Rock celtique, animations médiévales & rencontres Kaamelott au Lizig Celt Fest

Ecu et blason de Sarrant dans le Gers (Occitanie)

Sujet : festival, musiques celtiques, rock folk occitan, animations médiévales, compagnies médiévales, festival celtique médiéval, monde médiéval, campement médiéval, Kaamelott, série TV
Lieu : Bastide de Sarrant, Gers, Occitanie
Evénement: Le Lizig Celt fest, 1ère édition.
Dates : du 16 et 18  juin 2023

Bonjour à tous,

ur l’agenda du week-end, nous avons sélectionné pour vous un festival musical et médiéval qui se tiendra du côté du Gers et de l’Occitanie. Baptisé le Lizig Celt Fest, il s’agira là de sa première édition. En plus d’y découvrir de la bonne musique et des animations, cet événement original affiche aussi de nobles visées caritatives puisqu’il sera donné au profit de l’association Faire danser Louise dont nous vous dirons également un mot dans cet article.

Au programme du Lizig Celt Fest

Musique celtique & rock folk médiéval

Affiche du Lizig Celt Fest 2023, Festival celtique et médiéval caritatif.

C’est près de la jolie bastide médiévale Sarrant, à quelques encablures au nord- ouest de Toulouse que se tiendra ce rassemblement. On le doit à l’initiative de CarryFest, une jeune structure associative qui s’est donnée pour mission l’organisation d’événements festifs à vocation caritative. Pour son premier festival, elle a su, à l’évidence, s’entourer de nombreux partenaires.

Du vendredi soir 16 juin au dimanche 18 compris, de nombreux concerts y sont prévus, aux côtés d’animations permanentes. Sur la scène, les groupes s’enchaîneront, tout au long du festival pour une programmation musicale allant du rock folk celtique ou irlandais à des styles aux racines et inspirations plus médiévales. Certains groupes emmèneront même, dans leurs amplis, des couleurs locales occitanes. En bref, tout cela devrait pas mal bouger dans la joie et la bonne humeur.

Voici l’affiche complète des concerts : Brick à Drac (rock folk celtique médiéval Occitan) – Les Tanneurs de Drac (rock folk occitan) – Julien Loko (Irish band) – Booze Brothers (irish trad punk) – Nataverne (rock celtique)


L’association « Faire danser Louise« 

Cette Association loi 1901 a pour vocation la conduite d’actions d’accompagnement et de financement en direction des personnes touchées par la paralysie cérébrale et leurs familles. Ce handicap concerne près de 125 000 personnes en France et 4 nouveau-nés par jour. La paralysie cérébrale est aussi la première cause de handicap moteur de l’enfant.

Faire Danser Louise a été créée autour de Louise, une petite fille atteinte dès la naissance par cette affection. Elle a aujourd’hui 4 ans et continue de se battre pour sa rééducation, avec une volonté et des succès qui forcent l’admiration. A ses côtés, l’Association poursuit plus que jamais son entreprise pour aider d’autres enfants souffrant de ce handicap, et pour sensibiliser le public.


Autres animations médiévales prévues

Pour revenir à la programmation du festival, à côté des ses concerts, l’événement proposera également des animations comme on en trouve habituellement dans les fêtes qui célèbrent le Moyen Âge. De nombreuses activités permanentes seront donc au rendez-vous entre déambulations musicales et festives. Un grand campement médiéval animé sera aussi présent sur site. On pourra s’y initier à la chevalerie, y découvrir des chevaliers en armure et en action, mais aussi y débusquer des ateliers de métiers anciens. Divers autres jeux et surprises pour les petits comme pour les plus grands sont encore au programme des divertissements. Enfin, le samedi soir, un spectacle de feu est également prévu, en plus des concerts.

Compagnies & troupes médiévales : Pescaluna (musique médiévale) – Araelle – Elise Esther – Enzo Giovannini – Marie Conan -Cie L’empire- La Tournerie – La mesnie de la Croix Blanche – Cie ArteFlammes. Les lions du KentLa guilde de la Grenouille

Un marché artisanal d’inspiration médiévale sera également ouvert tout au long du festival et les espaces ne manqueront pas pour se restaurer ou se désaltérer.

Rassemblement & rencontres Kaamelott

Trombinoscope Acteurs Kaamelott - série TV Alexandre Astier

Pour cette première édition, le Lizig Celt fest s’est encore donné pour ambition de proposer le plus grand rassemblement d’acteurs de la série Kaamelott, jamais vu dans un festival médiéval. Aux titres de ses prestigieux invités, on retrouvera deux sympathiques compères habitués des Festivals Fantasy : Bô Gaultier de Kermoal, l’assistant d’Attila dans la série (« on veut les femmes, tout les femmes ! ») et Guillaume Briat, le truculent roi burgonde (« Artourrrrr, pas changer assiette pour fromage !). Ils seront entourés d’autres têtes d’affiches ayant joué elles-aussi, dans l’œuvre culte d’Alexandre Astier tels que Caroline Pascal (Demetra), Jonathan Chiche (Caius Papinius), Michel Bernini (Vibius Iuventius Bestia) et d’autres encore.

Pour plus de détails sur le programme et les accès au festival, rendez-vous sur son site officiel. Au passage, ceux qui souhaiteraient aider l’association caritative bénéficiaire, sans forcément se rendre au festival, pourront trouver sur la boutique en ligne des goodies et autres petits cadeaux dont les profits iront au même destinataire.

En vous souhaitant une belle journée.

Vous pouvez retrouver ici tous nos articles sur la série Kaamelott.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Monde Médiéval sous toutes ses formes.

Pierre Alphonse, auteur médiéval d’influence au carrefour des trois monothéismes

Sujet : contes orientaux, conte médiéval, auteur médiéval, Europe médiévale, Espagne médiévale, Moyen Âge chrétien, Al Andalous, judaïsme, christianisme, monothéismes.
Période : Moyen Âge central, XIe & XIIe s
Auteur : Pierre Alphonse, Petrus Alfonsi, Pedro Alfonso, Petrus Alphonsi, (1062-?1110)
Ouvrages : Dialogus contra Judeos, Disciplina Clericalis, Prologus in tabulas astronomicas, …

Bonjour à tous,

n suivant nos pérégrinations autour de l’Europe médiévale, notre aventure du jour nous entraîne à la découverte d’un auteur des débuts du Moyen Âge central, contemporain des XIe et XIIe siècles. On le connait sous divers noms suivant les sources ou encore la langue dans laquelle on s’y intéresse : Pierre Alphonse en français, Petrus Alfonsi, Petrus Alphonsi ou Petrus Alfonsus en latin, ou encore Pedro Alfonso (de Huesca), si c’est en espagnol. Pour corser le tout, avant qu’il ne décide de se convertir et d’être baptisé par l’Eglise catholique, on le connaissait aussi sous le nom de Moïse Sephardi et on le retrouve même chez certains auteurs sous le titre : Rabbi Moïse Sephardi.

