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Au Moyen Âge, un ABC de l’amour courtois par Adam de la Halle

Sujet : musique, chanson, médiévale, vieux français, trouvère d’Arras,  chant monodique, amour courtois, langue d’oïl, courtoisie.
Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle.
Auteur :  Adam de la Halle (1235-1285)
Titre : Qui à droit veut amours servir
Interprète : Ensemble Sequentia
Album
Trouvères, Höfische Liebeslieder Aus Nordfrankreich (chants d’amour courtois des pays de langue d’Oil) (1987)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous revenons au XIIIe siècle en musique, en compagnie du trouvère Adam de la Halle. En plus de ses célèbres jeux théâtraux, ses rondeaux, balades et motets et ses jeux-partis, on doit à celui qu’on appelait encore le Bossu d’Arras, un peu plus d’une trentaine de chansons. C’est l’une d’elle qui fait l’objet de cet article.

Un mode d’emploi de l’amour courtois
à l’usage des loyaux amants

La pièce du jour est une chanson monodique sur le thème de l’amour courtois. Plus qu’une déclaration à une dame, le trouvère s’adressera directement, ici, aux loyaux amants et son texte se présente même comme un court mode d’emploi à l’attention de ceux qui prétendent aimer courtoisement.

Chanson de Adam de la Halle et sa partition dans le Manuscrit médiéval "Chansonnier français W"
La chanson courtoise d’Adam de la Halle dans le Ms 25566 de la BnF

Qui à droit veut amours servir, autrement dit, celui qui veut servir l’Amour droétement (avec justesse, avec raison) devra ne pas céder à ses propres tourments ni se focaliser sur les maux que lui causent sa condition de fin’amant : se concentrer sur les mérites et les fruits qu’il retirera de sa pratique courtoise (raison, sagesse,…), ne point montrer trop d’empressement, ne pas dévoiler ses sentiments trop ouvertement de crainte de se faire repousser, voilà les conseils que le trouvère prodiguera au prétendant. En reprenant les codes des troubadours occitans qui l’ont précédé sur les voies de la lyrique courtoise, Adam de la Halle les transpose dans cette chanson, pour proposer, en langue d’oïl, un court ABC de la fin’ amor à l’attention de ses contemporains.

Aux sources manuscrites de cette chanson

La chanson et partition d'Adam de la Halle dans le Manuscrit médiéval MS 1109 de la BnF
La chanson dans le MS 1109 de la BnF

Pour ce qui est des sources médiévales de cette pièce, les manuscrits anciens nous laissent relativement le choix. En suivant la Bibliographie des Chansonniers français de Gaston Raynaud (1884), on pourra au moins citer trois ouvrages médiévaux dans lesquels on trouve cette chanson notée musicalement. Ils sont tous conservés à la BnF et consultables en ligne sur Gallica : le Ms Français 1109 daté des débuts du XIVe, encore connu sous le nom de Chansonnier français Q. Le Chansonnier français R, référencé Ms Français 1591. Cet ouvrage du XIVe contient des chansons notées et jeux partis variés. Enfin, on citera le très riche Ms Français 25566 dont nous avons déjà parlé ici. Connu encore sous le nom de Chansonnier français W, ce manuscrit copié à Arras date, lui aussi du XIVe siècle et comprend un nombre impressionnant de pièces musicales et littéraires de trouvères et d’auteurs du Moyen Âge central.

Concernant la transcription en graphie moderne de cette chanson médiévale, nous nous sommes appuyé sur la véritable bible que constitue l’ouvrage de l’ethnomusicologue Edmond de Coussemaker : Œuvres complètes du trouvère Adam de la Halle: poésies et musique (1872). Quant à son interprétation, nous l’avons confié à l’excellent ensemble médiéval Sequentia sous la direction de Benjamin Bagby (en photo sur l’image entête d’article, en premier plan du ms Français 1109).

