« Sujet : Citations et poésie médiévales, légendes Arthuriennes, Saint Graal, table ronde, châteaux et chevaliers
Titre : roman du Graal, conte du Graal, Perceval.
Auteur : Chrétien de Troyes
Période : moyen-âge central, XIIe siècle
« C’était au temps que les arbres fleurissent, que les bocages se couvrent de feuilles et les prés d’herbe verte, alors que dès l’aube les oiseaux chantent doucement en leur latin et que toute créature s’enflamme de joie. »
Chrétien de Troyes, le conte du Graal, Perceval le Gallois
___________________________________________________________________________
Bonjour à tous,
vant de faire plus grand tribut à Chrétien de Troyes et son oeuvre sur le Saint Graal et les légendes arthuriennes, oeuvre qui a marqué le monde médiéval et les valeurs de la chevalerie du moyen-âge de manière indélébile, nous voulons ici partager un peu de sa belle poésie, avec un extrait du roman de Graal sur le chevalier Perceval. Nous en profitons aussi pour soulever quelques idées sur cette fascinante quête du Saint Graal des légendes arthuriennes qui inspirera bien des auteurs, mais aussi simplement des hommes, longtemps après Chrétien de Troyes.
Qui est Chrétien de Troyes?
Que sait-on de Chrétien de Troyes en dehors de la fascination qu’exerce encore sur nous les légendes qu’il nous conte? Comme de nombreux auteurs médiévaux, son identité reste mystérieuse et on ne sait pas grand chose de précis le concernant. Il a vécu au XIIe siècle, serait né autour de 1135(?) et mort autour de 1183(?). Il a laissé pour nous une oeuvre poétique fournie mais pourtant inachevée, cinq récits en rimes, dont ce roman de Graal sur le chevalier Perceval qu’il n’aura pu finir et dont nous livrons aujourd’hui un court extrait. De l’héritage de cet auteur, on s’accorde à dire que plus qu’avoir simplement reflété la période médiévale qui l’a vu naître, il lui aura insufflé et inspiré, à travers les légendes du grand roi Arthur et de ses chevaliers, des valeurs, un idéal, une façon chrétienne d’être au monde. Noble chevalerie en quête de justice et 
L’inspiration des légendes Arthuriennes
On l’a souvent dit, s’il est certainement celui qui donnera la consistance véritable et qui cristallisera les légendes du roi Arthur et de ses chevaliers de la table ronde, Chrétien de Troyes aura puisé son inspiration dans le Roman de Brut, un ouvrage que l’auteur médiéval anglo-normand Robert Wace, avait composé, autour de 1155, dans l’entourage de Henri II Plantagenêt (1133-1189), roi d’Angleterre, époux d’Aliénor d’Aquitaine, et père, entre autres enfants célèbres, de Richard Coeur
L’inspiration de Wace connaît elle-même, comme filiation, celle de l’incontournable Geoffroy de Monmouth, ecclésiastique féru de littérature, ayant fini de publier, autour de l’an 1139, l’ouvrage « Historia regum Britanniae ». Il y contait alors déjà, entre autres mythes et histoires, les conquêtes d’un certain roi Arthur. Bien que réfuté par les historiens contemporains de notre ecclésiastique, l’ouvrage connaîtra un grand succès et inspirera de nombreux chroniqueurs et auteurs, dont Robert Wace, qui poursuivront ainsi le vaste corpus des légendes arthuriennes auquel Chrétien de Troyes contribuera aussi. Des nombreuses sources d’inspirations de ce dernier, qui s’en est allé aussi boire à la source des légendes celtes pour écrire ses ouvrages, il reste indubitable que Chrétien de Troyes aura contribué à christianiser cette légende.
L’allégorie de la quête du Saint-Graal
au service d’un idéal humaniste et chrétien.

