Sujet : invasions barbares, empire romain, histoire médiévale, analyse historique et économique de la chute de Rome. Période : fin de l’antiquité, haut Moyen Âge. Média : vidéo-conférence Titre : Les invasions barbares Conférencier : Bruno Dumézil, maître de conférences à Paris-Ouest-Nanterre-La Défense Lieu : Aix-en-Provence (2015)
Bonjour à tous,
’empire romain est-il, comme on l’a longtemps avancé, uniquement tombé du fait des invasions répétées de barbares ? En réalité, la réponse à cette question est un peu plus complexe qu’un simple oui ou non.
D’ailleurs ainsi formulé, le problème est sans doute mal posé et peut-être faudrait-il privilégier des questions comme: quelles raisons endémiques, historiques, économiques, financières et politiques peuvent expliquer un affaiblissement de l’empire romain ayant fragilisé ses frontières ? Y avait-il dans ses fondements économiques même et/ou dans sa mécanique d’expansion et de conquête, les conditions d’une fragilité structurelle qui allait se révéler avec le temps ? Devant la taille qu’il avait atteint, jusqu’à quel point l’intégration des « barbares » et la délégation de pouvoir à leurs chefs les plus puissants pouvaient-elles être évitées ?
Rome allait-elle ainsi nourrir en son sein de futurs rois, aptes à se retourner contre son propre pouvoir et si oui pour quels motifs ? Analyser les causes de l’affaiblissement, puis de la chute, de l’empire romain dans une perspective globale prenant à la fois en compte les données endogènes et exogènes, voilà donc l’ambitieux sujet de la conférence auquel nous convie Bruno Dumézil.
Bruno Dumézil & la passion du haut Moyen Âge
« – Tu veux me dire que l’Empire romain aurait été détruit par des Romains déguisés en Barbares pour payer moins d’impôts ? » Les Barbares expliqués à mon fils . Bruno Dumézil
Agrégé d’Histoire, formé à l’école normale supérieure; Bruno Dumézil est un jeune et néanmoins brillant historien médiéviste français, plus particulièrement spécialisé dans le haut moyen-âge. On lui doit de nombreux ouvrages sur cette période et quand il n’écrit pas sur ce sujet, il enseigne à l’Université de Paris Ouest Nanterre.
Dans cette conférence sur les « invasions » barbares, il se propose, comme nous le disions plus haut, de nous donner de sérieux éléments de réflexion sur les causes de la chute de Rome mais il se penche aussi sur l’existence factuelle d’une « réelle » identité barbare. Au passage, la vision un peu schématique qu’une certaine Histoire avait pu nous enseigner sur les « grandes » invasions barbares s’en trouve totalement rééclairée et dans cette relecture le profil du « barbare » se trouve, du même coup, sérieusement redéfini.
De fait, nous nous retrouvons bien moins face à la vision « classique » d’un « choc » de civilisation que devant le constat d’une intégration romaine des populations et des guerriers en provenance des nations et tribus dites barbares, bien longtemps avant l’effondrement de l’Empire.
En bref, à l’image de la complexité du monde et des interrelations entre cultures et sociétés humaines, rien n’est jamais simple, ni aussi tranché en Histoire, et c’est encore un grand enseignement à tirer de cette excellente conférence. Soyez donc les bienvenus pour un voyage d’une heure trente à l’aube du moyen-âge et à l’encontre des idées reçues.
Une sélection de quelques ouvrages
de Bruno Dumézil sur le haut moyen-âge
Pour prolonger le plaisir de cette conférence et creuser de manière plus détaillée l’approche du Bruno Dumézil, sur ces questions, voici quelques liens utiles qui vous permettront, si vous le désirez, d’acquérir ses ouvrages.
En vous souhaitant une très bonne écoute, ainsi qu’une excellente journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : poésie, littérature médiévale, réaliste, satirique, ballade, auteur médiéval, analyse littéraire, corpus. Période : moyen-âge tardif Titre : « Ballade des povres housseurs » Auteur : « Corpus » François Villon
(1431- ?1463)
Bonjour à tous,
xtraite du Jardin de plaisance et fleur de rhétorique, anthologie de poésie parue pour la première fois en 1502, la ballade que nous vous présentons aujourd’hui s’est vue bientôt attribuée à François Villon par M. Prompsault, en 1832, qui lui donna d’ailleurs aussi son titre et l’intégrera à son édition des oeuvres du poète médiéval. Il faut dire que la poésie en question côtoie de près d’autres balades de Villon dans cet ouvrage.
