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Parenthèse détente : la bibliothèque imaginaire de Kaamelott et un récapitulatif des ouvrages réels, disponibles sur la série

kaamelott_cinema_trilogie_humour_alexandre_astier_news_infos_serie_culteSujet : légendes arthuriennes, humour, série télévisée, série culte, Kaamelott, comédie, légendes arthuriennes, Dame Séli, Joelle Sevilla, Carmélide
Période : moyen-âge central, haut moyen-âge
Auteur : Alexandre Astier
Médias : détournement, créa graphique, humour, livres et ouvrages sur la série,

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour se détendre un peu à l’approche du week-end, voici une petite parenthèse d’humour à la façon Kaamelott, avec un nouveau livre inspiré de la série télévisée créée par Alexandre Astier. Comme on nous pose quelquefois la question, je précise une fois de plus que cet ouvrage est imaginaire et qu’il serait donc vain de le chercher dans votre librairie préférée. Je sais, c’est super triste, moi aussi ça me le fait.

Du coup, une fois nos âneries posées, nous profiterons également de cet article pour vous donner un panorama exhaustif des livres déjà parus sur et autour de la série culte. Si après ça, vous vous ennuyez encore en attendant le sortie du long métrage, il ne vous restera plus qu’à re re re re visionner pour la enième fois les DVDs.

Créa du jour : les pâtisseries de Dame Séli

Cette fois, côté détournement, c’est donc au tour de Dame Séli de Carmélide  de s’y coller avec ses légendaires pâtisseries qui feront dire à son « cher et tendre » époux (faut l’dire vite):

leodagan_kaamelott_legende_medievale_roi_arthur_moyen-age_passion« Sans vouloir la ramener, la seule différence avec des briques, c’est que vous appelez ça des tartes. »
Léodagan de Carmélide (Lionnel Astier),
Kaamelott – Alexandre Astier

Saluons au passage le grand sens pédagogique de ce cordon bleu émérite; le titre de l’ouvrage donne le ton et l’apprentissage s’annonce à l’ancienne et à grands coups d’claques sur le museau.

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Mère de Guenièvre et belle-mère de roi Arthur qu’elle incarne avec énergie et brio dans Kaamelott, Joelle Sevilla est aussi la mère de l’auteur dans la vraie vie. Oui bon bien sûr, ça se sait, mais au cas où je le redis. Grande actrice à l’écran, elle a créé et préside également depuis 30 ans à Lyon l’Ecole et Société de production Acting studio.

Entre autres productions, c’est à cette structure que l’on doit le court-métrage Dies Irae, réalisé par Alexandre Astier et qui avait permis de lancer la série et de convaincre M6 et Calt Production de s’y engager.

Précisons que les enseignements dispensés par l’Ecole lyonnaise (ateliers théâtre, stages d’acting et masterclass) et leurs qualités pédagogiques sont à quelques sérieuses distances de ce que pourrait laisser suggérer l’ouvrage loufoque ci-dessus. De l’autre côté de l’écran ou de la scène, à l’Acting Studio de Lyon, on aime, en effet, les acteurs sans réserve. La preuve même la présidente nous le dit dans son édito :

« J’aime ce métier et ceux qui le font. Si on me pose la question encore aujourd’hui, «qu’aimez vous le plus au monde ?» je répond toujours «les acteurs». » Joelle Sevilla –  Edito du site Acting studio

On notera, au passage, que le goût de l’auteur de Kaamelott pour servir à chaque acteur, des personnages et pièces sur mesure qui s’inspirent en grande partie de leur propre nature ou caractère, mais aussi le grand respect qu’il a de leur travail et qui fait chez tous l’unanimité, ne viennent pas de nulle part.

Lectures Kaamelott

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour des lectures plus officielles et moins virtuelles autour de Kaamelott, voici donc, comme promis, une petite synthèse des ouvrages que vous pourrez trouver à la vente en ligne sur le sujet, ainsi que les liens pour les acquérir.

