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Un virelai de Guillaume de Machaut « Je vivroie liement/Liement me deport »

Guillaume-de-Machaut_trouvere_poete_medieval_moyen-age_passionSujet : musique, chanson médiévale, virelai, maître de musique, chanson, amour courtois.
Titre : Je vivroie liement
Auteur: Guillaume de Machaut (1300-1377)
Période : XIVe siècle, Moyen Âge
Interprète : Falsobordone
Album : Figs, fiddles and fine play, a musical taste of the 14th century (2003)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous faisons un retour sur le grand maître de musique Guillaume de Machaut, aujourd’hui, avec un virelai d’amour courtois que nous avions déjà posté et sur lequel nous avions donné alors traduction et détails.  Cette pièce était alors interprétée par la belle et talentueuse  Elisabeth Pawelke et nous vous proposons cette fois une version plus orchestrée, mais également très réussie, de la formation    Falsobordone.

Falsobordone, une formation suédoise
à la conquête du répertoire médiéval

Formée en 1995, l’ensemble Falsobordone s’est imposée rapidement comme un des leaders dans le répertoire ancien et médiéval, en Suède. Leur champ d’élection reste les XIIIe et XIVe siècles et particulièrement les musiques et chansons en provenance de l’Italie ou l’Espagne médiévale.  On les retrouvera également sur les reprises du répertoire suédois plus traditionnel et folk, avec bien sûr, comme on peut s’y attendre, une prédilection pour les instruments anciens.

Bien qu’ayant fêté leur dix ans, en 2005,  il ne semble pas qu’ils aient été productifs après ces années là en terme d’albums. Le dernier en date reste, pour l’instant, celui dont est tirée la pièce de Guillaume Machaut que nos vous proposons aujourd’hui. Il a pour titre: Fikon, fiddlor och finlir, en musikalisk smak av 1300-talet -: figures, vièles et beau jeu (élégant, subtil), « un goût » ou « la saveur » musicale  du XIVe siècle. On trouve encore quelques traces de concerts autour des années 2010, mais pas d’avantage pour l’instant.

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Pour dire un mot de l’origine du nom de leur groupe, le « Falsobordone » ou le faux-bourdon désigne, en musique, une forme d’improvisation musicale et vocale dans le cadre de chants liturgiques ou sacrés. Cette technique date du XVe et suivants, même si la formation suédoise dont il est question ici s’est plus attachée aux musiques médiévales qu’à celles de l’ère baroque ou de la renaissance.

Pour le reste, tous les détails additionnels sur ce virelai, ainsi que ses paroles traduites en français moderne sont ici : L’amour courtois de Guillaume de Machaut et la belle interprétation d’Elisabeth Pawelke

En vous souhaitant une belle journée et une bonne écoute.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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Guillaume Dufay, l’amour courtois mis en musique par un grand maître du XVe

toubadour_trouvere_musique_poesie_monde_medievale_moyen-ageSujet: chant, chanson, musique médiévale, ancienne, poésie, amour courtois,
Période : moyen-âge tardif (XVe)
Auteur : Guillaume Dufay (1400-1474)
Interprète ; The Unicorn Ensemble
Titre : J’ai mis mon coeur et ma pensée
Album : DUFAY, chansons (1995)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous revenons, aujourd’hui, sur Guillaume Dufay pour partager un peu plus avant la partie de son répertoire dédié à la musique profane et au registre de l »amour courtois. Dans un premier temps et pour sa qualité, autant que pour son côté « enlevé », nous ne vous livrons qu’une version musicale de cette composition qui a pour titre « J’ay mis mon cuer et ma pensee ». Qu’on se rassure tout de même, pour ceux que cela intéresse, vous trouverez  également les paroles de la chanson originale, en pied d’article.

Pour plus d’informations sur le grand compositeur médiéval du XVe siècle Guillaume Dufay, vous pouvez vous reporter valablement à l’article suivant:  La belle se sied au pied de la tour de Guillaume Dufay

Interprètes: l’ensemble Unicorn

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La très belle interprétation du jour, nous vient de l’ensemble Unicorn (The Unicorn Ensemble). On doit déjà autour de huit albums à cette formation autrichienne qui se consacre aux musiques médiévales et qui s’est formée en 1991.

