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Concerts de Musique Médiévale & Conférences à la Basilique Cathédrale Saint-Denis

Sujet : concerts, musiques médiévales, patrimoine, cathédrale, conférence, site d’exception.
Période : Moyen Âge (haut et central)
Evénement : concerts de Musiques Médiévales & conférence
Dates : octobre 2025.
Lieu : Basilique cathédrale Saint-Denis, 1, rue de la Légion d’Honneur, Saint-Denis, Île-de-France.

Bonjour à tous,

our ceux qui se tiendront en Île-de-France en octobre prochain, un bel événement vous y attend à quelques lieues de Paris. Tout le mois, la Basilique Cathédrale Saint-Denis y célébrera le Moyen Âge avec cinq concerts exceptionnels de musique médiévale. Le programme sera également complété par deux conférences pour les plus férus d’Histoire.

Le cadre patrimonial et historique de la Basilique Cathédrale Saint-Denis est, en lui-même, remarquable. Ce site classé est, en effet, témoin de plus 1500 ans d’Histoire et remonte au haut Moyen âge. Cet événement donnera l’occasion de le découvrir et nous en dirons un mot plus loin dans cet article.

Octobre Médiéval : le programme

Musiques médiévales et conférences sur le Moyen Âge à la Basilique Cathédrale Saint Denis - Affiche 2025 de l'événement "Octobre Médiéval"

Il s’agira là de la 5eme édition de cet « Octobre médiéval ». Fort du succès de ses précédentes éditions, l’événement s’installe dans la qualité et la durée. Cette année encore, sa programmation musicale est aussi variée qu’ambitieuse.

Les thèmes abordés iront des chansons de trouvères, à l’amour courtois et aux chansons de toiles. On pourra encore y entendre des chants sacrés polyphoniques et de rares musiques du XIIIe siècle, dédiées au culte marial.


Les concerts de musique médiévale

Les cinq concerts proposés pour cette édition s’étaleront tous le mois avec des horaires en après-midi ou en soirée. Du point de vue des formations, on reconnaîtra des noms familiers comme l’ensemble Alla Francesca ou encore Diabolus in Musica. D’autres sont un peu plus récentes. Dans tous les cas, l’originalité des programmes est au rendez-vous sur les cinq dates prévues.

Chansons de trouvères des XIIe et XIIIe siècles, d’Aliénor d’Aquitaine à ses descendants

Mardi 7 octobre – 20h « Les trouvères entre ciel et terre, sur les traces d’Aliénor… » par l’ensemble Alla Francesca.

l'Ensemble médiéval Alla Francesca sur scène et en concert

Du XIIe siècle aux suivants, Aliénor d’Aquitaine et sa lignée influencèrent grandement la musique du nord de France et d’Angleterre. Avec ce programme, Alla Francesca se propose de suivre les inspirations musicales de la célèbre reine de France et d’Angleterre. L’exploration s’étendra même à sa descendance avec des noms prestigieux comme Richard Cœur de Lion, Marie de Champagne et, bien sûr, Thibaut IV le chansonnier.

L’ensemble Alla Francesca est un des grands noms de la scène musicale médiévale. Formé par Brigitte Lesne et Pierre Hamon, début 90, il a produit depuis une riche discographie et de nombreux programmes. Attaché, depuis sa formation, au Centre de Musique Médiévale de Paris, il bénéficie d’une reconnaissance internationale.

Musiciens, interprètes : Pierre Bourhis (voix), Michaël Grébil (cistres, luth, voix), Nolwenn Le Guern (crwt, vièle à archet), Lior Leibovici (voix) et Brigitte Lesne (harpe-psaltérion, percussions, direction et conception).

La vie de la Vierge dans les manuscrits parisiens des XIIe et XIIIe siècles

Samedi 11 octobre – 17h « Sur les pas de Marie » par l’ensemble Rue des Chantres.

Ensemble médiéval Rue des Chantres : portrait de Erwan Picquet, Vincent Pislar et Christian Ploix.

Loin des Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X & des routes de pèlerinage médiévales, l’ensemble Rue des Chantres est parti sur les traces du culte marial au travers des manuscrits parisiens du Moyen Âge central. Avec ce programme musical original, on suivra, avec eux, le parcours de Marie, dans une sélection qui mêlera chants polyphoniques et chants grégoriens.

Formé en 2019 par trois anciens chantres de Notre-Dame de Paris, l’ensemble Rue des Chantres entend faire revivre les chants polyphoniques comme on pouvait les entendre dans les cathédrales de l’Europe médiévale du Moyen Âge central. Ce programme musical ajoute aux voix un aspect visuel et des projections.

Musiciens, interprètes : Erwan Picquet (voix), Vincent Pislar (voix), Christian Ploix (voix).

L’Amour courtois aux XIVe et XVe siècles

Samedi 18 octobre – 16h30 « Ay ! Amours… » par l’ensemble Les Métamorphoses de l’Amour.

l'ensemble Les Métamorphoses de l’Amour, portrait de Daniela Maltrain, Julia Marty et Nolwenn Tardy

« Ay ! Amours » : dans nos pages, nous avons approché des centaines de textes médiévaux qui traitent d’amour courtois et de la souffrance du loyal amant dans l’attente d’un retour qui ne vient pas toujours.