Kaamelott sur la plage ou sur la table de chevet : les scripts & dialogues des trois premiers livres

Sans écran et au format poche, l’auteur a eu la bonne idée de faire paraître les scripts des trois premiers livres de la série. A la faveur d’un petit moment de tranquilité, on peut ainsi retrouver, avec bonheur, le rythme effréné, la drôlerie et la qualité des dialogues qui ont fait tout le succès des légendes arthuriennes « made in France ».

Kaamelott, Livre 1,
1ère partie. Episodes 1 à 50 
Kaamelott, livre 1,
2ème partie. Episodes 51 à 100
Kaamelott, Livre 2,
1ère partie .  Episodes 1 à 50
Kaamelott, Livre 2,
2ème partie. Episodes 51 à 100
Kaamelott, Livre 3,
1ère partie : Episodes 1 à 50
Kaamelott, Livre 3,
2ème partie. Episodes 51 à 100

Les Bandes Dessinées Kaamelott

Huit tomes sont déjà parus chez Casterman. Tous écrits de la main de l’auteur Alexandre Astier et réalisés en collaboration avec   Steven  Dupré  pour la partie illustration, ils proposent des aventures débridées dans l’univers de la série, affranchies des contraintes de productions télévisuelles et cinématographiques. De fait, on s’y rapproche encore plus résolument de l’univers médiéval fantastique de type Donjons et Dragons cher à Alexandre Astier, avec son lot de créatures imaginaires pour mettre en échec (ils se débrouillaient déjà très bien sans elles) les (presque) « preux » chevaliers. La dernière BD en date est parue début janvier 2018 (Angouleme s’en souvient encore). C’est le premier opus d’une histoire en deux parties :   Kaamelott, Tome 8 : L’Antre Du Basilic

Les autres BD Kaamelott déjà parues :

Kaamelott, Tome 1 : L’Armée Du Nécromant
Kaamelott, Tome 2 : Les Sièges De Transport
Kaamelott, Tome 3 : L’Enigme Du Coffre
Kaamelott, Tome 4 : Perceval Et Le Dragon D’Airain
Kaamelott, Tome 5 : Le Serpent Géant Du Lac De L’Ombre
Kaamelott, tome 6 : Le duel des mages
Kaamelott, Tome 7 : Contre-Attaque En Carmélide

Quelques ouvrages autour de la série commentés par des experts et médiévistes

Kaamelott, la série décryptée.

Avec ces deux tomes parus en 2007 chez Perrin, l’écrivain Eric Le Nabour et l’historien Martin Aurell, médiéviste et grand spécialiste des légendes arthuriennes se proposaient, avec humour et légèreté, d’examiner l’oeuvre d’Alexandre Astier au prisme des légendes arthuriennes et de l’Histoire avec un grand H. En bref, voilà une mine d’informations pour ceux qui s’intéressent de près au monde arthurien et au moyen-âge historique, en relation avec la série.


Kaamelott : la série décryptée

Au coeur du Moyen Age, tome 1


Kaamelott : la série décryptée
A la table du Roi Arthur, tome 2

A paraître : « Kaamelott, un livre d’Histoire »

Date de sortie prévue : le 5 avril 2018

Fascinés par le moyen-âge autant que par le médiévalisme – autrement dit, le moyen-âge tel qu’on se l’imagine ou se le représente à travers la littérature, les productions culturelles, etc… de la période post-médiévale – deux jeunes doctorants et chercheurs en Histoire médiévale ont décidé, à leur tour, de s’attaquer au sujet de Kaamelott. Il s’agit de Florian Besson, agrégé d’Histoire et chercheur médiéviste attaché à la Sorbonne et Justine Breton, agrégée de lettres modernes et docteur en littérature médiévale à l’université de Picardie d’Amiens où elle a obtenu en 2016 une thèse sur « la représentation des pouvoirs dans la légende arthurienne, de l’écrit à l’écran » (sous la direction de Martin Aurell déjà cité plus haut).

