Sujet : humour, détournement, série télévisée, légendes arthuriennes, Kaamelott, Alexandre Astier, comédie, série culte, armoiries historiques, chevaliers, table ronde. Période : moyen-âge central et haut moyen-âge Auteuroriginal:Alexandre Astier Distribution : CALT production, M6 Média : détournement, humour, produits dérivés
Bonjour à tous,
ous vous proposons un peu de détente aujourd’hui, tout en apprenant. Voilà donc huit des chevaliers de la table ronde et personnages principaux des légendes arthuriennes revues et corrigées sous la plume d’Alexandre Astier dans son excellente série Kaamelott. Chacun avec son armorial d’époque comme décrit dans les ouvrages et romans médiévaux du cycle arthurien.
Vous trouverez dans l’ordre d’apparition, de gauche à droite et de haut en bas : Arthur (Alexandre Astier), Lancelot du Lac (Thomas Cousseau), Léodagan (Lionnel Astier), Bohort (Nicolas Gabion), Perceval (Franck Pitiot), Karadoc (Jean-Christophe Hembert), Yvain (Simon Astier), et Gauvain (Aurélien Portehaut).
Le détail des armoiries
l s’agit là d’une liste non exhaustive des chevaliers de la table ronde et uniquement des principaux « héros » de Kaamelott, ou de ceux qui reviennent le plus souvent.
Il existe de nombreux documents sur cette question des armes et armoiries historiques des chevaliers de la table ronde. Si vous en avez la curiosité, nous vous conseillons déjà de lire cette synthèse assez complète, basée notamment sur les ouvrages de Michel Pastoureau : Les armoiries des chevaliers de la table ronde.
Arthur de Bretagne : « D’azur à 3 couronnes d’or »
Lancelot du Lac:« D’argent aux trois bandes de gueules »
Léodagan de Carmélide :« De sable à un lion léopardé d’or armé de gueules »
Bohort de Gaunes:« D’argent semé d’étoiles de sable aux trois bandes de gueules brochant sur le tout »
Perceval de Galles: » De pourpre semé de croisettes d’or et lampasé de gueules »
Karadoc de Vannes : « De gueules à l’hermine passante d’argent, accolée et bouclée d’argent, cravatée d’hermine doublée d’or » (je précise que, pour celui-ci, je suis allé chercher le dernier en date. Il n’est pas certain qu’il soit historique.)
Yvain le Grand, chevalier au Lion: « D’azur au lion d’or, armé et lampassé de gueules »
Gauvain d’Orcanie: « De pourpre à l’aigle bicéphale d’or becquée et membrée d’azur »
Kaamelott meets les produits dérivés
our autant que nous passions notre temps à proposer des âneries et autres détournements dans notre « collection » graphique « Kaamelott meets les Produits Dérivés », je dois avouer que cette fois-ci, je serais plutôt client de ces petits chevaliers qui n’existent bien sûr, pour l’instant, que sur le papier.
Pour rappel, cette collection d’inepties est née d’un clin d’oeil fait à l’absence de Merchandising (hors DVD’s) autour la série Kaamelott. Alexandre Astier. Nous le disions dans un article précédent sur le sujet, ce dernier a, en effet, pour l’instant, tenu à protéger son oeuvre pour justement ne pas laisser le marché et le marketing sauvage libre de la dépouiller joyeusement sans en garder un minimum le contrôle.
Partant de là, l’idée nous est venue de créer un département marketing factice, à la limite de la débilité et dont les créatifs sont assez proches dans l’esprit des personnages qui entourent le roi Arthur dans la série Kaamelott. En gros et à quelques exceptions près, ils ne font que présenter à l’auteur des créations bancales et douteuses, la plupart du temps irréalisables et vouées à la corbeille. Celle d’aujourd’hui est certes burlesque mais elle semble quelque peu échapper à la règle.
