Sujet : édito mars 2017, plus de 400 articles sur le monde médiéval, divertissement, moyen-âge historique, moyen-âge imaginaire.
Bonjour à tous,
our ceux qui arrivent sur le site à la faveur d’une recherche sur les moteurs de recherches ou par hasard, sachez que vous y trouverez plus de 400 articles sur le sujet du moyen-âge. Pour les autres, nous vous remercions chaleureusement de nous être fidèles et de nous suivre dans notre exploration du monde médiéval sous toutes ses formes.
Moyenagepassion est né d’un intérêt et d’une passion, autant que d’un questionnement. Qu’est-ce que le monde médiéval et pourquoi interpelle-t-il autant certains d’entre nous? Cette question en recouvre en réalité deux autres : qu’est-ce que le moyen-âge historique et qu’est-ce que le moyen-âge « reconstruit », soit celui que nous percevons ou que nous nous représentons encore aujourd’hui ? Quelle est la frontière entre les deux? Y-a-t’il des dénominateurs communs? Pour répondre à ces questions, nous avons décidé d’avancer avec un parti-pris, celui de vous divertir tout en vous informant. Vous trouverez donc ici de quoi vous amuser, de quoi explorer et, nous l’espérons, de quoi réfléchir.
Du moyen-âge « moyenâgeux » au monde médiéval: les enseignements de l’Histoire
epuis sa création, Moyenagepassion couvre donc des sujets qui touchent à l’Histoire du monde médiéval : sa musique, sa littérature, sa poésie, sa chevalerie, ses batailles et ses personnages, sa science, sa médecine, son vieux français aussi. A travers tout cela, il est question d’approcher la vie au moyen-âge dans sa réalité autant que de déconstruire les idées reçues qui, souvent, l’ont accompagnées. Pour compliqué et exigent que cela puisse être, c’est l’esprit véritable de cette période et sa restitution fidèle que nous recherchons .
Même si les historiens médiévistes continuent d’effectuer un grand travail depuis le XXe siècle pour faire le deuil des préjugés qui, du siècle des lumières au XIXe, ont projeté sur ce long moyen-âge, des caricatures « commodes », nos usages langagiers trahissent encore sur ces mille ans d’Histoire nombre de fausses idées.
« C’est le moyen-âge », dit-on d’un air entendu pour se référer, tout à la fois à un monde archaïque, violent », « barbare », « sale », mâtiné d’obscurantisme et d’ignorance. « chaque siècle a son propre moyen-âge » peut-on encore entendre citer dans le même esprit. Au listing des phrases creuses, ont-ils encore nos siècles leur propre antiquité, leur propre renaissance ou leur propre préhistoire ? Tant d’idées reçues se sont cristallisées dans nos imaginaires que nous en sommes même venus à confondre « médiéval » l’adjectif correct qui se rapporte à cette période et « moyenâgeux » l’adjectif péjoratif qui se rapporte à ce moyen-âge « obscur », ces « temps sombres », comme si notre monde moderne se tenait, lui, dans la grande lumière du savoir et de la paix retrouvée.
Alors oui, une des ambitions premières de moyenagepassion reste bien d’aller rechercher dans l’Histoire sérieuse, celle des laboratoires d’universités, des thèses, et des sources fiables, ce que pouvait être véritablement le moyen-âge et même quelquefois, à travers nos recherches et nos articles, de montrer que les influences du monde médiéval qui perdurent jusqu’à nos jours ne sont pas toujours celles que l’on croit. Cela demande des recherches, des lectures, le passage obligé par l’histoire comparative mais également, autant que faire se peut, le recours à l’historiographie, cette discipline qui consiste à mettre en comparaison les différentes versions que l’Histoire nous propose d’un même fait, à travers les âges et les idéologies dont elle est si difficilement exempte parce que les historiens sont aussi des hommes produits d’un contexte, d’un terroir, d’une culture.
Funambule en équilibre sur le fil :
restituer sans encenser, éviter les écueils
uand le monde moderne tout imbu de ses propres lumières, de ses idéologies, et quelquefois souvent de son auto-satisfaction, pointe le « barbarisme » du passé et de ce moyen-âge « obscur et ignorant » comme pour mieux chercher à briller, il n’est donc pas question pour nous, on l’aura compris, de se laisser duper. D’une certaine façon, peut-être avons-nous perdu quelques leçons de ce monde médiéval qu’il pourrait nous être utile de nous souvenir pour mieux nous comprendre nous-mêmes. Peut-être même encore est-ce cela que nous cherchons pour partie, en nous retournant quelquefois vers lui, avec des envies festives et une pointe de nostalgie ?
