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Deux Nouveaux ouvrages historiques aux éditions La Ravinière

enluminure médiéval scripte

Sujet : auteur, romans historiques, édition, essai, guerre de cent ans, aventure, saga historique, fiction médiévale.
Période : XVe siècle, Moyen Âge tardif
Titres : Quentin Durward, Sir Walter Scott (1823-2022), les grandes dames de la guerre de cent ans, Xavier Leloup, Editions La Ravinière (2022)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous avons le plaisir de partager avec vous un nouvel entretien avec l’auteur et éditeur Xavier Leloup. On y parlera de l’actualité de sa maison d’édition, lancée depuis peu, et de deux ouvrages historiques sur le Moyen Âge tardif qui sortent aujourd’hui même.

En vous souhaitant une bonne lecture

Nouveautés : deux livres sur le Moyen Âge,
un entretien avec Xavier Leloup

Propos recueillis par Frédéric EFFE le 8 juin 2022


— Bonjour Xavier ! Très heureux de vous retrouver pour un nouvel entretien et pour prendre des nouvelles de cette grande aventure de l’édition dans laquelle vous vous êtes lancé depuis maintenant près de 10 mois. Entre temps, le troisième tome 3 des Trois Pouvoirs est sorti et, après quelques salons du livre très fréquentés, nous nous retrouvons pour un billet d’actualité sur votre activité d’éditeur de romans historiques sur la période médiévale. Vous allez bien ? Toujours très occupé entre vos activités d’écriture et d’édition ? La tension s’étant libérée sur la Covid, vous avez pu reprendre normalement le chemin des salons et des séances de signature ?

Bonjour Frédéric. Je suis également très heureux de vous retrouver. Je me porte d’autant mieux qu’en effet, depuis quelques mois, auteurs et éditeurs ont pu reprendre le chemin des dédicaces « à visage découvert ». Pour faire la connaissance de ses lecteurs, c’est tout de même plus agréable ! Les signatures des Trois Pouvoirs m’ont ainsi permis de faire de superbes rencontres avec des passionnés de toutes générations. Nombreux d’entre eux m’ont dit combien ils aimaient l’histoire et le Moyen Âge. Cette période les fait rêver. Cela avait toujours été mon intuition, mais c’est toujours un grand bonheur de se l’entendre dire.

Quentin Durward, réédition du roman historique
de Sir Walter Scott

Quentin Durward, roman historique de Sir Walter Scott

Cela fait plaisir à entendre. Nous renverrons les lecteurs désireux de vous rencontrer et de se faire dédicacer vos livres à la rubrique actualité du site web des éditions La Ravinière. Mais revenons à l’actualité immédiate de votre maison d’édition justement. Nous avons eu, le plaisir de découvrir la sortie prochaine de deux ouvrages dont nous allons pouvoir parler dans l’ordre, en commençant par le premier : il s’agit du « Quentin Durward » du grand écrivain et historien écossais des XVIIIe, XIXe siècles Sir Walter Scott. Il était initialement avocat, d’ailleurs. Je ne sais pas si c’est une coïncidence totale, vu que vous étiez vous-même avocat dans une vie passée qui n’est pas si loin, du reste ?

Disons que du prétoire aux récits romanesques il n’y a qu’un pas que certains avocats n’hésitent pas à franchir. Mais pour honnête, je crois que Walter Scott et moi avons surtout en commun de ne pas avoir beaucoup pratiqué la profession !… Cet illustre personnage s’est d’abord fait connaître comme traducteur et poète avant de devenir le père fondateur du roman historique. Et son œuvre est pour moi une inépuisable source d’inspiration. Non seulement parce que c’est à lui qu’on doit d’avoir inventé le genre du roman historique mais surtout parce que, mieux que personne, il a su rendre compte des mentalités qui régnaient au temps de la chevalerie. Avec un art consommé du dialogue, il en fait magistralement revivre les personnages, leur donne du souffle, leur donne du corps. C’est comme si le sang des grandes figures du passé coulait dans ses veines, telles Richard Cœur de Lion ou le maître de l’ordre des Templiers.

D’Alexandre Dumas à Eugene Sue, nombreux ont d’ailleurs été nos auteurs français à revendiquer son héritage. Son influence demeure si grande qu’aujourd’hui encore, certains scénaristes continuent à s’en inspirer. Je pense par exemple au film Kingdom of Heaven, de Ridley Scott, qui emprunte certaines de ses scènes au Talisman, un captivant récit de chevalerie se déroulant au temps des croisades sous le soleil de Palestine. Il était donc naturel pour moi de vouloir de rééditer le plus français de ses romans historiques, et qui plus est se déroule pour partie en Touraine, ma région natale : Quentin Durward.

