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« Joie, plaisance et douce nourriture », un chant royal du XIVe siècle de Guillaume de Machaut

Guillaume-de-Machaut_trouvere_poete_medieval_moyen-age_passionSujet : musique médiévale, chant royal, maître de musique, chanson, amour courtois.
Titre : Joie, plaisance et douce nourriture
Auteur: Guillaume de Machaut (1300-1377)
Période : XIVe siècle, Moyen Âge central
Interprète : Ensemble Gilles de Binchois
Album : Guillaume de Machaut,  le jugement du roi de Navarre  (1999)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous vous proposons un peu de la belle musique et de la poésie de  Guillaume de Machaut, grand compositeur de musiques du moyen-âge central, et une pièce interprétée ici pour nous par le très talentueux ensemble Gilles de Binchois.

Ce chant royal puise dans les œuvres profanes du grand compositeur du XIVe et  est extrait d’un  album que la formation Gilles de Binchois  dirigée par  Dominique Vellard  lui dédiait alors entièrement, en 1999.

Le remède de la fortune : pièce d’amour courtois

 La nature monophonique de ce chant le situe encore dans l’héritage des trouvères et des troubadours.  Il est tiré de  la longue poésie  « Le remède de Fortune » que l’auteur écrivit et mit en musique, autour de  l’année 1341. Cette longue pièce d’amour courtois qui contient sept poésies est considérée  comme ayant notablement influencé  son temps, au niveau musical comme au niveau poétique. L’œuvre conte les déboires d’un poète amoureux de sa dame et qui tardera à lui confesser, mais finira tout de même par oser s’en ouvrir à elle.  Elle  lui fournit l’occasion d’une initiation à l’amour courtois autant qu’à l’art poétique.

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Manuscrit ancien et sources médiévales

On retrouve le remède de fortune ainsi que huit autres pièces et poèmes de  Guillaume de Machaut dans le manuscrit ancien référencé Manuscrit Fr 1586  datant de 1356-1360 et donc contemporain de l’auteur.  Le titre en est :  Œuvres poétiques de Guillaume de Machaut. Et Si le cœur vous dit de le consulter, vous pourrez le trouver à l’adresse suivante sur l’excellent site Gallica de la BnF : Manuscrit FR 1586, manuscrit ancien fr1586 musique poesie medievale guillaume de machautGuillaume de Machaut.

Il y a décidément autour de ce compositeur de l’excellence autant  dans sa musique et  sa plume que dans les manuscrits dont le monde médiéval nous a gratifiés à son sujet. Outre qu’il est parfaitement conservé, l’ouvrage en question  contient, en effet, des enluminures d’exception et est même, à ce jour,  considéré par des historiens et experts de ces questions comme  une des œuvres majeures du XIVe siècle en matière d’enluminures. Son commanditaire autant que son destinataire nous sont restés inconnus autant que le nom de  l’artiste principal qui  l’a illustré.

Le remède de fortune, référence musicale et poétique du XIVe siècle, enluminure Manuscrit FR1586 Gilles de Machaut (1356-1360)
Le remède de fortune, référence musicale et poétique du XIVe siècle, enluminure Manuscrit Gilles de Machaut (1356)

Les paroles de Joie, plaisance et douce norriture  de Guillaume de Machaut

Joie, plaisance, et douce norriture
Vie d’onnour prennent maint en amer;
Et pluseurs sont qui n’i ont fors pointure,
Ardour, doulour, plour, tristece, et amer,
Se dient, mais acorder
Ne me puis, qu’en la souffrence
D’amours ait nulle grevance,
Car tout ce qui vient de li
Plaist a cuer d’ami;

Car vraie Amour en cuer d’amant figure
Trés dous Espoir et gracieus Penser:
Espoirs attrait Joie et bonne Aventure;
Dous Pensers fait Plaisence en cuer entrer.
Si ne doit plus demander
Cils qui a bonne Esperance,
Dous Penser, Joie et Plaisance,
Car qui plus requiert, je di
Qu’Amours l’a guerpi.

Dont cils qui vit de si douce pasture
Vie d’onneur puet bien et doit mener,
Car de tous biens a comble mesure,
Plus qu’autres cuers ne saroit desirer,
Ne d’autre merci rouver
N’a desir, cuer, ne bëance,
Pour ce qu’il a souffissance;
Et je ne say nommer ci
Nulle autre merci.