Avec ce concert, l’ensemble Les Métamorphoses de l’Amour prend le parti de nous montrer d’autres variations du sentiment courtois. Conversations privées, confidences entre amies, l’angle est original et devrait introduire l’auditoire à tout un monde de nuances. Quant à l’origine des chansons, elles nous entraîneront dans la France et l’Italie du Moyen Âge tardif (du XIVe aux débuts du XVe siècle).

Les Métamorphoses de l’Amour est un ensemble formé en 2023 par trois jeunes musiciennes de la scène des musiques anciennes et médiévales.

Musiciens, interprètes : Daniela Maltrain (vièle à archet, voix), Julia Marty (guiterne, voix), Nolwenn Tardy (vièle à archet).

Chansons & rêveries amoureuses au XIIIe siècle

Samedi 25 octobre – 16h30 « Beles, Belles… » par l’ensemble Diabolus in Musica.

Diabolus in Musica, Portrait de Axelle Bernage et Nicolas Sansarlat

Voilà encore un beau programme concocté ici par l’ensemble Diabolus In Musica qui se produit ici en duo. Dans cette sélection de pièces dédiées aux rêveries amoureuses des belles du Moyen Âge central, on retrouvera notamment des chansons de toile. Monde clos, idéal de beauté, poésie de l’attente et formes du désir amoureux sont au menu de ce concert médiéval.

Depuis sa formation, au début des années 90, l’ensemble Diabolus in Musica s’est forgé une belle renommée sur la scène des musiques médiévales. Avec plus de vingt-cinq albums sur des thèmes aussi variés que les chansons de trouvères et de troubadours, Guillaume Dufay et De Machaut ou encore les chants polyphoniques religieux médiévaux, la formation poursuit, avec talent, son exploration du Moyen Âge et de ses musiques.

Musiciens, interprètes : Axelle Bernage (voix), Nicolas Sansarlat (vièle à archet, direction artistique).

Chants sacrés du Moyen Âge et résonances contemporaines

Vendredi 31 octobre – 20h « Odyssée pour deux voix sœurs » par l’ensemble Dialogos.

Ensemble Dialogos en concert, Katarina Livljanić et Clara Coutouly

Entre chants sacrés, plain chants et polyphonies, ce programme a deux voix explorera les musiques liturgiques médiévales sous un angle nouveau. Au delà de leur spiritualité, l’ensemble Dialogos entend, en effet, mettre en valeur ce qui affleure dans ce genre musical.

Peurs, aspirations, émotions, ces chants liturgiques traduisent aussi de tout un monde là au dehors qu’on craint, auquel on aspire ou encore que l’on fantasme. A l’occasion de ce concert, les chants médiévaux anciens devraient être mis en miroir avec des poésies plus contemporaines.

Depuis 1997, l’ensemble médiéval Dialogos explore le large répertoire des musiques de l’Europe médiévale. En 25 ans, la formation s’est produite sur de nombreuses scènes à l’international. Elle a également reçu de nombreux prix pour ses prestations musicales et scéniques. Sa fondatrice et directrice Katarina Livljanić est également enseignante à la prestigieuse Schola Cantorum Basiliensis.

Musiciens, interprètes : Clara Coutouly (voix), Katarina Livljanić (voix, direction artistique).


Les conférences en Histoire médiévale

En plus de ce riche programme musical, deux conférences d’Histoire médiévale viendront encore ponctuer ce mois d’octobre.

Musique & arts liturgiques au temps d’Hilduin, abbé de Saint-Denis

Jeudi 9 octobre à 19h30
Intervenant : 
Jean-François Goudesenne, Chercheur médiéviste et musicologue, (IRHT-CNRS)

Le mystère des reliques de saint Denis

Lundi 13 octobre à 19h30
Intervenant : Anne-Marie Helvétius, Professeure d’histoire médiévale (université Paris 8).

Pour plus d’informations sur l’ensemble de ce programme, merci de consulter le site officiel de la Basilique Cathédrale Saint-Denis.


La Basilique Cathédrale Saint-Denis : un cadre historique & patrimonial exceptionnel

S’il est de nombreux lieux véritablement chargés d’Histoire sur le sol français, la Basilique Cathédrale Saint-Denis se distingue par les long quelques 1500 d’histoire dont témoigne son site.

Le lieu que choisit Saint-Denis pour mourir

Enluminure du martyre de Saint Denis, manuscrit médiéval NAF 1098 XIIIe siècle - Départements des manuscrits BnF
Enluminure du Martyre de saint Denis, Manuscrit Naf 1098 (consulter en ligne )

Une légende tardive du haut Moyen Âge conte que Saint-Denis, évangélisateur de la Gaule et martyre chrétien décapité à Lutèce par l’empire romain, serait venu y mourir entre le 1er et le 3e siècle de notre ère.

Le premier évêque de Paris aurait même, selon certains récits, porté sa tête décapitée depuis Montmartre en chantant des prières, avant de s’effondrer là où fut construit l’ancêtre de l’actuel basilique et le premier édifice religieux en son nom.

De fait, le lieu fut sanctifié très tôt et devint la tombe de nombreux rois et reines de France à partir du VIIe siècle. En témoignent encore sur place pas moins de soixante-dix gisants et tombeaux parmi lesquels les plus grands noms de la couronne française. On y trouve également certains de leurs serviteurs et des aristocrates eux-aussi désireux de se placer sous la protection du saint.