Alors, avec ce roman historique, Walter Scott nous transporte au cœur du Moyen Âge tardif, du temps des intrigues entre Louis XI et le duc de Bourgogne. On y suit le destin d’un jeune archer anglais, noble et désargenté, qui va se retrouver pris dans tout cela. C’est un livre qui a connu de nombreuses adaptations au cinéma et même à la télévision française et qui a été longtemps reconnu comme un grand classique de cette période.

Ce livre a en effet fait l’objet de célèbres adaptations : d’abord dans les années 50, par le célèbre réalisateur américain Richard Thorpe avec Robert Taylor dans le rôle-titre. Puis dans les années 70, avec une série télévisée franco-allemande qui fit la joie des spectateurs de l’ORTF en même temps que des admirateurs de Jacqueline Boyer, l’interprète de son célèbre générique. Mais depuis, plus rien. En l’espace de quelques années, ce formidable récit d’aventures sur fond de rivalité entre le royaume de France et le duché de Bourgogne semblait être tombé dans l’oubli. Et pourtant, quel roman ! Walter Scott ne nous y retrace pas seulement l’épopée de Quentin Durward, ce jeune archer écossais débarqué en France qui devra surmonter les pires dangers pour conquérir la dame de son cœur, la comtesse Isabelle de Croye. Il nous brosse également le portrait d’un Louis XI tour à tour généreux, cynique, superstitieux et surtout, terriblement manipulateur.

Or, en dépit de son absence de scrupules et de son indifférence à toute forme de pitié, de son machiavélisme, il est difficile pour le lecteur de ne pas s’y attacher. C’est même la figure politique de Louis XI qui m’a donné envie de republier ce classique, et qui justifie d’ailleurs toute la place que son portrait occupe sur la couverture du livre. Car ce souverain était aussi un homme d’esprit. Amateur de bons mots et doté d’un humour ravageur, voir scabreux, il se révèle par moment extraordinairement drôle.

Dans un Moyen Âge finissant, son mépris du protocole et des valeurs chevaleresques semble préfigurer notre époque moderne. En ce sens, c’est un personnage très contemporain. C’est pourquoi il était devenu urgent d’offrir une nouvelle jeunesse à un roman qui plonge le lecteur dans une époque médiévale, certes, fort éloignée de la nôtre, mais dont les intrigues politiques et les coups bas ne sont pas sans rappeler les fameux « coups de billard à trois bandes » si prisés par nos dirigeants d’aujourd’hui. Au vu des soubresauts politiques actuels, ce récit ne devrait pas manquer d’intéresser les nouvelles générations.

En somme, un ouvrage à relire et à redécouvrir pour tous les passionnés de Moyen Âge qui nous lisent et en particulier de son automne, le XVe siècle. On vous souhaite beaucoup de succès pour cette réédition.

Les grandes dames de la guerre de cent ans,
de Xavier Leloup

Les grandes dames de la guerre de Cent Ans ; le pouvoir médiéval au féminin.

Mais parlons, maintenant, de l’autre ouvrage sur lequel nous serions tenté de nous étendre plus encore et ce, à plusieurs titre. Tout d’abord, cette fois, c’est vous qui le signez. Ensuite, son thème nous est familier puisque c’est, ici-même, sur le site moyenagepassion qu’il a vu le jour pour la première fois. Je veux parler, bien sûr, du cycle sur les grandes dames de la guerre de cent ans. Cette série d’articles qui revisite le pouvoir médiéval au féminin sous ses formes variées dans le courant du XVe siècle, a beaucoup plu à nos lecteurs. Alors, dans cet ouvrage, le concept s’est étoffé pour donner naissance à un vrai beau livre qui, nous en sommes convaincu, devrait trouver, rapidement, son public. On y présente plus encore de portraits de dames du Moyen Âge tardif et de manière plus détaillée. Vous pouvez un peu mettre l’eau à la bouche de nos lecteurs ?

C’est par le biais des femmes que j’ai commencé à m’intéresser à la guerre de Cent Ans, ou plus exactement l’une d’entre elles, une certaine Yolande d’Aragon. Comme beaucoup, j’avais entendu parler de Jeanne d’Arc. Jeanne la Sainte, Jeanne la guerrière, Jeanne la fille du peuple qui, suivant le conseil de ses voix, avait fait sacrer le roi Charles VII à Reims et délivré Orléans. Comme pour beaucoup, la libératrice d’Orléans constituait pour moi la référence incontournable. Mais celle qui m’intriguait le plus, c’était Yolande d’Aragon : une femme de pouvoir demeurée dans l’ombre, mais dont la volonté inébranlable avait permis à son gendre, de roi Charles VII, de gagner la guerre de Cent Ans. Cette duchesse d’Anjou me semblait d’autant plus fascinante qu’elle avait secrètement soutenu la Pucelle dès les premières semaines de son épopée et que, selon toute vraisemblance, c’était grâce à cette aide que cette héroïne avait pu mener à bien sa mission… du moins jusqu’à un certain point, comme vous le découvrirez dans le livre.