Sequentia au temps des trouvères

L’ensemble Sequentia s’est formé en 1975 à l’initiative de la chanteuse et musicologue Barbara Thornton et du chanteur, compositeur et harpiste Benjamin Bagby. Les deux américains se trouvaient alors à la Schola Cantorum Basiliensis, célèbre école suisse qui a fait de l’étude des musiques et des instruments anciens son terrain d’élection et dont sont sortis nombre de musiciens et formations médiévales illustres.

Près de cinquante ans après sa formation, Sequentia est toujours actif. Vous pourrez retrouver leur actualité sur leur site web officiel. Après la disparition prématurée de Barbara Thornton en 1998, il est resté sous la direction de Benjamin Bagby. Riche d’une discographie de plus de 40 albums, cet ensemble de musiques anciennes est devenu une véritable référence sur la scène des musiques du Moyen Âge (retrouvez son portrait détaillé ici).

L’amour courtois des XIIe et XIIIe s en pays d’Oïl

Nous avons eu l’occasion, à plusieurs reprises, de vous toucher un mot de l’album Trouvères, chants d’amour courtois des pays de langue d’Oil (Trouvères : Höfische Liebeslieder Aus Nordfrankreich). A dire vrai, cette production est assez incontournable pour qui s’intéresse à la musique médiévale et, notamment, aux musiques profanes et courtoises produites au XIIIe siècle, dans le nord de France. En terme de répertoire, la période couverte, ici, va de la fin du XIIe siècle à la toute fin du XIIIe siècle (1175-1300).

Le double album de Sequentia sur les Trouvères du nord de France

Enregistré en 1982 et réédité depuis, ce double-album propose pas moins de 43 pièces de trouvères du Moyen-Âge central et, ce, si l’on se fit au nombre de morceaux répertoriés. En réalité, il en propose bien plus si l’on prend en compte les variations et enchaînements proposés au sein de certains morceaux.

Pour leurs qualités autant que pour la sélection proposée par Sequentia, ces chants d’amour courtois des pays de langue d’Oil n’ont pas pris une ride ; à ce jour, ce bel album salué par la presse spécialisée depuis sa sortie, continue même de faire autorité sur la scène médiévale. Si vous êtes amateur de musiques et de chansons monodiques et polyphoniques courtoises, cette production devrait trouver parfaitement sa place dans votre cédéthèque (si elle ne s’y trouve pas déjà).

Une anthologie musicale sur deux albums

Pour dire un mot des auteurs que vous retrouverez dans cette production, Adam de la Halle y tient une belle place avec 14 pièces (rondeaux, motets et chansons). Il s’y trouve très largement accompagné par Jehannot de Lescurel avec 16 pièces de ce dernier, entre balades et rondeaux. On croisera encore des noms de trouvères qui vous seront familiers si vous nous suivez depuis quelque temps : Conon de Béthune, Gace Brulé, Blondel de Nesle ou encore Petrus de Cruce. Le reste des morceaux musicaux se distribue agréablement entre pièces anonymes (motets, chansons de toile, etc…) et encore pièces instrumentales et danses médiévales.

Ce double-album de Sequentia a été réédité chez Sony en 2009. Cela commence un peu à dater mais, avec un peu de chance, vous pourrez le trouver au format CD chez votre meilleur disquaire ou même à la vente en ligne. (Attention aux occasions qui, quelquefois, font l’objet de spéculations folles sur certaines places de marché). L’autre option est de l’acquérir au format dématérialisé. Voici un lien utile pour ce faire : Trouvères de Sequentia au format MP3.

Musiciens & artistes ayant participé à cet album

Barbara Thornton (voix, chifonie), Benjamin Bagby (voix, harpe, organetto), Margriet Tindemans (violon, psaltérion), Jill Feldman (voix), Guillemette Laurens (voix), Candace Smith (voix), Josep Benet (voix), Wendy Gillespie (violon, luth).

Partition moderne de la chanson "Qui a droit veut amour servir" d'Adam de la Halle.

Qui à droit veut amours servir
en vieux français & sa traduction

NB : notre traduction en français moderne de cette chanson d’Adam de la Halle n’a pas la prétention d’être parfaite mais elle a le mérite d’aider à la compréhension de l’oïl souvent assez ardu du trouvère picard.