Pour autant, s’il s’agit de rétablir la justesse des vues, il serait tout aussi absurde d’encenser de manière aveugle ce moyen- âge retrouvé, en tombant dans un excès inverse de « passéisme ». Si l’on n’en reste pas moins homme, le travers du jugement moral est un premier écueil de principe que les Sciences Humaines se doivent d’éviter mais, au delà même, les historiens nous enseignent avec défiance, à ne pas céder à la tentation de la transposition à l’emporte-pièce. Le moyen-âge reste un ailleurs, un monde complexe de signes et de symboles dont les parentés de langage avec le nôtre pourraient quelquefois nous induire à des rapprochements faciles si nous n’y prenions garde et c’est encore un autre écueil auquel il ne faut pas céder. Doit-on pour autant s’interdire de jeter entre cette longue période de l’histoire et notre modernité des ponts ? Sans doute pas.
Miroir Miroir, le moyen-âge aujourd’hui
t comme si tout cela n’était pas suffisant, dans ce jeu de miroirs où notre monde moderne se mire, avec plus ou moins de justesse, dans l’eau de son passé, suivant qu’il le fasse par l’oeil d’historiens soucieux de méthode ou de contemporains plus éloignés de ces préoccupations d’exactitude et de rigueur, nous voulons encore, ici, aller plus loin. Et c’est, en effet, une autre des ambitions qui nous guident que de rechercher, au sens le plus large possible, les marques du moyen-âge et les signes de notre engouement actuel pour cette période jusque dans notre présent, car ils existent de toute part. Alors, ce moyen-âge qui a la « cote », quel est-il ?
Avec la belle saison qui approche, pas une semaine ne passera sans qu’on le fête, ici ou là. Dans la France entière, mais encore dans de nombreux lieux d’Europe, les festivals et les festivités sont chaque année, innombrables; on se costume, on parade, on festoie, on joue et on danse à l’ombre des remparts de nos moindres châteaux et chaque ville fait chanter ses vieilles pierres. Histoire vivante, archéologie, archéo-sites, de nombreuses associations célèbrent aussi le monde médiéval, à leur manière, en tentant de le recréer le plus fidèlement possible et même parfois de le revivre au quotidien dans des lieux protégés et qui se tiennent comme hors du temps. Vous y trouverez des passionnés intarissables sur leur sujet qui y occupent leur week-end et leurs heures libres.
Dans la musique, qu’ils s’agissent de formations classiques s’abreuvant à la source des manuscrits anciens et médiévaux, ou même de groupes plus folkloriques mettant en scène un moyen-âge imaginaire qui puise dans le répertoire profane, festif ou même encore dans des légendes celtiques réinventées, la référence à la période médiévale a, là encore, la vie belle et trouve largement son public. Dans nos médias, un certain moyen-âge a aussi bien trouvé sa place. Les succès télévisuels de séries comme le Trône de fer ou comme Kaamelott l’ont démontré, mais encore celui des films de Peter Jackson sur l’oeuvre de JRR Tolkien. De ce point de vue là, sans doute cette période du passé a-t-elle supplanté l’engouement pour les péplums sur la mythologie ou sur l’antiquité qui fleurissaient de toute part au XXe siècle et dans les années-soixante. Dans notre littérature enfin, nos rayons de librairie regorgent de sagas palpitantes ayant souvent pour théâtre un moyen-âge fantastique et imaginaire et même quand les ouvrages sont historiques et quelquefois plus âpres à la lecture, les succès sont au rendez-vous, des ouvrages comme la « cathédrale de la mer » ou le « nom de la rose » l’ont largement démontré.
