Sujet : ballade, légendes nordiques, musique folk médiéval, ancienne, troll, chevalier, médiéval fantaisie, légendes celtiques. Période : médiéval fantastique (?) Groupe : Garmarna Titre : Herr Mannelig ou Bergtrollets frieri Album : Guds spelemän (1996)
Bonjour à tous,
i vos racines normandes vous grattouillent ou si le celte en vous brûle de se frotter à de vieilles légendes et rêve encore de dragons et de trolls, nous avons trouvé, aujourd’hui, exactement ce qu’il vous faut. Nous vous proposons, en effet, une vieille légende du nord de l’Europe, en forme de ballade musicale et folklorique.
La demande en mariage d’une troll des montagnes à un chevalier
Garmarna, les interprètes du jour.
e groupe GARMARNA est d’origine suédoise. Formé dans les années 93, il est bien plus spécialisé dans le rock que la dans les musiques anciennes. A l’occasion de leur second album, en 1996, ils décidèrent pourtant de faire une incursion dans le genre folk de l’Europe du nord et de la Suède, en y consacrant un album complet ayant pour titre, Guds spelemän: les violons de Dieu ou les violoneux divins.
La chanson que nous vous proposons aujourd’hui est la première de l’album. C’est une belle ballade de style médiévale qui nous entraîne dans l’univers fantastique des légendes et des terres du nord. Elle est connue sous plusieurs titres Bergtrollets frieri (la proposition (en mariage) de la Troll des montagnes) ou Herr Mannelig(Messire Mannelig et quelquefois même Mannerlig). Comme le titre est devenu populaire au delà de l’Europe du nord dans les milieux néo-folk ou dans le registre du folk-médiéval, elle est loin d’en être à sa première reprise. Vous en trouverez donc des versions suédoises, mais aussi d’autres en allemand, en italien, ainsi qu’en Polonais ou même en biélorusse.
L’histoire de la chanson
lle conte les déboires d’une femme troll des montagnes qui, pensant ainsi devenir humaine, essaya de persuader un preux et jeune chevalier de l’épouser. La chanson rapporte leur dialogue et sa tentative et ses mensonges pour le convaincre.
Malgré tous ses arguments, l’homme de guerre ne se laissera pas tenter et ne l’épousera pas car, dira-t-il, elle est fille de troll de montagnes et du Diable et n’est pas chrétienne. La pauvre « trollette » ne se délivrera donc pas de sa malédiction au sortir de la chanson.
Datation?
Concernant la datation, on trouve, ici ou là, affirmé que c’est une des plus anciennes chansons suédoises. De notre côté, nous n’avons trouvé, pour l’instant, aucun élément fiable permettant de l’affirmer. La seule certitude c’est qu’on la retrouve imprimée et mentionnée, avec sa partition, dans un vieil ouvrage suédois du milieu du XIXe siècle et de l’année 1877 (visuel ci-dessus pour la partition). Ce livre, qui ne nous dit rien de précis sur les origines ou sur l’auteur de la chanson, regroupe des chansons folkloriques de Sudermanie (Södermanland), un antique province de Suède, situé au Sud de Stockholm. La ballade Herr Mannelig est la première à être citée dans l’ouvrage et elle est sans doute originaire de la même région, puisque ses paroles mentionnent deux lieux qui s’y trouvent: Tillo et Terno.
Pour le reste, nous savons aussi qu’elle est écrite en vieux suédois et comme beaucoup de chansons réputées médiévales, il est possible qu’elle soit antérieure au XIXe siècle, mais pas au point d’avoir ses origines avant le XVe siècle. Est-elle du XVIe, du XVIIe siècle? encore une fois et pour le moment en tout cas, il demeure difficile d’en être certain.
Adaptation française des paroles.
Nous vous en proposons ici une adaptation libre en français. Si vous êtes « suèdophone », la version en langue originale vient après.
