« Je « chante et vielle » depuis 45 ans ! ce qui veut dire que tous les répertoires que j’ai abordés – musique populaire et savante, ancienne et plus récente – se sont forcément inscrits dans le cadre des bourdons de ma vielle. Ils sont l’espace de toute ma vie musicale, la page blanche où tout, en s’exprimant, s’imprime. Je ne sais pas où ils vont, mais ils y vont avec une telle certitude que je n’ai qu’à les suivre… «
René Zosso (1935-2020), chanteur, conteur, joueur de vièle Entretien – Les Nouvelles Musicales en Limousin, 2006, (voir site du CRMTL)
Bonjour à tous,
‘est une bien triste nouvelle que nous partageons ici, puisqu’il y a quelques jours et à la fin juillet, le chanteur, vielliste, comédien, enseignant et conteur René Zosso s’est éteint à l’âge de 85 ans.
Natif de Suisse, cet amoureux de musique, de chansons et d’histoire(s) puisait des racines helvétiques du côté de son père et des origines plus lointaines et caucasiennes, du côté de sa mère arménienne. Pourtant, plus que dans l’ailleurs géographique, c’est l’ailleurs temporel qui aura donné le plus grand souffle à sa belle et longue carrière. Au son des entêtants bourdons de sa vièle à roue, elle fût pavée de chansons anciennes et traditionnelles et ceux qui ont le goût du moyen-âge, comme du patrimoine européen historique et musical, n’oublieront pas sa voix forte et bien ancrée. Pleine d’une puissance toute terrienne, elle aurait pu évoquer, par instants, celle d’un chêne noueux qui se serait mis à chanter, avec son timbre de rocailles et de broussailles : une voix et un allant à nul autre pareil qui mariaient le présent au passé en faisant revivre, devant nous, le chanteur éternel ; celui du cœur et de l’intuition, celui qui vous fascine et vous absorbe, un diamant brut qui, sans faux détour, savait extraire l’émotion des vers, de leurs angles et de leurs aspérités, .
Et puisqu’il est finalement parti pour un long voyage, nous continuerons, de notre côté, de le laisser vivre en nous et il nous accompagnera encore longtemps avec son legs riche de plus de 50 ans d’histoire musicale : de son large répertoire auprès du Clemencic Consort, aux Cantigas de Santa Maria chez Micrologus, à ses présences aux côtés de Jordi Savall chez Hespérion XXI, jusqu’à ses premiers tribus au folk et bien d’autres pièces d’anthologie encore. Et comme, dans les pas d’Aragon et en écho à Léo Ferré, René Zosso avait affirmé, à l’aube des années 70, qu’il chantait, lui aussi, « pour passer le temps », nous ne le remercierons jamais assez, avec un demi-siècle recul, du temps qu’il y aura consacré. Qu’il repose en paix.
En vous souhaitant une bonne journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : musique, poésie, chanson médiévale, amour courtois, trouvère, vieux-français, langue d’oil, fine amor. Période : XIIe siècle, XIIIe, Moyen Âge central Titre :En tos tens que vente bise Auteur : Blondel de Nesle (1155 – 1202) Manuscrit : MS Français 844, Manuscrit du roi (BnF départements des manuscrits)
Bonjour à tous,
u coeur du XIIe siècle, à l’unisson des premiers trouvères, Blondel de Nesle chante la courtoisie en tout temps. Dans ce nouvel échantillon de sa poésie, il nous entraînera, en effet, loin du « renouvel » printanier, au cœur de la saison froide et sous le souffle du vent. Pour le reste : souffrance, affres du doute et douleur du rejet, un bon nombre d’ingrédients habituels de la lyrique courtoise seront au rendez-vous pour accorder l’humeur du trouvère avec ce climat hostile. On y trouvera aussi la dimension sociale ascendante qui traverse, plus souvent qu’à son tour, l’amour courtois ; le poète nous l’affirmera, la dame visée par sa flamme est de meilleure lignage et de plus haute condition que lui.