Embrasser tous les moyen-âges: découvrir, expérimenter, s’informer, rire et se divertir
otre monde a faim de moyen-âge et ce qui, aujourd’hui,s’y donne à lire et y résonne encore nous intéresse donc tout autant, qu’il s’agisse de très sérieuse histoire vivante ou d’archéologie, ou même d’événements et de représentations plus fantaisistes ou fantastiques. Car même si ces dernières évocations n’ont souvent plus grand chose à voir avec la réalité de ces mille ans d’Histoire, elles nous disent beaucoup de notre monde actuel, des espaces qu’il remplit autant de ceux qu’il laisse vides. Alors bien sûr, sans doute voudra t’on faire la différence entre un moyen-âge des puristes, animés de l’ambition de sa restitution exacte et un autre plus fantasmagorique et rêvé, moins criant de vérité historique ? De notre côté, nous ne voulons pas faire l’impasse justement parce que comprendre ou même tracer des lignes claires, imposent que l’on puisse s’aventurer sur tous les territoires, y compris ceux de l’imaginaire. C’est vraiment avec un grand angle observons tout ces « moyen-âges » et de cette façon aussi, chacun peut y trouver sa place.
Au sortir de tout cela, l’ambition est vaste et l’objet est large. Pour le cerner, nous privilégions, pour l’instant, l’approche focalisée, un peu à la manière de la peinture impressionniste. Par petits points, par petites touches, en nous défiant des grandes généralités ou pire des généralisations, l’idée est de faire un travail patient de compulsion, de recherche et d’information précis sur les sujets que nous traitons, avec l’exigence de l’objectivité et celle des sources sérieuses. Avec le temps, dans cette confrontation du moyen-âge « reconstruit » par les historiens et les sources qui nous en sont parvenus, et le moyen-âge représenté ou remis en scène par notre monde moderne, nous espérons que nous saurons un peu mieux tracer les lignes de démarcation, entrevoir les ponts aussi pour, finalement, avoir une vision plus claire du moyen-âge historique, autant que de notre monde moderne, de ses racines médiévales et de ses aspirations.
Comme un alchimiste derrière un athanor en forme de plume, avec ses encres pour ingrédients, cet espace web reste aussi un laboratoire d’expérimentation. Et encore une fois, comme il s’agit aussi de divertissement, nous ne nous privons pas, par instants, d’être facétieux ou de nous adonner au goût de la farce. Pour autant que les sujets que nous y abordons puissent être sérieux, nous ne voulons, pour rien au monde, laisser l’ombre d’un personnage qui serait tout droit sorti d’un roman de Umberto Eco, nous ravir le plaisir de rire et de vous divertir !
Merci encore à tous d’être là et de nous accompagner dans ce voyage. En vous souhaitant une très belle semaine!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
NB : les illustrations et enluminures de cet article sont tirées du manuscrit ancien du XIIIe siècle connu sous le nome de la bible de Morgan ou de Maciejowsky.
Sujet : Kaamelott, légendes arthuriennes, roi Arthur, pécores, Guethenoc, Roparzh, bête du Gévaudan, humour, non sens, , audio, inédit, comédie, hommage. Période : moyen-âge central, haut moyen-âge pour la légende. Auteur : Votre serviteur à la manière de l’auteurAlexandre Astier
Série télévisée culte, M6, Calt Production Média : épisodes audio, chaîne youtube
Bonjour à tous,
ous en avions déjà posté deux ici et en voici un nouveau. Il s’agit donc d’épisodes inédits et d’un travail d’écriture et audio autour de la série télévisée culte Kaamelott et « à la manière » d’Alexandre Astier.
Cette fois-ci, l’histoire est en deux parties et il s’agit là du première épisode. Il met en scène les deux paysans principaux de la série. Roparzh (Gilles Graveleau à l’écran) et Guethenoc (Serge Papagalli), ainsi que le Roi Arthur (Alexandre Astier).
Dans Kaamelott, les deux « pécores », comme les appelle le Roi Arthur, n’ont de cesse de se battre et de se chamailler pour un oui ou pour un non. Ils ont tous les deux, bien sûr, de forts accents l’un, Guethenoc est sans doute plus dauphinois et drômois (Serge Papagalli), l’autre, Roparzh, tire un peu plus du côté de l’Isère, de Grenoble, avec peut-être même une légère pointe de savoyard dedans (Gilles Graveleau). Comme pour les épisodes précédents, l’audio est accéléré au niveau du traitement, comme d’autres séries audio du type de celles que François Pérusse faisait à la radio, il y a quelques années, ou encore du Donjon de Naheulbeuk.