Un matin, à l’aube, avant que le soleil ne luise Et que les oiseaux se mettent à chanter La troll des montagnes s’offrit au juste chevalier Et lui conta de fausses paroles
Messire Mannelig, Messire Mannelig, m’épouserez-vous? Pour tout ce que je vous offrirai sans compter Répondez seulement oui ou non Dites moi si vous voulez ou pas
A vous, je donnerai douze chevaux véloces Ils se tiennent dans le bosquet rose Ils n’ont jamais été sellés Et leur bouche n’a connu de bride
A vous, je donnerai douze moulins Qui sont entre Tillo et Terno Les meules sont de l’or le plus rouge Et leurs roues couvertes d’argent
A vous, je donnerai une épée dorée Qui brille de quinze anneaux d’or Pour que vous soyez fort au combat Et gagnez toutes vos batailles
A vous, je donnerai une tunique Des meilleures et des plus brillantes Non cousue de fil à l’aiguille Mais crocheté de pure soie blanche
(il répond)
Des cadeaux comme ceux-là, je prendrai volontiers Si tu étais une femme chrétienne. Mais je sais que tu es fille de troll des montagnes Des mauvais esprits et du diable
La troll des montagnes est sortie par la porte En gémissant et en criant: Si j’avais pu avoir pour moi ce jeune chevalier juste et bon, Mes tourments aurait pris fin.
Messire Mannelig, Messire Mannelig, m’épouserez-vous? Pour tout ce que je vous offrirai sans compter Répondez seulement oui ou non Dites moi si vous voulez ou pas
Version originale suédoise
Bittida en morgon innan solen upprann Innan foglarna började sjunga Bergatrollet friade till fager ungersven Hon hade en falskeliger tunga
Herr Mannelig herr Mannelig trolofven i mig För det jag bjuder så gerna I kunnen väl svara endast ja eller nej Om i viljen eller ej
Eder vill jag gifva de gångare tolf Som gå uti rosendelunde Aldrig har det varit någon sadel uppå dem Ej heller betsel uti munnen
Eder vill jag gifva de qvarnarna tolf Som stå mellan Tillö och Ternö Stenarna de äro af rödaste gull Och hjulen silfverbeslagna
Eder vill jag gifva ett förgyllande svärd Som klingar utaf femton guldringar Och strida huru I strida vill Stridsplatsen skolen i väl vinna
Eder vill jag gifva en skjorta så ny Den bästa I lysten att slita Inte är hon sömnad av nål eller trå Men virkat av silket det hvita
Sådana gåfvor jag toge väl emot Om du vore en kristelig qvinna Men nu så är du det värsta bergatroll Af Neckens och djävulens stämma
Bergatrollet ut på dörren sprang Hon rister och jämrar sig svåra Hade jag fått den fager ungersven Så hade jag mistat min plåga
Herr Mannelig herr Mannelig trolofven i mig För det jag bjuder så gerna I kunnen väl svara endast ja eller nej Om i viljen eller ej
En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
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Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage, manuscrit ancien. humilité Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles) Titre: l’Ecole de Salerne (traduction de 1880) Auteur : collectif d’auteurs anonymes Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc
« Hygiène: influences physiques. Air. Respire un Air serein, brillant de pureté, Dont nulle exhalaison ne ternit la clarté ; Fuis toute odeur infecte ou vapeur délétère Qui, montant des égouts, empeste l’atmosphère.
Vents. De l’Aurore nous vient le Vulturne, l’Eurus, Et le Subsolanus;Zéphir, Favonius Soufflent à l’Occident; sur les plages lointaines S’élèvent, nous portant leurs brises africaines, Le Notus et l’Auster, et du Septentrion S’élancent le Caurus, Borée et l’Aquilon. »
Extrait, citation médecine médiévale: hygiène, influences physiques “Flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanum” ou “L’Ecole de Salerne” Traduction par Charles Meaux Saint-Marc (1880)
Bonjour à tous,
ous poursuivons, ici, notre étude de la médecine de l’Ecole de Salerne en suivant le fil de ce long poème appelé le Flos medicinae et qui fut populaire aux XIe XIIe siècles et même jusqu’à bien des siècles plus tard.