Deux femmes donc, l’une politique, l’autre guerrière, agissant de concert pour sauver le royaume de France. Le tout durant une période tragique et sanglante : la guerre de Cent Ans. Il y avait là de quoi bâtir un bon roman, voir même une saga. C’est ainsi que je m’attelai à la rédaction des Trois Pouvoirs, dont l’intrigue démarre sous le règne du roi fou Charles VI, en 1407, c’est-à-dire 22 ans avant la libération d’Orléans. Mes recherches me conduisirent naturellement à m’intéresser à d’autres personnages féminins. Car comment évoquer le destin tragique du roi fou Charles VI, le père du « gentil Dauphin » de Jeanne d’Arc, sans y mêler celui de son épouse Isabelle de Bavière ? Comment retracer le funeste destin du frère du roi, le duc Louis d’Orléans, prince brillant assassiné en pleine gloire, sans évoquer celle qui aura cherché à le venger, à savoir son épouse Valentine Visconti ? Comment, enfin, ne pas faire entrer en scène la fameuse Christine de Pizan, l’un des esprits les plus brillants de ce début de XVe siècle ? Je prenais ainsi conscience qu’à cette époque, les femmes ne constituaient pas un simple élément du décorum mais qu’elles prenaient une part active à la vie publique et que, dans bien des cas, leur histoire s’avérait tout aussi passionnante que celle des hommes.

Puis c’est grâce à vous, Frédéric, et à moyenagepassion.com, que j’ai pu me lancer dans cette série de portraits dédiés aux grandes figures féminines du Moyen Âge. Avec le succès de cette chronique, m’est venue l’idée d’y consacrer un livre qui permettrait de mettre en avant ces nombreuses femmes qui ont fait l’histoire de France.

— Nous en sommes très heureux. Mais alors, au sortir, de tous ces portraits de dames du XVe siècle voyez-vous un canevas, une constance, dans toutes ces formes de pouvoir féminin ou avez-vous plutôt découvert leurs formes variées ?

Leur point commun est bien sûr d’avoir vécu durant cette période fort mouvementée que fut la guerre de Cent Ans. Mais ce qui les relie plus étroitement entre elles, c’est leur caractère de battante. Qu’elles aient été saintes (sainte Jeanne d’Arc, sainte Colette de Corbie), politiques (Yolande d’Aragon, Isabelle de Portugal), guerrières (Jeanne de Belleville, Jeanne des Armoises) ou intellectuelles (Christine de Pizan), elles ont toujours fait preuve de résolution, elles ont toujours surmonté les épreuves. Elles ne parvinrent pas toujours à leurs fins, certes. Mais au fond, peu importe. Ce qui est remarquable chez elles est d’avoir su se montrer à la hauteur des événements et de leur idéal, qu’il s’agisse de l’honneur de leur famille, leur foi ou leur patrie. Notons d’ailleurs que la plupart d’entre elles étaient très attachées à la France. C’étaient donc des patriotes.

Nouveautés parution : deux livres sur la période médiévale

Autrement dit, je me suis intéressé à ces « grandes dames » pour elles-mêmes et pas seulement en raison de leurs liens avec leurs époux ou de leurs amants. Certains historiens peuvent avoir eu tendance à évoquer les femmes historiques pour la seule raison qu’elles avaient partagé le lit des puissants. Pensez ainsi à Diane de Poitiers ou à Gabrielle d’Estrées, à madame de Pompadour, à la Montespan. Dans ce livre, c’est l’inverse : les hommes passent au second plan. Et si j’y ai inclus Agnès Sorel, la première favorite officielle de l’histoire de France, c’est pour mettre en valeur son rôle politique. D’où le titre du chapitre qui lui est consacré : « Agnès Sorel, une femme d’influence ».

Si le terme de « féminisme » est sans doute anachronique (à l’exception peut-être de Christine de Pizan, qui a beaucoup écrit sur la condition des femmes), votre expression de « pouvoir médiéval au féminin » me semble en revanche très adaptée. Ces femmes ont exercé le pouvoir sous toutes ses formes, parfois de manière ostensible, parfois plus cachée, mais toujours pleinement. Notons enfin que ces « grandes dames » furent sans doute plus nombreuses qu’on pourrait le croire. Il s’agissait donc pour moi de retrouver leur trace et de les mettre en valeur quand par le passé, avouons-le, justice ne leur avait pas toujours été rendu.