Un moyen-âge profondément chrétien
Nous l’avons dit et ce loin d’être une idée nouvelle, le moyen-âge du XIIe siècle reste profondément chrétien. Nous sommes dans les siècles des croisades où l’on n’hésite pas à prendre la croix, au péril de sa vie, pour traverser le monde aux appels des papes : protéger les chrétiens d’orient ou le tombeau du christ, aller quérir les saintes reliques et se sanctifier à son tour. Les nobles et seigneurs d’alors sont portés par ces idéaux et dans les campagnes et les villes, on peut faire varier la forme de ses
Bien sûr, il y a dans les légendes arthuriennes, comme dans tout mythe ou légende, l’aventure et la féerie, l’action, les rebondissements, les hommes face à la réalité du monde, mais nos preux chevaliers sont, dans l’oeuvre du poète et à travers leurs quêtes, plus que jamais face à la quête profonde de la divinité et dans un recherche initiatique constante. Fusse-t’il un plat devenu coupe sous la plume de Chrétien de Troye, le Saint Graal n’est pas qu’un objet fait de matière, il est aussi un prétexte pour nos chevaliers à se chercher eux-mêmes dans un idéal chrétien, et au delà, à se sanctifier au sens encore chrétien du terme. (photo ci -dessus, le Saint Graal apparaît aux chevaliers de la table ronde, XVe siècle, BnF. consultez l’original ici)
Égaux dans la quête et devant Dieu
Unir les hommes de toutes origines dans un idéal de valeurs et de transcendance, c’est, sans aucun doute à travers la recherche du Saint-Graal une des idées fortes des légendes arthuriennes du moyen-âge.
« La table ronde n’a pas d’angles pour que personne n’en soit exclus ».
C’est la quête, plus que l’éducation ou l’origine sociale qui unit nos chevaliers, une communion de valeurs, un élan vers un idéal et cet idéal est chrétien et les rend égaux entre eux et devant Dieu. Même s’il n’est pas dénué d’origine noble par le sang, sans doute que celui qui personnifie le mieux cette idée dans les légendes Arthuriennes reste le chevalier Perceval; être simple et rustre à la naïveté touchante, élevé par sa mère loin du monde des hommes, de la chevalerie et même des églises, mais que le destin prophétisé finira par rattraper pour le faire entrer dans la légende. Il n’est pas une adaptation ou une seule version de l’histoire d’Arthur et des chevaliers de la table ronde digne de ce nom, depuis, qui ne réussisse pas à
DES ORIGINES RUSTRES DE PERCEVAL
Parenthèse Kaamelott très à propos, pour se détendre un peu.
Souffrez que je cite ici, au milieu de tant de sérieux, le très cher Alexandre Astier, en le laissant exprimer lui-même, sa vision des origines de Perceval, par la bouche même de ce dernier:

Perceval, (Franck Pitiot), Chevalier de Kaamelott
Concernant cette table ronde et la symbolique de ces chevaliers au service du Christ dans leur quête, il faut encore relever ce détail que nous livre Jean Pierre Bordier, professeur agrégé de l’Université dans son article consacré à Merlin l’enchanteur sur Universalis. Il nous dit bien jusqu’où va la symbolique chrétienne chez les auteurs médiévaux des légendes d’Arthur, ici dans le roman de Robert de Boron, clerc de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle, qui nourrira encore l’oeuvre arthurienne de ses vers très chrétiens.
« La Table ronde ne réunit pas seulement l’élite des chevaliers d’Arthur, tout en prévenant par sa forme toute querelle de préséance, mais reproduit aussi la table du Graal, dressée par Joseph d’Arimathie (d’après le roman en vers de Robert de Boron) en mémoire de la table de la Cène. »

La quête intérieure
Et les voilà, nos chevaliers de la table ronde, questionnant leurs origines, leurs actions et leur devenir, vivant et agissant dans une recherche constante d’eux-même qui les pousse, vers l’avant, comme pour mieux s’y trouver, et, à travers cette quête, pour retrouver un idéal d’homme. Et cet idéal avec Chrétien de Troyes et ses successeurs, est celui du noble chrétien, protégeant les déshérités, aimant les dames de cet amour distant et courtois, emprunt de grand respect, dans l’espoir qu’elle les invitent, peut-être un jour, à s’approcher. C’est encore ce noble chrétien qui part sur les routes, s’oubliant dans ses quêtes pour mieux s’y retrouver, à chercher les saintes reliques, à pourfendre l’injustice et à suivre, en tentant de ne pas faiblir, le chemin du Saint Christ et les traces sacrées qui ont pu demeurer. Ces 
Au fond, comme dans toute quête mystique, le chemin importe plus que sa finalité, la route compte plus que la destination. Et l’immortalité qu’on prête au Saint Graal semble au sortir moins importante que la pureté de sa sainte quête qui est un idéal du devenir et de la transformation, la clef d’un questionnement tout à la fois humain, religieux et social. Ne sont-ils pas, d’ailleurs, devenus immortels? Trouver sa place en soi-même, parmi les hommes et dans la lumière du divin et du Saint Christ, c’est là que se situe l’allégorie du Saint Graal. C’est celle d’un monde médiéval profondément chrétien dans lequel Chrétien de Troyes nous invite et c’est un monde qui, à travers les légendes arthuriennes, aspire à l’élévation de l’homme, dans une quête humaniste et sacré du divin.
