
Titre : roman du Graal, conte du Graal, Perceval.
Auteur : Chrétien de Troyes
Période : moyen-âge central, XIIe siècle
« C’était au temps que les arbres fleurissent, que les bocages se couvrent de feuilles et les prés d’herbe verte, alors que dès l’aube les oiseaux chantent doucement en leur latin et que toute créature s’enflamme de joie. »
Chrétien de Troyes, le conte du Graal, Perceval le Gallois
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Bonjour à tous,

Qui est Chrétien de Troyes?
Que sait-on de Chrétien de Troyes en dehors de la fascination qu’exerce encore sur nous les légendes qu’il nous conte? Comme de nombreux auteurs médiévaux, son identité reste mystérieuse et on ne sait pas grand chose de précis le concernant. Il a vécu au XIIe siècle, serait né autour de 1135(?) et mort autour de 1183(?). Il a laissé pour nous une oeuvre poétique fournie mais pourtant inachevée, cinq récits en rimes, dont ce roman de Graal sur le chevalier Perceval qu’il n’aura pu finir et dont nous livrons aujourd’hui un court extrait. De l’héritage de cet auteur, on s’accorde à dire que plus qu’avoir simplement reflété la période médiévale qui l’a vu naître, il lui aura insufflé et inspiré, à travers les légendes du grand roi Arthur et de ses chevaliers, des valeurs, un idéal, une façon chrétienne d’être au monde. Noble chevalerie en quête de justice et 
L’inspiration des légendes Arthuriennes
On l’a souvent dit, s’il est certainement celui qui donnera la consistance véritable et qui cristallisera les légendes du roi Arthur et de ses chevaliers de la table ronde, Chrétien de Troyes aura puisé son inspiration dans le Roman de Brut, un ouvrage que l’auteur médiéval anglo-normand Robert Wace, avait composé, autour de 1155, dans l’entourage de Henri II Plantagenêt (1133-1189), roi d’Angleterre, époux d’Aliénor d’Aquitaine, et père, entre autres enfants célèbres, de Richard Coeur
L’inspiration de Wace connaît elle-même, comme filiation, celle de l’incontournable Geoffroy de Monmouth, ecclésiastique féru de littérature, ayant fini de publier, autour de l’an 1139, l’ouvrage « Historia regum Britanniae ». Il y contait alors déjà, entre autres mythes et histoires, les conquêtes d’un certain roi Arthur. Bien que réfuté par les historiens contemporains de notre ecclésiastique, l’ouvrage connaîtra un grand succès et inspirera de nombreux chroniqueurs et auteurs, dont Robert Wace, qui poursuivront ainsi le vaste corpus des légendes arthuriennes auquel Chrétien de Troyes contribuera aussi. Des nombreuses sources d’inspirations de ce dernier, qui s’en est allé aussi boire à la source des légendes celtes pour écrire ses ouvrages, il reste indubitable que Chrétien de Troyes aura contribué à christianiser cette légende.
L’allégorie de la quête du Saint-Graal
au service d’un idéal humaniste et chrétien.

Un moyen-âge profondément chrétien
Nous l’avons dit et ce loin d’être une idée nouvelle, le moyen-âge du XIIe siècle reste profondément chrétien. Nous sommes dans les siècles des croisades où l’on n’hésite pas à prendre la croix, au péril de sa vie, pour traverser le monde aux appels des papes : protéger les chrétiens d’orient ou le tombeau du christ, aller quérir les saintes reliques et se sanctifier à son tour. Les nobles et seigneurs d’alors sont portés par ces idéaux et dans les campagnes et les villes, on peut faire varier la forme de ses
Bien sûr, il y a dans les légendes arthuriennes, comme dans tout mythe ou légende, l’aventure et la féerie, l’action, les rebondissements, les hommes face à la réalité du monde, mais nos preux chevaliers sont, dans l’oeuvre du poète et à travers leurs quêtes, plus que jamais face à la quête profonde de la divinité et dans un recherche initiatique constante. Fusse-t’il un plat devenu coupe sous la plume de Chrétien de Troye, le Saint Graal n’est pas qu’un objet fait de matière, il est aussi un prétexte pour nos chevaliers à se chercher eux-mêmes dans un idéal chrétien, et au delà, à se sanctifier au sens encore chrétien du terme. (photo ci -dessus, le Saint Graal apparaît aux chevaliers de la table ronde, XVe siècle, BnF. consultez l’original ici)
Égaux dans la quête et devant Dieu
Unir les hommes de toutes origines dans un idéal de valeurs et de transcendance, c’est, sans aucun doute à travers la recherche du Saint-Graal une des idées fortes des légendes arthuriennes du moyen-âge.
