
Période :    XIIIe siècle, Moyen Âge central
Titre :   Plus bele que flor     Auteur :  anonyme
Interprète :   Ensemble Venance Fortunat
Album :   Trouvères à la cour de Champagne (1996)
Bonjour à tous,

Pour découvrir ce motet, nous serons en compagnie d’une belle formation médiévale française : l’Ensemble Venance Fortunat sous la direction de Anne-Marie Deschamps. Nous en profiterons pour dire un mot de son legs et de sa longue carrière.
« Quant revient et fuelle et flor » par    l’Ensemble Venance Fortunat
l’Ensemble Venance Fortunat

Ainsi, de 1980 à 2003, guidée par la passion de sa directrice pour le répertoire médiéval en général et les chants grégoriens en particulier, l’Ensemble Venance Fortunat produisit plus de vingt albums. Avec l’appui des manuscrits anciens, mais aussi l’intervention de compositeurs plus contemporains, la grande majorité de ses productions partit à la conquête des chants liturgiques polyphoniques, de la fin du haut-Moyen Âge au cœur du Moyen Âge central. L’album du jour se situe, quant à lui, sur des rives plus « profanes » du répertoire de la formation, puisqu’il fait un tribut plus marqué à la lyrique courtoise et à la fin’ amor.
Trouvères à la cour de Champagne, l’album
Sorti en 1996, Trouvères à la cour de Champagne contient 19 pièces d’auteurs médiévaux, dont la majeure partie sont passés à la prestigieuse cour de Champagne, entre la fin du XIIe et le XIIIe siècle. Certains sont de la génération de Thibaut de Champagne, d’autres de la génération précédente.

Musiciens & chanteurs :  Catherine Ravenne (alto), Dominique Thibaudat (soprano),  Gabriel Lacascade (bariton), Bruno Renhold (tenor), Philippe Desandré (basse), Guylaine Petit (harpe)
On peut encore trouver ce bel album sur quelques sites de vente en ligne. Voici un lien utile pour plus d’information à ce sujet : Trouvères à la cour de Champagne [Import anglais]
Plus bele que flor :  un chant courtois
du Moyen Âge central en langue d’oïl
Concernant la langue de cette chanson médiévale, trouvère oblige, elle est en vieux français d’oïl mais, nous vous donnerons ici des éléments de traduction pour l’éclairer. Dans sa première strophe, on notera l’analogie médiévale, classique et familière, de la fleur pour évoquer la vierge Marie (voir la cantiga de Santa Maria 10). Quant à sa transcription en graphie moderne à partir du manuscrit, nous nous appuyons sur le travail de Gaston Raynaud dans Recueil de Motets Français des XIIe et XIIIe siècles, Tome 1er, Introduction, le Chansonnier de Montpellier (1881).
Par rapport à l’interprétation du jour, l’ensemble a pris le parti de changer l’ordre des strophes, en commençant par la troisième pour revenir vers la seconde, la première n’étant pas présente. De notre côté, par simple convention, nous avons repris l’ordre du manuscrit médiéval d’origine, tel que retransposé par G Raynaud. La pièce se trouve donc ici dans sa totalité.
Plus bele que flor
Est, ce m’est avis,
Cele a qui m’ator.
Tant con soie vis,
N’avra[i] de m’amor
Joie ne delis
Autre mès la flor
Qu’est de paradis:
Mère est au Signour,
Qu’est si noz amis
Et nos a retor
Veut avoir tôt dis.
Plus belle que fleur
Est, à mon avis,
Celle dont je suis proche.
Aussi longtemps que je vis
Nul n’aura de mon amour
joie ni plaisir,
Hormis la fleur 
Qui est de Paradis.
Elle est la mère du Seigneur
Qui, si, de toi et moi, amis,
Attends fidélité pour toujours (?)
Quant revient et fuelle et flor,
Contre la saison d’esté,
Deus ! adonc me sovient d’amors
Qui toz jors
M’a cortois et doz esté.
Moût aim ses secors   (concours, secours) ,
Car sa volenté
M’alege de mes dolors ;
Moût me vient bien et henors
D’estre a son gré.
L’autrier joer m’en alai
Par .I. destor (chemin détourné);
En .I. vergier m’en entrai
Por queillir flor.
Dame plesant i trovai,
Cointe d’atour   (pleine de grâce, d’atours), cuer ot gai ;    
Si chantoit en grant esmai (ainsi elle chantait pleine d’émotion) :
Amors ai,
 Qu’en ferai ?
 C’est la fin, la fin,  queque nus die (quoiqu’on en dise),
J’amerai.
Retrouvez ici d’autres pièces d’amour courtois tirés du Codex de Montpellier :   Ne m’oubliez mie  –  Puisque Belle dame m’aime – Coeur qui dort
Au sujet de la courtoisie au Moyen Âge, vous pouvez également consulter réflexions sur l’amour courtois au Moyen Âge.
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
 
		

 etournements, alliances, trahisons, au Moyen Âge central, les conseillers perfides et manipulateurs  semblent, souvent, plus redoutés encore que les   princes  dotés d’une mauvaise nature. La dimension divine conférée au pouvoir monarchique a  sans doute contribué, dans certains cas, à   mettre les souverains à l’abri de ce genre de soupçons mais peut-être aussi que la prudence a joué. Aux temps médiévaux,  quand l’injure se double du blasphème, l’exercice de la critique  directe envers les plus grands  peut s’avérer périlleux, d’autant que ce pouvoir personnifié n’hésite pas, au besoin, à punir durement l’outrecuidant jusque dans sa chair (on pourra, à ce sujet, relire utilement quelques pages   du   Surveiller et punir de Michel Foucault   )  .
etournements, alliances, trahisons, au Moyen Âge central, les conseillers perfides et manipulateurs  semblent, souvent, plus redoutés encore que les   princes  dotés d’une mauvaise nature. La dimension divine conférée au pouvoir monarchique a  sans doute contribué, dans certains cas, à   mettre les souverains à l’abri de ce genre de soupçons mais peut-être aussi que la prudence a joué. Aux temps médiévaux,  quand l’injure se double du blasphème, l’exercice de la critique  directe envers les plus grands  peut s’avérer périlleux, d’autant que ce pouvoir personnifié n’hésite pas, au besoin, à punir durement l’outrecuidant jusque dans sa chair (on pourra, à ce sujet, relire utilement quelques pages   du   Surveiller et punir de Michel Foucault   )  .


 du lion. Cela vérifié, si vous reconnaissez que votre ami et un homme loyal et que sa conduite  est toujours droite, fiez-vous à lui comme à un bon fils ou à un bon frère. »
du lion. Cela vérifié, si vous reconnaissez que votre ami et un homme loyal et que sa conduite  est toujours droite, fiez-vous à lui comme à un bon fils ou à un bon frère. »