Rien n’établit pourtant, de manière certaine, la paternité de ce texte à Villon et il y a eu, pour cet auteur comme tant d’autres un effet de corpus et d’assimilation assez commun au moyen-âge et qui, à l’évidence persiste encore en ces débuts de renaissance où la notion « d’auteur » était en cours de formation ou de définition. Du reste, l’anthologie sus-mentionnée ne signe aucun des textes qu’elle mentionne du nom de leurs auteurs.
La Ballade des povres housseurs
On parle des champs labourer, De porter chaulme contre vent, Et aussi de se marier A femme qui tance souvent; De moyne de povre couvent, De gens qui vont souvent sur mer; De ceulx qui vont les bleds semer, Et de celluy qui l’asne maine; Mais, à trestout considérer, Povres housseurs ont assez peine.
A petis enfans gouverner, Dieu sçait se c’est esbatement ! De gens d’armes doit-on parler? De faire leur commandement? De servir Malchus chauldement? De servir dames et aymer? De guerrier et bouhourder (1) Et de jouster à la quintaine (2)? Mais, à trestout considérer, Povres housseurs ont assez peine.
Ce n’est que jeu de bled soyer, Et de prez iaukher, vrayement; Ne d’orge battre, ne vanner, Ne de plaider en Parlement; A danger emprunter argent; A maignans leurs poisles mener; Et à charretiers desjeuner, Et de jeusner la quarantaine; Mais, à trestout considérer, Povres housseurs ont assez peine.
1. Bouhourder : guerroyer & jouter. On retrouve ici l’origine du mot Béhourd. 2. Quintaine : mannequin d’entraînement pour les chevaliers.
Qui sont ou que sont ces pauvres housseurs?
A la première lecture, le texte semble plutôt compassionnel. Il s’adresse à des « housseurs » que l’on devine pauvres et miséreux. Qui sont-ils vraiment ? L’interprétation a varié relativement d’un éditeur de Villon dans le courant du XIXe siècle.
Si l’on fait appel aux dictionnaires anciens sur le terme de housse, housseau, houseau autant que de housser ou holcier, il faut dire qu’il y a de quoi s’y perdre; les définitions sont à tiroirs. Alors, en suivant le fil des éditeurs des oeuvres de Villon, ces housseurs sont-ils comme le pensait J.-H.-R. Prompsault en 1835, des porteurs de bottes ou de housseaux, ces jambières protectrices, dont le bas s’adapte sur la chaussure ? On ne voit pas bien en quoi cela pourrait les rendre si misérables. Sont-ils alors plutôt comme Antoine Campeaux le soutiendra en 1873, des écoliers portant des housses (manteaux à capuchons) ou encore, bien loin de cette hypothèse, des batteurs de tapis « qui avoient assez de peine ou qui travaillent beaucoup, à une époque où tous les appartements étoient tendus de tapis de haute lice« , comme l’avancera encore Paul L Jacob, dans une édition des oeuvres de Villon datée de 1854 ?
Randle Cotgrave, un anglophone du XVIIe
au secours du français Classique
En réalité, il semble qu’aucun de ces éditeurs ou auteurs n’aient vu juste. Celui qui emportera l’adhésion du plus grand nombre, en tout cas, sera un lexicologue anglais du nom deRandle Cotgrave, dans son dictionnaire français anglais du tout début du XVIIe siècle : A Dictionarie of the French and English Tongues Londres, 1611. Il faut dire que l’ouvrage réalisé avec beaucoup de soin et d’application, fait encore référence tant pour les anglophones ou les personnes désireuses d’apprendre l’anglais que pour les amateurs avides de percer les mystères des textes classiques.
Ainsi, Cotgrave traduira housseur par balayeur ou ramoneur. Certains dictionnaires plus récents d’ancien français suivront d’ailleurs son exemple (c’est le cas notamment du Dictionnaire Godefroy version courte de 1901 ) et « housser » s’y verra encore rapproché, entre autre définition, à l’action de « frotter, nettoyer, balayer ». On trouvera encore houssoir défini comme un balai ou encore un balai de plume pour épousseter.
Ramoneur, gravure d’Abraham Bosse (1602-1676)
Dans certains dictionnaires, quand il s’agit de ramoner on parlera plus spécifiquement de « housseurs de cheminée » dans d’autres cas, le housseur tout court pourra désigner l’un ou l’autre indifféremment. Une farce du début du XVIe, nommée la farce du ramoneur utilisera d’ailleurs le terme de « housseur » à plusieurs reprises pour désigner le ramoneur et sur la foi de cet farce, la revue critique d’histoire et de littérature du XIXe tranchera d’ailleurs en faveur des ramoneurs plutôt que des balayeurs, pour ce qui est de cette ballade.
Balayeur ou Ramoneur ?
Un peu plus qu’une légère nuance.
De balayer à ramoner, la nuance est légère me direz-vous ? Elle ne l’est, en réalité, qu’en apparence pour plusieurs raisons. La première est évidente, il ne s’agit pas tout à fait du même métier.
La corporation ou le « métier » de balayeur nous est décrit relativement précisément dans le Tableau de Paris, ouvrage de la fin du XVIIIe, publié par Louis-Sébastien Mercier. La « profession » y est dépeinte de manière tout à fait poignante. A l’évidence les pauvres miséreux qui se chargent de nettoyer les rues au petit matin en retirent à peine de quoi survivre. et sont en plus brimés dans leur tâche par ceux qui les encadrent. En voici un extrait pour vous permettre d’en juger :
« S‘il vous arrive jamais de passer en hiver dans les rues de Paris, deux heures avant le lever du jour, vous entendrez de toutes parts le bruit monotone et régulier des balais sur le pavé, et vous rencontrerez à chaque pas, par groupe de cinq ou six, de pauvres hères, silencieusement occupés à nettoyer les ruisseaux et à curer les égouts. Vêtus de guenilles qui tombent en lambeaux, presque toujours mouillés jusqu’aux os par le brouillard ou la pluie, ils ont pourtant la tête recouverte d’un orgueilleux chapeau de toile cirée, orné d’une grande plaque de cuivre, insigne dérisoire que l’administration semble leur imposer, comme la marque de leur esclavage, et l’emblème d’une misère qui gagne tout juste assez pour avoir longtemps encore à souffrir de l’épuisement et de la faim. » Le Tableau de Paris – Louis-Sébastien Mercier
On peut supposer qu’au siècle contemporain de cette ballade des pauvres housseurs, la condition sociale des balayeurs n’était guère meilleure qu’un siècle et demi plus tard et ce texte pourrait donc tout à fait leur convenir. Cela dit, me direz-vous, même si les deux métiers diffèrent, on ne peut non plus préjuger que le sort des ramoneurs ait été de son côté beaucoup plus enviable aux mêmes périodes. L’image du « petit ramoneur » et de ses misères, jusque encore le milieu du XXe siècle, a elle-même alimenté de nombreux contes et nourri les imaginaires.
En réalité, une autre nuance de taille se niche encore entre les deux professions, au niveau de l’analyse littéraire et textuelle. Elle réside dans le double sens du vocabulaire autour du ramonage, que notre époque a d’ailleurs conservé mais dont le métier du balayeur n’a pas hérité: l’action de « ramoner » au sens figuré, soit de trousser une dame ou de la contenter était déjà source de beaucoup d’amusement au XVe et XVIe siècles.
Ballade compassionnelle
ou ballade triviale et polissonne?
De fait, si le sens de housseur était bien ici ramoneur et non pas balayeur, au vue de la popularité de cette analogie déjà dans le courant du XVe siècle, dont la farce sus-mentionnée use abondamment, la ballade du jour prendrait d’emblée des dehors bien plus grivois. Arthur Piaget archiviste et historien suisse de la fin du XIXe n’en doutait pas, quant à lui, un seul instant, puisque il écrivit même dans la Revue Romania de 1892 de cette ballade « qu’elle roulait sur une équivoque obscène » (Remarques sur Villon, à propos de l’édition de M. A. Longnon, Persée). Même si cela ne pouvait suffire à établir que François Villon en avait été l’auteur, ceci explique d’autant plus qu’on ait pu la lui prêter, lui dont l’humour « grivois » et à double-sens n’étaient jamais en reste.
Alors comment trancher ? Au siècle de la farce du ramoneur, il se pourrait bien que cette ballade aux dehors joliment compassionnels qui tirerait presque une larme au premier regard si l’on n’allait chercher plus loin, soit un prétexte voilé à la farce et la grivoiserie. Le doute reste encore permis et chacun se fera son idée avec tous les éléments en sa possession. Bien que ne cachant pas, ici, nos penchants pour une certaine littérature médiévale satirique, il faut bien avouer que la peinture sociale d’un petit peuple oublié de Paris nous paraissait largement plus séduisante par sa profondeur.