La période couvre toute l’Histoire médiévale jusqu’au XIXe siècle. Cette étonnante particularité fait même de la Basilique Cathédrale Saint-Denis un lieu unique en Europe en matière de réalisation de gisants funéraires du Moyen Âge central (XIIe siècle) à la Renaissance (XVIe siècle).

Un chef d’œuvre d’architecture gothique

Basilique Cathédrale Saint-Denis, Gisants et vitraux

En terme architectural, si les bâtis de la basilique ont évolué du haut-Moyen Âge à nos jours, le XIIe siècle marque un véritable tournant dans l’histoire de l’édifice. Sa reconstruction par l’Abbé Suger la consacre, en effet, comme un chef d’œuvre de l’art Gothique. Elle est considérée comme un des berceaux de cet art alors novateur. Sa nouveauté architecturale aurait ainsi étendu ses influences à toute l’Europe.

Depuis le Moyen Âge, la Basilique cathédrale Saint Denis a traversé le temps en passant par des phases de grande popularité ou même d’abandon. Elle a aussi connu diverses restaurations du XIXe siècle jusqu’à très récemment. Napoléon 1er y a mis sa patte. Plus tard, Viollet-le-Duc est intervenu également sur l’édifice et les gisants.

Classement de la Basilique

Il faudra attendre la deuxième partie du XIXe siècle et 1862 pour voir la basilique classée monument historique. Ses jardins suivront un peu plus de soixante-ans plus tard en 1926.

Devenue cathédrale depuis 1966, la basilique Saint-Denis est, aujourd’hui, gérée par le Centre des Monuments Nationaux. De par sa longévité et ses merveilles, elle reste un grand trésor du patrimoine culturel et monumental français.

Vous retrouverez les traces de sa longue et prestigieuse Histoire partout sur place : des vitraux aux ogives, à ses jeux de lumière unique, à ses sculptures ou ses gisants. Ici, les pierres parlent et témoignent de la longue histoire de France, du Moyen Âge à nos jours. Pour ceux qui auront la chance de pouvoir assister à ces concerts en octobre, ne manquez pas d’y prévoir une visite plus complète.

Retrouver notre article sur l’édition 2024 de cet événement.

En vous souhaitant une belle journée
Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Musiques Médiévales : Trois Concerts d’Exception à la Basilique Saint-Denis

Sujet : concerts, musiques médiévales, patrimoine, cathédrale, ensemble médiéval, site d’exception, scène musicale médiévale.
Période : Moyen Âge (Xe au XVe s)
Evénement : Concerts de Musiques Médiévales
Dates : les 5, 16 et 19 octobre 2024.
Lieu : Basilique cathédrale Saint-Denis, Centre des Monuments nationaux, 1, rue de la Légion d’Honneur, Saint-Denis

Bonjour à tous,

ur la liste des événements aux couleurs du Moyen-Âge, voici trois dates à retenir du côté de l’Île-de-France. En octobre, la basilique cathédrale Saint-Denis vous propose, en effet, un cycle de concerts de musiques médiévales de haute tenue dans un cadre patrimonial d’exception.

Octobre en musique
à la Basilique Cathédrale Saint-Denis

Il s’agit de la quatrième édition de cet événement musical. Pour cette saison, deux premiers concerts ont déjà été donnés en septembre mais il en reste encore trois à venir. Et quels concerts !

L’Ensemble Oriscus à la découverte d’Hildegarde

Ce cycle ouvrira sur la plus jeune formation de la sélection : l’ensemble Oriscus. Bien que formé quelques années auparavant, ce talentueux trio s’est fait particulièrement remarquer avec sa prestation au Festival des musiques sacrées de Rocamadour en 2021.

Pour ce concert, l’ensemble Oriscus vous invitera à la découverte des musiques et du legs de Hildegarde de Bingen . Ce programme se propose notamment d’alterner des chants de la célèbre sainte, abbesse, mystique et compositrice du XIIe siècle, avec des présentations de sa vie et de son œuvre.

Oriscus : un jeune ensemble de grand talent sur la scène des musiques médiévales

Pour découvrir la formation Oriscus, le mieux est encore d’aller l’écouter mais si vous voulez un échantillon de leur talent, vous trouverez de superbes pièces de leur cru sur la chaîne YouTube du Festival de Rocamadour (Rocamadour – Musique Sacrée). Leur album « Stella Maris » est une autre piste intéressante pour les approcher. En tout état de cause, vous pouvez vous rendre à ce concert les yeux fermés. Leur interprétation des pièces d’Hildegarde servie par la voix d’Anne Bertin-Hugault est simplement envoûtante.

Samedi 5 octobre – 17h, « Hildegard, la vivante », Ensemble Oriscus
Musiciens, interprètes : Anne Bertin-Hugault (voix), Colin Heller (instruments à cordes) et Marc Vervisch (instruments à vent).

Sur les routes du Moyen-Âge avec Sequentia

Fondé en 1975 par Benjamin Bagby et Barbara Thornton, l’Ensemble Sequentia anime la scène médiévale depuis près de 50 ans avec des programmes toujours riches et ambitieux.
Avec une carrière exceptionnelle, il est aujourd’hui largement reconnu dans la sphère des musiques anciennes au niveau international. Nos pérégrinations autour des musiques du Moyen Âge nous ont souvent donné l’occasion de le croiser.

