Sujet : citations médiévales, sagesse persane, poésie morale, conte moral, munificence, générosité, bravoure Période : moyen-âge central, XIIIe siècle Auteur : Mocharrafoddin Saadi (1210-1291) Ouvrage : Gulistan, le jardin des roses traduit par Charles Defrémery (1838)
« On demanda à. un sage laquelle était préférable, de la munificence ou de la bravoure. Il répondit : « Celui qui a de la munificence n’a pas besoin de la bravoure.
La main de la libéralité vaut mieux que le bras de la force. »
Sujet : musique ancienne, chansons médiévales, école franco-flamande, rondeau, chants polyphoniques, lyrique courtoise. Période : moyen-âge tardif, XVe siècle. Auteur: Guillaume Dufay (1397-1474) Titre : la plus mignonne de mon coeur. Interprète : The Medieval Ensemble of London, Album : DUFAY, chansons (1995)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous repartons à la toute fin du moyen-âge, voire même à la renaissance suivant les chronologies classiques, pour découvrir un nouveau rondeau de Guillaume Dufay. C’est une chanson d’amour courtois qui fait partie du large répertoire profane que ce grand compositeur nous a laissé et c’est aussi un pièce polyphonique.
« La plus Mignonne de mon coeur », par l’ensemble médiéval de Londres
The Medieval Ensemble of London
Fondé à la fin des années 70, par Peter Davies & Timothy Davies, le Medieval Ensemble de Londres connut une carrière d’un peu moins d’une dizaine d’années. Au cours de son activité, il s’intéressa principalement au répertoire du XVe siècle avec quelques incursions du côté du XIVe et invita à son bord des musiciens importants de la scène anglaise de la musique ancienne ou qui allaient le devenir.
De 79 à 85, la formation laissa pas moins 16 albums en comptant ceux présents dans les coffrets, tous produits aux édition de L’Oiseau-Lyre, disparu depuis.
« Dufay Complete Secular Music »
un coffret dédié à la musique profane de Dufay
En 1981, sous la direction de ses deux fondateurs, The Medieval Ensemble of London faisait paraître à la distribution un impressionnant coffret contenant 5 Cds, autour de la musique profane de Guillaume Dufay. Sous le titre de Dufay Complete Secular Music, la production tenait ses promesses puisqu’on pouvait y trouver répertoriée près de 100 pièces du compositeur du XVe siècle dont le rondeau du jour.
Le coffret est toujours disponible à la vente au format CD et Universal Music Diffusion qui a en charge désormais sa distribution a aussi eu la bonne idée de le proposer au format dématérialisé pour ceux qui préféreraient butiner les pièces qui les intéressent de plus près plutôt que d’acquérir d’un coup l’ensemble d’entre elles : Dufay: Complete Secular Music (5 CDs)
La plus mignonne de mon cueur
de Guillaume Dufay
Du point de vue langagier, nous ne sommes déjà plus, avec cette chanson, dans le cadre du vieux français du moyen-âge central que nous côtoyons souvent ici. De fait, la langue de Dufay ne présente pas de grandes difficultés de compréhension et nous laissons donc cette jolie pièce libre de toute annotation.
La plus mignonne de mon cueur Je m’esbahis, dont ce me vient Que sans cesser il me souvient De vostre beaulté et doulceur.
Des bonnes estez la meilleur, Puisque dire le vous convient,
La plus mignonne de mon cueur Je m’esbahis, dont ce me vient.
Quant j’ay desplaisir ou douleur Aucune foiz, comme il advient, Je ne scay que cela devient Pensant en vostre grant valleur.
La plus mignonne de mon cueur Je m’esbahis, dont ce me vient Que sans cesser il me souvient De vostre beaulté et doulceur.