De formation classique, le groupe est dirigé par  Michael Bosch, un musicien formé à l’Académie de musique et des arts de Vienne dont il est même sorti primé. Avec des contributions sur plus de trente cinq CD de musique ancienne et sa participation dans des groupes aussi prestigieux que le Clementic Consort,  en plus de son rôle de directeur de l’Ensemble Unicorn, il est aujourd’hui à la fois, enseignant, interprète (flûtiste  et à droite sur la photo ci-dessus) et contribue également à la rédaction d’ouvrages sur la question des musiques anciennes.

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Pour en dire encore un mot, l’ensemble puise très sérieusement son inspiration à la source des Codex et manuscrits anciens et nous sommes là, aussi près qu’on peut l’être du monde médiéval et de ses musiques.

J’ay mis mon cuer et ma pensee,
Les paroles de la composition originale

Même si, comme nous l’avons dit, elles sont absentes de l’interprétation du jour, nous publions tout de même, ici, les paroles de la chanson originale de Guillaume Dufay. Nous aurons, à n’en pas douter, l’occasion de publier une version les contenant dans le futur.

J’ay mis mon cuer et ma pensee,
Sachiés de vray certaynement,
A vous servir, dame honnouree,
Belle, bonne au vis cler et gent,
Et vous jure par mon serment:
Tant que mon corps aura duree,
En chascun lieu diray vrayment
Que vous estés la mieuls paree.

En vous souhaitant une merveilleuse journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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chanson courtoise médiévale : « La belle se sied au pied de la tour » de Guillaume Dufay

toubadour_trouvere_musique_poesie_monde_medievale_moyen-ageSujet: chant, chanson, musique, poésie médiévale, amour courtois, complainte, manuscrit de Bayeux.
Période : Moyen Âge tardif (XVe siècle)
Auteur : Guillaume Dufay (1400-1474)
Interprète ; Jose Lemos et l’ensemble Pegasus Early Music     –    2015 (concert)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous vous présentons, aujourd’hui, une chanson médiévale du XVe siècle. C’est un chant d’amour et une complainte, celle d’une belle pour son amant prisonnier. Présente dans le Manuscrit de Bayeux (le ms Français 9346 de la BnF),  on la retrouve aussi chez Guillaume Dufay, auteur-compositeur considéré comme un des plus grands musiciens de son temps et dont il faut dire un mot ici.

Guillaume Dufay : éléments de biographie

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Originaire de la région de Cambray, qui l’a vu naître autour de 1400, il y suivra l’enseignement des plus grands maîtres de musique du Duc de Bourgogne. La ville est alors dotée d’un centre de musique religieuse qui fournit des musiciens à la papauté romaine et, très jeune, Guillaume Dufay sera aussi choriste à la  cathédrale de Cambrai.

Quelques vingt ans plus tard, on le retrouvera en Italie et à Rimini, au service de la famille Malatesta. Après un court épisode en France, il retournera autour de 1430, en Italie où il se tiendra rien moins qu’à la cour pontificale, devenant ainsi le musicien des papes. Il léguera d’ailleurs des messes qui feront longtemps référence auprès des musiciens des siècles suivants. Il y restera plus de six années avant de servir à la cour du prestigieux musique_medievale_guillaume_dufay_gilles_de_binchois_moyen-age_tardifduc de Bourgogne, mais aussi à celle du duc  Louis Ier de Savoie.

(Guillaume Dufay et Gilles Binchois, enluminure tirée du manuscrit Le Champion des dames, de Martin XVe siècle). 

Durant cette longue carrière au service de la haute noblesse et des papes, l’auteur-compositeur, musicien et chanteur fusionnera le style français avec le style Italien, en les enrichissant encore d’apports anglais pour donner naissance à ce que l’on a appelé l’école franco-flamande, une école qui brillera pendant près de deux cents ans, et sera reconnu, notamment, pour son art polyphonique. Guillaume Dufay léguera, à la postérité, de nombreuses compositions liturgiques dont des messes et des motets (compositions à plusieurs voix et à capela, apparues dans le courant du XIIe siècle), mais également des compositions profanes, comme celle que nous vous proposons ici, et plus de quatre-vingt chansons qu’on peut lui attribuer avec certitude et qui on été toutes composées avant que ne débute sa carrière à la cour pontificale.