En tout cas, l’ouvrage devrait faire merveilleusement écho avec l’anniversaire des 500 ans d’Anne de France et aux différents colloques et expositions données cette année sur le pouvoir féminin au Moyen Âge. Encore une fois, nous sommes certains qu’on le verra sans doute sur bien des plages ou des lieux de vacances cette été !

Absolument ! Le lecteur y trouvera 12 portraits de dames ayant joué un grand rôle dans l’histoire médiévale et l’ouvrage est conçu pour s’adresser au grand nombre, qu’on soit passionné d’histoire ou simplement curieux d’esprit. Je me suis efforcé de scénariser le propos et de faire ressortir la psychologie de mes héroïnes. A plus de quatre siècles de nous, ces dernières devraient encore parler à de nombreuses femmes d’aujourd’hui.

Nous en sommes certain aussi. Avant de nous séparer, profitons-en pour rappeler que ces deux livres historiques viennent tout juste de paraître. Et une autre bonne nouvelle pour nos lecteurs, je crois que désormais vos ouvrages sont disponibles dans certains points de grande distribution, c’est bien cela ? Il devrait donc être encore plus simple de les obtenir.

Vous pourrez non seulement retrouver ces livres en librairies ou sur le site de la Ravinière mais aussi sur Amazon ou dans les boutiques de grands monuments historiques tel que le château de Vincennes, où la saga des Trois Pouvoirs figure déjà en bonne place. Les éditions La Ravinière viennent par ailleurs d’intégrer le catalogue d’ELECTRE, la base de référence et l’outil de recherche de toutes les librairies, bibliothèques et autres médiathèques françaises. J’en profite enfin pour annoncer trois dates de dédicaces : le 25 juin à la librairie La Boîte à Livres de Tours, le 2 juillet à la librairies Les Petits Mots à Chatou (Yvelines) et enfin le 5 août, chez Lu et Approuvé à Amboise.

Très bien. Nous nous assurerons de les transmettre à nos lecteurs. En vous remerciant encore de votre temps et en vous souhaitant un très bel été littéraire.


Retrouvez nos autres entretiens avec Xavier Leloup
Février 2021Décembre 2021

Découvrir ses articles sur Les grandes dames de la guerre de cent ans : 


En vous souhaitant une excellente journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

MUSÉE ANNE DE BEAUJEU : une Grande exposition & un colloque autour d’Anne de France

Musée Anne de Beaujeu

Sujet : Anne de France, exposition, colloque, peintures, arts, sculptures, manuscrits anciens, ducs de Bourbon, Bourbonnais.
Expositions & colloques : Anne de France, Femme de pouvoir, Princesse des Arts
Dates : jusqu’au 18 septembre 2022
Lieu : Musée Anne-de-Beaujeu, 5 Pl. du Colonel Laussedat, 03000 Moulins, Auvergne-Rhône-Alpes

Bonjour à tous,

l y a plus d’un siècle, on inaugurait à Moulins, dans l’Allier, le Musée départemental Anne de Beaujeu (mab). Situé dans un pavillon attenant au prestigieux Château des ducs de Bourbon, l’institution accueille encore, de nos jours, de nombreux visiteurs. Elle leur propose la découverte de collections variées qui lui ont, quelquefois, valu le surnom mérité de « petit Louvre ». L’institution, qui suscite un grand enthousiasme auprès du public, est référencée dans de nombreux guides et elle est même entrée, en 2016, au classement des musées étoilés du guide vert Michelin.

Un petit Louvre au cœur de l’Allier

Collections du Musée Anne de Beaujeu

En terme de périodes historiques et de pièces exposées, les visiteurs trouveront au mab un parcours aussi vaste que riche. Si le Moyen Âge y est représenté, il est loin d’être le seul. Du côté des expositions permanentes, les collections du mab vont de l’égyptologie et de l’archéologie régionale jusqu’à l’art décoratif local et encore de grandes toiles et sculptures du XIXe siècle. Entre le temps des pharaons et le XIXe siècle, le musée présente également l’histoire des Bourbons et des sculptures bourbonnaises allant du Moyen Âge à la renaissance, mais aussi des peintures et sculptures des XVe et XVIe siècles, en provenance d’Allemagne et des Pays Bas.