D’origine juive espagnole, l’influence intellectuelle de cet auteur médiéval s’exerça bien au delà de la péninsule ibérique et de son temps, notamment par la rédaction d’un ouvrage de contes en latin, inspiré des traditions écrites et orales orientales. Mais avant de revenir à cette étrange circulation des objets culturels, qui a pu partiellement passer, au Moyen Âge, par certains individus ciblés, eux-mêmes au carrefour de plusieurs cultures, disons un mot de la vie de Moïse Sephardi, notable et savant homme de la région de Saragosse, au nord de l’Espagne, devenu, à un âge plutôt tardif, Pierre Alphonse ou Petrus Alfonsi.

Qui était Pierre Alphonse ?

Comme pour de nombreux autres personnages du Moyen Âge central, les documents historiques officiels sont assez rares pour éclairer la biographie de Pierre Alphonse. Cela n’a pas empêché qu’il demeure assez célèbre, jusqu’à aujourd’hui, auprès des médiévistes et spécialistes de littérature médiévale. Sur le web en langue française, on trouve assez peu de choses le concernant. Quelques articles ou wiki reprennent (souvent sans beaucoup de rigueur) des informations péchées à la ronde, ou même encore des assertions qui n’ont pas grand chose d’historique mais qui sont répétées depuis si longtemps qu’on a fini par les admettre et qu’on continue de les répandre.

De notre côté, pour partir à la chasse aux informations, nous avons préféré nous diriger, entre autres sources, du côté des universitaires et médiévistes européens, et notamment français et espagnols ou même encore du côté des érudits outre-Atlantique. Pour ce qui est des sources principales, nous suivrons notamment, ici, les pas de María Jesús Lacarra Ducay. On doit à cette imminente professeure de l’Université de Saragosse, spécialiste de littérature médiévale espagnole, de nombreux ouvrages et parutions sur les contes orientaux de cette période mais aussi sur Pedro Alfonso. En plus d’éléments de biographie, elle aborde également le rôle de notre auteur médiéval dans la propagation d’un nouveau genre de conte dans le Moyen Âge chrétien et latin du XIe siècle (1).

Saragosse du temps de Pierre Alphonse

Mention de Petrus Alfonsus et portrait dans le Libre Chronicarum, incunable du XVe siècle
Petrus Alfonsus dans le Liber Chronicarum du XVe siècle (2)

Avant d’entrer dans le détail de la vie de Pierre Alphonse, et puisque celui-ci y est installé, il peut être utile de resituer, en quelques mots, le contexte de la région aragonaise, dans l’Espagne médiévale de la fin du XIe siècle. Occupée par les musulmans depuis le début du VIIIe siècle, Saragosse fait un peu l’effet d’une deuxième capitale au nord du royaume d’Al Andalous. Au début du XIe siècle, l’ambition de  Al-Mansur (ou Almanzor, 937-1002) et sa brutalité envers ses opposants ont exilé loin de Cordoue un certain nombre d’intellectuels fuyant ses persécutions. Certains ont fui en direction de Malaga, d’autres ont opté pour le nord du califat musulman d’Espagne et la cité de Saragosse.

A la faveur de cette nouvelle tranquillité, ces intellectuels juifs ou espagnols se sont alors penchés sur la littérature Arabe pour l’adapter dans leur propre langue. On a là, sans doute, quelques premières clefs pour mieux comprendre dans quel bain culturel va naître l’œuvre de Pierre Alphonse. Même si rien ne permet d’affirmer qu’il fut issu d’une famille de juifs exilée de Cordoue, il dit lui-même avoir été élevé dans une double culture juive et arabe, et il baigne assurément dans cette mouvance intellectuelle aragonaise qui se nourrit des différentes cultures qui l’entourent. Il n’est pas le seul. Autour de cette même époque, à Saragosse, on peut lui trouver des homologues comme le philosophe juif Avicebron (Salomon ben Gabirol 1045-1070) qui, lui aussi, aime jongler avec les différents apports culturels qu’il côtoie pour en enrichir son œuvre. Dans ce berceau culturel fertile de l’Europe et de l’Espagne médiévale, un nouvel art du conte est, en tout cas, en gestation qui n’hésitera pas à puiser dans la culture orientale pour former l’éducation de ses contemporains.

De Moïse Sephardi à Petrus Alfonsi :
une conversion tardive

Enluminure et portrait de Pierre Alphonse dans le manuscrit KBR 11043-44 de la Librairie des ducs de Bourgogne

Pour reprendre le fil de la vie de Moïse Sephardi. Nous voici rendu au début du XIIe siècle, plus précisément le 29 juin 1106, à Huesca, à quelques encablures au nord de Saragosse. Moïse a déjà 44 ans. Pourtant, il est sur le point d’entrer de plein pied dans l’Histoire et de commencer une nouvelle vie. Qui est-il ? Versé dans les sciences arabes et juives, c’est un érudit au carrefour des trois cultures et des trois monothéismes. Il parle hébreux et arabe et possède sans doute de bonnes notions de latin. Savant, on le sait qualifié en Astronomie, en mathématique, ainsi qu’en médecine, mais il brille aussi en théologie et en philosophie. On le suppose bien implanté dans la communauté locale et la noblesse aragonaise et il y est, sans doute, reconnu pour ses compétences et son érudition. C’est vrai aussi de sa réputation auprès de la communauté juive d’Huesca puisqu’on a même souvent supposé (sans pourvoir l’établir de manière certaine) qu’il avait pu enseigner et prêcher comme rabbin.

