Archives de catégorie : Musiques, Poésies et Chansons médiévales

Vous trouverez ici une large sélection de textes du Moyen âge : poésies, fabliaux, contes, chansons d’auteurs, de trouvères ou de troubadours. Toutes les œuvres médiévales sont fournis avec leurs traductions du vieux français ou d’autres langues anciennes (ou plus modernes) vers le français moderne : Galaïco-portugais, Occitan, Anglais, Espagnol, …

Du point du vue des thématiques, vous trouverez regroupés des Chansons d’Amour courtois, des Chants de Croisade, des Chants plus liturgiques comme les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X de Castille, mais aussi d’autres formes versifiées du moyen-âge qui n’étaient pas forcément destinées à être chantées : Ballades médiévales, Poésies satiriques et morales,… Nous présentons aussi des éléments de biographie sur leurs auteurs quand ils nous sont connus ainsi que des informations sur les sources historiques et manuscrites d’époque.

En prenant un peu le temps d’explorer, vous pourrez croiser quelques beaux textes issus de rares manuscrits anciens que nos recherches nous permettent de débusquer. Il y a actuellement dans cette catégorie prés de 450 articles exclusifs sur des chansons, poésies et musiques médiévales.

Belle douce dame chiere, une chanson médiévale du trouvère Conon de Béthune

trouvere_chevalier_croise_poesie_chanson_musique_medievale_moyen-age_centralSujet : chanson médiévale, poésie, amour courtois, chevalier, trouvère, trouvère d’Arras, Artois, lyrisme courtois, descort
Période : Moyen Âge central
Auteur : Conon de Béthune  ( ?1170 – 1219/20)
Titre : «Bele douce dame chiere»
Interprètes : Diabolus in Musica
Album :  La Doce Acordance: chansons de trouvères (2005).

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionprès avoir présenté le trouvère et chevalier artésien Conon de Béthune et donné quelques éléments de biographie le concernantvoici une de ses chansons interprétée par l’excellent ensemble médiéval Diabolus In Musica.

Bele douce dame chiere, de Conon de Bethune par Diabolus in Musica

Diabolus en Musica
à la rencontre des trouvères

N_lettrine_moyen_age_passionous avions déjà eu l’occasion de présenter ici cette formation d’origine française, dirigée par Antoine Guerber, ainsi que son travail autour du répertoire médiéval (voir article).

La pièce de Conon de Béthune que nous partageons ici est tirée de l’album La Doce Acordance sortie en 2005 dont nous avions également dit un mot dans un autre article. On se souvient que l’album ayant pour thème les trouvères des XIIe et XIIIe chanson_poesie_musique_medievale_trouveres_diabolus_in_musica_album_doce_acordance_XIIe_XIIIe_siècle_moyen-age_centralsiècles fut largement salué et primé sur la scène des musiques classiques et anciennes. On le trouve encore disponible à la vente en ligne sous forme CD ou même encore sous forme digitalisée et MP3 : La Doce Acordance; Chansons de trouvères.

Actualité et concerts

Toujours très actif depuis sa création en 1992, Diabolus in Musica continue d’explorer, sans relâche, le vaste champ des musiques médiévales et anciennes pour les faire redécouvrir au public. Dans le courant de l’année 2017, la formation a ajouté à son ample programme les requiem(s) de deux grands compositeurs des XVe et XVIe siècles : Johannes Ockeghem et Pierre de la Rue.

antoine_guerber_ensemble_diabolus_in_musica_chanson_musiques_repertoire_medieval_moyen-ageEn juin prochain, si vous êtes dans la région des Hauts de France, vous pourrez d’ailleurs avoir l’opportunité d’aller entendre ces œuvres d’exception qui comptent parmi les premiers requiem(s) polyphoniques de la fin du Moyen Âge et des débuts de la renaissance. Le concert sera donné le 23 juin 2018, à 20h30, à l’Eglise Saint-Léger de Gosnay.  Pour plus de détails sur ce programme ainsi que sur l’agenda de l’ensemble, n’hésitez pas à consulter leur site officiel ici : Diabolus in Musica.