Chrétien de Troyes, merveilles du roman
de Graal et de la poésie médiévale
L’extrait suivant est tiré du conte de Graal. Il nous conte les merveilles d’un château médiéval que Gauvain croise sur son chemin, palais splendide de richesses et de puissance comme on en voit se multiplier dans le courant de ce XIIe, que l’on a nommé le siècle de l’âge d’or des châteaux-forts.
Extrait original de Chrétien de Troyes
en vieux français
De l’autre part de l’eve sist
.I. chastiax trop bien compassez
Trop fors et trop riches assez
Ja ne quier que mentir m’en loise
Li chastiax sor une faloise
Fu fermez par si grant richece
Qu’onques si riche fortereche
Ne virent oeil d’ome qui vive,
Car sor une roche naïve
Ot .i. palais molt grant assis
Qui toz estoit de marbre bis
El palais fenestres overtes
Ot bien .v .c totes covertes
De dames et de damoiseles
Qui esgardoient devant eles
Les prez et les vergiers floris
Extrait adapté en français moderne
De l’autre côte, posé sur l’eau,
Se tenait château si bien fait,
Si puissant et riche à la fois,
Je ne crois mentir en disant,
Le château sur une falaise
Etait fait de tant de richesses
Que jamais si grande forteresse,
Homme qui vit put contempler.
Car sur la roche brute et vive,
Se tenait un palais si grand,
Tout entier fait de marbre gris.
Au palais, les fenêtres ouvertes,
près de cinq cent, étaient couvertes
De dames et de damoiselles
Qui regardaient au devant d’elles,
Les prés et les vergers fleuris.
Une belle journée à vous, mes bon amis, puisse la dame du lac vous inspirer et puissiez-vous goûter avec elle la poésie de notre monde et sa magie, la beauté du chant des rivières et toute la profondeur des belles légendes arthuriennes! Longue vie à tous!
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. »
Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C

‘est aux romans et livres de GRR Martin que nous dédions cet article, même si, inévitablement, on ne peut en parler sans parler de son adaptation télévisuelle tant elle rencontre un succès énorme au niveau mondial. A l’image de la sérié télévisée, la saga écrite n’est pas encore tout à fait achevée, mais elle est déjà bien avancée et son adaptation au petit écran en refait chaque année, un sujet d’actualité brûlant jusque dans le monde du livre. A noter que son auteur aura consacré au « trône de fer » déjà plus de vingt cinq ans de sa vie, puisque le premier livre de la saga a été édité en 1996 et qu’il l’avait écrit en 1991.
Cela étant dit, il faut tout de même rendre justice aux séries télévisées découpées en « saison » dont la longueur offre une bonne solution pour coller à l’oeuvre écrite et rattraper ainsi des détails ou certains traits des personnages qu’un long métrage n’aurait pas permis d’aborder. Le pendant de cela est que ce format ménage une dépendance incommode et un suspense qui, souvent, pèse d’une semaine sur l’autre, dans l’attente du prochain épisode, et pire, d’une année sur l’autre, dans l’attente de la « nouvelle saison ». Personnellement, je me sens toujours un peu otage de ce genre de formules que ce soit à la télévision ou au cinéma. J’attends donc en principe toujours que tout soit sorti et fini avant d’acquérir les DVDs.
trois. A leur décharge, la série télévisuelle est excellente et, après avoir vu les trois premières saisons d’un coup, je l’ai donc prise en route jusqu’à la fin de la saison cinq. Fatalement, arrivé là, frustré une fois de plus de rester sur ma faim, je décidais de m’atteler à la lecture de ce « trône de fer » dans le texte. 