Statue du roi Alphonse 1er d'Aragon le batailleur à Saragosse
Statue d’Alphonse 1er d’Aragon à Saragosse

Ce jour-là pourtant, Moïse va franchir un pas qui infléchira son destin comme son œuvre future. Cette démarche le séparera même, en grande partie, des siens puisque ce 29 juin de l’an 1106, il décide, en effet, de se convertir officiellement en recevant le baptême chrétien et sous quel parrainage ! Les choses ne sont pas faites à moitié.

Le baptême à lieu en l’Eglise de Huesca, à l’occasion de la fête des apôtres Pierre et Paul. La cérémonie est conduite par l’évêque de la ville et le parrain de notre érudit n’est rien moins que le souverain Alphonse 1er d’Aragon lui-même. C’est même de ce puissant parrainage que Moïse tirera son nouveau patronyme. Quant à son prénom, il nous expliquera qu’il le choisit en signe pour l’affection qu’il porte à l’apôtre Pierre. Il s’appellera donc désormais Petrus Alfonsi ou Pedro Alfonso en Espagnol. Comme le note María Jesús Lacarra Ducay, il a fallu que notre homme soit déjà entouré d’un certain prestige en Aragon pour voir sa conversion saluée par un tel patronage et de telles personnalités.


Huesca à l’heure de la Reconquista

Pour alimenter les réflexions sur le contexte historique, la cité de Huesca a été reconquise en 1096. Ce fut alors l’effervescence en Aragon. Pour fixer un peu les mentalités, on a même vu se former des légendes ou des récits contant l’apparition de Saints, au moment du siège de la cité.

Dans la foulée de cette prise, l’on s’est empressé de remettre en place les symboles forts du christianisme dans la ville. Tout est allé très vite. En moins de deux ans, on a restauré l’évêché et le latin. Les mosquées sont aussi redevenues rapidement des églises ou des monastères. On a même rebaptisé la ville Osca, contre le Waspa musulman. La sachant libérée de nombreux chrétiens sont aussi venus des campagnes environnantes pour la réinvestir, en s’ajoutant aux populations chrétiennes mozarabes qui s’y trouvaient déjà.

Sur le site officiel de la ville de Huesca, l’historien Carlos Garcés Manau mentionne également, entre 1096 et 1097, l’exode de nombreux musulmans vers des terres plus propices à accueillir leur foi et il fait encore état d’une obligation faite alors aux juifs et musulmans désireux de demeurer sur place, de se tenir hors les murs de la cité. Son article mériterait sans doute d’être étayé par quelques références bibliographiques plus précises, mais il donne une idée du climat de cette Huesca reconquise (3). Il est important de comprendre que, durant des siècles, la cité s’était convertie en fleuron d’Al Andalous. Pour la Reconquista en Aragon, c’est donc tout sauf une prise anodine.

En 1106, au moment du baptême de Pierre Alphonse, 10 ans à peine se sont écoulés depuis cette re-christianisation « éclair ». Dans un tel contexte, il est permis de se demander à quel point cette conversion d’un notable juif savant, reconnu localement, exerçant peut être la profession de médecin et officiant comme rabbin, a pu avoir valeur d’enjeu politique dans cette partie de l’Aragon fraîchement christianisée. C’est une question que je n’ai pas vu aborder chez ses biographes mais qu’on peut se poser d’autant qu’à ce moment là de l’Histoire, Saragosse est encore dans l’escarcelle d’Al Andalous. Il faudra, en effet, attendre plus de 10 ans et l’année 1118 pour la voir retomber aux mains chrétiennes des souverains d’Aragon.


Remous dans la communauté & « dialogus »

Illustration du dialogue médiéval de Pierre Alphonse le converti contre Moïse, son moi passé : liber adversus Judeos (Ms. Grootseminarie 026/091).

La cérémonie baptismale consommée, on parle de remous dans la communauté juive locale, à la découverte de sa conversion. Qu’on s’en soit ému n’a rien d’étonnant, d’autant plus si l’on suppose que notre Moïse, nouvellement devenu Pierre, avait peut-être occupé d’importantes charges religieuses à Huesca. Dès lors, le sentiment d’avoir été floué ou trahi n’a dû en être que plus grand du côté de ceux qui avaient été longtemps ses paires.

Comme souvent alors, on a, entre autres raisons, chercher à condamner cette conversion par des arguments religieux (mépris ou incompréhension de la loi divine, etc…) mais aussi en pointant du doigt la nature intéressée de notre homme : il aurait visé quelques avantages économiques ou politiques, un regain de notoriété locale, voire de nouvelles entrées auprès des cours occidentales chrétiennes ? On pourrait y opposer qu’à 44 ans, Moïse n’avait plus grand chose à prouver et que son niveau de reconnaissance semblait déjà important. En tout état de cause, ce ne sont là que des spéculations. On sait seulement qu’au Moyen Âge (comme certainement de tout temps d’ailleurs), la situation d’un nouveau converti reste toujours délicate (quelles que soient les nouvelles croyances qu’il embrasse) ; elle demeure aussi, bien souvent, un véritable acte de déchirement pour soi, comme au regard des siens (4).

Quoiqu’il en soit, trois ans plus tard, en 1109, pour répondre à ses détracteurs, l’auteur médiéval écrira, en latin, un « Dialogue » connu sous divers noms : Liber adversus Judeos, Dialogus contra iudaeos ou encore Dialogus Petri et Moyzi judei, … En français, on le retrouve souvent sous le nom de Dialogue contre les juifs. L’écrivain y opposera Pierre (le nouvellement baptisé) à Moïse (l’homme qu’il avait été) dans un dialogue cherchant à établir les motifs de sa conversion au christianisme, d’un point de vue plus scientifique et rationnel, que purement mystique ou théologique. Pierre Alphonse y déroulera des arguments expliquant son renoncement à la religion juive, son hésitation à se convertir à la religion musulmane, et finalement son choix d’opter pour la religion chrétienne.