Belle do(u)ce Dame chiere

Belle doce Dame chiere,
Vostre grans beautés entière
M’a si pris
Ke, se iere* (*de estre : si j’étais) em Paradis,
Si revenroie je arrière,
Por convent* (* à condition) ke ma proiere
M’eùst mis
La ou fuisse vostre amis

Ne vers moi ne fuissiés fiere,
Car aine ens nule manière
Ne forfis
Par coi fuissiés ma guerrière* (*pour que vous me fassiez la guerre).

Ne lairai ke je ne die
De mes maus une partie
Come irous.
Dehaiz ait* (*maudit soit) cuers covoitos,
Fausse, plus vaire*(*changeante) ke pie,
Ki m’envoia en Surie !
Ja por vous
N’avrai mais les ieus plorous.
Fous est ki en vous se lie,
Ke vos estes l’Abeïe
As Soffraitous* (*aux misérables),
Si ne vous amerai mie.

Analyse et interprétation

L_lettrine_moyen_age_passione titre autant que certaines inspirations de cette chanson semblent clairement dériver du descort en cinq langues de Raimbaut de Vaqueiras : Eras quan vey verdeyar. On trouve, en effet, la strophe suivante chez le troubadour provençal :

Belle douce dame chiere,
A vos mi doin e m’otroi;
Je n’avrai mes joi’ entiere
Si je n’ai vos e vos moi.
Mot estes male guerriere
Si je muer per bone foi;
Mes ja per nulle maniere
No.m partrai de vostre loi.

Certaines rimes identiques utilisées par Conon de Béthune viennent encore confirmer cette référence : « entière »,  « guerrière », « manière » et il semble donc bien que nous soyons ici face à une transposition d’Oc vers Oil aux inspirations non voilées.

Pour ce qui est du sens, dans la première strophe, le trouvère exprime sa loyauté envers celle qui fait l’objet de sa chanson. Ayant loué sa grande beauté, en bon loyal amant et dans la veine de la lyrique courtoise, il affirme ne jamais l’avoir trahi et aurait même renoncé pour elle au paradis (à condition tout de même qu’elle cède clairement à ses avances). Dans la deuxième strophe, le ton est largement plus conflictuel et exprime la discorde. Plus question de grand transport ici et même plutôt le contraire puisque le chevalier déçu y épanche sa colère et sa désillusion.

Les différents manuscrits qui la contiennent proposent des variantes de cette chanson. La version que nous publions ici est celle de Axel Wallenskôld (Les chansons de Conon de Béthune (1921), Honoré Champion). Ainsi, au début de la deuxième strophe, dans certaines variantes, au lieu de :

Ne lairai ke je ne die
De mes maus une partie
Come irous.

On trouve :

Por une k’en ai haïe
ai dit as autres folie,
come irous.

Pour une autre que j’ai haïe,
j’ai dit des folies de toutes les autres
n’écoutant que ma colère.

Le trouvère fait-il référence à un autre de ses déboires amoureux ou s’adresse-t-il simplement à son public ? Quoiqu’il en soit, la suite de la strophe entérine la rupture après une référence quelque peu obscure aux croisades. L’expression « l’Abeïe As  Soffraitous » (l’abbaye des misérables) reste sujette à interprétation. Avec quelques réserves, on peut sans doute en déduire que la dame ne filtre pas tellement ses relations (amoureuses?) et qu’elle ne s’est donc pas montrée très fiable ou loyale envers le trouvère. Il est assez difficile de mesurer à quel point l’expression clairement mâtinée d’ironie, prend ou non un tour un peu graveleux (1).

Concernant le dernier vers on trouvera encore comme variante, celle utilisée ici par Diabolus In Musica : « Si ne vous nomerai mie » au lieu de « Si ne vous amerai mie. »

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.


(1) Pour creuser le sujet et affiner encore l’interprétation de cette chanson de Conon de Bethune autant que ses références, voir l’article de Luca Barbieri sur le portail de l’Université de Warwick

Conon de Bethune, chevalier, trouvère et noble seigneur d’Artois

musique_danse_moyen-age_ductia_estampie_nota_artefactumSujet : musique, poésie, chanson médiévale, amour courtois, trouvère, oil, biographie, portrait, chants de croisades, lyrique courtoise.
Période :  XIIe,  XIIIe, moyen-âge central
Auteur :  Conon de Béthune ( ?1170 – 1219/20)
Biographe :  Axel Wallenskôld
Livre : Les chansons de Conon de Béthune
Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous poursuivons aujourd’hui notre découverte des trouvères champenois et artésiens des débuts du XIIIe siècle. Après avoir parlé de Gace Brûlé et Blondel de Nesle, nous nous penchons ici sur un autre de leur contemporain :  Conon de Bethune.