Mais ceaus qui sont en tristesse, en ardure,
En plours, en plains, en dolour sans cesser,
Et qui dient qu’Amours luer est si dure
Qu’il ne peulent sans morir plus durer,
Je ne puis ymaginer
Qu’il aimment sans decevance
Et qu’en eaus trop ne s’avance
Desirs. Pour ce sont einsi,
Qu’il l’ont desservi.

Qu’Amours, qui est de si noble nature
Qu’elle scet bien qui aimme sans fausser,
Scet bien paier aus amans leur droiture:
C’est les loiaus de joie säouler
Et d’eaus faire savourer
Ses douceurs en habundance;
Et les mauvais par sentence
Sont com traïtre failli
De sa court bani.

Amours, je say sans doubtance
Qu’a cent doubles as meri
Ceaus qui t’ont servi.


En vous souhaitant une  merveilleuse journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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Moyen-âge réel et moyen-âge imaginaire, un colloque de la Sorbonne autour de Kaamelott

kaamelott_alexandre_astier_legende_medievale_roi_arthur_moyen_age_passionSujet : moyen-âge réel et historique, moyen-âge représenté, engouement pour le moyen-âge, série télévisée,  Alexandre Astier, légendes Arthuriennes, quête du Graal.
Evénement :  Colloque Université de la Sorbonne
Titre  : Kaamelott, la (re)lecture de l’Histoire
Dates : 24 et 25 mars 2017

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionlors voilà, nous sommes doublement en joie aujourd’hui et cela nous  fait extrêmement plaisir de pouvoir poster cette information parce que cette interrogation est au coeur de notre  site depuis sa création et, cette fois, c’est la Sorbonne qui pose la question et tente d’y apporter des réponses.  Quelle est la distance du moyen-âge réel et historique  au moyen-âge représenté ? Que reste-t-il du moyen-âge  universitaire patiemment approché et reconstitué par nos historiens et les représentations hors des laboratoires de recherches ? Que nous apprend notre vision moderne et profane du moyen-âge sur notre propre monde ? Pourquoi vient-il  résonner encore de sa puissance évocatrice jusque dans nos fêtes, nos événements, nos goûts littéraires, nos voyages imaginaires et comment le fait-il ? Quel est ce désir de moyen-âge ? Que nous dit-il sur nous-mêmes sur nos aspirations, nos rêves ?

On ne peut approcher ces questions sans mettre en miroir constant   le moyen-âge historique et le moyen-âge rêvé ou imaginaire et c’est vraiment tout l’objet de  ce que nous faisons, ici, sur ce site, en tentant constamment d’ouvrir des pistes, de jeter des ponts et de mieux tracer les frontières entre tous ses différents « moyen-âge(s)’. Alors JOIE! Les 24  et 25 mars prochain, la prestigieuse université de la Sorbonne se penchera sur ces questions fascinantes, à l’occasion d’un colloque de deux jours, en prenant (de surcroît!) rien moins que l’excellente série télévisée Kaamelott d’Alexandre Astier pour point de départ!

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Voilà  donc le digest de cet événement/conférence   à la Sorbonne.

« La série Kaamelott, écrite et réalisée par Alexandre Astier entre 2005 et 2010, a rencontré un important succès tant public que critique. L’enjeu de cette journée d’études n’est pas de lister les anachronismes et autres erreurs historiques de la série, mais au contraire de s’interroger sur les représentations historiques construites par la série, pour déconstruire le Moyen Âge de Kaamelott comme cela a pu être fait pour d’autres cycles littéraires contemporains. Le tout visant à mieux comprendre, peut-être, les façons dont le Moyen Âge est perçu, compris et réinventé au-delà des seuls cercles universitaires. »
Présentation du colloque Kaamelot – une (re)lecture de l’Histoire – Sorbonne

Vous pourrez également retrouver toutes les informations le concernant sur le site web de la Sorbonne. Vous y trouverez notamment un entretien du co-organisateur de  l’événement Florian Besson, Doctorant à Paris-Sorbonne, et lui même grand fan de la série Kaamelott (comme quoi on peut être sérieux, rigoureux et savoir apprécier les bonnes choses). Je salue encore ici sa merveilleuse initiative !

Je ne sais pas s’il reste encore des places,  mais  je vous conseillerais assez de vous en préoccuper rapidement si vous comptez vous y rendre!