L’ouvrage est rédigé par et du point de vue d’un érudit de la religion juive. C’est assez nouveau et cette connaissance de l’intérieur lui donnera même, semble-t-il, de nombreux arguments futurs aux opposants du judaïsme (voir notes (4) et (5). La critique qui est adressée au Talmud est, elle aussi, assez inédite. Dans le monde médiéval chrétien d’alors, ce dernier texte reste assez méconnu. La connaissance qu’a Pierre Alphonse de l’Islam comme du Christianisme sera une autre nouveauté de ce dialogue qui adresse les trois monothéisme à la fois. D’ailleurs, l’ouvrage rencontrera un franc succès et sera d’une grande influence auprès des chrétiens d’alors (6). Du point de vue de sa propagation seule et sur le terrain de la codicologie, on en dénombre un peu moins de 80 manuscrits ayant traversé le temps. Pour un écrit du XIIe siècle, c’est un chiffre considérable, sachant en plus qu’on le retrouve dans les bibliothèques des plus grandes abbayes d’Europe, lieux culturels et religieux alors à fort rayonnement. Les éléments et arguments de l’ouvrage seront même repris dans les sermons et les prêches de certains ordres mendiants ou même encore dans des joutes publiques et les disputatio opposant chrétiens et juifs sur le terrain théologique.

Le départ d’Espagne de Pierre Alphonse

Le dialogue contre les juifs de Pierre Alphonse dans le Ms. Grootseminarie 026/091, manuscrit médiéval du XIIIe siècle.

Pour replonger dans les éléments biographiques qui nous sont parvenus au sujet de Pierre Alphonse, si les événements de sa vie avant sa conversion restent entourés d’une aura de mystère, il en va de même pour le reste de son parcours. Quelque temps après la date charnière de son baptême, les tensions rencontrées auprès de sa propre communauté ont, peut-être, pu expliquer son départ pour l’Angleterre. C’est en tout cas l’avis de l’historienne María Jesús Lacarra Ducay :

« A titre d’hypothèse, il est possible de relater son éloignement de la Péninsule espagnole, par un exil volontaire supposé dans le but de faire taire les réactions provoquées par sa conversion, dans la communauté juive. »

El Cuento Oriental, María Jesús Lacarra Ducay (opus cité).

Dans le même temps, notre auteur médiéval semble aussi animé d’une vraie volonté de transmettre les avancées des sciences arabes à ses contemporains. On retrouvera cette idée dans certains de ses ouvrages d’astronomie où il déplore que les découvertes d’Al Andalous ne soient pas suffisamment répandues. Cela a-t-il pu également le pousser de l’avant ? Difficile de l’affirmer mais on trouvera dans d’autres de ses ouvrages, dont notamment la « Disciplina clericalis » une volonté réelle de transmettre des savoirs à ses contemporains.

Maître d’astronomie en Angleterre

Par la suite, Pierre Alphonse s’est donc rendu en Angleterre. On peut même lire communément qu’il y est devenu médecin d’Henri 1er d’Angleterre (7). Contre de nombreux médiévistes ou articles web à la ronde, c’est une affirmation que María Jesús Lacarra Ducay juge possible mais non certaine. Dans son article du Dictionnaire biographique de la Real Académie d’Histoire espagnole, elle constate la présence d’un seul manuscrit de la Disciplina Clericalis conservé à Cambridge et qui désigne son auteur comme : « Pierre Alphonse, médecin d’Henri 1er, roi des anglais. » mais elle juge insuffisante cette seule mention pour l’établir avec certitude.

Il est beaucoup plus certain, en revanche que, durant son périple, il fut donné à Pierre Alphonse d’enseigner les sciences et notamment l’astronomie d’une manière novatrice, grâce à la connaissance qu’il possédait des sciences arables. Il faut se souvenir que ces dernières étaient alors bien plus avancées sur ces terrains que la science occidentale. A ce titre, on reprendra, avec notre universitaire espagnole, le témoignage d’un moine, prieur du monastère de Great Malvern dans le Worcestershire. L’homme s’est vu, en effet, enseigner par Pierre Alphonse comment mesurer une éclipse et ne tarit pas d’éloge à ce propos.

Un passage dans l’hexagone ?

Après ce périple, on suppose également un passage de notre savant par la France. Il laisse, en effet, un écrit « à l’attention de ses étudiants qui résident en france » dans un de ses ouvrages d’astronomie. Pour finir, on trouve ensuite la trace de quelques documents mentionnant un Pedro Alfonso de retour en Espagne (1121 Saragosse, 1142 Tudèle,….) mais il peut s’agir d’un homonyme. Là encore, l’historiographie nous montre des auteurs partagés sur cette question dont le médiéviste suisse André de Mandach. Ce dernier est même plutôt affirmatif sur ces questions et envisage assez bien que l’auteur médiéval ait pu décéder à Tudèle « à l’âge de 87 ans » (opus cité (7)).

L'enluminure de Pierre Alphonse dans un Disciplina clericalis du XVe siècle - manuscrit KBR 11043-44 de la Bibliothèque royale de Belgique.
Enluminure de Pierre Alphonse dans une Disciplina clericalis datée du XVe s

Quant au fait qu’on trouve encore souvent mentionne que Pierre Alphonse ait pu également exercer ses talents de physicien et de médecin auprès d’Alphonse 1er d’Aragon, là encore la biographe espagnole avance que la mention n’apparaît qu’au XVe siècle, soit bien trop longtemps après la disparition de Pierre Alphonse pour qu’on puisse s’y fier totalement. C’est l’avis de María Jesús Lacarra Ducay et John V. Tolan, autre historien et biographe de renom de Pierre Alphonse, la suit sur ses mêmes réserves (8).

Dans le même temps, sans nier le rôle culturel et scientifique de Pierre Alphonse, la médiéviste espagnole ne prête pas non plus à notre juif andalous converti une maîtrise particulièrement exceptionnelle des sciences arabes médiévales, en matière d’astronomie et d’arithmétique. En comparaison des connaissances alors atteintes à Al Andalous, elle l’estime notre écrivain du Moyen Âge central d’un niveau scientifique acceptable plus que brillant, même si elle admet que ce niveau fut tout de même suffisant pour avoir permis à Pierre Alphonse de jouer un rôle dans la propagation des savoirs d’Al Andalous vers le monde chrétien médiéval :

« Sans être, peut-être, un scientifique de haute stature, ses séjours en Angleterre et en France auront permis de divulguer les doctrines des arabes dans des matières comme les mathématiques, l’Astronomie et la médecine. »

María Jesús Lacarra Ducay, Diccionario Biográfico electrónico (opus cité).