En vous souhaitant une excellente journée et une superbe fin de semaine.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : Kaamelott, légendes arthuriennes, roi Arthur, humour, comédie, série télévisée culte. Période : moyen-âge central, haut moyen-âge pour la légende. Auteur : Alexandre Astier Média : livres, ouvrages sur la série, colloques Distribution : M6, Calt Production
Bonjour à tous,
oncernant la série télévisée Kaamelott, nous lui réservons, vous le savez, une large place ici. En dehors du fait que nous l’apprécions, nous sommes bien loin d’être les seuls dans le domaine de l’Histoire médiévale à nous y pencher.
Le colloque de la Sorbonne sur Kaamelott:
c’est aujourd’hui & demain 24, 25 mars 2017
Le travail d’Alexandre Astier autour des légendes Arthuriennes, autant que l’immense succès qu’il a rencontré auprès du public, ont, en effet, fait de Kaamelott un objet d’étude de choix pour les Historiens mêmes les plus académiques. Pour légère que puisse paraître la série, il ne faut pas s’y tromper, humour ne rime pas toujours et forcément avec trivialité. Au centre de l’intérêt que suscite aujourd’hui le monde médiéval, l’oeuvre télévisuelle interpelle aussi les chercheurs et elle a donné naissance à bien des livres, articles ou conférences. L’une d’elle – c’est même d’ailleurs un colloque de deux jours – est au coeur de l’actualité puisqu’elle se tient, aujourd’hui même et demain, à la Sorbonne :
Nous vous en avions parlé à la fin du mois de février, mais comme l’événement est complet depuis déjà quelques temps, inutile de vous y précipiter. En revanche, du côté des réseaux sociaux, les plus passionnés d’entre vous peuvent en saisir dors et déjà quelques bribes en direct sur Twitter (#collKaamelott). Si vous n’avez pas la chance de vous trouver sur place ou que Twitter n’est pas votre tasse de thé, rassurez-vous, les minutes de ce colloque devraient, quoiqu’il en soit, être bientôt disponibles sous forme papier ou même, espérons-le, de vidéos youtube. Nous vous en tiendrons informés, bien entendu.
A titre d’anecdote, Alexandre Astier a retwitté l’info sur la conférence, il y a deux jours et l’afflux d’audience sur le site de l’université a, semble-t-il, créer quelques surchauffes du côté du serveur! 🙂 L’intérêt pour l’auteur mais aussi pour la série autant que pour le moyen-âge qu’elle évoque ne se démord donc pas.
Lectures Kaamelott
Pour tromper l’attente, en attendant le compte rendu de cet événement , on retrouve encore des ouvrages sur le sujet de Kaamelott et notamment certains qui valent d’être mentionnés ici :
Un écrivain & un historien sur la piste de Kaamelott
Accompagné de l’historien médiéviste Martin Aurell, grand spécialiste de l’histoire du roi Arthur, l’écrivain Eric Le Nabour suit ici les pas d’Alexandre Astier et ses facéties « kaamelottiennes », en les croisant avec ce qui nous est parvenu des légendes.
Les scripts de la série au format poche
Vous pouvez également retrouver l’ensemble des scripts de la série au format poche pour vous replonger au coeur des dialogues hilarants d’Alexandre Astier.
Les DVD’s au complet
Ajoutons que même si l’oeuvre doit se prolonger sur grand écran, ses premiers opus sont aujourd’hui bouclés. Cela signifie très concrètement que si vous êtes de ceux qui ne regardez pas la télévision de manière régulière, et qui n’appréciez pas forcément de dépendre d’une série à suivre, tous les jours et à heure fixe, sur le petit écran, vous avez pu passer à côté de Kaamelott lors de sa diffusion, pour cette raison même. La bonne nouvelle est que l’ensemble de l’oeuvre (écrite jusque là) est aujourd’hui disponible sous forme de coffrets et peut être visionnée de manière continue, sans plus dépendre de l’attente que suppose le format d’une série quotidienne télévisuelle.