Les collections de l’institution ne s’arrêtent pas là. Le beau musée Anne de Beaujeu a, en effet, en charge la conservation de près de 20 000 objets et œuvres d’art qu’il dévoile, aux yeux du public, au fil d’expositions plus temporaires. On peut alors y découvrir des pièces d’exception dans des domaines aussi variés que les arts, les arts décoratifs, ou même l’histoire naturelle et la numismatique. Au delà de ses expositions permanentes et temporaires, le musée répond également présent à l’occasion d’événements spéciaux comme les journées nationales du patrimoine ou la nuit des musées. Enfin, dans la veine de ses activités de conservation et de promotion de ses collections, il édite également divers guides, de beaux livres d’art ou des catalogues d’exposition.

L’actualité du Musée Anne de Beaujeu

Côté actualité, un triple événement vous attend, en 2022, au Musée Anne de Beaujeu. Débuté depuis mars dernier, il se poursuivra jusqu’au 18 septembre de cette année et on y célèbre l’anniversaire de la disparition des 500 ans d’Anne de France (1461-1522).

Exposition événement : Anne de France,
Femme de pouvoir, Princesse des Arts

Affiche Exposition colloque sur Anne de France

Le Ministère de la Culture et la région se sont associés au mab pour faire de cette exposition sur Anne de France un événement exceptionnel. Le musée s’est également allié à d’autres établissements de renom et des pièces de haut vol sont venues enrichir momentanément le patrimoine du musée. Elles proviennent d’institutions aussi prestigieuses que Le Louvre, Versailles, Ecouen, la National Gallery et la Wallace Collection.

Comme on le verra, la grande princesse de la fin du Moyen Âge, épouse de Pierre de Bourbon et fille ainée de Louis XI et de Charlotte de Savoie, n’a pas fait que régner sur le duché du Bourbonnais et donner, plus tard, son nom au Musée Anne de Beaujeu. Cette exposition est là pour témoigner de la grandeur d’Anne de France sur les terrains étatiques, comme artistiques. En juin, l’événement se doublera même d’un colloque visant à explorer, de manière plus large encore, l’influence de cette grande dame des XVe et XVIe siècles, sur les arts, comme sur la politique et la société de son temps.

Deux ouvrages pour accompagner l’exposition

Livre bibliographie Anne de France

Pour tout ceux désireux de mieux connaître la personnalité et les faits d’Anne de France, Aubrée David Chapy, docteure et professeure agrégée d’histoire, co-commissaire de l’exposition vient également de faire paraître, aux éditions Passés-composés l’ouvrage « Anne de France, Gouverner au féminin à la Renaissance ». Il s’agit d’une biographie-essai sur la princesse et femme d’Etat de la fin du Moyen Âge. L’historienne qui a fait de la construction du pouvoir au féminin au Moyen âge tardif et à la Renaissance, un de ses sujets de prédilection est aussi une grande spécialiste d’Anne de France. Elle y avait, en effet, déjà consacrée une partie de sa thèse de doctorat, brillamment reçue, en 2014.

A noter également que les deux commissaire de l’exposition, Aubrée David Chapy donc, et Giulia Longo, conservatrice du musée ont également fait paraître le catalogue de l’exposition, sous le titre Anne de France (1522-2022): Femme de pouvoir, princesse des arts. Il est, lui aussi disponible depuis courant mai (voir en ligne).

Un grand colloque sur Anne de France

Comme indiqué plus haut, d’ici quelques semaines, un colloque viendra s’ajouter à l’exposition pour honorer Anne de France et son leg. Il aura lieu les vendredi 17 et samedi 18 juin 2022, au théâtre de Moulins et aura pour titre : « Autour d’Anne de France. Enjeux politiques et artistiques dans l’Europe des années 1500.« 

Colloque autour d'Anne de France et pouvoir féminin médiéval

Du point de vue du programme, la qualité des invités est à la mesure des ambitions de l’événement. Ils seront, en effet, près de 20 universitaires, conservateurs et spécialistes venus des plus prestigieuses universités et institutions françaises ou étrangères pour parler d’Anne de France, de livres et des arts bourbonnais contemporains de la Princesse. Un journée entière de ce colloque sera également dédié au pouvoir conjugué au féminin durant ces même siècles, du Moyen âge tardif et à la Renaissance.

Pour nous qui nous nous sommes déjà avancé en partie sur ces thématiques de l’empreinte des femmes dans l’histoire de France (voir le cycle sur les grandes dames de la guerre de cent ans), ce programme s’annonce d’excellente faction. On y trouvera du savoir de qualité librement dispensé puisque l’entrée est libre et sans réservation.

Voir le programme détaillé de ce colloque

De prestigieux manuscrits de la BnF

Exposition manuscrits anciens BnF - Collection ducs de Bourgogne

Pour ajouter à ces deux événements, une seconde exposition débutera le 18 juin et se poursuivra, elle aussi, jusqu’au 18 septembre 2022. Le public aura l’opportunité d’y découvrir de prestigieux manuscrits de la BnF sur le thème « Trésors enluminés des ducs et duchesses de Bourbon ». Nous restons donc dans le thème.