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : agenda, fêtes médiévales, animations médiévales, compagnies, mesnies, spectacles d’inspiration médiévale, campements Lieu : Pont-à-Mousson, Meurthe-et-Moselle, Grand-Est Date : du 29 au 30 septembre 2018 Nom : Les Médiévales de PAM 2018
Bonjour à tous,
i vous vous trouvez ce week-end du côté du Grand Est, ne manquez pas les Médiévales de « PAM ». Organisée par la municipalité de Pont-à-Mousson, il s’agira de la sixième édition de l’événement et il se tiendra, cette année encore, au milieu de la belle verdure de l’île de Esch.
Pour donner quelques chiffres, cette grande fête autour du moyen-âge avait attiré, l’année passé, près de 18000 personnes et on peut gager qu’elle répétera son succès, à l’occasion de cette édition 2018.
Au programme de la fête
Grand défilé, spectacles équestres, vols de rapaces et fauconnerie, musiques et danses médiévales, saynètes, les animations ne manqueront pas au cours de ces deux journées. Il y aura aussi de grands campements avec force démonstration d’artisanat et de combats par les Mesnies invitées pour l’occasion. Enfin, à toutes ses réjouissances viendront encore se joindre un marché médiéval, ainsi qu’une nocturne, le samedi soir, clôturé par un spectacle de feu.
Compagnies médiévales et artistes
Toroul Boroul – Cie Montilisio Salto – Cie Medio – Le Menil St Michel – Cie Chantelame – Les Dauphins de Feu – Vol libre fauconnerie – Cie de la Branche Rouge – Cie Bellum Gallicum
Sujet : poésie médiévale, littérature médiévale, chevalerie, héros, guerrier, fabliau, vieux français, imitation, adaptation moderne. Période : Moyen-âge central, XIIIe siècle, XIXe. Auteur : Aimé-Martin (1782,1847) Titre : une branche d’Armes Ouvrage : Jongleurs & Trouvères, d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Roi, Achille Jubinal, 1835.
Bonjour à tous,
our faire suite à l’article d’hier sur le texte une branche d’armes, « fabliau » atypique du XIIIe siècle, nous publions, aujourd’hui, l’imitation qu’en fit un auteur contemporain de la fin du XVIIIe et des débuts du XIXe : Louis-Aimé Martin, alias Aimé-Martin, auteur et éminent professeur de belles lettres, de morale et d’histoire à l’école polytechnique, ami proche d’Alphonse de Lamartine.
Le chevalier, par Aimé-Martin
Honneur au chevalier qui s’arme pour la France ! Dans les champs de l’honneur il reçut la naissance; Bercé dans un écu, dans un casque allaité, Déchirant des lions le flanc ensanglanté, Il marche sans repos où la gloire l’appelle. A l’aspect du combat son visage étincelle. L’amour arme son bras, et l’honneur le conduit. Il paraît : tout frissonne ; il combat, tout s’enfuit. Au sein de la tempête étendu sur la terre, Il dort paisiblement au fracas du tonnerre; Et lorsque la poussière, en épais tourbillons, Cache des ennemis les sanglants bataillons, Lui seul les voit encore et s’élance avec joie, Semblable à l’aigle altier qui découvre sa proie, Et qui, dans sa fureur, plongeant du haut des cieux, La frappe, la saisit, la déchire à nos yeux. Les montagnes, les bois et les mers orageuses, Des Sarrasins vaincus les rives malheureuses, Ont retenti souvent du bruit de ses exploits. Il venge la faiblesse, il protège les rois. Vingt troupes de guerriers devant lui dispersées, Les coursiers effrayés, les armes fracassées Comblent tous les désirs de son cœur belliqueux; Et voilà ses plaisirs, ses fêtes et ses jeux.
Vieux-Français, Français moderne
Le difficile exercice de l’adaptation
Après avoir décrypté le texte médiéval dans notre article précédent, vous en reconnaîtrez sans peine la marque. Bien sûr, comme le veut l’exercice, l’imitation ne colle pas tout à fait à l’original. Outre le passage du vieux-français au français moderne, Aimé-Martin a décidé de donner un visage aux ennemis de notre chevalier qui n’en avaient pas dans la branche d’armes. Il en a fait également le protecteur des rois et des faibles, devoir dont la poésie du XIIIe avait aussi exempté notre guerrier. Et pour finir et au passage, il a ajouté une petite couche sur la défense de la nation qui n’était pas non plus au rang des préoccupations de notre poète médiéval, mais qui, on le sait, occupait bien plus les esprits des historiens et des auteurs du XIXe.