Une très belle journée à tous
Frédéric EFFE.

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La Paix de Rutebeuf ou l’amitié trahi par l’ivresse du pouvoir

pauvre_rutebeuf_poesie_medievale_occitan_joan_pau_verdierSujet : poésie médiévale, poésie réaliste, satirique, trouvère, vieux français, langue d’oil, adaptation, traduction
Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur ; Rutebeuf (1230-1285?)
Titre : La paix de Rutebeuf

Bonjour à tous,

S_lettrine_moyen_age_passion‘il n’a pas inventé l’usage du « Je » dans la poésie médiévale, Rutebeuf s’est mis en scène de telle manière dans son oeuvre qu’il semble bien avoir avoir ouvert les portes d’un genre  à part entière dans cet exercice.

deco_frise_medevial_eustache_deschampsBien sûr, il ne s’agit pas avec lui  du « Je » de l’amant transis de l’amour courtois, condamné à convoiter un impossible objet de désir et prisonnier de sa « noble » passion. Non. Le « Je » de Rutebeuf, est bien plus proche de celui de la poésie des Goliards. et c’est aussi celui de l’homme en prise avec son temps, son quotidien, ses travers et ses misères. Il  évolue dans un espace tout à la fois, psychologique, ontologique, social et politique. Il ouvre sur la complainte, la moquerie, la satire sociale et l’auto-dérision, et comme toute satire, il contient encore,  dans le creux de ses lignes, une forme de poésie morale. Dans cet espace où il se tient à découvert, Rutebeuf fait de lui-même, tout à la fois son perpétuel sujet et objet, geignant autant qu’il se rit de ses propres déboires et de ses infortunes, dans une logorrhée qui pourrait, par instants, par ses redondances, donner le  vertige.

De l’auteur à la scène et du je au jeu

De fait, sans parler de ses jeux de langage et de mots qu’il nous coûte parfois de comprendre avec le recul du temps, la limite est si ténue chez lui du drame au rire qu’on a encore du mal, quelquefois, à remettre en perspective son humour. Il est jongleur et trouvère. Ces textes sont donc souvent, on le suppose, joués devant un public  de nobles et de gens de cour mais pas uniquement (voir article sur la place de Grève).

Dans ce passage de l’écrit à l’oral, ou dit autrement des textes qui deco_frise_medevial_eustache_deschampsnous sont parvenus de Rutebeuf au personnage scénique qu’il s’était composé, on peut se demander jusqu’à quel point il forçait le trait dans ses lectures publiques. Allait-il jusqu’à la caricature? Pardon d’avance pour cet anachronisme, mais par instants, il est plaisant d’imaginer que, peut-être, il mettait dans son jeu une touche de Comedia dell’arte, ou disons, pour être plus conforme à son époque, de « farce », que la lecture de ses textes ne peut seule refléter: des rires ajoutés, des regards silencieux et des sous-entendus, le jeu peut-être de ses mains, le mouvement de ses yeux qui roulent de manière comique, etc… Tout s’éclairerait alors différemment et c’est un autre Rutebeuf qui prendrait vie sous nos yeux. Dans sa dimension scénique et  la   distance de  la personne au personnage, dans celle encore du texte littéral à sa représentation, le poète et ses mots prendraient, tout à coup, une autre épaisseur faisant naître une infinité de nuances et de degrés que nous avons peut-être perdu en cours de route.

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Bien sûr, dans cette vision théâtralisée et hypothétique qui n’engage que notre imagination et, à travers la « farce » que deviendrait alors sa prestation, les lignes du drame demeureraient sous le vernis des facéties de l’acteur. Mais pour faire rire en public, avec certains de ses textes, ne fallait-il pas que son jeu rééquilibre ce « Je » en déséquilibre permanent et en perpétuel  disgrâce ? Ou n’est-ce qu’un effet du temps que de penser qu’il fallait nécessairement que Rutebeuf en rajoute pour couvrir d’un voile de pudeur et d’humour cette inflation de « Je » qui sombre, si souvent, dans l’auto-apitoiement ? Alors, un brin de caricature scénique pour ne pas que le tout demeure trop indigeste est-il plausible ? L’hypothèse reste séduisante, mais hélas invérifiable.

