Sujet : fête médiévale, rassemblement médiéval, animations, compagnies médiévales, campements, tournois, spectacles historiques, reconstituteurs. Lieu : Parc des Expos, Orange, Vaucluse, Provence-Alpes-Côte d’Azur Dates : samedi 28& dimanche 29 mars Evénement : rassemblement médiéval du prince d’Orange 2020
Bonjour à tous,
es samedi 28& dimanche 29 mars prochain, les passionnés de Moyen âge festif et de reconstitution qui se trouveront dans le sud, ne manqueront de se rendre au rassemblement médiéval du Prince d’orange 2020.
Avec la présence de nombreuses troupes et le renfort de son Marché de l’histoire, le Prince d’Orange est un des événements médiéval les plus attendus en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour cette saison hivernale. Il compte même d’ailleurs comme un de plus importants de la région pour la saison médiévale.
Au programme des réjouissances
A l’habituel, cette cuvée 2020 est organisée par l‘association locale Le Royaume, avec le soutien de la ville d’Orange. Pour son marché et son festival du spectacle historique, elle comptera aussi avec le partenariat de l’Association pour l’Histoire Vivante,
Du points de vue des animations, l’événement mêlera, une nouvelle fois, un vaste rassemblement de reconstituteurs, avec près de 25 compagnies attendues, à des troupes de comédiens, chanteurs, danseurs, acrobates, conteurs, spécialisés dans l’animation historique au sens large. On pourra donc trouver, sur place, un vaste campement médiéval animé par les associations de passionnés, avec découverte de la vie civile et militaire d’époque, ateliers, combats, échanges, etc… A tout cela, viendront encore s’ajouter spectacles de feu, déambulations, escrime artistique, musique, théâtre de rue, danses, acrobaties, facéties et autres divertissements.
Sur la partie touchant plus au Festival du spectacle historique, la période couverte débordera d’ailleurs le strict monde médiéval et même l’occident : univers féeriques et fantasy, empire romain, période renaissante et même encore préhistoire ou natifs amérindiens y sont programmés.
Artistes & compagnies médiévales attendues
AERA – Les Bannerets de Gueules et d’Azur – Camp Briand – Les Chevaliers des Terres d’Occitanie – Le Clan de Rollon – Le Clan d’Helvie – Le Clan du Dragon – Clan Ligefer – Cie Almogavar Teruel Frontera – Cie de l’Ombre Ardente – La Cie de Trencavel – La Cie Merces – La Coterie du Renard – Les Dragons Noirs – Les Flibustiers de la Voile Noire – Folkint – Les Frères de la Côte – Gamela Nostra – La Hanse du Loup des Steppes – La Juste Solde – Les Mains d’Or et de Fer – La Maisnie de Castelnau Managarm Vikingar – La Plume et l’Epée – Au Siècle d’En Temps – Battle of Color – Les Aboyeurs – Atelier du Chat Botté – La Chevauchée des Lices – Compagnie Les Boulegans – Compagnie Ars Moriendi – Compagnie Arteflammes – Compagnie Lez Accros – Les Mains à Terre – Scaramouche et Cie – La Trace du Geste – Aux Trois Clefs – Maux-Dire – Tulette Osada Rekodziela Artystycznego – Agde Au Fil du Temps – Confrérie Marguerittoise des Forgerons C – Sapiens Origines – Compagnie Ratafia Théâtre – Les Menest’rolls
Autres temps forts du rassemblement
Les Tournois du Ceinturon d’argent
A l’image de l’année dernière, le Prince d’Orange 2020 sera aussi l’occasion d’ouvrir les premiers échanges des Tournois du Ceinturon d’Argent. On se souvient que ces épreuves annuelles sont composées de six tournois, dans six cités différentes, du sud au Dauphiné. Elles s’inspirent du XIVe siècle et d’un temps où les papes d’Avignon récompensait un chevalier en lui offrant une épée, un ceinturon d’argent, ainsi qu’un chapeau orné de perles (pour connaître le détail des épreuves suivez le lien du site officiel, en bas de page).
Le Marché de l’histoire
Toujours très attendu, le marché de l’histoire fait partie intégrante de l’événement. Il aura lieu, cette année encore, à couvert, dans le Parc des expos. Cent exposants y sont déjà annoncés, en provenance de seize nations différentes. Pour ce qui est des produits qu’on pourra y trouver, connaissant le savoir faire de l’Association pour l’Histoire Vivante en la matière autant que son ample réseau, on peut être certain qu’ils seront à la hauteur des plus exigeants.
Sujet : poésie médiévale, ballade médiévale, moyen-français, poésie réaliste, corpus Villon. Auteur : anonyme,attribuée à François Villon (1431-?1463) Période : Moyen Âge tardif, XVe siècle. Titre : « Ballade pour ung prisonnier » Ouvrage : Jardin de plaisance et fleur de rethoricque, A Vérard (1502). François Villon, sa vie et ses oeuvres, Antoine Campaux (1859)
Bonjour à tous
ans le courant du XIXe siècle, avec le développement des humanités et du rationalisme, émergent plus que jamais, la volonté de catégoriser, classer mais aussi de mettre en place une véritable méthodologie dans le domaine de l’Histoire. De fait, de nombreux esprits brillants s’attellent alors aux manuscrits et à la systématisation de leur étude, et ce sera, également, un siècle de grands débats autour des auteurs du Moyen Âge et de la littérature médiévale.
Manuscrits, attributions et zones d’ombre
Corollaire de ces travaux variées, mais aussi de la découverte de nouvelles sources, on se pose alors souvent la question d’élargir, ou même quelquefois de restreindre, le corpus des nombreux auteurs médiévaux auxquels on fait face. D’un expert à l’autre, la taille des œuvres prend ainsi plus ou moins « d’élasticité », suivant qu’on en ajoute ou qu’on en retranche des pièces, en accord avec les manuscrits anciens ou même, parfois, contre eux.
On le sait, dans ces derniers, il subsiste toujours des zones d’ombre. A auteur égal, les noms ou leur orthographe peuvent varier sensiblement. En fonction des manuscrits, des pièces identiques peuvent aussi se retrouver attribuées à des auteurs différents. Enfin, certains codex foisonnent de pièces demeurées anonymes. Dans ce vaste flou, on comprend que les chercheurs soient souvent tentés de forger des hypothèses pour essayer de mettre un peu d’ordre ou de faire des rapprochements.
Ajoutons que cet anonymat des pièces n’est pas que l’apanage des codex du Moyen Âge central et de ses siècles les plus reculés. Entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle, on verra, en effet, émerger un certain nombre de recueils, fascicules ou compilations de poésies qui ne mentionneront pas leurs auteurs d’emprunt (La récréation et passe temps des tristes, Fleur de poésie françoyse, etc…). Un peu plus tard, ce phénomène sera même favorisé par l’apparition de l’imprimerie. En recroisant avec d’autres sources historiques, on parviendra alors à réattribuer certaines de ces pièces à leurs auteurs mais d’autres demeureront anonymes et, là encore, on sera tenté, quelquefois, d’y voir l’empreinte d’un poète connu et, à défaut, d’éventuels copieurs ou disciples.
Le corpus de François Villon
Concernant cette « élasticité » des corpus, à l’image d’autres poètes du Moyen Âge, François Villon n’y fera pas exception. La notion d’auteur étant peu fixée durant la période médiévale, et la copie considérée comme un exercice littéraire louable, on peut alors légitimement supposer que le poète a pu faire des émules. Bien sûr, il en va aussi des grands auteurs médiévaux un peu comme les grands peintres : on est toujours, à l’affût et même désireux, de découvrir une pièce nouvelle.
Comme Villon est un auteur du Moyen Âge tardif et donc assez récent, on lui connait, depuis longtemps, une œuvre assez bordée. Dès après sa mort et plus encore après l’invention de l’imprimerie, son legs a aussi fait l’objet de maintes rééditions. Pourtant, depuis le milieu du XVIIIe siècle, un ouvrage est déjà venu semer le doute sur le corpus réel de notre poète médiéval.
Les travaux de Nicolas Lenglet Du fresnoy
Signé de la main de Nicolas Lenglet Du Fresnoy, le MS Paris Arsenal 2948 est un essai inachevé sur l’œuvre de Villon qui élargit, notablement le nombre de pièces pouvant lui être attribuées. Pour étayer ses propos, Lenglet s’appuie sur plusieurs sources, dont une qui nous intéresse particulièrement ici. Il s’agit d’un ouvrage daté du tout début du XVIe siècle et ayant pour titre « Le jardin de plaisance et fleur de rethoricque » (Ms Rothschild 2799).
On trouve, dans ce manuscrit très fourni, certaines pièces que d’autres sources historiques attribuent, par ailleurs, clairement à Villon ; à leur côté, se tiennent d’autres poésies, inédites, demeurées sans auteur, mais qui évoquent suffisamment le style ou la vie de Villon pour que Lenglet Du Fresnoy soit tenté de les rapprocher de ce dernier.
La Ballade pour ung prisonnier dans le jardin de plaisance et la fleur de rethoricque
Un aparté sur l’attribution de l’œuvre : Lenglet Du Fresnoy éclispé par La Monnoye
Pour en dire un mot, sur la question des attributions, l’affaire prend un tour assez cocasse, mais cette fois-ci, du point de vue de l’oeuvre sur l’oeuvre. En effet, une erreur fut faite au XIXe siècle, vraisemblablement par Pierre Jannet : dans ses Œuvres complètes de François Villon (1867), ce dernier attribua les travaux de Lenglet Du Fresnoy à Bernard de la Monnoye et cette erreur a perduré jusqu’à nous. Elle continue même d’être faite régulièrement et on doit à Robert D Peckham de s’être évertué à la déconstruire. Voir Villon Unsung : the Unfinished Edition of Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Robert D Peckham, tiré de Breakthrough: Essays and Vignettes in Honor of John A. Rassias, 2007, ed. Melvin B. Yoken. Voir également Le Bulletin de la Société François Villon numéro 31.
Quoiqu’il en soit, pour revenir à nos moutons, autour des années 1742-1744, Nicolas Lenglet Du Fresnoy avait extrait du Jardin de plaisance et fleur de rethoricque de nombreuses pièces, en les attribuant à notre auteur médiéval, au risque même de le faire un peu trop largement. Ce sera, en tout cas, l’avis de certains biographes postérieurs de Villon dont notamment Jean-Henri-Romain Prompsault, au début du XIXe siècle. S’il ne suivra pas son prédécesseur sur toute la ligne, ce dernier conserva, tout de même, une partie des pièces retenues par Lenglet dans ses Œuvres de maistre François Villon, corrigées et augmentées d’après plusieurs manuscrits qui n’étoient pas connues (1835).
Antoine Campaux sur les pas de Lenglet
Vingt-cinq ans après Prompsault, dans son ouvrage François Villon, sa vie et ses œuvres (1859), l’historien et écrivain Antoine Campaux reprendra d’assez près les conclusions de Lenglet sur certaines pièces du Jardin de Plaisance et Fleur de Rhétorique et leur attribution possible à Villon. Voici ce qu’il en dira :
« Plusieurs de ces pièces semblent se rapporter, de la façon la moins équivoque, aux circonstances les plus caractéristiques de la vie du poète, comme à ses amours, à sa prison, à son exil, à sa misère, à son humeur. Quelques-unes présentent, avec certains huitains du Petit et particulièrement du Grand- Testament, des rapports si étroits et parfois même des ressemblances si grandes de fond et de forme ; l’accent enfin de Villon y éclate tellement, que c’est, du moins pour nous, à s’y méprendre. (…) Nous sommes donc persuadés avec Lenglet, qu’un grand nombre de pièces de cette compilation ne peut être que de Villon, ou tout au moins de son école. Elles en ont à nos yeux la marque, et entre autres la franchise du fond et de la forme, assez souvent la richesse de rimes, et parfois ce mélange de tristesse et de gaieté, de comique et de sensibilité qui fait le caractère de l’inspiration de notre poète. » A Campaux – op cité
Pour information, si cet ouvrage vous intéresse, il a été réédité par Hardpress Publishing. Vous pouvez le trouver au lien suivant : François Villon, Sa Vie Et Ses Oeuvres.
L’École de Villon selon Campaux
Bien que largement convaincu de la paternité villonesque d’une majorité des pièces retenues, Campaux prendra la précaution de les rattacher à une « école de Villon », en soumettant la question de leur attribution à la sagacité du lecteur ; à quelques exceptions près, ses commentaires, insérés entre chaque pièce, ne laisseront pourtant guère d’équivoque sur ses propres convictions.
Pour le reste, le médiévisteretiendra dans son Ecole de Villon, autour de 35 rondeaux et ballades, issus du Jardin de Plaisance, qu’il classera en plusieurs catégories : chansons à boire, poésies sur le thème de l’amour, ballades plus directement liées à l’évocation de l’exil, la misère et l’incarcération de Villon. Il dénombrera, enfin, des ballades sur des sujets plus variés et des pièces plus satiriques et politiques. Concernant ces toutes dernières, l’historien tendra, cette fois, à les attribuer plutôt à Henri Baude, qu’il désignera, par ailleurs, comme « un des meilleurs élèves de Villon« .
Aujourd’hui, parmi tous les poésies citées par Campaux, nous avons choisi de vous présenter celle intitulée « Ballade pour ung prisonnier ». Voici ce qu’il nous en disait : « Cette pièce est certainement de Villon, du temps qu’il était dans le cachot de Meung. J’y entends et reconnais les plaintes, les remords, les excuses, les projets de changements de vie, et il faut le dire aussi, les sentiments de vengeance de la première partie du Grand-Testament. »
Nous vous laisserons en juger mais il est vrai qu’à la lecture, on comprend aisément le trouble du médiéviste. Depuis lors, aucun expert n’a pu trancher définitivement sur la question de cette attribution et à date, on n’a trouvé cette pièce dans aucun autre manuscrit d’époque.
Ballade pour ung prisonnier
S’en mes maulx me peusse esjoyr, Tant que tristesse, me fust joye, Par me doulouser et gémir Voulentiers je me complaindroye. Car, s’au plaisir Dieu, hors j’estoye, J’ay espoir qu’au temps advenir A grant honneur venir pourroye, Une fois avant que mourir.
Pourtant s’ay eu moult à souffrir Par fortune, dont je larmoye, Et que n’ay pas pou obtenir, N’avoir ce que je prétendoye, Au temps advenir je vouldroye Voulentiers bon chemin tenir, Pour acquérir honneur et joye, Une fois avant que mourir.
Sans plus loin exemple quérir, Par moy mesme juger pourroye Que meschief nul ne peult fouyr, S’ainsy est qu’advenir luy doye. C’est jeunesse qui tout desvoye, Nul ne s’en doit trop esbahyr. Si juste n’est qui ne fourvoye, Une fois avant que mourir.
ENVOI.
Prince s’aucun povoir avoye Sur ceulx qui me font cy tenir, Voulentiers vengeance en prendroye, Une fois avant que mourir.
Une belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ces formes.
Sujet : musique, poésie, chanson médiévale, amour courtois, trouvère, vieux-français, langue d’oil, fine amor. Période : XIIe siècle, XIIIe s, Moyen Âge central Titre:L’amour dont sui espris Auteur : Blondel de Nesle (1155 – 1202) Interprète :Martin Best Mediaeval Ensemble Album : Songs of Chivalry (1983)
Oyez, oyez, bonnes gens,
ujourd’hui, nous vous proposons de nous suivre jusqu’aux abords du XIIe siècle, au temps du Moyen Âge des trouvères et avec l’un des plus célèbres d’entre eux : Blondel de Nesle, noble chevalier croisé, devenu héros de légende et grand compagnon, dit-on aussi, de Richard Cœur de Lion.
Une pièce courtoise dans les règles de l’art
Comme tant d’autres auteurs de son temps, Blondel de Nesle a fait de la courtoisie un de ses cheval de bataille poétique. Avec la chanson du jour, il n’y déroge pas et nous livre la « complainte » d’un fine amant, dans les règles de l’art. Suspendu à la décision de la belle que son cœur a élu, il ne peut qu’espérer : la loyauté dont il a fait preuve, jusque là, sera-t-elle récompensée ? La question restera en suspens à la fin de cette pièce mais, entre-temps, le trouvère nous aura brossé le portrait conventionnel de l’amant idéal, servant, anxieux, souffrant, à la merci d’un acquiescement ou d’un rejet de sa dame.
Sources et manuscrits
On peut retrouver cette chanson du chevalier trouvère dans un certain nombre de manuscrits médiévaux. Dans ces diverses sources, elle lui est, quelquefois, attribuée sous le nom de Blondel de Nesle, de Blondeaus ou encore de Blondiaus.
Sur la photo ci-contre, nous avons choisi de vous présenter la version du Chansonnier Cangé. Conservé au département des manuscrits de la BnF sous la référence Français 846. ce manuscrit du XIIIe siècle, riche de 351 pièces d’époque, a l’avantage de nous fournir une notation musicale de cette composition (pour le consulter en ligne c’est ici). Il n’est d’ailleurs pas le seul dans ce cas. Cette pièce a, en effet, fait l’objet de plusieurs contrefactum, dont l’un d’eux, attribué à Gautier de Coinci, peut être retrouvé dans le Manuscrit de l’Arsenal 3517.
Transcription, interprétation, traduction
Pour la retranscription de cette chanson médiévale en calligraphie moderne, nous nous sommes appuyés sur l’ouvrage de Prosper Tarbé daté de 1862 : Les Œuvres de Blondel de Néele (collection des poètes de Champagne antérieurs au XVIe siècle). Enfin, pour mieux la découvrir, nous vous proposons l’interprétation qu’en fit l’ensemble Martin Best dans le courant des années 80 et nous terminerons, en vous gratifiant d’une traduction maison de l’oïl de Blondel au français moderne.
L’amour dont sui espris , Blondel de Nesle par Martin Best
Martin Best et son album Songs of Chivalry.
Nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter la formation Martin Best, ainsi que son excellent album « chansons de chevalerie ». Nous n’allons donc pas y revenir dans le détail et vous pouvez vous reporter à l’article suivant pour en savoir plus : Martin Best Mediaeval Ensemble.
Rappelons simplement que, des années 70 aux 90, l’ensemble médiéval anglais a légué un nombre considérable d’interprétations et d’enregistrements sur la période du Moyen Âge central. Sorti en 1983, Songs of Chivalry n’en est qu’un échantillon mais il présente, tout de même, 19 pièces empruntées au répertoire des trouvères et des troubadours, interprétées de main de maître. Vous pouvez retrouver cet album à la vente en ligne au format CD ou digitalisé Mp3 : plus d’informations sur l’album Songs of chivalry.
L’amour dont sui espris, Blonde de Nesle
Du vieux français au français moderne
Notes sur la traduction : c’est une première approche qui n’a que le mérite d’un premier jet. Dans l’optique d’une publication, elle devrait, bien sûr, faire l’objet de quelques revisites pour être précisée. N’hésitez pas à commenter si vous avez quelques lumières à apporter.
L’amour dont sui espris Me force de chanter, Si fait com hom sorpris Qui ne puet amender. Petit i ai conquis, Mès bien me puis vanter : Que j’ai pièça appris A loyaument amer. A li sont mi penser Et seront a tous dis ; Ja nès en quier oster.
L’amour dont je suis épris Me commande de chanter, Aussi, je le fais comme celui, pris au dépourvu, Qui ne peut s’y soustraire. J’y ai peu gagné Mais je puis bien me vanter Que j’ai appris depuis longtemps À aimer loyalement. À elle vont mes pensées Et y seront toujours ; Jamais je ne voudrais les en ôter.
Remembrance du vis Frés et vermeil, et cler, A mon cuer en tel mis Que ne l’en puis tourner ; Et se j’ai les maus quis, J’es doi bien endurer. Se ai je trop mespris Ains la doi mieux amer. Comment que j’aie comper, N’i ai rien , ce m’est vis Que de merci crier.
Le souvenir du visage Frais et vermeille et clair, A mis mon cœur dans un tel état Que je ne puis plus l’en détourner Et puisque j’ai voulu ces maux Il me faut bien le endurer, Si, en cela, je me suis fourvoyé Alors je dois l’aimer plus encore. Pour ce que j’y ai gagné (1) Il ne me reste plus, à mon avis, Qu’à crier merci.
Lonc travail sans esploit M’eust mort et traï. Mes mes cuers attendoit Ce pour quoi l’a servi. Si pour lui l’ai destroit, De bon cuer l’en merci. Je sai bien que j’ai droit, Qu’onc si bele ne vi. Entre mon cuer et li Avons fait si à droit Qu’ains de rien n’en failli.
Une long effort (tourment, peine) sans réussite (avantage, gain) m’eut tué et trahi Mais mon cœur attend Ce pour quoi il la servit. Si pour elle je l’ai tourmenté (destreindre : tourmenter, torturer, contraindre) Je l’en remercie de tout cœur. Je sais bien que j’ai bien agi Car jamais je ne vis si belle, Entre mon cœur et elle Nous nous sommes comportés si justement Qu’ainsi rien ne faillit (ne fut mal fait, ne fit défaut)
Dex ! pourquoi m’occiroit, Quant ainz ne li menti ? Sé ja joians en soit Li cuers, dont je la pri ! Je l’aim tant et convoit Et cuid pour voir de li Que chascuns, qui la voit La doie amer ausi. Qu’est ce, Dex, que je di ! Non feroit, ne porroit Nul ne l’ameroit si.