Qui à droit veut amours servir
Et chanter de joieus talent
Penser ne doit as maus qui sent,
Mais au bien qui en puet venir.
Che fait cueillir
Sens et bonté et hardement,
Et le mauvais bon devenir ;
Car chascun bée au déservir,
Puis qu’il y tent.

Celui qui veut servir justement en amour
Et chanter avec un esprit joyeux (envie, volonté)
Ne doit penser aux maux qu’il ressent
Mais au bien qui peut en venir.
Cela fait récolter
Sagesse et bonté et hardiesse
Et change le mal en bien :
Car chacun aspire à bien servir (au mérite)
Puisqu’il y tend.

Qui s’esmaie pour mal souffrir
Ne qui prend garde à son tourment ,
Il ne puet amer longuement.
Mais com plus pense par loisir
A son désir ,
Et plus li semble anientir
Lui et amours et dessevir
Tout son jouvent.

Celui qui s’émeut de souffrir
Ni ne se défie de son tourment
Il ne peut aimer longuement.
Mais comme il pense plus à loisir
A son désir
Et plus il lui semble anéantir
Lui et Amour et payer en retour
Toute sa gaité.

Par rire et par biaus dis oïr
Et par joli contènement, .
Vient amours au commenchement,
Et ensi se veut poursievir
Et esbaudir,
Et espérer merchi briement,
Encor n’i puist on avenir,
Ensi veut amours maintenir
Se douche gent.

Par rire et entendre de belles paroles
Et par une conduite agréable
Vient l’amour au commencement
Et ainsi se veut poursuivre
Et encourager
Et espérer (attendre) que la grâce arrive brièvement
Bien qu’on ne puisse encore y parvenir
Car ainsi veut amour maintenir
Ses douces gens.

Trop font chil amant à haïr
Qui requièrent hardiement ,
Ch’est de désir folement
Quil ne se puéent astenir ;
Et s’au partir
Sont escondit vilainement.
Or ont il deus tans à souffrir,
Car chou c’on ne vaurroit oïr
Quiert’on souvent.

Certains amants se font trop haïr
Qui exigent avec trop de hardiesse,
C’est par faute de trop désirer (désirer follement)
Qu’ils ne peuvent s’abstenir
Et au moment de la séparation,
Ils sont éconduits de manière méprisable.
Mais s’ils ont du tant souffrir
C’est que ce qu’on ne voudrait entendre
Recherche-t-on souvent
.

Pour chou fait bon mains envaïr,
Car puis c’amans a hardement
De proier Dame qui s’entent
Moustre il qu’il le doive fuir;
Car descouvrir
N’oseroit son cuer nulement
Fins amis, ains laist convenir
Pité qui nient ne laist périr
Qui tout li rent.

Pour cela il est préférable de se montrer moins envahissant
Car l’amant trop empressé (hardi)
D’obtenir les faveurs d’une dame qui s’y entend (dans les choses de l’amour)
Lui montre qu’elle doit le fuir.
Aussi n’osera-t-il
Découvrir son cœur en aucune façon.
Fins amants ainsi faut-il laisser faire les choses
Pitié qui, jamais, ne laisse rien perdre
Lui rendra tout.

Robert Nasart, d’un chant furnir
Mis envers vous un plège gent.
Par amours, Sire, quitiés l’ent ,
Car je vous veul ce chant offrir
Pour remplir
Che que vous avoie en couvent .
Pour riens n’en vausisse mentir
Qui seur tel plège acroit tenir
Doit bien couvent.


Robert Nasart, je vous ai fait la douce promesse
de vous fournir une chanson.
De grâce, sire, tenez m’en quitte
Car je vous viens offrir ce chant
Pour accomplir
Ce que je vous avais promis.
Pour cela rien ne vaut de mentir
Celui qui donne sa parole sur un tel engagement
Doit bien l’accomplir.