Eléments de biographie

deco_medievale_enluminures_trouvere_Les origines de Conon de Bethune sont un plus claires ou certaines que celles des deux sus-nommés. Si sa date de naissance n’est pas connue avec précision – on la situe autour de 1150 -il fait partie du lignage des seigneurs de Bethune, puissante famille artésienne avouée d’Arras depuis les débuts du XIe siècle et qui s’illustra notamment à plusieurs reprises aux croisades.

Conon est ainsi le cinquième fils de Robert V de Bethune, lui-même sixième seigneur de ce lignage. Concernant l’exercice de son art, il se réclame lui-même disciple de Hue de Coicy (Huon III d’Oisi), châtelain de Cambrai, qu’il désigne comme son « maître à trouver ».

« Or vos ai dit des barons ma sanblance;
Si lor an poise de ceu que je di,
Si s’an praingnent a mon mastre d’Oissi,
Qui m’at apris a chanter très m’anfance. »

On rencontrera encore le nom de notre trouvère dans des poésies tierces (sous les formes de Quesnes, Quenes) et notamment sous la plume de Gace Brûlé. Il semble donc qu’il ait côtoyé au moins quelques temps ce dernier ainsi que Blondel de Nesle.

Des traits « d’artois » dans le « françois »

D’après une de ses chansons, Conon de Bethune séjourna à la cour de France au moins une fois. Il y eut même l’opportunité (cuisante) d’y pousser quelques chansons. A cette occasion, il se fit en effet « remballer » par la reine en personne  pour les traits d’Artois tintant son François, tout cela en présence de Philippe-Auguste et semble-t-il de Marie de Champagne (ce qui l’a, au passage, le plus affecté). Voici un large extrait de la chanson dans laquelle il  témoigne de cette déconvenue.

« Mout me semont Amors ke je m’envoise,
Quant je plus doi de chanter estre cois;
Mais j’ai plus grant talent ke je me coise,
Por çou s’ai mis mon chanter en defois;
Ke mon langaige ont blasmé li François
Et mes cançons, oiant les Champenois
Et la Contesse encoir, dont plus me poise.

La Roïne n’a pas fait ke cortoise,
Ki me reprist, ele et ses fieus, li Rois.
Encoir ne soit ma parole franchoise,
Si la puet on bien entendre en franchois;
Ne chil ne sont bien apris ne cortois,
S’il m’ont repris se j’ai dit mos d’Artois,
Car je ne fui pas norris a Pontoise. »

Maladresse diplomatique ou signe de temps, la langue d’oil de la cour de France de cette fin de XIIe siècle s’imposerait-elle déjà sous le ton qu’on devine narquois de la reine, comme le parler qu’il convient de maîtriser pour prétendre se produire devant la couronne et surtout la séduire ? Si Conon De Bethune, piqué dans son amour propre et laissé à son desarroi, relèvera ici la scène avec une pointe d’ironie, on se souvient qu’un peu plus tard dans le temps et dans le courant du XIIIe siècle, Jean de Meung (Clopinel) confirmera en quelque sorte cette tendance, en s’exprimant sur le même sujet en préambule du roman de la rose et en prenant les devants (peut-être même en forçant un peu le trait?): « Si m’excuse de mon langage – Rude, malotru et sauvage, – Car né ne suis pas de Paris. »

Les croisades

Pour le reste et dans les événements marquants de son parcours, Conon de Bethune se croisa, semble-t-il, deux fois. La première lui valut de se faire railler par ses contemporains poètes. A l’occasion des préparatifs de Philippe Auguste pour la 3ème croisade et devant la tiédeur manifeste de l’entreprise autant que la deco_medievale_enluminures_trouvere_lenteur des uns et des autres à engager le départ, le trouvère composa, avec grande conviction deux chants de croisades pour ajouter un brin d’allant à cette cause. Las!, une fois parti pour l’Orient, son ardeur fut de courte mèche puisqu’il finit par rentrer de manière anticipée. A son retour, celui que le poète avait reconnu comme son maître dans l’art de trouver, lui servira sur un plateau un  sirventes acerbe dans lequel il se gaussera de lui autant que de son  roi  « failli » (Philippe Auguste).