Quand Perceval (Franck Pitiot) s’empêtre dans son incompréhension face à sa promise empressée (Vannessa Guedj)
Pour conclure
n résonance avec la littérature médiévale arthurienne, dans la distance ou la proximité entre les personnages de la série et ceux du corpus arthurien, entre les lignes encore de notre intérêt pour le moyen-âge d’Alexandre Astier et tout ce qu’il nous renvoie de notre propre modernité, Kaamelott se lit à plusieurs degrés et nous invite à la réflexion. Bien entendu, il est aussi question du plaisir de rire avec une comédie qui, pour être très française, tire aussi, par instants, l’humour du côté d’un non-sens et d’un sens de l’absurde aux accents anglais, qui n’est pas sans évoquer l’excellent Sacré Graaldes Monty Python.
En vous souhaitant une belle journée dans la joie!
Fred
Pour moyenagepassion.com. A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet: Kaamelott, roi Arthur, Perceval, Merlin, enchanteur, potion, Angharad, Bohort, Intelligibilité, légendes arthuriennes, Graal, humour, humour médiéval, hommage, fan. Auteur:Alexandre Astier Période: haut moyen-âge, moyen-âge central Série culte : Kaamelott, M6, Calt production Média : lecture audio, épisode hommage
Bonjour à tous,
e vous propose aujourd’hui un autre script et épisode maison de notre petite série audio Kaameloot en accéléré. Il s’agit, en réalité, de nouveaux épisodes « inédits » mettant en scène les personnages de l’excellente oeuvre télévisuelle d’Alexandre Astier. C’est un clin d’oeil en somme à cet univers pour ceux qui l’ont aimé avec l’idée d’y passer quelques minutes de plus en attendant le premier opus du long métrage d’Alexandre Astier au Cinéma. Si ces petits épisodes sans prétention devaient se situer dans le temps, pour ceux qui connaissent bien la série, nous nous situons plutôt avant le livre III. Lancelot n’a pas encore commencé à courtiser ouvertement Guenièvre, le seul enjeu véritable reste la découverte du Graal et il y règne une sorte d’insouciance qui permet de donner libre cours au non sens et à une certaine légèreté.
Encore une fois, c’est un hommage, donc il faut plutôt y voir l’élan et ne pas rechercher à tout prix la fidélité des voix. Comme je leur mets un sacré coup de speed en plus, les différences sont un peu lissées en sortie. Pour le reste, la série originale co-produite par Calt Production et Alexandre Astier et diffusée sur M6, il y a quelques temps déjà est disponible en coffret DVDs et je sais que je me répète mais il est toujours temps de l’acquérir et de la découvrir si vous ne l’avez pas encore fait! Ca vaut son pesant de cacahuètes.
Notre épisode du jour met en scène Merlin l’enchanteur (Jacques Chambon à l’écran), Perceval (Franck Pitiot), Angharad (Vanessa Guedj), Bohort (Nicolas Gabion) et Arthur (Alexandre Astier).
Kaamelott hommage, épisode audio
Perceval et la Potion d’intelligibilité :
le script
Merlin est dans son laboratoire quand Perceval se présente à l’entrée:
Merlin :Tiens Seigneur Perceval, qu’est ce que vous faites là? Vous êtes pas avec votre ami Karadoc?
Perceval: Non mais il est pas là. Il est allé chez les pégus pour acheter du jambon…
Merlin : Ah? Et vous aimez pas ça, vous?
Perceval : Si mais j’voulais vous parler d’un truc.
Merlin :J’VOUS PREVIENS SI C’EST POUR D’LA MAGIE, VOUS ALLEZ ENCORE ME METTRE DE TRAVERS!
Perceval : Bin si c’était pour traire une vache je serais pas venu vous voir vous…
Merlin :Ah bin alors là vous avez tort parce que justement ça j’m’en sors drôlement bien, ça et les chèvres figurez vous.