Manuscrit ancien : le codex Canonici 213

L’ouvrage dont est tirée la chanson et composition du jour est un manuscrit ancien, connu sous le nom  codex Canonici 213 et plus précisément : Manuscrit. Ms. Canonici misc. 213. Conservé à la bibliothèque Bodleian d’Oxford, il contient, essentiellement, des chants polyphoniques, religieux ou profanes provenant de la première partie du XVe siècle.

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On y retrouve les compositions de 55 auteurs, principalement  de l’école bourguignonne et de l’école franco-flamande, tels que Gilles guillaume_dufay_musique_medievale_chansons_poesie_gilles_binchois_ecole_flamande_moyen-age_tardifBinchois (Gilles de Binche), Guillaume Dufay, mais aussi Arnold de Lantins et Hugo de Lantins.

On doit au musicologue et au critique John Stainer (1840-1901), d’avoir fait connaître ce manuscrit, à la fin du XIXe siècle en présentant et éditant plus de 50 de ces pièces. Sauf erreur de notre part et pour l’instant au moins, le manuscrit original, ne semble pas être consultable en ligne.

Les interprètes du jour : quand le monde médiéval conquiert New-York

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Fondé en 2005, Pegasus Early Music est un groupe événementiel spécialisé qui organise des concerts et fédère des artistes et des passionnés autour d’un répertoire musical, allant du moyen-âge à la période romantique.

Avec des visées de distribution autant que de sensibilisation, la fondation produit, depuis près de douze ans, plus de 400 concerts par an. Elle organise également divers événements et concours pour faire connaître et appuyer de jeunes talents dans le domaine des musiques anciennes. Pour vous donner un aperçu de leur philosophie et de leur vocation, voici ce qu’ils en disent eux-mêmes:

« Pour les musiciens qui se produisent dans nos concerts, la musique ancienne est une forme d’art vivant, avec sa tradition dynamique d’improvisation et d’innovation; Son esprit de collaboration intense; Son incroyable capacité à communiquer des instincts et des émotions humaines sophistiqués; Et l’intimité directe de son style musique de chambre. Nous sommes passionnément convaincus que la musique ancienne peut être pleine de sens dans le contexte de la société contemporaine, et nous voulons partager cela avec notre public. »     –   Pegasus Early Music

chanson_musique_medievale_moyen-age_tardif_guillaume_dufay_jose_lemos_contretenorLa majorité des concerts ayant lieu dans la région de New-York, sauf à être français (ou francophones) expatriés, le meilleur moyen de découvrir leur travail reste leur chaîne youtube sur laquelle ils partagent sans compter, avec de très belles prises de son, là encore, ou même leur site web que vous pourrez trouver ici : Pegasus Early Music.

Il faut souligner ici la prestation du célèbre Jose Lemos (portrait ci-contre), contre-ténor brésilien formé au Conservatoire de Musique de Nouvelle-Angleterre et à ce jour, mondialement reconnu et primé pour ses prestations dans des registres aussi divers que l’opéra et les musiques anciennes.


Les paroles de la chanson médiévale
de Guillaume Dufay

La belle se sied au pied de la tour,
Qui pleure et soupire et mène grand dolour.
Son père lui demande: fille qu’avez-vous
Volez-vous mari ou volez-vous seignour?

Je ne veuille mari, je ne veuille seignour,
Je veuille le mien ami qui pourrit en la tour.
Par Dieu ma belle fille alors ne l’aurez-vous
Car il sera pendu demain au point du jour.

Père si on le pend enfouyés moi dessous,
Ainsi diront les gens ce sont loyales amours.