D’autres conférences et visites guidées autour de ces expositions animeront la vie du musée durant les mois à venir. Pour le détail de ses programmes et des horaires, voir le site officiel du Musée Anne de Beaujeu.


Ajoutons, pour conclure, que ceux qui ne s’y sont jamais rendus au musée Anne de Beaujeu de Moulin pourront profiter de leur présence sur place, pour effectuer une visité guidée du château des ducs de Bourbon.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes

NB : le portrait d’Anne de France sur l’image d’en-tête est extraite du superbe Triptyque du Maître de Moulins de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation de Moulins . Il a vraisemblablement été réalisé par le peintre Jean Hey entre la toute fin du XVe et le début du XVIe siècle. Les autres photos de l’article proviennent du Musée Anne de Beaujeu.


POÉSIE MÉDIEVALE SATIRIQUE : LE PRINCE DE GEORGES CHASTELLAIN(3)

Georges Chastellain - Enluminure manuscrit médiéval Ms 11020-33

Sujet : poésie satirique, poésie médiévale, poète belge, poésie politique, auteur médiéval, Bourgogne médiévale, Belgique médiévale, moyen-français.
Période : Moyen Âge tardif, XVe siècle
Auteur : Georges Chastellain (1405 – 1475)
Manuscrit médiéval : Ms 11020-33, KBR museum
Ouvrage : Oeuvres de Georges Chastellain T7, Baron Kervyn de Lettenhove. Bruxelles (1865).

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous continuons d’explorer la poésie satirique de Georges Chastellain (Chastelain), appelée « Le Prince« . Aux siècles passés, ce texte politique de l’auteur médiéval avait laissé penser à quelques médiévistes qu’il était dirigé à l’encontre de tous les mauvais princes, en général. Il faut dire que Chastellain nous décrivait là tant de vices et de travers qu’on aurait pu avoir peine à croire qu’un seul prince puisse, à lui seul, les cumuler.

Comme le poète du XVe siècle ne citait, nominativement, aucun puissant dans sa diatribe, le doute était permis ; quelques flous de datation ajoutaient encore à la confusion. Selon les derniers recoupements, les spécialiste de littérature médiévale du XXe siècle ont, toutefois, tranché. Au sortir, il semble que c’est bien Louis XI qui était la cible des foudres de l’auteur médiéval. A la même période, cette poésie a connu quelques résonnances également en Bretagne puisqu’elle inspira à Jean Meschinot quelques ballades acidulées. Pour les rédiger, le poète breton réutilisa même directement les strophes de Chastelain en guise d’envoi de ses propre poésies.

Le prince de Georges Chastellain - extrait avec enluminure médiévale

Du point de vue des sources

Pour la transcription en graphie moderne de cette poésie du Moyen Âge tardif, nous nous appuyons sur les Oeuvres de Georges Chastellain par le Baron Kervyn de Lettenhove (1865). Pour une source manuscrite et historique plus ancienne, vous pouvez retrouver cette pièce dans le manuscrit Ms 11020-33 du KBR Museum (Bibliothèque royale de Belgique). Il fait partie de la prestigieuse collection des Manuscrits des ducs de Bourgogne du musée.


Le Prince, strophes XVII à XXIV
avec aides de traduction en français actuel

Nous reprenons notre exploration où nous l’avons laissée à la strophe XVII. Pour les deux premières parties de cette poésie satirique, nous vous invitons à vous reporter à nos articles précédents : Voir Le Prince de Georges Chastelain (1) et Le Prince de Georges Chastelain (2).

Même si le moyen français du XVe siècle se rapproche du nôtre, nous joignons de nombreuses clés de vocabulaire en français actuel pour une meilleure compréhension.

Prince qui hayt* (de haïr) remonstrance et doctrine,
Plus est venu d’excellente origine,
Tant plus lui tourne à grant grief et esclandre,
Et n’a dangier si grant dessus la terre
Que quant ne chault à prince en quoy il erre
* (se trompe);
Car ce seroit pis que le sang espandre.

Prince qui sourt
* (fait apparaître) nouvelletés estroites
Et rétrécit les amples voies droites ,
Celles que honneur doit maintenir non fraintes
* ( rompues, enfreintes).
Celuy esmeut cœurs d’hommes à murmure,
Les fait tourner à hayne et à froidure
Et contre luy former larmes et plaintes.

Prince qui hayt avoir puissant voisin
Et envis voit que parent ou cousin
Règne emprès lui en honneur et en gloire,
Que fait-il tel fors monstrer de sa vie
Qu’il est remply d’orgueil vain et d’envie
Et hayt tous ceux dont digne est la mémoire ?