Aux sources historiques de cette chanson
Cette chanson médiévale est attribuée à Blondel de Nesle dans un certain nombre de manuscrits. Nous avons choisi de vous faire découvrir, ci-contre, la version du MS Français 844 de la Bnf, plus connu encore sous le nom de Manuscrit ou Chansonnier du Roi. Daté du XIIIe siècle, sous la plume de Lambert l’Aveugle, ce précieux témoin de la poésie et de la musique du Moyen Âge central contient près de 225 feuillets pour un large nombre d’auteurs et de chansons annotées. On y retrouve pèle-mêle troubadours et trouvères célèbres mais aussi auteurs anonymes, pour un total de près de 600 pièces.
Pour la transcription moderne de la pièce du jour, nous avons suivi la version de Prosper Tarbé dans son ouvrage Les œuvres de Blondel de Néele, collection les poètes de Champagne antérieurs au XVIe siècle ( 1862). Quant à son interprétation moderne, nous nous sommes laissés entraînés outre-manche à la découverte d’une formation exceptionnelle : les Gothic Voices. Une fois n’est pas coutume, il s’agit d’un extrait.
Un extrait de cette chanson de Blondel par l’ensemble Gothic Voices
Gothic Voices & Christopher Page
C’est en 1980, sous la houlette de Christopher Page, que s’est formé cet ensemble originaire du Royaume-Uni. Expert des musiques anciennes et du répertoire médiéval, cet instrumentiste, guitariste, universitaire et musicologue anglais n’est plus à présenter de l’autre côté de la Manche. En plus de ses nombreuses contributions musicales, sa longue carrière lui a permis de se signaler également par de nombreuses études sur l’histoire de la guitare en Angleterre (de la renaissance au XIXe siècle). On lui doit encore un nombre significatif de publications sur les instruments et la musique du Moyen Âge ; autant dire que nous sommes en présence d’un érudit, passionné de musique autant que d’ethnomusicologie.
Gothic Voices – discographie et carrière
Sous la direction de Christopher page, l’ensemble Gothic Voices a enregistré prés de 25 albums, sur une longue carrière de 40 ans. Les thèmes abordés sont d’une grande variété, avec un fort centre de gravité autour de l’Europe médiévale. La grande majorité de leurs productions couvre une période qui va des trouvères du XIIIe siècle, jusqu’au Moyen Âge tardif et au XVe siècle. On y trouvera des pièces issues du répertoire français, anglais, mais encore italien ou rhénan avec des incursions du côté de l’œuvre musicale de Hildegarde de Bingen.
Au delà de leur succès auprès du public, les contributions de Gothic Voices ont été largement saluées mais aussi récompensées par la critique. Ils ont notamment reçu des gramophones d’or pour trois de leurs albums. Côté agenda, l’ensemble est toujours actif sur la scène musicale anglaise. Vous pourrez retrouver plus d’information sur son actualité sur son site web (en anglais) au lien suivant.
Membres actuels : Catherine King (mezzo-soprano), Steven Harrold (tenor), Julian Podger (tenor), Stephen Charlesworth (bariton)
L’album : le Mariage du Ciel et de l’enfer, Motets & chansons du XIIIe siècle en France
En 1991, la formation britannique partait à la rencontre du XIIIe siècle français avec une belle sélection de chansons et de motets d’époque. « The marriage of Heaven and Hell « , sous un titre qu’on pourrait être tenté d’associer plus aux poésies de William Blake qu’au Moyen Âge central français, l’album présentait dix-sept pièces dont la grande majorité était d’origine anonyme. Entre ces dernières on trouvait la pièce du jour de Blondel, mais aussi une pièce de Colin Muset, une autre signée de la main de Gauthier d’Argies, et même encore une incursion du côté des troubadours avec la célèbre chanson « Quan vei la lauzeta mover » de Bernard de Ventadour.
Cet album, originellement sorti chez Hypérion Records a été réédité en 2007 chez Helios. On le trouve encore disponible à la vente au format CD ou MP3. Voici un lien utile pour plus d’informations à ce sujet : The of Heaven and Hell : Le Mariage du Ciel et de l’enfer
En tos tens que vente bise dans le vieux-français de Blondel de Nesle
NB :pour cette traduction (assez ardue) du vieux-français vers le français moderne, nous nous sommes appuyé sur des recherches habituelles dans les sources et les dictionnaires auxquelles il nous faut ajouter l’aide, plus que précieuse, de Yvan G Lepage et de son ouvrage : l’Oeuvre lyrique de Blondel de Nesle, sorti chez Honoré Champion en 1994.