L’ouvrage devrait donc paraître à compter du 5 avril prochain mais il est déjà disponible en pré-achat. En voici le lien: Kaamelott, un livre d’histoire

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Voilà donc pour ce petit récapitulatif des livres et ouvrages disponibles sur la série Kaamelott.

Pour le reste, tous nos articles sur Kaamelott sont ici. Pour plus de livres virtuels et imaginaires autour de la série c’est ici. Enfin pour plus de créations « débilos » sur le sujet, cela se passe par là-bas : FB Autour de Kaamelott

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient.» Publilius Syrus   Ier s. av. J.-C.

Agenda : Salon Normannia 2018, Rouen à l’heure du médiéval-fantastique

agenda_salon_animations_medieval_fantastique_normannia_rouen_normandieSujet : agenda, salon médiéval, animations, médiéval-fantastique, reconstituteurs, marché historique
Nom : Normannia 2018, 2e édition
Lieu : Parc expo Rouen, Seine-maritime Normandie, 
Dates :
du 24 au 25 février 2018
Organisateur : Fédération Française Médiévale

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionprès une première édition 2017 réussie, le salon Normannia se réinvite, cette fin de semaine, à l’espace Parc Exposition de Rouen. L’événement avait accueilli l’année dernière plusieurs milliers de visiteurs et la Fédération Française Médiévale qui l’organise compte bien s’assurer du succès de cette nouvelle mouture qui mêlera comme la précédente, moyen-âge, médiéval  fantaisie et steampunk.

De fait, la liste des exposants, artisans, troupes et compagnies qui viendront cette année, dépasse les 250 intervenants, soit 100 de plus que l’année dernière.

Affiche non officielle - Création Moyenagepassion.com - @fred_effe
Affiche non officielle – Création Moyenagepassion.com – fredeffe

Animations et divertissement en continu

E_lettrine_moyen_age_passionntre conteurs, théâtre, scénettes, jongleries, danses, musiques anciennes et médiévales ou groupes d’influence plus résolument folk ou pagan-folk, du côté des divertissements, les allées du salon seront animées en continu tout au long des deux jours. On pourra aussi compter sur les parades en costume de personnages, guerriers ou vikings en provenance du moyen-âge mais encore de créatures tout droit sorties d’un roman de fantasy ou de l’univers étrange et mâtiné de futurisme rétro, caractéristique du Steampunk. Un grand concours sera même organisé le dimanche à l’attention des visiteurs costumés sur des thèmes qui couvriront ceux du salon : le moyen-âge, le médiéval fantastique et le Steampunk donc.

Village, campements et tournoi viking

normannia_2018_rouen_agenda_salon_evenement_animations_medieval_fantastique_normandieNormandie et terres de Rollon obligent, il y a aura également sur place un grand village et ses nombreux campements pour représenter les vikings. Il sera, comme il se doit, animé par des reconstituteurs et compagnies spécialisés sur les peuplades nordiques du moyen-âge. Il y aura même, cette année, un tournoi  de combat et de duels vikings totalement original et inédit, puisqu’inauguré pour la première fois par la Fédération en charge de l’organisation du salon.

Concert de Luc Arbogast

Côté temps fort, le samedi en soirée,  un grand concert est prévu du désormais célèbre contre-ténor Luc Arbogast.
(réservations fortement conseillées)

Dépôt-vente & enchères d’objets d’inspiration historique

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour clore cette présentation, ajoutons qu’en plus des nombreux exposants présents, les passionnés d’histoire vivante  ou reconstituteurs désireux d’acquérir ou même de se séparer de leurs objets collectors pourront encore trouver, au sein du salon, un dépôt-vente géré par l’organisation pour faciliter leurs échanges ou même, s’ils le préfèrent, des cessions de ventes aux enchères.

Enfin, il ne sera pas dit qu’un normand vous laissera jamais mourir de faim ou de soif en ses terres. A en juger par la liste des exposants, tout est, en effet, largement  prévu  pour se restaurer copieusement sur place.

