Sujet : musiques anciennes, inspiration médiévale, folk, ethno-musicologie, musiques traditionnelles, vielle à roue, danse médiévale, Russie. Titre : Medieval Dance. Hurdy-Gurdy Solo Compositeur/ Interprête : Andrey Vinogradov Album : Music For Hurdy-Gurdy, 2016. Média : chaîne youtube officielle de l’artiste
Bonjour à tous,
près être passé par le jazz classique et le jazz rock, Andrey Vinogradov, compositeur, vielliste, pianiste et multi-instrumentiste russe, originaire de l’Oural, a décidé, depuis les années 2000, de se consacrer aux musiques anciennes et traditionnelles au sens large. Il couvre ainsi un répertoire très personnel, à la fusion des musiques du moyen-âge, aux musiques plus folk et ethniques.
Sur la partie la plus médiévale de ses inspirations, les titres, composés et arrangés par ses soins, ne sont pas, la plupart du temps, issus directement de cette période mais en sont plutôt inspirés ou évocateurs. Pour autant, le résultat est au rendez-vous et on en jugera avec la pièce que nous partageons de lui, aujourd’hui. Elle est intitulée « Danse médiévale » et elle donne un échantillon de ses talents de compositeur, autant que de vielliste.
Danse médiévale par Andrey Vinogradov
Vielle à roue et musiques folk et ethniques
Cette danse médiévale est tirée d’un album de 2016 ayant pour titre « Music For Hurdy-Gurdy » (Musique pour vielle à roue). Cette production se situe au carrefour et à la rencontre de chants traditionnels slaves (auxquels la chanteuse Natalia Serbina prête sa voix) et de compositions originales d’inspiration plus médiévale de Andrey Vinogradov et sa vielle à roue.
L’album est à ce jour disponible au format Import et même MP3 dématérialisé. Si vous souhaitez plus d’informations, en voici le lien Music for Hurdy-Gurdy by Andrey Vinogradov
S’il ne s’est pas cantonné à la vieille à roue par le passé, le maître de musique a déjà produit plusieurs albums dans la même veine. Deux d’entre eux s’intéressent notamment aux traditions musicales russes anciennes, autour de l’instrument.
Chants sacrés, chants traditionnels et chants de mendiants russes à la vielle à roue
Comme l’Ukraine et d’autres pays slaves, dans les siècles passés, la Russie a bien connu l’usage de la vielle à roue. Elle fut, en effet, utilisée pour les chants sacrés orthodoxes mais aussi par des mendiants et artistes itinérants qui couraient le pays en quête de leur pitance, en chantant et en s’accompagnant de l’instrument. Andrey Vinogradov a consacré un album complet sur chacun de ces thèmes : l’album Russian Hurdy-Gurdy Tunes, sorti en 2007, sur les chants sacrés ou traditionnels russes et l’album Russian Strolling Beggars Tunes, sur les chants de mendiants, sorti en 2013.
On notera encore, parmi ses autres expériences dans le domaine de l’Ethno-musicologie expérimentale, un album intitulé Ethno-Mirages (2013), à la rencontre de cultures et d’ethnies de l’Europe celte, de la méditerranée, mais aussi de l’Inde et de l’Asie.
Sujet : amour courtois, musique, chanson, poésie médiévale, Cantigas de amigo, galaïco-portugais, troubadour, lyrique courtoise, Espagne, Portugal médiéval, parchemin Vindel Période : XIIIe siècle, moyen-âge central Auteur : Martín Codax Titre : « Mia irmana fremosa », cantiga de amigo III Compositeur/Interprète : Efrén López, (EVO) Media : concert, IVe cycle des arts scéniques et des musiques historiques de la cité de León, Mai 2011.
Bonjour à tous,
ous revenons aujourd’hui à l’Espagne médiévale du XIIIe siècle et au poète Martín Codax, à sa lyrique courtoise, à son amour de la mer de Vigo dont il était originaire et à ses Cantigas de Amigo.
Le poète s’y met dans la peau d’une jeune fille qui attend son promis et chante son amour pour lui à ses amies ou à ses proches. Imprégné de lyrique courtoise, ces chansons souvent courtes, et presque si minimalistes et épurées qu’elles pourraient nous paraître naïves sont, en réalité, des fleurons de la littérature médiévale galaïco-portugaise et de l’art profane de ses troubadours.