En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

« Fines Amouretes ai » la fine amor d’Adam de la Halle à la Nouvelle-Orléans

trouveres_troubadours_musique_poesie_medievale_musique_ancienneSujet : musique, chanson, poésie médiévale, vieux français,  trouvères d’Arras,  fin’amor rondeau. amour courtois, langue d’oïl.
Période :  Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur :  Adam de la Halle (1235-1285)
Titre : Fines Amouretes ai
Interprète :   New Orleans Musica da Camera
Album  : Les Motés d’Arras (2003)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous vous proposons une nouvelle chanson médiévale du trouvère Adam de la Halle. Ce rondeau polyphonique à trois voix qui se classe dans le registre de la lyrique courtoise et de la fin’amor nous fournira l’occasion de vous toucher un mot d’une célèbre formation de musiques médiévales outre-atlantique :  le New Orleans Musica da Camera.

Le New Orleans Musica da Camera
Un demi-siècle de musiques et de scène

musiques-medievales_trouveres-Arras_New_Orleans_Musica_da_Camera_Milton-ScheuermannFondé dans le courant de l’année 1966, l’ensemble New Orleans Musica da Camera compte parmi les formations de musiques anciennes américaines à la plus longue carrière. Ils ont, en effet, joué pendant près de 52 ans et donné près de 700 concerts. On doit sa création à l’architecte et passionné de early music Milton G. Scheuermann Jr.

Leur répertoire couvre une période qui s’étend du Moyen Âge central jusqu’au début de la période baroque. Au plus près de l’ethnomusicologie, l’ensemble privilégie les instruments anciens, en tentant de restituer au plus près les techniques d’époque.   Visiter le site web de la formation

Les Motés d’Arras, Song of Arras

Enregistré au début des années 2000, l’album Song of Arras ou Les Motés d’Arras du New Orleans Musica da Camera partait à la rencontre du XIIIe siècle et de la prolifique cité médiévale.

musique_medievale_trouveres_moyen-age-central_Adam-de-la-halle_New_Orleans_Musica_Da_CameraDe Jean Bodel, à Adam de la Halle en passant par Moniot d’Arras, Gauthier de Dargies, et quelques autres auteurs et compositions anonymes de la période médiévale, l’ensemble proposait ainsi quatorze  pièces en provenance du Moyen Âge central. Adam de la Halle y occupait la  place principale avec pas moins de cinq titres de son répertoire. On trouve encore cet excellent album à la vente et son éditeur a même eu la bonne idée de le proposer au format MP3, en plus du format CD : The Song of Arras – New Orleans Musica da Camera


Fines Amouretes ai,
un rondeau d’Adam de la Halle

Fines amouretes ai ,
Dieus ! si ne sai
Quant les verrai.

Or manderai mamiete
Qui est cointe* (coquette, élégante) et joliete
Et s’est si savérousete* (savoureuse, délicieuse)
C’astenir ne m’en porrai.

Fines amouretes ai , etc.

Et s’ele est de moi enchainte (1)
Tost devenra pale et teinte ;
S’il en est esclandèle* (blâmée) et plainte
Déshonnerée l’arai.

Fines amouretes ai, etc.
Miex vaut que je m’en astiengne,
Pour li joli* (plaisant, enjoué) me tiengne,
Et que de li me souviengne;
Car s’onnour le garderai.

Fines amouretes ai , etc.

(1) Littré :   XIIIe s.  « Enchainte suis d’Ugon, si qu’en leve mes gris (ma robe de gris) »Audefroi le Bastard, Romancero; – XIIe s. « Quant la dame se sent enceinte, Si est forment muée e teinte »Grégoire le Grand, p. 10  – 