Pour le reste, autant le dire, l’exercice d’adapter véritablement le vieux-français des fabliaux en français moderne (entendons dans une vraie poésie remaniée, ambitieuse, etc…), est à peu près du niveau de la course à pied au milieu d’un champ de peaux de bananes. Les auteurs qui s’y sont essayés, l’ont fait souvent à leur frais et, ils ont, en général, trouvé en face d’eux, au moins un médiéviste, un romaniste ou un amateur de vieux-français et de poésie ancienne, pour leur signifier qu’ils auraient mieux fait de se passer du dérangement. De fait et sauf rares exceptions, en matière médiévale, la création ex nihilo semble bien mieux payante que l’imitation ou l’adaptation.
Après avoir cité la poésie de notre auteur « moderne », le texte médiéval était donc repris, dans son entier, par le Lieutenant-Colonel, dans une note qu’il concluait de la façon suivante : « Malgré la barbarie du langage, l’original est bien supérieur, comme feu et comme énergie, à la pâle imitation d’Aimé-Martin. » (sic) Avec le recul, la remarque est d’autant plus drôle que le docte critique parlait alors de « barbarie du langage » à propos de la poésie du XIIIe s et de son vieux français, ce qui dénote tout de même d’une dépréciation certaine. Pour autant, il n’apprécia guère, non plus, les effets de style de l’imitateur, qu’il exécuta en règle et pour l’occasion, dans la pénombre d’un pied de page.
« La poésie du passé »
A la décharge de Louis Aimé-Martin, le texte original possède, il est vrai, une force brute et évocatrice que nous avions déjà souligné, mais à laquelle il faut sans doute ajouter une sorte d’aura de mystère qui entoure presque de facto la langue du moyen-âge central. Pour être aux origines de notre langage et pour nombre de ceux qui en sont curieux ou friands, le vieux-français emporte indéniablement une sorte de charge émotionnelle intrinsèque qu’une adaptation perd presque fatalement en route. Pour éclairer tout cela, on pourra encore se reporter à quelques belles analyses de Michel Zink. Dans un article de 2008, l’académicien médiéviste nous parlait, en effet, d’un autre phénomène qui vient s’ajouter à cette fascination. Sans doute un peu narcissique, c’est celui qui nous fait quelquefois aimer la poésie médiévale autant pour son mystère que pour le sentiment (souvent bien présomptueux) que nous retirons en prétendant la décrypter, d’en être un peu les co-créateurs ou les révélateurs : une forme de jubilation (illusoire par endroits) digne d’un Champollion, l’impression d’un secret partagé qu’une adaptation moderne serait condamnée à trahir et à éventer. (voir « Pourquoi lire la poésie du Passé ? » Michel Zink, le genre humain 2008, n47, au seuil, consultable en ligne ici).
Dans la veine des romantiques
Quoiqu’il en soit et pour faire justice tout de même à cette version d’Aimé-Martin qui n’a finalement que le malheur d’être une version deux, elle connut tout de même ses heures de gloire dans le courant du XIXe siècle et on la trouvait reprise dans des éditions variées dont notamment une anthologie (fleur de poésie française des 17e, 18e, et 19e siècle, G Engelberts Gerrits).
Dans la mouvance des romantiques, ce proche de Lamartine a-t-il, avec ce texte, participé de l’élan qui se tournait alors vers les rives lointaines du moyen-âge et entraînait les auteurs français des XVIIIe et XIXe siècles, à y puiser leur inspiration pour le réinventer sous un jour nouveau ? Sans doute. A quelques pas de là, l’encre des plus belles pages ou poésies d’Hugo sur le monde médiéval n’étaient pas encore sèches (voir Histoire de la Ballade médiévale du moyen-âge central au XIXe siècle).
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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