Pour la deuxième expédition, la quatrième croisade, le noble artésien aura l’occasion de mieux illustrer ses qualités et d’écarter tout doute sur ses motivations. Sur le terrain, il sera, en effet à plusieurs reprises le porte-parole des barons croisés à Constantinople et jouera par la suite un rôle politique et militaire important dans la tenue de l’empire latin d’Orient. On trouve notamment dans les Chroniques de la prise de Constantinople par les Francs, de Geoffroi de Ville-hardouin de nombreuses mentions de ses actions sur le terrain.  Avant sa mort que l’on situe autour de l’année 1219 ou 1220, Conon de Bethune fut encore nommé sénéchal sous l’impératrice Yolande de Flandre, puis régent de l’Empire.

Oeuvre, chansons et legs

Le trouvère nous a laissé un peu moins de quinze chansons. Une fois passée au filtre de l’analyse, dix d’entre elles demeurent certaines, les autres sont d’attribution plus contestable. L’ensemble de ce legs se trouve réparti dans dix-sept manuscrits.

A ce jour, un des plus sérieux biographes du trouvère demeure encore Axel Wallenskôld (1864-1933) romaniste, linguiste et philologue finlandais passionné de français médiéval et ancien.  Son ouvrage sur les chansons de Conon de Bethune qui, en 1921, faisait suite à la thèse qu’il avait publiée quelques années auparavant (1891), a d’ailleurs été réédité jusque dans les années 1981, chez Honoré Champion.

Voilà la liste courte que ce biographe a établi des chansons de Conon Bethune. D’autres médiévistes ou spécialistes de littérature médiévale seront peut-être encore tentés de l’élargir, en en ajoutant deco_medievale_enluminures_trouvere_quelques-unes supplémentaires, mais l’essentiel est là :

Chançon legiere a entendre – Si voiremant con celé don je chant – Moût me semont Amors que je m’envoise – Ahil Amors, com dure départie – Bien me deusse targier – Se raige et derverie – Belle doce Dame chiere – Tant ai amé c’or me convient haïr – L’autrier un jor après la Saint Denise. – L’autrier avint en cel autre pais.

Les thèmes abordés oscillent entre l’amour courtois et le contexte de la croisade (ralliement, dénonciation, pesance du chevalier tenu de quitter sa dame pour les terres lointaines). Nous aurons dans de futurs articles l’occasion de vous en présenter quelques unes, par le menu.

En vous souhaitant une excellente journée.

Fred
Pour Moyenagepassion.com
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« Qui trop prant, mourir fault ou rendre », une ballade médiévale d’Eustache Deschamps sur la gloutonnerie et l’avidité

poesie_ballade_morale_moralite_medievale_Eustache_deschamps_moyen-age_avidite_gloutonnerieSujet : poésie médiévale, littérature médiévale,  auteur médiéval, ballade médiévale, poésie morale, poésie satirique, ballade, moyen-français, gloutonnerie, convoitise, avidité.
Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle
Auteur : Eustache Deschamps  (1346-1406)
Titre :  « Qui trop prant, mourir fault ou rendre»
Ouvrage :  Oeuvres complètes d’Eustache Deschamps, Tome VIII. Marquis de Queux Saint-Hilaire, Gaston Raynaud (1893)

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn parcourant l’œuvre conséquente d’Eustache Deschamps, on ne cesse d’être frappé par le nombre impressionnant de sujets sur lesquels cet auteur prolifique du XIVe siècle a pu écrire. Nous l’avons déjà dit ici, il est un des premiers à avoir amené la ballade médiévale sur des terrains aussi et cette forme poétique semble être poesie_morale_satirique_medievale_litterature_eustache_deschamps_XIVe_moyen-agevéritablement pour lui, comme un deuxième langage.