Prince qui mal ne doubte, ne ne poise
* (de peser),
Mais mesmes quiert
* (cherche) sédition* (discorde) et noise* (querelle)
Et en ce faire il se baingne et délite
* (se complait),
Sy monstre au doigt que longue paix luy griesve
* (lui déplait)
Que d’autruy bien il se tourmente et criesve
Et de salut désire à estre quitte.

Prince qui point ne craint hommes offendre,
C’est le vray signe en quoy l’on peut entendre
Que la crémeur
* (cremor, crainte) de Dieu petit lui monte ;
Or advisons quel fin celui doit traire
* (endurer)
Qui attrait Dieu et homme à son contraire
Et au courroux de nul des deux n’aconte
*
(considèrer, tenir compte).

Prince qui porte et soustient les mauvais
Contre les bons, l’honneur de son palais,
Et en perverse et honteuse querelle,
Celuy conduit un criminel ouvraige,
Qui amatist
* (vaincre, réduire, flétrir), maint noble et haut couraige
Pour ce que l’œuvre en est desnaturelle
* (contre nature).

Prince mordant et aigre en sa parole
Et qui sans poix son langaige dévole
* (prononce)
Et de légier
* (facilement) le contourne à injure,
Celuy en peu ses mœurs donne à congnoistre.
On peut dire que le cœur de son cloistre
N’est pas bien sain, ne de bonne nature.


Prince addonné à meschantés soubtives,
A subtillier subtilletés chétives,
(1)
Qui doit penser à haute chose honneste
Tout en tel soing meschant en quoy il veille,
La puce enfin le prendra par l’oreille,
Et dont luy propre il mauldira sa teste.

(1) Le prince qui s’adonne à des méchancetés élaborées (subtiles), qu’il perfectionne en de méprisables subtilités, alors qu’il devrait penser à des choses élevées, honorables et honnêtes, au lieu de prendre soin d’être mauvais en toute chose dont il s’occupe, la puce viendra…


Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes

NB : le portrait de Georges Chastellain sur l’illustration et sur l’image d’en tête est tiré du Manuscrit médiéval : « la Chronique des ducs de Bourgogne de Georges Chastellain », référencé ms français 2689 et conservé au département des manuscrits de la BnF. Pour voir cette enluminure en entier, vous pouvez vous reporter à nos articles précédents sur Le Prince de Chastellain. En arrière plan, toujours sur l’image d’en-tête, nous avons utilisé la page du Manuscrit Ms 11020-33 du KBR Museum (Bibliothèque royale de Belgique) correspondant aux versets du jour. La Bibliothèque Royale de Belgique a eu la bonne idée de numériser ce manuscrit daté du XVe siècle et il peut être consulté sur le site du Musée.

Expo-conférence : Des femmes et des sorcières au kbr Museum

Actualité du KBR

Sujet : conférences, exposition, manuscrits médiévaux, ducs de Bourgogne, enluminures, Belgique médiévale, représentations médiévales, sorcières.
Période : Moyen Âge central à tardif
Expo-conférence : Sorcières avant la lettre
Lieu : KBR Museum,  Mont des Arts 28, Bruxelles, Belgique
Dates : du 26 octobre au 24 avril 2022

Bonjour à tous,

ous vous avons déjà parlé, ici, du KBR Museum de Bruxelles et de sa belle collection de manuscrits médiévaux de la Bibliothèque des Ducs de Bourgogne (voir article sur le Brussels Renaissance Festival).
Depuis un mois et jusqu’au 24 avril 2022, la prestigieuse institution belge (connue, par le passé, sous le nom de Bibliothèque Royale), a décidé de présenter au public une nouvelle série d’ouvrages de cette collection, le tout enrichie de conférences.

Des sorcières au Moyen Âge ?

Avec pour titre « Sorcières avant la lettre » le thème choisi est de ceux qui fascinent. Il interpelle particulièrement quand on sait que la période ciblée, pour cette exposition, est celle des manuscrits, soit le XVe siècle et le Moyen Âge tardif. Or, nous le savons bien aujourd’hui, l’idée de sorcières et de bûchers à perte de vue, durant les temps médiévaux, est tout simplement fausse même si ce préjugé a la vie dure. S’il perdure même encore dans l’esprit du grand public, la réalité est tout autre. Historiquement, la chasse aux sorcières et la plupart des faits et légendes autour de ce personnage féminin emblématique sont plus tardifs ; les terribles procès et exécutions ont, notamment, connu leur acmé au XVIe et même au XVIIe siècle.