Perceval : Non mais allez…
Merlin:Bon qu’est ce que c’est qui vous faut alors?
Perceval : Bin c’est Angharad. A chaque fois qu’elle me parle j’bite rien a c’qu’elle me dit du coup, c’qui m’faudrait c’est une potion que quand j’la prends je puisse la comprendre quoi…
Merlin :Vous préférez pas plutôt lui dire qu’vous bitez rien à c’qu’elle vous dit?
Perceval : Vous voulez que j’passe pour un con?
Merlin :Bin faut reconnaître que c’est le risque mais au moins après elle fera peut-être un peu gaffe à son vocabulaire.
Perceval : A son quoi?
Merlin:A c’qu’elle dit je voulais dire. L’autre truc ce serait que j’vous file une potion pour la mettre au niveau elle.
Perceval : Ah ? Heu ça change quoi?
Merlin :Bin niveau magie, c’est plus simple dans ce sens là. S’il existait une potion pour augmenter l’intelligence ça fait bien longtemps que j’m’en serais fait un stock, vous vous doutez bien. Le seul truc c’est qu’il va falloir lui faire prendre.
Perceval : Non mais c’est bon, ça. J’vais m’démerder.
(Générique)
Merlin : Tiens voilà c’est prêt. Attention par contre j’ai peut-être un peu forcé mais comme ça on est sûr.
Perceval : Ça va marcher vous croyez?
Merlin : Heu oui plutôt. Disons que là elle va être un peu au dessus du poisson blanc en terme d’intelligence. Mettez en qu’un infime pourcentage ça devrait suffire
Perceval : Ouais, c’est pas faux!
Merlin : Bon bin bon courage alors…
Perceval : Allez merci!
Dans les cuisines. Perceval verse du vin dans deux coupes et prend garde de verser le fiole de merlin dans l’une par contre comme il n’a rien bité il met toute la fiole.
Angharad: Comme je vous le disais mon cher ami, notre transport ne saurait perdurer si de votre côté, vous ne preniez pas un peu les devants.
Perceval : Ouais… Vous voulez pas plutôt boire un peu de vin là?
Angharad: Si plus tard… Car en l’absence de signe ostentatoire de votre élan pour moi…
Perceval : La vache… Vous z’êtes en forme aujourd’hui vous…
Angharad : Aussi sans vous offusquer ne croyez vous pas qu’il serait relevant de pouvoir enfin donner libre cours à notre idylle.
Perceval : … En tout cas, moi tout c’que vous m’dites ça m’donne drôlement soif ! Pas vous?
Angharad: Si bien sûr. Mais je voudrais d’abord finir de vous exprimer mon ressenti profond afin de m’assurer que ce hiatus ne reste pas lettre morte.
Perceval : Qui c’est qu’est mort? J’étais pas au courant…
Angharad: Heu, c’était une métaphore…
Perceval : Ah? Ça m’dit rien, j’devais pas la connaître. Elle était de votre village?
Angharad: …
Un serviteur entre:
Serviteur : Angarhad la reine vous fait quérir de toute urgence. Magnez vous l’train!
Angharad: Bien. Réfléchissez à tout cela mon ami. Je suis certaine que vous saurez en tirer le meilleur partie et lui donner suite avec toute votre grande noblesse de coeur.
Perceval: Ouais, c’est pas faux!
Angharad partie, Perceval se retrouve comme une noix devant les deux coupes quand Arthur entre dans la pièce.
Roi Arthur: Tiens Perceval mais qu’est ce que vous faites là?
Perceval : Heu rien j’parlais avec Angharad
Roi Arthur: Ah? Et comment ça se présente?
Perceval : Comme d’habitude, plutôt mal…
Roi Arthur: Bon, allez vous billez pas! ça va bien finir par s’décanter. Mais bon j’vous laisse j’ai l’autre taré de roi Burgonde qui m’attend en salle de réunion. Ah par contre ça tombe pas mal ça, j’ai un de ses soifs moi !