 Benjamin Bagby et Norbert Rodenkirchen de l'Ensemble de musiques médiévales Sequencia

Le thème du voyage médiéval sera le guide de ce concert. L’ensemble Sequentia vous entraînera sur les routes du Haut Moyen Âge au Moyen Âge central. Au programme, des pièces rares et notamment des sequelae ou « séquences », ces mélodies et formes instrumentales rarement jouées étaient propices à l’improvisation. Une fois encore, Benjamin Bagby aura l’occasion d’y démontrer son grand talent autant que sa capacité à dénicher des pièces originales.

Mercredi 16 octobre – 20h, « Le Voyageur », Ensemble Sequentia.
Musiciens, interprètes : Benjamin Bagby (voix, harpes médiévales) et Norbert Rodenkirchen (flûtes traversières médiévales) en partenariat avec l’Association Rue des Chantres.

l’Ensemble Obsidienne & les chansonniers des rois

Voilà un autre ensemble de musiques médiévales qu’on ne présente plus. Depuis sa création en 2009 par Emmanuel Bonnardot, l’ensemble Obsidienne a gratifié les amateurs de musiques du Moyen Âge de nombreux programmes et productions. Sa discographie comprend les cantigas de Santa Maria, des incursions sur les chansons du manuscrit de Bayeux, en passant par l’exploration du répertoire de Guillaume de Machaut et Guillaume Dufay mais aussi des chants et musiques plus liturgiques.

L'Ensemble Obsidienne, spécialiste des musiques du Moyen Âge central et tardif

Pour ce concert, Obsidienne vous propose de tourner les pages des riches chansonniers des rois. On connait un certain nombre en provenance du Moyen-Âge. Certains de ces manuscrits nous gratifient de centaines de pièces d’anthologie annotées musicalement. On imagine que le Chansonnier du Roi ou le MS Français 844 de la BnF devrait y trouver une belle place, ou peut-être même encore le Chansonnier de Saint-Germain des Prés ( Ms français 20050).

Samedi 19 octobre – 17h, « Chansonniers des rois », Ensemble Obsidienne
Musiciens, interprètes : Emmanuel Bonnardot (direction, vièle à archet, rebec, crwth), Camille Bonnardot (voix guiterne, vihuela, cornet à bouquin) et Colin Bonnardot (voix et percussions) en partenariat avec l’association Rue des Chantres.

Pour réserver et pour plus d’informations sur ces trois concerts-événements, nous vous proposons de vous rendre sur le site officiel de la Basilique Saint-Denis.

En vous souhaitant une belle journée
Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Le miracle de la cantiga de Santa Maria 47 et l’apparition du démon à un moine ivre

Sujet : musique médiévale, Cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracle, Sainte-Marie, démon, apparition, vin, ivresse.
Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur : Alphonse X  (1221-1284)
Titre : CSM 47  « Virgen Santa María,
guarda-nos, se te praz
« 
Interprète : ArteFactum
Album : En el scriptorium (2006)

Bonjour à tous,

os pérégrinations médiévales du jour nous entraînent à la cour d’Alphonse X de castille, au cœur de l’Espagne du XIIIe siècle. Nous y recroiserons le large corpus des Cantigas de Santa Maria que le sage et savant monarque espagnol compila sous son règne.

C’est la cantiga de Santa Maria 47 qui sera, aujourd’hui, l’objet de notre intérêt. A l’habitude, nous vous proposerons un commentaire de ce chant médiéval, accompagné de sa partition ancienne, de sa traduction en français moderne, mais encore une belle version en musique.

L’importance des cantigas de Santa Maria

Avec plus de 420 chants dédiés à la vierge Marie, les cantigas de Santa Maria d’Alphonse X restent un témoignage essentiel de la musique comme du culte marial de cette partie du Moyen Âge. C’est aussi une source importante pour l’étude du galaïco-portugais, langue largement en usage dans la littérature de la péninsule ibérique médiévale de cette période.

En matière de legs, les partitions comme les paroles des cantigas de Santa Maria ont été consignées dans de très beaux manuscrits médiévaux. S’ils n’abondent pas, ils nous sont parvenus en nombre suffisant pour restituer l’ensemble du corpus. Ils sont aussi superbement conservés.

Sur la scène des musiques anciennes et médiévales, les plus célèbres formations comme les plus modestes ont d’ailleurs été nombreuses à s’attaquer à la restitution de ces chants mariaux. Les enluminures foisonnantes de certains manuscrits des cantigas se sont aussi avérées très utiles pour les musicologues et les amateurs d’ethnomusicologie. Elles ont, en effet, permis (et permettent encore) à tous ces musiciens et experts de retrouver les instruments d’époque utilisés pour jouer les cantigas d’Alphonse X.

Un roi troubadour sur les traces du culte marial

Quelle est l’origine des cantigas de Santa Maria ? En suivant leur préface, elles sont nées du désir d’Alphonse X d’exercer son « art de trobar », tout en rendant hommage à la vierge Marie. De fait, on prête généralement au souverain une partie importante de la composition de ces chants aux influences musicales et poétiques troubadouresques. Certaines de ses chansons hors du corpus de CSM nous apprennent, par ailleurs, que le roi espagnol était un grand amateur et connaisseur de l’art de trobar.

Dans cette même tradition des troubadours du sud de la France médiévale, les chants mariaux des CSM restent monodiques. On retrouve aussi, tout au long des textes, un poète très soucieux d’entretenir une relation étroite à son auditoire, un peu à la façon d’un jongleur itinérant ou d’un conteur de fabliau : « on m’a dit », « j’ai entendu dire », « je vais vous conter ici » ….

