrage ? 

FdD ou la tentation de l’alchimiste est dores et déjà disponible à la distribution au format papier, mais aussi au format ebook et liseuse.

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Complément : moyen-âge historique et mentalités médiévales

Si le récit de Frères devant Dieu ou la Tentation de l’alchimiste ne s’inscrit pas dans des faits politiques marquants des XIIIe, XIVe siècles, sa toile de fond reste celle du moyen-âge réaliste et historique. On y croisera, ainsi, des éléments documentés sur la médecine et l’alchimie médiévales, avec des références à Hildegarde de Bingen, Avicenne, Arnaud de Villeneuve, Roger Bacon et encore d’autres savants médecins du moyen-âge central. On y assistera aussi à nombre de scènes de vie de cour et de château, d’époque. Derrière tout cela, il est aussi question de susciter une réflexion sur les mentalités médiévales, tout en évitant de tomber dans les poncifs ou les caricatures du genre.

Bien sûr, quelques libertés y sont prises car ce récit reste, avant tout, un divertissement, une invitation au voyage.  A ce titre, il possède les ingrédients et le rythme d’un roman d’aventure, de vivants dialogues, une touche d’investigation policière et des éléments qui peuvent le rapprocher d’un conte, un peu comme une vieille histoire oubliée qui viendrait nous parler de la danse complexe du bien et du mal et, finalement, du sens de l’existence, dans une perspective médiévale, mais aussi plus actuelle.


Nous espérons vivement que ce roman vous plaira autant que nous avons pris plaisir à l’écrire. En le lisant ou en l’offrant, sachez également que vous soutiendrez nos efforts à faire vivre moyenagepassion.com.

Une très belle journée à tous.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

Cantiga de Santa Maria 26 : le miracle du pèlerin trompé par le diable, sur la route de Compostelle

La Cantiga de Santa Maria 26 par Evo & Almodí

cantiga-santa-maria_26_musique-ancienne_chansons-medievales_moyen-age_Alphonse_XUn pèlerin avait l’habitude de se rendre, chaque année, à Saint-Jacques de Compostelle, mais une de ces nombreuses fois, avant de se mettre en chemin, il s’acoquina avec une femme de petite moralité et passa la nuit avec elle. Facteur aggravant, nous conte le poète, l’homme n’était pas marié avec sa partenaire de passage, mais, pire encore, il ne se lava pas de son péché (en le confessant), avant de prendre la route de Compostelle. C’est ainsi que le diable, attiré par l’odeur du coupable péché, lui apparût en chemin. « Blanc comme une hermine« , le Malin, qui avait pris l’apparence de Saint-Jacques de Compostelle, prétendit vouloir sauver le pécheur et lui demanda pour cela de s’amputer du membre par lequel il avait fauté, avant de se trancher le cou.

Désireux d’échapper aux affres de l’Enfer, le dévot pèlerin suivit scrupuleusement les perfides consignes et, après s’être émasculé, il mit fin à ses jours, en s’ouvrant la gorge. De crainte d’être accusés de l’avoir occis, ceux qui l’accompagnaient pelerinage_saint-jacques-de-compostelle_cantiga-santa-maria_26_musique_chansons-medievales_moyen-age_Alphonse_Xs’enfuirent et les démons vinrent bientôt chercher l’âme de l’infortuné pour la porter avec eux, aux enfers. L’affaire ne fut pourtant pas si simple car, comme leur cortège passait devant une belle chapelle dédiée à Saint-Pierre, Saint-Jacques en personne, en sortit pour s’interposer. Le pèlerin avait été trompé en son nom et l’âme égarée ne pouvait être conduite aux enfers ; c’est la ruse du Diable, autant que la grande foi de l’homme en la parole usurpée du Saint, qui l’avaient, en effet, conduit au suicide et non sa propre volonté. Les démons, de leur côté, argumentèrent que, comme le pécheur s’était donné la mort de ses propres mains, il devait être conduit, sans délai, devant l’ange déchu.