Nous sommes toujours dans le chapitre qui concerne l’hygiène et, cette fois-ci, les médecins médiévaux de Salerne nous parlent d’Air et de Vent. Chose qui peut nous paraître bien curieuse pour autant qu’elle soit devenue anecdotique dans les prescriptions de la médecine moderne, la qualité de l’air respiré était considérée, au moyen-âge, comme une condition véritable de santé. Bien sûr, nous le savons encore: « L’air pur, comme l’eau pure fait du bien » et il nous reste cette idée que l’air de la montagne ou l’air de la mer sont bons pour la respiration, mais cela s’arrête à peu près,aux problèmes des voies respiratoires. On sait aussi, bien sûr, et pour les mêmes raisons que tout air vaut mieux que celle de nos villes, tant elle y est de plus en plus viciée et polluée; ce n’est un mystère pour personne.
Au moyen-âge et en terme de médecine préventive, on prend l’affaire très au sérieux et il ne s’agit pas alors de pollution atmosphérique. Vapeurs méphitiques, mauvaises odeurs peuvent être considérées comme dangereuses pour la santé, et on n’hésite d’ailleurs pas à établir des relations directes entre mauvaises odeurs, émanations insalubres, air vicié et maladie.
Dans le même registre, on prête aussi aux vents une grande importance et de grandes influences sur la santé et cela vous explique le deuxième paragraphe de l’extrait que nous publions aujourd’hui. C’est une idée sans doute plus incongrue dans le contexte de la médecine occidentale moderne que la précédente. Même si les médecins actuels n’ignorent sans doute pas que certains endroits ou climats sont bons pour le rétablissement ou la convalescence (on pense notamment aux villes thermales et à la qualité de leurs eaux), il n’existe pas véritablement, à ma connaissance, de carte répertoriant des lieux géographiques et climatiques propices à soigner précisément telle ou telle maladie ou faiblesse et encore moins en fonction des vents qui y soufflent ou des saisons.
Si vous comptez parmi les sceptiques de l’incidence direct du vent sur les états de santé, ne croyez pas cependant cette idée relève de « l’hérésie » médiévale. Les vents nommés dans l’extrait du jour sont connus et identifiés chez les anciens grecs, chez Horace et plus tard chez Pline. Et comme ils sont en relation avec les saisons qu’ils annoncent ou qu’ils accompagnent, chacun d’entre eux est aussi associé des qualités: froid, chaud, sec, humidité, fort, impétuosité, propice à calmer, etc,… On les considère donc comme créant des conditions favorables pour éradiquer certains problèmes de santé.
En l’occurrence, comme nous sommes ici, avec cette médecine versifiée du moyen-âge central, à Salerne, les vents qui s’y trouvent mentionnés sont ceux de la péninsule italienne. Pourtant, plus près de nous, en fouillant un peu ces aspects, on trouve dans le courant du XIXe siècle la tentative d’un médecin, le docteur Edouard Carrière pour établir une carte géo-médicale de l’Italie dans un ouvrage intitulé : « Le climat de l’Italie sous le rapport hygiénique et médical ». Voici ce qu’il nous dit à propos de la péninsule italienne dans son introduction. Nous sommes en 1849:
« Si l’Italie attire pour ses souvenirs d’histoire et ses œuvres d’art , elle attire aussi pour les qualités de l’air qu’on y respire. Si elle est la terre des artistes, des curieux et des rêveurs, elle est aussi celle des malades. Si les uns vont y demander des satisfactions ou des amusements pour l’esprit, d’autres, et ils sont en grand nombre, accourent pour essayer de ranimer, sous ce ciel brillant, un flambeau qui s’éteint, le flambeau de la vie. » Dr Edouard Carrière – Le climat de l’Italie sous le rapport hygiénique et médical
Compas des vents XVIIIe siècle, Matthaus Seutter: « Tabula Anemographica seu Pyxis Nautica »,
our l’auteur, il ne fait aucun doute que l‘Italie était alors considérée comme une terre d’élection pour les malades et, dit-il encore, les « souffreteux ». Il n’est pas impossible que l’influence de l’Ecole de Salerne que l’on visitait déjà depuis tous les coins d’Europe à partir du XIe siècle y soit pour quelque chose, mais les lieux que l’on visite dans le courant du XIXe siècle débordent de loin cette seule ville. Au fil des siècles, il semble donc bien que c’est l’ensemble de la péninsule qui a acquis cette réputation.