Perceval : Non mais sire, attendez!
Roi Arthur: AHHHHHHH, merci bien, il a un drôle de gout votre picrate mais il est drôlement rafraîchissant!
Un moment après , Bohort se tient soucieux devant la porte fermée de la salle de réunion quand Perceval le rejoint, l’air inquiet.
Perceval: Ça se passe comment?
Bohort: Plutôt bien. C’est bien ce qui m’inquiète. Cela fait deux heures qu’ils sont là dedans et on dirait qu’ils sont en grande conversation.
Perceval : Houla! Arthur, en grande conversation avec le roi burgonde? Vous devriez peut être aller voir, non?
Bohort: Je l’ai déjà fait il y a une heure et je n’ose plus depuis.
Perceval: Bin qu’est ce qui s’est passé?
Bohort: C’était affreux. Le roi Arthur m’a regardé d’un drôle d’air et puis il a crié « PAS CHANGER ASSIETTE POUR FROMAGE », le roi Burgonde a lâché un énorme vent et je me suis enfui.
NOIR
Perceval : N’empêche si i arrivent à signer le traité d’paix ils viendront pas dire encore que j’ai rien foutu…
Bohort: Comment seigneur Perceval? Je confesse ne pas avoir appréhendé la subtilité de votre remarque.
Perceval: Non mais maintenant que j’y pense vous aussi un d’ces jours, faudra que j’vous fasse goûter un truc.
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En vous souhaitant un très bon début de semaine dans la joie !
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
« Sujet : Citations et poésie médiévales, légendes Arthuriennes, Saint Graal, table ronde, châteaux et chevaliers Titre : roman du Graal, conte du Graal, Perceval. Auteur : Chrétien de Troyes Période : moyen-âge central, XIIe siècle
« C’était au temps que les arbres fleurissent, que les bocages se couvrent de feuilles et les prés d’herbe verte, alors que dès l’aube les oiseaux chantent doucement en leur latin et que toute créature s’enflamme de joie. » Chrétien de Troyes, le conte du Graal, Perceval le Gallois
vant de faire plus grand tribut à Chrétien de Troyes et son oeuvre sur le Saint Graal et les légendes arthuriennes, oeuvre qui a marqué le monde médiéval et les valeurs de la chevalerie du moyen-âge de manière indélébile, nous voulons ici partager un peu de sa belle poésie, avec un extrait du roman de Graal sur le chevalier Perceval. Nous en profitons aussi pour soulever quelques idées sur cette fascinante quête du Saint Graal des légendes arthuriennes qui inspirera bien des auteurs, mais aussi simplement des hommes, longtemps après Chrétien de Troyes.
Qui est Chrétien de Troyes?
Que sait-on de Chrétien de Troyes en dehors de la fascination qu’exerce encore sur nous les légendes qu’il nous conte? Comme de nombreux auteurs médiévaux, son identité reste mystérieuse et on ne sait pas grand chose de précis le concernant. Il a vécu au XIIe siècle, serait né autour de 1135(?) et mort autour de 1183(?). Il a laissé pour nous une oeuvre poétique fournie mais pourtant inachevée, cinq récits en rimes, dont ce roman de Graal sur le chevalier Perceval qu’il n’aura pu finir et dont nous livrons aujourd’hui un court extrait. De l’héritage de cet auteur, on s’accorde à dire que plus qu’avoir simplement reflété la période médiévale qui l’a vu naître, il lui aura insufflé et inspiré, à travers les légendes du grand roi Arthur et de ses chevaliers, des valeurs, un idéal, une façon chrétienne d’être au monde. Noble chevalerie en quête de justice et de sacré, amour courtois magnifié et pourtant sitôt transgressé, les hommes y luttent avec leur nature et quelquefois même contre elle, pour s’élever dans des valeurs qui sont à la fois humaines, religieuses et sociales. (ci- contre le couronnement du roi Arthur, XVe siècle, BnF,voir le document original ici)
L’inspiration des légendes Arthuriennes
On l’a souvent dit, s’il est certainement celui qui donnera la consistance véritable et qui cristallisera les légendes du roi Arthur et de ses chevaliers de la table ronde, Chrétien de Troyes aura puisé son inspiration dans le Roman de Brut, un ouvrage que l’auteur médiéval anglo-normand Robert Wace, avait composé, autour de 1155, dans l’entourage de Henri II Plantagenêt (1133-1189), roi d’Angleterre, époux d’Aliénor d’Aquitaine, et père, entre autres enfants célèbres, de Richard Coeur de Lion et de Jean Sans terre. (photo ci-contre, Roman de Brut, Brutus débarquant dans l’île d’Albion, gravure médiévale du XIVe siècle, BnF,voir l’original).