Pour ceux d’entre vous qui relèveront d’emblée l’anachronisme du titre de cet épisode – cette affaire de la bête du Gévaudan, datant du XVIIIe siècle (1764) – , je précise que c’est un clin d’oeil à l’auteur Alexandre Astier. Une partie de sa famille est en effet originaire de l’endroit et il s’est dit, à plusieurs reprises, particulièrement intéressé sur le sujet. Il projette même d’écrire sur la question (peut-être un long métrage ?) à un moment donné et dans le futur.
Kaamelott, épisode audio inédit
en hommage à la série d’Alexandre Astier
Les légendes arthuriennes au service d’une comédie & un humour résolument modernes
ncore une fois, dans la série originale Kaamelott, il s’agit d’humour à propos du moyen-âge, et même plutôt d’humour tout court mais pas du tout d’humour médiéval. L’ambition n’est pas là et l’écriture, au contraire, est résolument moderne. Si le moyen-âge ne s’y réduit pas non plus qu’à une toile de fond, il n’est pas question d’avantage de coller totalement aux valeurs de la chevalerie médiévale ou de les encenser, pas plus que de suivre le fil des versions très chrétiennes du Graal d’un Chrétien de Troyes ou d’autres auteurs de la période médiévale. Nous sommes ici plutôt dans le mythe de « l’anti-héros ». Si les marques et les temps forts de la légende sont respectés (bien que l’auteur ne s’interdise pas certaines libertés), la série se présente avant tout comme un contre-pied humoristique.
L’auteur, Alexandre Astier se joue, dans une dérision constante, d’abord et avant tout de la nature humaine, de ses travers et de ses facéties. Au final, le Roi Arthur de Kaamelottqu’il campe à l’écran, a plus de maille à partir avec la stupidité incommensurable de ceux qui l’entourent qu’avec des intrigues touchant la quête véritable du Graal. Nous sommes ici résolument dans la « comédie » moderne, assumée et définie au sens large puisqu’elle ne s’enferme pas dans le genre du « faire rire » à tout prix.
Pour analyser plus finement les relations entre le moyen-âge littéraire historique des légendes Arthuriennes et le moyen-âge restitué dans sa modernité « Kaamelottienne » (passez-moi le néologisme), il faudra sans doute attendre les minutes de colloque de l’université de la Sorbonne sur la question, en espérant qu’elles soient publiées pour ceux qui ne peuvent s’y rendre, ou même, un peu plus tard dans le temps, la thèse de Florian Besson sur la question. Mais tout cela nous sort un peu de notre sujet du jour, alors en attendant voici le script de nos âneries « à la manière » d’Alexandre Astier.
La bête du Gévaudan 1 : le script
(ambiance exterieur, bruit de piquet)
Extérieur, campagne, Guethenoc et Roparzh sont affairés ensemble à bricoler vaguement une clôture.
Guethenoc: Nom d gu, mais faites un peu attention à c’que vous faites, vous voyez bien que vous y plantez tout de traviole là.
Roparzh : Ah vouais. Tout à l’heure quand vous prendrez ma main dans votre tronche, vous m’direz si vous la trouverez assez droite pour vous ou si ça vous fait des problèmes d’angles !
Guethenoc: Non mais avec vous c’est simple on peut jamais rien vous dire…
Roparzh : Vouais bin d’toute façon, c’est pas de le savoir qui vous empéche d’l’ouvrir !
Guethenoc: Non, mais donnez moi cette masse, tiens ! j’vais le faire, là de voir ces piquets tout tordus comme ça, ça m’fait mal au coeur ! De toute façon, tout ce que vous faites, vous l’faites toujours tout de traviole…
Roparzh : Bin, tiens, faites moi plaisir ! V’nez la chercher la masse, que j’vous la mette directement dans la gueule !
Générique.
I se battent en silence. Arthur arrive
Arthur : QU’EST CE QUE VOUS FOUTEZ LA ENCORE LES DEUX? ENCORE EN TRAIN DE VOUS TAPER DESSUS ?
Guethenoc: Ah sire, bonjour, non mais rien ça va. On essaye d’écouter vos conseils, on travaille un peu en équipe.
Roparzh : oui voila. tout à fait!, en équipe. Un qui bosse et un gros con de moustachu qui veut pas lui lâcher le fond de culotte!