En tos tens que vente bise, Pour cele, dont sui sorpris, Qui n’est pas de moi sorprise, Devient mes cuers noirs et bis. De fine amour l’ai requise, Qui cuer et cors m’a espris, Et s’ele n’en est esprise, Por mon grant mal la requis.
En cette saison où la bise souffle Pour celle que je désire (dont je suis épris) Et qui ne me désire pas Devient mon cœur noir et sombre. D’un loyal amour, je l’ai requise Elle qui m’a conquis tout entier (cœur et corps, corps et âme) Et si elle ne s’éprend pas de moi à son tour Je l’aurais priée pour mon plus grand malheur.
Mais la dolors me devise , Qu’à la millor me sui pris, Qu’ains fut en cest mond prise, Sé j’estoie à son devis! Tort a mes cuers, qui s’en prise (proisier, preisier) ; Car ne sui pas si eslis, S’ele eslit, qu’ele m’eslise : Trop seroie de haut pris.
Mais la douleur me souffle (deviser, diviser ou tirailler ?) Que je me serais épris de la meilleure Qui fut jamais aimée en ce monde Si j’étais soumis à sa volonté ! Tort à mon cœur, qui s’en vante Car je ne suis pas si distingué (éligible, parfait) Si elle choisit jamais, pour qu’elle me choisisse : Je serais pris de trop haut (ce serait m’élever plus que je le mérite)
Et nequedent destinée Done à la gent maint pensé. Tost i metra sa pensee, S’Amors li a destinée. Je vis ja telle dame amée D’hom de leur bas parenté, Qui miex iert emparentée, Et si l’avoit bien amé.
Et cependant la destinée Donne aux gens de quoi réfléchir Et elle aura tôt fait d’y mettre sa pensée Si l’Amour l’y a destiné. J’ai déjà vu telle dame aimer Homme de plus basse parenté (lignage) Alors qu’elle était mieux née que lui Et pourtant, elle l’avait aimé de belle façon (entièrement, courtoisement).
Por c’est droit , s’Amors m*agrée, Que mon cuer li ai doné ; Se s’amors ne m’a donée , Tant la servirai à gré. S’il plaist à la désirée, Un dols baisier a celée Aurai de li à celé , Que je tant ai désiré.
Pour cela il est juste, si l’Amour m’agrée, Que je lui ai donné mon cœur, Et si elle ne m’a donné son amour Je la servirai tant à sa guise Que, s’il plait à la désirée, Un doux baiser caché Elle me donnera en secret Que j’ai tant désiré.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com. A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : chanson médiévale, amour courtois, vieux-français, langue d’oïl, musique médiévale, manuscrit ancien, chansonnier de Montpellier, motets, chants polyphoniques Période : XIIIe siècle, moyen-âge central Titre :Plus bele que flor Auteur : anonyme Interprète : Ensemble Venance Fortunat
Album : Trouvères à la cour de Champagne (1996)
Bonjour à tous,
ous retrouvons, ici, le moyen-âge des trouvères du nord de la France médiévale avec le Chansonnier de Montpellier et ses motets. A l’image des autres pièces de ce manuscrit, présentées jusque là, la chanson du jour est encore empreinte de lyrique courtoise ; on verra qu’elle ouvre aussi sur une partie dédiée plus directement au culte marial et on pourra ainsi noter à quel point les formes de l’amour courtois ont pu être transposée au sentiment religieux envers la Sainte mère par certains auteurs médiévaux (voir Retrowange novelle de Jacques de Cambrai).
Pour découvrir ce motet, nous serons en compagnie d’une belle formation médiévale française : l’Ensemble Venance Fortunat sous la direction de Anne-Marie Deschamps. Nous en profiterons pour dire un mot de son legs et de sa longue carrière.