L’œuvre de Pierre Alphonse et son influence

En prologue de cette partie, il nous suffit d’ouvrir sur la première phrase du portrait de Pierre Alphonse, rédigé par John Tolan dans le Dictionary of Literary Biography pour prendre la mesure de l’influence de l’auteur médiéval sur son siècle et les suivants :

« Petrus Alfonsi est un des acteurs clef de la transmission et de l’assimilation par l’Europe latine des textes et idées scientifiques, littéraires et religieux du monde arabe, dans les débuts du XIIe siècle . Son impact est attesté par la survivance d’approximativement 160 manuscrits de ses travaux, par l’usage fréquent qu’en ont fait des auteurs clefs du XIIe au XVIe siècle, et par leur large diffusion à travers les premières éditions imprimées. »

Petrus Alfonsi, Dictionary of Literary Biography, John Tolan, (op cité (9))

Pour rentrer un peu plus dans le détail de cette œuvre, nous avons déjà mentionné abondamment le Dialogus de Pierre Alphonse. Inutile donc d’y revenir ici. L’ouvrage est entré dans la postérité dans un Moyen Âge occidental chrétien friand d’arguments à opposer aux autres monothéismes. Pourtant, il est un deuxième ouvrage de notre auteur espagnol qui nous intéresse d’autant plus qu’il touche à une forme originale et populaire de la littérature médiévale : le genre du conte.

La Disciplina Clericalis
ou le Castoiement d’un père à son fils

Comme le Dialogus contre Judeos, mais dans un tout autre style, ce deuxième ouvrage de Pierre Alphonse va connaître, lui aussi, un large succès dans le monde médiéval, et même bien au delà des frontières espagnoles et du temps. On le connait cet écrit sous le titre latin de Disciplina clericalis (l’enseignement des clercs ou des étudiants).

Contenu, sources et inspirations

La Castoiement d'un père à son fils, dans le  manuscrit médiéval MS français 12581 de la BnF
Le castoiement d’un père à son fils – ms Français 12581 de la BnF.

L’ouvrage se compose d’un peu moins d’une quarantaine de contes, qui montrent bien la volonté de l’auteur de transmettre ses leçons d’une manière accessible à ses lecteurs ou disciples. Concernant leurs sources d’inspiration, elle sont multiples, mais les contes orientaux et tradition arabe y occupent une place majeure.

Dans la forme, le Talmud et la tradition juive (conte du maître et du disciple contre la forme dialectique du conteur piégé des milles-et-une-nuits) ont sans doute influencé Pierre Alphonse. Fables, récits ou dictons philosophiques ont encore inspiré l’auteur et Pierre Alphonse annonce la couleur dès son introduction. On trouvera dans sa Disciplina Clericalis un « patchwork » de sagesse à portée de tous et au service de son propos :

« Mais s’il (l’humaine créature) vit en parfaicte congnoissance de saincte doctrine , adonc a-il accompli ce pour quoy il est fais . Après j’ay regardé que la fraile complexion de l’omme de pou vuelt estre instruite , affin que ennuy de moult de choses ne le destourbe. Et pour ce que la complexion de l’omme est rude et dure , elle doit estre adouchie et amoliée en aucune maniere , affin qu’elle retiengne plus legierement , et pour ce qu’elle est oublieuse ,elle a mestier de moult de choses qui le ramainent à memoire ce qu’elle a oublié. Pour toutes ces choses ay-je compilé ce livre en partie des proverbes de philosophie et de leurs chastoiemens,et des fables,et de vers, en partie de semblance de bestes et d’oyseaux ; mais j’ay regardé que se j’escrips plus que mestier ne soit,que ce ne soit plus grant grevance que solas à cellui qui le lira,ou à ceulx qui l’orront, et cause de desaprendre. Mais les sages se recorderont de ce qu’ilz ont oublié parce que yci est contenu. »

La discipline de Clergie Traduction de l’ouvrage de Pierre Alphonsi
(daté du Moyen Âge tardif) – Société des Bibliophiles Français (1824)

Sur les sources de certains de ces contes orientaux qui circulaient dans les ouvrages arabes ou dans le culture orale d’Al Andalous, on en reconnaîtra dont les racines remontent jusqu’aux Indes et même au bouddhisme des origines. Repris et adaptés par les arabes, ces histoires voyagèrent jusqu’à l’Andalousie du haut Moyen Âge et du Moyen Âge central pour tomber dans l’escarcelle de Pierre Alphonse qui eut la bonne idée de les compiler tout en y mettant sa plume.

Datation des deux versions de la Disciplina Clericalis

On ne parvient pas à dater précisément cet ouvrage. Il est probable qu’il ait été écrit d’abord en arabe par son auteur, puis qu’il l’ait traduit ultérieurement en latin, avec quelque assistance et peut-être après son baptême. En Français médiéval, l’ouvrage est connu sous plusieurs formes :

  • Les plus précoces sont des formes versifiées en vieux français. Elles sont adaptées librement de la prose latine de Pierre Alphonse. Les premiers manuscrits où on les trouve datent des débuts du XIIIe siècle. En réalité, on leur connaît diverses adaptations et au moins deux versions de mains différentes, qu’on a souvent réunies sous le titre du Castoiement d’un père à son fils ou Chastoiement d’un père à son fils. Précisons que dans les deux cas, « Castoiement » ou « Chastoiement » doit être compris comme enseignement, « leçons morales d’un père à son fils » et n’a rien à voir avec la notion de « châtier », « châtiment » qu’on pourrait être tenté d’y voir sous l’influence du français actuel.

    On connait deux grandes versions de cette première famille versifiée. Pour en donner la mesure, leurs différences sont si grandes qu’une équipe d’universitaires, philologues et médiévistes de l’Université de Genève attachée à l’étude de cet ouvrage de Pierre Alphonse, a décidé de désigner l’une d’entre elles sous l’appellation Les Fables de Pierre Aufons, tout en conservant à l’autre le titre habituel de Castoiement d’un père à son fils (10).
  • Une autre forme de la Disciplina Clericalis, apparaîtra un peu plus tardivement. En prose et en moyen français, elle est plus proche de la version originale de Pierre Alphonse que les précédentes. Elle émerge au Moyen Âge tardif (vraisemblablement vers là fin du XIVe siècle) et conserve le titre original de son auteur : Disciplina Clericalis, qu’on peut encore trouver franciser comme « La discipline de clergie« .

Succès de la Disciplina Clericalis de Pierre Alphonse

Enluminure et page du castoiement d'un père à son fils dans le manuscrit médiéval Ms 726 de la BnF
Enluminure de Pierre Alphonse dans Le castoiement d’un père…, ms 726, BnF.