Arthur : Non mais effectivement, on la sent bien la fine équipe là…
Guethenoc : Non mais on fait une clôture pour protéger nos bêtes. Justement vous tombez bien.Sire, on voulait pas venir vous déranger avec ça mais maintenant qu’vous êtes là.
Arthur :Tiens c’est nouveau ça… Normalement vous n’êtes pas trop du genre à vous embarrasser de ça. Bon alors, il se passe quoi?
Roparzh : Bin, dison s que depuis quelques temps on a repéré une bête bizarre qui tourne autour d’nos maisons et d’nos bêtes. D’la vraie saloperie !
Arthur : Tiens donc et elle ressemble a quoi cette bête?
Roparzh ; non mais ça on y jamais trop vu par ici ça, Sire. C’est un genre d’machin tout moisi… ça marche a moitié a quatre pattes avec des genre de cornes et pis des poils tout dégueulasses.
Guethenoc : Voui voila c’est ça, c’est comme i dit. Et pis ça fait des drôles de bruits comme des genres de grognements aigus, un peu ent’ la poule et le cochon, voyez. D’la vraie salop’rie.
Arthur : Bin dites donc, c’est bizarre en effet mais elle s’en est pris à vos bêtes?
Roparzh : Non à ce jour les seuls qu’on crevé, chez moi c’est de mort naturelle. Et puis chez lui comme d’habitude, à force de patauger dans la merde ses pauv’ bêtes elles sont à moitié dépressives et elles claquent toute seules. Y a même des poules qui se suicident chez lui! J’y avais jamais vu avant ça, moi!
Guethenoc : Dites ? Et mon pied dans votre cul vous l’avez déjà vu ?
Roparzh : Allez y j’vous attends, par contre c’te fois ci ,ça sera pas la peine de gueuler j’vais vous dératiser, mais dans votre totalité !
Arthur : STOP! NE RECOMMENCEZ PAS ! Bon bin j’vais voir c’que j’peux faire et on s’en reparle. Allez j’m casse. J’vous assez vu…
NOIR
Guethenoc : bon, alors on en était ou?
Roparzh : Ah bin bougez pas, j’vous faire un petit résumé. On en était à peu prés la.
Bruit de coups
Guethenoc : Aie! … Bon dieu, prévenez sa famille, y a d’la veillée funèbre dans l’air!
Générique
En vous souhaitant une belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : musique, poésie, chanson, médiévale, troubadour. complainte. Titre : la complainte du prisonnier ou Ja nuns hons pris, Ja nuls om pres Epoque : moyen-âge central (1193-1194?) Auteur : le roi Richard Coeur de Lyon. Langue originale : occitan, langue d’oc Interprètes : Ensemble Perceval
Album : « Minnesänger, Troubadours, Trouvères » (1998) Label: ARTE NOVA Classics
Bonjour à tous,
ous vous proposons aujourd’hui l’écoute d’une nouvelle version de la complainte du prisonnier de Richard Coeur de Lion, cette fois-ci dans la langue originale de sa composition par le roi d’Angleterre et Duc de Normandie, soit en langue occitane.
ette très belle interprétation nous fournit l’occasion de parler d’une autre formation spécialisée dans les musiques anciennes et médiévales avec comme ambition un parti pris de restitution sérieuse, sous-tendu par de longues recherches comparatives aux sources des manuscrits anciens. Il s’agit, cette fois, de l’ensemble Perceval.
Fondé et dirigé en 1979, par Guy Robert et par Katia Caré, l’Ensemble Perceval nous a légué autour de douze albums à la recherche des sonorités, des musiques et de la poésie médiévales.
Instrumentiste, luthiste de renom, fondateur également de l’ensemble Guillaume de Machaut en 1974, Guy Robert s’était encore chargé en 1978 de la musique du film Perceval de Eric Rohmer qui propulsa le jeune Fabrice Luchini à l’écran et dans l’univers très ambitieux du réalisateur. Le luthiste s’était alors inspiré de partitions des XIIe et XIIIe siècles.
Aujourd’hui, le travail de recherche, de diffusion et d’interprétation insufflé par l’ensemble Perceval se poursuit avec les Productions Perceval. Sur le terrain musical, il a pris la forme d’une nouvelle formation du nom de Ligériana, ensemble vocal et instrumental dirigé par Katia Caré. Chanteuse soliste, flûtiste et directrice d’orchestre, cette artiste polyvalente était déjà étroitement associée à la direction de l’Ensemble Perceval depuis sa création, ainsi qu’à la réalisation des albums dont, bien sûr, celui dont le morceau du jour est extrait: « Minnesänger, Troubadours, Trouvères », album enregistré en 1998.