Renseignements et programme ici – Facebook de l’événement

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Les confessions d’un malandrin d’Angelo Branduardi, grand troubadour « folk médiéval » italien des XXe, XXIe siècles

troubadour_medieval_trovatore_musique_chanson_poesie_inspiration_moyen-age_medievalSujet : chanson, poésie d’inspiration médiévale, musique, folk, poésie, résonance poétique, médiévalisme.
Période :  XXe siècle
Auteur  :  Sergueï Essénine (1895 – 1925), Etienne Roda-Gil (1941-2004), Angelo Branduardi
Titre : Confessions d’un Malandrin,
Interprète : Angelo Branduardi
Album : Confession d’un malandrin  (1981)

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans les mystérieuses raisons qui peuvent nous pousser, enfants, à nous intéresser à l’Histoire ( un de ses aspects ou une de ses périodes en particulier), il nous a fallu compter avec un artiste italien, qui, dans les années 80, commença à illuminer de son art et de ses textes uniques  le paysage musical français. Indifférent aux modes, en plein cœur des années disco, Angelo Branduardi venait proposer ses créations, ses mélodies aux sonorités anciennes et sa grande poésie et le public en redemandait. Et peu importe alors qu’elles fussent ou non empruntées au moyen-âge historique, elles avaient une saveur toute médiévale et cet auteur-compositeur interprète, qui ne ressemblait à nul autre, semblait être un troubadour égaré dans notre monde. Venu de temps anciens aux commandes d’une mystérieux machine, il était peut-être même le dernier des troubadours italiens.

Angelo Branduardi,
le dernier troubadour italien

S’il a émergé au milieu des années 70 et leur goût prononcé pour le néo folk médiéval d’origine celtique ou même le folk « progressif », Angelo Branduardi a toujours fait figure d’être un artiste solitaire et indépendant. Loin  des influences d’autres groupes de cette période, son style demeurait déjà unique. Alors, pour tenter de le ranger quelque part, on a pu parler de « folk-rock d’influence médiévale », mais en réalité, ce que fait surtout Angelo Branduardi, c’est surtout du Angelo Branduardi.

chanson_folk_poesie_inspiration_medievale_angelo_branduardi_troubadour_italienCôté cursus, il vient d’un parcours musical classique. Violoniste soliste surdoué, formé au conservatoire Niccolò Paganini de Gènes, il en sortira à l’âge de 16 ans avec un premier prix. Il étudiera aussi un temps la philosophie et se piquera encore de poésie auprès du poète et écrivain italien Franco Fortini qui sera l’un de ses professeurs.

Entré presque par hasard dans le monde de la chanson, le baladin et multi-instrumentiste compose ses propres musiques et chante dans un nombre impressionnant de langues (italien, anglais, français, espagnol, etc…). Du côté des paroles, s’il s’inspire quelquefois de chansons traditionnelles, de textes anciens ou de poésies plus récentes, c’est presque toujours son épouse Luisa Zappa qui sera sa parolière en italien quand ils n’écriront pas les textes à quatre mains. Dans les autres langues, il choisira soigneusement ses paroliers pour proposer de véritables adaptations poétiques.

Confession d’un malandrin version française

Du côté des compositions, si elle peut sembler d’origine médiévale à l’oreille profane, la musique d’Angelo Branduardi  prend en réalité, le plus souvent sa source dans un répertoire plus classique, celui qu’il a appris au conservatoire de Gènes ; il n’y avait pas alors de formation aux musiques plus anciennes et médiévales. Ses œuvres sont donc plus résolument baroques, quelquefois renaissantes, et il va encore chercher dans le folklore méditerranéen ou même yiddish les sources de son inspiration.  Sur scène, l’artiste se laisse emporter par son art et il s’y tient souvent, les yeux fermés, chanson_folk_poesie_inspiration_medievale_confession_malandrin_angelo_branduardi_troubadour_italientout entier habité par sa musique et plongé au cœur d’une intériorité dont il demeure le seul à possèder les clés.