Au delà des formes versifiées qu’il affectionne, l’angle moral et satirique demeure chez lui comme une seconde nature et habite la majeure partie de son œuvre. Adepte de la voie moyenne : cette « aurea mediocritas« , qu’on trouvait déjà chez les classiques et notamment chez le poète latin Horace, elle se teinte chez Eustache Deschamps de résonances chrétiennes:  « Benoist de Dieu est qui tient le moien« , « Pour ce fait bon l’estat moien mener« , il y est question d’une vie sans excès et sans grand bruit, mais aussi d’une conduite de la mesure que l’on trouve appliquée à de nombreux domaines. Si la ballade du jour se situe dans cet état d’esprit, c’est aussi une poésie sur la thème de la gloutonnerie qui s’élargit finalement, pour devenir une allégorie de la convoitise et de l’avidité.

On ne sait précisément à qui l’auteur médiéval fait ici allusion avec ces « pluseurs qui sont trop replect » mais il  s’adresse sans doute, de manière voilée, à certains de ses contemporains qu’il voit ou qu’il a vu évoluer à la cour.

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« Qui trop prant, mourir fault ou rendre »
Ballade médiévale en moyen-français

Dans l’ouvrage cité en référence (Œuvres complètes d’Eustache Deschamps, Marquis de Queux Saint-Hilaire, Gaston Raynaud 1893), cette ballade est titrée : « Comment les excès et couvoitise de trop mangier et prandre des biens mondains sont a doubter ».

Le temps vient de purgacion
A pluseurs qui sont trop replect
De mauvaise replection,
Pour les grans excès qu’ilz ont fet.
C’est ce qui nature deffet
De trop et ce qu’en ne doit prandre ;
Pour ce les fault purgier de fect :
Qui trop prant, mourir fault ou rendre.

Car par la delectacion
De trop prandre sont maint infet* (affaiblis, malades)
Viande de corrupcion,
Qu’om prant par couraige imparfect ;
Trop couvoiteus par ce meffet,
La grief * (péniple, douloureuse, fâcheuse) maladie ou corps entre,
Dont maint homme ont esté deffait :
Qui trop prant, mourir fault ou rendre.

Lors convient avoir pocion
Pour les maulx vuider, qui sont blet* (frappés par la maladie)
Souffrir mal, paine et passion
Qu’om a par sa folie attret* (de attraire: attirée);
Ceuls qui ont trop d’argent retret,
N’aront pas phisicien* (médecin) tendre,
Mais dur, qui fera chascun net :
Qui trop prant, mourir fault ou rendre.

L’envoy

Princes, cellui n’est pas preudom
Qui tout veult bouter en son ventre ;
Au derrain* (en dernier lieu, au final) en a dur guerdon*(récompense) :
Qui trop prant, mourir fault ou rendre.

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
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Notion de liberté contre servitude dans la sagesse persane de Saadi

citations_sagesse_persane_medievale_saadi_liberte_servitudeSujet : citations médiévales, moyen-âge central, sagesse persane, Saadi,  poésie morale, conte moral, liberté, servitude.
Période : moyen-âge central, XIIIe siècle
AuteurMocharrafoddin Saadi (1210-1291)
OuvrageGulistan, le jardin des roses, traduit par Charles Defrémery (1838)

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour aujourd’hui, voici un peu de la sagesse du conteur médiéval Saadi. La citation est extraite de son Gulistan (jardin ou parterre de roses) et du chapitre sur les bienséances de la société. Il y est question de liberté ou, si l’on préfère de non servitude et comme toujours, dans les vers ou historiettes du poète persan d’une « morale » à méditer.

citations_medievales_saadi_mocharrafoddin_moyen-age_sagesse_persane

« Du vinaigre et des légumes que je ne dois qu’au travail de mes mains, valent mieux que le pain et l’agneau du chef de village. »
Mocharrafoddin Saadi , Gulistan, le jardin des roses.

Dans le même chapitre, cette idée lui fera encore dire :

citations_sagesse_medievale_persane_Saadi_servitude_liberte_conte_poesie_moral

« Quoique le vêtement d’honneur conféré par le sultan soit précieux , mes habits usés sont encore plus honorables; quoique la table des grands soit délicieuse, les miettes que renferme mon sac aux provisions sont plus savoureuses. »

Une belle journée à tous.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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