Il faut ajouter que c’est le baryton Jean-Paul Rigaud qui prête sa voix à cette belle version occitane de la complainte du prisonnier que nous vous proposons ici, Ce chanteur lyrique d’exception, que vous aurez l’occasion de retrouver en collaboration avec de nombreuses autres formations médiévales, puisque c’est un répertoire dans lequel il s’est tout particulièrement spécialisé, est aussi directeur de l’Ensemble Beatus, autre formation dont nous aurons très certainement l’occasion de reparler ici.
Au niveau de ses activités, les Productions Perceval débordent largement du cadre des concerts et des tournées européennes pour proposer, en sus d’une discographie abondante et accessible à la vente en ligne, des actions culturelles, des ateliers pédagogiques, mais encore des expositions et d’autres événements autour du moyen-âge et des musiques anciennes. A noter que Katia Caré participe aussi activement à la réalisation de programmes musicaux et télévisuels sur la chaîne ARTE.
Vous trouverez tout le détail de leurs activités et concerts sur leur site web très complet, ici même : www.productions-perceval.com.
Les paroles de la complainte de Richard Coeur de Lyon en occitan
ous vous proposons donc cette fois-ci cette chanson dans sa langue d’oc originale. Vous pourrez retrouver également les paroles en vieux français ici . Elles incluent quelques strophes qui n’apparaissent pas dans la version occitane ci-dessous.
Ja nuls om pres non dira sa razon Adrechament si com om dolens non Mas per conort deu om faire canson Pro n’ai d’amis mas paure son li don Anta lur es si per ma rezenson So çai dos ivers pres
Jamais nul homme pris ne dira sa pensée
De manière juste et sans fausse douleur ;
Mais il peut faire l’effort d’une chanson ;
J’ai beaucoup d’amis, mais pauvres sont leurs dons.
La honte sera sur eux si, faute de rançon,
Je reste deux hivers prisonnier
Or sapchon ben miei om et miei baron Angles norman peitavin et gascon Qu’ieu non ai ja si paure companhon Qu’ieu laissasse per aver en preison Non o dic mia per nula retraison Mas anquar soi ie pres
Ils le savent bien, mes hommes et mes barons,
Anglais, Normands, Poitevins et Gascons :
Que jamais je n’eu si pauvre compagnon
Pour le laisser, faute d’argent, en prison.
Je ne le dis pas pour leur faire reproche
Mais je suis encore prisonnier. Car sai eu ben per ver certanament Qu’om mort ni pres n’a amic ni parent E si’m laissan per aur ni per argent Mal m’es per mi mas pieg m’es per ma gent Qu’apres ma mort n’auran reprochament Si çai me laisson pres
Maintenant, pour le voir, je sais parfaitement
Que morts ou prisonniers n’ont d’amis ni parents,
Et s’ils me laissent ici pour or ou pour argent
C’est bien mal pour moi, mais pire pour mes gens,
Qui jusqu’après ma mort se verront reprochés
S’ils me laissent ici prisonnier
No’m meravihl s’ieu ai lo cor dolent Que mos senher met ma terra en turment No li membra del nostre sagrament Que nos feimes els sans cominalment Ben sai de ver que gaire longament Non serai en çai pres
Je ne m’étonne plus si j’ai le coeur souffrant Car mon seigneur* met ma terre en tourment Il ne se souvient plus de notre serment Que nous fîmes ensemble au Saint, Mais je sais bien en vérité que guère longtemps Je ne serai, en ces lieux, prisonnier
Suer comtessa vostre pretz sobeiran Sal Dieus e gart la bela qu’ieu am tan Ni per cui soi ja pres
Soeur comtesse, votre titre souverain Vous sauve et vous garde de celui à qui je fais appel Et qui me tient prisonnier !
En vous souhaitant une très belle journée !