Voyant que le débat demeurait sans issue, Saint-Jacques fit appel au jugement de la Sainte-Mère, dont même les démons ne pourraient que convenir de l’impartialité. Dans sa grande mansuétude, la vierge ne donna pas cause à ces derniers et l’âme du pèlerin que la perfidie du Malin avait poussé à l’irréparable, fut retournée dans son corps, afin qu’il puisse culte_marial_miracle_pelerinage_compostelle_cantiga-santa-maria_26_musique_chansons_moyen-agevivre :  « Non é gran cousa se sabe bon joyzo dar a Madre do que o mundo tod’ á de joigar.« . Ce n’est pas très étonnant qu’elle sache bien juger, la Mère de celui qui, dans le monde entier, est juge de toute chose. 

Suite à cela, l’homme put faire pénitence et servit Dieu, le reste de sa vie. L’appendice par lequel il avait péché ne lui fut, toutefois, pas restitué.


NB : concernant la traduction, merci de prendre en compte qu’elle n’a la prétention que d’être indicative.  Comme ce n’est pour l’instant qu’un premier jet, elle comporte encore certaines imperfections. 

Esta é como Santa María juïgou a alma do Roméu que ía a Santïago, que se matou na carreira por engano do dïabo, que tornass’ ao córpo e fezésse pẽedença.

Celle-ci raconte comment Marie a jugé l’âme d’un pèlerin qui allant à Santiago de Compostelle, s’était tué en chemin après avoir été trompé le diable, de sorte qu’elle la fit retourner dans son corps pour qu’il fasse pénitence.

Mui gran razôn é que sábia dereito
quen Déus troux’ en séu córp’ e de séu peito
mamentou, e del despeito
nunca foi fillar;
porên de sen me sospeito
que a quis avondar.

Non é gran cousa se sabe | bon joyzo dar
a Madre do que o mundo | tod’ á de joigar.

Il est très juste que celle qui fit croître Dieu dans son corps, le nourrit de son sein, et ne l’a jamais mécontenté, soit capable de juger justement, car j’ai confiance qu’il l’a doté en abondance (de grands dons).

Ce n’est pas chose étonnante qu’elle sache bien juger
la Mère de celui qui, dans le monde entier, est juge de toute chose. 

Sobr’ esto, se m’ oissedes, diria
dun joyzo que deu Santa Maria
por un que cad’ ano ya,
com’ oý contar,
a San Jam’ en romaria,
porque se foi matar.
Non é gran cousa se sabe | bon joizo dar…

A ce propos, si vous m’écoutez, je vous parlerai d’un jugement que fit Sainte Marie pour un qui chaque année, allait, comme je l’entendis conter, en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle où il se  donna la mort.
Refrain ….

Este romeu con bõa voontade
ya a Santiago de verdade;
pero desto fez maldade
que ant’ albergar
foi con moller sen bondade,
sen con ela casar.
Non é gran cousa se sabe | bon joizo dar…

Ce pèlerin de bonne volonté se rendait vraiment à Santiago mais, il se comporta mal, car avant de prendre la route, il coucha avec une femme de peu de moralité, sans être marié avec elle.
Refrain ….

Pois esto fez, meteu-s’ ao caminno,
e non se mãefestou o mesquinno;
e o démo mui festinno
se lle foi mostrar
mais branco que un arminno,
polo tóst’ enganar.

Cela fait, il se mit en chemin sans confesser son péché, le mesquin, et le démon  très rusé se manifesta à lui, plus blanc qu’une hermine, pour le tromper totalement.
Refrain ….

Semellança fillou de Santïago
e disse: “Macar m’ éu de ti despago,
a salvaçôn éu cha trago
do que fust’ errar,
por que non cáias no lago
d’ iférno, sen dultar.
Non é gran cousa se sabe | bon joízo dar…

Sous l’apparence de Saint-Jacques , il lui dit « Même si je devrais te donner le bâton, je vais t’apporter le salut car tu t’es égaré, pour que tu ne tombes pas dans le lac de l’enfer,  qui t’attend sinon. »
Refrain ….

Mas ante farás esto que te digo,
se sabor ás de seer méu amigo:
talla o que trages tigo
que te foi deitar
en poder do ẽemigo,
e vai-te degolar.”
Non é gran cousa se sabe | bon joízo dar…

Mais avant cela tu feras ce que je te dis, si tu as le désir d’être mon ami
coupe la partie de toi qui t’as fait tomber au pouvoir de l’ennemi et ensuite, tranche toi la gorge.
Refrain ….