Partition – Notation moderne

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

« Je muir d’amourette », l’amour courtois du trouvère Adam de La Halle par l’Ensemble Fortune’s wheel

trouveres_troubadours_musique_poesie_medievale_musique_ancienneSujet : musique, chanson médiévale, poésie médiévale, vieux français, trouvère, rondeau, chansons polyphoniques, amour courtois, fine amor, bibliographie.
Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur : Adam de la Halle (1235-1285)
Titre : Je muir d’Amourete(s)
Interprètes : Fortune’s wheel
Album : Pastourelle, the Art of Machaut and the Trouvères (2002)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous revenons aujourd’hui à la poésie d’Adam de la Halle avec un de ses célèbres rondeaux. Le thème est celui de l’amour courtois. « Je muir d’amourette », le  fine amant se meurt de n’avoir réussi à séduire la demoiselle ou la dame de son coeur et du manque de miséricorde dont il fait l’objet. Bien moins douce et docile qu’il ne l’avait supposé au premier abord, elle se montre sauvage et cruel, en lui accordant pas ses grâces et le trouvère, rendu seul, se morfond.

Le rayonnement des musiques et de la poésie de l’Europe médiévale n’a pas de frontières. Bien au delà du continent, ces oeuvres appartiennent désormais au patrimoine de l’Humanité et séduisent, en tout cas, de nombreux artistes et un large public à travers le monde. Pour preuve, l’interprétation du jour nous vient d’outre-atlantique et d’un ensemble médiéval américain  ayant pour nom Fortune’s Wheel;  nous aurons ainsi l’occasion de vous les présenter.

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Les Oeuvres complètes d’Adam de la Halle
bibliographie & ouvrages

En 1872, après avoir compulsé plus de quinze manuscrits anciens, le juriste, musicologue et ethnologue Edmond de Coussemaker (1805-1876) faisait paraître une synthèse remarquable des oeuvres d’Adam de la Halle. A côté de la liste exhaustive des créations du trouvère artésien du XIIIe siècle : chansons, jeux-partis, motets, rondeaux mais aussi pièces plus longues de l’auteur ( le congé, le poème du roi de Sicile, le jeu de la feuillée, le jeu de Marion et Robin et le jeu du pèlerin), le musicologue nous gratifiait également des partitions de l’ensemble des compositions de l’artiste médiéval, en juxtaposant même les notations anciennes des manuscrits aux notations modernes.

deco_enluminures_rossignol_poesie_medievalePour parenthèse, concernant la pièce du jour et sa popularité, on notera sa présence, entre autres manuscrits, dans le roman satirique Renart le Nouvel (1288) de Jacquemart Giélée. Elle y sera même chantée deux fois. 

Pour revenir à l’ouvrage de Edmond de Coussemaker, cette véritable bible sur l’oeuvre de Adam de la Halle à fait longtemps référence pour les artistes désireux de s’essayer à la musique du trouvère d’Arras, comme aux amateurs de poésie et de littérature médiévale. De fait, à quelques 150 ans de sa première parution, l’ouvrage est toujours réédité. On pourra notamment le trouver chez Hachette où il est publié en partenariat avec la BnF et dans le cadre de sa politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française En voici le lien : Oeuvres complètes du trouvère Adam de La Halle (Éd.1872)

Les oeuvres traduites

A noter qu’en 1995, l’universitaire et spécialiste de littérature médiévale, Pierre-Yves Badel faisait également paraître ses oeuvres complètes du trouvère, aux côtés, cette fois, de leur traduction en français moderne. Sorti dans la Collection Lettres gothiques et sous la direction de Michel Zink, l’ouvrage est toujours disponible au Livre de Poche. Les mélodies y sont également présentes. Pour information,  en voici également le lien : Oeuvres complètes d’Adam de la Halle, par Pierre-Yves Badel.

« Je muir d’amouretes », d’Adam de la Halle, Ensemble Fortune’s wheel

L’Ensemble médiéval Fortune’s Wheel

Fondé en 1996 par quatre musiciens spécialisés dans les musiques anciennes et renommés outre-Atlantique, l’Ensemble Fortune’s Wheel a fait de très salués premiers pas au Festival of Early Music de Mexico, avant de se produire en concert à travers tous les Etats-Unis, dans le courant des années suivantes.