« Quant revient et fuelle et flor » par l’Ensemble Venance Fortunat
l’Ensemble Venance Fortunat
C’est autour de l’année 1975 que la directrice Anne-Marie Deschamps fonda l’Ensemble Venance Fortunat. Quelques années plus tard, en 1980 le premier album de la formation voyait le jour en collaboration avec le Centre de Recherches Musicales du Couvent Royal de l’Abbaye aux Dames. Ce premier opus allait porter sur le Mystère de la résurrection et les chants latins primitifs monodiques et polyphoniques. Il allait donner le La d’une longue carrière consacrée aux musiques anciennes et à leur restitution.
Ainsi, de 1980 à 2003, guidée par la passion de sa directrice pour le répertoire médiéval en général et les chants grégoriens en particulier, l’Ensemble Venance Fortunat produisit plus de vingt albums. Avec l’appui des manuscrits anciens, mais aussi l’intervention de compositeurs plus contemporains, la grande majorité de ses productions partit à la conquête des chants liturgiques polyphoniques, de la fin du haut-moyen-âge au cœur du moyen-âge central. L’album du jour se situe, quant à lui, sur des rives plus « profanes » du répertoire de la formation, puisqu’il fait un tribut plus marqué à la lyrique courtoise et à la fin’ amor.
Trouvères à la cour de Champagne, l’album
Sorti en 1996, Trouvères à la cour de Champagne contient 19 pièces d’auteurs médiévaux, dont la majeure partie sont passés à la prestigieuse cour de Champagne, entre la fin du XIIe et le XIIIe siècle. Certains sont de la génération de Thibaut de Champagne, d’autres de la génération précédente.
Au titre des trouvères représentés, on retrouve des pièces d’anthologie de Gace Brulé, Conon de Béthune, ou même encore la chanson D’amors qui m’a Tolu à moi de Chrétien de Troyes. Difficile d’évoquer la cour de Champagne sans ménager une belle place à Thibaut de Champagne. Avec trois de ses compositions, il est fait largement justice à son talent dans cet album. Citons encore la présence de Guiot de Provins, Gautier de Coincy, Raoul de Soissons, et , pour finir, celle de motets ou autres chansons de la même période. Demeurés anonymes, comme la pièce du jour, ces derniers sont tirés du Chansonnier de Montpellier et du Roman de Fauvel.
Musiciens & chanteurs : Catherine Ravenne (alto), Dominique Thibaudat (soprano), Gabriel Lacascade (bariton), Bruno Renhold (tenor), Philippe Desandré (basse), Guylaine Petit (harpe)
Plus bele que flor : un chant courtois
du moyen-âge central en langue d’oïl
Concernant la langue de cette chanson médiévale, trouvère oblige, elle est en vieux français d’oïl. Nous vous donnerons ici des éléments de traduction pour l’éclairer. Dans sa première strophe, on notera l’analogie médiévale, classique et familière, de la fleur pour évoquer la vierge Marie (voir par exemple la cantiga de Santa Maria 10). Quant à sa transcription en graphie moderne à partir du manuscrit, nous nous appuyons sur le travail de Gaston Raynaud dans Recueil de Motets Français des XIIe et XIIIe siècles, Tome 1er, Introduction, le Chansonnier de Montpellier (1881).
Par rapport à l’interprétation du jour, l’ensemble a pris le partie de changer l’ordre des strophes, en commençant par la troisième pour revenir vers la seconde, la première n’étant pas présente. De notre côté, par simple convention, nous avons repris l’ordre du manuscrit médiéval d’origine, tel que retransposé par G Raynaud. La pièce se trouve donc ici dans sa totalité.
Plus bele que flor Est, ce m’est avis, Cele a qui m’ator. Tant con soie vis, N’avra[i] de m’amor Joie ne delis Autre mès la flor Qu’est de paradis: Mère est au Signour, Qu’est si noz amis Et nos a retor Veut avoir tôt dis.
Plus belle que fleur Est, à mon avis, Celle dont je suis proche. Aussi longtemps que je vis Nul n’aura de mon amour joie ni plaisir, Hormis la fleur Qui est de Paradis. Elle est la mère du Seigneur Qui, si, de toi et moi, amis, Attends fidélité pour toujours (?)