Des miracles en provenance de multiples lieux

Dans les cantigas de Santa Maria, le souverain espagnol, aussi pieux que féru de littérature, nous invite à parcourir les différentes routes et lieux de pèlerinages médiévaux dédiés à la Sainte. L’angle choisi est principalement celui des miracles mais le corpus contient également des chants de louanges (quarante-quatre en tout) qui viennent rythmer ce corpus et s’insérer entre les récits miraculeux.

Concernant leurs origines, les récits de miracles des CSM viennent en grand nombre des différentes provinces de l’Espagne médiévale. Toutefois, ils peuvent aussi déborder largement des frontières de la péninsule ibérique. Des histoires venues de l’Europe médiévale, de l’Afrique du nord, et même du Moyen-Orient y sont mentionnées. C’est donc un voyage dans le monde spirituel autant que dans la géographie médiévale et ses pèlerinages qui nous est proposé.

Exemplarité et dévotion à portée de tous

En plus des louanges faites à Marie, l’occasion est aussi donnée à l’auteur des cantigas de sensibiliser son auditoire à l’exemplarité de la foi et aux bénéfices directs que tout sujet peut en retirer, si modeste et humble soit-il. Les miracles des cantigas de Santa Maria sont, en effet, presque tout entiers centrés sur les individus, leurs misères et leur dévotion (grande, absente ou défaillante).

Qu’il suffise au lecteur de feuilleter ces récits ou de découvrir leur traduction. Il se rendra vite compte qu’au delà de leur dimension fantastique, la vocation de ces chants mariaux est d’illustrer, dans les grandes largeurs, à quel point la foi mariale peut soulever des montagnes pour tout un chacun, par delà sa condition et même sa religion.

On notera aussi que ces miracles ont toujours des refrains simples à retenir. En scandant le récit, ils semblent inviter l’audience à la reprise en chœur des louanges à la Sainte et on se prend à imaginer leur usage sur les routes des pèlerinages.

Culte marial et dévotion médiévale à la vierge

Au Moyen Âge central et particulièrement au XIIIe siècle, le culte marial est à la génèse d’un grand nombre de récits de miracles qui nourrissent la foi des pèlerins alors nombreux à se rendre vers les lieux saints édifiés en dévotion à la vierge. Les cantigas reflètent cette grande diversité, autant que cette effervescence et cette ferveur à l’endroit de l’image de la vierge.

La dévotion mariale traversera cette partie du Moyen Âge et la suivante en inspirant les auteurs les plus divers, clercs, religieux, troubadours et trouvères. On fait alors appel à la Sainte pour qu’elle intercède auprès de son fils, le Dieu mort en croix. En plus de sa grande mansuétude et sa grande bonté, on lui prête aussi la capacité d’avoir l’oreille du Christ.

Cet amour suscité par Marie prendra des formes diverses, dans des textes profanes comme religieux. Il héritera quelquefois même de certains éléments de la lyrique courtoise pour devenir le plus pur des amours, celui de la dame inaccessible, la fleur des fleurs idéale que l’on ne pourra jamais prétendre approcher tout à fait.

La cantiga de Santa Maria 47 : ivresse démoniaque & salvation miraculeuse

La partition de la Cantiga de Santa Maria 47 dans le manuscrit médiéval Codice Rico de la Bibliothèque de l'Escurial

Le récit de la Cantiga de Santa Maria 47 est celui d’un miracle. Il y sera question de vin. Pourtant, nous sommes loin, ici, des noces de Cana ou même de la Cantiga 23 sur le même thème. En fait d’usage divin du breuvage ou de changement d’eau en vin, c’est cette fois le démon qui tentera de tirer partie des vertus alcoolisées du jus de la treille.

Un pauvre moine, dévot d’ordinaire, en fera les frais. Emporté par son élan et la ruse du démon, il en boira plus que son compte. Finalement plongé dans un état avancé d’ébriété, il se décidera tout de même à se rendre à l’église. Hélas ! il en faudra plus pour arrêter le démon et le frère subira ses assauts répétés. Ce dernier prendra même diverses formes dans une sorte de défilé dantesque, pour empêcher le dévot de se rendre à l’office. Il faudra alors une invocation fervente de la vierge et une intercession de cette dernière pour secourir le moine égaré.

Un rappel à l’ordre bénédictin pour le moine dévot

L’histoire ne nous dit pas si le moine était bénédictin. Une fois sauvé des griffes du démon par l’intervention de la Sainte, il se verra toutefois rappeler indirectement un des préceptes déjà cher à Saint Benoit pour régler la vie des moines : « Nous lisons que le vin ne convient aucunement aux moines. Pourtant, puisque, de nos jours, on ne peut en persuader les moines, convenons du moins de n’en pas boire jusqu’à satiété, mais modérément, car le vin fait apostasier même les sages.« 

Paroles et enluminures de la CSM 47 dans le manuscrit T1 de la Bibliothéque du monastère de Saint-Laurent de l'Escurial
Les Somptueuses enluminures de la cantiga de Santa Maria 47 dans le codice Rico

Métamorphoses, apparitions démoniaques
et combat au grand jour du bien et du mal

A l’image d’autres récits des cantigas de Santa Maria, le miracle de la CSM 47 met en scène, de manière particulièrement spectaculaire, l’opposition du bien et du mal et leur intervention directe dans le quotidien de l’homme médiéval. Fourbe et tentateur, le malin peut y prendre les formes les plus diverses pour tenter les plus assidus.