Tant sur la forme que sur le fond, cet ouvrage de Pierre Alphonse connut un succès retentissant à partir de ses premières traductions et dans les siècles suivants. 76 manuscrits présents dans toute l’Europe sont encore là pour en témoigner. Sa popularité déborde les frontières françaises et on le retrouvera traduits également en castillan, en anglais, en italien, en hébreu sous des formes diversement adaptées. Dans la courant du XIIIe siècle, les orientaux connurent eux-aussi plusieurs versions de cet ouvrage de Pierre Alphonse. Il semble donc avoir connu un succès de ce côté aussi.

Ces « exempla » rédigés en latin et qui viennent illustrer de petites leçons de sagesse ou de conduite morale vont même se trouver fort appréciés des prêcheurs catholiques qui peuvent les inclure dans leurs sermons. Du point de vue de l’influence littéraire de la Disciplina Clericalis, dans les siècles suivants, on retrouvera encore des résonnances de certains contes de la Disciplina Clericalis de Pierre Alphonse dans les « exemples » du Comte Lucanor de Don Juan Manuel, dans certains fabliaux du sol français, dans le Décaméron de Jean Boccage, chez Shakespeare, dans la littérature des Exemples mais encore, plus tardivement, dans le Don Quichotte de Cervantes ou même encore chez Molière.

Le reste de son œuvre

En dehors de cet ouvrage majeur, on doit encore à Pierre Alphonse quelques écrits de moindre importance et qui, en tout cas n’ont pas connu le même retentissement, ni la même postérité que le précédent : un porte sur les tables astronomiques (Prologus in tabulas astronomicas). Il y a aussi cette lettre d’étude sur l’astronomie à destination des étudiants vivants en France (Epistula de studio artium liberalium praecipue astronomiae ad peripateticos aliosque philosophicos ubique per Franciam ). Enfin, on peu citer un autre traité d’astronomie titré De Dracone.

Voilà pour cette biographie et ce portrait de Pierre Alphonse qui nous a demandé de longues recherches, en plusieurs langues, auprès de médiévistes et spécialistes en littérature médiévale d’Europe mais aussi du continent américain. Nous espérons que vous aurez apprécié cet article. Si vous êtes arrivé au bout, vous mesurez sans doute un peu mieux l’importance de cet auteur et la place que nous nous devions de lui faire sur notre petite encyclopédie médiévale en ligne. Sa connaissance des trois cultures monothéistes, mais aussi sa maîtrise des langues et son niveau d’instruction ont fait de ce personnage médiéval à l’itinéraire peu commun, un véritable trait d’union entre le monde littéraire et scientifique oriental d’Al Andalous et le monde chrétien occidental des débuts du Moyen Âge central.

En ce qui nous concerne, et pour nous fixer quelques priorités, nous devons confesser que la Disciplina Clericalis de Petrus Alfonsi motive un peu plus notre intérêt, pour l’instant, que son Dialogus. Aussi, soyez sûr que nous ne manquerons pas de partager bientôt, ici, certains de ces contes à succès qui ont contribué à l’introduction de récits fictionnels et moraux orientaux dans la littérature occidentale du Moyen Âge.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.


Notes

(1) En ce qui concerne les contributions de María Jesús Lacarra Ducay sur l’oeuvre et le biographie de Pierre Alphonse, nous nous sommes particulièrement penché sur son petit ouvrage « El Cuento Oriental en Aragón » paru aux éditions CAI en 2000, ainsi que un de ses articles encyclopédiques dans le très solide Dictionnaire Biographique Electronique de l’Académie Royale d’Histoire Espagnole (ie : El Diccionario Biográfico electrónico de la Real Academia de la Historia).

(2) A propos du « portrait » légendé Petrus Alfonsus sur cette page du Liber Chronicarum et que l’on retrouve, d’ailleurs un peu partout sur le web : datant du XVe siècle, il est bien évidemment éloigné de la réalité et ne correspond pas à grand chose (on s’en doutait). En revanche, chose plus cocasse pour qui s’est penché de près sur cette volumineuse chronique imprimée du Moyen Âge tardif, cette image est d’autant plus éloignée de Pierre Alphonse qu’il s’agit d’une illustration qu’on retrouve à de nombreuses reprises dans cet incunable du Moyen Âge tardif. Elle a même, semble-t-il, permis de boucher quelques trous et on lui a fait jouer plusieurs rôles. Dans les premières pages de cette chronique on la trouve ainsi à l’identique libellée « Jupiter » mais nous l’avons croisée encore à d’autres reprises, affublée de légendes variées, en feuilletant l’ouvrage.

(3) Nous ne faisons que soulever la question mais comme point de départ, voir l’article de Carlos Garcés Manau sur le site officiel de Huesca.

(4) Voir Hommes de passage. L’élément juif dans les textes polémiques et les constructions identitaires hispaniques (XIIe-XIVe Siècles), Matthias Tischler Passages, Actes du colloque de Bordeaux, Presses universitaires du Midi (2013).

(5). les plus anglophones d’entre vous pourront se reporter au podcast suivant pour trouver quelques pistes intéressantes au sujet de ces « disputacio » initiées par Pierre Alphonse et quelques autres. On y trouve notamment des hypothèses formulées par le jeune historien canadien Dan Attrell sur la façon dont elles ont pu alimenter des antagonismes d’un nouveau genre : Uncovering the Latin Polemical Tradition & Petrus Alphonsi with Dan Attrell. On retrouvera ce constat de l’influence du Dialogue de Pierre Alphonse sur un nouvel antijudaïsme (entretenu par la suite par d’autres auteurs médiévaux) chez d’autres médiévistes ou spécialistes de littérature médiévale.

(6) Pour l’historien et médiéviste franco-Américain John Victor Tolan notamment, les attaques adressées par Pierre Alphonse au Talmud comme au Coran, sur le terrain doctrinal, et son insistance sur la nature irrationnelle de ces deux fois rivales représenteront même « un tournant dans la vision chrétienne de l’Islam et du Judaïsme dans l’Europe médiévale« . Le zèle de Pierre Alphonse après sa conversion a donc changé la face du débat entre les 3 monothéismes, en l’alimentant d’un point de vue différent, mais le terrain était particulièrement sensible au Moyen Âge . Si ces aspects vous intéressent nous vous recommandons également la lecture suivant de J V Tolan . Ils y sont particulièrement développés : Petrus Alfonsi, John Tolan, Dictionary of Literary Biography, vol. 337 (2008),

(7) Naissance et développement de la chanson de geste en Europe, Volume 6, André de Mandach, Publications Romanes et Françaises, 1993. Ce dernier date même l’arrivée de Pierre Alphonse en Angleterre autour de 1110.