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : poésie médiévale, François Villon, poète, épigramme, poésies courtes, édition Villon. Période : fin du moyen-âge, début renaissance Auteur : Clément Marot (1496-1544) Titre : « Epigramme à Francois 1er sur Villon »
Bonjour à tous,
vec l’arrivée du mois de Mars, il sera bientôt temps de reprendre le chemin des événements et des fêtes médiévales qui nous reviennent déjà avec la promesse des beaux jours, mais comme il est encore un peu tôt pour le faire, nous publions aujourd’hui, une nouvelle épigramme de Clément Marot de Cahors que voici :
« Si, en Villon on treuve encore à dire, S’il n’est reduict ainsi qu’ay pretendu, A moy tout seul en soit le blasme (Sire) Qui plus y ay travaillé qu’entendu : Et s’il est mieulx en son ordre estendu Que paravant, de sorte qu’on l’en prise, Le gré à vous en doyt estre rendu, Qui fustes seul cause de l’entreprise. » Clément MAROT, (1496-1544) Epigramme au Roy François Ier, sur Françoys Villon (1532).
C’est cette fois-ci une poésie qui, d’une certaine manière, réunit trois poètes: l’auteur de l’épigramme Clément Marot lui-même, l’hommage qu’il rend au Roi François 1er, mécène, grand amateur d’art et poète à ses heures, pour lui avoir demandé de réimprimer et rééditer François Villon, et enfin l’hommage qu’il fait directement dans ses lignes à Villon lui-même. Le roi, Marot lui-même nous l’apprend, était un grand amateur de Villon. Qu’on ne pense pas pourtant que le grand Maistre de poésie médiévale ait dû attendre si longtemps pour être révélé. De la plus ancienne édition connue de l’oeuvre de Villon parue en 1489, à celle de Marot, datant de 1533, on retrouve, en effet, ce dernier publié dans plus de neuf autres éditions, en l’espace de ces quelques quarante années.
Si la popularité de ce dernier était alors indéniable, l’édition de Marot « les oeuvres de François Villon de Paris, revues et remises en leur entier par Clément Marot, Valet de chambre du Roy »est pourtant reconnue comme la première à rendre véritablement justice au poète médiéval, en publiant son oeuvre dans son intégralité, Plus loin, Marot fera également un véritable travail de fond pour restituer le texte de l’auteur au plus proche du verbe original, fustigeant au passage les imprimeurs pour leur négligence dans le traitement de l’oeuvre originale de Villon : coquilles variées, libertés prises avec le texte, et par dessus tout, attribution à l’auteur médiéval de poésies dont il n’est pas l’auteur, ce que Marot résumera au début de son ouvrage avec ses deux simples vers qui disent bien son ambition:
« Peu de Villons en bon savoir
Trop de Villons pour decevoir »
C’est donc tout à la fois avec son expérience d’éditeur (il a publié quelques années auparavant le roman de rose), et toute l’exigence et la rigueur de l’auteur et poète qu’il est lui-même que Clément Marotse posera en véritable défenseur du verbe de Villon et de son oeuvre originale. Il y mettra même, sans doute, plus d’exigence que Villon en avait lui-même projeté de son vivant, déjà conscient qu’il était que son oeuvre serait galvaudée, élargie ou même modifiée. Faut-il voir là deux conceptions de la notion d’oeuvre et d’auteur? L’une médiévale finissante qui n’a pas encore tout à fait mis en place une définition stricte du statut d’auteur et qui considère même l’oeuvre comme quelque chose de vivant et « d’élastique », une sorte de patrimoine « collectif » dans un monde qui privilégie encore de manière forte l’oralité, et l’autre plus résolument renaissante qui entend cerner déjà plus précisément les contours de l’auteur, pour le séparer de ce que l’on pourrait nommer « un corpus ». Certains historiens le pensent et l’avancent.
Quoiqu’il en soit, le public saura reconnaître la qualité du précieux travail de Marot puisque son édition rencontrera un franc succès et sera republiée dix fois, de sa première parution à l’année 1542. Elle fera longtemps autorité et il faudra même attendre le XIXe siècle pour la voir remise en question et critiquée à la faveur des nouvelles méthodologies dont se sera alors dotée l’Histoire: datation, authentification des sources et également accès à un nombre plus large de documents anciens sur l’oeuvre de Villon.
Quelques articles complémentaires utiles
sur l’édition de Marot :
Si vous souhaitez creuser un peu plus le sujet, voici quelques sources très utiles comme point de départ :