
Période :   XIIe siècle,  XIIIe, Moyen Âge central
Titre :   En tos tens que vente bise
Auteur :    Blondel de Nesle (1155 – 1202)
Manuscrit : MS Français 844, Manuscrit du roi (BnF départements des manuscrits)
Bonjour à tous,

Aux sources historiques de cette chanson

Pour la transcription moderne de la pièce du jour, nous avons suivi la version de Prosper Tarbé dans son ouvrage Les œuvres de Blondel de Néele, collection les poètes de Champagne antérieurs au XVIe siècle ( 1862). Quant à son interprétation moderne, nous nous sommes laissés entraînés outre-manche à la découverte d’une formation exceptionnelle : les Gothic Voices. Une fois n’est pas coutume, il s’agit d’un extrait.
Un extrait de cette chanson de Blondel par l’ensemble Gothic Voices
Gothic Voices & Christopher Page

Gothic Voices – discographie et carrière
Sous la direction de Christopher page, l’ensemble Gothic Voices a enregistré prés de 25 albums, sur une longue carrière de 40 ans. Les thèmes abordés sont d’une grande variété, avec un fort centre de gravité autour de l’Europe médiévale. La grande majorité de leurs productions couvre une période qui va des trouvères du XIIIe siècle, jusqu’au Moyen Âge tardif et au XVe siècle. On y trouvera des pièces issues du répertoire français, anglais, mais encore italien ou rhénan avec des incursions du côté de l’œuvre musicale de Hildegarde de Bingen.
Au delà de leur succès auprès du public, les contributions de Gothic Voices ont été largement saluées mais aussi récompensées par la critique. Ils ont notamment reçu des gramophones d’or pour trois de leurs albums. Côté agenda, l’ensemble est toujours actif sur la scène musicale anglaise. Vous pourrez retrouver plus d’information sur son actualité sur son site web (en anglais) au lien suivant.
Membres actuels : Catherine King (mezzo-soprano), Steven Harrold (tenor), Julian Podger (tenor), Stephen Charlesworth (bariton)
L’album : le Mariage du Ciel et de l’enfer,
Motets  & chansons du XIIIe siècle  en France
En  1991, la formation britannique partait à la  rencontre  du XIIIe siècle français avec une belle sélection de chansons et de motets d’époque. « The   marriage    of Heaven and Hell « ,   sous un titre qu’on pourrait être tenté d’associer plus aux poésies de  William Blake qu’au Moyen Âge central français, l’album présentait dix-sept pièces   dont la grande majorité   était d’origine anonyme.   Entre ces dernières 
Cet album, originellement sorti chez Hypérion Records a été réédité en 2007 chez Helios. On le trouve  encore disponible à la vente au format CD ou MP3. Voici un lien utile pour plus d’informations  à ce sujet : The of Heaven and Hell : Le Mariage du Ciel et de l’enfer
En tos tens que vente bise
dans le vieux-français de Blondel de Nesle
NB : pour cette traduction (assez ardue) du vieux-français vers le français moderne, nous nous sommes appuyé sur des recherches habituelles dans les sources et les dictionnaires auxquelles il nous faut ajouter l’aide, plus que précieuse, de Yvan G Lepage et de son ouvrage : l’Oeuvre lyrique de Blondel de Nesle, sorti chez Honoré Champion en 1994.
En tos tens que vente bise,
 Pour cele, dont sui sorpris,
 Qui n’est pas de moi sorprise,
 Devient mes cuers noirs et bis.
 De fine amour l’ai requise,
Qui cuer et cors m’a espris,
 Et s’ele n’en est esprise,
 Por mon grant mal la requis.
En  cette saison où la bise souffle
 Pour celle  que je désire (dont je suis  épris)
 Et qui ne  me désire pas
 Devient mon cœur   noir et sombre.
 D’un  loyal amour,  je l’ai   requise
 Elle qui m’a conquis tout entier (cœur  et corps, corps et âme)
 Et si  elle   ne s’éprend pas de moi à son tour
 Je  l’aurais  priée pour  mon plus grand malheur.
Mais la dolors me devise ,
 Qu’à la millor me sui pris,
Qu’ains fut en cest mond prise,
 Sé j’estoie à son devis! 
 Tort a mes cuers, qui s’en prise (proisier, preisier) ;
 Car ne sui pas si eslis,
 S’ele eslit, qu’ele m’eslise :
 Trop seroie de haut pris.
Mais la douleur me souffle (deviser, diviser ou tirailler ?)
Que    je me serais épris de la meilleure
Qui fut jamais aimée en ce monde
Si j’étais  soumis à sa volonté !
Tort  à mon cœur, qui s’en vante
Car je ne suis pas si distingué (éligible, parfait)
Si elle choisit jamais, pour qu’elle me choisisse :
Je serais pris de trop haut (ce serait m’élever plus que je le mérite)
Et nequedent  destinée
 Done à la gent maint pensé.
 Tost i metra sa pensee,
 S’Amors li a destinée.
 Je vis ja telle dame amée
 D’hom de leur bas parenté,
 Qui miex iert emparentée,
 Et si l’avoit bien amé.
Et cependant la destinée
Donne aux gens de quoi réfléchir
Et elle aura tôt fait d’y mettre sa pensée
Si l’Amour l’y a destiné.
J’ai déjà vu telle dame aimer
Homme de plus basse parenté (lignage)
Alors qu’elle était mieux née que lui
Et pourtant, elle l’avait aimé de belle façon (entièrement, courtoisement).
Por c’est droit , s’Amors m*agrée,
 Que mon cuer li ai doné ;
 Se s’amors ne m’a donée ,
 Tant la servirai à gré.
 S’il plaist à la désirée,
 Un dols baisier a celée
 Aurai de li à celé ,
 Que je tant ai désiré.
Pour cela il est juste, si l’Amour m’agrée,
Que je lui ai donné mon cœur,
Et  si elle ne m’a donné son amour
Je la servirai tant à sa guise
Que, s’il plait à la désirée,
Un doux baiser  caché 
Elle me donnera en secret 
Que j’ai tant désiré.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com.
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Sujet  : poésie médiévale, fable médiévale, langue d’oïl, vieux français, anglo-normand, auteur médiéval, ysopets, poète médiéval,   vilain, dragon, convoitise,   cupidité
ous repartons, aujourd’hui,  pour le XIIe siècle avec une fable de Marie de France. Il y sera question de vilenie, de trahison, mais aussi d’un œuf de dragon renfermant bien des trésors dont la confiance d’un animal mythique et l’utilisation qu’il en fera pour mettre à l’épreuve un faux ami.
Dans ces premiers usages, dans la littérature médiévale, le terme de vilain finira par désigner souvent autant le travailleur de la terre que  celui sur lequel la société des valeurs et de la bienséance n’a aucune prise :  une profession  de tous les défauts et tous les préjugés, qu’elle cristallise sans doute d’autant plus que le monde médiéval tend à s’urbaniser (opposition « campagne/monde civilisé »  ou encore « nature/culture »  ?).