Rien n’est pourtant jamais gagner d’avance pour lui non plus et il se trouve confronté plus d’une fois aux forces divines incarnées par Marie. Elle peuvent apparaître, en un éclair, au secours du malheureux pour peu que ce dernier les invoque avec sincérité. Gare alors au démon qu’elle que soit sa ruse ou ses formes ! Face à la Sainte, il ne pèse guère et le voilà rendu à se carapater.

A travers leur déroulement, les récits des cantigas illustrent parfaitement comment le magique peut surgir au détour de n’importe quel virage au Moyen Âge. On pourra repenser à nouveau ici à cette citation de Jacques le Goff sur « ce diable médiéval si peu avare d’apparitions« . Dans ce monde pétri de transcendance, de craintes de fauter comme d’espoirs de salut, le spirituel et le surnaturel ont acquis le droit de s’inviter et de se manifester, à n’importe quel moment, dans le temporel.

Aux sources médiévales de cette cantiga

Pour les sources, partitions et enluminures de cette cantiga, nous nous sommes accompagnés, tout au long de cet article, du très beau Codice Rico de la Bibliothèque Royale du monastère de l’Escurial à Madrid. Ce manuscrit, médiéval daté de 1280 et référencé Ms. T-I-1, contient l’ensemble des cantigas de Santa Maria et leur notation musicale. Vous pouvez le consulter en ligne sur le site digital officiel de la Bibliothèque. Place maintenant, et comme promis, à une belle version en musique avec ArteFactum !

La Cantiga 47 par l’ensemble médiéval ArteFactum

L’ensemble ArteFactum & les cantigas

Nos lecteurs connaissent désormais Artefactum. Formé en 1995, cet ensemble de musiques médiévales andalou a, depuis, fait montre d’un grand talent pour restituer le monde médiéval et ses musiques.

Discographie & programmes

Au terme d’une carrière de prés de 30 ans, la discographie d’ArteFactum est finalement assez sélective et réduite. Elle compte un total de six albums produits au fil des ans. Les sujets sont aussi variés que les danses du Moyen Âge, les chants de troubadours, les Carmina Burana, ou encore les musiques médiévales de pèlerins ou celles autour des fêtes de Noël. Les Cantigas de Santa Maria ont également fourni le thème d’un album relativement précoce dont est tirée la pièce du jour.

Si cette formation de musiques médiévales, n’a pas sorti grandes quantités d’albums, il faut souligner la grande richesse de ses prestations scéniques. Ses programmes dépassent, en effet, de loin les enregistrements studios en terme de thématique. Enfin, si l’ensemble ArteFactum est particulièrement actif sur la scène médiévale espagnole, on peut également le retrouver sur d’autres scènes européennes. Il a même fait voyager sa passion pour les musiques du Moyen Âge jusqu’en Australie ! Pour suivre Artefactum, vous pouvez retrouver son actualité ici (en espagnol et anglais).

En El Scriptorium l’album
un bel hommage aux cantigas d’Alphonse X

En 2006, l’ensemble médiéval partait à la rencontre des cantigas de Santa Maria et quelle rencontre ! Intitulé « En el Scriptorium« , l’album présente onze pièces de haute tenue pour 56 minutes d’écoute.

L'album "En el Scriptorium" de l'ensemble médiéval Arte Factum.

Les arrangement musicaux, autant que les performances vocales font de cet album une vraie réussite. La voix de la chanteuse soprano Mariví Blasco y apporte aussi une vraie note de fraîcheur. Pour le reste, tout y est joyeux, virevoltant, enlevé et ArteFactum signe, à nouveau là, une très belle production.

En el Scriptorium est, pour le moment, annoncé comme épuisé sur le site officiel de l’ensemble musical. En cherchant un peu, vous pourrez peut-être le débusquer au format CD chez votre meilleur disquaire. Dans l’hypothèse contraire, voici un lien utile pour le trouver en ligne au format MP3.

Musiciens ayant participé à cet album

Mariví Blasco (voix), Francisco Orozco (voix et luth), Vicente Gavira (voix), José Manuel Vaquero (vielle à roue, chœur, organetto), Juan Manuel Rubio (santour, viole, harpe médiévale, chœur), Ignacio Gil (flûtes, chalemie, flûte traversière, chœur), Álvaro Garrido (percussions, tambourin, astrabal, tombak, …)


La cantiga de Santa Maria 47
et sa traduction en français moderne

Esta é como Santa María guardou o monge, que o démo quis espantar por lo fazer perder.

Virgen Santa María,
guarda-nos, se te praz,
da gran sabedoría
que eno démo jaz.

Ce chant raconte comment Sainte Marie protégea un moine que le démon voulut effrayer afin qu’il se perde.

Vierge Sainte-Marie,
Sauve nous, s’il te plait,
De la grande ruse
Qu’il y a dans le démon.

Ca ele noit’ e día punna de nos meter
per que façamos érro, porque a Déus perder
hajamo-lo téu Fillo, que quis por nós sofrer
na cruz paxôn e mórte, que houvéssemos paz.
Virgen Santa María…

Car de nuit comme de jour, il lutte
Pour que nous commettions des erreurs, qui nous font perdre Dieu
ton fils, qui a voulu pour nous souffrir,
La passion et la mort sur la croix, pour que nous connaissions la paix,

Vierge Sainte-Marie, sauve nous, s’il te plait,
De la grande ruse qui réside dans le démon.