En vous souhaitant une merveilleuse journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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Clin d’oeil Kaamelott : Tristan et Karadoc même combat ou presque (au moment du bain)

kaamelott_alexandre_astier_legende_medievale_roi_arthur_moyen_age_passionSujet : Humour médiéval, amour courtois, kaamelott, série médiévale humoristique, roi arthur, légendes arthurienne, chevalier de la table ronde, Tristan & Iseut
Période : XIe siècle et suivant pour l’écriture, haut moyen-âge pour le déroulement.
Média : série télévisée  Kaamelott,  M6 production

Bonjour à tous,

Q_lettrine_moyen_age_passionui aurait pu penser, qu’à travers les siècles et les siècles, un des héros à l’origine de l’Amour courtois, le légendaire Tristan se trouverait comme héritier celui que l’on pourrait qualifier, sans exagérer, d’antithèse absolue de cette forme littéraire et hautement sophistiquée de sentiment amoureux? Et bien, aujourd’hui, nous vous apportons pourtant la preuve en images d’une parenté entre les deux personnages, à tout le moins dans leurs habitudes de bain, même si le mot « habitude de bain » est peut-être un peu enlevé concernant le personnage de Karadoc, personnifié par Jean-Christophe Hembert dans la série Kaamelott dirigée et écrite par Alexandre Astier.

Le légendaire Tristan dans son bain
miniature du XVe siècle

Tristan dans son bain, miniature de 1480.
Tristan dans son bain, miniature de 1480.

« Alors la reine l’hébergea richement, et brassa pour lui des remèdes efficaces. Au jour suivant, Iseut la Blonde lui prépara un bain et doucement oignit son corps d’un baume que sa mère avait composé. Elle arrêta ses regards sur le visage du blessé, vit qu’il était beau, et se prit à penser : « Certes, si sa prouesse vaut sa beauté, mon champion fournira une rude bataille ! » Mais Tristan, ranimé par la chaleur de l’eau et la force des aromates, la regardait, et, songeant qu’il avait conquis la Reine aux cheveux d’or, se mit à sourire. Iseut le remarqua et se dit : « Pourquoi cet étranger a-t-il souri ? Ai-je rien fait qui ne convienne pas ? Ai-je négligé l’un des services qu’une jeune fille doit rendre à son hôte ? Oui, peut-être a-t-il ri parce que j’ai oublié de parer ses armes ternies par le venin.  »
Tristan & Iseult : La quête de la belle aux cheveux d’or

karadoc_kaamelott_legende_medievale_roi_arthur_genial_alexandre_astierLe non moins légendaire Karadoc
dans son bain également


Karadoc :
« Je vais vous dire, l’hygiène on s’en fait tout un monde et, finalement, il suffit de passer le cap. »
Dame Mewanoui: « Est-ce que vous savez que vous ne vous êtes pas savonné. »
Karadoc : « Oh! Deux secondes, y a pas le feu à la baignoire »
                                                     Alexandre Astier – Kaamelott

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A_lettrine_moyen_age_passionlors, Tristan avait-il du Karadoc, ou n’est-ce pas plutôt Karadoc qui aurait du Tristan? Bon, nous nous avançons peut-être un peu vite, mais au delà du bain et même si les deux dames sont blondes dans les deux extraits, il semble bien que les points communs doivent s’arrêter là,

Bien sûr, il faudrait des recherches approfondies pour l’affirmer avec certitude, mais il reste tout de même émouvant de penser qu’à travers les siècles, nos deux héros sont peut-être mystérieusement liés par un peau de saucisson flottant, négligemment, à la surface du bain. Quel fascinant message peut bien se cacher derrière tout cela? A l’instar de l’eau, la peau de saucisson aurait-elle aussi une mémoire? A moi le Da Vinci Code! N’ayant trouvé à ce jour aucune thèse sérieuse sur le sujet, nous ne pouvons nous empêcher de reposer une fois de plus la sempiternelle question (il faut bien que quelqu’un le fasse): que font, au juste, les historiens?

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Q_lettrine_moyen_age_passionuant à ceux, s’il en reste, qui douteraient encore qu’Alexandre Astier a vraiment bossé sur la série et que Kaamelott, c’est du sérieux, même en restant très drôle, le détail historique de la miniature de Tristan, rapproché aux images de Karadoc, a  de quoi leur clouer définitivement le bec.

Pour un résumé de la série et un article complet sur Kaamelott, c’est ici.  Pour acheter les DVD’s, le plus simple reste encore Amazon. A mon grand dam, il semble, en effet, que tous les sites qui se qualifiaient pourtant d’officiels sur la série ou même sur le travail de la famille Astier, ferment les uns après les autres. Pour suivre l’actualité d’Alexandre Astier, il vous reste donc son Facebook et aussi, à vous tenir à l’affût des interviews qu’il peut donner de temps en temps, ici ou là.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com.
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C