O romeu, que ssen dovida cuidava
que Santiag’ aquelo lle mandava,
quanto lle mandou tallava;
poi-lo foi tallar,
log’ enton se degolava,
cuidando ben obrar.
Non é gran cousa se sabe | bon joizo dar…

Le pèlerin, qui était persuadé que Santiago était celui qui lui avait  commandé de tout couper, trancha tout  et ensuite il s’ouvrit la gorge, en croyant bien faire.
Refrain ….

Séus companneiros, poi-lo mórt’ acharon,
por non lles apõer que o mataron,
foron-s’; e lógo chegaron
a alma tomar
démões, que a levaron
mui tóste sen tardar.
Non é gran cousa se sabe | bon joizo dar…

Ses compagnons, par la suite, trouvèrent le mort et de peur qu’on les accuse de l’avoir tué, s‘enfuirent; et après cela, les démons arrivèrent pour prendre l’âme et l’emportèrent sans tarder.
Refrain ….

E u passavan ant’ ha capela
de San Pedro, muit’ aposta e bela,
San James de Conpostela
dela foi travar,
dizend’: «Ai, falss’ alcavela,
non podedes levar
Non é gran cousa se sabe | bon joizo dar…

Et ainsi ils passèrent devant une chapelle de Saint Pierre, très belle et bien entretenue.  Et Saint-Jacques de Compostelle est venu vers eux, en disant:  » Ohé, faux trafiquants !, vous ne pouvez emporter
Refrain ….

A alma do méu roméu que fillastes,
ca por razôn de mi o enganastes;
gran traïçôn i penssastes,
e, se Déus m’ampar,
pois falssament’ a gãastes,
non vos póde durar.”
Non é gran cousa se sabe | bon joizo dar…

L’âme de mon pèlerin que vous avez prise de force et qu’en vous servant de moi, vous avez trompé. Grande trahison vous fîtes là et si Dieu me protège, vous ne pouvez persister dans cette erreur, à votre guise,
Refrain ….

Responderon os demões louçãos:
«Cuja est’ alma foi fez feitos vãos,
por que somos ben certãos
que non dev’ entrar
ante Deus, pois con sas mãos
se foi desperentar.»
Non é gran cousa se sabe | bon joizo dar…

Les démons répondirent : « Ceci est une âme dévoyée (rendue vide), car nous sommes bien certains qu’elle ne doit pas se présenter face à Dieu, puisque qu’elle s’est donnée la mort de ses propres mains ».
Refrain ….

Santiago diss’: «Atanto façamos:
pois nos e vos est’ assi rezõamos,
ao joyzo vaamos
da que non á par,
e o que julgar façamos
logo sen alongar.»
Non é gran cousa se sabe | bon joizo dar…

Santiago dit : « Regardons les choses en face, puisque vous et moi ne pouvons nous accorder, faisons appel au jugement de celle qui est impartiale afin de nous fier ensuite à son jugement, sans plus tergiverser.
Refrain ….

Log’ ante Santa Maria veron
e rezõaron quanto mais poderon.
Dela tal joiz’ ouveron:
que fosse tornar
a alma onde a trouxeron,
por se depois salvar.
Non é gran cousa se sabe | bon joizo dar..

Puis ils vinrent face à Sainte-Marie et argumentèrent autant qu’ils purent
Et celle-ci rendit tel jugement que l’âme  fut renvoyée  d’où elle venait pour qu’elle puisse ensuite, être sauvée.
Refrain ….

Este joízo lógo foi comprido,
e o roméu mórto foi resorgido,
de que foi pois Déus servido;
mas nunca cobrar
pod’ o de que foi falido,
con que fora pecar.

Ce jugement fut bientôt exécuté et le pèlerin mort fut ressuscité
après quoi il servit Dieu le reste de sa vie ;  Mais sans jamais retrouver ce par quoi il avait failli et avec quoi il avait péché.
Refrain ….