E desto, méus amigos, vos quér’ óra contar
un miragre fremoso, de que fix méu cantar,
como Santa María foi un monge guardar
da tentaçôn do démo, a que do ben despraz.
Virgen Santa María…

Et à propos de cela, mes amis, je veux vous conter à présent,
Un merveilleux miracle, dont j’ai fait mon chant,
Et qui conte comment Sainte Marie garda un moine
De la tentation du démon qui a le Bien en horreur,

Vierge Sainte-Marie, sauve nous, s’il te plait,
De la grande ruse qu’il y a dans le démon.

Este monj’ ordinnado éra, segund’ oí,
muit’, e mui ben sa orden tiínna, com’ aprendí
mas o démo arteiro o contorvou assí
que o fez na adega bever do vinn’ assaz.
Virgen Santa María…

Ce moine était ordonné, d’après ce que j’ai entendu
Et il suivait la règle avec application, comme j’ai pu l’apprendre
Mais le démon plein de ruse le perturba (contorver /détourner) de telle façon
Que dans le cellier, il lui fit boire du vin en excès.

Vierge Sainte-Marie, sauve nous, s’il te plait,
De la grande ruse qu’il y a dans le démon.

Pero beved’ estava muit’, o monge quis s’ ir
dereit’ aa eigreja; mas o dém’ a saír
en figura de touro o foi, polo ferir
con séus córnos merjudos, ben como touro faz.
Virgen Santa María…

Bien que passablement ivre, le moine voulut aller
Directement à l’Eglise, mais le démon vint à sa rencontre
Sous la forme d’un taureau, et se précipita sur lui pour le charger
le front baissé et toutes cornes dehors, comme le fait un taureau.

Vierge Sainte-Marie, sauve nous, s’il te plait,
De la grande ruse qu’il y a dans le démon.

Quand’ esto viu o monge, fèramên s’ espantou
e a Santa María mui de rijo chamou,
que ll’ apareceu lógu’ e o tour’ amẽaçou,
dizendo: “Vai ta vía, muit’ és de mal solaz.”
Virgen Santa María…

Quand le moine vit cela, il en fut terriblement effrayé
Et il appela Sainte Marie avec tant de force
Qu’elle apparut sur le champ et menaça le taureau
En disant : « Passe ton chemin, toi qui n’est que nuisance.


Vierge Sainte-Marie, sauve nous, s’il te plait,
De la grande ruse qu’il y a dans le démon.

Pois en figura d’ hóme pareceu-ll’ outra vez,
longu’ e magr’ e veloso e negro come pez;
mas acorreu-lle lógo a Virgen de bon prez,
dizendo: “Fuge, mao, mui peor que rapaz.”
Virgen Santa María…

Puis, le démon apparut cette fois, sous la forme d’un homme,
Mince et tout poilu, noir comme la poix ;
Mais la Vierge de haute valeur, s’en approcha sans tarder
En disant : « Fuis, malin, pire que le pire des laquais »
(1).

Vierge Sainte-Marie, sauve nous, s’il te plait,
De la grande ruse qu’il y a dans le démon.

Pois entrou na eigreja, ar pareceu-ll’ entôn
o démo en figura de mui bravo leôn;
mas a Virgen mui santa déu-lle con un bastôn,
dizendo: “Tól-t’, astroso, e lógo te desfaz.”
Virgen Santa María…

Puis le moine entra dans l’église et lui apparût alors
Le démon, sous la forme d’un lion furieux.
Mais la vierge très sainte le frappa avec un bâton,
En disant : « Ote toi d’ici, oiseau de mauvais augure
(2) et disparais sur le champ »

Vierge Sainte-Marie, sauve nous, s’il te plait,
De la grande ruse qu’il y a dans le démon.

Pois que Santa María o séu monj’ acorreu,
como vos hei ja dito, e ll’ o medo tolleu
do démo e do vinno, con que éra sandeu,
disse-ll’: “Hoi mais te guarda e non sejas malvaz.”
Virgen Santa María…

Après que Sainte Marie eut secouru son moine,
Comme je viens de vous le conter, et que sa peur s’en fut
Du démon comme du vin qui l’avaient rendu fou,
Elle lui dit : à partir de maintenant, fais plus attention à toi et ne sois pas méchant.
(3)

Vierge Sainte-Marie, sauve nous, s’il te plait,
De la grande ruse qu’il y a dans le démon.


Vous pouvez retrouver ici l’index de toutes les Cantigas de Santa Maria étudiées et traduites en français actuel jusqu’à présent.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Notes :

(1) On trouve en galicien médiéval une forme du mot « rapaz » utilisée, de manière péjorative, pour désigner la rapacité de certains valets, serviteurs. Nous avons donc choisi ici « Laquais ». On trouvera des traductions plus littérales qui prennent comme référence l’oiseau rapace. En langue française, on pourrait peut-être utiliser « vautour » pour raccrocher sur cette idée dépréciative. Concernant les acceptions variées du mot rapace en galicien médiéval, voir ce lien sur l’institut d’études galiciennes de l’Université de Santiago de Compostelle.