deco_frise_medevial_eustache_deschampsBien sûr, peut-être encore que certains de ses textes,  en forme de règlement de compte « moral », laissent  si peu de place à l’humour qu’ils n’étaient pas destinés à être lus publiquement ou peut-être seulement devant une audience choisie? Comment faire le tri? Nous en savons, au fond, si peu sur lui.  C’est un peu le cas de cette poésie du jour aux traits satiriques, amers et acides dans laquelle on n’a tout de même du mal  à  entrevoir l’humour, même en le cherchant bien.  De la même façon, si nous ne savons plus avec certitude à qui Rutebeuf destinait les vers de cette « paix », on s’imagine bien que certains de ses contemporains ne pouvaient l’ignorer. Le texte en question  pourrait prendre alors les contours d’un véritable affront pour celui auquel il se destinait et on a du mal à l’imaginer jouer devant un parterre de nobles visés directement ou indirectement par ses lignes. Et s’il l’a fait, on a du mal croire que la barrière du pseudonyme dont il s’est affublé comme une excuse préalable de sa rudesse ait pu suffire, seule, à lui servir de rempart.

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La « Paix » de Rutebeuf

Aujourd’hui, l’auteur médiéval nous parle encore de ses déboires en amitié comme il le faisait dans son « dit de l’Œil ». Il en profite pour dresser le portrait acide d’un « ascenseur social » qui élevant vers les sommets « l’homme de condition moyenne » (en réalité un noble de petite condition) au rang de seigneur lui fait laisser derrière lui ses amis, et notamment l’auteur lui-même. En un mot Rutebeuf règle  ici ses comptes. Jeux de cour, flatterie, voilà l’ami transfiguré, manipulé et entouré de parasites. Et lui deco_frise_medevial_eustache_deschamps encore, pauvre Rutebeuf, victime laissée à la porte d’une réussite et d’une amitié qui  se sont refermées devant lui, trace de sa plume vitriolée l’ingratitude de l’ami, tout en nommant sa poésie d’un titre qui vient, tout entier, en contredire le propos.  Il est en paix, dit-il et pourtant, il tire à boulets rouges tout du long, sur celui qui, à la merci de ses flatteurs et plein de son nouveau statut, l’a trahi.

Pour le reste, « Benoit est qui tient le moyen » dira quelques deux siècles plus tard Eustache DESCHAMPS paraphrasant Horace et Rutebeuf  encense ici, d’une certaine façon, cette même médiocrité dorée ou la « voie moyenne » qui préfère la fraicheur de l’ombre aux lumières du pouvoir et de la trop grande richesse affichée. Assiste-t’on ici à la naissance d’une poésie « bourgeoise »? Plus que de bourgeoisie, en terme de classe, nous sommes bien plutôt face  à la  petite noblesse et à la poésie de clercs qui en sont issus. La référence à  cet « homme de condition moyenne » ou ce  « moyen » là se situe déjà au dessus des classes populaires ou bourgeoises d’alors.

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Les paroles en vieux français
& leur adaptation en français moderne.

C’est la paiz de Rutebués

Mon boen ami, Dieus le mainteingne!
Mais raisons me montre et enseingne
Qu’a Dieu fasse une teil priere:
C’il est moiens, que Dieus l’i tiengne!
Que, puis qu’en seignorie veingne,
G’i per honeur et biele chiere.
Moiens est de bele meniere
Et s’amors est ferme et entiere,
Et ceit bon grei qui le compeingne;
Car com plus basse est la lumiere,
Mieus voit hon avant et arriere,
Et com plus hauce, plus esloigne.

Mon bon ami, Dieu le protège!
Mais la raison m’invite  et m’enseigne
A  faire à Dieu une prière:
S’il est de condition moyenne, Dieu l’y maintienne!
Car quand il s’élève en seigneur.
J’y perds  bon accueil et honneurs,
L’homme moyen a  de belles manières
Son amitié est droit et sincère.
Et  traite bien ses compagnons (sait gré à qui le fréquente)
Car plus basse est la lumière,
Plus elle éclaire de tous côtés,
Et plus elle  s’élève, plus elle s’éloigne.

Quant li moiens devient granz sires,
Lors vient flaters et nait mesdires:
Qui plus en seit, plus a sa grace.
Lors est perduz joers et rires,
Ces roiaumes devient empires
Et tuient ensuient une trace.
Li povre ami est en espace;
C’il vient a cort, chacuns l’en chace
Par groz moz ou par vitupires.
Li flateres de pute estrace
Fait cui il vuet vuidier la place:
C’il vuet, li mieudres est li pires.