Retrouvez l’index de toutes les Cantigas de Santa Maria traduites et commentées, et présentées par les plus grands ensembles de musique médiévale ici,

Une très belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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« Moult m’anue d’iver ke tant ait dureit », Colin Muset fine amant au renouveau saisonnier

trouvere_poesie_medievale_chansons_lyrique-courtoise_moyen-ageSujet : chanson médiévale, poésie médiévale, trouvère, auteur médiéval, vieux-français,  fine amant, lyrique courtoise, amour courtois.
Période : moyen-âge central, XIIIe siècle.
Auteur ; Colin Muset (1210-?)
Titre : « Moult m’anue d’iver ke tant ait dureit.»
Ouvrage : Les chansons de Colin Muset, par Joseph Bédier, avec la transcription des mélodies par Jean Beck. Paris, Champion, 1938.

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion-copiaour avancer dans notre exploration du répertoire des trouvères du moyen-âge central, nous vous présentons, aujourd’hui, une nouvelle pièce de Colin Muset.

Si ce poète médiéval a mis dans nombre de ses chansons, une touche personnelle d’humour et même de truculence rafraîchissantes, il épouse, ici, de manière plus sage, les formes « classiques » de la lyrique courtoise : les saisons y reflètent les états émotionnels du poète et, contre l’hiver, l’arrivée du beau temps et du rossignol l’inspireront et le mettront en joie. Ce sera le moment idéal pour louer la dame chère à son cœur et qui n’a que des qualités, dont la moindre n’est pas de lui avoir cédé. Enfin, dans un « siècle » qui compte bien peu de courtoisie, nous dit-il, il est bien décidé à demeurer, de son côté, contre les fous, les vilains et autres rustres, un fine amant parfait.

Sources manuscrites

On ne retrouve cette pièce que dans un seul manuscrit d’époque : le Chansonnier français C, encore référencé Cod 389. Daté de la fin du XIIIe siècle, ce codex est conservé à la Burgerbibliothek de Berne et vous pouvez le consulter au lien suivant.

La notation musicale de cette chanson ne nous est, hélas, pas parvenue et il faut encore noter, à son sujet, que sa versification assez inusuelle la démarque clairement du reste de l’oeuvre de Colin Muset. De fait, contre le copiste du manuscrit de Berne, Gaston Paris avait émis quelques doutes sur son attribution. Dans son édition de 1938 (op cité), Joseph Bédier a, quant à lui, fait le choix de se fier au manuscrit et de la maintenir dans les compositions du trouvère. C’est un débat qui reste ouvert entre médiévistes et on en trouvera quelques subsides, notamment chez le spécialiste de littérature médiévale Alain Corbellari, dans son ouvrage Joseph Bédier: écrivain et philologue, paru chez Droz, en 1997.

poesie_medievale_amour_courtois_colin-muset_moyen-age_manuscrit_benr_389_chansonnier-C-s
Colin Muset, dans le Chansonnier Trouvère C de la Burgerbibliothek de Berne

Moult m’anue d’iver ke tant ait dureit
en vieux français avec clefs de vocabulaire

I
Moult m’anue d’iver ke tant ait dureit
Ke je ne voi rossignor en bruel ramei* (sur un buisson feuillu),
Et, dès ke je voi lou tens renoveleit,
Si me covient ke je soie en cest esteit
Plux mignos* (gracieux) et envoixiez *(enjoué) ke n’aie esteit.

Il
Bone dame belle et blonde l’a loweit* (loué, approuvé),
S’est bien drois* (juste) ke j’en faice sa volenteit,
Ke j’avoie tout le cuer desespereit.
Par son doulz comandement l’ay recovreit ;
Or ait mis en moult grant joie mon penseir.

III
Jai* (jamais) de joie faire ne serai eschis* (rétif, exempté),
Pues ke ma dame le veult, a simple vis,
Et g’i ai si por s’amor mon penseir mis
Ke ne poroie troveir, ce m’est avis,
Dame de si grant valor ne de tel prix.

IV
Medixant* (les médisants) ont tout le mont en mal poent mis,
Ke li siècles n’est maix cortois ne jolis,
Et nonporcant* (cependant) ki seroit loiauls amis,
K’il ne fust fols ne vilains ne mal apris,
Cil poroit avoir grant joie a son devis. (à sa disposition, à discrétion)

V
Sa biaulteis et sui vair ueil (yeux bleus) et ces doulz ris* (rires)
Me tiennent mignot et gai ; plux seus jolis
Ke je n’avoie ains esteit, ce vos plevis* (je vous le certifie).

*
*     *

C’est por la millor ki soit jusc’a Paris.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com.
A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes.