
Période : fin du moyen-âge, début renaissance
Auteur : Clément Marot (1496-1544)
Titre : « D’un qu’on appelait frère lubin. »
Bonjour à tous,

En réalité, outre le fait que Lubin soit un nom propre, on retrouve ce surnom de « Frère Lubin » dans la littérature à partir du moyen-âge central. Il a été utilisé par les auteurs satiriques et peut-être même de manière populaire pour désigner l’archétype du moine qui sous des dehors dociles et pieux cachait en réalité un loup.
Un loup sous une peau de mouton
Étymologiquement « Lubiner » proviendrait de Lupinus, diminutif de lupus: loup. On trouve encore cette définition dans le Dictionnaire étymologique de la langue françoise, par M. Ménage, Volume 2 (1750):
LUBIN : « frère Lubin, Moine hypocrite qui cache un coeur de loup sous les apparences de l’agneau. »
C’est sous le nom de « frère Louvel », que ce sobriquet apparaît pour la première fois dans le courant du XIIIe siècle et sous la plume de Jean de Meung, dans le roman de la Rose.
« Je m’en plaindray ? tant seulement
A mon bon confesseur nouvel
Qui n’a pas nom frère Louvel,
Car forment se courrouceroit
Qui par tel nom l’appelleroit.
Et ja n’en prendroit patience
Qu’il n’en eust cruelle vengeance »
Le roman de la rose – Jean de Meung


Quoiqu’il en soit, l’expression « frère lubin » sera en utilisation jusqu’au XVIIIe siècle et on en retrouvera même l’usage chez Rabelais. En suivant le fil de cet auteur et dans une publication commentée de ses œuvres par Esmangart et Eloi Johanneau en 1823, il semble que ce dernier qui avait été lui-même franciscain l’utilise également dans ce sens là, même s’il ne l’y réduit pas.
Le frère lubin de Clément Marot

Marot y ajoutera encore le goût pour la débauche autant que la grivoiserie et, pour tout dire, une propension à s’encanailler par tout 
(Ci-contre un moine et sa bouteille de vin, toile de Bellei Gaetano, peintre du XIXe)
« D’un qu’on appelait frère Lubin »
de Clément Marot
« Pour courir en poste à la ville,
Vingt foys, cent foys, ne sçay combien;
Pour faire quelque chose vile,
Frère Lubin le fera bien;
Mais d’avoir honneste entretien.
Ou mener vie salutaire,
C’est à faire à un bon chrestien.
Frère Lubin ne le peult faire.
Pour mettre, comme un homme habile,
Le bien d’autruy avec le sien,
Et vous laisser sans croix ne pile.
Frère Lubin le fera bien;
On a beau dire : je le tien,
Et le presser de satisfaire.
Jamais ne vous en rendra rien.
Frère Lubin ne le peult faire.
Pour desbaucher par un doulx stile
Quelque fille de bon maintien,
Point ne fault de vieille subtile,
Frère Lubin le fera bien.
Il presche en théologien,
Mais pour boire de belle eau claire,
Faictes la boire à vostre chien.
Frère Lubin ne le peult faire.
ENVOY
Pour faire plus tost mal que bien
Frère Lubin le fera bien;
Et si c’est quelque bon affaire.
Frère Lubin ne le peult faire. »
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.


ette citation de Georges Duby situe l’intérêt moderne pour le moyen-âge dans le champ du divertissement, de l’évasion exotique ou de « l’entertainment » pour le dire à l’anglaise. Au vue de l’intérêt que suscite le monde médiéval chez nos contemporains, il y a sans doute, dans l’échantillon, une recherche qui va tout de même un peu au delà du simple dépaysement. En d’autres termes, il y a certainement de cela, mais on ne peut pas réduire l’attrait du moyen-âge qu’à cela, sauf à mieux définir et cerner cette « demande croissante d’évasion ». Doit-on la situer uniquement sur le marché des loisirs en corrélation avec l’augmentation du temps libre? Ou faut-il encore la placer dans les creux de nos sociétés modernes et d’un certain « déficit » de valeurs?

e me permets de citer ici les mots même de Jordi Savall à propos de cet album entièrement dédié aux estampies du manuscrit du Roy parce qu’ils ont le mérite de montrer tout le soin et le sérieux apportés à la préparation de ce type d’albums. En l’absence d’annotations (instruments, tempo, ornementation, etc…), il s’agit d’effectuer là un véritable travail de reconstitution et on voit bien à quel point l’artiste et le chercheur travaillent alors de « concert » pour retrouver l’interprétation la plus juste tout en conservant une liberté laissée de fait également aux musiciens d’alors, par les « vides » même de l’écriture musicale médiévale:


emettre en perspective les légendes arthuriennes et leur immense popularité médiévale, voilà l’objectif que se propose l’historien Michel Pastoureau dans cette conférence. Pour le conduire, il choisit une angle original qui passe par l’approche concrète du large corpus littéraire que le moyen-âge nous a livré sur ce sujet, autant que celle des études de prénoms empruntés à cette littérature que les gens du moyen-âge donnèrent alors à leurs enfants,
chevaliers de la table ronde, on y découvre, entre autre un Yvain et Gauvain bien plus populaires qu’un Arthur ou même qu’un Lancelot.