(2) Astroso : créature mauvaise, perfide, funeste.

(3) Malvaz : littéralement « méchant ». Ne fais pas le mal, ne commets pas de péchés, comporte toi selon la règle.

L’adieu à une « douce dame jolie » du maître de musique Francesco Landini

Sujet : musique médiévale, musiques anciennes, chants polyphoniques, Ars nova, chanson. amour courtois, loyal amant, trecento, compositeur florentin, virelai.
Période : Moyen Âge tardif, XIVe siècle
Auteur : Francesco Landini (1325-1397)
Titre : Adiu, adiu, dous dame jolie
Interprètes : Alla Francesca.
Album : Landini and Italian Ars Nova (1992)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous vous invitons à bord du vaisseau Moyenagepassion, pour un voyage en direction du trecento italien. Nous sommes, donc au début de la Renaissance italienne, dans un XIVe siècle qui correspond encore au Moyen-Âge tardif français et nous y découvrirons une nouvelle pièce de Francesco Landini.

La douleur du partir de l’amant courtois

La chanson du jour est un virelai. Elle appartient au registre de l’amour courtois, à l’image des autres compositions qui nous sont parvenues du maître de musique florentin. Cette pièce se distingue, toutefois, de celles que nous avons étudiées précédemment par sa langue ; elle est, en effet, en français ancien et non en italien, comme le reste de l’œuvre de Landini.

Sur le fond, le compositeur et poète nous contera la douleur de l’amant courtois, au moment de se séparer d’avec sa dame. Cette dernière est, ici, désignée par l’auteur comme sa « douce dame jolie » et on ne pourra s’empêcher de voir là, une claire évocation à la célèbre chanson de Guillaume de Machaut portant le même titre. Contemporain de Landini, le maitre de l’Ars Nova Français le précède d’une petite vingtaine d’années. On sait aussi que l’Ars nova français a notablement influencé la musique italienne de cette période, même si l’Ars nova qui s’est développé sur la péninsule italienne s’en démarque par son style et ses particularités.

Aux sources anciennes de cette chanson

La chanson "Adieu douce dame jolie" de Landini dans le codex Squarcialupi, de la Bibliothèque Laurentienne de Florence
Une « Douce dame Jolie » » à la façon de Francesco Landini

Du point de vue des sources anciennes, on pourra retrouver cette chanson de Francesco Landini, avec sa partition dans le célèbre codex Squarcialupi (le Med Palat 87). Daté du XV siècle, ce manuscrit richement enluminé est aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence. En cherchant un peu, on peut également le trouver en ligne, sous une forme digitalisée.

L’hommage à Landini et à l’Ars Nova,
de l’ensemble ‘Alla Francesca

Pour la version en musique de ce chant polyphonique, nous vous proposons l’interprétation qu’en avait fait la célèbre formation médiévale française Alla Francesca, il y a déjà quelque temps déjà.

En 1991, soit l’année suivant sa création, l’ensemble de musiques anciennes et médiévales Alla Francesca partait, donc, à la découverte de Francesco Landini et de l’Ars Nova italien. Ce thème leur a même fourni l’occasion de leur toute première production. En terme de discographie, Alla Francesca en est, désormais à son vingtième album pour plus de trente ans de carrière. C’est dire le chemin parcouru par cette excellente formation depuis ses premiers pas.

L'album de musiques médiévales et d'Ars Nova de Alla Francesca

Cet album, sorti en 1992 sous le titre « Landini and Italian Ars Nova » propose un total généreux de 17 pièces, pour 55 minutes d’écoute. La formation attachée au Centre de musique médiévale de Paris signait là un vibrant hommage à l’Ars Nova florentin. Et si l’œuvre de Francesco Landini y trouve une place de choix, elle y côtoie aussi des pièces de Jacopo da Bologna, Ghirardello et Lorenzo da Firenze, et encore quelques autres compositeurs italien de cette période, dont des anonymes.

Plus de trois décennies après sa sortie, ce bel album peut encore se trouver à la vente au format CD, chez votre disquaire habituel ou encore en ligne. Voici un lien utile à cet effet : Landini and Italian Ars Nova, Alla Francesca (1992).

Musiciens ayant participé à cet Album

Catherine Joussellin (voix, vièle, percussion), Brigitte Lesne (voix, harpe, percussion), Emmanuel Bonnardot (voix, vièle, rebec), Pierre Hamon (instruments à vents, cornemuses, flûtes, percussion)


Adiu, adiu, dous dame jolie,
dans la langue d’oïl de Landini

Adiu, adiu, douce dame jolie,
kar da vous si depart lo corps plorans
Mes a vous las l’esprit et larme mie.

Lontan da vous, aylas, vivra dolent.
Byen che loyal sera’n tout ma vie.

Poyrtant. ay! clere stelle. vos prie
Com lermes e sospirs tres dous mant
e
Che loyaute haies pour vestre amye.

Les paroles en français actuel

Adieu, adieu, douce dame jolie,
Car de vous je me sépare le corps en pleurs,
Mais je laisse près de vous mon esprit et mon âme.

Loin de vous, hélas, je vivrai dans la peine,
Bien que je vous demeurerai loyal toute ma vie.

Voilà pourquoi, hélas, claire étoile, je vous prie
Avec larmes et très doux soupirs et vous enjoins
De garder votre loyauté pour votre amant.


En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
pour moyenagepassion.com
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