L’inspiration de Wace connaît elle-même, comme filiation, celle de l’incontournable Geoffroy de Monmouth, ecclésiastique féru de littérature, ayant fini de publier, autour de l’an 1139, l’ouvrage « Historia regum Britanniae ». Il y contait alors déjà, entre autres mythes et histoires, les conquêtes d’un certain roi Arthur. Bien que réfuté par les historiens contemporains de notre ecclésiastique, l’ouvrage connaîtra un grand succès et inspirera de nombreux chroniqueurs et auteurs, dont Robert Wace, qui poursuivront ainsi le vaste corpus des légendes arthuriennes auquel Chrétien de Troyes contribuera aussi. Des nombreuses sources d’inspirations de ce dernier, qui s’en est allé aussi boire à la source des légendes celtes pour écrire ses ouvrages, il reste indubitable que Chrétien de Troyes aura contribué à christianiser cette légende.
L’allégorie de la quête du Saint-Graal
au service d’un idéal humaniste et chrétien.
Le départ des chevaliers pour la quête du Saint Graal, tapisserie du XIXe siècle,Edward Burne-Jones,
Un moyen-âge profondément chrétien
Nous l’avons dit et ce loin d’être une idée nouvelle, le moyen-âge du XIIe siècle reste profondément chrétien. Nous sommes dans les siècles des croisades où l’on n’hésite pas à prendre la croix, au péril de sa vie, pour traverser le monde aux appels des papes : protéger les chrétiens d’orient ou le tombeau du christ, aller quérir les saintes reliques et se sanctifier à son tour. Les nobles et seigneurs d’alors sont portés par ces idéaux et dans les campagnes et les villes, on peut faire varier la forme de ses croyances chrétiennes (au péril de sa vie, quelquefois), mais « ne pas croire » ne semble une option pour personne. Cette dimension et ce contexte ne peuvent être dissociée de l’oeuvre de Chrétien de Troyes.
Bien sûr, il y a dans les légendes arthuriennes, comme dans tout mythe ou légende, l’aventure et la féerie, l’action, les rebondissements, les hommes face à la réalité du monde, mais nos preux chevaliers sont, dans l’oeuvre du poète et à travers leurs quêtes, plus que jamais face à la quête profonde de la divinité et dans un recherche initiatique constante. Fusse-t’il un plat devenu coupe sous la plume de Chrétien de Troye, le Saint Graal n’est pas qu’un objet fait de matière, il est aussi un prétexte pour nos chevaliers à se chercher eux-mêmes dans un idéal chrétien, et au delà, à se sanctifier au sens encore chrétien du terme. (photo ci -dessus, le Saint Graal apparaît aux chevaliers de la table ronde, XVe siècle, BnF.consultez l’original ici)
Égaux dans la quête et devant Dieu
Unir les hommes de toutes origines dans un idéal de valeurs et de transcendance, c’est, sans aucun doute à travers la recherche du Saint-Graal une des idées fortes des légendes arthuriennes du moyen-âge.