Maintes fois primé pour ses albums, plusieurs fois disque d’Or, il se fera un peu plus discret en France à compter du milieu des années 90, mais il restera actif artistiquement en d’autres lieux. Après de longues années de travail en Italie et en Allemagne et pour le plus grand plaisir d’un public français qui lui est resté fidèle, il reviendra avec des concerts mais aussi avec un Best Of de ses chansons françaises en 2015.

Sur la partie les plus médiévales de ses productions, dans les années 2000, il signera « L’infinitamente Piccolo », une œuvre poétique et musicale sous forme de spectacle (suivie en 2007 d’un DVD) dédiée tout entière à Saint-François d’Assise : La Lauda di Francesco (la laude, les louanges de Saint-François). 

Pour consulter l’actualité et l’agenda d’Angelo Branduardi, voici le lien vers la version française de son site web officiel.

« Les Confessions d’un Malandrin »
une chanson « d’inspiration » médiévale

Bien qu’enregistrée seulement en 1981 en langue française, en plus d’être une pure merveille, la chanson que nous vous proposons aujourd’hui a ceci de particulier qu’elle est la toute première composée par Angelo Branduardi. Ecrite à l’âge de 18 ans, presque par jeu et « dans les tourments de l’adolescence », comme il le confiera lui-même lors d’un interview à la télévision italienne, l’artiste ne se destinait alors pas du tout à être chanteur. Au hasard d’une rencontre c’est pourtant bien cette chanson  qui le propulsera dans une carrière qu’il avait été loin d’imaginer et qu’il avait projetée chanson_poesie_inspiration_medievale_serguei_essenine_poete_voyou_paysan_russebien plus  « classique ».

Du point de vue musical comme textuel, à la première écoute, les confessions de ce malandrin ont déjà l’air de nous transporter dans le moyen-âge des troubadours avec ce poète qui court de village en village. Fils de modestes paysans, il est devenu célèbre et on parle désormais de lui chez « les rois et les reines ». Pourtant, il reste attaché par l’âme et le cœur à sa terre natale, et il se livre, de manière touchante,  dans cette poésie.

Le souffle d’un grand poète russe
pour la musique inspirée d’un troubadour italien

Loin de trouver ses origines dans la période médiévale, les paroles de cette chanson proviennent en réalité d’un poème russe daté de 1920 et signé de la main de Sergueï Aleksandrovitch Essenine  (Serge Esenin) (1895 – 1925). Auteur de talent, encore largement reconnu en Russie, poète, « voyou »,  homme engagé aussi aux côtés de la révolution d’octobre, Essenine chanta l’âme russe et l’attachement à sa terre comme personne.

« Ce n’est pas tout un chacun qui peut chanter.
Ce n’est pas à tout homme qu’est donné d’être pomme 
Tombant aux pieds d’autrui.
Ci-après la toute ultime confession, 
Confession dont un voyou vous fait profession.

C’est exprès que je circule, non peigné,
Ma tête comme une lampe à pétrole sur mes épaules. 
Dans les ténèbres il me plaît d’illuminer
L’automne sans feuillage de vos âmes. »

Sergueï Esenin  – Extrait de Confession d’un voyou,
traduction d’Armand Robin

Cette poésie qui toucha Angelo Branduardi au cœur est inspirée directement de la vie du poète russe ; il était lui-même issu d’une famille de paysan. Consumé peut-être par sa propre sensibilité, Sergueï Essénine mit fin à ses jours à l’âge de trente ans, en laissant pour témoignage une poésie écrite de son propre sang. La version du suicide fut contestée par la famille, mais le jeune poète russe au destin tragique emporta la vérité dans sa tombe (pour quelques extraits de son oeuvre, consultez cet article d’Esprits Nomades ).

chanson_poesie_inspiration_medievale_folk_etienne_roda_gil_branduardi_confession_malandrinAyant trouvé de grandes résonances avec le poète, le jeune Angelo Branduardi signa donc l’adaptation italienne de ces « confessions d’un voyou » dans les années 70 et c’est son parolier français de prédilection, Etienne Roda-Gil qui en fit, bien plus tard, en 1981, une adaptation française très inspirée. Elle vint rejoindre d’autres chansons du troubadour italien dans un album qui portait d’ailleurs le nom de la chanson.