Quand le moyen devient grand Sire,
Lors vient  flatterie et médisance:
Qui mieux les pratique, plus reçoit ses grâces.
Lors sont perdus les jeux, les rires,
Son royaume devient empire
Et tous prennent ce même chemin.
L’ami pauvre  en est écarté;
S’il vient  à  la cour, on   l’en chasse
Par l’injure ou  les grossièretés.
Le flatteur de vil extraction
Vide l’endroit de  qui  il veut:
Et s’il veut, fait passer le meilleur pour le pire.

Riches hom qui flateour croit
Fait de legier plus tort que droit,
Et de legier faut a droiture
Quant de legier croit et mescroit:
Fos est qui sor s’amour acroit,
Et sages qui entour li dure.
Jamais jor ne metrai ma cure
En faire raison ne mesure,
Ce n’est por Celui qui tot voit,
Car s’amours est ferme et seüre;
Sages est qu’en li s’aseüre:
Tui li autre sunt d’un endroit.

L’homme puissant qui croit le flatteur
Fait souvent  plus de tord que de bien,
Et facilement manque de droiture
Puisque aisément il donne ou reprend  sa confiance:
Fou est celui qui se fie à  son amitié* (*bons sentiments)
et sage, qui reste auprès de lui sans cesse.
Jamais plus je ne mettrai mes attentions
sans compter et sans mesurer,
Si ce n’est pour celui qui voit tout,
Car son amitié est  ferme et solide;
Sage est  qui se fie à lui:
Les autres  sont tous les mêmes.

J’avoie un boen ami en France,
Or l’ai perdu par mescheance.
De totes pars Dieus me guerroie,
De totes pars pers je chevance:
Dieus le m’atort a penitance
Que par tanz cuit que pou i voie!
De sa veüe rait il joie
Ausi grant com je de la moie
Qui m’a meü teil mesestance!
Mais bien le sache et si le croie:
J’avrai asseiz ou que je soie,
Qui qu’en ait anui et pezance.

J’avais un bon ami en France,
La  malchance* me l’a fait perdre. (malheur)
De toute part Dieu me guerroie,
De toute part, je perds mes moyens de subsister:
Dieu me compte pour pénitence
Que d’ici peu,  je ne verrais plus!
Qu’avec sa vue, il ait tant de joie
Qu’il m’en reste avec la mienne
Celui qui  m’a mis dans un tel pas!
Mais qu’il sache bien et qu’il le croit:
J’aurais assez ou que je sois,
Qui  que cela gène ou ennuie.

Explicit.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
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Une petite affiche Kaamelott trilogie détournée pour égayer votre journée

kaamelott_alexandre_astier_legende_medievale_roi_arthur_moyen_age_passionSujet:  Kaamelott, roi Arthur, trilogie, cinéma,  légendes arthuriennes, Graal,  humour, humour médiéval, hommage, fan. détournement affiche cinéma.
Auteur:  Alexandre Astier
Période: haut moyen-âge, moyen-âge central
Série culte : Kaamelott, M6, Calt production
Média : détournement, affiche de cinéma

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour ceux qui attendent avec impatience le retour du roi, non pas celui du Seigneur des anneaux, mais bien le mythique Arthur de Bretagne campé par Alexandre Astier dans la série télévisée Kaamelott, je vous poste  encore une petite affiche détournée maison pour commencer la journée.  Au vue des millions de fan de la série des légendes arthuriennes revisitées à la façon d’Alexandre Astier, voilà bien un revenant que personne ne se plaindra de voir revenir.

Pour être tout à fait juste , la punch line de l’affiche originale et notamment les mots « Habité par la vengeance »  ne correspondent pas tout à fait à l’esprit de ce Kaamelott trilogie sur grand écran tant attendu. A ce stade de l’histoire, Arthur a lui-même laissé le pouvoir à Lancelot  et il est question de son retour pour reprendre son trône, mais la vengeance n’est pas ce qu’il anime. Au sortir du livre V, le  combat  qu’il achevait de livrer restait plutôt contre lui-même et c’est de ses propres doutes et fantômes qu’il devait se relever.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
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