Si le thème de la sorcière tel qu’on se le représente le plus souvent n’est pas médiéval, le cycle expo-conférence du KBR Museum entend, comme son nom l’indique, interroger sa présence à l’aube de sa cristallisation. Il sera donc question de remettre les pendules à l’heure, tout en cherchant à amener une idée plus objective de la femme et son statut dans la Belgique et la Bourgogne du Moyen Âge tardif. Des réalités quotidiennes aux représentations les plus imaginaires, les 30 manuscrits sélectionnés et leurs enluminures permettront d’approcher cet ensemble de représentations complexes. Au passage, le public découvrira d’étonnantes incarnations, fantastiques et surnaturelles, que la femme a pu endosser à la fin du Moyen Âge. Sur les aspects religieux, on ne pourra, non plus, éviter l’image de la Vierge et l’importance du culte marial.

Enluminure médiévale sur l'image de la femme
Enluminure du ms 9228 – Legenda aurea (VF), J. de Voragine. trad J. de Vignay, KBR Museum

Programme des conférences

Dans la continuité de l’exposition, les conférences permettront d’approfondir le thème en interrogeant elles-aussi le (ou les) statut(s) de la femme et de la sorcière au Moyen Âge tardif.

Conférences en langue française

Samedi 27 nov. 11h00 – KBR auditorium
Féminismes & sorcières : histoire d’une idylle et d’une exposition, Valérie Piette et Nathalie Lévy (commissaires de l’exposition « Witches! »)

Samedi 11 déc. 11h00 – KBR auditorium
La construction de l’image de la sorcière au Moyen Âge,
Maxime Gelly-Perbellini (EHESS et ULB)

Samedi 18 déc. 11h00 – KBR auditorium
La « chasse aux sorcières » à l’écran : entre discours féministes et antiféministes, François Dubuisson (ULB)

Samedi 15 jan. 11h00 – KBR auditorium
Christine & the Bitches… La querelle des femmes au XVe s, Tania Van Hemelryck (UCLouvain)

Conférences en langue flamande

Samedi 4 déc. 11h00 – KBR auditorium
Heksen, horror en hoeren? Over de werkelijkheid achter de verhalen van vrouwen in de « donkere middeleeuwen » Jelle Haemers (KU Leuven)

Samedi 29 jan. 11h00 – KBR auditorium
Vrije/Vrijende vrouwen in de Zuidelijke Nederlanden, Jonas Roelens (UGent)

Pour toute information et réservations sur l’expo ou les conférences, consulter la page de l’exposition sur le site du KBR Museum.

Enluminure médiévale sur des femmes sirènes, ms 9242
L’Enluminure de Bavon de Phrygie, dans le ms 9242 – Volume 1 des Chroniques de Hainaut

« Witches » : les sorcières à travers les âges

Ce cycle qui aborde le statut de la sorcière au Moyen Âge tardif, entre représentations et réalités, est réalisé en partenariat entre le KBR Museum et l’ ULB Culture. Il est avantageusement complété par une grande exposition intitulée « Witches » et proposée à l’Espace Vanderborght de Bruxelles (50, Rue de l’Ecuyer).

Sabbat, Albert Joseph Penot. 1910 (détail)

Du 27 octobre 2021 au 16 janvier 2022, cette exposition unique se propose de vous faire découvrir les sorcières à travers les âges, au moyen de 400 documents de toute nature. On y trouvera une large sélection qui va d’œuvres d’art à des documents d’archives, en allant jusqu’à des objets ethnographiques et extraits de films. Amateurs de Moyen Âge et de sorcières à tous les étages, la chose est claire : entre conférences, beaux manuscrits et grande exposition, vous avez désormais trois excellentes raisons de vous rendre à Bruxelles dans les mois qui viennent.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

Sur les bûchers au Moyen Âge voir La Légende noire de l’Inquisition.
Sur une femme surnaturelle, voir Odes à Mélusine, fée Bâtisseuse.

NB : l’enluminure en tête d’article est tiré du ms 9242 conservé au KBR Museum et daté du XVe siècle. Ce somptueux manuscrit médiéval de la Bibliothèque des Ducs de Bourgogne (à consulter en ligne ici) est le tome 1 des Chroniques de Hainaut. Ecrites en latin par Jacques de Guise et traduites en langue d’oïl par Jean Wauquelin, ces dernières content sur 3 volumes l’histoire du Comté de Hainaut jusqu’à la fin du XIVᵉ siècle. Les enluminures de ces trois manuscrits anciens sont réalisées par Roger de Le Pasture. Celle du jour représente les déboires de Bavon de Phrygie, fondateur du royaume des Belges, qui ayant pris la mer avec les rescapés pour échapper à la déroute de Troyes, voit son embarcation assaillie par deux monstrueuses sirènes.