Quant revient et fuelle et flor, Contre la saison d’esté, Deus ! adonc me sovient d’amors Qui toz jors M’a cortois et doz esté. Moût aim ses secors (concours, secours) , Car sa volenté M’alege de mes dolors ; Moût me vient bien et henors D’estre a son gré.
L’autrier joer m’en alai Par .I. destor (chemin détourné); En .I. vergier m’en entrai Por queillir flor. Dame plesant i trovai, Cointe d’atour (pleine de grâce, d’atours), cuer ot gai ; Si chantoit en grant esmai (ainsi elle chantait pleine d’émotion) : Amors ai, Qu’en ferai ? C’est la fin, la fin, queque nus die (quoiqu’on en dise), J’amerai.
Sujet : musique médiévale, danse, vièle, rebec, Galice médiévale, Cantiga de Santa Maria, instruments anciens, musiques anciennes, inspirations celtiques. Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle Titre : « danses, cantigas & chants de la terre « Auteurs : Anonymes, Alphone X de Castille, Jordi Savall Interprète : Jordi Savall, Pedro Estavan Album : La lira d’Espéria II , Allia Vox ( 2014)
Bonjour à tous,
n 1994-96, Jordi Savall partait sur les traces de la méditerranée médiévale et de ses musiques anciennes. L’album, intitulé La Liria d’Espéria (la lyre d’Hespérie), faisait référence à cette région qui désignait, pour les grecs antiques, les péninsules italiennes et ibériques. Quant au voyage musical, il passait de sonorités espagnoles à des danses italiennes d’époque pour encore faire des incursions du côté andalous et proche-oriental, avec des compositions venues d’Afrique du nord et même encore de la culture juive séfarade.
Accompagné du percussionniste Pedro Estevan, le maître de musiquecatalans’était, ici, doté pour seuls instruments, d’une vièle ténor, d’un rebec et d’un rabab. Un choix de formation audacieux et minimaliste qui allait lui permettre de marier l’essentiel à la pureté dans un album superbe et sans artifice. La critique, comme le public, ne s’y est d’ailleurs pas trompée en réservant un bel accueil à ce premier opus de la Liria d’Esperia.
Danses, cantigas & chants de la terre sous l’archet de Jordi Savall,
La lira d’Esperia II Galicia
Pour le plus grand plaisir des amateurs de musique médiévale et de voyages sonores dans le temps, Jordi Savall allait reprendre, un peu plus tard, le même concept et le même complice pour poursuivre son exploration. Ainsi, en 2014, un deuxième opus intitulé La Lira d’Esperia II allait naître, d’un niveau de qualité égale au premier.
Avec vingt-trois pièces pour près d’un heure quinze d’écoute, comme son titre l’indique, un accent particulier serait mis, dans ce deuxième album, sur les musiques de la Galice médiévale et ancienne, province la plus « celtique » de l’Espagne d’alors, selon les propres mots de Jordi Savall.
Sonorités celtiques et envolées uniques sur fond de Galice médiévale à la main d’Alphonse le sage
Dans cette nouvelle pièce d’orfèvrerie musicale, on reconnaîtra, plus encore que dans le premier opus, l’influence directe et prégnante du règne d’Alphonse le Sage ; aux côtés de pièces anciennes et traditionnelles de Galice, plus de dix compositions sont, en effet, issues des Cantigas de Santa Maria du souverain de Castille. Nous vous avions déjà présenté, ici, la très belle ductia, librement inspirée de la Cantiga de Santa Maria 248, qui ouvrait cet album. Sous le jeu d’archet du musicien catalan et ses sonorités instrumentales si particulières, elle nous entraînait dans une atmosphère toute à fait nouvelle, à des lieux des exécutions classiques habituelles.
Aujourd’hui, c’est une vidéo produite en 2014 par Allia-Vox (la société d’édition de Jordi Savall), que nous partageons avec vous. Elle donne un bel aperçu de la puissance de cette production et, on a, en prime, le plaisir d’y retrouver des extraits d’interviews du talentueux directeur musical.Pour le reste, on trouve toujours ce bel album récent à la vente, sous forme de CD ou même au détail et par fichier, au format MP3 : La Lira d’Esperia II – Galicia.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes