Tous les articles par Frédéric EFFE

Agenda : un Automne médiéval au KBR Museum

événements autour du Moyen Âge au KBR Museum.

Sujet : Belgique médiévale, manuscrits anciens, manuscrits médiévaux, ducs de Bourgogne, musée, polyphonie, compositeurs franco-flamands.
Période : Moyen Âge tardif à Renaissance
Evénement : réouverture du KBR
Lieu : KBR Museum,  Mont des Arts 28, Bruxelles.
Date : automne 2025.

Bonjour à tous

rès Régulièrement, le KBR Museum de Bruxelles propose de nouveaux événements d’intérêt autour du Moyen Âge et c’est toujours un plaisir de les relayer.

Pour les visiteurs, c’est l’occasion de découvrir le riche Comté de Flandre au temps du Moyen Âge central et tardif, mais aussi de rares manuscrits et enluminures de la belle Bibliothèque des ducs de Bourgogne. Le musée fait, en effet, tourner les pièces de cette collection unique à l’exposition, permettant ainsi au public d’en découvrir de nouveaux trésors. Après quelques mois, les précieux codex regagnent bien vite l’ombre et la fraîcheur de leur coffre pour le bien de leur conservation.

En plus de cette belle collection, voici un avant-goût de ce qui vous attend au KBR cet automne. Comme on le verra, la polyphonie y est particulièrement à l’honneur.

Au programme de cet automne au KBR


A l’habitude, nous nous penchons ici sur les événements du KBR qui touchent plus particulièrement le Moyen Âge et ceux qui s’en passionnent. Sur place, d’autres expositions, concerts, ou ateliers attendent aussi les visiteurs. Vous pourrez les retrouver sur le site du musée.

Invitation à la découverte de la polyphonie

Type d’événement : Visites guidées sur réservation.
Date : 19 octobre 2025 et 23 novembre 2025, 11h00 – 12h30

Visite des collections des Ducs de Bourgogne au KBR Museum

Ces visite guidée seront l’occasion d’une découverte de l’univers polyphonique du dernier siècle du Moyen Âge à la Renaissance. (XVe et XVIe siècles). Les visiteurs pourront profiter des collections du musée en relation avec le sujet mais aussi des tout derniers dispositifs interactifs et sonores mis en place par l’institution pour une immersion complète. Les compositeurs Johannes Ockeghem et Pierre de La Rue seront notamment au programme de cette découverte.

Veuillez noter que les visites guidées de ce type se répètent assez régulièrement. Si vous n’êtes pas au rendez-vous des dates susmentionnées, il serait judicieux de consulter l’agenda du musée pour vous enquérir des suivantes.

« Nymphes des bois » d’Ockeghem à Josquin des Prés

Type d’événement : Conférence
Date : 25 octobre 2025, 11:00 – 12:30

Photo-portrait de Marc Onkelinx

Accompagné du musicologue Jean-Marc Onkelinx, cette conférence vous permettra de découvrir par le menu « Nymphes des bois », célèbre œuvre polyphonique et musicale de Josquin des Près en déploration de la mort de Johannes Ockeghem.

A la découverte de la polyphonie

Type d’événement : Atelier participatif et chant
Date : 09 novembre 2025, 14:00 – 16:00

Le musicien Baptiste Vaes anime un atelier de chants polyphoniques

Avec cet atelier, Baptiste Vaes vous invite à explorer et pratiquer la richesse des chants polyphoniques. Cette session ouverte à tous vous permettra de donner de la voix tout en vous initiant aux subtilités de cet art médiéval prisé de l’Ars nova, de l’école franco-flamande et d’autres autres écoles musicales de l’Europe des Moyen Âge central à tardif.

Script and Sound: Early Music Research at KBR

Type d’événement : Séminaire en langue anglaise.
Date : 18 novembre 2025, 09:50 – 17:00

Un partition de musique enluminée tirée d'un manuscrit médiéval

A destination d’un public averti, ce séminaire vise à favoriser les recherches sur les musiques médiévales et anciennes du point de vue des sources. D’éminents chercheurs et universitaires viendront y discuter de ces thèmes.

A la découverte des pigments et de la calligraphie

Type d’événement : Ateliers participatifs
Date : 6 et 7 décembre 2025, 10:00 – 12:00 / 14:00 – 16:00

un main formant une lettre calligraphié au moyen d'une plume et d'encre liquide

Tout est dans le titre. Au programme pratique de la calligraphie et mélange de pigments variés. Ce type d’ateliers de pratique se répètent à fréquence régulière au KBR Museum. Comme ils se complètent rapidement, nous vous suggérons d’anticiper leur réservation.


En aparté : le cercle des Amis du KBR Museum

Veuillez également noter qu’un nombre non négligeables d’événements non mentionnés ici sont réservés aux « Amis du KBR Museum ». Ces publics plus restreints soutiennent le musée à l’année et bénéficient, en contrepartie, d’événements privilégiés. La formule permet d’aider au financement du KBR, de son travail de conservation et de ses initiatives. Si vous souhaitez vous y pencher, tout se trouve sur ce lien.


Voilà pour ce programme d’automne au KBR. Pour tous détails et réservation sur ces événements, nous vous invitons à consulter directement le site du musée sur kbr.be.

Si vous vous déplacez vous pourrez, bien entendu, découvrir l’ensemble des collections du musée, ses expositions ainsi que sa nouvelle scénographie. Les travaux récents ont, en effet, permis d’ajouter de nouvelles installations tout à l’avantage des collections et d’une plus grande immersion.

Bibliothèque des Ducs De Bourgogne : découvrez tous les manuscrits en ligne

Si le KBR Museum est riche de millions de documents, on ne peut mentionner son patrimoine historique sans citer la Bibliothèque des Ducs De Bourgogne. La Bibliothéque Royale de Belgique a, en effet, conservé du temps où la Flandre était à la main des bourguignons une large partie de la riche collection des manuscrits des seigneurs d’alors. Aujourd’hui, le KBR a ainsi en charge la conservation de 279 précieux codex datés du Moyen Âge tardif.

Tous les manuscrits accessibles en un clic

Enluminure devenue culte des Chroniques de Hainaut; ms. 9242 (XVe siècle, Collections des ducs de Bourgogne,

Après un patient travail de numérisation, l’ensemble des manuscrits médiévaux de la bibliothèque des Ducs de Bourgogne est désormais consultable en ligne. On y trouve les plus beaux fleurons de l’enluminure médiévale et de rares trésors jusqu’à lors restés sous coffre.

A l’issu de ce grand chantier mis en œuvre par les conservateurs, les ouvrages sont consultables en très haute résolution pour un maximum de détails. Tout est là : consulter la collection des ducs de Bourgogne en ligne.

Notes : l’enluminure ci-contre est sans doute une des plus célèbres de la collection. Tirée des Chroniques de Hainaut ( ms 9242), elle met en scène le puissant duc de Bourgogne Philippe le Bon, vêtu de noir au centre de l’illustration. Face à lui, Simon Nockart, fonctionnaire du Hainaut, présente son hommage et l’ouvrage des Chroniques. Derrière le duc et à ses côtés, un certain nombre de nobles, de conseillers et d’hommes de pouvoir de l’époque sont tous là pour marquer leur allégeance, autant que l’importance de ce moment. Si vous êtes amateur d’histoire médiévale et de ce type d’enluminures, la bibliothèque numérique du musée bruxellois vous en réserve désormais une pléthore.


Voilà mes amis ! Cet automne si le cœur vous en dit, le KBR Museum vous offrira, à tout moment, un grand voyage au temps des ducs de Bourgogne et du Moyen Âge tardif. Aussi n’hésitez pas à y programmer une visite.

Ajoutons que Bruxelles est une ville pleine de ressources culturelles, gastronomiques, architecturales et muséographiques à explorer. N’ayez crainte de vous y ennuyer ! Un séjour même de quelques jours n’y suffirait pas.

Pour découvrir tous nos articles passés sur le KBR Museum, c’est ici.

En vous souhaitant une excellente journée.

Fred
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Une Série Vidéo Exclusive sur les Mottes Castrales et leur Histoire

Bonjour à tous,

n événement aussi récent qu’inattendu nous a contraint de republier un épisode d’une série vidéo que nous avions réalisée en 2016. Cette série de documentaires porte sur l’origine des châteaux forts et des forteresses médiévales que furent les mottes castrales, au Moyen Âge central.

Inutile de nous étaler ici sur les circonstances entourant cette republication, nous souhaitons plutôt en tirer partie pour attirer, à nouveau, votre attention sur ces trois vidéos et leur intérêt.

Une Approche détaillée des mottes castrales

Pour donner le contexte de cette série documentaire, ces trois épisodes se déroulent autour d’une motte castrale fictive qui pourrait être datée du milieu du XIIe siècle. Les vidéos restent légères et divertissantes mais elles sont, toutefois, sérieusement documentées. Une bonne quantité de sources et de références bibliographiques y sont citées. Pour les réaliser nous nous sommes, en effet, appuyés sur de nombreuses recherches en archéologie médiévale et en architecture médiévale.

Formé nous-même à la recherche universitaire, nous faisons toujours en sorte sur Moyenagepassion que les œuvres soient créditées à leurs auteurs. Outre le fait de rendre à Caesar ce qui lui revient légitimement, cela permet à notre audience de pouvoir, par la suite, creuser les sujets.

Un donjon médiéval de bois sur une haute motte de terre entouré d'un rempart de bois et d'une douve

Redécouvrez la série complète

Comme la vidéo en question fait partie d’une série de trois, nous avons décidé de reposter ici le tout, en espérant qu’ils vous plaisent si vous les découvrez. Avec un peu de chance, les vues disparues de la vidéo originelle seront quintuplées sur la nouvelle qui sait ? La chaîne YouTube n’étant pas monétisée, je précise que ce n’est pas une question de monétisation mais plutôt de transmission.

Depuis leur parution peu après le lancement de Moyenagepassion, ces documentaires sur les mottes castrales nous ont valu un nombre important d’éloges ou de commentaires d’amateurs d’histoire médiévale, de poliorcétique ou d’architecture défensive. Elles ont aussi inspiré des conférences et même des projets de reconstitution ou d’archéo-site médiéval. C’est pour nous la meilleure récompense de nos efforts.

Tout cela étant dit, voici les trois épisodes de cette série.

Episode 1. Naissance des mottes castrales

Comment ces forteresses médiévales ont-elles émergées ? A quel moment du Moyen Âge et dans quel contexte historique ? Quelle est la typographie générale d’une motte castrale ? Y a-t-il des disparités entre elles ? Y en avait il beaucoup sur le territoire ? Dans cette première vidéo, nous tâchons d’approcher toutes ces questions.

Episode 2. La basse-cour du château à motte

Dans ce deuxième opus, nous approchons de l’entrée de la motte castrale pour entrer dans sa basse-cour. Hébergements, cabanes d’artisans, petites gens abrités par les remparts, structure d’une habitation paysanne, greniers à grains ou même zone de combats, cette vidéo est l’occasion d’un grand tour documenté sur la vie médiévale du petit peuple dans un château à motte.

Episode 3. A l’assaut du donjon médiéval

Au centre de la motte castrale, se tient souvent un autre édifice défensif, la forteresse du seigneur. Donjon, tour maîtresse, simple édifice renforcé, dans certains cas et avec le temps, cette construction donnera lieu à de futurs installations de donjon de pierre sur le même site. Accès, pièges, point de vue, nous explorons ici ce dispositif défensif et lieu de vie seigneurial, à la lumière de diverses chroniques du Moyen Âge.


D’autres vidéos semblables sur les châteaux

Sur notre chaîne YouTube vous pourrez également trouver d’autres vidéos de châteaux forts du Moyen Âge reconstitués, avec commentaires et recherches à l’appui. Voir la playlist complète.


En vous souhaitant une belle journée
Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Concerts de Musique Médiévale & Conférences à la Basilique Cathédrale Saint-Denis

Sujet : concerts, musiques médiévales, patrimoine, cathédrale, conférence, site d’exception.
Période : Moyen Âge (haut et central)
Evénement : concerts de Musiques Médiévales & conférence
Dates : octobre 2025.
Lieu : Basilique cathédrale Saint-Denis, 1, rue de la Légion d’Honneur, Saint-Denis, Île-de-France.

Bonjour à tous,

our ceux qui se tiendront en Île-de-France en octobre prochain, un bel événement vous y attend à quelques lieues de Paris. Tout le mois, la Basilique Cathédrale Saint-Denis y célébrera le Moyen Âge avec cinq concerts exceptionnels de musique médiévale. Le programme sera également complété par deux conférences pour les plus férus d’Histoire.

Le cadre patrimonial et historique de la Basilique Cathédrale Saint-Denis est, en lui-même, remarquable. Ce site classé est, en effet, témoin de plus 1500 ans d’Histoire et remonte au haut Moyen âge. Cet événement donnera l’occasion de le découvrir et nous en dirons un mot plus loin dans cet article.

Octobre Médiéval : le programme

Musiques médiévales et conférences sur le Moyen Âge à la Basilique Cathédrale Saint Denis - Affiche 2025 de l'événement "Octobre Médiéval"

Il s’agira là de la 5eme édition de cet « Octobre médiéval ». Fort du succès de ses précédentes éditions, l’événement s’installe dans la qualité et la durée. Cette année encore, sa programmation musicale est aussi variée qu’ambitieuse.

Les thèmes abordés iront des chansons de trouvères, à l’amour courtois et aux chansons de toiles. On pourra encore y entendre des chants sacrés polyphoniques et de rares musiques du XIIIe siècle, dédiées au culte marial.


Les concerts de musique médiévale

Les cinq concerts proposés pour cette édition s’étaleront tous le mois avec des horaires en après-midi ou en soirée. Du point de vue des formations, on reconnaîtra des noms familiers comme l’ensemble Alla Francesca ou encore Diabolus in Musica. D’autres sont un peu plus récentes. Dans tous les cas, l’originalité des programmes est au rendez-vous sur les cinq dates prévues.

Chansons de trouvères des XIIe et XIIIe siècles, d’Aliénor d’Aquitaine à ses descendants

Mardi 7 octobre – 20h « Les trouvères entre ciel et terre, sur les traces d’Aliénor… » par l’ensemble Alla Francesca.

l'Ensemble médiéval Alla Francesca sur scène et en concert

Du XIIe siècle aux suivants, Aliénor d’Aquitaine et sa lignée influencèrent grandement la musique du nord de France et d’Angleterre. Avec ce programme, Alla Francesca se propose de suivre les inspirations musicales de la célèbre reine de France et d’Angleterre. L’exploration s’étendra même à sa descendance avec des noms prestigieux comme Richard Cœur de Lion, Marie de Champagne et, bien sûr, Thibaut IV le chansonnier.

L’ensemble Alla Francesca est un des grands noms de la scène musicale médiévale. Formé par Brigitte Lesne et Pierre Hamon, début 90, il a produit depuis une riche discographie et de nombreux programmes. Attaché, depuis sa formation, au Centre de Musique Médiévale de Paris, il bénéficie d’une reconnaissance internationale.

Musiciens, interprètes : Pierre Bourhis (voix), Michaël Grébil (cistres, luth, voix), Nolwenn Le Guern (crwt, vièle à archet), Lior Leibovici (voix) et Brigitte Lesne (harpe-psaltérion, percussions, direction et conception).

La vie de la Vierge dans les manuscrits parisiens des XIIe et XIIIe siècles

Samedi 11 octobre – 17h « Sur les pas de Marie » par l’ensemble Rue des Chantres.

Ensemble médiéval Rue des Chantres : portrait de Erwan Picquet, Vincent Pislar et Christian Ploix.

Loin des Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X & des routes de pèlerinage médiévales, l’ensemble Rue des Chantres est parti sur les traces du culte marial au travers des manuscrits parisiens du Moyen Âge central. Avec ce programme musical original, on suivra, avec eux, le parcours de Marie, dans une sélection qui mêlera chants polyphoniques et chants grégoriens.

Formé en 2019 par trois anciens chantres de Notre-Dame de Paris, l’ensemble Rue des Chantres entend faire revivre les chants polyphoniques comme on pouvait les entendre dans les cathédrales de l’Europe médiévale du Moyen Âge central. Ce programme musical ajoute aux voix un aspect visuel et des projections.

Musiciens, interprètes : Erwan Picquet (voix), Vincent Pislar (voix), Christian Ploix (voix).

L’Amour courtois aux XIVe et XVe siècles

Samedi 18 octobre – 16h30 « Ay ! Amours… » par l’ensemble Les Métamorphoses de l’Amour.

l'ensemble Les Métamorphoses de l’Amour, portrait de Daniela Maltrain, Julia Marty et Nolwenn Tardy

« Ay ! Amours » : dans nos pages, nous avons approché des centaines de textes médiévaux qui traitent d’amour courtois et de la souffrance du loyal amant dans l’attente d’un retour qui ne vient pas toujours.

Avec ce concert, l’ensemble Les Métamorphoses de l’Amour prend le parti de nous montrer d’autres variations du sentiment courtois. Conversations privées, confidences entre amies, l’angle est original et devrait introduire l’auditoire à tout un monde de nuances. Quant à l’origine des chansons, elles nous entraîneront dans la France et l’Italie du Moyen Âge tardif (du XIVe aux débuts du XVe siècle).

Les Métamorphoses de l’Amour est un ensemble formé en 2023 par trois jeunes musiciennes de la scène des musiques anciennes et médiévales.

Musiciens, interprètes : Daniela Maltrain (vièle à archet, voix), Julia Marty (guiterne, voix), Nolwenn Tardy (vièle à archet).

Chansons & rêveries amoureuses au XIIIe siècle

Samedi 25 octobre – 16h30 « Beles, Belles… » par l’ensemble Diabolus in Musica.

Diabolus in Musica, Portrait de Axelle Bernage et Nicolas Sansarlat

Voilà encore un beau programme concocté ici par l’ensemble Diabolus In Musica qui se produit ici en duo. Dans cette sélection de pièces dédiées aux rêveries amoureuses des belles du Moyen Âge central, on retrouvera notamment des chansons de toile. Monde clos, idéal de beauté, poésie de l’attente et formes du désir amoureux sont au menu de ce concert médiéval.

Depuis sa formation, au début des années 90, l’ensemble Diabolus in Musica s’est forgé une belle renommée sur la scène des musiques médiévales. Avec plus de vingt-cinq albums sur des thèmes aussi variés que les chansons de trouvères et de troubadours, Guillaume Dufay et De Machaut ou encore les chants polyphoniques religieux médiévaux, la formation poursuit, avec talent, son exploration du Moyen Âge et de ses musiques.

Musiciens, interprètes : Axelle Bernage (voix), Nicolas Sansarlat (vièle à archet, direction artistique).

Chants sacrés du Moyen Âge et résonances contemporaines

Vendredi 31 octobre – 20h « Odyssée pour deux voix sœurs » par l’ensemble Dialogos.

Ensemble Dialogos en concert, Katarina Livljanić et Clara Coutouly

Entre chants sacrés, plain chants et polyphonies, ce programme a deux voix explorera les musiques liturgiques médiévales sous un angle nouveau. Au delà de leur spiritualité, l’ensemble Dialogos entend, en effet, mettre en valeur ce qui affleure dans ce genre musical.

Peurs, aspirations, émotions, ces chants liturgiques traduisent aussi de tout un monde là au dehors qu’on craint, auquel on aspire ou encore que l’on fantasme. A l’occasion de ce concert, les chants médiévaux anciens devraient être mis en miroir avec des poésies plus contemporaines.

Depuis 1997, l’ensemble médiéval Dialogos explore le large répertoire des musiques de l’Europe médiévale. En 25 ans, la formation s’est produite sur de nombreuses scènes à l’international. Elle a également reçu de nombreux prix pour ses prestations musicales et scéniques. Sa fondatrice et directrice Katarina Livljanić est également enseignante à la prestigieuse Schola Cantorum Basiliensis.

Musiciens, interprètes : Clara Coutouly (voix), Katarina Livljanić (voix, direction artistique).


Les conférences en Histoire médiévale

En plus de ce riche programme musical, deux conférences d’Histoire médiévale viendront encore ponctuer ce mois d’octobre.

Musique & arts liturgiques au temps d’Hilduin, abbé de Saint-Denis

Jeudi 9 octobre à 19h30
Intervenant : 
Jean-François Goudesenne, Chercheur médiéviste et musicologue, (IRHT-CNRS)

Le mystère des reliques de saint Denis

Lundi 13 octobre à 19h30
Intervenant : Anne-Marie Helvétius, Professeure d’histoire médiévale (université Paris 8).

Pour plus d’informations sur l’ensemble de ce programme, merci de consulter le site officiel de la Basilique Cathédrale Saint-Denis.


La Basilique Cathédrale Saint-Denis : un cadre historique & patrimonial exceptionnel

S’il est de nombreux lieux véritablement chargés d’Histoire sur le sol français, la Basilique Cathédrale Saint-Denis se distingue par les long quelques 1500 d’histoire dont témoigne son site.

Le lieu que choisit Saint-Denis pour mourir

Enluminure du martyre de Saint Denis, manuscrit médiéval NAF 1098 XIIIe siècle - Départements des manuscrits BnF
Enluminure du Martyre de saint Denis, Manuscrit Naf 1098 (consulter en ligne )

Une légende tardive du haut Moyen Âge conte que Saint-Denis, évangélisateur de la Gaule et martyre chrétien décapité à Lutèce par l’empire romain, serait venu y mourir entre le 1er et le 3e siècle de notre ère.

Le premier évêque de Paris aurait même, selon certains récits, porté sa tête décapitée depuis Montmartre en chantant des prières, avant de s’effondrer là où fut construit l’ancêtre de l’actuel basilique et le premier édifice religieux en son nom.

De fait, le lieu fut sanctifié très tôt et devint la tombe de nombreux rois et reines de France à partir du VIIe siècle. En témoignent encore sur place pas moins de soixante-dix gisants et tombeaux parmi lesquels les plus grands noms de la couronne française. On y trouve également certains de leurs serviteurs et des aristocrates eux-aussi désireux de se placer sous la protection du saint.

La période couvre toute l’Histoire médiévale jusqu’au XIXe siècle. Cette étonnante particularité fait même de la Basilique Cathédrale Saint-Denis un lieu unique en Europe en matière de réalisation de gisants funéraires du Moyen Âge central (XIIe siècle) à la Renaissance (XVIe siècle).

Un chef d’œuvre d’architecture gothique

Basilique Cathédrale Saint-Denis, Gisants et vitraux

En terme architectural, si les bâtis de la basilique ont évolué du haut-Moyen Âge à nos jours, le XIIe siècle marque un véritable tournant dans l’histoire de l’édifice. Sa reconstruction par l’Abbé Suger la consacre, en effet, comme un chef d’œuvre de l’art Gothique. Elle est considérée comme un des berceaux de cet art alors novateur. Sa nouveauté architecturale aurait ainsi étendu ses influences à toute l’Europe.

Depuis le Moyen Âge, la Basilique cathédrale Saint Denis a traversé le temps en passant par des phases de grande popularité ou même d’abandon. Elle a aussi connu diverses restaurations du XIXe siècle jusqu’à très récemment. Napoléon 1er y a mis sa patte. Plus tard, Viollet-le-Duc est intervenu également sur l’édifice et les gisants.

Classement de la Basilique

Il faudra attendre la deuxième partie du XIXe siècle et 1862 pour voir la basilique classée monument historique. Ses jardins suivront un peu plus de soixante-ans plus tard en 1926.

Devenue cathédrale depuis 1966, la basilique Saint-Denis est, aujourd’hui, gérée par le Centre des Monuments Nationaux. De par sa longévité et ses merveilles, elle reste un grand trésor du patrimoine culturel et monumental français.

Vous retrouverez les traces de sa longue et prestigieuse Histoire partout sur place : des vitraux aux ogives, à ses jeux de lumière unique, à ses sculptures ou ses gisants. Ici, les pierres parlent et témoignent de la longue histoire de France, du Moyen Âge à nos jours. Pour ceux qui auront la chance de pouvoir assister à ces concerts en octobre, ne manquez pas d’y prévoir une visite plus complète.

Retrouver notre article sur l’édition 2024 de cet événement.

En vous souhaitant une belle journée
Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Fable médiévale : Le Paon mécontent son Chant, Marie de France

Sujet : fable médiévale, vieux français, anglo-normand, franco-normand, auteur médiéval, poésie satirique, langue d’oïl, vanité, envie, contentement, bestiaire médiéval.
Période : XIIe siècle, Moyen Âge central.
Titre : Dou Poon qi pria qu’il chantast miex
Auteur : Marie de France (1160-1210)
Ouvrage : Poésies de Marie de France, Bonaventure de Roquefort (1820)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous partons pour le Moyen Âge central à la découverte d’une nouvelle fable médiévale de Marie de France. Au XIIe siècle, celle qu’on considère comme une des premiers écrivains en langue vernaculaire s’adonne à l’écriture de lais, de récits religieux. mais aussi à l’adaptation de fables antiques en franco-normand. Son isopet fut même le premier recueil de fables connu en langue française.

Dans la fable du jour, la poétesse nous invite à suivre un paon mécontent de son sort et surtout de son chant. A l’habitude, nous remonterons aux origines historiques de ce récit. Nous vous en proposerons également un commentaire et une traduction en français actuel. Avant cela, disons un mot du paon et de quelques symboles qui lui sont attachés dans les bestiaires médiévaux.

Le paon des bestiaires médiévaux

Enluminure d'un paon faisant la roue dans le Bodley Bestiary, manuscrit MS Bodley 764 daté du XIIIe et conservé à la la Bibliothèque Bodléienne d'Orford (Bodleian Library).
Enluminure d’un paon faisant la roue, Bodley Bestiary, manuscrit MS Bodley 764 (XIIIe s)

Au Moyen Âge central, on retrouve souvent le Paon et sa roue associés au symbole de la vanité. Dans Li livres dou tresor (1260-1267), Brunetto Latini reconnaît à l’oiseau des qualités esthétiques : « une poitrine de couleur saphir et une riche queue de diverses couleurs dont il se réjouit incroyablement« .

L’auteur décrit aussi le paon comme ayant une tête de serpent, une voix de diable et il lui prête une vanité qui confine à la vulgarité. Quant à sa chair elle est, toujours selon Latini, dure et nauséabonde.

En fait de chant, il est vrai que le cri du volatile s’approche plus du  braillement que du gazouillis de certains de ses congénères à plumes. Sur l’idée de vanité, on peut lire encore que si ce cri est effroyable c’est qu’à son réveil l’oiseau panique et s’étrangle de peur d’avoir perdu sa beauté.

Chez Hildegarde de Bingen on trouve une description qui décrit le paon comme une créature assez ambivalente et vicieuse. Brisant les œufs de sa propre engeance, il n’hésite pas non plus, selon elle, à verser dans des habitudes déviantes et des accouplements contre-nature avec d’autres animaux 1.

Dans d’autres bestiaires, on trouvera encore le paon lié à la renaissance ou la résurrection. Sa symbolique est donc assez ambivalente et complexe.

Du Paon qui implorait un meilleur chant

Enluminure d'un Rossignol  dans le Bodley Bestiary, manuscrit MS Bodley 764
Enluminure de Rossignol, MS Bodley 764

Pour revenir à cette fable médiévale de Marie de France, un paon furieux s’y plaint auprès de Junon de posséder un chant exécrable.

La déesse a beau lui faire remarquer qu’il a reçu, d’entres tous les oiseaux, le plus beau des plumages, le volatile reste inconsolable. Il continue de loucher vers le Rossignol qui, bien que plus petit que lui et bien moins remarquable en apparence, possède un chant plus enviable.

Au sortir, Junon restera sourde aux jérémiades du paon et s’en irritera même. Elle finira par lui enjoindre de se contenter de ce que la nature et les dieux lui ont déjà donné. Vanité et envie contre importance du contentement 2 sont donc au programme de cette fable mais d’où vient cette référence à Junon, la déesse de déesse ?

Argos, Junon et les paons

Nul n’ignore la beauté du paon et de sa roue. Selon les mythologies grecque et romaine, il aurait justement hérité de cet apparat par la déesse Junon (Héra en grec), épouse de Jupiter (Zeus) et reine des dieux auquel cet oiseau est attaché depuis l’antiquité.

Junon et ses paons, enluminure du MS Français 9197, Libvre des eschés amoureux, ou des eschés d'amours (XVe s), BnF département des manuscrits.
Junon & ses paons, enluminure du Français 9197

La Mythologie nous conte que Jupiter s’était entiché de la belle Io, fille du dieu fleuve Inachos. Afin de la soustraire à la terrible jalousie de Junon, le Dieu des dieux décida de changer sa maîtresse en génisse.

Il en fallait toutefois plus pour calmer la méfiance de Junon. Voulant s’assurer que sa rivale soit totalement neutralisée, la déesse la fit garder par Argus, le géant aux cent yeux. Ayant appris cela, Jupiter décida de libérer Io. Il manda son fils Mercure (Hermès) endormir le colosse à l’aide d’une flute de pan. Une fois dans les bras de Morphée, la tête du gardien fut tranchée.

Découvrant Argus mort, Junon fort attristée décida de le récompenser en parant les plumes de son oiseau favori, le paon, des cent yeux du géant.


"Du poon qi pria qu'il chantast miex", texte de la fable du jour en franco-normand avec enluminure d'un paon tirée du manuscrit BM 14 de la Bibliothèque de Chalons (fin XIIIe siècle)

Dou Poon qi pria qu’il chantast miex
dans la langue de Marie de France


Uns Poons fu furment iriez
Vers sei-méisme cureciez
Pur ce que tele voiz n’aveit,
[a]Cum à sa biautei aveneit.
A la Diesse le mustra
E la Dame li demanda
S’il n’ot assez en la biauté
Dunt el l’aveit si aorné ;
De pennes l’aveit fait si bel
Qe n’aveit fait nul autre oisel.

Le Poons dist qu’il se cremeit
Q’à tuz oisiauz plus vilx esteit
Pur ce que ne sot bel chanter.
Ele respunt lesse m’ester,
Bien te deit ta biauté soufire ;
Nenil, fet-il, bien le puis dire
Qant li Rossegnex q’est petiz
A meillur voiz, j’en sui honniz.

MORALITÉ.

Qui plus cuvoite que ne deit
Sa cuvoitise le deçeit ;
Pur cet Fable puvez savoer
Que nuz Hum ne puit avoer
Chant è biauté tute valor.
Pregne ce qu’a pur le meilor.

Du paon qui voulait mieux chanter
(adaptation en français actuel)

Un paon était fort irrité
Et courroucé envers lui-même
Pour ne posséder un chant tel
Qui convienne à sa beauté.
Il s’en plaignit à la Déesse
Qui, à son tour, lui demanda
S’il n’avait assez de la beauté
Dont elle l’avait si bien parée ;
Son plumage était le plus beau
Supérieur à bien des oiseaux.