(8) Petrus Alfonsi, John Tolan, Dictionary of Literary Biography, vol. 337 (2008),

(9) « Petrus Alfonsi is one of the key actors in the transmission and assimilation of Arabic scientifi, literary and religious texts and ideas to Latin Europe in the early twelfth century. His impact is attested in the survival of roughly 160 manuscripts of his works, in the frequent use made of them by key authors from the twelfth century to the sixteenth, and in their wide diffusion through early printed editions. ». Petrus Alfonsi, John Tolan, Dictionary of Literary Biography (op cité)

(10) Voir Les traductions françaises en vers de la disciplina clericalis sur le site du département des langues françaises et latines du Moyen Âge de l’université de Genève

Agenda : les 38e médiévales de Provins sont là !

Blason, armoirie ville de Provins

Sujet : fêtes, animations médiévales, compagnies médiévales, agenda, monde médiéval, reconstituteurs, campements médiévaux, spectacles équestres, fauconnerie, animations permanentes, visites patrimoniales.
Thème : Moyen Âge festif
Lieu : Provins, Seine-et-Marne, Ile de France
Evénement: Les 38e médiévales de Provins.
Dates : les 10 et 11  juin 2023

Bonjour à tous,

e week-end sur l’agenda des fêtes aux couleurs du Moyen Âge, vous ne pourrez manquer les traditionnelles Médiévales de Provins, si vous vous tenez du côté de l’Île-de-France et de la Seine-et-Marne. Et si la belle cité, classée au patrimoine de l’Unesco, n’attend jamais ses grandes fêtes annuelles pour mettre en valeur ses atours historiques, pour qui voudrait la découvrir, ces célébrations sont toujours une occasion privilégiée de le faire. Pour vous en donner un avant-goût, levons ensemble le voile sur le programme de cette année.

Au programme de ces 38e médiévales

Les animations médiévales de Provins 2023 et l'affiche officielle de la fête

Plus que quelques jours avant le top départ des Médiévales de Provins 2023. Il s’agira là de la 38e édition de cette célébration historique, toujours organisée avec beaucoup de soin par la municipalité, entourée de nombreux partenaires et volontaires locaux. L’affaire est donc bien rodée et ce nouveau cru sera, à l’image des précédents, truffé d’animations et de belles surprises. Vous pourrez juger de la densité du programme en jetant un simple coup d’œil au nombre impressionnant de groupes de musique, de comédiens et de compagnies médiévales qui viendront investir les rues de Provins, ce week-end. C’est d’autant plus prometteur que l’on a ici des professionnels et associations pris parmi le fleuron de la scène du spectacle médiéval ou de la reconstitution.


La plus grande fête médiévale de France ?

A chaque nouvelle édition, les organisateurs se fixent pour ambition de replonger Provins dans l’ambiance des grandes Foires de Champagne qui ont fait ses gloires d’antan. Au sortir, ce n’est pas pour rien que ces réjouissances historiques revendiquent le titre de « plus grande fête médiévale de France ». On pourra donner quelques chiffres pour en prendre la mesure : cette année, 300 professionnels du spectacle y sont attendus, accompagnés de quelques 320 artisans auxquels viendront se joindre près de 1000 provinois en costume d’époque. Quant à la fréquentation, l’édition de l’année dernière a gratifié l’événement de 90000 visiteurs et l’on peut s’attendre à nouveau à un franc succès. C’est rien moins que mérité au vue de la qualité des efforts apportés sur ces célébrations médiévales et des longs mois de préparation nécessaire à leur mise en place.


Animations permanentes tout le week-end

Pour dire un mot des divertissements qui vous attendent ce week-end, à Provins, ils se partageront entre animations de rues continues, rythmées par des temps forts et spectacles plus ponctuels. Citons pêle-mêle au titre des premières : farces, théâtre, musiques et danses, en notant au passage qu’un nombre particulièrement important de groupes de musique médiévale s’affiche au programme de ce cru 2023.

Animés en continu, les campements thématiques seront aussi nombreux à la découverte de la vie médiévale, de ses combattants, ses artisans ou ses artistes. Au programme, humour mais aussi voyage historique, éducation et découverte. Dans le lot des activités proposées durant ces 38e médiévales, on retrouvera également un bon nombre d’ateliers proposant à tout public de mettre la main à la pâte : archerie, poterie, teinture végétale, « street art » médiéval, danses d’époque, énigmes et jeux divers, campement spécial avec jeux et activités pour les plus petits, etc… Un Village du livre permettra aussi aux visiteurs de partir à la rencontre d’auteurs, d’illustrateurs et d’enlumineurs.

Grands spectacles et temps forts de la fête

A ces animations permanentes viendront encore s’ajouter des spectacles plus ponctuels et qui promettent eux-aussi de belles émotions. On pense par exemple à ces démonstrations de fauconnerie au théâtre des remparts, ou encore, à ce spectacle équestre épique dans lequel Thibaut IV le chansonnier, mythique comte de Champagne, se verra réincarné pour partir à la rescousse de Blanche de Castille.

Le Samedi soir sera aussi le théâtre d’une grande nocturne avec bal médiéval et concert de musique médiévale. Quant au dimanche, il vous permettra d’assister à une parade costumée que vous n’êtes pas prêt d’oublier.