La Cantiga de Amigo III
de Martín Codax
sur le Parchemin Vindel
Martin Codax chante l’attente du bien-aimé, sans doute parti guerroyer au loin, l’espérance de son retour, et un vague à l’âme qui s’abîme dans la contemplation de la mer et bat au rythme de ses ondes. Si l’océan en est le décorum, l’église de Vigo y revient également.
Sur la route des pèlerinages de Saint-Jean de Compostelle, la cité est alors en pleine effervescence. On y entonne certainement les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X et encore bien d’autres chants de pèlerins. Si Martin Codax n’est alors, sans doute pas, le seul troubadour à y chanter des compositions plus profanes, inspirées de la lyrique et de l’amour courtois, il est, en tout cas, un des rares, avec quelques autres, dont les compositions nous soient parvenues avec leur notation musicale, notamment, par l’intermédiaire du Parchemin Vindel, le MS M979 de la Morgan Library de New-York (sur ce document voir article suivant)
La Cantiga de Amigo III de Martín Codax, par Evo et Efrén Lopez
Efrén López et EVO, au coeur de la méditerranée traditionnelle et médiévale
Le plaisir est d’autant plus grand de vous présenter cette pièce qu’elle nous donne l’occasion de mentionner à nouveau ici le musicien, vielliste et multi-instrumentiste Efrén López et sa formation EVO. On peut, en effet, retrouver cette interprétation sur sachaîne officielle Youtubeet elle est extraite d’un concert donné en 2011, à l’auditorium de la cité deLeón, dans le cadre d’un festival sur les arts scéniques et les musiques historiques.
Très actif dans le champ des musiques médiévales et anciennes, mais aussi, plus largement, dans celui des musiques traditionnelles de la méditerranée, cet artiste catalan est ouvert à toutes les rencontres et nous ne pouvons que vous conseiller, une fois de plus, de vous pencher sur ses travaux.
Nous lui avions consacré un article, il y a quelque temps déjà, aussi nous vous y renvoyons pour plus d’informations, Efrén LÓPEZ, portrait d’un troubadour passionné de musiques médiévales et anciennes. Si vous êtes polyglotte, vous pouvez aussi consulter valablement son site web officiel. Très fourni. il est disponible en quatre langues (espagnol, catalan, anglais et même grec) et l’artiste y partage généreusement nombre de ses productions, (musiques, vidéos, partitions, etc…).
« Mia irmana fremosa », les paroles
en gallaïco-portugais et leur adaptation
Mia irmana fremosa, treides comigo a la ygreia de Vigo, u e o mar salido. E miraremos las ondas.
Ma belle* sœur, viens avec moi A l’église de Vigo, où la mer est agitée, Et nous contemplerons les vagues.
Mia irmana fremosa, treides de grado a la ygreia de Vigo, u e o mar levado. E miraremos las ondas.
Ma belle sœur, viens de bonne grâce
A l’église de Vigo, où la mer est en furie, Et nous contemplerons les vagues.
A la ygreia de Vigo, u e o mar salido, e verra i mia madre e o meu amigo. E miraremos las ondas
A l’église de Vigo où la mer est en furie Il viendra, mère, mon doux ami, Et nous contemplerons les vagues.
A la ygreia de Vigo, u e o mar levado, e verra i mia madre o meu amado E miraremos las ondas.
A l’église de Vigo, où la mer est agitée
Il viendra, mère, mon bien-aimé, Et nous contemplerons les vagues.
* Fremosa : belle, jolie, charmante.
En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes.
Sujet : musique médiévale, chanson médiévale, chant polyphonique, maître de musique, chanson, amour courtois, virelai Titre : Dame, vostre doulz viaire Auteur : Guillaume de Machaut (1300-1377) Période : XIVe siècle, Moyen Âge Interprètes : Ensemble Gilles Binchois Album : Guillaume de Machaut, le vray remède d’amour (1988)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous vous proposons une nouvelle chanson médiévale de Guillaume de Machaut. C’est un virelai composé par le maître de musique pour sa dame et il s’inscrit dans la lyrique courtoise à laquelle ce dernier s’est beaucoup exercé.
La chanson et sa partition
dans le MS français 1586 de la BnF
On trouve l’oeuvre de Guillaume de Machaut dans un grand nombre de manuscrits anciens, mais nous avons choisi ici de vous présenter le virelai du jour d’après le MS Français 1586 (1350-1355). D’après sa datation, ce manuscrit a été exécuté du vivant du compositeur et on pense que ce dernier a très certainement été impliqué dans sa réalisation. Très complet, cet ouvrage se trouve être également, à date, le manuscrit illustré le plus ancien de l’oeuvre de Machaut.