Le paon dit qu’il se trouvait, lui,
Le plus vil d’entre les oiseaux
Car il ne savait bien chanter.
Elle répondit, « laisse moi en paix
Contente-toi de ta beauté » ;
« – Nenni, fit-il, et je l’affirme,
Quand le rossignol si petit,

Chante bien mieux, j’en suis honni (honteux, bafoué)« .

Moralité

Qui plus convoite qu’il ne doit
Sa convoitise le déçoit.
Cette fable nous fait savoir
Que nul homme ne peut avoir
Chant et beauté tout à la fois (de même valeur)
Qu’il prenne ce qu’il a de meilleur
3.


De Phèdre à Marie de France

Douze siècles avant Marie de France, on trouvait déjà la fable du paon et de Junon chez Phèdre (10 av J-C. -50) . La version de la poétesse française en est assez semblable. Seule différence, le fabuliste illustrait son propos à l’aide d’autres exemples pris dans le règne aviaire.

Voici cette fable de Phèdre dans sa version latine, suivie de sa traduction en français.

Pavo ad Junonem
Phèdre, livre III, fable XVIII

Tuis conteus no concupiscas aliena

Pavo ad Junonem venit, indigne ferens
Cantus luscinii quod sibi no tribuerit;
Illum esse cunctis auribus mirabilem,
Se derideri simul ac vocem miserit.
Tunc consolandi gratia dixit dea:
Sed forma vincis, vincis magnitudine;
Nitor smaragdi collo præfulget tuo,
Pictisque plumis gemmeam caudam explicas.

Quo mi inquit mutam speciem si vincor sono?
Fatorum arbitrio partes sunt vobis datæ;
Tibi forma, vires aquilæ, luscinio melos,
Augurium coruo, læva cornici omina;
Omnesque propriis sunt contentæ dotibus.
Noli adfectare quod tibi non est datum,
Delusa ne spes ad querelam reccidat.


Le paon se plaint à Junon
traduit du latin de Phèdre

Content du tien, n’envie point celui des autres

Le paon vint trouver Junon, piqué de ce qu’elle ne lui avait point donné le chant du rossignol, qui faisait l’admiration de tous, tandis qu’on se moquait de lui dès qu’il montrait son chant.

La déesse, pour le consoler, lui répondit alors : « aussi l’emportez-vous par votre beauté, par votre grandeur. L’éclat de l’émeraude brille sur votre cou, et avec vos plumes bien colorées, vous déployez une queue semée de pierreries: « A quoi me sert tant de beauté, dit le paon, si je suis vaincu du côté de la voix. »

Junon lui rétorqua : « l’ordre des destins vous a donné à chacun votre part ; à vous la beauté, la force à l’Aigle, la voix mélodieuse au Rossignol, l’augure au Corbeau, les mauvais présages à la Corneille, et tous sont contents des avantages qui leur sont propres. Ne désirez pas ce que vous est étranger, de peur que vos espérances ne s’évanouissent en regrets superflus. »

Phèdre affranchi d’Auguste, en latin et en françois
ed Nicolas et Richard Lallemant (1758) .


Le Paon se plaignant à Junon de La fontaine

Plus de 400 ans après Marie de France, Jean de La Fontaine s’est, lui aussi, penché sur cette fable de Phèdre pour en proposer sa version. En suivant le récit du fabuliste latin du premier siècle, le talentueux auteur français du XVIIe siècle reprenait la liste des qualités données à chaque oiseau.

Après bien des déboires et à travers l’histoire, le paon vaniteux de la fable apprit donc une leçon d’importance de la bouche même de Junon. Il lui faudrait se contenter des avantages que la nature lui a donnés.

Une belle journée, en vous remerciant de votre lecture.

Frédéric Effe.
Pour Moyenagepassion.com
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Notes

NB : sur l’image d’en-tête, vous retrouverez l’enluminure d’un paon aux couleurs très vives tirée du BM 14 de la Bibliothèque de Chalons. Ce manuscrit médiéval daté de la fin du XIIIe siècle peut être consulté en ligne ici. Sur notre illustration, nous l’avons installé sur un joli fond de verger médiéval. Cette autre enluminure est tirée du Livre des propriétés des choses de Barthélemy l’Anglais ou ms Français 136 de la BnF. Ce codex est un peu plus tardif puisqu’il date du XVe siècle.

  1. Hildegard von Bingen’s Physica: The Complete English Translation of Her Classic Work on Health and Healing, Pricscilla Throop, Healing Arts Press, 1998 ↩︎
  2. On trouvera souvent cette idée de contentement au Moyen Âge. Voir par exemple cet extrait du Roman de la Rose ↩︎
  3. Qu’il se contente de ce qu’il a de mieux. ↩︎