« La table ronde n’a pas d’angles pour que personne n’en soit exclus ». C’est la quête, plus que l’éducation ou l’origine sociale qui unit nos chevaliers, une communion de valeurs, un élan vers un idéal et cet idéal est chrétien et les rend égaux entre eux et devant Dieu. Même s’il n’est pas dénué d’origine noble par le sang, sans doute que celui qui personnifie le mieux cette idée dans les légendes Arthuriennes reste le chevalier Perceval; être simple et rustre à la naïveté touchante, élevé par sa mère loin du monde des hommes, de la chevalerie et même des églises, mais que le destin prophétisé finira par rattraper pour le faire entrer dans la légende. Il n’est pas une adaptation ou une seule version de l’histoire d’Arthur et des chevaliers de la table ronde digne de ce nom, depuis, qui ne réussisse pas à nous le faire aimer, pour ce qu’il est et pour ce qu’il représente, Je ne peux en disant cela, m’empêcher de penser au Perceval d’Alexandre Astier dans Kaamelott, (photo ci-contre, la quête du Saint-Graal, arrivée de Galaad à la cour d’Arthur et à la Table ronde, parchemin 1380-1385, Bnf voir original ici).
DES ORIGINES RUSTRES DE PERCEVAL Parenthèse Kaamelott très à propos, pour se détendre un peu.
Souffrez que je cite ici, au milieu de tant de sérieux, le très cher Alexandre Astier, en le laissant exprimer lui-même, sa vision des origines de Perceval, par la bouche même de ce dernier:
« Excusez, c’est juste pour vous dire que je vais pas pouvoir rester aujourd’hui! Faut que je retourne à la ferme de mes vieux ! Y a ma grand-mère qui a glissé sur une bouse ! C’est le vrai merdier ! » Perceval, (Franck Pitiot), Chevalier de Kaamelott
Concernant cette table ronde et la symbolique de ces chevaliers au service du Christ dans leur quête, il faut encore relever ce détail que nous livre Jean Pierre Bordier, professeur agrégé de l’Université dans son article consacré à Merlin l’enchanteur sur Universalis. Il nous dit bien jusqu’où va la symbolique chrétienne chez les auteurs médiévaux des légendes d’Arthur, ici dans le roman de Robert de Boron, clerc de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle, qui nourrira encore l’oeuvre arthurienne de ses vers très chrétiens.
« La Table ronde ne réunit pas seulement l’élite des chevaliers d’Arthur, tout en prévenant par sa forme toute querelle de préséance, mais reproduit aussi la table du Graal, dressée par Joseph d’Arimathie (d’après le roman en vers de Robert de Boron) en mémoire de la table de la Cène. »
Arthur, ô roi des rois!, porteur de l’épée sacrée, union personnifiée des mondes celtes et romains en un seul homme, réconciliant tous les contraires, messager des Dieux sur la terre, il est le garant de cette union des mondes et de ces valeurs chrétiennes et il lui faut de larges épaules et de l’humanité tout autant qu’une foi sans borne, pour les porter par devers tous et pour tous ses chevaliers; être le guide qui montre le chemin, même si, au fond, chacun d’entre eux, avec ses forces et ses faiblesses, est aussi en quête de lui-même. Et il n’en reste pas moins homme et de la faiblesse de cette nature, ils failliront aussi, parfois, dans cette quête de perfection. (ci dessus, Lancelot du Lac conte ses aventures au Roi Arthur, illustration médiévale du XIIIe siècle, Bnf, voir original et détail ici)
La quête intérieure
Et les voilà, nos chevaliers de la table ronde, questionnant leurs origines, leurs actions et leur devenir, vivant et agissant dans une recherche constante d’eux-même qui les pousse, vers l’avant, comme pour mieux s’y trouver, et, à travers cette quête, pour retrouver un idéal d’homme. Et cet idéal avec Chrétien de Troyes et ses successeurs, est celui du noble chrétien, protégeant les déshérités, aimant les dames de cet amour distant et courtois, emprunt de grand respect, dans l’espoir qu’elle les invitent, peut-être un jour, à s’approcher. C’est encore ce noble chrétien qui part sur les routes, s’oubliant dans ses quêtes pour mieux s’y retrouver, à chercher les saintes reliques, à pourfendre l’injustice et à suivre, en tentant de ne pas faiblir, le chemin du Saint Christ et les traces sacrées qui ont pu demeurer. Ces héros qui se cherchent eux-même dans un idéal de chevalerie et à travers le Saint Graal, réussiront-ils à devenir les réceptacles de la lumière divine et sacrée? Mériteront-ils, par leurs actes et leurs faits, la reconnaissance de Dieu? Et par la découverte du Saint Graal, se verront-ils confirmer par la toute puissance divine, le bien fondé de leurs actions, leur juste tenue sur le chemin ? Pourront-ils s’élever et devenir, à leur tour, réceptacles sacrés de la lumière divine? Leur sang pourra-t’il jamais être aussi pur que celui du Saint Christ? (photo ci-dessus, Arthur triomphant de l’épreuve de l’épée et tirant Excalibur du rocher, parchemin du XIVe siècle, BnF,voir original ici)
Au fond, comme dans toute quête mystique, le chemin importe plus que sa finalité, la route compte plus que la destination. Et l’immortalité qu’on prête au Saint Graal semble au sortir moins importante que la pureté de sa sainte quête qui est un idéal du devenir et de la transformation, la clef d’un questionnement tout à la fois humain, religieux et social. Ne sont-ils pas, d’ailleurs, devenus immortels? Trouver sa place en soi-même, parmi les hommes et dans la lumière du divin et du Saint Christ, c’est là que se situe l’allégorie du Saint Graal. C’est celle d’un monde médiéval profondément chrétien dans lequel Chrétien de Troyes nous invite et c’est un monde qui, à travers les légendes arthuriennes, aspire à l’élévation de l’homme, dans une quête humaniste et sacré du divin.
Chrétien de Troyes, merveilles du roman
de Graal et de la poésie médiévale
L’extrait suivant est tiré du conte de Graal. Il nous conte les merveilles d’un château médiéval que Gauvain croise sur son chemin, palais splendide de richesses et de puissance comme on en voit se multiplier dans le courant de ce XIIe, que l’on a nommé le siècle de l’âge d’or des châteaux-forts.
Extrait original de Chrétien de Troyes
en vieux français
De l’autre part de l’eve sist .I. chastiax trop bien compassez Trop fors et trop riches assez Ja ne quier que mentir m’en loise Li chastiax sor une faloise Fu fermez par si grant richece Qu’onques si riche fortereche Ne virent oeil d’ome qui vive, Car sor une roche naïve Ot .i. palais molt grant assis Qui toz estoit de marbre bis El palais fenestres overtes Ot bien .v .c totes covertes De dames et de damoiseles Qui esgardoient devant eles Les prez et les vergiers floris
Extrait adapté en français moderne
De l’autre côte, posé sur l’eau, Se tenait château si bien fait, Si puissant et riche à la fois, Je ne crois mentir en disant, Le château sur une falaise Etait fait de tant de richesses Que jamais si grande forteresse, Homme qui vit put contempler. Car sur la roche brute et vive, Se tenait un palais si grand, Tout entier fait de marbre gris. Au palais, les fenêtres ouvertes, près de cinq cent, étaient couvertes De dames et de damoiselles Qui regardaient au devant d’elles, Les prés et les vergers fleuris.
Une belle journée à vous, mes bon amis, puisse la dame du lac vous inspirer et puissiez-vous goûter avec elle la poésie de notre monde et sa magie, la beauté du chant des rivières et toute la profondeur des belles légendes arthuriennes! Longue vie à tous!
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C