découvrira bientôt, en effet, un terrible secret sur les héritiers de du roi Robert Barathéon qui leur coûtera cher à tous deux. Le roi mourra, en effet, bientôt d’un « accident de chasse », dit-on, et cet événement mettra définitivement en péril l’équilibre de la paix à Westeros et sera le détonateur de l’ensemble des luttes de pouvoirs et des intrigues de la saga du « trône de fer ». Personnage aussi obscure qu’impitoyable, la Reine Cersei y est-elle mêlée? Il faut dire que sa lignée, les Lannister, une famille honnie de presque tous, semble capable de tout, et même surtout du pire, pour assouvir ses ambitions. Les trois générations, du grand-père jusqu’au petit-fils (jeune héritier tyrannique et immature, mis à la hâte sur le trône), ont toujours, en effet, convoité le pouvoir, dusse être à coup de manoeuvres politiques ou dans le sang. Seul semble les garder de la folie totale, le plus raisonnable d’entre eux, Tyron Lannister, dit « le lutin », homme de petite taille, grand par l’âme et l’intelligence, mais qu’à peu près l’ensemble du clan semble s’accorder à détester.
Mais qui peut croire, là encore, de telles histoires ? Elles font partie de la mythologie lointaine de Westeros et bien peu de gens prête foi à ces vieilles légendes. Pourtant, à la frontière de ce grand nord, on a, par le passé, construit un mur gigantesque, gardé depuis toujours et en permanence, par « la garde de nuit », une vaillante légion de soldats, pour la plupart repris de justice, et auxquels on a épargné la vie en échange de leur voeu de passer leur vie entière à garder le mur. Et tous, ici, craignent le pire, sachant bien que s’ils ont pour mission d’empêcher les forces rebelles et sauvages menées par le rebelle « Mance Rayder » et qui menacent, à tout instant, d’attaquer le mur, ils ne sont pas là que pour résister à ces envahisseurs humains. Bientôt, ils en sont convaincus l’hiver et la mort blanche reviendra pour réclamer son tribu sur Westeros,
Donc, tout cela est bien clair, avec le trône de fer, nous voilà en face d’un conte et si, paradoxalement, c’est peut-être la nature factuelle et dépouillée du style de GRR Martin qui m’a, au premier plan, un peu fait faire la moue, le temps de traverser quelques situations, de trouver les repères et l’affaire était faite. L’intérêt de la saga du trône de fer se révèle sur la longueur et l’histoire prend vite le dessus sans fioritures inutiles, qui, par ailleurs, sur la longueur aurait peut-être finie par alourdir le tout. Pas de longues pirouettes littéraires donc chez Georges RR Martin, et pas non plus de longues descriptions interminables mais du coup et, ce faisant, vous ne vous y perdrez pas non plus.

Je m’excuse de m’étaler un peu sur ce sujet, mais c’est un fait aussi que nombre d’auteurs/conteurs français de romans à succès sont dédaignés, au mieux ignorés, au pire lapidés, par une certaine critique parce qu’ils ne versent pas dans notre « grande » tradition littéraire française mais s’attellent simplement à conter des histoires par l’écrit.. Au fond, pourtant, si ce ne sont pas leurs critères, pourquoi les juger au prisme d’un filtre dont ils n’ont jamais eu la prétention de se revendiquer? On peut aimer le genre du contes, des histoires et du roman d’action ou d’aventure, sans forcément que tout y soit « hollywoodien » et « attendu » au mauvais sens du terme. J’ai de mon côté en mémoire bien des romans « de gare » qui m’ont fait aimer les trains et mon amour de la lecture de tout temps est aussi dans ceux-là. Il y a peut-être encore en France un espace (médiatique?) à combler de la « Grande » littérature aux « simples » romans, même si j’ai quand même le sentiment que l’on médiatise de moins en moins l’intérêt de la lecture et les livres. Je dis tout cela pour réhabiliter simplement l’acte de lire, quelque soit les goûts du lecteur car il y en a vraiment pour tous les goûts. En résumé, que vivent longtemps les livres, les salons du livre et la lecture sous toutes ses formes!





ouvrage. Traduit en 15 langues, vendu à des millions d’exemplaires dont un million en Espagne uniquement, ce roman sur le monde médiéval et le bas moyen-âge a pratiquement fait le tour du monde. L’histoire dit que l’auteur a mis quatre ans à l’écrire et, très franchement, je n’en serais pas surpris au vue du résultat et surtout de la précision descriptive et historique de ce livre.