« La table ronde n’a pas d’angles pour que personne n’en soit exclus ».
C’est la quête, plus que l’éducation ou l’origine sociale qui unit nos chevaliers, une communion de valeurs, un élan vers un idéal et cet idéal est chrétien et les rend égaux entre eux et devant Dieu. Même s’il n’est pas dénué d’origine noble par le sang, sans doute que celui qui personnifie le mieux cette idée dans les légendes Arthuriennes reste le chevalier Perceval; être simple et rustre à la naïveté touchante, élevé par sa mère loin du monde des hommes, de la chevalerie et même des églises, mais que le destin prophétisé finira par rattraper pour le faire entrer dans la légende. Il n’est pas une adaptation ou une seule version de l’histoire d’Arthur et des chevaliers de la table ronde digne de ce nom, depuis, qui ne réussisse pas à
DES ORIGINES RUSTRES DE PERCEVAL
Parenthèse Kaamelott très à propos, pour se détendre un peu.
Souffrez que je cite ici, au milieu de tant de sérieux, le très cher Alexandre Astier, en le laissant exprimer lui-même, sa vision des origines de Perceval, par la bouche même de ce dernier:

Perceval, (Franck Pitiot), Chevalier de Kaamelott
Concernant cette table ronde et la symbolique de ces chevaliers au service du Christ dans leur quête, il faut encore relever ce détail que nous livre Jean Pierre Bordier, professeur agrégé de l’Université dans son article consacré à Merlin l’enchanteur sur Universalis. Il nous dit bien jusqu’où va la symbolique chrétienne chez les auteurs médiévaux des légendes d’Arthur, ici dans le roman de Robert de Boron, clerc de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle, qui nourrira encore l’oeuvre arthurienne de ses vers très chrétiens.
« La Table ronde ne réunit pas seulement l’élite des chevaliers d’Arthur, tout en prévenant par sa forme toute querelle de préséance, mais reproduit aussi la table du Graal, dressée par Joseph d’Arimathie (d’après le roman en vers de Robert de Boron) en mémoire de la table de la Cène. »

La quête intérieure
Et les voilà, nos chevaliers de la table ronde, questionnant leurs origines, leurs actions et leur devenir, vivant et agissant dans une recherche constante d’eux-même qui les pousse, vers l’avant, comme pour mieux s’y trouver, et, à travers cette quête, pour retrouver un idéal d’homme. Et cet idéal avec Chrétien de Troyes et ses successeurs, est celui du noble chrétien, protégeant les déshérités, aimant les dames de cet amour distant et courtois, emprunt de grand respect, dans l’espoir qu’elle les invitent, peut-être un jour, à s’approcher. C’est encore ce noble chrétien qui part sur les routes, s’oubliant dans ses quêtes pour mieux s’y retrouver, à chercher les saintes reliques, à pourfendre l’injustice et à suivre, en tentant de ne pas faiblir, le chemin du Saint Christ et les traces sacrées qui ont pu demeurer. Ces 
Au fond, comme dans toute quête mystique, le chemin importe plus que sa finalité, la route compte plus que la destination. Et l’immortalité qu’on prête au Saint Graal semble au sortir moins importante que la pureté de sa sainte quête qui est un idéal du devenir et de la transformation, la clef d’un questionnement tout à la fois humain, religieux et social. Ne sont-ils pas, d’ailleurs, devenus immortels? Trouver sa place en soi-même, parmi les hommes et dans la lumière du divin et du Saint Christ, c’est là que se situe l’allégorie du Saint Graal. C’est celle d’un monde médiéval profondément chrétien dans lequel Chrétien de Troyes nous invite et c’est un monde qui, à travers les légendes arthuriennes, aspire à l’élévation de l’homme, dans une quête humaniste et sacré du divin.