Ajoutons que la version italienne, elle-même magnifique, est assez fidèle dans sa trame et ses vers au poème d’origine de Sergueï Esénine qui l’avait inspirée.  On doit son « tour médiévalisant » à Angelo Branduardi qui l’avait déjà amorcé dans la version italienne par son choix de vocabulaire : le « voyou » entre autre, s’était déjà changé chez lui en « malandrin ».  Etienne Roda-Gil le suivit dans la version française et renforça encore les images médiévales  avec ces paysans qui craignaient « le seigneur du ciel et les tourbières » chez le poète russe et qui, avec lui, se mirent à craindre « les seigneurs et leur colère », avec encore ce poète dont on parlait chez « les rois et les reines » et qui, dans la version originale, chantait la Russie. Le passage à l’univers du Moyen Âge était fait et l’évocation totalement réussie.

Confessioni di un malandrino version italienne

Confessions d’un malandrin, les paroles
et l’adaptation française de Roda-Gil

Je passe les cheveux fous dans vos villages,
la tête comme embrasée d’un phare qu’on allume
Aux vents soumis je chante des orages
aux champs labourés la nuit des plages.
Les arbres voient la lame de mon visage
où glisse la souillure des injures
Je dis au vent l’histoire de ma chevelure
qui m’habille et me rassure.

Je revois l’étang, de mon enfance
où les roseaux et toutes les mousses dansent
et tous les miens qui n’ont pas eu la chance
d’avoir un fils sans espérance.
Mais ils m’aiment comme ils aiment la terre
ingrate à leurs souffrances à leur misère
Si quelqu’un me salissait de reproches
ils montreraient la pointe de leur pioche.

Paysans pauvres mes père et mère
attachés à la boue de cette terre
Craignant les seigneurs et leurs colères
pauvres parents qui n’êtes même pas fiers
d’avoir un fils poète qui se promène
dont on parle chez les rois et chez les reines
qui dans des escarpins vernis et sages
blesse ses pieds larges et son courage.

Mais survivent en moi comme lumière
les ruses d’un voyou de basse terre
devant l’enseigne d’une boucherie campagnarde
je pense aux chevaux morts mes camarades
Et si je vois traîner un fiacre
jaillit d’un passé que le temps frappe
je me revois aux noces de campagne
parmi les chairs brulées des paysannes.

J’aime encore ma terre, bien qu’affligée
de troupes avares et sévères
c’est le cri sale des porcs que je préfère
à tous les discours qui m’indiffèrent.
Je suis malade d’enfance et de sourires
de frais crépuscules passés sans rien dire
Je crois voir les arbres qui s’étirent
se réchauffer puis s’endormir.

Au nid qui cache la couve toute neuve
j’irai poser ma main devenue blanche
mais l’effort sera toujours le même
et aussi dure encore, la vieille Écorce.
Et toi le grand chien de mes promenades
enroué, aveugle et bien malade
tu tournes la queue basse dans la ferme
sans savoir qui entre ou qui t’enferme.

Il me reste des souvenirs qui saignent
de larcins de pain dans la luzerne
et toi et moi mangions comme deux frères
chien et enfant se partageant la terre
Je suis toujours le même, le sang,
les désirs, les mêmes haines
sur ce tapis de mots qui se déroule
je pourrais jeter mon coeur à vos poules.

Bonne nuit faucille de la lune
brillante dans les blés qui te font brune
de ma fenêtre j’aboie des mots que j’aime
quand dans le ciel je te vois pleine
La nuit semble si claire
qu’on aimerait bien mourir pour se distraire
qu’importe si mon esprit bat la campagne et
qu’on montre du doigt mon idéal.