Dieu ! Pourquoi m’occirait-elle Quand jamais je n’ai failli à ma parole (je ne lui ai menti) Si c’est le cas (2), qu’en soit heureux mon cœur, je l’en implore ! Je l’aime et la désire tant Et crois à la voir Que chacun qui la voit Doit l’aimer aussi. Mais, Dieu, qu’est-ce que je dis ? Nul ne le ferait, ni ne pourrait l’aimer autant, ni aussi bien que moi.
Plus bele ne vit nus Ne de cors ne de vis ; Nature ne mist plus De biauté en nul pris. Pour lui maintiendrai l’us D’Enéas et Paris, Tristan et Piramus, Qui amèrent jadis, Et serai ses amis. Or pri Dieu de lassus Qu’à l’eure soie pris.
Jamais je ne vis plus belle qu’elle, Ni de corps ni de visage : La nature ne mit plus De beauté en personne. Pour elle, je suivrais l’usage D’Enéas et Paris, Tristan et Piramus, Qui aimèrent jadis, Et je serais leur égal (ami, parent ou « je serais son amant » (?)) , Or, je prie Dieu du ciel Qu’il en prenne acte sur le champ. (que le sort en soit scellé)
Sé pitiez ne l’en prent, Je sai qu’a estovoir M’ocirra finement : Ce doi je bien voloir. Amé l’ai loiaument, Ce me doit bien valoir, Amors de gréver gent N’eust si grant pooir. De grans maus m’a fait hoir. Dont Tristans soffri tant : D’ameir sens decevoir.
Si elle ne me prend pas en pitié, Je sais que, nécessairement, Elle finira par me tuer. Mais je dois bien le vouloir. Je l’ai aimé loyalement, Cela doit bien me valoir, Que l’amour me fasse souffrir aimablement S’il n’avait un si grand pouvoir. Il m’a fait hérité de biens grands maux. Dont Tristan souffrit tellement Pour aimer sans tromperie.
(1) « Comment que j’aie comper » : Pour ce que j’y ai gagné ? Comperer : acheter, gagner, acquérir, expier, être puni – comment que : quoique, de quelque manière que )
(2) « Sé ja » : « Si c’est le cas » Si jamais (?)
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com. A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : exposition, BnF, terre du milieu, fantasy Période : Médiéval Fantastique Auteur : JRR Tolkien Titre : Tolkien, voyage en Terre du Milieu Lieu : BnF Galeries François-Mitterrand 1 et 2 Dates : du 22 octobre 2019 au 16 février 2020
Bonjour à tous,
a grande exposition Tolkien vient à peine de fermer ses portes à la BnF que la grande bibliothèque affiche déjà une fréquentation ayant excédé, de très loin, celle de tous ses autres événements similaires.
Les organisateurs s’étaient attendus, en effet, à accueillir quelques 80 000 personnes mais avec plus de 135 000 visiteurs, la grande exposition consacrée à la Terre du Milieu et à l’oeuvre de JRR a surpassé toutes les espérances. Un succès qui fait l’effet d’une véritable raz de marée, pour le meilleur bien sûr, et qui donne de l’espoir quant au goût de nos contemporains pour la littérature. Formons, une nouvelle fois, le vœu que l’événement aura donné envie à des visiteurs, ne les ayant pas encore lu, d’acquérir les ouvrages de Tolkien. Nous l’avons déjà dit, au delà des illustrations, des déclinaisons cinématographiques ou ludiques, il faut vraiment redécouvrir cette oeuvre dans le texte et plonger à bras le corps, dans sa grande poésie et son lyrisme (voir relire Tolkien après Jackson).
Alors que l’on a appris, avec tristesse, il y a quelques semaines, le décès de Chistopher Tolkien, il est réjouissant de voir que la popularité de l’oeuvre de son père, le bon vieux professeur d’Oxford, ne se dément pas. Les nombreux visiteurs l’attestent. Le Seigneur des Anneaux, comme Le Hobbit, ont conquis pour longtemps leurs lettres de noblesse, en s’élevant au rang des grandes aventures littéraires et même des mythes de notre temps.
La Fantasy à l’honneur jusqu’à Mars 2020
Pour les amateurs de fantasy, la Bnf continue, jusqu’à la mi-mars, de faire honneur à ce genre littéraire. Jeux, expositions, conférences, et un superbe site web à la clef. Pour n’en manquer aucune miette, jetez un œil sur le communiqué officiel paru à ce sujet : La fantasy à la Bnf jusqu’à mars 2020
Pour plus d’informations sur le contenu de cette exposition, vous pouvez également consulter notre article précédent : Une grande exposition Tolkien à la BnF
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric Effe
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