De nombreuses compagnies et animations attendues pour les 38eme médiévales de Provins 2023.
Des dizaines de milliers de visiteurs attendus pour une foule de spectacles et animations

Compagnies médiévales et troupes invitées

Al Cantara – Gueule de Loup – Sorga – Pescaluna – Les Danseriess des Lys – Cie Créalid – Les Armiers – Cie Lutka – Belli Mercator – Cie Smedelyn – Les Ménétriers – Cie Lez Accros – Le clan du Lys – Les Collégiens de Paris – La Maisnie du Mont Ferrant – Les Barbiers fous – Les Rôdeurs de l’Odan – Gentes Comitis – Corazon – Les Danceries Thibaud de Champagne – La Mesnie 1415 – Cie la Chalemie – AD Tempus – Approximatores Alchemia – Cie Dovakhiin – Soñj – Confrérie du Cerbère – Arc de Provins – Lilamayi – les Forges de la Brume – Sembadelle – Le théâtre du Laid Cru – Kervan Cie – Aouta – Fiannan Ban – Cie Karabas – Théobaldus – Le léproserie de Close Barbe – Chœur du Montois et du Provinois – Equestrio – Vol Libre Production

Découverte des richesses patrimoniales de Provins

A l’habitude, la municipalité et ses services culturels et touristiques ne pouvaient pas passer à côté de cette grande occasion, sans proposer aux plus curieux la découverte de son riche patrimoine. Ainsi, tout au long du week-end, de nombreuses visites des trésors et des monuments historiques de la ville seront organisées : le prieuré Saint-Ayoul, le musée de Provins, la Grande aux Dîmes, les souterrains, la Tour César vous ouvriront donc leurs portes pour des visites spéciales. Certaines se feront même sous forme théâtralisée comme cette visite nocturne des remparts.

Pour finir cette petite présentation, veuillez noter que si la grande majorité des animations mentionnées ici sont comprises dans le ticket d’entrée, d’autres ne le sont pas. Aussi, pour profiter à plein de ces belles médiévales, pensez à anticiper afin de pouvoir réserver, éventuellement, certaines activités. Vous retrouverez toutes les infos et le programme détaillé sur le site officiel des Médiévale de Provins.

Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi découvrir ci-dessous, tous nos articles précédents sur les Médiévales de Provins : Edition 2022Edition 2019Edition 2018Edition 2017Edition 2016.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Animations médiévales : Jeanne d’Arc de retour à la Cathédrale de Reims

Armoirie, blason de la Ville de Reims

Sujet : animations médiévales, campements historiques, compagnies médiévales, reconstitution, Jeanne d’Arc, Charles VII, patrimoine, évocation historique.
Période : Moyen-Âge tardif (XVe siècle)
Nom : Les fêtes johanniques de Reims 2023
Lieu : Reims, Champagne-Ardenne
Dates : les 3 et 4 juin 2023

Bonjour à tous,

ur l’agenda des animations médiévales et pour compléter nos suggestions, nous vous entraînons, dans cet article, du côté de la région Champagne-Ardenne. Ce week-end, la ville de Reims y rendra, en effet, hommage à Jeanne d’Arc, à l’occasion d’une grande célébration de deux jours. On pourra y compter sur de nombreuses activités entre divertissements et évocations, dans le cadre patrimonial somptueux de la belle cité champenoise et à l’ombre de sa cathédrale.

Pour cette nouvelle édition des Fêtes Johanniques de Reims, la municipalité a mis les petits plats dans les grands. De nombreux temps forts autour de l’histoire de la pucelle d’Orleans y sont programmés mais également force animations, évocatrices du Moyen Âge.

Temps forts autour de Jeanne d’arc

Affiche des fêtes Johanniques de Reims 2023

En ce qui concerne Jeanne d’Arc, du samedi au dimanche, l’héroïne médiévale sera de retour en les murs de Reims pour faire revivre au public, les temps forts du sacre de Charles VII. Entre cérémonie officielle et même messe donnée en la cathédrale (le dimanche), la pucelle et son gentil dauphin y seront à l’honneur. Le samedi soir devrait être un autre moment très attendu avec une nocturne spéciale autour de la cathédrale. Il ouvrira sur une grande parade pour revivre l’épopée de Jeanne d’Arc, qui se poursuivra par un grand spectacle son et lumières projeté sur les nobles pierres de la cathédrale.

Campements, déambulations, musique médiévale, contes et spectacles, etc…

L’évocation du monde médiéval ne s’arrêtera pas là, bien sûr, et sur le parvis de la cathédrale comme au parc Saint Remi, une foule d’animations est prévue tout au long de ces deux jours. Ainsi, jongleries et acrobaties, concerts de musique médiévale, spectacles de marionnettes, déambulations et parades fantastiques, contes et jeux, saynètes et théâtre de rue mais encore spectacles animaliers empliront les rues de leur bonne humeur.

Toutes ces activités seront complétées par la présence de campements médiévaux, militaires et civils et leur vie animée. Sur ces derniers, on pourra compter sur de nombreuses démonstrations de combats en armure, des tirs d’armes balistiques, et autres expositions de pièces militaires. De nombreux ateliers sortis tout droit du Moyen Âge seront également de la partie, entre herboristerie, cuisine, tissage, forge, enluminure, poterie, etc,…

Compagnies médiévales invitées

Animations médiévales et évocations historiques aux Fêtes johanniques de Reims

Pour mener à bien ces célébrations historiques, de grands noms de l’animation médiévale ont été invités à Reims ce week-end, qu’il s’agisse de troupes de musique d’inspiration médiévale, de compagnies de reconstituteurs, ou encore de prestations visuelles ou de spectacles vivants.

Les Tritons Ripailleurs – Les Jeux d’Oc – Exactor Mortis Behourd – Cie Lutka – Cie Dovahkin – Agence légendaire – Cie Mandalas – Vaporium – Ambraluna – Animal Shunt and film – Gueule de Loup – Théâtre du Laid Cru – Braagas – Cie Créalid – Sorga – Cie Regalia – Tormis – Spectacle de Doune – Compagnie du Crépuscule – La Baraterie en Art – Au cœur du grimoire – Cie Youplaboum – Cie Zoolians.

Pour les fans d’emplettes et de shopping, ces fêtes johanniques seront complétées par un marché médiéval et artisanal de quelques 50 exposants. Les gourmandises seront aussi au rendez-vous.

Visites historiques & découverte du patrimoine

En complément de programme, les visiteurs pourront encore assister à des conférences sur les sacres des roi de France à la cathédrale de Reims, ou même encore embarquer pour des visites guidées de la ville et de son patrimoine. A tout cela s’ajouteront encore des animations dans les jardins du Musée Saint Remi qui tiendra, également, ses collections médiévales, à la disposition du public.

Voir le site officiel de ces fêtes johanniques pour plus d’informations.

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En vous souhaitant une belle journée.

Fred
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