Cheval presque mort et débonnaire
à ton galop sans hâte et sans mystère
j’apprends comme d’un maître solitaire
à chanter toutes les joies de la terre
De ma tête comme d’une grappe mure
coule le vin chaud de ma chevelure.

De mon sang sur une immense voile pure,
je veux écrire les rêves des nuits futures…

En vous souhaitant une belle journée et une très belle écoute.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

François Villon, la bible en ligne avec la bibliographie exhaustive de Robert D. Peckham

françois_villon_poesie_francais_moyen_ageSujet : François Villon, Bibliographie, site d’intérêt, poésie médiévale, médiévalisme, manuscrits anciens, sources bibliographiques
Période : du Moyen Âge tardif (XVe) à nos jours.
Auteur/EditeurRobert Dabney Peckham
Site web : Société François Villon

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionepuis plus de 30 ans, Robert Dabney Peckham, docteur en philosophie, précédemment professeur émérite et chercheur en littérature, civilisation et langue française à l’Université de Tennessee, à Martin aux Etats-Unis, s’est évertué, entre autres activités, à répertorier toutes les parutions existantes autour de François Villon. On lui doit d’ailleurs entre autres parutions sur le sujet, une bibliographie exhaustive parue en 1990 aux Editions Garland (Library of the Humanities).

Du Villon médiéval
au médiévalisme autour de  Villon

Loin de se limiter aux manuscrits anciens ou aux biographies et études critiques autour de l’auteur médiéval, les travaux de Robert Peckham  couvrent toutes les formes que l’oeuvre de Villon a pu et peut encore prendre à travers le monde : littéraires, cinématographiques mais aussi toponymiques, culturelles, populaires, iconiques, anecdotiques, etc… Son intérêt va donc de l’approche de Villon dans le texte et dans son contexte médiéval jusqu’au Villon « représenté », « recrée », « instrumentalisé »,  « fantasmé » par notre monde moderne. Autrement dit, le médiévalisme autour du poète l’a également interpellé. De fait, on en comprend bien l’intérêt puisque les formes, même les plus distantes en apparence de l’oeuvre du maître de poésie médiévale ou de sa personne, ont encore beaucoup à nous apprendre sur ce dernier, autant que sur les représentations modernes que nous nous en faisons.

francois_villon_bibliographie_poesie_medievale_moyen-age_tardif_medievalisme_robert_peckham_bibliographe_sources_articlesIl s’agit donc là d’un travail de fond et de systématisation unique et Robert D. Peckham est reconnu pour sa grande expertise dans ce domaine. En plus de ses propres publications, il a apporté sa contribution dans nombres d’ouvrages et articles, principalement en langue anglaise.  Pour plus de détails sur ses parutions ainsi que ses nombreux titres, vous pouvez utilement vous reporter à  ce lien.

Pour n’en citer que quelques unes, on pourra mentionner dans l’ouvrage « Medievalism in North America« ,  publié par Kathleen Verduin en 1994, l’article « Villon in America » dans lequel  le chercheur américain nous entraîne à sa suite, dans un passionnant voyage à la découverte de la destinée américaine de l’oeuvre de François Villonde ses premières traductions anglaises  au milieu du XIXe siècle jusqu’à ses adaptations les plus modernes, en passant par les « imitations » poétiques de Robert Lowell un peu avant les années 60.

On peut encore citer ici l’article « Villon’s electronic future » dans: Villon at Oxford: The drama of the text. Proceedings of the conference held at St-Hilda’s-College, Oxford, March 1996 (ouvrage que nous avons déjà mentionné à l’occasion d’un post sur le « je » poétique au XVe siècle et à propos de Michault Taillevent et Villon). Aux premiers pas d’internet, Robert Peckham traçait, dans cette contribution, un véritable plan d’action pour inventorier la présence en ligne de Villon et pour tirer partie le meilleur partie de ce média. On y mesurait déjà toute l’ampleur de la tâche autant que les ambitions du bibliographe. Dans la continuité de cet article, il a d’ailleurs mis en oeuvre sans attendre son plan d’action en créant la Société François Villon et son site web.