En vous souhaitant une excellente journée !
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : danse ancienne, pavane, basse danse, danse royale, chant polyphonique, chanson ancienne, kaamelott, chanson, musique ancienne, amour courtois. Période : renaissance, XVIe siècle (1588) Auteur : Thoinot Arbeau, (1520-1595) Jehan Tabourot. Titre : « Belle qui tiens ma vie » Ouvrage : Orchésographie Interprète : Ensemble DEUM, Chorale Thomas Tallis de Arduino Pertile.
Bonjour à tous,
our tout ceux qui aiment et ont aimé la série culte Kaamelott, la chanson « Belle qui tiens ma vie » est entrée définitivement dans le corpus des légendes arthuriennes. Ce chant est, en effet, repris de la bouche même du roi Arthur (Alexandre Astier à l’écran) dans quelques épisodes.
Alors provient-il du moyen-âge, le haut ou le « Dark age » comme l’appellent les anglais, cette période supposée contemporaine des légendes arthuriennes ou nous vient-il plutôt du moyen-âge central et des siècles qui ont vu naître la littérature et le roman arthurien ? Et bien, en réalité, la chanson ne se rattache à aucun de ces deux moyen-âge(s) et leur est postérieure de plusieurs siècles.
(désolé pour la qualité vidéo, l’audio est très bon en revanche)
Une pavane du XVIe siècle
qui s’invite dans les légendes arthuriennes
Composée et créée par Thoinot Arbeau, pseudonyme de Jehan Tabourot, chanoine de Langres, ce beau chant polyphonique à quatre voix date en réalité du XVIe siècle et est une pavane, soit une basse danse royale et seigneuriale de la Renaissance.
Comme nous l’avons vu ici à plusieurs reprises, ce n’est pas la première fois qu’un air ou une chanson de la renaissance ou même des siècles ultérieurs au moyen-âge s’y invite. Paradoxe ou message voilé, dans Kaamelott, le roi Arthur entonne même cette jolie pièce d’Amour courtois avec la reine Guenièvre (la très drôle Anne Girouard) qui, dans la série, est loin d’incarner celle qui tient véritablement son coeur, loin s’en faut. Dans les libertés que l’auteur prend avec son oeuvre, en voici donc une de plus, mais, encore une fois, nous l’avons mentionné ici, les légendes arthuriennes revues et corrigées par Alexandre Astier, n’ont pas l’ambition du réalisme historique. Elles se situent dans un espace imaginaire totalement assumé entre moyen-âge et modernité.
Du reste, peut-être même est-ce là le propre des légendes de savoir ménager, en leur sein, des espaces de liberté « contemporains » qui permettent à chacun de pouvoir mieux s’identifier. Au fond, lors de leurs premières écritures déjà, les aventures du bon roi de Bretagne et de ses chevaliers étaient en décalage de 600 ans avec leur propos et ne se privaient pas d’y inviter des valeurs, mais aussi de beaux châteaux de pierre et des chevaliers qui étaient bien plus de leur temps que du VIe siècle auquel elles se référaient.
« Le gentil-homme la peult dancer ayant la cappe & l’efpée: Et vous aultres, veftuz de voz longues robes, marchant honneftement avec une gravité posée. Et les damoifelles avec une contenance humble, les yeulx baiffez, regardant quelquefois les affiftans avec une pudeur virginale. Et quand à la Pavane, elle fert aux Roys, Princes et Seigneurs graues, pour fe monftrer en quelque jour de feftin folemnel avec leurs grands manteaux & robes de parades. »
Thoinot Arbeau – Orchésographie (basse danses et pavanes)
Comme la citation ci-dessus, la chanson « belle qui tiens ma vie » fait donc partie d’un ouvrage paru en 1588 et intitulé Orchésographie. On en trouve encore quelques exemplaires originaux, même s’il a été réédité depuis. C’est un traité de danse qui fournit des éléments de méthode, autant que des illustrations et des compositions musicales pour en faciliter l’apprentissage.
Si cela vous intéresse, vous pouvez retrouver ce petit précis de danse ancienne sur le site de la Bnf et en version numérisée ici : Orchésographie en ligne.
