
Période : XIIIe siècle, moyen-âge central
Auteur : Martín (ou Martim) Codax
Titre: Quantas Sabedes Amar Amigo
Interprètes : Montserrat Figueras, Jordi Savall, Ferran et Arianna Savall
Album : Du temps & de l’instant (2005)
Bonjour à tous,

Le Parchemin Vindel

Ajoutons encore qu’à ce jour, le Parchemin Vindel et le Parchemin Sharrer (lui aussi découvert très tardivement, vers la fin du XXe siècle), sont les deux seuls documents anciens ayant permis de retrouver les compositions musicales originales des Cantigas de Amigo.
Le legs et les chansons de Martín Codax
Les chansons de Martín Codax sont toutes regroupées sous le genre des Cantigas de amigo ou chansons pour l’être aimé et nous sommes donc clairement ici dans le registre lyrique de l’amour courtois.
Les oeuvres léguées par le poète galaïco-portugais sont peu nombreuses ; sept chansons ont été mises à jour pour l’instant et le parchemin Vindel a permis de retrouver la musique de six d’entre elles. Jusqu’à encore récemment le succès de ce troubadour médiéval a largement débordé la péninsule ibérique et on le trouve repris par un nombre incalculable de formations spécialisées dans les musiques anciennes, à travers l’Europe et même au delà. La musicalité de la langue galaïco-portugaise autant que la pureté et la simplicité de sa poésie y sont indéniablement pour beaucoup. Les chansons de Martin Codax les plus souvent reprises mettent en scène la mer de Vigo et ses vagues évocatrices de contemplation et de poésie. C’est le cas de celle du jour à laquelle la talentueuse chanteuse lyrique soprano Montserrat Figueras prêtait son talent dans les années 2000.
Quantas sabedes amar amigo, par Montserrat Figueras
Du temps & de l’instant
Pour l’interprétation de la Cantiga de Amigo du jour, la V, nous avons donc choisi l’envoûtante interprétation de Montserrat Figueras accompagnée de Jordi Savall, de leurs deux 
L’enregistrement date de 2005 et il est tiré de l’album au titre français : Du temps & de l’instant. Les artistes catalans signaient là une production familiale et intimiste présentant une sélection de pièces allant du moyen-âge central à des siècles plus récents (XVIIIe et au-delà). Ils y visitaient au passage l’Espagne, la Catalogne, l’Orient et même encore la Grèce et le mexique. L’album est toujours disponible à la vente sur le site officiel d’Alia Vox, leur maison de distribution.
Les Paroles de la Cantiga de Amigo V
et leur traduction, adaptation en français
Dans les chansons issues de Cantigas de Amigo, le troubadour met en général ses mots dans la bouche d’une demoiselle parlant de l’être aimé, le louant ou l’attendant. C’est le cas ici.
Quantas sabedes amar amigo
treydes comig’ a lo mar de Vigo:
E banhar-nos-emos nas ondas!
Jusqu’à quel point sais-tu aimer un ami (mon ami?)*
Viens avec moi à la mer de Vigo :
Et nous nous baignerons dans les vagues !
Quantas sabedes amar amado
treydes comig’ a lo mar levado:
E banhar-nos-emos nas ondas!
Jusqu’à quel point sais-tu aimer l’être aimé (mon aimé?)
Viens avec moi à la mer de Vigo :
Et nous nous baignerons dans les vagues !
Treydes comig’ a lo mar de Vigo
e veeremo’ lo meu amigo:
E banhar-nos-emos nas ondas!
Viens avec moi à la mer de Vigo
Et nous verrons mon ami :
Et nous nous baignerons dans les vagues !
Treydes comig’ a lo mar levado
e veeremo’ lo meu amado:
E banhar-nos-emos nas ondas!
Viens avec moi dans la mer agitée
Et nous verrons mon aimé :
Et nous nous baignerons dans les vagues !
* Notez que nous traduisons « Quantas sabedes amar » comme « Jusqu’à quel point (COMBIEN) sais-tu aimer » ce qui me parait le plus littéral et logique même si c’est une traduction totalement hispanisante que j’assume : « Cuantas Sabeis amar… »
L’absence de ponctuation laisse à penser que « Combien sais-tu aimer, ami » sous entendu « mon ami, mon aimé » peut-être sujette à caution, ce qui pourtant serait, là encore en espagnol contemporain, sans doute plus correct et donnerait en plus à la chanson un sens différent certes, mais peut-être plus logique ou « coulant ». Comme on trouve de nombreuses traductions espagnoles à la ronde qui ajoutent l’article indéfini « UN ». « Combien sais-tu aimer UN ami ou l’être aimé » Dans le doute, je le laisse donc et garde la porte ouverte aux deux options, même si je ne suis convaincu qu’à moitié et lui préfère largement la première : la jeune fille parlant à son propre amoureux, le « défiant » gentiment et l’invitant à la rejoindre dans les vagues. On retrouve encore et quelquefois cette phrase traduite comme « Toi qui sais aimer un ami » mais dans ce cas-là le « Quantas » est occulté et cela me semble encore moins correct.
En vous souhaitant une belle journée.
Fréderic EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.


ous avions déjà dédié un article détaillé à la célèbre chanson anglaise traditionnelle Greensleeves dont les traces écrites remontent à la fin du XVIe siècle et qui, on s’en souvient, avait inspiré le non moins célèbre Port d’Amsterdam de Jacques Brel. Après vous avoir présenté ici différentes versions vocales ou instrumentales de cette ballade, en voici donc aujourd’hui une nouvelle. Harpe, flûte et violoncelle, on la doit à un Trio d’artistes d’origine américaine (Etats-Unis) et, si cette interprétation n’est que musicale, elle nous entraînera pourtant, comme on le verra, du côté d’un chant religieux et chrétien du XIXe, loin de la jeune fille « aux manches vertes » des paroles originelles.



‘est toujours un vrai plaisir de découvrir ou redécouvrir des pièces d’anthologie en provenance du monde médiéval, tout en faisant tribut aux musiciens et artistes contemporains qui les font revivre pour nous. Aujourd’hui, comme nous l’avons engagé il y a quelque temps déjà, nous continuons notre exploration des Cantigas de Santa Maria en essayant, sinon de toutes les traduire littéralement en français au moins d’en approcher clairement le sens.