Chrétien de Troyes, merveilles du roman
de Graal et de la poésie médiévale
L’extrait suivant est tiré du conte de Graal. Il nous conte les merveilles d’un château médiéval que Gauvain croise sur son chemin, palais splendide de richesses et de puissance comme on en voit se multiplier dans le courant de ce XIIe, que l’on a nommé le siècle de l’âge d’or des châteaux-forts.
Extrait original de Chrétien de Troyes
en vieux français
De l’autre part de l’eve sist
.I. chastiax trop bien compassez
Trop fors et trop riches assez
Ja ne quier que mentir m’en loise
Li chastiax sor une faloise
Fu fermez par si grant richece
Qu’onques si riche fortereche
Ne virent oeil d’ome qui vive,
Car sor une roche naïve
Ot .i. palais molt grant assis
Qui toz estoit de marbre bis
El palais fenestres overtes
Ot bien .v .c totes covertes
De dames et de damoiseles
Qui esgardoient devant eles
Les prez et les vergiers floris
Extrait adapté en français moderne
De l’autre côte, posé sur l’eau,
Se tenait château si bien fait,
Si puissant et riche à la fois,
Je ne crois mentir en disant,
Le château sur une falaise
Etait fait de tant de richesses
Que jamais si grande forteresse,
Homme qui vit put contempler.
Car sur la roche brute et vive,
Se tenait un palais si grand,
Tout entier fait de marbre gris.
Au palais, les fenêtres ouvertes,
près de cinq cent, étaient couvertes
De dames et de damoiselles
Qui regardaient au devant d’elles,
Les prés et les vergers fleuris.
Une belle journée à vous, mes bon amis, puisse la dame du lac vous inspirer et puissiez-vous goûter avec elle la poésie de notre monde et sa magie, la beauté du chant des rivières et toute la profondeur des belles légendes arthuriennes! Longue vie à tous!
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. »
Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C
Sujet : Kaamelott, roman arthurien, légendes arthuriennes, chevaliers, table ronde, série TV
aamelott est une série télévisée culte du talentueux auteur, acteur, réalisateur Alexandre ASTIER. Elle mérite assurément un peu plus qu’une simple citation ou qu’un simple article, mais il faut bien commencer par quelque chose.
l’excellence tant dans l’écriture, l’humour et le récit, que dans le jeu de ses acteurs. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si la série a été saluée et récompensée par deux prix.
KAAMELOTT : SAISONS I à III, LA SAINTE QUETE DU GRAAL ET LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE
entre les différentes tribus du Royaume de Logres et lancer la sainte quête du Graal. Il sera « assisté » dans sa tâche (même si le mot est fort), par Merlin l’enchanteur
Au niveau politique, même si la libération de l’épée magique Excalibur de la pierre a calmé tout le monde sur la légitimité de ce Roi celte, revenu éduqué de Rome, Arthur doit encore composer avec une certaine barbarie dans les coutumes et les mœurs, encore à l’œuvre dans le royaume de Logres, autant qu’avec des invasions barbares de tout poil – Saxons, Huns ou Burgondes – venus piller le royaume et le mettre en péril. Dans cette opposition et ce contraste de
cultures, notre bon Arthur ne se démontera pourtant pas et s’avérera toujours habile à manœuvrer.
« J’irai me coucher quand vous m’aurez juré qu’il n’y a pas dans cette forêt d’animal plus dangereux que le lapin adulte ! »
appeler en son temps, « les mille et une forme de la c….rie ». Qu’on ne se trompe pas pourtant, il n’y a jamais de mépris chez Alexandre Astier et dans son écriture, pas plus que dans le regard du roi Arthur qu’il incarne à l’écran.
cœur, de l’humanisme et jamais de cynisme, on rit toujours sainement dans Kaamelott. D’ailleurs, l’auteur a dédié cette œuvre à Louis de Funès, ce merveilleux génie comique à qui l’on pardonnait tout et que l’on aimait jusque dans ses pires méchancetés scéniques, parce qu’il restait profondément humain.