Le site web de la « Société François Villon »
Inventorier Villon sous toutes ses formes

Toujours opérationnel, vingt ans après que son auteur et éditeur en ait défini les grandes lignes, le site web de la Société François Villon a donc pour ambition d’être un véritable lieu d’échange, d’informations mais aussi, bien sûr, d’inventorier régulièrement de nouveaux liens et de nouvelles parutions imprimées, électroniques et digitales autour du grand maître de poésie médiévale.

francois_villon_poesie_medievale_bibliographie_liens_references_medievalisme_robert_peckhamComme  Robert Peckham a pris le parti de l’exhaustivité, les liens couvrent de vastes domaines en relation à Villon. Ils sont  aussi identifiés à travers le monde et couvrent des écrits dans plus de 16 langues. En relation avec l’objectif défini, ils ne sont pas tous « académiques », l’intérêt restant bien d’embrasser l’œuvre de Villon au sens le plus large possible. Pour reprendre les propres mots de Robert Peckham qui exprimait déjà en 1996 l’ambition à laquelle il s’est tenu depuis :

« Bien sûr, tous ces documents ne seront pas d’une nature savante.  Certains tombent dans la catégorie (avec un petit « c ») de l’iconographie culturelle et sont les validateurs inconscients du statut de Villon, en liant le distant à un présent ou un passé récent plus accessibles. En vérité, tandis que Villon pourra fournir aux étudiants de littérature française un matériel de lecture canonique et de riches moments de vie intellectuelle pour un universitaire, pour l’homme moyen, c’est un bar sur la rue Wiener à Kreuzberg, un magasin de chaussures à Montréal, un night club à Bruxelles, ou le Caveau François Villon, un bistrot de la rue de l’Arbre Sec à Paris. …. » 

Robert D. Peckham « Villon’s electronic future », Proceedings of the conference held at St-Hilda’s-College, Oxford, 1996 (trad moyenpassion

restaurant_francois_villon_medievalisme_poesie_medievale(Photo devanture du restaurant
François Villon à Lyon )

En relation avec le travail éditorial entrepris et les nombreuses ressources identifiées (plus de 500 liens), le site propose encore régulièrement un bulletin actualisé de ses nouvelles trouvailles. Du reste, nos articles sur François Villon n’ont pas échappé à la sagacité de ce grand bibliographe américain puisque leurs liens sont même intégrés au dernier bulletin. Avec un petit ou un grand c, l’histoire ne le dit pas, mais nous sommes quoiqu’il en soit, ravis. de les y savoir présents.

Pour le reste, en un mot comme en cent, si vous aimez Villon et que vous vous y intéressez de près ou de loin, ce site est une référence incontournable sur cet auteur médiéval. Pour des recherches poussées ou même, par simple plaisir, on peut y flâner des heures durant, en découvrant sans cesse de nouvelles choses.

Lien vers le site web de la Société François Villon
Lien vers le dernier bulletin, numéro 33

De la vie à la scène

robert_peckham_francois_villon_bibliographie_poete_auteur_medievale_moyen-age_medievalismePour clore cet article, ajoutons que depuis 2013, même s’il continue à éditer régulièrement le bulletin en ligne de la Société François Villon, ce très sérieux docteur en philosophie et universitaire émérite étant, par ailleurs (comme on s’en doutait déjà), passionné de poésie et même de musique, a décidé de se dédier entièrement à cet art. Il joue et chante donc désormais ses propres compositions sur scène accompagné d’une l’autoharpe, (une variance américaine de la cithare). Sur ces aspects, vous pouvez consulter sa nouvelle bio ici (en anglais) : TennesseeBob Peckham.

En vous souhaitant une excellente  journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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