Ensemble DEUM et la Chorale Thomas Tallis
L’ensemble D.E.U.M. auquel nous devons la belle interprétation de cette chanson que nous vous proposons aujourd’hui est un quartet vocal italien, issu de la chorale Thomas Tallis de Arduino Pertile. Vous pouvez retrouver de nombreuses interprétations de cette formation sur leur chaîne youtube. Elle existe en réalité depuis 1975 et a changé de nom entre temps, mais elle continue de se produire régulièrement en concert, en Italie.
Au passage même si le site web de la formation vocale dont sont issus ces quatre artistes est totalement en italien et même si vous n’êtes pas italophone, je vous conseille vivement de consulter la page où ils présentent leurs membres et les portraits tordants dont ils se sont fendus (nous vous en donnons un avant-goût ci-dessus). Classicisme et sérieux dans l’interprétation ou dans le choix de répertoire ne sont, à l’évidence, pas incompatibles avec humour et bonne humeur et c’est très agréable de se le voir rappeler.
Les paroles originales de la chanson
« belle qui tiens ma vie »
« Belle qui tiens ma vie Captive dans tes yeux, Qui m’as l’âme ravie D’un sourire gracieux, Viens tôt me secourir Ou me faudra mourir.(bis)
Pourquoi fuis-tu mignarde Si je suis près de toi, Quand tes yeux je regarde Je me perds dedans moi, Car tes perfections Changent mes actions.(bis)
Tes beautés et ta grâce Et tes divins propos Ont échauffé la glace Qui me gelait les os, Et ont rempli mon cœur D’une amoureuse ardeur.(bis)
Mon âme voulait être Libre de passions, Mais Amour s’est fait maître De mes affections, Et a mis sous sa loi Et mon cœur et ma foi.(bis)
Approche donc ma belle Approche, toi mon bien, Ne me sois plus rebelle Puisque mon cœur est tien. Pour mon mal apaiser, Donne-moi un baiser.(bis)
Je meurs mon angelette, Je meurs en te baisant. Ta bouche tant doucette Va mon bien ravissant. À ce coup mes esprits Sont tous d’amour épris.(bis)
Plutôt on verra l’onde Contre mont reculer, Et plutôt l’œil du monde Cessera de brûler, Que l’amour qui m’époint Décroisse d’un seul point.(bis) «
Thoinot Arbeau (1520-1595)
Notes : suite à une question sur la dernière strophe de la chanson, je poste ici, à toutes fins utiles, quelques éléments de réponse.
« Plutôt on verra l’onde Contre mont reculer »
Contremont : vers le haut. En l’occurrence, en parlant d’un cours d’eau « vers l’amont » : on aura plus de chances de voir (ou on verra avant) l’eau remonter vers l’amont ou à contre-courant… »
« Et plutôt l’œil du monde Cessera de brûler »
L’oeil du monde est le soleil. Dans l’univers platonicien, les analogies existent entre l’astre et l’oeil. On retrouve aussi cet « Oeil du monde »dansla remonstrance au peuple de France de Ronsard, poésie qui date du même siècle que la chanson :
« La nuit j’adorerais les rayons de la Lune, Au matin le Soleil, la lumière commune, L’oeil du monde ; et si Dieu au chef porte des yeux, Les rayons du Soleil sont les siens radieux, Qui donnent vie à tous, nous maintiennent et gardent, Et les faits des humains en ce monde regardent.
Dans la même poésie de Ronsard, il est également fait allusion à l’épisode biblique de Moïse et de la mer rouge et des ondes repoussées par lui. Jehan Tabourot y fait-il une référence lointaine dans son allégorie sur l’onde ? Difficile de l’affirmer. Peut-être ne faut-il pas aller chercher si loin.
« Pour guider ses enfants par monts et par vallées, Qui noya Pharaon sous les ondes salées Et fit passer son peuple ainsi que par bateaux Sans danger, à pied sec par le profond des eaux. »
Quoiqu’il en soit donc, dans l’esprit de l’auteur, ces deux choses ne peuvent survenir et si elles le devaient, elles se produiraient avant que l’amour « qui l’étreint » ait baissé en intensité (ne décroisse d’un seul point).