Voila là table des vents mentionnés dans l’ouvrage du Dr Carrière avec leur origine. Elle nous permet d’éclairer ceux mentionnés dans la citation de l’Ecole de Salerne qui nous occupe aujourd’hui:
Septentrion (ou Aparctias de l’antiquité): nord
Le Coecia : nord-est
Le Subsolanus ou l’Apeliotes: est
L’Eurus ou le Vulturne: sud-est
L’Auster ou le Notus : sud
L’Africus ou Libs; sud-ouest Favonius ou Zéphir: ouest Corus, Argestes; nord-ouest
Même s’il dédie un chapitre complet à l’influence des vents, à leur nature et à leur qualité, l’auteur ne s’arrête pas là et les déborde largement, s’intéressant encore à l’atmosphère, aux eaux, aux forêts, à la géologie, la topographie et même aux météores. Si l’on en juge par la grand place faite à cet ouvrage original dans les Annales d’Hygiène publique et de médecine légale parues autour des mêmes années, le travail du Docteur Carrière n’a alors rien de fantaisiste, ni de marginal. Et l’on se surprendra peut-être de voir à quel point la relation établie entre climat, vent et lieu peut être précise, une fois traduite en prescription. En voici un extrait tiré de ces annales qui reprennent donc les travaux de E. Carrière:
« A l’instar de Massa, de Sorrente, Castellamare est parcourue par les vents septentrionaux, qui sont seulement un peu moins tièdes et un peu plus secs, aussi a-t-on remarqué que le séjour d’été des hauteurs de Castellamare est favorable aux engorgements du foie, de la matrice, sans dégénérescence des tissus, aux épuisements nerveux dus à la fatigue des plaisirs, du travail intellectuel, des affaires. (…) Ces indications se rapportent à la saison d’été, pour éviter un trop long déplacement, les malades pourraient aller passer l’hiver à Salerne. » Annales d’Hygiène publique et de médecine légale Vol 43 (1850)
Pour être très honnête, hormis peut-être des lieux de cure répertoriés, je ne sais pas à quel point, la médecine moderne prend encore ce genre de faits vraiment en considération, et surtout de manière aussi précise, pas d’avantage que je ne peux avancer si l’Italie est toujours perçue, de nos jours encore, comme une terre de rémission privilégiée comme elle l’était encore dans le courant du XIXe: « Allez pour votre foie, vous irez me passer trois jours à Rimini et pour votre problème de Stress, vous ferez suivre avec une semaine à Rome » Chouette!
Pour revenir à des choses plus sérieuses et à la vue de ces éléments, il nous faut sans doute encore avancer dans le temps l’influence des principes de l’école de Salerne dans la médecine occidentale au moins jusqu’au XIXe siècle.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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Sujet: Kaamelott, roi Arthur, Perceval, maître d’armes, légendes arthuriennes, Saint Graal, jeux d’échec, humour, humour médiéval, hommage, Alexandre Astier,exercice de plume. Période: haut moyen-âge, moyen-âge central Série télévisée : Kaamelott
Bonjour à tous,
ujourd’hui, je vous propose un petit exercice d’écriture en forme d’hommage à la série Kaamelott d’Alexandre Astier. L’idée est simple: tenter de faire vivre aux personnages attachants de cette grande série culte quelques nouvelles aventures.
A l’heure où Alexandre Astier se prépare à chausser sa casquette de Directeur-réalisateur pour, cette fois-ci, porter la suite de la légende du Roi Arthur sur grand écran, c’est une occasion de reparler de la série culte diffusée par M6, de 2005 à 2010. Pour rappel, la situation qui compliquait l’exploitation par l’auteur de son oeuvre au cinéma, s’est, en effet débloquée, depuis quelques temps déjà, pour le plus grand plaisir de ses fans et de ses aficionados.
Encore une fois, l’exercice du jour n’est qu’un simple tribut, une façon de passer quelques heures en la compagnie des héros de la légende arthurienne revisitée par le comique incomparable d’Alexandre Astier. L’idée m’en est venue, il y a quelques mois, dans cette attente de la trilogie, et après avoir revisionné pour la énième fois la série. Pas d’autres prétentions donc que le divertissement, un moyen en quelque sorte d’entretenir la flamme, même si je sais, à en juger par les nombreux groupes présents sur les réseaux sociaux qu’elle est toujours bien vive et c’est heureux. Pour le reste, vous seuls jugerez si ce clin d’oeil reste cohérent avec l’oeuvre originale. Au niveau des droits et de l’écriture, il est bien clair que cette dernière appartient, corps et âme, à son auteur et à sa société de distribution. Alors, en attendant la trilogie, pour ce qui est de mieux connaître Kaamelott, le seul, le vrai, l’original, vous pouvez vous reporter valablement à cet article complet, ou mieux encore, acquérir directement les coffrets DVD en ligne. Pour chaque livret, il y a plus de deux heures trente de visionnage jubilatoire, alors n’hésitez pas à vous faire plaisir!
Perceval et les échecs
our revenir à nos moutons, nous nous situons quelque part entre le livre 1 et le livre 2. C’est une période de joyeuse innocence durant laquelle aucun drame n’est encore venu entacher le royaume.
Dans l’épisode d’aujourd’hui, nous retrouvons le maîtres d’armes et Perceval. Le bon roi Arthur n’y fait qu’une courte apparition, au début. A l’écran, Perceval est incarné par l’excellent Franck Pitiot (à droite sur le visuel ci-dessous) et le maître d’armes par le non moins talentueux Christian Bujeau (à gauche sur le visuel). C’est, bien sûr, Alexandre Astier qui incarne le roi Arthur. La reine Guenièvre qui est mentionnée dans cet « épisode » sans y être présente est jouée à l’écran par la très drôle Anne Girouard.
Extérieur. Dans la cour du château, le maître d’armes est assis avec le roi Arthur. Ils finissent une partie d’échecs:
Arthur : Bon allez, c’est pas tout ça, maître d’armes, mais j’ai à faire,
moi.
Le maître d’armes. Hé! Mais attendez Sire! On est encore en plein milieu de la partie! Vous n’allez tout de même pas partir comme ça!
Arthur avance sa tour : Non, mais je crois que vous n’y êtes pas en fait.. Regardez. Tac! Tiens voilà! Échec et mat! Apparemment, c’est pas encore cette fois ci que vous sauverez les miches de votre roi.
Le maître d’armes. Diable! Mais comment? Je n’ai encore rien vu venir. Non décidément Sire, vous êtes trop fort à ce jeu…. Mais allez tant pis! Faisons donc quelques passes d’armes pour nous réchauffer un peu les sangs!
Arthur : Heu là non. Désolé mais vous ferez ça sans moi.
Le maître d’armes : Comment?
Arthur : Non mais vous vous souvenez? On avait dit qu’on travaillait la stratégie aujourd’hui ? Bon bin voila c’est fait.
Le maître d’armes : Certes, Sire, mais tout de même! L’entrainement de terrain est d’une importance majeure dans votre formation et ce vulgaire jeu de plateau ne saurait se substituer à la qualité d’un combat à l’épée. (il se lève et dégaine) Allez! En garde ma mignonnette!
Arthur : En garde rien du tout… Vous l’avez mauvaise parce que vous avez encore perdu mais moi j’ai un peu autre chose à faire aujourd’hui! Allez bonne journée!
Le maître d’armes : Sire, revenez! Sire…. Bon…
Arthur s’éloigne et le maître d’armes se rassoit, vaincu. Pendant ce temps, Perceval arrive sur les lieux et regarde le jeu sur la table.
Perceval : C’est à quoi que vous étiez en train de jouer là?
Le maître d’armes : Aux échecs mon bon ami.
Perceval : Mais c’est compliqué ça?
Le maître d’armes : Hé bien cela dépend de ce que vous appelez compliqué. (il le regarde). Heu oui c’est assez compliqué en fait…
Perceval : Mais vous pouvez m’apprendre ou pas?
Le maître d’armes : Là tout de suite? Non. Je crains que cela soit tout de même un peu ambitieux…
Perceval : Mais allez! Au moins les bases!
Le maître d’armes : Quelle heure est-il?
Perceval : Ch’ais pas. I doit être dix heures du matin par là. Pourquoi ça se joue qu’à certaines heures?
Le maître d’armes : Non, non; là n’est pas la question.
Perceval : bin alors quoi?
Le maître d’armes : Bien… C’est l’été. La nuit se couche plus tard, ça nous laisserait, disons une dizaine d’heures pour vous apprendre les bases, soit moins de deux heures pour apprendre les mouvements de chaque pièce. Non vraiment… Vous connaissant et sans vouloir vous vexer, ça risque d’être juste, mon ami…
Perceval : Allez quoi… Moi aussi j’veux devenir bon en stratégie militaire. La dernière fois qu’ils ont voulu me faire commander un groupe d’archers, y en a trois qu’ont réussi à se planter une flèche dans la tête et deux qui ont failli se noyer en traversant le ruisseau alors qu’il y a même pas de fond. Soyez sympa…
Le maître d’armes soupire, vaincu : Bien… D’accord… Mais vous me promettez de faire un effort pour vous concentrer!
Perceval : Promis.
(…le temps passe…)
Le maître d’armes : … Comme je vous le disais, la reine bouge en ligne droite ou en diagonale…
Perceval : Mais la reine, vous voulez dire la reine?
Le maître d’armes : Mais oui, mon ami, ça fait vingt fois que je vous l’explique!
Perceval : Bon, moi je la croise pas tout le temps et c’est souvent dans les couloirs du château… Du coup, je la vois plus souvent marcher droit quand même, mais en diagonale, non ça me dit rien… Et puis ça à quoi à voir avec votre jeu çà? Vous aviez dit que vous m’apprendriez les règles. Alors moi, j’veux bien me concentrer mais si vous commencez à partir dans tous les sens, on va pas sans sortir.
Le maître d’armes : La reine mon ami! La reine! Cette pièce là s’appelle la reine… Je ne vous parle pas de notre bonne reine Guenièvre! Vous le faites exprès ou quoi?
Perceval s’énerve : Et c’est ma faute à moi si les mecs qu’ont fait votre jeu, ils ont filé à des petits bouts de bois des noms de trucs qu’existent déjà en vrai? Ca aurait pas été plus simple d’en inventer d’autres plutôt que de venir tout compliquer comme ça?
Le maître d’armes s’affale sur sa chaise en soupirant : Ecoutez, je crois qu’il vaut sans doute mieux que nous laissions tout cela de côté… Je commence à fatiguer…
Perceval : Mais non, mais attendez, j’avais presque tout compris. Allez soyez chic quoi!
Le maître d’armes hoche la tête en soupirant : Bon d’accord, mais concentrez-vous!
(…) Le soleil est déjà bas. Ils se sont enfin mis à jouer et la partie semble bien avancée.
Le maître d’armes avance un pion, d’un air las : Allez, à vous, mon ami…
Perceval prend son cavalier en main et joue avec en le faisant hennir à grands renforts de cavalcade avant de le déplacer sur l’échiquier.
Le maître d’armes: Mais Bon dieu vous êtes obligé de faire tout ce bruit à chaque fois…
Perceval. Bin, c’est un cheval quand même…
Le maître d’armes : On le voit bien que c’est un cheval, vous n’êtes pas forcé de faire tout ce tintamarre.
Perceval: C’est écrit quelque part dans les règles qu’il est muet votre cheval?
Le maître d’armes : Non.
Perceval. Bin alors, qu’est ce que vous en savez?
Le maître d’armes soupire : Passons… J’ose a peine imaginer ce que vous allez nous sortir quand vous allez déplacer votre reine.
Perceval. Ah non, mais moi ça j’y touche pas à la reine.
Le maître d’armes : De quoi ?
Perceval : Non mais le respect… C’est rapport à Arthur.
Le maître d’armes, l’air las, mais prenant sur lui: Je vous ai déjà expliqué cinquante fois que ce n’était pas Guenièvre….
Perceval: Non mais même, la reine c’est la reine…D’ailleurs j’ai rien dit quand vous avez bougé la vôtre toute à l’heure, mais ça a bien failli partir…
Le maître d’armes lève les yeux au ciel: Comme vous voudrez, mais si vous jouez sans la reine à ce jeu là, vous n’êtes pas rendu mon ptit vieux…
Perceval : Non mais arrêtez avec ça, ça peut encore partir en vrille. (regard appuyé). Sans ça, vous énervez pas, mais je voulais vous demander…
Le maître d’armes : De quoi encore?
Perceval : C’est comment déjà qu’on dit?
Le maître d’armes : C’est COMMENT QU’ON DIT QUOI?
Perceval : Hé bin quand le grand bout de bois, enfin le roi, comme vous dites, il est tout coincé dans les petites cases et qu’i peut plus bouger.
Le maître d’armes : Ah ça? On dit Échec et Mat, mon bon ami…
Perceval : Malte comme la ville?
Le maître d’armes : Mat comme le teint…
Perceval : J’comprends rien…
Le maître d’armes : Je plaisantais… Mat comme Mater. Ne cherchez pas non plus trop à toujours tout expliquer… Retenez simplement qu’on dit Echec et Mat…
Perceval : D’accord… Bon bin voilà… L’échec est malte alors… Autrement dit, vous êtes dans la mouise comme on dit chez moi au pays de Galles…
Le maître d’armes : De quoi? Mais comment? Mais ce n’est pas possible… Il a réussi à me mettre mat! (il regarde le jeu, stupéfait, puis Perceval sans trop y croire, avant de s’affaler sur sa chaise déprimé).Et en plus sans la reine. Quelle humiliation!
Noir
Perceval : N’empêche i fait p’t’être du bruit mon cheval mais en attendant vos petits bouts de bois i sont tout coincés.
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En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
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Sujet: chant, chanson, musique médiévale, ancienne, poésie, amour courtois, Période : moyen-âge tardif (XVe) Auteur : Guillaume Dufay (1400-1474) Interprète ; The Unicorn Ensemble Titre : J’ai mis mon coeur et ma pensée Album : DUFAY, chansons (1995)
Bonjour à tous,
ous revenons, aujourd’hui, sur Guillaume Dufay pour partager un peu plus avant la partie de son répertoire dédié à la musique profane et au registre de l »amour courtois. Dans un premier temps et pour sa qualité, autant que pour son côté « enlevé », nous ne vous livrons qu’une version musicale de cette composition qui a pour titre « J’ay mis mon cuer et ma pensee ». Qu’on se rassure tout de même, pour ceux que cela intéresse, vous trouverez également les paroles de la chanson originale, en pied d’article.
La très belle interprétation du jour, nous vient de l’ensemble Unicorn (The Unicorn Ensemble). On doit déjà autour de huit albums à cette formation autrichienne qui se consacre aux musiques médiévales et qui s’est formée en 1991.
De formation classique, le groupe est dirigé par Michael Bosch, un musicien formé à l’Académie de musique et des arts de Vienne dont il est même sorti primé. Avec des contributions sur plus de trente cinq CD de musique ancienne et sa participation dans des groupes aussi prestigieux que le Clementic Consort, en plus de son rôle de directeur de l’Ensemble Unicorn, il est aujourd’hui à la fois, enseignant, interprète (flûtiste et à droite sur la photo ci-dessus) et contribue également à la rédaction d’ouvrages sur la question des musiques anciennes.
Pour en dire encore un mot, l’ensemble puise très sérieusement son inspiration à la source des Codex et manuscrits anciens et nous sommes là, aussi près qu’on peut l’être du monde médiéval et de ses musiques.
J’ay mis mon cuer et ma pensee,
Les paroles de la composition originale
Même si, comme nous l’avons dit, elles sont absentes de l’interprétation du jour, nous publions tout de même, ici, les paroles de la chanson originale de Guillaume Dufay. Nous aurons, à n’en pas douter, l’occasion de publier une version les contenant dans le futur.
J’ay mis mon cuer et ma pensee, Sachiés de vray certaynement, A vous servir, dame honnouree, Belle, bonne au vis cler et gent, Et vous jure par mon serment: Tant que mon corps aura duree, En chascun lieu diray vrayment Que vous estés la mieuls paree.
En vous souhaitant une merveilleuse journée.
Fred
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