KAAMELOTT SAISON/LIVRE IV :
Le format reste le même mais le ton change déjà légèrement, car il faut maintenant compter avec la séparation du roi Arthur du chevalier Lancelot
consumer au grand jour, au risque de consumer avec elle, le royaume de Logres et l’autorité d’Arthur sur ses terres. L’affaire des deux amants avait commencé à se faire sentir de manière larvée dans les livres précédents, mais la prise d’Arthur pour maîtresse de Dame Mevanwi, l’épouse d’un de ses chevaliers, aura accéléré les choses. Au grand dam des gens qui entoure le roi, plus qu’à celui d’Arthur lui-même, la reine Guenièvre s’en ira donc vivre avec Lancelot et découvrira, au passage, la différence entre le statut de souveraine officielle et celui de maîtresse d’un chevalier errant, vivant dans la forêt 
son indifférence, ne résistera pas. Ne faisant plus l’effort de retenir personne et rendant à chacun un libre arbitre qu’il ne leur aura finalement jamais confisqué, il ira même jusqu’à encourager certains départs, laissant aller à vau-l’eau tout ce qu’il avait tenté de construire jusque là. Et jusqu’aux Dieux, alors, sembleront se détourner du grand roi.
KAAMELOTT SAISON/LIVRE V
« Alors, si vous êtes plus à l’aise avec les notions concrètes, je peux vous proposer mon pied dans les noix… »
et il subit encore la douleur de la perte de Lancelot, ami cher et chevalier, auquel il ne se résout pas à en vouloir, malgré sa trahison; On dit, de surcroît le chevalier disparu, devenu à demi fou et peut-être même mort. Autour de Kaamelott, de nouveaux clans se sont formés, jusqu’aux plus fantaisistes, et Arthur, lui même a déserté la table ronde. Comment gouverner sans un roi? Voila les conseillers et les proches réalisant le vide laissé par celui dont on critiquait tant l’apparente inaction et la trop grande modernité et qu’on n’arrive pourtant pas à remplacer.
De son côté, empreint d’empathie et fin psychologue avant l’heure, Arthur ne s’en prend qu’à lui-même et porte sur ses seules épaules en bon roi digne et conscient, tout l’échec de son règne et de ses quêtes, au point de se laisser dériver, allant jusqu’à flirter avec les noirs rivages de la mort. Pendant ce temps, devenu ermite, Lancelot, muré dans sa colère et ses rancoeurs, suivra, bientôt, comme une ombre, un mystérieux homme en noir, le sombre Méléagant, bien décidé à lui faire retrouver la gloire et le pouvoir. Mais quel prix de sang et de larmes le chevalier du Lac devra-t’il payer pour les reconquérir? Y est-il prêt?
Qui est-il? Pourquoi n’a-t’il pas infanté? Peut-il faillir et s’autoriser la chute? Doit-il libérer l’épée de la pierre après l’y avoir replantée à nouveau, comme sa mère le lui a conseillé? Lui faut-il renoncer au royaume de Logres et au delà de tout cela, peut-être à la vie même?
« Des chefs de guerre, il y en a de toutes sortes. Des bons, des mauvais, des pleines cagettes, il y en a. Mais une fois de temps en temps, il en sort un. Exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, il y en a presque jamais. Mais tu sais ce qu’ils ont tous en commun ? Tu sais ce que c’est, leur pouvoir secret ? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles. »
merveilleux, Général blasé vieillissant qui verra en Arthur le grand homme que la légende l’appellera, bientôt, à devenir. Nous y rencontrerons encore le génial Merlin, étonné de voir combien « la majesté de chaque monument de Rome le dispute à la magnificence » et un coin du voile sera également levé sur le recrutement des chevaliers de la table ronde.
Filmé a Cinecitta avec une pléthore de grands acteurs, ce livre nous conduit encore dans une changement de rythme et de format. Pour ceux qui ont compris que dans la liberté d’Alexandre Astier, se niche toujours un pari sur notre intelligence, ce nouvel opus est franchement jubilatoire. A travers ces nouveaux épisodes, il nous surprendra encore et nous régalera de belles heures d’aventure en compagnie de son Arthur, avec du rire toujours intelligent.



« L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme. »