Pour revenir au contenu de cette chanson, son auteur y fait l’éloge de sa mie, de son doux visage mais aussi de son caractère et de ses belles manières, et c’est en fine amant « servant » et comblé qu’il se présente ici. Comme à l’habitude, en plus des paroles, nous vous proposons quelques clés de compréhension de cette chanson ; en l’occurrence, nous nous sommes même fendus de sa traduction, adaptation littérale en français moderne avec les réserves que suppose la « trahison » » inhérente à l’exercice et, étant entendu, que sept siècles nous séparent de ce virelai du XIVe siècle en moyen-français.
Dame, vostre doulz viair, Guillaume de Machaut par Gilles Binchois
Guillaume de Machaut, Le Vray remède d’Amour, par l’Ensemble Gilles Binchois
En 1988, le très sérieux Ensemble Gilles Binchois (voir présentation de cette formation médiévale ici), sous la direction de Dominique Vellard, proposait une large sélection de chansons et de pièces tirées de l’oeuvre du compositeur médiéval, autour du sentiment amoureux,dans un album intituléGuillaume de Machaut, le Vray remède d’Amour. On pouvait ainsi trouver 21 compositions prises dans les ballades, rondeaux, virelais et motets du maître de musique. La sélection fait toujours partie des programmes proposés par l’Ensemble sur son site web.
A noter que cette production n’est pas la seule que la formation médiévale ait consacrée à Machaut. Nous avions, en effet, déjà parlé ici de l’album Le jugement du roi de Navarre, paru au début des années 2000 et il faut encore lui ajouter la Messe de Notre Dame datée de 1999.
« Dame, vostre doulz viaire », dans le
moyen-français de Guillaume de Machaut
Dame, vostre dous viaire Debonnaire Et vo sage meinteing coy Me font vo service faire, Sans meffaire, De fin cuer, en bonne foy.
Dame votre doux visage aimable et plaisant Et votre maintien sage et tranquille Me tiennent à votre service Sans faillir (Sans mal faire) De fin coeur, en bonne foi.
Dame, et bien faire le doy; Car anoy, Griété, doleur ne contraire Onques en vous servant n’oy, Eins congnoy Que riens ne m’i puet desplaire Et qu’adès miex me doit plaire, Sans retraire, De tant com plus m’i employ, Car tant estes debonnaire Qu’exemplaire De tous les biens en vous voy. Dame, vostre dous viaire…
Madame, et je dois bien le faire; Car ennui, Peine, douleur ou contradiction Jamais n’ai eu en vous servant. Mais je sais plutôt Que rien ne m’y peut déplaire. Et que cela me plaira toujours Sans réserve. D’autant plus que je m’y engagerai (emploierai). Car vous êtes aussi charmante Qu’exemplaire Et je vois en vous toutes les vertus.
Quant je remir vostre arroy Sans desroy, Où raisons maint et repaire, Et vo regart sans effroy, Si m’esjoy Que tous li cuers m’en esclaire; Car il le scet si attraire Par son traire Qu’en vous maint; et je l’ottroy. Si ne vueilliés pas deffaire Ceste paire, Dame; humblement vous en proy. Dame, vostre doous viaire…
Quand je contemple vos manières (maintien, mise) Sans désordre, Où la raison habite et vit Et votre regard que rien ne trouble. Oui, je me réjouis tant Que mon cœur tout entier s’illumine Car il sait (votre regard) si bien comment l’attirer (mon cœur) à lui Par ses attraits (son attraction, ses façons) Qu’en vous il demeure, et j’y consens (je l’accorde). Aussi, n’essayez pas de séparer Cette paire. Dame, je vous en prie, humblement.
Car mis l’avés en tel ploy Qu’il en soy N’a riens n’ailleurs ne repaire Fors en vous, et sans anoy; N’il ottroy Ne quiert merci ne salaire Fors que l’amour qui le maire Vous appaire Et que tant sachiez de soy Qu’il ne saroit contrefaire Son affaire. C’est tout. Mon chant vous envoy.