En vous souhaitant une excellent journée et une belle fin de semaine!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : fêtes, festivités médiévales, Jeanne d’Arc, Pucelle d’Orleans, guerre de cent ans, commémoration historique, histoire vivante, défilé, marché, compagnie, troupe médiévale. Période : moyen-âge tardif, XVe siècle Lieu : Orléans (Loiret) Evénement : fêtes Johanniques, fêtes de Jeanne d’Arc 2017 Dates : les 11,12,13 et 14 mai 2017
« Une enfant de douze ans, une toute jeune fille, confondant la voix du cœur et la voix du ciel, conçoit l’idée étrange, improbable, absurde si l’on veut, d’exécuter la chose que les hommes ne peuvent plus faire, de sauver son pays. » Jules MICHELET (1798-1874), Jeanne d’Arc (1853)
Bonjour à tous,
n ne célèbre pas Jeanne d’Arc à Orléans depuis près de 587 ans pour se laisser arrêter la 588ième fois par une élection, fusse-t-elle présidentielle. Quelque peu bousculées pour des raisons d’échéancier électoral, les fêtes et réjouissances historiques autour de Jeanne d’Arc se poursuivront donc ce week-end sur place, pendant quatre journées complètes.
La commémoration d’une levée de siège et de son héroïne devenue légendaire
Il y a un peu moins de six siècles, celle que l’on avait fini par surnommer la pucelle, libérait la ville d’Orléans du joug anglais et faisait reculer l’ennemi hors de France dans une épopée gravée à tout jamais dans les pages de l’Histoire médiévale française.
« Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle […] Mettez-moi en besogne et le pays sera bientôt soulagé. Vous recouvrerez votre royaume avec l’aide de Dieu et par mon labeur. » Jeanne D’Arc (1412-1431), Chinon, mars 1429
Le parcours incroyable de cette jeune paysanne devenue l’héroïne chrétienne et militaire, aussi inattendue qu’inespérée d’un conflit qui s’enlisait au désavantage des français, changea de manière définitive le visage de la guerre de cent ans en lui imprimant un tournant radical. Et si elle n’avait été vraie, l’histoire de Jeanne d’Arc et de ses reconquêtes prendraient, de nos jours encore, les contours d’un mythe. Tous les ingrédients y sont, en tout cas, et le fait que la jeune chef de guerre ait fini martyre et brûlée, sans aucun soutien du roi de France Charles VII, qu’elle avait pourtant contribué à légitimer et faire couronner n’y a rien retranché et y a peut-être même encore ajouté. Au niveau de la classe politique, inutile de dire que la figure de cette jeune paysanne qui se dressa pour défendre les terres de France contre l’envahisseur, met encore de nos jours tout le monde d’accord et ces fêtes sont souvent l’occasion de s’en apercevoir.
Au programme
des festivités orléanaises et johanniques
Un grand marché médiéval se tiendra du jeudi 11 au dimanche 14 mai. Il se poursuivra en nocturne jusqu’à 22 heures, et même 23 heures, le samedi soir. Plus de cent artisans vous y attendent. Bien plus qu’un simple espace d’exposition et de vente, il sera aussi le théâtre des animations et divertissements les plus variées ; musiques et chants, trouvères et troubadours, contes, saltimbanques, échassiers, jongleries, jeux médiévaux et scénettes d’époques seront là pour vous transporter sur les rives d’un moyen-âge réaliste ou plus imaginaire, au gré des acteurs et compagnies médiévales présentes.
Du côté des ripailles on fera, comme c’est de tradition, rôtir le ou plutôt les cochons, tout au long de ces journées de célébration pour en régaler les visiteurs. Rassurons toutefois ceux qui n’en sont pas amateurs et qui auront le bon goût de laisser leur part à ceux qui s’en régalent, ils trouveront assurément d’autres mets délicieux pour se sustenter, parmi les nombreuses tavernes d’inspiration médiévale présentes sur site. Il y aura même cette année, entre elles, une taverne viking !
En sus du marché, le vendredi 12 aura lieu la cérémonie de remise de l’étendard et, au soir, un spectacle son et lumières sera donné sur la façade de la cathédrale, au titre évocateur de «Jeanne, visages universels».
Enfin, le week-end se poursuivra avec les devenues traditionnelles célébrations de Jeanne d’Arc et notamment celles du dimanche qui verront se mettre en marche le grand défilé à la fois historique, militaire et politique de commémoration. Cette année, les maires des 21 communes du territoire s’y joindront aussi pour défiler à la mémoire de la pucelle d’Orléans.
En vous souhaitant une belle journée et de très belles fêtes de Jeanne d’Arc orléanaises si vous vous y rendez ce week-end.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.