Après avoir publié deux albums, celui dont est extrait la pièce du jour et un autre sur les musiques de l’Angleterre médiévale, le groupe a, semble-t-il, arrêté de se produire et ne s’est pas reformé depuis quelque temps déjà. Les artistes qui le composaient étant toujours actifs dans le champ des musiques du moyen-âge, on peut les retrouver plus récemment dans d’autres formations, du côté des Etats-Unis.

Dans sa composition, on retrouvait  Robert Mealy, vièle, harpe et voix (voir article Ensemble Tenet), Shira Kammen, vièle, harpe et voix (Ensemble PAN), Paul Cummings, voix (Boston Camerata) et Lydia Heather Knutson, voix (Ensemble Sequentia, Boston Camerata,  Blue Heron).

 Pastourelle, the Art of Machaut & the Trouvères

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Sorti en 2002, l’album Pastourelle, proposait 20 titres empruntés au répertoire médiéval des XIIe au XIVe siècles. On pouvait ainsi y retrouver quatre pièces d’Adam de la Halle, une de Conon de Béthune, huit de Guillaume de Machaut et encore quelques autres compositions anonymes de cette même période.  Pour le moment, l’album ne semble pas avoir été réédité mais il est, en revanche, toujours disponible au format MP3 au lien suivant : Pastourelle by Fortune’s Wheel Ensemble.

Je muir d’amouretes d’Adam de la Halle

Je muir, je muir d’amourete,
Las! ai mi
Par defaute d’amiete
De merchi.(1)

Je meurs, je meurs d’amourete,
Las! Pauvre de moi
Par défaut d’Amie

et de miséricorde (pitié).

A premiers la vi douchete* (douce, tendre);
Je muir, je muir d’amourete,

D’une atraitant* (séduisante) manierete 
A dont (alors) la vi,
Et puis la truis* (de trover) si fierete* (sauvage, cruelle)
Quant li pri* (de preiier, supplier)

Je muir, je muir d’amourete,
Las! ai mi
Par defaute d’amiete
De merchi.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
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Pastourelle & trouvères du moyen-âge : le jeu de Robin et Marion par l’ensemble Perceval (extrait)

musique_poesie_chanson_profane_medievale_pastourelle_adam_de_la_halle_trouvere_arrasSujet :  musique, poésie, chanson, médiévale,  trouvère, pastourelle,
Epoque : moyen-âge central,
Auteur :  Adam de la Halle  (1220-1288)
Titre : le jeu de Robin & Marion
Interprète : Ensemble Perceval
Album : 
« Adam de la Halle : Le jeu de Robin et Marion» (1981   Arion)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous avions déjà parlé, il y a quelques semaines, de la pastourelle médiévale « le jeu de Robin et Marion » du trouvère Adam de la Halle et nous vous en présentons, aujourd’hui, un autre extrait musical. Cette fois-ci, nous le devons à l’excellentissime Ensemble Perceval et il faut bien avouer qu’au niveau vocal tant que pastourelle_trouvere_adam_de_la_halle_jeu_marion_et_robin_enluminuresmusical, cette pièce nous transporte d’emblée dans un ailleurs poétique sublime.

(ci-contre le jeu de Robin et Marion, enluminures, Ms. 166,  XIVe, Bibliothèque Méjanes , Aix en Provence)

Ce n’est qu’un extrait de la scène II entre Marion et son  promis et amant Robin. Il finit un peu en queue de poisson et nous nous en excusons.  Le morceau dure en réalité 11 min 20. Sous la direction de Guy  Robert, l’album dédié dans son entier au jeu de Robin et Marion est accessible sur  Amazon et d’autres  sites de vente en ligne.  Le travail  artistique  de la formation y est résolument ouvert  à des morceaux hors  de l’oeuvre de  Adam de La Halle.

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Pour plus d’informations sur les productions Perceval,  vous pouvez consulter l’article que nous leur avions dédié précédemment ici:

La complainte de Richard 1er par l’ensemble Perceval.

En vous souhaitant une bonne écoute et une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes  ses formes.