Car vous l’avez mis (mon cœur) en tel état Qu’il n‘a rien ailleurs, Ni place, ni demeure Qu’en vous et sans peine (sans que cela lui cause de); Pour autant, il ne s’octroie, Ni ne demande merci, ni récompense Excepté que l’amour qui le gouverne (le conduit) Vous apparaisse Et que vous sachiez si bien de cela Que rien ne saurait contrefaire (à vos yeux) Ses dispositions C’est tout. Je vous envoie ma chanson.
Dame, vostre dous viaire Debonnaire Et vo sage meinteing coy Me font vo service faire, Sans meffaire, De fin cuer, en bonne foy.
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : danse, musique médiévale, estampie, manuscrit ancien, chansonnier du Roy, trouvères, troubadours, chants et musiques de Croisades. Période : Moyen Âge, XIIIe siècle. Auteur : anonyme Source : Français 844, chansonnier du Roy. Titre : La quinte estampie royale Interprètes : The Early Music Consort of London – David Munrow Album: « Music of the crusades » (1971)
Bonjour à tous,
oilà longtemps que nous n’avions publié une pièce instrumentale tirée du Manuscrit ou Chansonnier du Roy (roi), conservé à la Bibliothèque nationale de France où il est référencé comme Français 844. Avec près de six-cent pièces en provenance principalement de la France du XIIIe siècle, l’ouvrage demeure une source inépuisable et incontournable pour qui s’intéresse de près à la musique médiévale du Moyen Âge central (voir le manuscrit en ligne sur Gallica).
Il s’agit donc ici de la Quinte Estampie Royale, pièce dansée, prise dans le répertoire demeuré anonyme du manuscrit. Depuis leur berceau d’origine, peut-être italien ou français, ces danses qui, par leur nature technique, avaient, selon Jean De Grouchy (1255-1320), « le pouvoir de tirer les jeunes garçons et les jeunes filles de leur vanité » (Ars Musicae) se répandirent jusqu’à l’Angleterre où elles connurent un succès certain pour s’éteindre dans le courant de la renaissance.
L‘interprétation de l’estampie que nous avons choisie de partager ici est celle du Early Music Consort of London, ensemble qui fut très reconnu en Grande Bretagne dans le domaine des musiques anciennes, dans le courant des années 70 ; cet article fournira l’occasion de vous le présenter et de toucher également un mot de son directeur : David Munrow.
La Quinte Estampie Royale par le Early Music Consort of London
The Early Music Consort of London
& David Munrow
En 1967, le chanteur, musicien, multi-instrumentiste, bassoniste, pianiste, flûtiste, directeur d’orchestre et musicologue, David Munrow fondait le Early Music Consort de Londres, unensemble dédié à un large répertoire allant du Moyen Âge à la période baroque.
En un peu moins de dix ans, la formation produisit près de quinze albums. Elle s’interrompit en 1976, suite au décès prématuré de son directeur. Entre-temps, l’homme avait laissé son empreinte sur la scène des musiques anciennes britanniques en contribuant grandement à les rendre accessibles et à les populariser auprès du public. En plus d’être un surdoué, un découvreur et encore un grand collectionneur d’instruments anciens, David Munrow fut aussi un homme de média : télévision, cinéma, radio, et durant sa brève, mais brillante carrière, il n’a pas hésité à s’essayer à tout pour faire partager son enthousiasme et sa passion au plus grand nombre.
« Musique du temps des croisades »
L’album « Music of the Crusades » dont est tirée la pièce du jour est le deuxième de l’ensemble. Il propose 19 pièces sur ce thème, dont la grande majorité sont d’origine françaises et proviennent du XIIIe siècle et du Manuscrit Français 844.
Il contient principalement des chansons de troubadours et de trouvères mais on y trouve également quelques estampies royales; l’album ouvre même sur la Quinte. Sur les 19 pièces présentées, 11 sont d’auteurs anonymes. Pour le reste, on y trouve des chansons de Marcabru, Gaucelm Faidit, Guiot de Dijon, Le Châtelain de Coucy, Conon de Bethune, Thibaut de Champagne, mais encore « l’inévitable » complainte du Roi Richard Coeur de Lion (fait prisonnier en Autriche à son retour de Croisades), et aussi le célèbre chant Palästinalied du Minnesänger et poète allemand Walther von der Vogelweide (que nous aurons bientôt l’occasion de présenter ici).
L’album est toujours édité et disponible à la vente en ligne au format CD. Pour plus d’informations, en voici le lien : Music of the Crusades (Musique du temps des croisades) Il en existe même des versions vinyle à des prix plus élevés.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.